Dictionnaire de la Bible/Hébraïque (Langue)

(Volume IIIp. 465-466-511-512).

2. HÉBRAÏQUE (LANGUE). — La langue hébraïque est la langue que parlaient les anciens Hébreux et dans laquelle a été écrite la plus grande partie de l’Ancien Testament. À part un verset de Jérémie, x, 11, quelques chapitres de Daniel, ii, 4b-vii, 28, et d’Esdras, I Esd., IV, 8-vi, 18 ; vii, 16-26, qui sont en araméen, c’est en hébreu qu’ont été rédigés tous les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, ainsi que plusieurs deutérocanoniques conservés seulement dans les traductions (Eccli. ; peut-être Dan., iii, 24-90), xiii, xiv ; I Mach.) et un certain nombre d’apocryphes (Énoch, les Psaumes de Salomon, etc.). — En dehors de ces écrits bibliques ou se rattachant à la Bible, il ne nous est parvenu que quelques inscriptions rédigées en hébreu : l’inscription de Siloé, découverte à Jérusalem en 1880 et remontant au VIIIe siècle av. J.-C. ; une vingtaine de sceaux en partie antérieurs à la captivité et ne contenant guère autre chose que des noms propres ; des monnaies du temps des princes machabéens. — Le nom de langue hébraïque n’est pas ancien dans la Bible ; il remonte aux environs de 130 av. J.-C., date à laquelle il est pour la première fois employé par le traducteur de l’Ecclésiastique (ἐν ἑαυτοῖς ἑβραϊστὶ λεγόμενα ; voir Hébreu 2, col. 515). La langue hébraïque a été appelée langue sacrée par les Juifs en opposition avec l’araméen qui est dit langue profane. Les savants désignent souvent l’hébreu biblique sous le nom d’ancien hébreu par opposition au néo-hébreu de la mischna. — L’hébreu est une branche de cette grande famille des langues sémitiques (voir Sémitiques [Langues]) répandues dans l’Asie occidentale, de la Méditerranée au Tigre et à l’Euphrate, des montagnes d’Arménie au sud de l’Arabie, portées par les Arabes jusqu’en Abyssinie et par les Phéniciens dans les îles et sur divers rivages (Carthage) de la Méditerranée. — Pour les savants qui divisent les langues sémitiques en quatre groupes : méridional (arabe, éthiopien), septentrional (dialectes araméens), oriental (assyro-babylonien), et intermédiaire (dialectes chananéens), c’est à ce dernier groupe qu’appartiennent, avec le phénicien, le punique, le moabite, etc., l’ancien hébreu et les dialectes néo-hébreu et rabbinique qui en sont issus.

I. Écriture. — I. alphabet et consonnes. — L’un des traits les plus caractéristiques dans les langues sémitiques est l’importance des consonnes. Ce sont les consonnes qui indiquent l’idée maîtresse du mot dont les voyelles ne servent qu’à marquer les nuances ou les points de vue secondaires. Toutes les fois par exemple que les trois lettres Q D Š seront groupées dans cet ordre, et quelles que soient les voyelles, on aura des mots renfermant l’idée de sainteté : QâDaŠ, « il a été saint ; » QâDôŠ, « saint ; » QôDéŠ, « sainteté, sanctuaire ; » QâDêŠ, « voué à la prostitution sacrée. » Il en est tout autrement dans nos langues, comme le prouvent les mots suivants qui ne diffèrent entre eux que par leurs voyelles. : PâLiR, PeLeR, PiLeR. PoLiR. Cette remarque nous permet de comprendre pourquoi l’alphabet hébreu pouvait ne renfermer que des consonnes. Lorsque l’hébreu était une langue parlée, il suffisait au lecteur expérimenté de connaître le sens principal exprimé par les consonnes ; le contexte et la teneur générale du passage déterminaient le sens secondaire qu’il devait exprimer au moyen de telles ou telles voyelles. — Il y a vingt-deux lettres dans l’alphabet hébreu ; toutefois, comme l’une de ces lettres correspond à deux articulations, on peut dire qu’il y a en tout vingt-trois consonnes. Leurs noms, d’origine phénicienne, désignent les objets avec lesquels leur forme primitive présentait des ressemblances. Nous reproduisons ici la forme des lettres, leurs articulations, leurs noms transcrits en caractères romains, la signification certaine ou simplement probable de ces noms. Enfin puisque les lettres hébraïques ont été employées comme chiffres, nous indiquons dans une dernière colonne leur valeur numérique.

ALPHABET HÉBREU
forme. articulation. nom
en hébreu
transcription. sens. valeur
numérique.
11. א ’, esprit doux אָלֶף Aleph. Bœuf. 101
12. ב b בֵּית Beth. Maison. 102
13. ג g, toujours dur. גּימֶל Ghimel. Chameau. 103
14. ד d דָּלֶת Daleth. Porte. 104
15. ה h הֵא Hê. Fenêtre. 105
16. ו v וָו Vav. Crochet. 106
17. ז z זַיִן Zaïn Arme. 107
18. ח ḥ, aspiration très forte חֵית Ḥêth. Rempart. 108
19. ט t טֵית Têth. Serpent. 109
10. י y, consonne יוֹד Yôd. Main. 110
11. ך, כ k כָּף Kaph. Creux de la main. 120
12. ל l לָמֶד Lamed. Aiguillon. 130
13. ם, מ m מֵם Mêm. Eau. 140
14. ן, נ n נוּן Nun. Poisson. 150
15. ס s סָמֶךְ Samek. Appui. 160
16. ע ‘, esprit rude עַיִן Aïn Œil. 170
17. ף, פ p פֵּא Pê. Bouche. 180
18. ץ, צ ts צָדֵי Ṣadê. Harpon. 190
19. ק q קוֹף Qoph. Nuque. 100
20. ר r רֵישׁ Rêsch. Tête. 200
21.
שׂ s שִׂין Ṡin.
Dent.
300
שׁ ch שׁין Šin.
22. ת תָּו Tav. Signe. 400

Remarques. — 1. Cinq de ces lettres ont une forme différente à la fin des mots ; ce sont les lettres צ, פ, נ, מ, כ, qui deviennent ץ, ף, ן, ם, ך. — Le Ṡin et le Šin ne diffèrent entre eux que par le point diacritique placé à gauche pour la lettre Ṡin (שׂ), à droite pour la lettre Sin (שׁ).

9 8 7 6 5 4 3 2 1

— 2. L’hébreu s’écrit de droite à gauche (בראשית ברא) et non de gauche à droite comme s’écrivent nos langues européennes. Jamais on ne commence un mot à la fin d’une ligne pour le continuer au début de la ligne suivante : on laissera plutôt un espace blanc à la fin de la ligne. Certaines lettres toutefois peuvent se dilater pour remplir cet espace blanc : ת, ם, ל, ה, א, peuvent devenir ﬨ, ﬦ, ﬥ, ﬣ, ﬡ. i — 3. Au point de vue de la prononciation, la plupart des lettres hébraïques ont leur équivalent dans nos langues. Les gutturales, ע, ח, ה, א, présentent seules une difficulté notable ; l’א se fait sentir par une articulation très légère semblable à l’esprit doux du grec ; le ה correspond à notre h aspiré, le ח au ch allemand très fort ; quand au ע, c’est une articulation toute particulière aux Orientaux (gh ou rg). Parmi les sifflantes ז, שׁ, שׂ, ץ, ס, ז correspond à notre z, ס à notre s ; שׂ a un son un peu plus dur ; le צ est intermédiaire entre s dur et ts. — 4. Les lettres hébraïques servent aussi à marquer les chiffres, notamment pour l’indication Ses chapitres et des versets de la Bible. Les unités sont exprimées par les lettres א à ט, les dizaines par les lettres י à צ. Le premier groupe des centaines (100 à 400) est indiqué par les lettres ק à ת ; le deuxième groupe des centaines (500 à 900) est parfois indiqué par les lettres finales (ךi= 500, םi= 600, ןi= 700, ףi= 800, ץi= 900), parfois aussi par תi= 400 joint aux lettres du premier groupe des centaines (תקi= 400 + 100 = 500). Pour exprimer les mille, on fait souvent usage des premières lettres de l’alphabet surmontées de deux points (א֞i= 1000, ב֞i= 2000). Quand il faut combiner ces lettres pour former des chiffres complexes, les lettres les plus importantes précèdent les autres. Une remarque spéciale est à faire à propos du chiffre 15. Il s’écrirait régulièrement יהo(10 + 5) ; mais יה est l’écriture abrégée du nom divin יהוה ; aussi l’écrit-on טוo(9 + 6). Une raison analogue fait écrire 16 par טז au lieu de יו.

II. les voyelles. — Dans nos Bibles hébraïques les voyelles sont indiquées par des signes spéciaux dus à diverses combinaisons du point et du trait, et placés, soit au-dessus, soit à l’intérieur, soit surtout au-dessous des consonnes. Ces points-voyelles sont combinés d’après un système adventice ajouté après coup aux textes sacrés par les Massorètes (voir plus bas, col. 504). — On distingue trois groupes de voyelles : les longues, les brèves et les semi-voyelles. Les noms araméens donnés à ces signes se rapportent à la forme que prend la bouche ou aux mouvements qu’elle exécute en prononçant ces voyelles.

1o  Voyelles longues. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ָ Kamets, â long, אַָב ’âb, « père. » align=right |2. ֵ Tséré, ê long, אֵם ’êm, « mère. » align=right |3. ִ Chireq gadol, î long, אִישׁ ’iš, « homme. » align=right |4. וֹ Cholem, ô long, קוֹל qôl, « voix. » align=right |5. וּ Schoureq, û long, קוֹל sûs, « cheval. »

Comme on le voit, les trois dernières voyelles longues supposent, quand elles sont pleinement écrites, la présence d’une consonne. Le Cholem toutefois est assez souvent indiqué par un simple point placé au-dessus des consonnes (קְטֹל) : cette écriture défective ne s’emploie pas toujours d’une façon arbitraire, mais est soumise à certaines règles qu’il serait trop long d’indiquer ici. Quant à l’écriture défective du Chireq gadol et du Schoureq, elle est considérée comme fautive.

2o  Voyelles brèves. — Il y en a cinq :

forme. nom. valeur. exemple. align=right |1. ַ Patach, a bref, אַָח ’âḥ, « frère. » align=right |2. ֶ Ségol, é bref, מֶלֶךְ mêlêk, « roi. » align=right |3. ִ Chireq qaton, i bref, אִם ’im, « si. » align=right |4. ָ Kamets chatouph, o bref, -כָּל kol, « tout. » align=right |5. ֻ Kibbuts, u bref, אֻמִּים ’ummim, « peuples. »

Un des grands défauts du système massorétique est l’emploi du même signe pour indiquer â long et o bref. Le meilleur moyen de se fixer sur la prononciation de ce signe dans les divers cas où on le rencontre est de recourir à l’étymologie. Toutefois on peut remarquer que la prononciation â long est la plus fréquente et formuler le principe suivant qui sera plus facile à comprendre après ce qui sera dit des syllabes : L’o bref ne se rencontre que dans les syllabes fermées non accentuées, ou dans les syllabes ouvertes devant un chateph-kamets ou un autre kamets-chatouph.

3o  Semi-voyelles. — Elles sont appelées schevas (שְׁוָא) et l’on en distingue deux espèces : le scheva simple et le scheva composé.

1. Le scheva simple (&ensp ; ְ&ensp ;) a une double fonction. Parfois il ne rentre pas, à proprement parler, dans le système des voyelles. D’après la tradition massorétique en effet, aucune lettre, dans le corps du mot, ne peut être dépourvue de signe vocalique : si elle n’a pas de voyelle propre, on met un scheva. Le rôle de ce scheva est souvent alors de marquer la fin d’une syllabe fermée, de diviser deux syllabes consécutives (voir plus loin la question des syllabes : II, Phonétique, col. 469). Il est à noter toutefois que les lettres faibles (voir II, Phonétique) peuvent être dépourvues de tout signe vocalique, même dans le corps du mot. À la fin des mots, le ך final est la seule lettre qui prenne régulièrement ce scheva simple (מֶלֶךְ), que l’on appelle « scheva quiescent » et que l’on ne fait pas sentir dans la prononciation. — Au commencement des mots (קְטֹל), et des syllabes, soit après une voyelle longue קוֹ_טְלָה, soit après un scheva quiescent יְַק_תְלוּ, le scheva simple est appelé « scheva mobile » ; il se fait entendre dans la prononciation comme un e muet très bref : qetôl, qô-telâh, iq-telu. C’est souvent alors (voir VII, Histoire de la langue hébraïque, col. 502) un reste d’ancienne voyelle. — 2. Les « schevas composés » que l’on appelle aussi chateph, sont obtenus par la juxtaposition du signe du scheva simple et des signes des voyelles brèves. On a ainsi : un chateph-patach, ֲ i (חֲמוֹר, ḥămôr), un chateph-ségol, ֱ i(אֱמֹר, ’émôr), un chateph-kamets, ֳ i(הֲלִי, hôlî), qui équivalent à des voyelles a, é, o, très brèves, analogues à celles qui terminent les mots italiens Róma, Amáre, Córso. Ces schevas composés s’emploient surtout avec les gutturales ; toutefois ֲ iet ֳ ise rencontrent avec d’autres lettres.

III. autres signes massorétiques. — Le système massorétique ne pourvoit pas seulement à l’indication des voyelles ; il renferme d’autres signes dont les uns servent à préciser la prononciation de certaines consonnes, dont les autres marquent les relations qui existent entre les mots et les phrases.

1° À la première catégorie appartiennent : — 1. Le daguesch fort ; c’est un point placé dans des lettres qui se trouvent d’ordinaire au milieu des mots pour indiquer qu’elles se redoublent dans la prononciation : קִטֵּל doit se prononcer qit-têl. — 2. Le daguesch doux ; c’est un point qui se met en certains cas dans les lettres בגדכפת pour indiquer qu’elles ne sont pas aspirées (voir II, Phonétique). — 3. Le mappiq ; c’est un point placé dans les lettres faibles אהדי pour indiquer qu’elles gardent leur valeur de consonne (voir II, Phonétique) : on ne le trouve guère que dans le ה final. — 4. Le raphé ; c’est un signe d’un emploi assez rare dans la Bible. Il consiste en un trait placé au-dessus d’une lettre pour indiquer qu’elle n’a ni daguesch ni mappiq.

5. Le méthég, ' petit trait vertical placé à gauche d’une voyelle (&ensp ; ָֽ&ensp ;) ; il indique que, même dans une syllabe non accentuée, par exemple dans une syllabe tonique secondaire, cette voyelle ne doit pas être prononcée trop rapidement.

2o  À la seconde catégorie appartiennent : — 1. Le maqqef, trait d’union que l’on met entre deux mots qui ne doivent plus en faire qu’un avec un seul accent principal sur le second mot : כָּל-אָדָם, kol-’âdâm, « tout homme ; »

— 2. Surtout les accents proprement dits. Ils sont très nombreux dans le système massorétique. Leur fonction est double. Ils indiquent avant tout la syllabe tonique de chaque mot ; pour cette fin et quelles que soient leurs autres fonctions, ils se placent au-dessus ou au-dessous de cette syllabe tonique, généralement au-dessus ou au-dessous de la consonne qui en marque le début. L’accent tonique est généralement sur la dernière syllabe du mot (qui est alors appelé milra), parfois sur la pénultième (le mot est alors dit mil‘ĕl), jamais sur l’antépénultième. — Les accents servent en outre à indiquer le lien logique de chaque mot avec la phrase tout entière, en marquant soit la connexion, soit la séparation des termes ; on distingue, à cause de cela, des « accents conjonctifs » et des « accents disjonctifs ». — De plus il y a deux systèmes d’accentuation, dont l’un est employé pour les livres regardés comme poétiques par les Massorètes (Psaumes, Proverbes, Job), l’autre pour les livres censés rédigés en prose. Les accents prosaïques sont au nombre de vingt-sept, les accents poétiques au nombre de dix-neuf. Il est inutile de les énumérer ici. — Les accents les plus importants sont les deux disjonctifs suivants : le Silluq ( –ֽ ) qui, joint au Soph-Pasuq (&nbsp ; ׃&nbsp ;), marque la fin du verset, et l’athnach Athnach, signe de cantilation< ! -- Cette police de caractères n’accepte pas le caractère Unicode de l’Athnach --> qui se met sous la tonique à la fin de la première moitié du verset.

II. Phonétique. — La phonétique est l’étude des propriétés des consonnes et des propriétés des voyelles.

I. propriétés des consonnes. — 1o  Il faut distinguer d’abord plusieurs groupes de consonnes importants à signaler, à savoir : les gutturales (ע, ח, ה, א), les muettes (ת, פ, כ, ד, ג, ב), les faibles (י, ו, ה, א), les sifflantes (שׁ, שׂ, ץ, ס, ז), les dentales (ת, ט, ת), les liquides (ר, ן, ם, ל).

2o  Les phénomènes généraux auxquels les consonnes hébraïques peuvent être sujettes sont : — 1. La commutation, en vertu de laquelle une lettre a été remplacée par une autre lettre du même organe ou assez homogène, par exemple dans עלץ, עלם, אלז, « être dans la joie, » גאל et געל, « racheter. » — 2. L’assimilation, en vertu de laquelle la consonne qui termine une syllabe se change en la consonne qui commence la syllabe suivante. Le cas le plus fréquent est l’assimilation de la consonne יִקָּטֵל : נ pour יִנְתָטֵל. L’assimilation n’a lieu d’ordinaire que dans le cas où la première consonne n’a pas de voyelle, mais un simple scheva quiescent ; quant à la seconde consonne, elle se redouble et prend le daguesch fort. — 3. La suppression des consonnes et plus particulièrement des faibles, אהוי, et des liquides, למנ. Elle a lieu soit au commencement des mots quand la consonne aurait un simple scheva mobile (גַּשׁ pour נְגַשׁ, impératif kal de נַגָשׁ), soit au milieu des mots surtout après une consonne munie du scheva mobile (יַקְטִיל pour יְהַקְטִיל, imparfait hiphil de קָטַל), soit à la fin des mots par exemple aux 3es pers. ptur. mas. des verbes (יִקְטְלוּ pour יִקְטְלוּן, imparfait kal de קָטַל), soit aux états construits pluriels des noms, où ים–ִ devient י–ֵ.i— 4. La transposition. On la remarque dans certains mots ; c’est ainsi par exemple que שִׂימְלָה et שַׂלְמָה ne diffèrent que par la transposition du ל et du מ et ont exactement le même sens. La transposition a lieu aussi dans certaines formes grammaticales, lorsque la conjugaison amène la juxtaposition d’une sifflante après une dentale préformante ; dans ce cas la sifflante passe avant la dentale et la forme הַשְׁתַּמֵּר remplace, à l’hithpahel de שָׁמַר, la forme normale הִתְשַׁמֵּר.i— 5. Surtout le redoublement, indiqué par le daguesch fort. Le redoublement est essentiel : quand une consonne devrait être écrite deux fois sans autre intermédiaire que le scheva simple quiescent, הִכְרַתִּי pour הִכְרַתְתִּי ; quand il y a assimilation, יִגַּשׁ pour יִנְגַּשׁ ; quand le redoublement est caractéristique d’une forme grammaticale soit dans la conjugaison du verbe (לִמֵּד de לָמַד), soit dans la dérivation des noms (גַּבּוֹר). Il est en revanche des cas où le redoublement n’a d’autre raison d’être que l’euphonie. On ne redouble pas les consonnes finales, ni certaines consonnes (notamment les sifflantes et נ, מ, ל, י, ו) munies du scheva simple.

3o  Les lettres muettes, les gutturales et les lettres faibles donnent lieu à plusieurs remarques particulières : 1. Les muettes ont une double prononciation : un son primitif dur et rapide, et un son aspiré, plus doux et plus faible (on ne fait guère sentir la différence que pour le פ, dont la prononciation dure est p, dont la prononciation aspirée est ph). La prononciation dure, indiquée par le daguesch doux, s’est maintenue dans les muettes : au début des mots, quand ils commencent une phrase ou un membre de phrase, ou bien quand ils sont précédés d’un mot terminé par une lettre sans voyelle ; au commencement des syllabes dans le corps des mots, quand la syllabe précédente se termine par une consonne munie du scheva quiescent (יִרְפָּא, « il guérit » ) ; enfin toutes les fois que ces consonnes sont redoublées (le daguesch fort remplit alors une double fonction : il indique le redoublement et sert de daguesch doux). — 2. Les gutturales ont trois propriétés spéciales. — Leur dureté ne permet pas qu’on les redouble ; elles n’ont jamais de daguesch ; le ה et surtout le ח peuvent avoir un redoublement atténué que l’on appelle virtuel et qui exerce son influence sur le choix des voyelles qui les précèdent. — Leur prononciation rauque est inséparable d’une certaine association avec le son a ; de là vient que, toutes les fois que c’est possible, la voyelle a prend, devant les gutturales, la place des autres voyelles : זֶבַח pour זֶבֶח, « sacrifice. » Quand cette substitution répugne aux principes de la grammaire, on introduit, entre la voyelle et la gutturale, un a intermédiaire très bref, dit patach furtif, qui n’est pas même une voyelle proprement dite et qui se prononce avant la lettre sous laquelle il est inscrit : שָׁלוּחַ, Šâlua, pour שָׁלוּח. — Enfin lorsque ces consonnes n’ont qu’une semi-voyelle, on ne peut généralement les prononcer sans faire entendre un son plus caractérisé que celui du scheva simple mobile ; de là l’emploi des schevas composés avec les gutturales, אֱמֹר׃ pour אְמֹר ; et יַהֲרֹג pour יִהְרֹג ; même le scheva composé est remplacé par une voyelle proprement dite devant un scheva simple, יַהַרְגוּ pour יַהֲרְגוּ (chaque gutturale a une affinité particulière avec un scheva composé : א avec ֱ , i ה et ח avec ֲ ).{{{1}}} Toutefois la règle du scheva composé, absolue quand la gutturale est au début des mots et des syllabes (גָּאֲלָה, עֲמֹד), admet beaucoup d’exceptions quand la gutturale termine la syllabe (יַחְשֹׁב, שָׁלַחְתָּ). — Le ר est assimilé aux gutturales en tant qu’il ne peut pas se redoubler, et qu’il a quelque affinité pour le son a. — 3. Les lettres faibles ont ceci de particulier que leur articulation est, en certains cas surtout, très atténuée, très adoucie, et peut même, sous diverses influences, ne plus se faire entendre du tout ; dans ce dernier cas, les lettres faibles ne servent plus qu’à allonger les voyelles qui les précèdent. — L’א est l’esprit doux du grec ; il garde toujours cette articulation et reste lettre gutturale quand il est au début du mot ou d’une syllabe : אָמַר, ’âmar, « il a dit. » Il la garde même en certains cas, lorsque dans le corps du mot il termine une syllabe, נֶאְדַר. Mais l’א perd le plus souvent sa valeur de consonne à la fin des syllabes dans le corps du mot ; il la perd toujours quand il termine le mot lui-même. Dans ces deux cas il ne fait plus qu’allonger la voyelle qui précède : ריאצל pour ריאצל (pour ריאצל), לאבר pour , סצא לאסד pour סצא (cf. aussi ראשים pour ראשים avec transposition, sous la consonne munie du scheva, de la voyelle de la lettre suivante). Parfois on n’écrit plus l’א « devenu muet : >ns' pour >rNï>. — Au début des mots et des syllabes, le ח garde toujours sa valeur de consonne gutturale (sauf pour le verbe חלף, qui suit, en grande partie, la conjugaison d’un פי). Il la garde aussi d’ordinaire à la fin des syllabes soit dans le corps des mots (יתףר), soit même â la fin (בכה). Parfois cependant on l’élide : c’est, par exemple, quand il est précédé d’une lettre munie de scheva simple mobile et qui prend alors la voyelle du ii, yiNS pour ywrra ; c’est aussi quand la voyelle qui le précède et celle qui le suit se contractent en une diphtongue : "IMD pour WDiD. — À la fin des mots, le ח n’est pas toujours une consonne même atténuée ; très souvent il n’a d’autre rôle que d’indiquer une des voyelles longues â, ê, ô (voir plus bas). — Le י est une vraie consonne, assimilable, quant à sa prononciation orientale et primitive, au w anglais dans war. Toutefois le son du י est très obscur ; quand, d’une part, le י est précédé d’une des voyelles o ou u et que, d’autre part, il n’a pas de voyelle propre, il tend à s’affaiblir, à se contracter avec cette voyelle qui le précède de manière à donner un û long : atfin pour suhn ou atfin. Le même affaiblissement en u (ou en o) a lieu lorsque, suivi d’un ô long, le י est précédé d’un simple scheva (oip pour Dip) ou même quand il est entre deux voyelles (aip pour mp). Précédé de la voyelle a, le י muni d’un simple scheva donne la diphtongue au : 3>înn pour 2tnhn. Il faut enfin noter que le t se change assez facilement en’soit au début des mots (ib> pour Tbi) soit

-’' -T -T

au milieu, sous l’influence du son i (ntpn pour D’ipn).

— L’i est, lui aussi, une véritable consonne, assimilable à l’y du mot anglais year. Mais précédé du son i ou du son é, il perd sa valeur de consonne et donne un î long ou un ê long ; précédé de o, il donne la diphtongue ai. — En dehors des cas où le t etl’i sont précédés des voyelles de son analogue ou homogènes (u et o pour le i, i pour 1) ou de la voyelle o, ces lettres gardent leur valeur de consonne : fhi, îb^. — À la fin des mots

T - "T

toutefois, même quand elles sont précédés des voyelles homogènes ou de a, i et > disparaissent très souvent : >ba, par exemple, devient bî et un n est introduit pour

"T TT

marquer la voyelle longue qui résulte de ce changement : nbî (voir, pour l’emploi de ce ii, VII, Histoire de

la langue hébraïque, col. 499).

II. propriétés des voyelles.

Les voyelles constituent un élément secondaire dans la langue hébraïque ; aussi sont-elles généralement flottantes et pour le plus grand nombre soumises à des changements multiples : allongements, abréviations, additions, suppressions. — Il y a peu de mots dont les voyelles échappent à toute espèce de changement et sont « impermutables ». Certaines voyelles sont, dans tel mot donné, impermutables par nature ; ce sont généralement les voyelles longues â, ê, i, ô, û, mais seule la connaissance des formes grammaticales permet de savoir avec certitude si elles ne peuvent changer. Le plus souvent toutefois, â, ê, i, ô, ù, essentiellement longs, sont pleinement écrits ; é et t sont écrits avec » (tst), ô et û avec i ("rtsa) ; l’a long est rarement représenté par une consonne dans le corps des mots. — En d’autres cas, les voyelles sont impermutables à raison de leur position. Ainsi une voyelle brève est impermutable quand elle est suivie d’une consonne redoublée (tel ï’i bref-nsi) ou d’une lettre qui, d’après les principes de la grammaire, serait munie du daguesh si sa nature ne s’y opposait (tel l’a bref de nnn pour min). Pareillement une voyelle longue sera impermutable quand elle remplacera une voyelle brève devant une consonne qui devrait être redoublée si sa nature ne s’y opposait (tel l’a long de ^13 pour ip12). — Quant aux voyelles « permutables », elles changent généralement sous l’influence des désinences ou des transformations diverses qu’amènent la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes. Mais on peut préciser davantage les causes de ces changements en disant qu’ils peuvent dépendre : de la syllabe, de l’accent tonique, de la pause, de l’euphonie. 1° La syllabe.

En hébreu, comme dans les autres

langues, la syllabe est le résultat de la conjonction des voyelles et des consonnes en groupes caractérisés. — En hébreu, une syllabe commence toujours par une consonne. Il n’y a d’exception au principe général que pour la conjonction T lorsqu’elle est ponctuée i. — Quant à leurs finales, certaines syllabes se terminent par une voyelle (p et n dans nbiap) et sont dites & ouvertes ».

T T T : - T

D’autres syllabes se terminent par une consonne (td

dans nbisp) ou deux (nbio dans Fibisp) et sont dites

t : - t ::- ::- t « fermées ». Parmi les syllabes fermées on donne le nom spécial de syllabes « aiguës » à celles qui sont terminées par une lettre redoublée : dn dans "isn. — Il faut noter

aussi que ni le scheva simple mobile ni le scheva composé ne peuvent constituer, avec les consonnes qui les entourent, des syllabes proprement dites : la consonne munie de ces demi-voyelles se rattache à la syllabe qui suit (iVep> se doit lire yiq-telû ; "iby£ se doit lire pô-’âlô).

— Les syllabes ouvertes ont généralement des voyelles longues : btJp, etc. Quant aux syllabes fermées ou aiguës,

elles ne peuvent prendre que des voyelles brèves (nsbD,

nDDn), à moins qu’elles n’aient l’accent (ddtt, « sage » ).

7 : T TT

Il arrive sans cesse que la déclinaison des noms ou la conjugaison des verbes transforme des syllabes fermées en syllabes ouvertes, des syllabes ouvertes en syllabes fermées, et amène par conséquent des changements dans leurs voyelles.

L’accent tonique. — L’accent tonique principal est d’ordinaire sur la dernière syllabe, parfois sur la pénultième. Lorsqu’on ajoute des désinences, elles attirent généralement l’accent ; plus rarement elles le laissent sur la dernière syllabe du radical. Or, en hébreu comme d’ans toutes les autres langues qui font sentir la tonique, la syllabe accentuée attire sur elle l’effort de la voix, souvent même aux dépens des autres syllabes. Lors donc que, en vertu des flexions grammaticales, l’accent tonique principal est déplacé, les voyelles et les syllabes initiales se trouvent modifiées, abrégées et même supprimées.

La pause. — On désigne sous ce nom la forte intonation que, dans la lecture publique et rythmée des synagogues, on donne à la syllabe tonique du mot qui termine une phrase ou un membre de phrase important. Elle se produit régulièrement avec les grands accents silluq et ahtnaq ; on la rencontre parfois avec des accents secondaires moins importants (zaqeph-qaton, rebia, pazér, etc.). Elle amène l’allongement des voyelles et parfois en fait réapparaître que la flexion grammaticale avait supprimées.

L’euphonie. — On a vu qu’un mot hébreu peut se terminer par deux consonnes sans voyelles. Toutefois, pour éviter l’articulation dure qui en résulte, on introduit souvent une voyelle auxiliaire entre ces deux consonnes, é bref avec les consonnes ordinaires

(jVp pour 1)Sd) ; a bref avec les gutturales 1-tTi pour -173) ; t bref avec > (n’a pour n’a). La même raison d’euphonie fait qu’on ne laisse jamais deux schevas consécutifs au début d’un mot ou d’une syllabe ; on remplace le premier par une voyelle auxiliaire (i bref en général ; sous les gutturales ou immédiatement avant, la voyelle qui correspond au scheva composé qu’elles affectent) : nst pour.n’ai ; hbah pour Von 1 ;.

III. Morphologie.

La morphologie est la science des formes grammaticales, c’est-à-dire des modifications ou flexions que subissent les mots en vue d’exprimer les diverses nuances de la pensée qui se rattachent à l’idée principale figurée par la racine elle-même. — 1° La racine est l’élément fondamental en hébreu comme dans toutes les autres langues. Les racines hébraïques ont généralement trois lettres qui, avec les voyelles qu’elles soutiennent, forment deux syllabes. Il faut regarder comme réellement trilittères un certain nombre de racines dans lesquelles une des deux dernières lettres a disparu et qui dès lors paraissent n’avoir que deux radicales : il en est ainsi avec les mots dont les deux dernières consonnes sont semblables : Ta pourtn, « piller, » avec ceux dont une des deux dernières lettres est faible : Dp pour mp, « se lever ; » quant aux racines à quatre lettres, elles sont souvent d’origine étrangère ; parfois aussi elles sont dérivées de racines trilittères. Les racines ont des voyelles spéciales pour les verbes et pour les noms. Généralement on choisit, pour point de départ des flexions grammaticales, la racine sous la forme qu’elle revêt à la 3° pers. sing. masc. du parfait, dans le verbe à sa conjugaison la plus simple.

Les flexions sont de deux sortes en hébreu.

Il

y a des flexions « internes » consistant en des modifications introduites dans l’intérieur même de la racine, telles que des redoublements de lettres : Sup de biop ; des

changements de voyelles : hwp, btop, biop, etc. — Il y a

— t :

aussi des flexions « externes » consistant dans l’addition de divers éléments qui, tout en étant distincts de la racine, s’unissent à elle pour ne constituer qu’un seul mot. Ces éléments adventices prennent le nom de préformantes ou préfixes quand ils sont mis au début du mot avant la racine : Vcp, MspJ, S’iapn, Vispnn ; quand

ils sont à la fin du mot, on les appelle affermantes, suffixes ou désinences : SiDp, nVop, « Vopn. — La morphologie doit s’occuper : des pronoms, des verbes, des noms, des particules.

I. les pronoms.

Pronoms personnels.

Ils sont

les plus importants et se présentent sous plusieurs formes. — 1. Pronoms séparables isolés :

    1. SINGULIER##


SINGULIER.

1° pcrs.com. > ::>* (à la pause

T

< <

>r : N), > : x (à (a pause » : n).

t — : t

2° pers. masc. niw (rarementVHi.à t - t < la pause rtPN).

1’pers. fém. PK (rarement’fin ;

pause DN)

t

3° pers. masc. N"n

3* pois. fém. N’il

    1. PLURIEL##


PLURIEL.

wn : N (à la pause !  ; rt : x),

i : n3(àtop.ijn :), . « N.

- : t -.

ont ».

n : nx (ou nanx, rarem. T » - T.._

pis ou tfin).

en (-on) ou rœn. … T..

nsn (rorcmentin, "p).

l’on veut attirer d’une façon particulière l’attention sur le sujet du verbe. Les pronoms personnels sont indiqués le plus souvent par des débris de ces formes complètes, qui se joignent comme préfixes ou comme suffixes aux mots auxquels ils se rapportent.

2. Pronoms inséparables.

Une première série de ces formes mutilées sert à indiquer les personnes dans la conjugaison des verbes et elles se divisent en deux groupes selon qu’on les met avant ou après le radical. Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnes au parfait se mettent après le radical et correspondent d’ordinaire à la finale du pronom séparable. Ce sont :

    1. SINGULIER##


SINGULIER.

    1. PLURIEL##


PLURIEL.

1™ pers. com. » s.

i :.

2° pers. masc. p.

B71.

2e pers. fôm. ru

P.

3° pers. com…

1.

Ces pronoms séparables sont d’un emploi assez peu fréquent. Ils ne peuvent en effet être utilisés comme compléments ; d’autre part les formes verbales renferment en elles-mêmes l’indication des personnes ; on ne se sert donc des pronoms personnels séparés que dans les cas où

Les formes mutilées qui servent à indiquer les personnes à l’imparfait se placent. avant le radical et correspondent d’ordinaire au début du pronom séparable. Si la première lettre est identique pour plusieurs formes, on complète l’indication des personnes par des désinences empruntées aux finales de ces mêmes pronoms ; on a ainsi :

    1. SINGULIER##


SINGULIER. PLURIEL.

1™ pers. com pré), n prèf. j,

2e pers. masc prêtn. (désin. ^), préf. ri »

2* pers. tém.(désin. 1), préf. n. (désin. ru), prèf. n.

3° pers. masc (désin. 1)

3’pers. fém (désin. ni)

T

Il est à remarquer que les pronoms de la 3° pers. ne sont pas employés comme désinences au parfait singulier, ni comme préfixes à l’imparfait ; toutefois on empfoie les désinences 1 (des vieilles formes de dfin et de on) et na

(des formes rniw et nsn) pour distinguer les genres

à l’imparfait pluriel.

Une deuxième série de formes pronominales mutilées sert à indiquer les pronoms compléments des verbes, des noms et des prépositions. Elles sont généralement les mêmes, que les pronoms soient compléments des noms, des verbes ou des prépositions ; il n’y a d’exception que pour la 1™ pers. du sing. Voici le tableau de ces pronoms suffixes :

    1. SINGULIER##


SINGULIER. PLURIEL.

l"pers. com. >_ (avec les verbes i ;), 13,

2’pers. masc. ^, D3. 2° pers. fém. ^, p,

3< pers. masc. iii, 1 ( v), nn, D. 3’pers. fém. ri, -..)h, t.

T T

Parmi ces pronoms il en est qui commencent par une consonne : ce sont ceux que de préférence on joint aux formes qui se terminent par une voyelle. Quand il est nécessaire de les joindre à une forme qui se termine par une consonne, on intercale très souvent une voyelle de liaison (r, , ? : _) ; seuls les pronoms 03 et p ne prennent jamais

cette voyelle. — La plupart des suffixes qui commencent par une voyelle (’__, 3, o, t_J ont l’accent tonique.

Au contraire, le plus grand nombre des suffixes qui commencent par une consonne laissent l’accent sur la voyelle de liaison ou sur la dernière syllabe du mot, et sont dits suffixes légers ; il n’y a d’exception que pour 475

hébraïque (langue)’476

as, p. on, jn, qui ont toujours l’accent toniqqe et sont

dits suffixes graves. — Lorsque les pronoms suffixes sont joints au verbe, ils expriment d’ordinaire le complément direct du verbe actif de l’hébreu. — Unis au nom ils expriment le génitif et équivalent à de véritables pronoms possessifs : nsD, « le livre de moi » (c’est-à-dire :

mon livre). — Avec les particules, ils peuvent exprimer tous les compléments dont elles sont susceptibles.

Autres pronoms.

1. Pronoms démonstratifs. —

On peut employer comme pronoms démonstratifs les pronoms personnels de la 3° pers. (nv, N>n, nn, jn) : ils

servent alors de préférence à indiquer les objets éloignés. . — Les pronoms démonstratifs proprement dits se rapportent surtout aux objets présents ou rapprochés. Ils ont une forme pour le masculin singulier (nr, .ou, avec l’article, rwn), une autre pour le féminin

singulier (tint, ou, avec l’article, riNin), une antre

enfin pour le pluriel aux deux genres (n’îS, ou, avec

l’article, n’wri). — On trouve aussi une forme poétique

invariable (n) et quelques autres formes extrêmement rares (n^n, nVi, rôn). — 2. Lepronom relatif invariable

est-itfN ; ce mot ne sert pas seulement de pronom relatif : c’est une application particulière du rôle général qu’il remplit pour indiquer la relation. — Dans plusieurs livres, Ttf » a perdu son » initial et assimiléson i final ;

telle paraît être du moins l’origine de la particule tf (tf, tf), qui se joint au mot en amenant le redoublé — T

ment de la lettre suivante. — 3. Les pronoms inlerrogatifs (qui peuvent aussi servir de pronoms indéfinis) sont : >d, qui, pour les personnes, et no, quoi, pour les choses.

v "’il. le verbe. — Le verbe a en hébreu une importance toute particulière. Il est, comme dans les autres langues, l’élément principal de la phrase. Mais en outre, c’est de lui le plus souvent que sont formées les autres parties du langage. Le nom hébreu est presque toujours dérivé du verbe. — Il est très rare, au contraire, qu’un verbe dérive d’un nom (il y en a pourtant plusieurs exemples et on les appelle verbes dénominatifs) ; mais, même en ce cas, le nom d’où ce verbe dérive se rattache souvent à un autre verbe qui lui a donné naissance.

Formes ou conjugaisons.

Ce qui frappe tout

d’abord dans le verbe hébreu, c’est une grande richesse de formes ou de conjugaisons. — 1. Conjugaison « impie. Elle est dite forme légère (Vp, kal), parce qu’elle n’a ni daguesch ni préfixe ; elle exprime de la façon la plus élémentaire l’action ou l’état correspondant à la racine. Le radical (c’est-à-dire la 3e pers. sing. masc. du parf.) est dépourvu de toutes préformantes spéciales et muni de deux voyelles ; dans les verbes transitifs ces deux voyelles sont â long et a bref : b13p, « il a tué ; » dans les verbes intransitifs, la seconde voyelle est souvent ê long (133, « il est lourd » ) ou ô long. (r’i’Dp, « il est petit » ). — 2. Conjugaisons dérivées. Dans nos langues indo-européennes il arrive parfois qu’en changeant une voyelle dans un verbe, ou en modifiant légèrement une de ses consonnes, ou encore en lui ajoutant un préfixe, on obtient un verbe nouveau dont le sens est dérivé par rapport à celui du précédent ; on a ainsi en grec-rEvo^ai et fewôu, en latin jacere et jacêre, lactêre et lactare, en anglais to fall et to fell, en allemand trinken et trânken, en français conter, raconter, etc. Mais ce qui dans nos langues ne se produit qu’à titre d’exception existe à l’état de s ystème dans les langues sémitiques, et notamment en hébreu. De la conjugaison simple se forme toute une série de conjugaisons secondaires que l’on appelle

graves, alourdies (onas), parce qu’on ne les obtient

qu’en chargeant le radical de diverses modifications internes ou externes. — On a encore recours, pour désigner ces formes, à l’ancien verbe-type Vts, « faire, 9

auquel on donne les voyelles ou les préfixes de chacune des formes qu’il doit indiquer. Ces conjugaisons sont au nombre de sept principales auxquelles s’en rattachent un certain nombre d’autres, plus rares en hébreu, bien qu’elles puissent être d’un fréquent usage dans d’autres langues sémitiques, et sur lesquelles il n’y aura pas lieu d’insister ici. — Ce sont :

a) Le pihel que l’on obtient en redoublant la seconde radicale et dont les voyelles t bref et ê long (on trouve aussi beaucoup d’exemples de pihal) ont pris la place de deux a brefs primitifs qui reparaissent dans la conjugaison : bsn

(pour Vep). — Le pihel exprime avant tout l’intensité ou

la répétition de l’acte ou de l’état indiqués par la forme simple : pm, « rire ; » pihel, « jouer, plaisanter. » L’intensité de l’action se manifeste parfois par un effet moral et amène l’agent à exercer son influence sur d’autres agents pour obtenir la réalisation de l’acte exprimé par la racine : de là le sens causât if qui s’attache quelquefois, au pihel, surtout dans les verbes qui sont intransitifs au kal : lob, « apprendre ; x> pihel, « enseigner ; » pis,

-T -T « être juste ; » pihel, « déclarer juste. » — Il est enfin à noter que beaucoup de verbes dénominatits sont usités au pihel, soit que cette conjugaison indique la production de l’objet exprimé par la racine nominale : j sp, « faire

un nid, » de rp, « nid, » soit qu’elle indique au contraire la suppression de cet objet : ffvt, - « déraciner, ?> de tfitf, « racine. » — Au pihel se rattachent plusieurs

formes rares dans le verbe régulier, mais assez fréquentes dans les verbes irréguliers : poel (biD’ip), pilel fijîisp) et pilpel (SSï, de bi, pour Vi », « rouler » ).

b) Le puhal passif du pihel, obtenu comme les autres passifs en assombrissant en ù bref la première des deux voyelles primitives (Visp) du pihel : bisp. Il a tous

les sens passifs correspondant aux divers sens actifs du pihel. — Au puhal se rattachent le poal, le polal, le polpal.

c) L’hiphil dont la caractéristique est le préfixe n et dont les voyelles i bref et î long (b’iopn) ont pris la

place de deux â brefs primitifs (Viapn) qui reparaissent dans la conjugaison. — L’hiphil exprime avant tout la causalité physique ou morale exercée pour la production de l’acte ou de l’état indiqués parle kal : xs>, « sortir ; »

TT

hiphil, « faire sortir ; » srrp, « être saint ; » hiphil, « sanctifier. » Cette signification donne naissance à une série de sens secondaires qui varient avec les différents verbes. — Souvent les verbes dénominatifs sont usités à l’hiphil pour exprimer la production de l’objet indiqué par le nom. — À l’hiphil se rattache le tiphel avec le préfixe n au lieu de ii, et le schafel avec le préfixe ti/ ; cette dernière forme, régulière en syriaque, est presque inouïe en hébreu.

d) L’hophal est le passif de l’hiphil ; on l’obtient en assombrissant en o bref la première des voyelles primitives (Vison) de l’hiphil : Vopn. Parfois, il équivaut simplement au passif du kal.

e) Le niphal est dérivé du kal au moyen d’un 3 préfixé au radical : Vopa. Dans une partie de la conjugaison, le i, qui est ici ponctué i bref, n’a qu’un simple scheva ; on le fait alors précéder du n (muni de Ja voyelle auxiliaire i bref) prosthetique ou euphonique ; il en résulte l’assimilation du ; avec la première consonne du radical, bispn (infinitif niphal, pour Vepan). —

Le niphal est avant tout une forme réfléchie : inD, « cacher ; » niphal, a se cacher. » Il exprime aussi la réciprocité : yy>, « conseiller ; » au niphal, « tenir conseil, »

le but tout personnel d’une action : Ssxtf, « demander ; » au niphal, « demander pour soi. » — Toutefois le niphal est souvent employé dans un autre sens. Tandis que le.pihel et l’hiphil ont une forme passive qui leur correspond directement, le kal n’a de passif qu’au participe. Pour le reste de la conjugaison c’est le niphal qui sert de passif au kal.

f) VlUthpahel formé du pihel (avec l’a bref primitif de la première radicale) en lui préfixant un ri, avec un n

euphonique vocalisé comme au niphal : Visprin. Le n

préfixe est, comme le :, l’indice des formes réfléchies. Aussi l’hithpahel est-il à proprement parler le réfléchi du pihel ; mais sa signification s’est étendue et il est purement et simplement la conjugaison réfléchie du verbe hébreu. Il exprime la réciprocité, le but personnel, très rarement le passif (forme passive très rare : hothpahal.)

Il arrive fréquemment que plusieurs de ces conjugaisons donnent des significations identiques ou dont les différences sont à peine sensibles. D’ailleurs il est très rare qu’un verbe ait ses sept formes ; le plus souvent plusieurs conjugaisons sont inusitées pour chaque verbe.en particulier.

Genre et nombre des verbes.

Très riche en conjugaisons,

le verbe hébreu est aussi très précis pour l’indication des personnes quant au genre et quant au nombre.

L’hébreu ne compte que deux genres : le masculin et le féminin, et que deux nombres : le singulier et le pluriel. Le duel n’est guère usité que pour les choses paires de leur nature, telles que les parties du corps, et n’a pas de forme spéciale dans la conjugaison. — Les personnes, dans le verbe, ont des formes particulières pour le singulier et le pluriel, et les 2° et 3 a pers. ont de plus des formes spéciales pour le masculin et pour le féminin. Il est à noter toutefois qu’à certains temps, la 3e pers. n’a, au pluriel, qu’une forme pour les deux genres.

Modes du verbe.

La conjugaison hébraïque n’a

que deux modes personnels : l’indicatif et l’impératif. Il n’y a que rarement des formes spéciales pour le subjonctif, le conditionnel et l’optatif. De là, en beaucoup de circonstances, de sérieuses difficultés pour l’intelligence de la dépendance et de la coordination des phrases. — Outre ces deux modes personnels, l’hébreu compte deux modes impersonnels, l’infinitif et le participe.

Temps du verbe.

La langue hébraïque, pauvre

en modes, l’est encore plus en temps. Les sémites n’avaient pas su exprimer nettement les trois périodes qui divisent la durée considérée à notre point de vue subjectif : le présent, le passé et l’avenir. L’hébreu se place au point de vue de l’objet, de l’acte, ou de l’état dont il est question, et se demande à quel point d’achèvement en est cet acte ou cet état, quelle que soit la période de la durée à laquelle il le considère. Aussi l’hébreu n’a-t-il, à proprement parler, que deux temps : — 1. Le parfait, qui indique que l’action ou l’état exprimés par le verbe sont accomplis ou pleinement réalisés. Ce parfait hébreu n’est donc pas toujours à confondre avec le parfait de nos conjugaisons indo-européennes. De fait, il faut souvent le traduire par notre parfait, par exemple : « Nous avons eu un songe. » Gen., XL, 8. Mais il exprime en d’autres cas notre plus-que-parfait : « Et il (Dieu) se reposa de tout son travail qu’il avait accompli, » Gen., ii, 2 ; notre imparfait, surtout dans les narrations : « II y avait dans le pays de Hus un homme qui s’appelait Job, » Job, 1, 1 ; notre plus-que-parfait du subjonctif : « Si Jéhovah des armées ne nous avait laissé un reste, nous eussions été comme Sodome. » Is., i, 9. — Il peut même correspondre

à notre présent quand, par exemple, il s’agit d’exprimer un état qui est la résultante d’une action ou d’un autre état pleinement accomplis : « Je sais » (c’est-à-dire « j’ai appris » ). Job, ix, 2. — Bien plus, il équivaut assez souvent à notre futur simple, par exemple, lorsqu’on a une telle certitude de l’accomplissement de l’acte à exécuter qu’on peut déjà le considérer comme achevé : « Tu me délivreras (sûrement), Seigneur. » Ps. xxx, 6. C’est à cette hypothèse que se rattache le Perfectum propheticum : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres verra (Vulgate : vidit) une grande lumière. » Is., îx, 1. De même il doit parfois être rendu par le futur antérieur : « Et les restes de Sion seront appelés saints… lorsque le Seigneur aura lavé les orduresdes filles de Sion. » Is., iv, 3, 4. — 2. Le second temps est l’imparfait qui représente l’action exprimée par le verbe dans un état incomplet d’achèvement ou de réalisation. Il est donc loin de correspondre à notre imparfait, et ses significations ne sont ni moins variées ni moins vagues que celles du parfait. Le plus souvent il faut le traduire par notre futur, celui de tous nos temps qui marque le plus clairement qu’une action est inachevée : « Voici, ils ne me croiront pas, ils n’écouteront pas ma voix, » Exod., iv, 1 ; ou par notre futur passé : « L’aîné qui devait régner » (qui regnaturus erat). IV Reg., iii, 27. — Très souvent toutefois il correspond à notre présent de l’indicatif : « Qui cherches-tu ? » Gen., xxxviii, 15 ; à notre présent du subjonctif : « Confondons leur langage afin qu’ils n’entenderd plus la langue les uns des autres, » Gen., xi, 7 ; à l’optatit : « Que ton serviteur parle. » Gen., xliv, 18. — Parfois même il correspond à notre passé, par exemple après certaines particules qui gouvernent l’imparfait même quand elles sont placées dans le récit d’événements passés : « Alors parla Josué, » Jos., x, 12 ; mais surtout quand il s’agit d’exprimer des actions qui se sont produites habituellement dans une période donnée. C’est ainsi qu’en parlant des relations de Job avec ses enfants, l’on dit : « Ainsi Job faisait-il avec ses enfants. » Job, i, 5.

Rien donc de plus vague que les temps hébreux ; leur signification est à ce point flottante qu’en nombre de cas on peut employer indifféremment l’un ou l’autre d’entre eux, et que souvent le contexte et quelques règles assez indécises de la syntaxe permettent seuls de saisir leur sens exact. Il en est résulté une grande difficulté pour les traducteurs qui avaient à rendre les textes sacrés en grec ou en latin. Parfois le souci de la fidélité leur a fait suivre des procédés de traduction qui nuisent à la précision et à l’exactitude. C’est ainsi, par exemple, que fréquemment ils ont, comme par principe, exprimé le parfait hébreu par notre passé et l’imparfait par notre futur, alors que l’un et l’autre correspondaient au présent. Le Ps. I est particulièrement instructif à cet égard. Une première série de verbes est au passé dans la Vulgate : non abiit… non stetit… non sedit ; ceux qui viennent ensuite dans les propositions principales sont au futur : meditabitur… et erit… dabit… non defluet… prosperabuntur… non résurgent… peribit. En réalité il s’agit d’un parallèle entre le juste et l’impie qui est toujours vrai et toujours présent.

Mécanisme de la conjugaison.

Il est assez simple.

La série des modifications se fait sur deux formes principales de la racine. — 1. En partant de la 3e pers. sing. masc. du parfait (bop), on obtient successivement : 1e reste

— T

du parfait, le participe (au kal et au niphal) et l’infinitif.

— a) Le parfait se conjugue en ajoutant au radical les désinences pronominales mentionnées plus haut, col. 474 ; à la 3e pers. sing. fém., la désinence n est une désinence

caractéristique du féminin que l’on retrouve aussi dans les noms. Les Voyelles du radical changeront selon que

les désinences commencent par une voyelle (n_, i) ou par une consonne, qu’elles sont accentuées (n_, i, dp, in) ou non (n, ii, >n). — 6) Les participes de la conjugaison simple et celui du niphal s’obtiennent également du parfait. Kal a deux participes ; un actif (Vop), dont

la voyelle caractéristique est l’ô long impermutable de la première radicale ; un passif fiTOp) caractérisé sur T

tout par l’û long impermutable de la deuxième radicale. Le participe niphal Oîispi) ne diffère du parfait que

par l’allongement de la voyelle de la seconde radicale. Ces participes sont des noms véritables qui se déclinent comme les adjectifs ordinaires. — c) On distingue en hébreu deux infinitifs : l’infinitif dit « absolu », et l’infinitif « construit ». Ces infinitifs sont, eux aussi, de véritables noms abstraits, dérivés du radical d’après les mêmes principes que les substantifs ordinaires. — L’infinitif le plus souvent employé est l’infinitif construit, qui ne mérite d’ailleurs cette appellation que pour le kal, jisp, où il est en réalité dans les mêmes rapports avec

l’infinitif absolu "rtisp que l’état construit avec l’état absolu

T

dans les noms. Aux autres conjugaisons l’infinitif construit est un nom à part ayant toujours, il est vrai, sa première voyelle semblable à celle de l’infinitif absolu (niphal inf. abs. "îispn, const. "îispn ; pihel inf. abs. "rép,

const. "rep, etc.). Cet infinitif qui exprime l’idée verbale

abstraite, par exemple, le tuer, peut avoir un double complément. Il peut avoir un complément à la façon du nom, indiquant la personne à laquelle il faut attribuer comme à un sujet l’acte exprimé par le verbe : le tuer de Pierre, c’est-à-dire l’acte par lequel Pierre tue. Il peut avoir un complément direct à la façon du verbe, indiquant le sujet sur lequel s’exerce l’action exprimée par la racine : le tuer Pierre, c’est-à-dire l’acte par lequel on tue Pierre.

2. L’infinitif construit sert à son tour de radical secondaire pour le reste de la conjugaison, c’est-à-dire pour l’imparfait, l’impératif et le participe de certaines conjugaisons quhel, puhal, hiphil, hophal, hithpahel). — a) L’imparfait s’obtient en faisant précéder l’infinitif construit des préfixes pronominaux indiqués plus haut (col. 474), ou des préfixes * (d’origine incertaine) pour les 3 M pers. masc, et n (ancienne désinence féminine)pour les3 M pers. fém. ; ces préfixes, munis par eux-mêmes d’un simple scheva, s’unissent au radical selon les règles générales de la phonétique : kal, hbpt.pour Map » ; pihel, Vep » ; hiphil,

<jfopt pour tyopn ». L’addition des désinences (col. 474) se

fait comme au parfait. — b) L’impératif n’a qu’un temps. Comme d’ailleurs il n’a que des secondes personnes, il n’a pas besoin de préfixes qui nuiraient à la brièveté du commandement. — c) Aux pihel, puhal, hiphil, hophal et hithpahel, les participes s’obtiennent en préfixant à l’infinitif construit un d qui se traite absolument comme les préfixes de l’imparfait : pihel, VispD ; hiphil, "vepD

pour. ViopriD, etc.).

Suffixes verbaux.

À la flexion des verbes se rattache

leur adjonction aux suffixes pronominaux compléments. Ces suffixes exprimant le complément direct ne s’unissent qu’aux formes actives. De plus, certains suffixes sont incompatibles avec certaines formes, personnelles du verbe ; les 2 M pers. du verbe ne prennent jamais les suffixes de la 2e pers., ni les i m pers. du verbe les suffixes de la l re pers. ; la 3e pers. sing. fém. ne reçoit pas les suffixes des 2° pers. ptur. Il est à noter que, devant ces suffixes, certaines désinences archaïques ont prévalu, que l’on ne retrouve plus dans la conjugaison ordinaire (qdtalti, pour qâtalte, à la 2’pers. sing. fém., parf. kal ; etc.). —Voir les suffixes verbaux, col. 474.

Verbes irréguliers.

Il n’y a pas en hébreu,

comme en latin et en français, de verbes qui suivent des’conjugaisons différentes de celle que nous venons d’indiquer. Toutefois la présence dans le radical de certaines lettres appartenant à des groupes spéciaux amène l’application des principes de phonétique propres à ces groupes, et par suite modifient les principes généraux exposés ci-dessus. De là les verbes dits irréguliers de l’hébreu. Leur nombre est assez considérable, puisque chacune des lettres du radical peut être empruntée à l’un ou à l’autre de ces groupes. On a encore recours pour les désigner, au verbe "î78 : chacune de ses lettres sert à indiquer la radicale qui présente quelque anomalie dans le verbe que l’on a en vue ; ainsi le verbe id ? est un verbe s guttural, parce que sa première radi "T

cale est une gutturale. — Les verbes irréguliers se divisent en gutturaux, assimilants, et faibles. — 1. Les « gutturaux » sont ceux qui ont une gutturale pour l’une ou l’autre de leurs trois radicales. — 2. Les verbes « assimilants », appelés aussi « défectifs », sont ceux qui ont un 3 comme première radicale (verbes as) et ceux qui ont leurs deux dernières radicales semblables (verbes 77). — 3. Enfin les verbes faibles sont ceux qui ont pour l’une de leurs trois radicales une des lettres faibles t », ii, i, et » : ns et ah ; rb ; >r, 17, et >7. Le même verbe peut se rattacher à plusieurs de ces conjugaisons à la fois et être, v. g. p et vh (Mta), iy et n 1 ! (n’iS), etc.

1T

m. nom. — Sous ce titre, il faut entendre les substantifs et les adjectifs ; ces derniers en effet se traitent exactement d’après les mêmes principes que les noms proprement dits.

I 3 Formation des noms. — Les noms primitifs sont peu nombreux. La plupart des substantifs qui dans les autres langues sont primitifs se rattachent en hébreu à un verbe. C est ainsi que les noms d’animaux, de plantes, de métaux, etc., sont des dérivés par rapport à un verbe exprimant l’une des qualités, des états ou des actes les plus saillants de l’animal, de la plante, du métal en question ; la cigogne par exemple (m>on) est l’oiseau

T * ~ pieux, le bouc (i » ït) est l’animal velu, l’orge (mrto) es

le blé barbu, l’or (anTjest le métal jaune (ans). Il y a

toutefois un certain nombre de noms qu’on ne peut ramener àaucune racine verbale de l’hébreu : 2t », « père ; »

dm, « mère ; » pp, « corne ; » etc.

Le plus grand nombre des noms dérivent d’un verbe Les procédés de dérivation sont multiples en hébreu mais se ramènent à quelques groupes principaux.

a) Beaucoup de noms dérivent du verbe par la simple modification des voyelles : ist, « parole, » de-ist, « parler. »

b) D’autres sont formés par le redoublement de l’une des radicales isn, « laboureur ; » parfois des deux

T *

dernières : ijssrn, « tortueux ; » ou de toute la racine babs, « roue. »

c) Un grand nombre sont dérivés au moyen d’un préfixe : « , 738N, « doigt ; » ii, rrran, « regard, vue, » de

nas, « voir ; » >,-ins>, « huile ; » 3, qiSipsj, « luttes ; »

-t t : * " : tf, narri*, « flamme. » Les plus fréquents sont d et n : D*ipc, « lieu, » de o r.p, « se tenir debout ; » Dann, « au t t : truche. »

d) D’autres noms enfin sont formés au moyen d’afformantes : >, "jms, « jardin planté ; » a, zho, « échelle, »

de Vîd ; et surtout j, fnsî, « souvenir. »

Un nom dérivé ou primitit peut donner naissance à d’autres noms qui sont dits dénominatifs, fisip, « oriental, » de cip. « orient. » ° Flexion des noms. — 1. Genre. — Les noms hébreux sont tous masculins ou féminins. La langue hébraïque ne connaît pas le genre neutre. Le masculin n’a pas de finale spéciale ; un assez grand nombre de noms féminins n’en ont pas non plus et se laissent reconnaître surtout par leur signification (comme les noms de familles, d’animaux, les noms d’objets qui seraient neutres en latin, etc.). Mais le plus souvent le féminin est indiqué par une finale particulière. Il était caractérisé primitivement par la désinence n_ ; on la retrouve encore dans certains mots

soit sous cette forme inaltérée (mnâ, « émeraude » ), soit

- : it

avec allongement de la voyelle (nSn ;, « héritage s).

Cette désinence était réduite à un simple n soit avec les noms terminés au masculin par une voyelle (nin>, « juif ; »

Timn », « juive » ), soit même avec des noms terminés par

une consonne. Mais à l'état normal de la plupart des noms, cette désinence a été altérée : le n a disparu, la voyelle s’est allongée dans la syllabe ouverte et un ii, mater lectionis, a indiqué cette voyelle longue : rroiD,

T « jument, » de did, « cheval. » Cette finale attire l’accent etamène des suppressions de voyelles : itf >, « juste, »

TT

fém. mtft. Les noms ségolés tels que "fia, « roi » (ou avec les gutturales iiii, « jeune homme » ) reprennent leurs formes primitives ftbD, ni) devant cette désinence : nsbD, « reine, » mvî, « jeune fille. »

2. Nombre.

Chacun des deux genres a une désinence propre pour le pluriel et pour le duel. Au pluriel masculin, on a n'*, rarement >., '., > Cette désinence

s’ajoute au radical d’après les mêmes principes que la désinence du féminin :-itf>, « juste, » ptur. nnxtf ». Tou tefois les noms ségolés se rattachent ici au type des noms dissyllabiques : ^bn, « roi, » ptur. nobn. Les noms terminés en t_ redoublent leur ' devant la désinence du pluriel (n3T, « hébreu, » ptur. o » "Dy), tandis que les noms terminés en nperdent cette consonne : mh, «-voyant ; » ptur. nnh. Au féminin, on substitue n*i (rarement DW ou D » ni), à la désinence n. du singulier. — Le duel

T

n’est employé que dans les noms et seulement pour les choses paires de leur nature, par exemple les deux mains, ou considérées comme paires par l’usage : une paire de souliers. Il se termine en d » _ (très rarement en j », j., ) ; au masculin cette désinence s’ajoute

au radical comme celle du pluriel ; au féminin elle s’ajoute à l'état construit (ancienne désinence at de l'état absolu) du singulier (n’nsty, de nsto, « lèvre » ).

, '-t : it

3. Etat construit.

C’est une modification de l'état normal ou absolu des noms particulière aux langues sémitiques ; il sert à indiquer le rapport de possession. Dans la construction latine Liber Pétri, c’est le nom du possesseur qui est modifié ; en hébreu, au contraire, c’est le nom de l’objet possédé qui éprouve un changement. Ce changement a d’ailleurs pour résultat d'établir une connexion plus intime entre le premier nom et le second : aussi la voix se précipite-t-elle sur le second nom ; le premier est prononcé le plus brièvement possible, privé des voyelles permutables qui ne sont pas absolument nécessaires à sa prononciation : -si, « parole, » état construit :-en. Au masculin pluriel,

l'état construit amène la suppression du o final et le remplacement de >_ par > : d>did, « chevaux, » état

construit : tpw. La désinence o' du duel masculin devient pareillement n » a », « yeux, » état construit : 'J’y.

.A l'état construit, le nom féminin singulier a gardé le n


de l’antique désinence ; on se borne à abréger ou à supprimer les voyelles permutables : npis, « justice, * état

construit : nps. Enfin l'état construit féminin pluriel a

la même désinence que l'état absolu et il n’y a de changement que dans les voyelles permutables : n’ipis, « les actions justes, » état construit : n*ipis.

4. Cas.

L’hébreu n’a pas de désinences pour les cas. Toutefois on pourrait rattacher à ces sortes de désinences certaines afformantes que l’on retrouve parfois à la suite du radical. La plus fréquente est la terminaison n_, appelée « hé local », qui donne au mot la force

T

d’un accusatif pour indiquer le plus souvent le lieu vers lequel on se dirige, rutes, « vers le nord, » de tiss. La

T T… T

désinence >_ qui correspondrait au génitif (et qui se

trouve généralement dans les états construits hjd >3311 ?, « l’habitant du buisson, » ou entre les noms et les prépositions qu’ils gouvernent, n’ija 'mi, « grande parmi

les peuples s), et la désinence i qui correspondrait au nominatif sont des archaïsmes que l’on ne retrouve qu’en poésie.

5. Suffixes des noms.

À la flexion des noms se rattache leur adjonction aux suffixes pronominaux. Ces suffixes exprimant des rapports de possession se joignent naturellement à l'état construit. Unis à un nom singulier, ils expriment la personne ou les personnes auxquelles un objet appartient ; unis à un nom pluriel, les suffixes du singulier et du pluriel expriment la personne ou les personnes auxquelles appartiennent plusieurs objets. Voir ces suffixes, col. 474.

6. L’article.

En hébreu l’article ne constitue pas un mot indépendant. Sa forme normale est un n préfixe, muni de la voyelle a bref et amenant le redoublement de la première consonne du mot auquel on le joint : -iyjn, « le jeune homme. » Ce redoublement est dû sans

doute à l’assimilation d’une lettre disparue, peut être d’un a que l’on retrouve dans une forme sabéenhe de l’article ou du h qui est resté dans l’article arabe. Devant certaines gutturales surtout, sa voyelle subit parfois des modifications dans le sens de l’allongement.

ïv. les particules. — » Adverbes. —Il est assez rare que les adverbes aient une forme spéciale. Le plus souvent on emploie adverbialement des mots empruntés aux autres éléments du discours : des noms à l’accusatif (Van, * beaucoup » ) qui parfois ne sont plus usités comme

substantifs (aoo, « alentour » ) ; des noms précédés de prépositions (1J1, « seulement » ) ; des adjectifs, particulièrement avec la désinence féminine (îuWM"i, « d’abord » ), des infinitifs absolus surtout de la forme hiphil (nain, « beaucoup » ), des pronoms (rn, « ici » )> des noms de nombre (rire*, « une fois » ). Parfois cependant on donne aux noms employés adverbialement une désinence

spéciale : □ (noi », « pendant le jour » ) ou □ (ntons, « soudain, » pour pjrns, de yns). Enfin certains adverbes

ont une forme spéciale, qui dérive généralement d’un substantif ou d’un pronom, mais qui est assez altérée pour qu’on ne puisse en dire l’origine d’une façon certaine : ctf, « là ; » ix, « alors ; » f3, « ainsi ; » il faut

T T "

surtout signaler les négations vii, bs, et la particule interrogative n (qui ire se distingue de l’article que par sa voyelle).

2° Prépositions^ — Elles ont d’ordinaire la même origine que les adverbes ; ce sont des substantifs employés dans une acception particulière ("irm, « .après ; » nnFi. « sous ; » by, « sur ; » etc.) et souvent, plus ou moins

III. - 16

mutilés. La mutilation est portée à son dernier degré dans les particules a, a et h. — Les particules a, "i, d (abrégé de pa) expriment les cas du nom. Le datif s’exprime

par le préfixe j qui marque le complément indirect et aussi la direction. L’ablatif est indiqué, tantôt par a, « par, au moyen de, dans, » tantôt par d qui correspond à ex du latin, a, « comme, » marque le rapport d'égalité. Les préfixes a, a,-a se joignent au nom à la faconde l’article, mais avec des voyelles qui varient selon les préfixes : nais, « selon la parole ; » rnian « de

tt : 7 :

l’orient. » — À ces particules se rattache le signe de l’accusatif : us. Les prépositions se joignent aussi aux suffixes pronominaux. Conformément à leur origine elles s’unissent d’ordinaire aux suffixes des noms et prennent la forme de l'état construit pluriel : onnnN, « après eux, » de nnx, « après. »

.3° Conjonctions. — Parmi elles on reconnaît : des formes primitivement pronominales (>a, « parce que ; »

ITtfN, « que » ), ou nominales (p, « de peur que, » etc.) ; des prépositions qui, unies aux conjonctions >a ou tj>n, donnent des locutions conjonctives (-ni>NS, « selon que ; » iu> « i ? » « parce que, » etc.) ; enfin des formes si altérées qu’on n’en peut indiquer l’origine (* ! « , « ou ; » DN, « si ; *

  • }N, « aussi » ). Â cette dernière catégorie appartient la

principale de toutes les conjonctions hébraïques : i, « et ; s c’est encore un préfixe ponctuel, souvent i (devant une lettre munie de scheva simple et devant a, o, s), etc.

Interjections.

En dehors de celles qui ne sont

que de simples cris, nN, Dn, etc., ce sont des formes pro T nominales : jn et nan, « voici ; » des formes verbales : lan, « allons, » ou des adverbes, » :, « de grâce, » appliqués par l’usage. à cette signification particulière.

IV. SYNTAXE.

Les langues sémitiques se distinguent d’ordinaire (il faut faire exception pour l’arabe, et en partie pour l’assyrien) de nos langues indo-européennes par la simplicité de leur syntaxe. La syntaxe de l’hébreu est particulièrement élémentaire. Il ne faudrait pas croire pourtant, comme on l’a fait parfois, qu’il n’y ait aucune syntaxe en hébreu. La langue hébraïque a des règles qui président aux rapports des mots entre eux, à la disposition des mots dans la phrase et des phrases dans le discours, et l’on peut diviser la syntaxe hébraïque en : syntaxe du verbe, syntaxe du nom, syntaxe du pronom, syntaxe des particules et syntaxe des propositions.

I. s yntaxb DU VEBBS.

De l’indicatif.

Nous avons

feit remarquer plus haut la pauvreté de l’hébreu lorsqu’il s’agissait d’exprimer les divisions du temps et l’indécision qui régnait fréquemment dans, l’emploi du parfait et de l’imparfait. Toutefois l’usage de ces temps n’est pas entièrement livré à l’arbitraire : si l’on peut, en certains cas, employer indifféremment l’un ou l’autre des temps hébreux, il n’en est pas ainsi dans la plupart des circonstances ; la syntaxe détermine auquel de ces deux temps il faut recourir quand il s’agit d’exprimer les diverses nuances de nos présent, passé et futur, que nous avons mentionnées plus haut (col. 477-478). — La syntaxe règle aussi certains emplois particuliers de l’imparfait pour exprimer des modes qui n’ont pas leurs équivalents dans la conjugaison hébraïque, à savoir le coltortatif (par lequel on s’exhorte soi-même à exécuter une action) et le jussif (par lequel on exprime l’ordre ou le désir qu’une autre personne accomplisse une action). Souvent on emploie pour exprimer ces nuances de la pensée l’imparfait pur et simple. Mais en certains cas, ï'imparlait prend une forme spéciale ; pour exprimer le eshortatif on ajoute souvent aux 1™ pers. une désinence

paragogique n ; il y a même à l’hiphil dans le verbe

régulier, et à plusieurs autres formes dans les verbes irréguliers, des imparfaits spéciaux apocopes pour exprimer le cohortatif et le jussif. — Surtout la syntaxe indique un emploi spécial de la conjonction 1, « et, » qui a une grande importance pour la précision des temps hébreux. L’hébreu est très pauvre en conjonctions ; il n’a pas cette variété de particules qui nous permet d’exprimer toutes les nuances de la subordination des idées. La lecture de la traduction latine elle-même laisse voir qu’il n’y a guère en hébreu qu’une seule conjonction fréquemment usitée, la conjonction i, « et. » Toutefois cette conjonction n’est pas toujours simplement copulative ; en certains cas elle exprime non seulement la coexistence de deux actions, mais leur subordination, leur dépendance. C’est ce qui arrive lorsque, dans les phrases débutant par un parfait ou par une locution équivalente au parfait, on met à l’imparfait précédé de i tous les autres verbes ; et il en est de même lorsque dans les phrasés commençant par un imparfait on met les autres verbes au parfait précédé de 1. Le but de cette construction est de marquer que toutes les actions indiquées par les divers verbes de la phrase autres que le premier sont dans une relation intime, une suite logique ou chronologique (d’où le nom de consecutio temporis) avec l’acte ou l'état indiqués par ce premier verbe. Si, par exemple, le premier verbe est mis au parfait pour relater un événement passé, tous les verbes qui suivent et qui sont à l’imparfait précédé de i doivent être rendus par le passé ; si au contraire le premier verbe au parfait annonçait un événement futur, tous les verbes à l’imparfait précédé de i devraient être rendus par le futur. Pareillement lorsque l’imparfait qui commence la phrase est à rendre par le futur, tous les verbes qui suivent (au parfait avec i) seront à traduire par le futur. Parfois même la portée de ce 1 sera plus étendue et exprimera une suite, une corrélation plus complexe. Les fonctions remplies par ce 1 font qu’on lui donne le nom de 1 consécutif terme plus exact que celui de 1 conversif usité autrefois. Devant l’imparfait, le 1 consécutif est caractérisé par sa voyelle (a bref avec redoublement de la préformante qui suit, où d long devant X), par l’influence qu’il exerce sur l’accent (pour le faire revenir sur la pénultième, s’il y a lieu) et par suite sur les voyelles

("TON’i, « et il dit, » de nDN>). Devant le parfait, le T

consécutif n’a pas de ponctuation spéciale.

De l’impératif.

L’impératif ne s’emploie que

dans les phrases affirmatives, et il exprime soit l’ordre au sens strict, soit le désir, l’exhortation (dans ces cas, il est souvent complété par des particules cohortatiïes ib, « a), parfois l’assurance, la confiance. Dans les phrases

T

négatives, l’impératif se rend par l’imparfait qussif)' précédé de b ».

De l’infinitif.

1. L’infinitif absolu exprime l’action

verbale d’une façon abstraite et ne s’emploie que dans des cas spéciaux. L’usage le plus particulier de cet infinitif est celui qui consiste à le mettre avant ou après, un verbe personnel pour exprimer l’action avec plusd’insistance : de là cette construction caractéristique de la littérature biblique que la Vulgate latine rend par des formules comme celle-ci : Plorans ploravit (Lam., i, . 2), etc. — 2. L’infinitif construit est le plus employé, il peut seul être régi par un nom ou par une préposition et, seul aussi, il peut régir les autres éléments de la phrase. C’est un véritable nom ; tantôt il est sujet de la phrase : « Un homme être seul, » c’est-à-dire « qu’un homme soit seul », « n’est pas bon, » Gen., ii, 18 ; ailleurs il sera complément d’un nom : « Le temps de rassembler, s Gen., xxix, 7, ou d’un verbe : « Je ne sais ni sortir ni entrer, » III Reg., m ; 7, ou d’une préposition : « dans son rencontrer lui, i c’est-à-dire a lorsqu’il le 485

hébraïque (langue)’486

rencontre ». Num., xxxv, 19. Quant au temps, Il peut, selon le contexte, exprimer le présent, le passé ou le futur ; précédé de la préposition b, il équivaut au gérondif : rrttoyb, « en faisant. »

Des participes.

Le participe hébreu n’a pas de

temps et peut prendre à cet égard toutes les significations que demande le contexte ; toutefois le participe actif se rapporte de préférence au présent, tandis que le participe passif doit souvent se traduire par le passé ou par le participe latin en dus, da, dum. Quant à la construction, on peut traiter les participes ou comme des adjectifs verbaux qui, demeurant à l’état absolu, prennent leurs compléments à la façon du verbe, ou comme des noms que l’on met à l’état construit devant leur complément à l’état absolu. — Le participe remplace parfois un mode personnel ; dès lors il a, au point de vue du temps, la même signification qu’aurait eue le mode personnel lui-même.

il. syntaxe du nom. — Nous nous bornerons à indiquer les points principaux. — 1° Détermination du nom. — 1. Par l’article. L’article ne s’emploie en hébreu que devant les noms déterminés, c’est-à-dire, d’une manière générale, devant les noms d’objets dont il a été déjà question (<t Dieu dit : Que lumière soit ; et la lumière fut » ), qui sont connus ou censés tels (le roi Salomon ) ou encore qui sont seuls de leur espèce (le soleil). De fait on met l’article : devant un nom générique employé collectivement ( « le juste, » « le Chananéen » ), devant un nom générique appliqué par excellence à un objet particulier (roiFn, » l’adversaire » ) ; devant des

noms propres de rivières ( « Jeîjil » ), de montagnes ( « le Liban » ), et parfois de villes ; devant certains noms que nous regarderions comme indéfinis, mais que le génie hébreu considère comme déterminés ; devant un adjectif qui qualifie un nom déterminé par l’article ou de toute autre façon ( « J’homme le bon, » pour « l’homme bon » ; parfois cependant on met l’article seulement devant l’adjectif ou seulement devant le nom). Au contraire, l’article hébreu se supprime : devant les noms propres de personnes, de pays, de peuple (lorsque ce nom est identique avec celui du fondateur de la nation : « Israël, Moab ; » en revanche les noms ethniques prennent l’article : « les Hébreux » ) ; devant des noms déterminés par l’état construit ou par un suffixe, devant les attributs. — 2. Par l’état construit. Un nom à l’état construit, qu’il soit suivi d’un autre substantif ou d’un suffixe, est par lui-même déterminé et limité dans ses applications. L’état construit s’emploie avant tout pour indiquer notre génitif. Dans ce cas, il est rare qu’un génitif dépende de plusieurs états construits ; au lieu de dire : « les fils et les filles de David, » on dira : « les fils de David et ses filles. » Il est rare aussi qu’un nom à l’état construit soit suivi de plusieurs génitifs ; au lieu de dire : <t le Dieu du ciel et de la terre, » on dira plutôt : « le Dieu du ciel et le Dieu de la terre. » Le génitif peut avoir tantôt un sens subjectif et désigner le possesseur, etc. ( « le Dieu des cieux » ), tantôt un sens objectif ( « la crainte du roi » ).

2° Expression des cas., — 1. Le nominatif et le vocatif se reconnaissent à la place qu’ils occupent dans la phrase.

— 2. Pour le génitif on emploie d’ordinaire l’état construit, mais parfois aussi certaines particules : b ptt, « qui (est) à » ( « le troupeau qui est à son père, » c’est-à-dire t le troupeau de son père », Gen., xxix, 9), ou

simplement b (b d’appartenance, comme dans "pnb i&to,

t ::" « Psaume de David » ) — 3. Le datif et l’ablatif se rendent par les particules préfixes dont nous avons déjà parlé. — 4. Quant à l’accusatif, il sert à désigner, outre le complément direct du verbe transitif, le lieu où l’on va, et parfois le lieu où l’on est, le point auquel une chose atteint, etc. La particule ns ne s’emploie guère

que devant les noms déterminés (surtout en prose).

Adjectifs exprimés au moyen d’un substantif.


L’hébreu a peu d’adjectifs proprement dits ; il est particulièrement pauvre en adjectifs indiquant la matière dont une chose est faite. De là, la nécessité de recourir à des périphrases, quand il n’y a pas d’adjectifs ;. de là, par extension, l’emploi de ces périphrases, même quand il y aurait un adjectif. Le plus souvent on rend l’adjectif par le substantif correspondant : « Ses murs sont bois, » pour « sont en bois », Ezéch., xiii, 22 ; « des vases d’argent ; » « une possession de perpétuité, » pour « une possession perpétuelle », Gen., xvii, 8 ; « une pierre de prix, » pour <t une pierre précieuse ». Pour exprimer les qualités d’un individu, on lui adjoint souvent une épithète composée d’un substantif (par exemple, homme, maître, fils ou fille), et d’un génitif exprimant plus spécialement la qualité en question : « homme de paroles, » pour « éloquent » ; « maître de songes, » pour « songeur », « fils de l’Est, » pour « Oriental » ; i fils de Sélial, » pour « méchant ». De même en parlant d’un coteau on dira : « un coteau fils de graisse, » pour « un coteau gras ». Is., v, 1.

Comparatif et superlatif des adjectifs.

Non seulement

l’hébreu a peu d’adjectifs, mais il ne connaît pour chaque adjectif que le positif. Le comparatit et le superlatif s’expriment par des circonlocutions. — Le comparatif est d’ordinaire rendu par la préposition p (ou

le préfixe d) ; ainsi pour dire « plus doux que le miel », on dira « doux plus que le miel ». — Les superlatifs corrélatifs ( « le plus grand…, le plus petit » ) sont exprimés par le positif : « un grand luminaire » et « un petit luminaire », pour « le plus grand luminaire » et « te plus petit luminaire ». Gen., i, 16. Le superlatif absolu s’exprime par le positif établi dans un contexte tel qu’il s’applique à un individu comme à celui qui possède éminemment la qualité dont il est question. « David était le petit, t> c’est-à-dire c< tepZttspeti£ » ; parfoisaussion répète l’adjectif trois fois : « saint, saint, saint, » pour <t très saint ». Is., vi, 3. (Cf. aussi : « le Saint des Saints, » etc.)

Genre et nombre.

1. À défaut du genre neutre on

se sert souvent en hébreu du féminin pour exprimer ce que les Grecs et les Latins auraient rendu par le neutre. De là vient que dans quelques passages de l’Écriture traduits servilement, on lit le féminin au lieu du neutre : « Unam petii à Domino, fianc requiram, ut inhabitem etc., » pour : « unum… hoc. » Ps. xxvi, 4. — 2. L’adjectif (comme le verbe) s’accorde en genre et en nombre avec le nom. Il y a exception pour les noms collectifs (souvent accompagnés d’adjectifs au pluriel), pour les pluriels de majesté (accompagnés d’adjectifs au singulier), etc.

m. syntaxe des pronoms. — 1° Pronom personnel. Le pronom personnel de la 3e personne se substitue au verbe être : « ceci est (n » n) un don de Dieu. » Eccle.,

v, 18.

2° Pronom relatif -|*N. Pour rendre les cas obliques

de notre pronom relatif (dont, à qui, etc.), l’hébreu arecours à des constructions particulières. Ainsi l’on a : « ^ que… à lui, » pour « à qui » ; « qui… lui » ("itfN’m’it » ), pour « qui » accusatif ; « qui… en lui, » pour « en qui » ; « que… son, sa, » pour « c dont ; » « que… là, » pour « où » ; « que… de là, » pour « d’où » ; etc. Souvent le relatif est supprimé pour alléger la phrase : « dans une terre non à eux, » pour « qui n’était pas à eux », Gen., xv, 13 ; « au temps le sacrifice commença, » pour « où le sacrifice commença ». II Par., xxix, 27.’iv. syntaxe dbs particules. — Il faut surtout noter l’emploi des négations : » *h (poét. ba) ou la négation pure et simple ; b « employé dans les phrases prohibitives : j>n qui rentenne le verbe « être » et équi487’hébraïque (langue)

vaut à « il n’est pas, il n’y a pas s>. L’emploi consécutif de deux négations renforce le sens négatif de la phrase.

v. syntaxe des propositions. — Le point le plus important est celui de la construction des phrases. Dans les phrases nominales (dont l’attribut est un subtantif ou un terme équivalent) on met d’abord le sujet, puis l’attribut. Dans les phrases verbales (dont l’attribut est nn verbe ou un mode personnel) on place successivement le verbe, le sujet, puis le complément du verbe ou l’objet. On change parfois cet ordre pour donner plus de relief à tel ou tel élément de la phrase. À signaler aussi les phrases complexes dans le genre de celle-ci : Dieu, sa voie est parfaite. Ps. xvii, 31.

V. Poésie.

i. livres et parties poétiques de la bible. —Il y a dans la Bible hébraïque des livres écrits en prose et des livres rédigés conformément aux principes d’une véritable poétique.

1° Des livres entiers sont en vers : Job, les Psaumes, les Proverbes, le Cantique, les Lamentations, auxquels il faut ajouter l’Ecclésiastique (et peut-être, d’après plusieurs critiques, l’Ecclésiaste). Les prophètes, Isaïe, Amos, Osée, Michée, Nahum, Habacuc, Joël etvbdias se sont presque toujours astreints aux règles de la poésie.

2° On trouve aussi des chants et des cantiques dans les livres rédigés en prose. — Dans les livres historiques : le chant de Lamech, Gen., ïv, 23 b -24 ; la bénédiction de Jacob, Gen., xlix ; le cantique de Moïse au sortir de la mer Rouge, Exod., xv ; le couplet de l’Arnon, Num., xxi. 14-15, el celui du puits, 17-18 ; le chant de victoire d’Hésébon, 27-30 ; les oracles de Balaam, Num., xxiii, 7-10, 18-24 ; xxiv, 3-9, 15-24 ; le dernier cantique de Moïse, Deut., xxxii, 1-43 ; la bénédiction de Moïse, Deut., xxxiii, 1-29 ; le couplet du soleil arrêté, Jos., x, 12-13 ; le cantique de Débora, Jud., v ; la fable de Joathan ( ?), Jud., ix, 7-15 ; les proverbes de Samson, Jud., xiv, 14, ’% ; le couplet de la mâchoire d’âne, Jud., xv, 16 ; le cantique d’Anne, I Reg., ii, 1-10 ; le refrain de la supériorité de David sur Saûl, I Reg., xviii, 7 ; la lamentation de David sur la mort de Saül et de Jonathas, II Reg., i, 18-27 ; le dernier cantique de David, II Reg., xxii, 2-51 ; et ses Novissima verba, II Reg., xxili, 1-7 ; le couplet qui sert d’exorde à la prière de Salomon lors de la dédicace du temple, III Reg., viii, 12 ; le cantique d’Asaph. I Par., xvi, 8-36. — Dans les livres prophétiques de Jérémie et d’Ëzéchiel, il y a aussi nn bon nombre de morceaux poétiques ; mais il est plus difficile de les distinguer que dans les livres historiques ; le style oratoire des^ prophéties a toujours beaucoup de ressemblance avec la poésie proprement dite.

II. CARACTÈRES GÉNÉRAUX DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1° La richesse. — Abondance des images, force et élévation de la pensée, grandeur et simplicité de l’expression, puissance des métaphores, tel en est le caractère Voir le discours de Dieu, Job, xxxvih-xli ; Psaumes de la création, Ps. viii, ciii, etc. Le caractère oriental du poète inspiré, le milieu dans lequel il vivait, sont pour beaucoup dans la richesse exubérante des poésies bibliques. 2° Le lyrisme.

Il est inutile de rechercher dans

notre Bible les genres de là poésie classique. D n’y a pas d’épopée ; le drame n’a rien qui lui corresponde exactement, même dans le livre de Job ; en revanche, la poésie gnomique est abondamment représentée dans les Prov. et l’EccIi. Mais le trait le plus caractéristique des poèmes bibliques, c’est le lyrisme, l’expression des sentiments personnels de l’auteur, ou des sentiments qu’il a en commun avec les autres hommes. La plupart de nos poèmes bibliques présentent ce caractère que l’on rencontre plus spécialement dans les hymnes lyriques par excellence du Psautier. D’ailleurs tout en étant l’expression de sentiments personnels, les chants sacrés d’Israël ont un caractère assez universel pour que nous y trouvions l’expression de nos propres sentiments : il n’y a pas nne prière, dans le Psautier en

particulier, qui ne puisse devenir la prière de l’humanité tout entière.

Un caractère constamment religieux.

Il n’est

pas douteux que les Israélites, comme tous les autres peuples, n’aient eu leurs chants et leurs poésies profanes. Nous en avons pour preuve le témoignage des écrivains sacrés eux-mêmes : Is., v, 12 ; Amos, vi, 5. Il est assez probable même que plusieurs des vieux chants conservés dans le Livre des Guerres de Jéhovah ou dans le Livre du Juste, et consignés dans le Pentateuque, tels que le chant du puits, Num., xxi, 17-18, et celui d’Hésébon, 27-30, aient appartenu à la poésie profane des Hébreux : on ne découvre en effet dans ces chants aucun trait qui les signale comme des cantiques religieux. Mais la poésie profane des Israélites ne nous a pas été conservée, et, à part un tout petit nombre d’exceptions, nos poèmes bibliques sont des chants sacrés, tout pénétrés de l’esprit religieux. — Ils le sont d’ailleurs en différentes manières. Très souvent, surtout dans les Psaumes, ils sont religieux par leur sujet même : ils célèbrent les attributs divins, la puissance de Dieu, sa bonté, son action providentielle dans le monde et plus particulièrement dans le peuple choisi ; ils expriment les sentiments religieux de l’âme qui adore, qui admire, qui prie, qui rend grices. En d’autres circonstances, les poésies sacrées sont religieuses par la manière dont elles développent un sujet profane en lui-même. C’est ce qui arrive : lorsque, chantant les merveilles de là création ou les grands phénomènes de la nature, le Psalmiste en rapporte avec tant d’empressement la gloire à Dieu qui les produit ; lorsque l’auteur du livre de Job discute, à la lumière des principes fournis par la religion, le problème de la souffrance du juste ; il en est de même dans les sentences du livre des Proverbes où l’on rattache aux directions de la Sagesse éternelle, communiquée à l’homme, les règles les plus minutieuses de notre conduite.

III. LA LANGUE HÉBRAÏQUE AU POINT DE VUE POÉ-TIQUE. — 1° La langue hébraïque a ses richesses et ses lacunes ; mais elle est éminemment poétique. Elle met surtout en relief l’action : le verbe qui est l’expression directe de l’action occupe la place centrale ; les noms désignent les êtres par l’action qu’ils accomplissent le plus fréquemment, par l’état qui leur est le plus ordinaire ; les noms hébreux sont par excellence des noms d’action ou des noms d’agents. D’ailleurs l’emploi du nom est beaucoup plus développé que dans nos langues : il remplace nos adjectifs, nos adverbes, nos prépositions. Dans la langue hébraïque dès lors, tout est vie et activité : la poésie ne saurait trouver nulle part ailleurs d’aussi précieuses ressources. Parfois même certains défauts seront merveilleusement utilisés par le poète : si l’imprécision des temps hébreux rend difficile la tâche de l’historien qui veut marquer l’enchaînement des faits, le poète sera souvent heureux de ne pas voir sa pensée limitée par des indications trop précises de temps et d’époque. — 2° La langue hébraïque est trop poétique par elle-même pour qu’on puisse s’attendre à trouver en hébreu une langue spéciale aux poètes. Toutefois ils affectent souvent : a) certains mots inusités dans la prose (tfïjN, « homme, » pourtf » * » ; rnfc, « chemin, » pour ^-fl) et souvent d’origine araméenne ;

6) certaines acceptions particulières de mots usités en prose, surtout l’emploi de l’épithète pour le substantif : ion, « le fort, s pour « Dieu » ; rua 1 ?, « la blanche, »

T tt :

pour « la lune » ; m>n>, « l’unique, » pour « l’âme », etc. c) certaines désinences particulières : formes allongées des suffixes (iD.1. "hlL, pour □ et a), désinences des

cas dans les noms, prépositions séparées avec la terminaison de l’état construit pluriel, ’S 7 pour by ; » j »  » pour HÉBRAÏQUE (LANGUE)

490° t ; nnx pour nrm, etc. ; d) diverses particularités de

syntaxe, tendant souvent à introduire dans la phrase une plus grande brièveté : suppression de l’article, em-, ploi de l’état construit devant les prépositions, suppression du relatif et de la particule de l’accusatif, etc.

IV. BÈGLES PARTICULIÈRES DE LA POÉSIE HÉBRAÏQUE.

— 1* Le parullélisme. — C’est un des traits les plus saillants de la poésie hébraïque, l’un des caractères que les versions nous ont le plus fidèlement conservé. Il a été néanmoins ignoré des exégétes chrétiens et juifs jusqu’en 1753. Plus d’une fois, sans doute, les anciens commentateurs l’avaient signalé pour divers cas particuliers. Mais c’est Lowth qui le premier, dans ses Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux, fit voir dans cette particularité un élément essentiel de la poétique biblique. Depuis lors le parallélisme a été étudié en tous ses détails, et dans les éditions les plus récentes des Septante et de la Yulgate, on en a tenu compte pour la division du texte sacré. Le parallélisme, parallelismus tnembrorum, souvent comparé au mouvement d’un balancier, s est la correspondance d’un vers avec un autre » (Yigouroux, Manuel biblique, 11e édition, t. ii, p. 266) :

L’homme patient vaut mieux que l’homme fort, Et celui qui domine son esprit que celui qui prend des villes.

Prov, , xvi, 32.

Entre ces deux vers la correspondance est parfaite, ( l’homme patient » est identique à « celui qui domine son esprit », l’homme fort, » ou « vaillant », à « celui qui prend les villes d’assaut ». Quant à la comparaison, elle n’est pas exprimée dans le second vers ; il faut sous-entendre le terme même du premier membre. Parfois la correspondance est plus exacte encore :

La maison des impies sera détruite, La tente des justes prospérera.

Prov., xiv, 11.

On distingue diverses espèces de parallélisme : — 1. Au point de vue de la manière dont les membres se correspondent, il y a : — le parallélisme « synonymique », dans lequel le second membre exprime exactement la même pensée que le premier et en des termes respectivement équivalent » :

Les cieux proclament la gloire de Dieu, Et le firmament publie la force de ses mains. Ps., xviii, 2.

— le parallélisme c antithétique », dans lequel le second membre met en relief la vérité contenue dans le premier par le contraste de la maxime opposée. C’est le parallélisme le plus fréquent dans les Proverbes :

La crainte de Jéhovah augmente les jours, Mais les années des impies sont raccourcies.

Prov., x, 27.

— le parallélisme « synthétique », dans lequel le second membre complète la pensée exprimée dans le premier :

Mieux vaut rencontrer une ourse dont on a pris les petits, Qu’un Imbécile plein de confiance en sa sottise.

Prov., xvii, 12.

2. Au point de vue du nombre des membres il y a :

— le parallélisme « distique », qui ne compte que deux membres. Tous les exemples qui précèdent rentrent dans cette catégorie ;

— le parallélisme i tristique, » qui compte trois membres :

Les rois de la terre s’associent, Et les princes délibèrent ensemble Contre Jéhovah et contre son Oint.

Ps. ii, 2.

Dans ce tristique, les deux premiers membres for ment un parallélisme synonymique, mais le troisième membre est synthétique.

On pourrait peut-être distinguer un parallélisme « à quatre membres », mais il est facile de le ramener à deux parallélismes distiques.

Le parallélisme est un élément essentiel de la poésie hébraïque ; on le rencontre partout sous une forme ou sous une autre. Dans les passages poétiques où il fait actuellement défaut, l’expérience prouve que, le plus souvent, divers accidents de copistes et de manuscrits ont dénaturé le texte ; si on le rétablit soit à l’aide des fragments qui en demeurent, soit avec le secours des versions, on retrouve le parallélisme primitif. — De même que le mouvement du balancier, un pareil procédé engendrerait vite une fatigante monotonie ; c’est ce qui arrive en certains poèmes dans lesquels les auteurs n’ont pas su dominer cette difficulté. Mais le plus souvent les poètes sacrés en ont évité les inconvénients en s’appliquant à introduire dans le parallélisme même la plus grande variété. Tantôt ils ont combiné ensemble diverses espèces de parallélisme, le synonymique avec l’antithétique, le distique avec le tristique, etc. ; tantôt ils ont développé la même pensée dans plusieurs parallélismes consécutifs. D’autres fois, deux parallélismes s’enchevêtrent l’un dans l’autre ; plus souvent on sous-entend un verbe, ou un sujet dans l’un des membres, on interrompt la régularité monotone à l’aide d’interrogations, de suspensions, de parenthèses, etc.

Le vers hébreu.

Son existence est admise par

tous ceux qui se sont occupés de la poésie hébraïque. Mais quant à la nature de ce vers, les opinions ont beaucoup varié, et aujourd’hui encore il reste sur cette question des points obscurs. C’est ainsi tout d’abord que des critiques identifient le vers hébreu non avec le stique, ou le membre du parallélisme, mais avec le parallélisme lui-même : le stique ou membre du parallélisme ne serait alors qu’un hémistiche par rapport au vers tout entier. Cette opinion ne paraît pas fondée : si elle est susceptible de s’appliquer aux parallélismes distiques, il serait beaucoup plus difficile de l’admettre pour les parallélismes tristiques : on aurait alors des vers démesurément longs et irréguliers. Il faut voir selon toute probabilité un vers proprement dit dans chaque membre du parallélisme. — Les anciens Josèphe, Eusèbe, saint Jérôme, croyaient reconnaître dans les vers hébreux des mètres analogues à ceux de la poésie classique, des hexamètres, des pentamètres, etc. On en resta longtemps à cette opinion sans d’ailleurs se préoccuper de l’approfondir. Aujourd’hui elle paraît fausse ; lorsque les savants modernes ont voulu l’appliquer d’une manière rigoureusement scientifique aux poèmes bibliques, ils ne sont arrivés à aucun résultat. Il a fallu chercher un terme de comparaison non dans les mètres classiques, mais dans les poésies sémitiques les plus simples. M. Le Hir (Le rythme chez les Hébreux, dans son introduction au Livre de Job) eut le premier l’idée de comparer le vers hébreu avec le vers usité dans les anciennes hymnes de l’Église syrienne. M. Bickell a repris cette idée, l’a approfondie et l’a appliquée aux poésies de la bible hébraïque ; on peut contester un certain nombre de ses hypothèses (par exemple, sur le nombre des syllabes non accentuées qui peuvent séparer deux syllabes accentuées ) ; mais l’ensemble de son système paraît assez définitif. — 1. Dans le vers hébreu, on ne mesure pas les syllabes, on ne les distingue pas en brèves et en longues ; on les compte simplement et, au point de vue de la quantité, le vers hébreu est isosyllabique. Il n’ajdonc rien de commun avec le vers latin ou le vers grec ; il ignore le mètre proprement dit, le « pied. » En revanche, il se rapproche de nos poésies liturgiques les plus simples, telles que le Stabat ou le Dies irse. — 2. Si dans le vers hébreu on ne tient pas compte de la quantité

des syllabes, on attache au contraire une très grande importance à l’accent. La sjllabe accentuée a un rôle considérable dans la cadence et le rythme du vers hébreu ; on sait qu’il en est de même dans les poésies’liturgiques de l’Église. D’après la place occupée par l’accent, on peut même avoir des groupes de syllabes auquel on donnera, par analogie, le nom de pieds : ce seront des ïambes ou des trochées, selon que la syllabe accentuée sera, ou non, la première. — 3. La numération des syllabes est chose difficile. En plus d’un cas en effet il faut négliger la vocalisation actuelle du texte hébreu ; les Massorètes ignoraient le vers hébreu et ils ne se sont préoccupés que de fixer la lecture du texte d’après la prononciation qui prévalait à leur époque et qui s’écartait assez souvent de la prononciation ancienne. C’est ainsi qu’en beaucoup de cas il faut négliger, outre les schevas et les demi-voyelles, les voyelles auxiliaires et certaines voyelles initiales ; ailleurs il faut remonter à des formes primitives remplacées, dans le texte, par des formes plus récentes. Considérées en elles-mêmes ces corrections sont admissibles ; les textes bibliques ont beaucoup souffert dans tous ces petits détails. Toutefois on conçoit une certaine défiance lorsqu’on voit tant de modifications réclamées au nom d’un système qui est loin d’être arrêté dans ses détails. Les objections deviennent plus nombreuses encore en présence de toutes les restitutions ou suppressions de mots et de membres de phrase auxquelles donne lieu l’application des principes de M. Bickell ; sans doute, il n’est aucune de ces corrections que l’on ne puisse appuyer sur des exemples dûment constatés ; mais nul autre moyen de critique ne révèle autant d’altérations dans les textes sacrés. — 4. Les « espèces » du vers hébreu sont avant tout caractérisées par le nombre des syllabes. On en trouve de quatre, cinq, six, sept, huit, neuf et dix -syllabes. M. Bickell avait jadis admis des vers dodécasyllabiques ; mais une étude plus approfondie de la question l’a amené à voir dans ces vers deux membres de parallélisme, l’un de sept, l’autre de cinq syllabes. Le vers le plus souvent employé paraît être le vers heptasyllabique, c’est le vers usité dans le livre de Job, dans beaucoup de maximes et de portraits du livre des Proverbes, dans nombre de Psaumes. D’ailleurs des vers de diverses espèces peuvent se trouver groupés dans le même morceau. C’est ainsi que tout un genre poétique, le genre « Lamentation » ou Qinah, paraît caractérisé par l’alternance du vers heptasyllabique et du vers pentasyllabiquejon retrouve aussi cette alternance dans des poèmes didactiques tels que le grand Ps. cxviii : Beali immaculati in via.

Cf. G. Bickell, Metrices bibl. reg. exempl. illustrât., Inspruck, 1882 ; Supplem. ad metr. bibl., dans Zeitschr. derdeutsch. Morgent ànd.Gesellsch., t. sxxiii, xxxiv, xxxv ; Carmina Vet. Test, metrice, Inspruck, 1882 ; Dichtungen der Hebrâer, Inspruck, 1882-1883 ; Kritische bearbeitung der Proverbien mit einem Anhange ûber die Strophik des Ecclesiasticus, dans Zeitschr. ꝟ. d. Kunde des Morgent andes ; V. Grimme, Abriss des hebr. Metrik, dans Zeitschr. d. deutsch. Morgent ànd. Gesellsch. ; Gietmann, De re metrica Hebrseorum, 1880 ; A. Rohling, Dos Salomonische Spruchbuch, ûbersetzt und erklàrt, Mayence, 1879.

La strophe.

C’est le groupement d’un certain

nombre de vers dans un ordre déterminé. Son existence a été à peine soupçonnée jusque vers 1831, date à laquelle M. F.-B. Kœster la signala dans un article intitulé Die Strophen oder der Parallelismus der Verse der Hebrâischen Poésie, dans les Studien und Kritiken, 1831, p. 40-114. On admettait volontiers la distribution des Psaumes en parties distinguées par le sens, par le refrain ou de toute autre manière, et parfois on donnait à ces divisions et subdivisions le nom de strophes. Mais en réalité on ne reconnaissait pas l’existence de strophes

se rattachant pour chaque morceau poétique à un type déterminé. D’ailleurs ce type n’est pas encore rigoureusement précisé ; il a pu exister en hébreu, comme dans toutes les langues, des strophes de longueurs variables, et indécises. Cf. D. H. Mûller, Die Propheten in ihrer ursprunglichen Form. Die Grundgesetze der ursemitischen Poésie erschlossen und nachgewiesen in Bibel, Keilinschriflen und Koran, und in ihren Wirkungen erkarmt in den Choren der Griechischen Tragédie, Vienne, 1896 ; I. K. Zenner, Die Chorgesânge in Bûche der Psalmen. Ihre Existenz und ihre Form nachgewiesen, Fribourg en Brisgau, 1896.

4° Sur VAlphabétisme, voir Alphabétiques (Poèmes).

VI. Vocabulaire.

Nombre des mots.

On ne peut

juger du nombre des mots hébreux que par la Bible. Sans doute les Livres Saints ne représentent qu’une partie restreinte des sujets traités par les Hébreux, soit dans leurs conversations, soit dans les autres compositions littéraires qui ne sont pas parvenues jusqu’à nous. Mais on est porté à croire que la langue hébraïque ne disposait pas d’un vocabulaire très riche. — On ne compte guère plus de 2050 racines parmi lesquelles beaucoup sont peu usitées ou tiennent une place très restreinte dans la formation des mots ; on estime qu’avec 500 racines l’on est capable de lire couramment la plupart des textes bibliques. Le nombre des mots est proportionné à celui des racines : si l’on fait abstraction des noms propres, l’hébreu biblique compte environ 5000 mots (d’après Renan).

Structure des racines et des mots.

À cet égard

l’hébreu se rapproche de très près des autres langues sémitiques (voir Sémitiques [Langues]), et ne présente pas de particularités notables.

Caractère du vocabulaire hébreu.

1. L’hébreu

a une grande abondance de termes pour désigner : des objets usuels, animaux domestiques, ustensiles divers servant à la vie quotidienne ; — les phénomènes qui tombent sous l’observation journalière, v. g. phénomènes. météorologiques, pluie, tempête, etc. ; — les relations sociales ordinaires ; — en particulier les actes de la vie religieuse ou du culte et les diverses conceptions se rapportant aux idées religieuses juives : ainsi il y a un grand nombre de mots pour désigner la sagesse, la loi de Dieu, etc. r~ 2. Mais le vocabulaire hébreu est pauvre pour l’expression des idées abstraites et des sentiments de l’âme. Ainsi, dans une langue dont le seul monument est un livre éminemment religieux, il n’y a pas de terme qui corresponde exactement à l’idée abstraite de « religion » ; l’idée de la religion ne peut s’exprimer que par le terme de « crainte de Dieu ». L’hébreu a des mots ^)our l’amour et la haine, mais non pour la préférence ; de là ces phrases évangéliques tout empreintes du génie hébraïque : « Si quelqu’un ne hait son père ou sa mère, … il ne peut être mon disciple. » Luc., xiv, 26. Elle ne peut nommer qu’imparfaitement les facultés de l’âme : les termes qui désignent le siège de ses diverses opérations sont vagues : le « cœur » désigne l’intelligence ; les « reins » ou le « foie », les affections. — 3. La plupart des racines qui expriment des opérations spirituelles, intellectuelles et morales ont gardé un sens primitif se rapportant à la vie physique et extérieure. Dans nos langues, ces racines se ramènent bien étymologiquement à des termes exprimant des opérations physiques : intelligere veut dire « lire entre » ; mais à peu près toujours ce sens primitif a disparu de l’usage et le mot aujourd’hui usité ne signifie plus rien autre chose que l’acte spirituel ou moral. En hébreu, au contraire, la coexistence des deux sens est très fréquente. C’est ainsi que le mot bâràk veut dire primitivement fléchir le genou. De là à l’idée de € saluer » selon les pratiques orientales, il n’y a pas loin ; en réservant ce nom à l’hommage rendu à Dieu, on aura la signification de « vénérer, d’adorer », avec les sens connexes de « prier, d’invoquer ». Le salut évoquera aussi l’idée de « louer », de « bénir », de faire des

vœux pour le bien-être de celui qu’on salue. Bien plus, soit parce que celui qui salue s’attire les faveurs du supérieur ou de Dieu, soit parce qu’on a simplement transporté au supérieur (en leur faisant subir les modifications nécessaires) les actes et les sentiments de l’inférieur, ce même mot s’appliquera à Dieu qui « bénit », qui « honore » un inférieur d’une façon quelconque. Enfin par contraste le mot bârâk exprimera la malédiction. Ni le mot latin benedicere ni le mot français « bénir » (qui est plus riche en acceptions que la plupart de nos autres mots) ne peuvent exprimer toutes ces multiples significations. Voir Bénédiction, t. i, col. 1580hébreu rendent la traduction des livres bibliques très difficile, plus difficile que la traduction de tous les autres auteurs anciens, et expliquent pourquoi les textes et les versions de l’Écriture ont particulièrement besoin d’être accompagnés de notes et de commentaires.

VII. Rapports de la langue hébraïque avec les autres langues sémitiques. — La comparaison doit s’établir aux divers points de vue que nous avons précédemment considérés pour l’hébreu.

I. ÉCRITURE.

Alphabet.

Pour la comparaison

des alphabets, voir les tables des Alphabets sémitiques, t. i, col. 405-414 et l’article Assyrienne (Langue) t. i, col. 1169-1174. — 2° Voyelles. — Le système des pointsvoyelles usité dans la Bible, avec la combinaison du point et du trait comme caractère principal, est apparenté avec les systèmes adoptés par les Syriens orientaux et les Arabes ; il se distingue nettement des procédés usités dans l’assyrien (écriture syllabique), dans l’éthiopien (voyelles indiquées par diverses modifications des lettres elles-mêmes), et le dialecte des Syriens occidentaux (emploi des lettres grecques).

II. phonétique..-* 1° Consonnes. — i. Nombre des consonnes. — En dehors des autres langues sémitiques du groupe intermédiaire, la langue syriaque est la seule qui ait exactement le même nombre de consonnes que l’hébreu ; encore ne dédouble-t-elle pas le v en deux lettres. L’hébreu possède plus d’articulations que l’assyrien, mais il est inférieur aux langues sémitiques du Sud pour la distinction des dentales (l’arabe compte deux lettres pour chacune des dentales i, ts, n), des labiales (l’éthiopien a trois lettres pour le s), des sifflantes aspirées (l’arabe et l’éthiopien décomposent le s en deux articulations secondaires). Les gutturales paraissent plus nombreuses en hébreu qu’en assyrien (il semble que l’assyrien ne distingue guère ii, n et y) ; mais le n et le y fournissent chacun deux gutturales en arabe (_ et z ;

s. et à ; le n en fournit pareillement deux en éthiopien,

  • h et " ?). On peut se demander si chacune des lettres

hébraïques n et y ne représente pas elle-même deux sons. II est en effet curieux de constater, pour le y en particulier, que, dans la transcription des noms propres, les Septante le rendent tantôt par y (équivalent assez exact du arabe), Tonoppapour mby, tantôt par l’esprit rude, ’HXf pour iby, ou même l’esprit doux, ’AtiaXVjx pour

  • pboy. Voir Heth, col. 668. Il est d’autre part intéressant

de remarquer que certaines racines hébraïques renfermant la lettre n ont deux sens très différents, correspondant en arabe à deux mots, l’un avec _,

l’autre avec ^ : bsn, « lier » (ar. ^3-j^-) et « prêter » ’/cî

{ar. ^J^^.1). Il est donc probable que pour plusieurs <le ces lettres l’écriture hébraïque ne reproduit pas toutes les nuances de la prononciation.

2. Propriétés des consonnes.

Les phénomènes géné-Taux, tels que la commutation, l’assimilation, la transposition et le redoublement se présentent dans les autres langues sémitiques comme dans l’hébreu. Il faut

noter toutefois : que la transposition est moins fréquente dans la conjugaison hébraïque que dans l’assyrien et les langues sémitiques du Sud (la métathèse du n dans la huitième conjugaison arabe a lieu avec toutes les lettres et pas seulement avec les sifflantes), que l’hébreu a conservé le redoublement avec beaucoup plus d’exactitude que certaines langues du groupe araméen, par exemple, les dialectes des Syriens occidentaux (ils ne font presque jamais entendre le redoublement qui, dans les textes ponctués, n’est indiqué par aucun signe spécial ).— On peut dire, d’une façon générale, que l’hébreu est une des langues sémitiques dans lesquelles les consonnes ont gardé avec le plus d’exactitude leurs articulations primitives, et qu’en dehors de quelques exceptions elle est à cet égard comparable à l’assyrien et à l’arabe.

Quant aux propriétés particulières à certains groupes de consonnes, on peut faire les remarques suivantes : — La double prononciation des labiales ne se retrouve guère que dans l’araméen. — Les gutturales ont moins souffert en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques : tandis que l’assyrien les confond, que l’éthiopien les a si souvent confondues et dénaturées, l’arabe est la seule langue sémitique.qui les distingue avec plus de précision que l’hébreu. D’ailleurs la loi d’euphonie qui empêche en hébreu le redoublement des gutturales ne se retrouve qu’en araméen ; l’affinité pour le son a ne paraît pas non plus s’exercer d’une façon constante dans la conjugaison et la déclinaison arabes. — L’aphérèse et l’assimilation du 3, communes à l’hébreu et à l’araméen, ne se produisent pas dans les langues sémitiques du Sud. — L’hébreu est seul à connaître le n lettre faible dans les verbes nb ; en revanche IV est plus stable encore dans l’hébreu que dans le syriaque (où parfois il perd sa valeur de consonne non seulement à la fin des syllabes mais même au début). Quant au 1 et à 1’», l’hébreu et le syriaque sont les principaux dialectes qui les confondent si constamment au début des mots ; l’assyrien et surtout les langues du Sud distinguent des verbes is et des verbes » s. L’arabe et l’éthiopien connaissent pareillement des verbes ib et >b, dans lesquels ces lettres faibles sont loin d’être aussi altérées qu’en hébreu ou en syriaque ; en revanche le n et l'> subissent à peu près partout les mêmes modifications, quand ils sont dans le corps des mots.

Voyelles.

1. Nombre des voyelles, — Si l’on regarde

le système massorétique comme la représentation suffisamment exacte des voyelles de l’hébreu biblique, on constatera que l’hébreu est l’une des langues sémitiques dont la vocalisation est la plus variée. Il a gardé les trois voyelles principales a, i, ii, sous leur double forme de voyelles brèves et de voyelles longues ; il a pareillement distingué avec précision les voyelles secondaires é et o en longues et en brèves. Seul l’arabe peut à cet égard être comparé à l’hébreu ; l’arabe en effet distingue très nettement les voyelles primitives en longues et en brèves et, bien qu’il no les indique pas par des signes spéciaux, il admet autour de ces trois sons principaux des prononciations tout à fait semblables aux voyelles secondaires de l’hébreu. Les imperfections du système d’écriture cunéiforme ne permettent guère de Vavoir jusqu’à quel point les Assyriens distinguaient les longues et les brèves. On sait en revanche que si cotte distinction existe chez les Syriens orientaux (qui ont les cinq voyelles de l’hébreu), elle manque assez souvent de précision chez les occidentaux ; quant à l’éthiopien, en dehors de l’a bref et d’un é bref qui se confond avec e muet, il ne signale, dans son écriture, que des voyelles longues (â, ê, i, ô, û) ; c’est la preuve que la distinction en brèves et en longues n’était pas très sensible pour les Abyssins. Il faut noter enfin que la précision des demi-voyelles par des signes spéciaux (schevas simples et composés) est particulière à l’hébreu.

2. Permutations, altérations des voyelles. — Ces phénomènes se produisent ou par suite des flexions grammaticales ou par suite de l’usure de la langue. A. ces deux points de vue, l’arabe a beaucoup mieux sauvegardé sa vocalisation que l’hébreu. Les flexions grammaticales sont loin d’amener autant de changements, de suppressions et d’additions de voyelles en arabe qu’en hébreu. D’autre part, l’usure n’a presque pas fait sentir son influence sur la vocalisation arabe. De là le recours fréquent des grammairiens à cette langue pour l’explication des formes hébraïques qui ont subi des altérations plus ou moins notables. En, revanche, l’hébreu a gardé la pureté de sa vocalisation beaucoup plus parfaite que le syriaque ou l'éthiopien : dans ces deux langues il semble qu’on n’ait conservé de voyelles proprement dites que le nombre strictement nécessaire pour la prononciation des consonnes ; l’e muet y remplace très souvent des voyelles que l’on retrouve en hébreu dans un état de parfaite conservation.

/II. morphologie. — 1° Pronoms. — i. Les pronoms personnels de l’hébreu présentent beaucoup de ressemblances avec ceux des autres langues sémitiques. Les consonnes essentielles sont identiques dans presque toutes ces langues. Il est à noter que l’hébreu est à peu près le seul dialecte dans lequel la première personne du singulier ait à la fois la forme longue >3lN (que l’on retrouve en assyrien) et la forme brève

>jn (que l’on retrouve en arabe, en araméen, en éthiopien). Seuls l’assyrien et le syriaque assimilent comme l’hébreu ; le 3 et le n dans des pronoms aux secondes personnes. Les éléments essentiels des pronoms de la B 8 pers. semblent être au singulier les voyelles û et î ; tandis qu’en arabe et en araméen ces voyelles sont précédées de n comme en hébreu, elles sont précédées de m en assyrien, suivies de lettres proclitiques en assyrien --- et en éthiopien. — Les voyelles n’ont pas naturellement la même fixité que les consonnes et varient avec chaque langue. Certaines variations proviennent d’ailleurs de ce que les voyelles de l’hébreu sont plus altérées que celles des autres langues. L'> final de la 2e pers. fém.

sing. (>pn) a généralement disparu de l’hébreu comme de

la prononciation du syriaque, 'on le retrouve au contraire dans presque toutes les autres langues sémitiques. Il en est de même de la voyelle m des désinences des 2e et 3e pers. ptur. qui s’est atténuée en hébreu (diw, juk, on, ]n)

comme en éthiopien (sauf aux 3 « pers.), tandis qu’elle s’est conservée en arabe, et, pour le masculin au moins, en syriaque et en assyrien. Cette dernière langue d’ailleurs a une très grande variété de pronoms personnels. — Des remarques analogues sont à faire pour les pronoms suffixes et préfixes destinés à marquer les personnes dans la conjugaison verbale et pour les pronoms suffixes compléments. — S. Les pronoms démonstratifs, relatifs et interrogatifs présentent une bien plus grande variété. On peut toutefois y reconnaître le plus souvent les mêmes éléments primitifs modifiés par certaines altérations de voyelles et même de consonnes, ou encore par l’addition do diverses lettres proclitiques et enclitiques (assyrien et éthiopien).

Le verbe.

L’hébreu est à peu près la seule langue

sémitique dont les radicaux soient presque constamment trilittères ; le syriaque et l'éthiopien en particulier admettent beaucoup de radicaux quadrilittères. Mais dans toutes les langues sémitiques, comme dans l’hébreu, le verbe est d’ordinaire le point de départ de la dérivation des noms et autres parties du langage.

i. Les formes ou conjugaisons. — Les conjugaisons hébraïques se peuvent ainsi classer : trois conjugaisons actives, la simple (ftaî), l’intensive quhel) obtenue par le redoublement de la 2° radicale, et la causative (kiphil) obtenue au moyen du préfixe n ; deux conjugaisons

passives, le passif de l’intensive (puhal) et le passif de la cansative (hophal), obtenues par des changements de voyelle ; une conjugaison réfléchie (niplial) obtenue de la forme active simple par le moyen du préfixe i ; une conjugaison réfléchie (hithpahel) obtenue de la forme intensive active au moyen du préfixe n. — La forme active simple se retrouve naturellement dans toutes les autres langues. — Tandis que l’assyrien et le syriaque n’ont comme l’hébreu qu’une forme intensive, les langues sémitiques du Sud (arabe, éthiopien) en ont au moins deux consistant l’une dans le redoublement de la 2e radicale, l’autre dans l’allongement de la première voyelle (arabe, qâtala ; éthiopien, qâtala, qêtala, qôtala) ; cette dernière forme se retrouve dans les verbes irréguliers de l’hébreu. — La conjugaison active causative n’est indiquée par le préfixe n que dans l’hébreu et le chaidéen ; dans l’arabe, le syriaque, ce ri est remplacé par un n ; l’assyrien le remplace par un w qui, en syriaque, donne une seconde forme causative. En éthiopien le système des formes causatives indiquées par N est beaucoup plus développé ; il y a des formes causatives particulières correspondant soit à l’actif simple, soit aux divers actifs intensifs. — Les formes passives n’existent qu'à l'état de vestiges dans la conjugaison syriaque ; on leur substitue pour l’indication du sens passif les formes réfléchies : on ne les retrouve pas davantage en assyrien. En arabe au contraire, à peu près toutes les formes verbales (actives, causatives, réfléchies) ont une forme passive correspondante, obtenue par un changement de voyelles : l'éthiopien n’a pas cette particularité. — La conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe

est particulière à l’hébreu, à l’assyrien et à l’arabe :

elle n’est employée qu’assez rarement dans l'éthiopien. — En revanche la conjugaison réfléchie obtenue au moyen du préfixe n est moins fréquente en hébreu que dans la plupart des autres langues sémitiques. Le syriaque a une forme réfléchie en n (avec un s prosthétique au lieu de n) pour chacune des formes actives, simple, intensive et causative. Il en est de même : de l’assyrien qui a même une forme réfléchie avec n correspondant à son niphal ; de l’arabe, qui n’emploie pas de lettres prosthétiques devant le n aux réfléchis des intensives, et qui met le n après la première radicale au réfléchi de la forme simple (pour le réfléchi des causatives, cf. la forme Xe) ; de l'éthiopien. — L’hébreu d’ailleurs ne connaît pas une foule d’autres formes verbales usitées dans d’autres langues, par exemple les formes avec nt préfixe de l’assyrien, les formes avec si préfixe de l'éthiopien, etc.

2. Genre et nombre.

La plupart des langues sémitiques ne distinguent que les deux nombres, singulier et pluriel, dans la conjugaison : seul, l’arabe a des formes spéciales pour le duel. Quant aux genres, elles n’admettent que le masculin et le féminin : la distinction en est d’ordinaire mieux marquée, aux 3 M pers. du parfait pluriel, dans les autres langues que dans l’hébreu.

3. Modes du verbe.

L’indicatif, l’impératif, le participe et l’infinitif sont communs à presque toutes les langues sémitiques, bien que des formes spécialesfassent parfois défaut pour l’infinitif.

4. Temps.

La plupart des langues sémitiques n’ont que le parfait et l’imparfait. Il est même à noter que l’assyrien n’a pas de parfait proprement dit ; mais en combinant le participe avec les pronoms personnels il est arrivé à indiquer un état permanent assez analogue à notre présent, et a ainsi créé une sorte de temps nouveau, le permansif. Les Syriens, sans ajouter ainsi un nouvel élément à la conjugaison, ont souvent usé du même procédé pour indiquer le présent. — Les langues sémitiques autres que l’assyrien n’ont, comme l’hébreu, qu’un seul parfait pour chaque conjugaison. Mais en divers dialectes on trouve plusieurs imparfaits. C’est ce qui a lien : en assyrien (des deux imparfaits, 497

hébraïque (langue)

l’un sert de parfait, l’autre d’imparfait proprement dit) ; en éthiopien (les deux imparfaits sont formés à peu prés de la même manière que ceux de l’assyrien et servent, l’un pour l’indicatif, l’autre dans des phrases où nous emploierions le subjonctif), surtout en arabe. Cette dernière langue ne compte pas moins de cinq imparfaits pour chaque conjugaison ; ils diffèrent par leurs désinences et servent : pour l’indicatif (yaqtuh :), le conditionnel (yaqtula), le subjonctif (yaqtul), et l’énergique (yaqtulan et yaqtulanna). L’hébreu n’ignore pas absolument ces diverses formes ; ses imparfaits ordinaires correspondent à la forme arabe usitée pour l’indicatif (moins la voyelle finale) ; elle a pour le cohortatif des formes avec la désinence â qui rappellent celles du conditionnel arabe ; ses imparfaits apocopes sont, par leur forme et leur emploi, à rapprocher du subjonctif arabe : enfin devant les suffixes, l’imparfait hébreu prend parfois un 2 épenthétique qui tient des formes énergiques de l’arabe. Le mécanisme de la conjugaison est le même dans l’hébreu et dans toutes les autres langues sémitiques. Il y a aussi de très grandes similitudes entre tous ces idiomes quant à l’addition des suffixes pronominaux compléments. Toutefois l’arabe garde mieux ses voyelles que l’hébreu et la plupart des autres langues, qu’il s’agisse des voyelles primitivement caractéristiques de chaque forme (qaffala pour qittêl, au pihel ; ’aqtala pour hiqtîl, au hiphil), ou des voyelles qui se trouvent placées devant les désinences (qâtalaf pour qâtalâh ou qdtelah, à la 3’pers.sing. fém. parf. kal), ou des voyelles des préformantes (yaqtulu pour yiqtol à la 3e pers. sing. masc. impart, kal).

Les verbes irréguliers de l’hébreu se rattachent aux mêmes types que les verbes irréguliers des autres langues sémitiques. Toutefois l’arabe et l’éthiopien n’ont pas de verbes irréguliers à gutturales, et laissent moins aisément les lettres faibles perdre leur valeur de consonnes ; en syriaque, au contraire, il n’y a plus qu’une seule classe pour les verbes Nb, ib et >b.

Le nom.

1. Formation. — Il y a une très grande

analogie entre l’hébreu et les autres langues sémitiques pour la formation des noms. Presque toujours ces derniers dérivent des verbes et expriment un caractère plus saillant de l’objet qu’ils désignent. D’ailleurs leurs modes de dérivation sont identiques, avec cette réserve toutefois que l’arabe, ayant gardé plus fidèlement sa vocalisation, fournit l’ensemble le plus complet et le moins altéré de types nominaux, surtout quand il s’agit des formes obtenues par des changements de voyelles (c’est ainsi, par exemple, qu’à peu près tous les types de noms à voyelles brèves ont été altérés en hébreu). D’autre part, certaines langues sémitiques affectent de préférence telles ou telles préformantes, telles ou telles ail’ormantes. 2. Flexion.

a) Le neutre n’existe dans aucune langue sémitique. Quant au féminin, l’hébreu est avec le syriaque (n est remplacé par x prononcé ô) la seule langue

sémitique qui ait perdu à peu près complètement l’ancienne désinence n l’arabe toutefois admet d’autres

— j

désinences secondaires. — 6) L’hébreu n’a rien qui corresponde aux pluriels brisés ou internes de l’arabe et de l’éthiopien. D’autre part, la désinence im qui caractérise le pluriel masculin ne se retrouve guère dans les autres langues sémitiques. La consonne a est le plus souvent remplacée par n (syriaque, in ; assyrien, ani ; arabe, ùnna ; éthiopien, dn). La désinence du pluriel féminin ni est commune à l’hébreu, au syriaque et, sous une forme ât plus primitive, à l’assyrien, l’arabe, l’éthiopien (ici elle s’ajoute à la désinence du féminin singulier au lieu de la remplacer). Ignoré du syriaque, de l’éthiopien et peut-être de l’assyrien, le duel n’existe que dans l’hébreu et dans la déclinaison arabe. — c) L’état construit est commun à l’hébreu et à toutes les autres langues sémitiques et consiste toujours dans l’abréviation des

formes absolues. Au singulier, l’état construit produit partout la suppression des voyelles non caractéristiques (en syriaque les voyelles sont tellement réduites, à l’état absolu, que l’état construit ne produit aucun changement) et peut amener, dans les langues qui ont des désinences casuelles, la suppression de ces désinences (comme en assyrien ; en éthiopien, on emploie partout comme état construit la forme de l’accusatif). Dans les langues qui ont gardé l’ancienne désinence at à l’état absolu féminin, l’état construit ne diffère de l’état absolu que par la suppression des désinences casuelles. (assyrien : Sarratu, « reine, » état const., sarrat) et de certaines voyelles. Au pluriel masculin la consonne finale disparaît en syriaque et en arabe comme en hébreu ; en assyrien il n’y à pas de forme spéciale, à moins que l’on ne considère comme telles les désinences î et ê du pluriel masculin que l’on retrouve aussi à l’état absolu.

— L’araméen est seul à employer cette forme spéciale du nom déterminé qui est connue sous le nom d’état emphatique et qui semble formée du nom absolu auquel on aurait ajouté un suffixe représentant l’article. — d) Il reste dans le nom hébreu certaines désinences que l’on rapporte à des suffixes primitivement destinés à désigner les cas : u pour le nominatif, i pour le génitif, a pour l’accusatif. En dehors du syriaque, toutes les autres langues sémitiques ont gardé leurs cas plus fidèlement que l’hébreu ; on trouve régulièrement les trois cas dans l’assyrien, l’arabe (pour les noms triptotes et avec nunation malkun, malkin, màlkan, quand ils sont indéterminés ) ; l’éthiopien n’a gardé que la désinence casuelle de l’accusatif. — e) L’addition des suffixes se fait aux noms à peu près partout comme en hébreu. — f) Seuls, en dehors de l’hébreu, l’arabe et le sabéen ont un article représenté par une particule déterminée.

3. Particules.

Les particules ont les mêmes origines dans l’hébreu et les autres langues sémitiques ; ce sont le plus souvent des formes verbales ou nominales employées dans une acception particulière, parfois avec une désinence caractéristique. On retrouve à peu près dans toutes ces langues les particules 3, b (arabe, éthiopien, syriaque, etc.), 1 (arabe, éthiopien, syriaque, assyrien sous la forme de l’enclytique ma, etc.), mais il est à noter que l’arabe et l’assyrien renferment plus de particules que l’hébreu ; que le syriaque et surtout l’éthiopien sont très riches en particules explétives, analogues à celles que l’on retrouve en grec et qui ajoutent peu au sens.

IV. syntaxe.

La syntaxe hébraïque est une des plus élémentaires ; elle se rapproche à cet égard de la syntaxe syriaque, bien que celle-ci se soit compliquée peu à peu sous l’influence du grec. En revanche, les syntaxes de l’assyrien et des langues sémitiques du Sud sont complexes, à des degrés divers. Les points par lesquels elles l’emportent sur la syntaxe hébraïque sont surtout : la précision des temps dans le verbe, au moyen de divers auxiliaires ; l’expression des divers modes conditionnel, subjonctif, optatif ; la subordination des propositions au moyen de particules spéciales, etc. La syntaxe arabe est de toutes la plus riche.

v. poésie. — La poésie sémitique était partout très simple à l’origine, comme on peut le voir par les spécimens qui nous sont conservés des poésies assyriennes, et des anciennes poésies arabes. Elles semblent pour la plupart avoir eu le parallélisme comme trait principal ; les vers paraissent être à peu près toujours isosyllabiques ; mais l’arabe, comme d’ailleurs l’hébreu postérieur à la Bible, a beaucoup compliqué sa prosodie ; il y a introduit le mètre et des combinaisons de vers souvent très multiples.

vi. vocabulaires. — Le vocabulaire des autres langues sémitiques a beaucoup d’analogies avec celui de l’hébreu. Partout on remarque, avec des différences de degré, une certaine pauvreté en adjectifs et en adverbes, et une certaine difficulté d’exprimer les idées abstraites. HEBRAÏQUE (LANGUE)

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— Toutefois, on remarque que, d’une part, le vocabulaire hébreu tel que la Bible nous le fait connaître est pauvre relativement au lexique assyrien et surtout au dictionnaire arabe (celui-ci est d’une richesse inouïe) ; que, d’autre part, le vocabulaire hébreu n’est pas aussi mélangé de termes étrangers que les vocabulaires syrien et éthiopien. — On trouve dans les vocabulaires autres que l’hébreu beaucoup de racines vraiment sémitiques qui ne figurent pas dans la Bible. Mais souvent les racines sont communes à toutes ces langues. D’ordinaire elles gardent partout la même signification. Parfois elles admettent des nuances assez diverses : ’amar, par exemple, signifie : « dire » en hébreu et en syriaque ; « ordonner » en arabe ; « montrer » (forme pihel) et « savoir » (forme aphel) en éthiopien ; « voir » en assyrien. En certaines circonstances la même racine a dans ces diverses langues des sens absolument différents. — En d’autres cas les racines qui se correspondent dans les diverses langues sémitiques diffèrent selon des lois que la grammaire comparée a pu relever avec assez de précision ; c’est ainsi qu’en passant d’une langue à l’autre les gutturales, les labiales, les dentales, les palatales et les sifflantes de divers degrés peuvent s’échanger ; l’hébreu barzel, « fer, » devient parsel en assyrien et en araméen ; Hâqed, « amandier, » de l’hébreu devient Sêgdâ en syriaque ; qdtal, « tuer, » de l’hébreu devient qafala en arabe et en éthiopien, etc. Souvent les sifflantes de l’hébreu sont remplacées dans d’autres langues par dès dentales généralement de même degré : ze’êb, « ours, » de l’hébreu devient dibâ en araméen ; Sélég, « neige, » de l’hébreu (assyrien Salgu) devient talgd en syriaque, etc. ; bien plus s correspond parfois à y du syriaque : ’érés, « terre, » de l’hébreu, devient’ar’â en araméen, etc.

VIII. Histoire de la langue hébraïque.

I. origines.

— 1° L’hébreu, langue chananéenne. — L’hébreu est un , dialecte chananéen, ainsi que le prouvent les nombreuses similitudes qu’il présente avec le phénicien, le moabite et sans doute aussi les langues d’Ammon et d’Édom. Cf. Jer., xxvii, 3. Aussi ses origines se confondent-elles avec celles de ces divers dialectes. Or les monuments permettent de constater l’existence des langues chananéënnes à des époques déjà très reculées. Les tablettes découvertes à Tell-el-Amarna, par exemple, attestent qu’au xve siècle avant notre ère les peuples des bords méditerranéens de l’Asie occidentale, tout en se servant de l’assyrien pour leurs documents officiels, taisaient usage de dialectes chananéens dans le langage ordinaire. On peut même remonter plus loin et constater dans les documents égyptiens des mots empruntés aux langues chananéennes dès le xvie siècle.

Il est certain toutefois que ces divers documents, si anciens qu’ils soient, ne nous font pas arriver jusqu’aux origines des langues chananéennes. Ces origines sont enveloppées de nuages et paraissent se confondre avec celles des autres langues sémitiques. On a essayé, pour résoudre la question, de montrer dans quelles relations de filiation ou de maternité la langue hébraïque pouvait se trouver vis-à-vis des autres langues sémitiques-Richard Simon pensait que l’hébreu était de toutes les langues sémitiques la plus ancienne et celle qui avait donné naissance à toutes les autres. Cette opinion est aujourd’hui entièrement abondonnée. Des savants frappés d’une part par les ressemblances qui existent entre l’hébreu et l’arabe ou l’assyrien, constatant d’autre part que ces dernières sont dans un meilleur état de conservation, ont regardé tour à tour l’un ou l’autre de ces dialectes comme la langue sémitique mère et en ont fait dériver l’hébreu ; M. Delitzsch donne ses préférences à l’assyrien ; M. Schrader et M. D. S. Margoliouth optent pour l’arabe. Il n’est pas’sûr que le degré de conservation ou d’altération de diverses langues de même famille peuvent nous renseigner sur leurs rapports de maternité ou de filiation ; et beaucoup de savants sémitisants ont

renoncé à chercher la langue mère du groupe sémitique. Us aiment mieux voir dans tous les idiomes de cette famille autant de langues sœurs qui, comme les langues indo-européennes, ont eu un lieu d’origine commun et se sont ensuite diversifiées dans les différentes tribus, au fur et à mesure de leur séparation et avec des allérations plus ou moins rapides selon les circonstances et les milieux de diffusion. C’est généralement aux bords du golfe Persique que l’on place le berceau primitif deS"peuples sémitiques et de leurs langues ; de là ces tribus ont rayonné dans l’Asie occidentale pour se fixer peu à peu dans des contrées déterminées ; et c’est sous l’influence de ces localisations que les divers idiomes sémitiques se sont constitués en langues distinctes. Il n’est pas surprenant dès lors que l’on remarque plus de ressemblances entre certaines langues sémitiques (v. g. l’hébreu et l’arabe), qu’entre d’autres (v. g. l’hébreu et l’araméen) ; ressemblances et différences pourront tenir aux circonstances qui ont entouré le développement de ces divers idiomes. D’ailleurs certaines ressemblances auront peut-être une autre origine ; il n’est pas impossible, par exemple, que les idiomes chananéens aient été influencés après coup par la langue assyrienne, officielle dans toute l’Asie occidentale à l’époque des inscriptions de Tell el-Amarna.

A quelle époque faut-il placer l’origine des langues sémitiques sur les bords du golfe Persique ? À quelles dates assigner les premières migrations des peuples sémites fixés en Chanaan ? Autant de questions sur lesquelles il est impossible d’être précis. La Genèse rattæhe aux migrations d’Abraham la fondation des petits peuples d’Edom, de Moab et d’Ammon, et il est assez vraisemblable que ces migrations se placent avant l’an 2000 av. J.-C. — Abraham en arrivant en Chanaan parlait-il chananéen, ou bien, après avoir parlé assyrien ou araméen, adopta-t-il une langue déjà en usage dans le pays où il se fixait ? Autre question difficile à résoudre. Toujours est-il que c’est à partir d’Abraham que la langue chananéenne aurait commencé à se diviser lentement en divers dialectes ; ainsi se seraient formées les langues des peuples sémites fixés sur les bords de la Méditerranée, ainsi l’hébreu aurait-il acquis « es caractères distinctifs.

2° Les premiers développements de la langue hébraïque. — L’histoire de la langue hébraïque est très difficile à faire et pour plusieurs raisons. Tout d’abord le nombre des documents sur lesquels on pourrait en baser le développement (nous n’avons que les livres bibliques) est très restreint et ne représente pas à beaucoup près l’ensemble de la littérature hébraïque ; d’ailleurs aucun de ces documents ne nous permet de remonter jusqu’aux origines ; d’autre part enfin, nous n’avons sur la date de nombre de ces documents que des données incertaines. De plus, lorsqu’il s’agit de faire l’histoire d’une langue, les particularités grammaticales et orthographiques ont une grande importance : or il n’y avait pas à ces époques reculées de règles de grammaire ou d’écriture qui donnassent aux diverses formes de la langue hébraïque une fixité et une régularité rigoureuses ; de là les divergences que l’on rencontre fréquemment entre les diverses transcriptions d’un même morceau plusieurs fois reproduit dans la Bible. Cf. II Reg., xxiii, et Ps. xviii. Enfin il y a tout lieu de croire qu’en transcrivant les morceaux anciens, les scribes n’ont pas craint de remplacer des formes et des mots archaïques par des termes plus récents, plus intelligibles à l’époque où ils exécutaient leur travail (cf. ce qui a été fait pour le texte hébreu de l’Ecclésiastique). Il est donc très difficile de retracer l’histoire de la langue hébraïque ; mais cette histoire est spécialement obscure dans les premières phases de son développement. Laissant de côté la question de l’écriture (voir Écriture hébraïque, II, col. 1573-1585), on peut faire les remarques suivantes :

a) La famille d’Abraham apporta en Chanaan ou adopta

dans ce pays une langue très voisine des dialectes de Moab, de Tyr et de Sidon, plus rapprochée de l’arabe et de l’assyrien que des autres idiomes sémitiques. Une fois constituée, cette langue demeura assez fermée à l’importation de mots étrangers. La Bible^nous apprend que la famille patriarcale séjourna en Egypte pendant assez longtemps, et néanmoins les mots égyptiens employés dans la Bible sont très peu nombreux : ye’ôr, « le Nil ; » âhû, « roseau, » etc. On peut attacher une certaine valeur à l’hypothèse qui explique un certain nombre de mots communs à l’hébreu et à l’assyrien par des emprunts contemporains des tablettes de Tell el-Amarna ; mais il ne semble pas que, dans ces premières phases de son développement et en ce qui regarde les noms communs, l’hébreu ait subi l’influence étrangère bien au delà de ces limites. Dans la suite, quelques mots ont été empruntés soit à l’Assyrie, soit à l’Egypte, et même à l’Inde et peut-être à la Grèce.

b) Il est très difficile de dire si, dans la langue hébraïque, on peut découvrir plusieurs dialectes. Beaucoup d’essais ont été faits pour déterminer, dans les divers livres et documents de la Bible, les caractères spéciaux de ceux que l’on pourrait attribuer à des écrivains du Nord ou à des écrivains du Midi. Les résultats de ces travaux sont très douteux : d’une part, la diversité des opinions touchant l’existence et le nombre des dialectes est très grande ; d’autre part, les particularités signalées sont tellement minutieuses qu’on peut se demander si elles suffisent à distinguer des dialectes. C’est ainsi, par exemple, que la différence constatée entre les Ephraïmites et les habitants de Galaad, Jud., xii, 6, au point de vue de la prononciation de la lettre iii, ne saurait suffire à établir l’existence de deux dialectes.

3° Périodes antérieures à l’état actuel de la langue biblique. — Divers indices nous permettent de conclure qu’avant la période qui correspond à la forme actuelle de la langue biblique, l’hébreu a déjà eu toute une histoire et subi d’assez nombreuses modifications. Ces indices consistent surtout : dans des archaïsmes qui sont comme les témoins de cet âge reculé ; dans des formes très classiques d’ailleurs, qui en supposent d’autres depuis longtemps inusitées ; dans diverses analogies de l’hébreu avec les autres langues sémitiques, qui amènentà conclure à d’anciennes analogies plus nombreuses encore. Ces indices doivent être recueillis et examinés avec la plus grande prudence : car il est facile, dans des constatations aussi minutieuses, de faire des généralisations trop hâtives. D’ailleurs on ne saurait dire à quelles dates placer cette phase plus pure de la langue hébraïque, ni déterminer si elle est antérieure à la composition de tous les écrits bibliques ; il est très possible en effet que des morceaux écrits dans cette période archaïque aient été, par la suite, mis à l’unisson des autres écrits bibliques. La chose est d’autant plus probable que les différences principales portent sur des questions de détail (prononciation, etc.), assez variables de leur nature. Quoi qu’il en soit, on peut, de ces indices, tirer avec certitude les conclusions suivantes :

a) C’est surtout dans les voyelles que les changements ont été les plus nombreux. Il faut relever d’abord la multiplication des voyelles par le dédoublement des sons primitifs.il est du moins admis par beaucoup) de savants que l’hébreu comprenait d’abord trois sons susceptibles d’être longs ou brefs, en tout six voyelles : â, â, i, i, n, û. Il est douteux que, dès l’abord, il y eût des diphtongues proprement dites : dans les groupes ay et av, le > et le i étaient de véritables consonnes. En hébreu, comme en arabe, mais avec une fixité beaucoup plus grande des sons secondaires se sont groupés autour de ces sons primitifs ; ils ont fini par constituer des voyelles absolu" ment semblables aux précédentes : a bref a ainsi donné naissance à é bref (yad, « main, » yédkém, « votre main » ) et à i bref, (bat « Aile, » biffi, « ma fille » ) ; i bref a donné

naissance à é bref (héfsi, « mon bon plaisir, » du primitif /h/s) ; u bref qui s’est surtout maintenu dans les syllabes aiguës (’uzzi, « ma force s), a donné naissance à o bref (et. pour la forme hopkal : hoqtal et huggaS). En revanche â long a souvent donné naissance à ô long (cf. qôtêl de l’hébreu et qâtil de l’assyrien pour le participe actif kal), parfois même peut-être à m ; I long a donné naissance à ê long (cf. imparf. hiphil : yabîn et yabên), û long à ô long. Quant aux diphthongues, ay a donné S, et av a donné ô. Et c’est ainsi que l’hébreu a acquis ses dix voyelles, â, a, é, ê, i, i, ô, ô, û, û. Certaines de ces voyelles et tous les schevas composés doivent aussi leur origine à des raisons d’euphonie, et à la loi du moindre effort dans la prononciaton. Comme on le voit, cette multiplication des voyelles représenterait déjà une altération des sons primitifs. — Mais d’autres déviations se sont produites dans le système vocalique. Beaucoup de voyelles primitivement brèves se sont allongées, généralement sous l’influence de l’accent, soit dans les syllabes toniques, soit dans les syllabes prétoniques ; c’est ainsi que les noms du type primitif qâtal sont devenus qâtàl. Plus souvent encore les voyelles primitives ont disparu : cf. pour la forme verbale qâtelâh, l’arabe qatalaf ; pour la forme nominale sedâqâh, la forme arabe sadaqafun. — Ces altérations ont atteint les formes grammaticales elles-mêmes, comme on le voit surtout dans la conjugaison verbale ; les formes de l’imparfait kal, yâqûm et yâsob, indiquent pour le verbe régulier une forme primitive yaqtol ou yaqtul pour yiqtol ; les formes qittalta et yeqattel du pihel permettent de remonter à une forme primitive qattal au lieu de qittêl ; de même à l’hiphil, les formes hiqtalta et yaqtêl invitent à reconnaître une forme primitive hoqtal au lieu de hiqtîl, etc.

b) Il s’est produit aussi des changements en beaucoup de désinences qui se sont affaiblies dans leurs consonnes ou leurs voyelles, ou bien qui ont totalement disparu. — Telles sont les désinences pronominales : afpi (dont la trace survit pour la conjugaison verbale devant les suffixes, qelalfihû, « tu l’as tué » ) devenu aff ; affum, affun (dont on retrouve la trace dans la forme verbale qetalfu qui se place devant les suffixes), hum, hun, devenus aftêm, atpén, hêm, hên. — Telles sont les désinences’nominales, du féminin singulier (af devenu ah avec suppression du n et introduction du hé mater lectionis), du pluriel masculin absolu (la désinence ê de l’état construit semble évoquer pour l’état absolu une désinence aïm semblable à celle du duel ; cf., en syriaque, aïn qui parfois devient en) et surtout les désinences casuelles (voir plus haut). — Telles sont les désinences verbales, par exemple a( devenu âh (3e pers. fém. sing.), un devenu û (3 8 pers. ptur.) et celles que nous venons de mentionner à propos des pronoms.

c) Certaines formes verbales ont été supprimées : le participle qâtûl pourrait bien être un reste d’un passif de kal.

d) Enfin il y a eu des modifications plus profondes portant sur l’essence même de certains éléments du langage.

— Quand on compare les formes isolées des pronoms personnels’anôkî, atfah, avec les formes inséparables qui servent à marquer les personnes du verbe (fi, (a ; éthiopien, ku, ka) ou à indiquer les pronoms compléments (i, ka), on arrive à cette conclusion que dans le passé ces pronoms avaient vraisemblablement une double forme et se prononçaient tantôt avec { et tantôt avec fc. — Les particules préfixes servant à indiquer, soit les conjugaisons verbales, soit l’article, soit diverses prépositions, semblent n’être autre chose à leur tour que les derniers vestiges de mots qui avaient à l’origine une existence très indépendante.

Il est possible que ces deux dernières constatations et à plus forte raison celles de plusieurs savants touchant les racines bilittères primaires (voir Sémitiques [Langues]), nous conduisent à des époques beaucoup plus

éloignées que les remarques relatives aux voyelles et aux désinences. Mais toutes ces indications tendent à mettre en relief que l’hébreu biblique, tel qu’il se présente à nous, est un idiome déjà altéré, partiellement usé et vieilli ; elles nous font entrevoir, avant la période biblique, un autre âge dans lequel l’hébreu avait une bien plus grande richesse de phonétique et de morphologie.

Les périodes de l’hébreu biblique.

L’un des traits

caractéristiques de la langue hébraïque durant la période biblique est sa grande fixité. Sans doute il faut tenir compte des corrections qui ont pu ramener à des formes grammaticales plus récentes les plus vieux documents de l’Ancien Testament ; on peut dire toutefois que, durant les longs siècles auxquels correspond la série des écrits de la Bible hébraïque, la langue sacrée demeure sensiblement dans le même état ; on ne remarque pas les nombreux changements que l’on constate dans les langues indo-européennes pour une durée aussi considérable. — Néanmoins la captivité de Babylone est une date qui compte pour la langue hébraïque ; elle marque le moment où cet idiome arrivé à son apogée au temps d’Ézéchias entre décidément dans une période, de rapide décadence et elle en divise l’histoire en deux parties bien distinctes. Encore cette division de l’histoire de l’hébreu en deux périodes doit-elle être acceptée avec certaines réserves : il est en effet facile de constater que des morceaux (par exemple des psaumes) postérieurs à la captivité sont rédigés avec autant d’art que les plus belles compositions littéraires du temps d’Ézéchias ; quand l’hébreu cessa d’être une langue parlée, il demeura langue littéraire et il se trouva des écrivains assez heureux pour égaler, à des époques rapprochées de l’ère chrétienne, ceux de leurs prédécesseurs qui avaient écrit à l’âge d’or de la littérature hébraïque.

a) La période antérieure à la captivité ou l’âge d’or de la langue hébraïque. — La langue hébraïque garde, pendant toute cette période et avec une étonnante fixité, sa pureté et sa vigueur ; elle se fait remarquer, dans la prose, par la vivacité de ses tableaux, l’entrain de ses mises en scène, le naturel presque naïf de ses récits ; dans la poésie, par la régularité de son parallélisme, la hardiesse de ses images et la concision de ses compositions. C’est l’âge de l’hébreu sans mélange, c’est l’époque classique. Dans cette longue période, la fixité générale de la langue n’exclut pas la variété du style selon les auteurs et selon les diverses époques. On peut s’en rendre compte si l’on compare entre elles des compositions comme : le cantique de Débora (Jud., v) qui est rédigé dans un hébreu très pur et qui, en dehors du w relatif attribuable peut-être à une influence dialectale (il se retrouve dans le Cantique des Cantiques), ne renferme qu’un nombre restreint de particularités grammaticales et lexicographiques ; les oracles d’Amos, d’Osée, d’Isaïe et de leurs contemporains du VIIIe siècle, dont la langue est si harmonieuse, si concise, si énergique, si étudiée et pourtant si simple ; les écrits de Jérémie (vu » siècle), à la phrase plus longue, au style plus calme mais aussi plus lâche, au rythme plus doux. — Dans ces dernières époques, l’art et l’étude que l’on remarque dans les compositions bibliques laissent entrevoir qu’une distinction commence déjà à s’établir entre la langue littéraire et la langue du peuple.

i>) La langue hébraïque à partir de la captivité. — Depuis lors, tandis que les lettrés sauront demeurer fidèles au type ancien de la littérature hébraïque, la langue du vulgaire s’acheminera de plus en plus vers la décadence. Les écrivains bibliques n’échappent pas tous à cette influence. Elle se manifeste déjà en plusieurs endroits de Jérémie,-par deux de ses traits les plus caractéristiques, la prolixité et le pastiche : dans plus d’un oracle, le prophète met en prose et délaye les oeuvres de ses prédécesseurs. Cf. Is., xv-xvi ; Jer.,

XLvni. Dans Ézéchiel s’accuse un autre caractère qui ira s’accentuant de plus en plus, l’emploi des aramaïsmes. C’est à l’époque de la captivité en effet que s’opère peu à peu la substitution de l’araméen à l’hébreu dans l’usage vulgaire. Cette substitution n’a pas été l’œuvre d’un jour, mais s’est faite d’une manière progressive, à la suite des relations des Israélites avec les peuples qui parlaient araméen. Ces relations semblent avoir eu deux centres : la Palestine, où il paraît bien qu’on parlait l’araméen ou du moins un hébreu très aramaïsé à la fin de la captivité ; la Babylonie, où, malgré l’esprit de corps qui groupait les exilés en communautés assez fermées sous la direction de l’aristocratie sacerdotale, on ne sut pas entièrement se soustraire à l’influence étrangère. Toujours est-il qu’à partir du retour de l’exil le peuple parlait araméen et ne comprenait guère plus l’hébreu, II Esd., lia, 23-24 ; et, malgré l’essai de réaction tenté par Néhémie, II Esd., xiii, 25, l’usage de l’araméen alla se généralisant de plus en plus. L’hébreu ne demeura que comme langue littéraire et liturgique. Il perdit plus de terrain encore dans l’ancien royaume du Nord, dans le pays de Samarie, où on lui substitua, même dans l’usage littéraire, le dialecte samaritain qui se rattache nettement aux idiomes araméens. — Dans Daniel et dans Esdras se trouvent des passages entièrement rédigés en araméen. Sans présenter cette particularité dont l’origine certaine est encore à déterminer, les livres des Paralipomènes, de Néhémie, d’Aggée et de Malachie sont des livres de décadence. Pour l’Ecclésiastique, voir Ecclésiastique, t. ii, col. 1547.

5° L’oeuvre des Massorètés, ou la vocalisation dés textes sacrés. — À mesure que l’hébreu cessait d’être la langue parlée, à mesure aussi que le canon des Écritures se formait et que croissait le respect religieux dont on entourait les Livres Saints, deux préoccupations se faisaient jour et s’accentuaient de plus en plus. — Le peuple ne comprenait plus l’hébreu classique et était incapable de suivre les lectures liturgiques de la synagogue. Il fallut lui traduire la parole de Dieu et la lui expliquer ; de là la version grecque de l’Ancien Testament en faveur des juiveries alexandrines ; de là les interprétations paraphrastiques des Targums composés en chaldéen pour les communautés juives de Palestine et de Babylonie ; de là enfin les gloses et explications, conservées d’abord par la tradition orale, plus tard consignées par écrit et renfermées dans le Talmud avec son double élément : la mischna (me siècle ap. J.-C.) et la ghemara (ghemara de Jérusalem, au IVe siècle ; ghemara de Babylone au VIe siècle). — Un autre besoin se faisait aussi sentir : celui de la fixation du texte sacré. Les procédés de transcription étaient par eux-mêmes assez défectueux : l’incurie des scribes était parfois très grande, et leur audace allait souvent jusqu’à substituer sciemment des corrections arbitraires aux leçons anciennes. D’autre part, les changements qui s’introduisaient graduellement dans l’écriture favorisaient toute espèce de méprises et de bévues. Il en résultait de grandes différences entre les multiples copies de l’Ancien Testament qui circulaient dans les synagogues et chez les particuliers : la comparaison du texte hébreu massorétique avec la version des Septante permet de constater que ces altérations, tout en portant sur des détails, allaient parfois assez loin. La vénération croissante pour le texte sacré ne pouvait laisser subsister pendant longtemps ces divergences ; dès le deuxième siècle et peut-être dès le troisième avant notre ère, on surveillait avec beaucoup de soin la transcription des manuscrits, de ceux de la Loi en particulier ; au second siècle de l’ère chrétienne on était parvenu à une telle unité dans la transcription des textes sacrés qu’entre les divers manuscrits qui sont postérieurs à cette époque, qu’entre le texte massorétique et celui que suppose la version de saint Jérôme, on ne saurait relever des différences assez caractéristiques pour répartir ces

documents en diverses familles. Ce travail de fixation fat complété pendant l’âge talmudique (du IIe siècle au rv « ) par une étude très approfondie et très minutieuse des particularités grammaticales et orthographiques du texte (matres lectionis, écriture pleine, écriture défective ; petites lettres, grandes lettres, lettres surmontées de points, etc.), sur la computation du nombre des versets de la Bible et même des mots et des lettres, sur la détermination du qerî el du ketïb, la division du texte en sections et en phrases pour la lecture publique, etc. Mais il ne suffisait pas de préserver le texte contre tout danger de corruption à l’aide de précautions infinies : il fallut en arrêter la lecture. Comme on l’a vii, le texte hébreu ne portait que des consonnes. Le lecteur suppléait aux voyelles selon le sens et le contexte. Un tel procédé présenta de grandes difficultés dès que l’hébreu cessa d’être langue parlée. Aussi de très bonne heure se préoccupa-t-on d’indiquer au moins les voyelles principales. L’attention se porta d’abord sur les voyelles longues. Assez longtemps avant l’ère chrétienne, peut-être même avant la version des Septante, on les indiquait déjà au moyen des lettres quiescentes : N et n servaient à la fin des mots à indiquer les voyelles longues â (ê, ô) ; ~ servait, dans le corps des mots et à la fin, à indiquer la voyelle û long (et ô long) ; > servait à marquer i long (et parfois ê long). Ces lettres quiescentes étaient de la plus grande utilité ; sans elles en effet les formes grammaticales les plus nécessaires à distinguer étaient confuses. Les formes verbales qdtal et qâtelû se confondaient ; indiquée seulement par d, la désinence im du pluriel masculin ne différait pas de la désinence âm du suffixe masculin pluriel, etc. Toutefois cette introduction des lettres quiescentes ne se fit ni d’une façon officielle ni d’une manière uniforme. Il n’y eut à ce propos aucune préoccupation d’unifier les manuscrits. Laissé à peu près à la libre initiative de chaque scribe le procédé fut diversement appliqué. Les manuscrits dont se servaient les Septante avaient sûrement des lettres quiescentes : mais la différence qui existe entre certaines leçons de la traduction alexandrine et le texte massorétique ne s’expliquent que par l’absence de règles fixes dans l’introduction de ces quiescentes : cf. par exemple Ps. cm (civ), 18, l’hébreu d’wd, « cyprès, » et le grec r^âxtti aù-côv, own ; on peut conjecturer que le texte primitif ne portait que Dtina. Ce système était appliqué d’une manière assez irrégulière, et avec plus ou moins de discernement selon le degré d’intelligence des copistes ; au fond c’était déjà une interprétation du texte. Surtout ce système était loin de représenter toutes les voyelles du texte et de répondre à toutes les exigences de la lecture publique. Néanmoins aucun perfectionnement n’y fut apporté, ni pendant la période de fixation du texte, ni même probablement durant l’âge talmudique ; du moins si certains signes furent alors introduits autour du texte, ils furent très peu nombreux. Le système actuellement en vigueur pour l’indication des voyelles hébraïques ne remonte qu’à la période massorétique ( vie â xie siècle).

Étymologiquement le mot « massore » semble vouloir dire « tradition s, de la racine talmudique masar. Dans son acception primitive et générale, ce mot désigne les résultats du travail auquel la tradition juive a soumis le texte biblique après sa fixation, soit afin de prévenir les altérations dont les copistes pouvaient se rendre coupables et les divergences qui en pouvaient résulter, soit pour déterminer la lecture exacte de l’Écriture. Ainsi entendu le nom de « massorétique » peut aussi bien s’appliquer à l’âge talmudique qu’aux siècles qui l’ont suivi. Toutefois on réserve plus spécialement ce nom de massorétique à la période durant laquelle les observations léguées par l’époque talmudique au sujet du texte sacré ont été mises par écrit (durant l’âge talmudique, on disait : ce qui est transmis par la tradition orale ne doit pas

être écrit), durant laquelle aussi le système de la vocalisation et de l’accentuation du texte sacré a été élaboré (vie à xie siècle).

Le système des voyelles et des accents massorétiques est, on le sait, très compliqué. Il n’est pas l’œuvre d’un savant qui l’aurait inventé de toutes pièces ou d’une commission qui en aurait discuté les principes. Sans doute nous n’avons pas de documents positifs qui nous permettent de tracer l’histoire précise de cette invention, pas de manuscrits qui en représentent les diverses phases. Mais nous savons d’une façon certaine comment s’est peu à peu élaboré un autre système de vocalisation très voisin, quant à la date et quant au procédé, du système adapté à la Bible par les massorètes, à savoir le système des syriens orientaux ; et il n’y a pas de témérité à penser que le système des voyelles hébraïques, comme celui des voyelles syriennes, est le fruit d’une évolution lente et graduelle. — Tout d’abord les massorètes se sont gardés de ne rien changer aux consonnes du texte ; et ils ont porté le scrupule jusqu’à ne jamais introduire de nouvelles lettres quiescentes pour l’indication des voyelles longues, quand leurs manuscrits en manquaient ; ils ont préféré marquer î long et û long par les signes de i bref et de « bref. Il est probable qu’à l’origine un point indiquait, selon les positions qu’il occupait : le redoublement des lettres ou l’aspiration des muettes (quand il était à l’intérieur des consonnes), la différence de prononciation du tJ et du tir, et puis certaines voyelles (â, ô, quand il était au-dessus de la lettre ; i, ê, quand il était au-dessous). Au simple point on ajouta la combinaison de plusieurs points en groupes pour distinguer ê long et é bref, u bref et û long ; même pour le son a, on introduisit le trait horizontal, que l’on combina ensuite avec le point (selon la forme primitive du kamets _) pour distinguera long

(et o bref) de a bref. Le système alla se développant et se précisant, de façon à reproduire aussi exactement que possible toutes les nuances de la prononciation des voyelles hébraïques, des semi-voyelles elles-mêmes. Toutes ces dispositions du point, au-dessus, au-dessous et à l’intérieur des lettres, tous ces groupements de points, toutes ces combinaisons du point et du trait aboutirent à un système dans lequel on distinguait cinq voyelles longues, cinq brèves et quatre semi-voyelles. Pour compléter le travail destiné à fixer la lecture du texte sacré, les massorètes ajoutèrent aux signes qui indiquaient la prononciation des consonnes et des voyelles, d’autres signes destinés à marquer les coupures de la phrase ; développé, lui aussi, par une série d’essais successifs, le système de l’accentuation massorétique arriva, avec le temps et par degrés, à sa forme définitive. Cette ponctuation et cette accentuation furent d’abord appliquées à la Loi, mais on l’étendit ensuite à toute la Bible.

Tel est le système massorétique tel qu’on le trouve aujourd’hui encore dans nos Bibles hébraïques. A quelle date doit-on le faire remonter ? Il semble difficile d’en placer les premiers essais avant le VIe siècle. Il y a trop de différences entre les transcriptions des Hexaples et la vocalisation de nos Bibles hébraïques pour qu’Origène ait pu connaître la ponctuation massorétique même dans ses premiers éléments. Saint Jérôme paraît également l’avoir ignorée tout à fait, bien qu’à son époque la prononciation massorétique fût en grande partie fixée par la tradition orale. Le fait que la synagogue, fidèle aux traditions de l’âge talmudique, ne fait usage que de manuscrits sans voyelles nous invite à placer au VIe siècle les premiers essais d’un système de vocalisation massorétique ; c’est d’ailleurs le moment où se constitue la massore syrienne qui semble avoir exercé son influence sur la massore hébraïque. D’autre part, au moins en ce qui regarde Je système de vocalisation, il ne faut pas faire descendre bien au delà de la seconde moitié du viiie siècle son complet développement. Au

Xe siècle en effet, Aaron ben Ascher († 930), qui hérita peut-être de l’opinion de son grand-père Moïse ben Ascher, attribuait l’invention des points voyelles à la grande synagogue ; le gaon Mar Natronai II, chef d’école à Sura en 859-869, l’attribuait aux « sages ».’On était donc convaincu, dès le ixe siècle, de la très haute antiquité du système massorétique : sa constitution définitive est à placer avant le vii.i » siècle ou au moins avant 750 ; il fut complété dans la suite par des discussions sur les divergences des manuscrits, sur l’emploi de certains signes supplémentaires, par des remarques et des explications auxquelles les deux Ben Ascher ont donné une forme définitive : mais cette dernière période de l’histoire de la massore relève de l’histoire du texte hébreu, non de l’histoire de la langue.

On a généralement admis que notre système de vocalisation et d’accentuation du texte biblique avait été élaboré en Palestine, dans l’école de Tibériade. Des doutes toutefois ont été soulevés assez récemment contre cette opinion. Le nom de la voyelle â semblerait supposer qu’on le prononçait ô ; le signe commun pour â long et pour o bref confirmerait cette hypothèse. D’autre part, aucun signe ne permet de distinguer la double prononciation du i qui était en usage à Tibériade. Autant de raisons qui inviteraient à aller chercher ailleurs, peut-être en Babylonie, le lieu d’origine de ce système.

C’est dans une histoire du texte hébreu qu’il convient d’apprécier la valeur exégétique de la massore. Nous n’avons à rechercher ici que sa valeur pour l’indication des voyelles. Or on peut dire que le système massorétique représente bien la prononciation des voyelles hébraïques. Sans doute, il y a eu de la systématisation, on s’est préoccupé de fixer des règles de lecture, autant que de consacrer la prononciation reçue ; et il est probable que les signes massorétiques ne rendent pas exactement toutes les nuances dont les voyelles étaient susceptibles au temps même où ce système a été élaboré : à plus forte raison le système des points-voyelles est-il loin de correspondre partout à la prononciation en usage à l’époque où furent rédigés les plus anciens ocuments de l’Ancien Testament. Ce système, toutefois, n’est pas un système artificiel. Les massorètes ont fait des règles, mais après s’être appliqués à analyser avec soin la prononciation de leurs contemporains les plus autorisés. Aussi, non seulement la vocalisation massorétique est en parfaite harmonie avec la phonétique générale des langues sémitiques, mais elle représente une prononciation traditionnelle de l’hébreu qui remonte très haut dans l’histoire. C’est ce que l’on remarque en comparant la vocalisation massorétique, avec les transcriptions de l’hébreu renfermées dans les œuvres de saint Jérôme, dans les Hexaples, dans la traduction des Septante, avec les renseignements que les.anciens, nous ont légués sur la prononciation du phénicien. Sans doute, il y a des différences et elles vont s’accentuant à mesure que l’on fait appel à de plus vieux documents : mais la vocalisation demeure toujours substantiellement identique. On a récemment découvert un manuscrit hébreu des Prophètes copié en 916 (CodexBabylonicus, édité en 1876 et conservé à Saint-Pétersbourg), qui présente un système de vocalisation tout autre que celui dont nous venons de parler. Voir Babylonicus (CoDEX), t. i, col. 1359. Les signes sont d’ordinaire placés au-dessus des lettres : â long est indiqué par un « légèrement altéré, î long par un point provenant de la lettre > ; ë long par deux points placés horizontalement ; ô long par un trait vertical venant de la lettre î ; û par un point au milieu du î ; a bref et é bref accentués par un y raccourci et couché ; a bref et é bref non accentués par deux points disposés obliquement ; un trait place au-dessous des signes employés pour â, ê, i, û représente o, é, i, u ; placé au-dessus de ces signes et au-dessus de a tonique, ce trait indique la prononciation de ces voyelles devant une consonne

doublée ; placé seul au-dessus de la lettre, ce même trait marque l’e muet on l’absence de voyelles. — Comme on le voit, à côté de quelques éléments communs au système de nos Bibles hébraïques ce procédé renferme des signes tout à fait particuliers. On l’appelle « système babylonien », non qu’il ait été employé par l’ensemble des Juifs babyloniens à l’exclusion de l’autre, mais plutôt parce qu’il aurait été imaginé dans une école particulière de Babylone ; il est curieux d’y constater l’emploi d’un même signe pour a et ê, pour ô et o.

La période grammaticale.

La Bible ne nous

offre pas de vestiges d’études grammaticales contemporaines de la composition des Livres Saints. Il faut arriver jusqu’à l’âge talmudique pour trouver trace de semblables préoccupations ; beaucoup de particularités relevées par les rabbins dans le Talmud se rapportent à la grammaire. D’autre part les auteurs ecclésiastiques, saint Jérôme entre autres, ont consigné dans leurs œuvres un bon nombre de remarques philologiques et grammaticales ayant trait à la langue hébraïque. Toutefois c’est beaucoup plus tard que la grammaire hébraïque prit son essor. Il y eut d’abord quelques essais dans le monde juif oriental, surtout en Babylonie ; mais ces essais furent assez infructueux ; les auteurs qui se rattachent à ce premier mouvement, Menahem Ben Sarouk de Tortose (f950), auteur d’un lexique des racines hébraïques (publié par Filipowski en 1854) et son adversaire, Dounasch ibn Labrat (en hébreu Adonim ha-Levi), Rabbi Salomon ben Isaac (fll05) originaire de Troyes, appelé par abbrévation Raschi et parfois cité sous le nom de Jarchi, Rabbi Samuel ben Méir (Rashbam, fll50), Rabbi Jacob ben Méir (Rabbi Tam, f 1171), furent de grands interprètes de la Bible et d’excellents talmudistes, mais l’esprit de synthèse grammaticale leur fait grandement défaut. — C’est sous l’influence de la culture arabe que la science de la grammaire hébraïque entra dans une phase de progrès rapide. Le milieu de ce développement se trouva naturellement dans les communautés juives de l’Espagne et du nord de l’Afrique. Les premiers de ces grammairiens furent le juif africain Jehuda ibn Koreisch (vers 880 ; il reste de lui une lettre arabe aux Juifs de Fez où il est’question des rapports du chaldéen et de l’arabe avec l’hébreu) et surtout Saadyah (Saïd ibn Jakoub al-Fayoumi, -ꝟ. 942), gaon de l’école babylonienne de Sora et auteur de traductions et de commentaires fort estimés, qui, le premier, s’occupa de traités sur divers points de la grammaire et du lexique hébraïques. Toutefois, c’est environ un demi-siècle plus tard qu’on s’occupa de synthétiser les résultats des études grammaticales en des ouvrages d’ensemble sur la langue hébraïque. Juda Hayoug (chez les Arabes Abou Zacharia Jahia ibn Daud), médecin de Fez, établi à Cordoue († 1M0), pablia divers traités sur la nature des racines défectives, la permutation des lettres faibles, les principes de la ponctuation. Mais le premier auteur d’une grammaire hébraïque et d’un dictionnaire hébreu est Rabbi Jonah ben Gannah ou Rabbi Mérinos (chez les Arabes Aboù’l Walid Merwan ibn Djannah), surnommé « le plus fort des grammairiens » ; né vers 990, il était médecin à Cordoue. Cette grammaire et ce dictionnaire, composés en arabe, marquent l’apogée de la science grammaticale hébraïque au moyen âge. — Jusqu’au xvr siècle, l’étude grammaticale et lexicographique de la langue hébraïque fut le patrimoine des juifs. U faut citer : au xiie siècle, le juif aragonais Salomon ben Abraham ben Parhon, auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire ; Abraham ben Méir Aben Ezra, le Sage († 1167), disciple de Hayoug et de Rabbi Jonah comme le précédent, auteur d’une grammaire en hébreu et de plusieurs traitée spéciaux sur le même’sujet ; Joseph Kimchi (f vers 1160), auteur d’ouvrages critiques sur les écrits de Ben Sarouk, d’Ibn Labrat et Rabbi Tam ; Moïse Kimchi (Ramack, 1190), auteur d’une grammaire qui se

rapproche des nôtres et a été souvent imprimée aux xvi° et xviie siècles ; — au xiiie siècle, David Kimchi, le plus célèbre de la famille, auteur d’une grammaire et d’un dictionnaire qui devaient être les deux parties d’un grand ouvrage appelé Miklol, « la perfection ; » de fait, ce nom a été réservé à la grammaire. Ces ouvrages sont les chefs-d’œuvre de la philologie juive au moyen âge ; — au xv 6 siècle, Profiat Duran (Isaac ben Moses ha-Levi Efodi, vers 1400), qui combat souvent Kimchi ; — au xvie siècle, Élie Levita (Eliah ben Ascher ha-Levi, surnommé Ashkenazi ou l’Allemand, 1472-1549) ; disciple, éditeur, commentateur des Kimchi et héritier de leur gloire, il a composé un dictionnaire chaldaïque, un lexique intitulé Thishbi et un ouvrage sur la massore.

Des juifs, l’étude de l’hébreu passa au xvie siècle aux mains des chrétiens ; les protestants poussés à l’étude de l’hébreu par le principe qui faisait de la Bible le seul document de la foi, contribuèrent beaucoup au progrès de cette science. Dès avant la réforme, Jean Reuschlin (1455-1522) et le dominicain Santés Pagninus (1471-1541) préparaient la voie aux célèbres Buxtorf (Jean Buxtorf, le père, mourut en 1629). Toutefois ces auteurs si justement célèbres suivaient les principes des grammairiens juifs. Il faut arriver au xviiie siècle, à Albert Schultens de Leyde (1686-1750), et à Schrœder, de Marbourg (1721-1798), pour voir inaugurer de nouvelles méthodes, celle par exemple de la comparaison de l’hébreu avec l’arabe.

Le dix-neuvième siècle marque une époque de renouvellement pour les études hébraïques. Le mouvement a été donné par Gesenius, puis entretenu par Ewald, Olshaùsen, Stade et Konig. Chacun de ces savants, s’efforçant d’introduire dans l’étude de l’hébreu une méthode rigoureusement scientifique, a employé des moyens spéciaux que M. Kônig caractérise avec beaucoup de iustesse. W. Gesenius (-ꝟ. 1842 ; voir col. 415 ; méthode analytique-particularité) explique d’ordinaire l’hébreu par l’hébreu, observe avec soin la formation et la flexion des mots et les diverses particularités qu’ils peuvent présenter, pour résumer ensuite ses observations dans des règles claires et précises ; il a été suivi par Bôttcher († 1863). Ewald († 1875 ; voir t. ii, col. 2131 ; méthode synthétique spéculative) recourt à un certain nombre de principes philosophiques puisés dans les lois générales du développement linguistique ; dans la phonétique, il observe surtout les influences que les consonnes et les voyelles exercent les unes sur les autres ; dans la morphologie, il considère les lois qui président au développement du langage pour les appliquer aux diverses espèces de racines, aux flexions des noms et des verbes ; il a été suivi par Seffer et Herman Gelbe. Justus Olshaùsen (méthode comparative et historique), en partant des mêmes principes qu’Ewald, remonte à une langue hébraïque primitive, sœur de l’arabe, de laquelle il déduit les formes actuelles ; il est suivi par G. Bickell et

A. Mùller. Les méthodes de Gesenius et d’Ewald ont été synthétisées par C. W. Ed. Nâgelsbach († 1880) ; celles de Gésénius et d’Olshausen l’ont été, dans les plus récentes éditions de la Gesenius’hebrâischer Granu matik, par Rédiger († 1874) et surtout E. Kautzsch. Enfin

B. Stade a suivi, en combinant leurs méthodes, Ewald et Olshaùsen. M. Kônig (méthode analylique-historiquephonétique-physiologique ) étudie à part chaque élément de la langue (noms, verbe), puis met en relief les formes les plus proches de l’arabe comme étant les plus anciennes, et cherche à expliquer les déviations par la phonétique et la physiologie.

Autour de ces grands auteurs, qui marquent les étapes de l’étude de la langue hébraïque depuis le xvie siècle, gravitent une foule d’auteurs secondaires : nous indiquerons les noms et les œuvres de nombre d’entre eux dans la Bibliographie.

IX. Bibliographie.

i. grammaire. — 1° Grammai riens juifs du moyen âge. — Jehudah ibn Koreisch (x » s.), Risalah, édit. Barges et Goldberg, Paris, 1842 (1857). Dounasch ibn Labrat (xe s.), traité contre Saadiah (Teshubhah), édit. R. Schrôter, Breslau, 1866 (cf. S. G. Stern, Liber Responsionum, Vienne, 1870) ; traité contre Ben Sarouk, édit. Filipowski, 1855. Ben Ascher de Tibériade (xe s.), Dikdukê ha-leamim, édit. Baër et Strack, Leipzig, 1879. R. Jonah (xie s.), Harrikmah, édit. Goldberg, Francfort, 1856 (1861) ; Opuscules arabes et trad. française, édit. J.-H. Derenbourg, 1880. Abr. Aben Ezra (xii » s.), Mozne lesôn haqqodesh, édité en 1546, etc., et en dernier lieu par Heidenheim, Offenbach, 1791 ; Sèfer Sahuth, édit. Lippmann, Fûrth, 1827 ; Safah Berurah, édit. Lippmann, Fûrth, 1839 ; autres traités, édit. Lippmann, 1843, et Halberstamm, 1874. Moïse Kimchi, Grammaire hébraïque, édit. Const. L’Empereur, Leyde, 1631 ; traduite en latin, Otôoitopioc ad scientiam, par Seb. Munster. David Kimchi, Miklol, l re édition à Constantinople, 1534 (Venise, 1545, etc. ; trad. latine de Guidacerio, 1540 ; édit. à Fûrth, 1793 ; édit. Rittenberg, Lyck, 1862). Profiat (Peripot) Duran, Grammaire hébraïque, rmrya nsx, édit. J. Friedlânder et J. Cohn, Vienne, 1865. 2° Grammaires antérieures au XIXe s. — 1. ïW s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. d’Elias Levita ; grammaires d’Abraham de Balmès (Miqneh Abram ; Venise, 1523), de Moïse Provençale (composée en vers à Mantoue, 1535, publiée à Venise, 1597), d’Emmanuel de Bénévent (Mantoue, 1557), etc. — 6) Chez les chrétiens : C. Pellican, De modo legendi et intellig. Hebrsea (Bêle, 1503) ; J. Reuchlin, Rudim. hebr. (Pforzheim, 1506), les grammaires de F. Tissard (Paris, 1508), de A. Giustiniani (Paris, 1520) ; Santés Pagninus, Institut, hebr, lib. JF(Lyon, 1526) ; Séb. Munster, Opus grammat. ex variis Elianis libris concinn. (Bâle, 1542) ; les travaux grammat. de Cinqarbres (Paris, 1546), R. Chevallier (Genève, , 1560), Martinez (Paris, 1567), Bonav. Com. Bertram (Comparât, gram. hebr. et aram., Genève, 1574), F. du Jon (Junius ; Francfort, 1586), etc. — 2. xviie s.

— a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de Sam. Archivolti (Padoue, 1602), d’Is. B. Sam. ha-Lévi (Prague, 1628), de R. Is. Ouziel, Manassé b. Israël, de Aguibar, Sal. di Oliveyra, etc. ; Spinoza (Compend. gram. ling. Aefcr., , Amsterd., 1677), J. L. Neumark (Francfort, 1693).

— b) Chez les chrétiens : Buxtorf, Epitomegram. hebr. (î(fâ>), Thesaur. gramm. (1609) ; les œuvres grammat.de Schickard (Horolog. hebr., Tubingue, 1623) ; Ph. d’Aquin (Paris, 1620), Th. du Four (Paris, 1642) ; J. Le Vasseur, (Sedan, 1649) ; Erpénius (1621, 1659), Dilherr (1659 et 1660), Jac. Alting (Fundam. punctat. ling. sanct. sive gramm. hebr., Groningue, 1654, 1687) ; J. A. Danî (Nucifrangibulum, Iéna, 1686 ; Compend. gram. hebr., 1694) ; les grammaires de Math. Walmuth (Kiel, 1666), Chrétien Reinecke, Cellarius, etc. — 3. xviii « s. — a) Chez les Juifs : œuvres grammat. de AI. Sûsskind (Côthen, 1718), Salom. Cohen Hanau (divers traités), Aaron Moïse (Lemberg, 1763). — 6) Chez les chrétiens : œuvres grammat. d’Abr.Ruchat (Leyde, 1707), F. Masclef (Paris, 1716), P. Guarin (Paris, 1724), Ch. Houbigant (Paris, 1732), Schultens (Institut, ad fundam. ling. hebr., Leyde, 1737), J. D. Michaëlis (Hebrâische Gramm., Halle, 1744), J. B.Ladvocat (Paris, 1755), B. Giraudeau (La Rochelle, 1757, 1758), Simonis, Schrôder (Institut., etc., 1766), Robertson (Edimbourg, 1783), S. S. Vater (Hebrâische Sprachlehre, Leipzig, 1797), C. C. F. Weckherlin (Stuttgart, 1797), Hartmann (Anfangsgrûnde der Hebr. Sprache, Marbourg, 1798), G. P. Hetzel, etc.

3. Grammairiens du XIXe siècle. — Jahn, Gramm. ling. hebr., 1809 ; W. Gesenius, voir col. 415 ; Ewald, voir t. ii, col. 2131 ; J.-E. Cellérier, Eléments de la gramm. hébr. trad. librement de Gesenius, Genève, 1820 ; 2e édit., 1824 ; Ph. Sarchi, Gramm. hébr. raisonnée et comparée, Paris, 1828 ; J.-B. Glaire, Princip. de gramm. hébr. et chald., Paris, 1832, 3e édit.,

1843 ; Stier, Lehrgebaûde d. hebr. Spr., Leipzig, 1833 ; Hflrwitz.A Gramm. of thé Heb. Lang., Lond., 'î'éd.1835 ; Luzzato, Proleg. ad una gramm. ragionata délia ling. r, br, Padoue, 1836 ; S. Preiswerk, Gramm. hébr., Bâle, 1 838, 3e édit., 1884 ; Is, Nordheimer, À critic Gramm. of theHeb. Lang., New-York, 1838-1841 ; J.du Verdier, Nouv. gramm. hébr. raison, et camp., Paris. 1841 ; Hupfeld, Ausfûhrliche hebr. Gramm., 1841, Lee, Gramm. of the Itebt.lang.m a séries of iectares, Londres, 3e édit., 1844 ; Sal. Klein, Gramm. hébr. raison., et comp., Mulhouse, 1846 ; Moses Stuart, Gramm. of the Hebr. lang., plus, édit. ; Duverdier, Double gramm., édit. Migne, Paris, 1848 ; Luzzato, Gramm. délia l. ebr., Padoue, 1853-1869 ; C. Bôniias Guizot, Nouv. gramm. hébr. analyt. et raisonn., Montauban, 1856 ; Seffer, Elementarbuch d. hebr Spr., plus, édit. ; J. Olshausen, Lehrb. d. hebr. Spr., Brunswick, 1861 ; I. M. Rabbinowicz, Gramm. hébr. trad. de Voilent, par Clément-Mullèt, Paris, 1862-1864 ; H. Bôttcher, Ausfuhrliches Lehr. der hebr. Spr., édit. Muelhau, Leipzig, 1866-1868 ; H. Gelbe, Hebr. Gramm. fur den Schulgébrauch, Leipzig, 1868 ; G. Bickell, Grundriss der hebr. Gramm., 1869 (trad. ang. par S. I. Curtiss, 1877 ; trad. fr. par É. Philippe, Paris, 1883) ; J. P. N. Land, Hebreuwsche gramm., Amsterdam, 1869 ; F. I. Grundt, Hebr. elem. grammatik, Leipzig, 1875 ; B. Stade, Lehrb. der hebr. Spr., 1 Theil, Leipzig, 1879 ; C. W. E. Nâgelsbach, Hebr. gram. als Leitfaden fur gymnas. u. academ. Untemcht, Leipsig, 1856 ; A. Mùller, Hebr. Schulgram., Halle, 1878 ; F.-E. Kônig, Hist. Krit. Lehr gebaûde der hebr. Spr., Leipzig, 1881-1897 ; H. L. Strack, Hebr. Grammatik, 7e édit., Berlin, 1899 (trad. fr. par Baumgartner, Paris, 1886) ; K. Ludwig, Kurzer Lehrgang d. hebr. Spr., 2e édit., Giessen, 1899 ; B. Manassewitsch, Die Eunst, die hebr. Spr. durch Selbstwiterricht schnell u. leicht zu erlernen, 2e édit., Vienne, 1899 ; C. Vosen, Rudim. ling. hebr., édit. Kaulen, Fribourg, 1899 ; M. Adler, Elem of hebr. gram., Londres 1899 ; Scholz, Abr. d. hebr. Laut. undFormenlehre, 8e édit., Kautzsch, Leipzig, 1899.

n. lexicographie. — Voir Dictionnaires de la Bible, t. ii, col. 11, et Concordances, t. ii, col. 899.

m. histoire de la LANGUE. — Cf. les grammaires de Gesenius, Ewald, Olshausen, Stade, Kônig ; les traités de grammaire sémitique comparée ; Bertheau, art. Hebr. Spr., dans Herzogs' Realencykl., Nôldeke, art. Spr. Hebr. ; dans Schenkels' Bibellex. ; Œhler, art. Hebr. Spr., dans Schmids' Enctjcl. des gesammt. Erziehungsund Unterrichtswesens, l re édit. ; Nestlé, id. 2e édit. ; Gesenius, Kritisch. Geschichte d.hebr.Spr.u. Schrift, Leipiig, 1815 ; E. Renan, Hist. gêner, et systèm. comp. des lang. sémit., 3e édit., Paris, 1863 ; W. Lindsay A., Hebrew et Hebr. long., dans À Cyclop. of Biblic. Liter., éd. by Kitto, 3 vol., éd. W. Lindsay A., t. ii, p. 250-257, Edimbourg, 1864 ; Clermont-Ganneau, La stèle de Dhiban, Paris, 1870 ; W. Rob. Smith, Hebr. lang. and litter., dans VEncycl. brit., 9 8 édit., t. xl, p. 594 et sq., Edimbourg, 1880 ; E. Kautzsch, Die Siloah Inschrift, dans la Zeitschr. der deutsch. Palâst. Vereine, 1881, 1882 ; Chwolson, Corpus inscript, hebraic, St-Pétersbourg, 1882 ; Fred. Delitzsch, The hebr. lang. viewed in the light of Assyr. research, Londres, 1883 ; T. Nôldeke, Semit. Languages, dans l’Encvcl. britann., 9e édit., t. xxi, p. 641-656, Londres, 1886° ; W. Wright, Lectures on the compar. gramm. of the semit lang., Cambridge, 1890 ; Loisy, Hist. crit du texte et des vers, de la Bible, I, Hist. crit. du texte de l’A. Test., Paris, 1892 ; H. Zimmern, Vergleich. gramm. der semit. Spr., Berlin, 1898 ; D. S. Margoliouth, Lang. of the O. Testam., dans Hastings, Dict. of the Bible, t. iii, p. 25-35, Edimbourg, 1900

IV. HISTOIRE DE L'ÉTUDB DE L’BÉBBBU. — Voir Wolf,

Bibliotheca hebraica, 1715-1753 ; Fr. Delitzsch, Jesurun sive Prolegomena in Concordantias. a J. Furstio édi tas, Grimma, 1838 ; Ewald et Dukes, Beitràge zùr Gesch. der ait. Ausleg. des A. Testam., Stuttgart, 1844 ; Hupfeld, De rei gramm. ap. Jud. initUs, Halle, 1847 ; S. Munk, Notice sur AboulWalid Merwan et sur quelq. autr. gramm. hébr. du Xe et du xi' s., dans le Jour- : nal asiat., t. xv (1850), p. 297-337 ; Steinschneider, Bibliograph. Handb. uber die Literat. fur hebr. Sprachkunde, Leipzig, 1859 ; Neubauer, Notice sur la lexicographie hébr., dans le Journ. asiat., 1861 ; Fûrst, Biblioth. judaica, 3 vol., Leipzig, 1863 ; J. Tauber, Standpunkt und Leisxung des R. D. Kimhi als Gramm., Breslau, 1867 ; M. Weiner, Parchon als Gramm. und Lexicograph., Offen. ; 1870 ; L. Geiger, Dos Studium der hebr. Spr. in Deutschl. vom Ende des 15 bis z. Mille des 16 Jahrh., Breslau, 1870 ; S.-O. Stern, Liber responsionum, Vienne, 1870 ; S. Gross, Menahem B. Saruk, Breslau, 1872 ; A. Berliner, Beitràge zur hebr. Gramm. im Talmud und Midrasch, Berlin, 1879 ; E. Kautzsch, J. Buxtorf der atteste, Bâle, 1879 ; Bâcher, Abr. Jbn Ezra als Grammatiker, Strasbourg, 1881 ; Die gramm. Terminal, des Jehuda ben David Hajjug, Vienne, 1882 ; B. Pick, The study of hebr. lang. among Jews and Christians, dans la Biblioth sacr., 1884, p. 450 et suiv., 1885, p. 470 et suiv. ; Strack et Siegfried, Lehrb. der neuhebr. Spr. u. Liter. Karlsruhe, 1884 ; W. Bâcher, Die hébr.-arab. Sprachvergleich. des Abulw. M., Vienne, 1884 ; B. Drachmann, Abu Zakana (R. lehuda Chajjug), Breslau, 1885 ; W. Bâcher, Jos. Kimhi et Abulwalid Merwan, dans la Rev. des Etud. juiv., t. vi ; Leb. u. Werk. des Abulw. M., Leipzig, 1885 ; L. Rosenak, Fortschritte der hebr. Sprachwissens. von Jehuda Chajjûg bis David Kimchi, Frieb. 1899 ; W. Bâcher, Die Anfânge der hebr. Gramm., dans la Zeitschr. der Deutschen tforgent . Gesellsch., t. xlix, p. 62, 334-392, 1895.

v. travaux SPÉCIAUX. — 1. Phonétique. — Voir A.-B. Davidson, Outlines of hebr. accent., Londres, 1861 ; Pinsker, Einl. in d. babyl. hebr. Punkt. Sysl, Vienne, 1863 ; Fr. Deliztsch, Physiologie und Musik in ihrerBedeutung fur die gramm. besond. die hebr., Leipzig, 1868 ; Chwolson, Die quiescentes >in in der althebr. Orthogr., dans les Abhandl. d. Petersb. Orient Congress., 1876 ; Petermann, Versuch einer hebr. Forment, nach des Ausspr., der heutig. Samarit., 1868 ; E. Kônig, Gedanke, Laut, u. Accent als die drei Faktor. d. Sprachbild. compar. u. physiolog. am Hebr. dargestellt, Weimar, 1874 ; L. Segond, Traité élément, des ace. hébr., Genève, 2 édit. 1874 ; W. Wickes, À treatise onhébr. accent., Oxford, 1881-1887 ; Jos.Wijnkoop, Le</es de accent, hébr. ling. ascensione, Leyde, 1881 ; H. Grimme, Grundzûge der hébr. Akzentund Vokallehre, Fribourg, 1896 ; F : Prætorius, Ueber den rûckweich end. Ace. im Hebr., Halle, 1897.

2. Morphologie.

Voir F. Barth, Die Nominalbildung in den semit. Sprachén, 2 édit., Leipzig, 1894 ; Poznanski, Beitràge zur hebr. Sprachwissenscltafl, 1894 ; Is. Kahan, Die Verbalnominale Doppelnatur der hebr. Particip. und Infinitive, 1889 ; Ern. Sellin, id., 1889, de Lagarde, Ueber sicht uber die im Aram. Hébr. u. Arab. ûbliche Bild. der Nomina, Gottingue, 1889-1891 ; Diehl, Dos Pron. pers. suꝟ. 2 u. 3 pers. ptur des Hebr. in der alttest. Uberlieferung, Giessen, 1895 ; Fr. Philippi, Wesen und Ursprung des status constr. im Hebr., Weimar, 1871.

3. Syntaxe.

Voir S. R. Driver, À treatise on the use of the ternes in Hebrew, Oxford, 1874 ; 3 édit., 1892 ; Harper, Eléments of hebrew syntax, Londres, 1890. I. -B. Davidson, Hebrew. si/ntaa :, 1894 ; V. Baumann, Hebr. Relativsâtz, Leipzig, 1894 ; Isen Herner, Syntax der Zahlr wôrter im A. T., Lund> 1893 ; P. Friedrich, Die Hebrâischen Condilionalsalze, Konigsberg, 1884.

J. Todzahe.