Dictionnaire de la Bible/Peau

Letouzey et Ané (Volume Vp. 1-2-3-4).
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PEAU

PEAU (hébreu : ʿôr, et une fois, Job, xvi, 16 : géléd ; Septante : δέρμα ; Vulgate : cutis, pellis), membrane appliquée sur la surface du corps de l’homme et d’un grand nombre d’animaux.

1o La peau de l’homme. — Dieu a revêtu l’homme de peau et de chair. Job, x, 11. La peau de l’homme a sa couleur propre, suivant les races, et l’Éthiopien ne saurait changer la couleur de sa peau. Jer., xiii, 23. Job, xvi, 16, a cousu un sac sur sa peau, c’est-à-dire ne fait plus qu’un avec le deuil et la souffrance. La maladie fait que les os sont attachés à la peau et à la chair et que l’on n’a que la peau sur les dents, Job, xix, 20, expressions qui indiquent une excessive maigreur. Dans le même sens, l’épreuve use la chair et la peau. Lam., iii, 4. La faim la rend brûlante comme un four, Lam., v, 10, à cause de la fièvre qu’elle engendre. Cicéron, Pro leg. agrar., ii, 34. 93, dit que l’affamé est macie torridus, brûlé, desséché de maigreur, et Quintilien, Declam., 12, parle de l’ignea fames, une faim brûlante. Michée, iii, 2, 3, accuse les riches cupides et injustes d’arracher la peau du corps aux pauvres gens. Le prophète emploie ici cette expression dans le sens figuré, pour montrer qu’on enlève aux faibles ce qui leur appartient le plus indiscutablement, ce qui fait partie de leur propre substance. Les Assyriens se plaisaient à écorcher en réalité leurs ennemis vaincus ; ils ont plusieurs fois reproduit sur leurs monuments ce cruel spectacle (fig. 1). Cf. Botta, Le monument de Ninive, t. ii, pl. 120. Voir aussi t. i, fig. 66, col. 990, des chefs élamites écorchés vifs après la bataille de Toulliz, d’après Layard, The monuments of Nineveh, t. ii, pl. 47. D’après une légende, l’apôtre saint Barthélémy aurait été écorché vif. Voir Barthélémy, t. i, col. 1472. Job, xix, 26, affirme sa certitude d’être un jour de nouveau revêtu de sa peau et de voir son vengeur vivant. — Après avoir éprouvé Job dans ses biens extérieurs, Satan explique sa constance en disant : « Peau pour peau ! L’homme donne tout ce qu’il possède pour conserver sa vie. » Job, ii, 4. La locution proverbiale « peau pour peau » signifie donc ici que l’homme tient à sa vie, « à sa peau, » comme on dit vulgairement, plus qu’à tout le reste, mais que, quand il sera permis de toucher à ce bien, Job changera d’attitude. Satan demande que la peau, la vie même de Job soit attaquée.

La peau des animaux.

1° Elle sert de vêtement à l’homme. Après leur péché, Adam et Ève sont revêtus de tuniques de peau. Gen., iii, 21. Rébecca couvre de peau velue de chevreau les mains et le cou de Jacob, afin qu’Isaac le prenne pour Ésaü. Gen., xxvii, 16. Parmi les premiers chrétiens, il y en eut qui durent errer ἐν μελωταῖς, in melotis, « dans des peaux de brebis » et « dans des peaux de chèvres ». Heb., xi, 37.

Pour dissimuler l’absence de David, Michol plaça dans le lit une peau de chèvre à l’endroit de sa tête, avec une couverture par-dessus, un téraphim figurant le reste du corps. I Reg., xix, 13.

Les peaux servant pour le vêtement ou l’ameublement pouvaient contracter certaines souillures ou une sorte de lèpre. Il fallait alors les purifier. Lev., xr, 32 ; xii, 48 ; xv, 17 ; xvi, 27. 2° On a employé les peaux d’animaux à recouvrir le Tabernacle et l’Arche. On utilisa pour cet usage des peaux de béliers teintes en rouge, et les peaux d’un mammifère marin, commun] dans la mer Rouge, le taḥaš, le dugong. Voir Dugong, t. ii, col. 1511. Ces dernières, plus épaisses et plus résistantes que les autres, étaient placées par-dessus. Exod., xxv, 5 ; xxvi, 14 ; xxxv, 7, 23 ; xxxvi, 19 ; xxxix, 33 ; Num., iv, 6-14.

Les tentes étaient souvent faites avec des peaux. De là vient que les versions parlent de peaux quand il est question de tentes. II Reg., vii, 2 ; I Par., xvii, 1 ; Ps. civ (ciii), 2 ; Cant., i, 4 ; Jer., iv, 20 ; x, 20 ; xlix, 29 ; Hab., iii, 7.

La peau du crocodile est si dure qu’on ne peut la percer de dards. Job, xl, 26 (31). 3° Dans les sacrifices, on commençait par enlever la peau des victimes. Lev., i, 6. Les prêtres devaient s’acquitter de ce soin ; mais, quand les victimes étaient par trop nombreuses, les lévites les suppléaient. II Par., xxix, 31 ; xxxv, 11. La peau de la victime offerte en holocauste appartenait au prêtre qui célébrait le sacrifice. Lev., vii, 8. Mais on brûlait la victime tout entière avec sa peau dans le sacrifice pour le péché, Lev., iv, 11 ; xvi, 27, dans le sacrifice pour la consécration des prêtres, Lev., viii, 17 ; ix, 11, et dans le rite de la vache rousse. Num., xix, 5.


1. — Yaloubid de Hamath écorché vif. D’après Botta, Monument de Ninive, pl. 120.

Les victimes étaient égorgées dans le Temple, puis écorchées. Pour faciliter cette opération, on avait élevé au nord de l’autel huit colonnes de pierre qui supportaient des traverses de cèdre. Les victimes étaient suspendues à ces traverses par les pieds de derrière. La peau suivait le sort de la chair des victimes, et, en conséquence, elle était soit brûlée avec la chair, dans les sacrifices énumérés plus haut, soit attribuée aux prêtres, dans les holocaustes et les autres sacrifices dont les victimes devaient être mangées par les prêtres, soit laissée à ceux qui avaient apporté la victime, dans les sacrifices de moindre importance. Cf. Siphra, f. 20, 2 ; f. 82, 1 ; Zebachim, xii, 3. Au nord du sanctuaire, à côté de la chambre du sel, il y en avait une autre où l’on salait les peaux, afin de les empêcher de se corrompre. Cf. Gem. Pesachim, 57, 1 ; Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1741, p. 52, 163.

4° Les peaux des animaux furent encore utilisées comme matière propre à recevoir l’écriture. Au IIe siècle avant Jésus-Christ, sous le roi Eumène II, à Pergame, on perfectionna beaucoup, si on ne l’inventa pas alors, la préparation des peaux d’animaux pour suppléer au papyrus. On se servait surtout des peaux de bouc, de chèvre et de chevreau, d’âne, de veau et d’agneau. Les peaux ainsi préparées furent connues sons le nom de pergamena ou parchemins. Saint Paul écrivait sur des parchemins. Il demande à Timothée de lui envoyer de Troade son manteau, ses livres et surtout μεμϐράνας, membranas, « ses parchemins. » II Tim., iv, 13. Josèphe, Ant. jud., III, xi, 6 ; XII, ii, 11, parle aussi de peau apprêtée, διφθέρα, dont les Juifs se servaient pour écrire, quelquefois même en lettres d’or. Voir Livre, t. iv, col. 302.