Dictionnaire de la Bible/Athénée

Letouzey et Ané (Volume Ip. 1209-1210-1211-1212).
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ATHÉNÉE

ATHÉNÉE (Ἀθηναῖος). C’est, d’après quelques commentateurs, le nom d’un vieillard, conseiller ou officier d’Antiochus IV Épiphane, qui l’envoya à Jérusalem pour obliger les Juifs à abandonner leur religion et à embrasser les rites du paganisme. II Mach., vi, 1 (texte grec). La Vulgate lit Antiochenum, « d’Antioche », au lieu d’Ἀθηναῖος, et la leçon de la Vulgate est adoptée par un certain nombre de critiques. Voir Grotius, Opera, 1679, p. 771. Mais rien n’empêche de conserver la leçon du texte original, qui est confirmée par tous les manuscrits grecs, par la version syriaque, par Théodoret, In Dan., xi, 31, t. lxxxi, col. 1521 ; par le Syncelle, Chronogr., édit. Dindorf, t. i, p. 531, etc. Parmi ceux qui adoptent la lecture du texte grec, la plupart entendent le mot Ἀθηναῖος dans le sens d’originaire d’Athènes, mais quelques-uns croient que le vieillard à qui le roi de Syrie confia la mission de détruire le judaïsme en Palestine s’appelait Athénée. Il est certain que ce nom était fréquemment employé comme nom propre chez les Grecs. Voir W. Pape, qui en énumère quatorze dans son Wörterbuch der griechischen Eigennamen, 3e édit., 2 in-8o, Brunswick, 1863-1870, p. 24. Diodore de Sicile, xxxiv, 17, 2, édit. Didot, t. ii, p. 543, mentionne un Athénée à la cour d’Antiochus VII Sidètes. Mais il est à croire que si l’auteur sacré avait voulu désigner le vieillard par son nom, il se serait exprimé autrement, et qu’au lieu de dire : γέροντα Ἀθηναῖος, il aurait dit par exemple : γέροντα τινα, Ἀθηναῖον ὀνόματι, pour éviter l’équivoque. L’histoire arabe des Machabées nomme ce vieillard Philkos, فيلقوس. II Mach. arab., 3, dans la Polyglotte de Walton, t. iv, p. 114. Josippon ben Gorion le confond sans raison avec le Philippe dont il est question II Mach., v, 22. Josephus Gorionides sive Josephus hebraicus, édit. Breithaupt, iii, 4, in-4o, Gotha, 1707, p. 179. Il n’y a rien d’étonnant d’ailleurs qu’Antiochus IV eût â sa cour un Athénien. Ce roi avait une grande affection pour Athènes (voir Antiochus IV, col. 694), et un officier originaire de cette ville avait pu lui sembler particulièrement propre à implanter le paganisme à Jérusalem.

F. Vigouroux.