Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Abisme

Éditions Édouard Champion (Ip. 11-12).
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Abisme. Entre l’abiene des yeux. Être l’objet de la contemplation. — Tu es à son gré la personne De la Cour qui danse le mieux, Tu es l’abîme de ses yeux, Tant tu vas propre et bien en poinct. Melin de Sainct-Gelays, Chansons, 9 (II, 230).

Abisme est souvent féminin. Cestoit une abyme de doleance, un gouffre de pitié. Lemaire de Belges, Couronne Margaritique IV, 40). — Il entendoit combien estoit grande l’abystne de noz pechez. Calvin, Instit., V, p. 321. — En attendant qu’il te plaise choisir Mon cœur au fonds de ceste abysme noire, Et luy donner de ton eau vive à boire. Marg. de Nav., les Marguerites, Oraison de l’aine fidele (I, 106). — Les haults rochers des monstrueuses undes Se sont cachez es abismes profondes. Apologue du Debat d’Eole et Neptune. — On l’eust jugé a l’ouyr et le veoir Une profunde abisme de scavoir. J. Bouchet, Epistres familieres du Traverseur, 68. — Là de la terre, et là de l’onde Sont les racines jusqu’au fond De l’abysme la plus profonde de cest Orque le plus profond. Ronsard, Odes, I, 10 (II, 126). Il sernbloit que les ondes Taschassent de ravir aux abysmes profondes Ceux qui s’estoyent sauvez de la Troyenne cendre. Jodelle, Didon, III (I, 201). — Amour darde ses trains jusqu’au plus creus des ondes, Il balance son vol dessus le vol des nues Et se fait mesme craindre aux abysmes profondes. id., les Amours, Chapitre d’Amour (II, 31). Donques jouis des rayons du Soleil, Et sans descendre en l’abysme profonde Demeure vive hostesse de ce monde. Ronsard, Franciade, III (III, 112). — Il y a de grandes abysmes en ce Bosphore. Thevet, Cosmogr., VIII, 8. — Et les corps engloutis dans l’abysme profonde Furent faits la victime et Le tribut de l’onde. Nuysement, Œuv. poet., 73.