Dictionnaire de la Bible/Cyrille d’Alexandrie
1. CYRILLE D’ALEXANDRIE (Saint), neveu de Théophile, patriarche d’Alexandrie, succéda à ce dernier, en 412 ; on ne sait rien de sa vie avant cette élection. Il entra d’abord en lutte avec les Novatiens et les Juifs, et l’un des épisodes les plus fameux de cette controverse fut le meurtre d’Hypatia. En 417, Cyrille fit inscrire le nom de saint Jean Chrysostome dans les diptyques de l’Église d’Alexandrie. À partir de 429, le patriarche tourna tous ses efforts contre les Nestoriens, convoqua contre eux, en 430, un synode à Alexandrie, et fut l’âme du concile d’Éphèse, qui se tint en 431. Il mourut le 27 juin 444.
L’œuvre littéraire très considérable de Cyrille est surtout dogmatique et polémique ; il a cependant marqué sa trace dans l’exégèse. Dans ce genre de travaux nous avons de lui : 1o Les dix-sept livres Περὶ τῆς ἐν πνεύματι καὶ ἀληθείᾳ προσκυνήσεως καὶ λατρείας. Patr. gr., t. lxviii. Ce traité est un commentaire étendu des deux textes bibliques : Non veni solvere legem, sed adimplere, Matth., v, 17, et In spiritu et veritate Deum ac Patrem oportat adorare, Joa., iv, 24. Comme supplément à cet ouvrage, Cyrille écrivit les Γλαφυρά, t. lxi, col. 1-678 : ce sont des commentaires choisis sur certains passages du Pentateuque. Il veut y prouver qu’à travers tous les écrits mosaïques est figuré le mystère du Christ et de son Église, suivant cette parole de saint Paul : Finis Legis est Christus. Rom., x, 4. Dans ce traité Cyrille a commenté selon l’ordre de l’histoire sacrée, depuis Adam jusqu’à Josué, les endroits des livres mosaïques qui lui paraissaient les plus propres à établir cette thèse. Les Γλαφυρά sont divisés en treize livres ; les sept premiers expliquent des textes de la Genèse, les trois suivants s’occupent de l’Exode, le xie du Lévitique, les deux derniers des Nombres et du Deutéronome. Ces deux ouvrages de saint Cyrille comptent sans contredit, par la richesse des développements, l’originalité des conceptions et la mesure de l’expression, au nombre des œuvres les plus remarquables de l’école typologico-allégorique de la patristique chrétienne. — 2° Viennent ensuite deux commentaires, ἐξήγησις ὑπομνηματική, sur Isaïe, t. lxx, et sur les douze petits Prophètes, t. lxxi et lxii, col. 9-364. — 3o Saint Cyrille a aussi interprété les Psaumes, εἰς τούς ψάλμους, t. lxix, col. 699-1274. On pense même qu’il a expliqué complètement le livre des Psaumes, s’il faut en croire ce qu’il dit dans le prologue ; mais dans ce qui nous reste de ce traité, l’exposition s’arrête au Psaume cxix ; de plus, il manque l’explication des Psaumes xxviii (ꝟ. 53-56), lxxxiv, lxxxvii, lxxxix, cii, cv-cviii, cx-cxii, cxv, cxvi. — 4o Nous possédons encore de Cyrille un commentaire sur l’Évangile de saint Jean, ἑρμηνεία ἢ ὑπόμνημα εἰς τὸ κατὰ Ἰωάννην εὐαγγέλιον, t. lxxiii, lxxiv. Ce commentaire comprenait originairement douze livres ; mais des livres vii et viii, qui contenaient l’explication des chapitres x, 18, à xii, 48, il ne reste aujourd’hui que quelques fragments. — 5o Cyrille a fait également l’exégèse de l’Évangile de saint Luc, ἐξήγησις εἰς τὸ κατὰ Λούκαν εὐαγγέλιον, t. lxxiii, col. 475-950. Le texte grec de ce traité renferme de grandes lacunes ; mais la version syriaque publiée en 1858, par R. Payne Smith, est beaucoup plus complète. Voir Sancti Cyrilli Alexandrini archiepiscopi Commentarii in Lucæ Evangelium quæ supersunt syriacæ manuscriptis apud Musæum Britannicum edidit R. Payne Smith, Oxford, 1858, et A Commentary upon the Gospel according to S. Luke, by S. Cyril, patriarch of Alexandria. Now first translated into English from an ancient Syriac Version by R. Payne Smith, 2 in-8o, Oxford, 1859. — 6o Cyrille a aussi commenté l’Évangile de saint Matthieu, t. lxxii, col. 365-471 ; mais cette œuvre ne nous est parvenue que dans un état assez fruste. L’ensemble des fragments porte cependant sur tous les chapitres de l’Évangile, à l’exception du chapitre xx. — Outre ces grands ouvrages exégétiques, on possède encore de saint Cyrille plusieurs fragments : 1o pour l’Ancien Testament sur les livres des Rois, le cantique de Moïse (Exod., xi, 1 ; Deut., xxxii), les Proverbes, le Cantique des cantiques, Jérémie, Baruch, Ézéchiel et Daniel, t. lxix, col. 679-698, 1274-1294 ; t. lxx, col. 1451-1454 ; 2o pour le Nouveau Testament sur les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Paul aux Romains, aux Corinthiens (I et II), aux Galates, aux Colossiens et aux Hébreux ; sur l’Épître de saint Jacques, l’Épître I et II de saint Pierre, l’Épître I de saint Jean et l’Épître de saint Jude, t. lxxiv, col. 758-1024.