Dictionnaire de la Bible/Karkor

(Volume IIIp. 1885-1886).
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KARKOR

KARKOR (hébreu : haq-Qarqôr, avec l’article ; Septante : Καρκάρ), nom du lieu où étaient campés les restes de l’armée de Zébée et de Salmana, battus, par Gédéon, lorsqu’ils furent surpris, après leur fuite, par ce juge d’Israël. La Vulgate a pris ce mot pour un verbe et l’a traduit par requiescebant, « ils se reposaient ; » mais il n’est pas douteux qu’il désigne une localité : « Zébée et Salmana étaient à Karkor. » Jud., viii, 10. D’après le récit de l’historien sacré, Karkor était situé à l’est du Jourdain, au delà du territoire habité par les tribus transjordaniques, dans les déserts où les nomades dressaient leurs tentes, à l’est de Noba et de Jegbaa (col. 1218). Malheureusement le site de Noba est incertain (voir Noba) mais comme Jegbaa est l’el-Djubeihat actuel au nord-ouest d’Ammân (voir la carte de Gad, col. 28), c’est à l’est qu’était certainement Karkor, quoiqu’on n’ait trouvé encore aucune trace de son nom dans cette région. Les deux rois de Madian qui s’étaient arrêtés dans ces parages, étaient là assez loin du pays d’Israël pour se croire en sécurité et à l’abri de toute poursuite : il fallut l’énergie et l’activité de Gédéon pour les y atteindre. — Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édition Larsow et Parthey, 1862, p. 252-253, placent Karkor à une journée de marche au nord de Pétra, parce qu’il y avait là, de leur temps, une place forte appelée Carcaria, mais il est difficile d’admettre que Gédéon eût pu poursuivre ses ennemis si loin vers le sud. — Quant à l’identification proposée par quelques-uns de Karkor avec le Characa du II Mach., xii, 17 (voir Characa, t. ii, col. 577), on ne saurait l’établir, et moins encore celle de Karkor avec Kir-Moab, le Kérak actuel, quoiqu’elle ait été également admise par certains interprètes : le récit suppose que les fugitifs étaient plus loin que le pays de Moab.

F. Vigouroux.