Dictionnaire de l’ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle/Semblance

SEMBLANCE, -blaunce, senblance, -anche, samblance. san., sanlance, -anche, sanllanche, s. f., ressemblance :

Puis les fist andeus desarmer
Pour lor senblances esgarder.

(Perceval, ms. Montpellier H 219, fo 146e.)

Ceste semblaunce est assez veire.

(Marie, Ysopet, XVIII, Roq.)

Se lu i vois une sanlanche.

(Id., ib., XL.)

Les semblances des bestes dist.

(Gerv., Best., Brit. Mus., Add. 28260, fo 84 vo.)

Qui as tote cose en tes mains.
Home fesis a ta sanlance..

(Floire et Blanceflor, Append.. 128, K. du Méril.)

Lai ce baignoient li .vi. frère ;
Au sanblance de cignes estoient.

(Dolop., 9620, Bibl. elz.)

A sa sanllanche et a s’image.

(Rose, Vat. Ott. 1212, fo 23d.)

Faisons l’omme a l’image et sanlanche nostre. (Cartre de la frairie de la halle des dras de Valenc, L. Cellier.)

La similitude et semblance que elle a… (Jard. de santé, II, 48, impr. la Minerve.)

Et est aussy l’une des semblances qu’il a plus conformes avecques Cimon. (Amyot, Vies, Compar. de Cim. av. Lucull., éd. 1567.)

Ce qui s’entend de parfaicte et entière semblance et dissemblance. (Charr., Sag., I. I, ch. IV, p. 30, éd. 1601.)

— Forme extérieure, apparence, image :

La sepolture tote faite a or fin.
Et par desore ot sa senblance escrit.

(Garin le Loher., 3e chans.. XII, p. 272, P. Paria.)

A semblanche de mur estoit.

(G. de S. Pair, Rom. du Mont S. Michel, 3694, Michel.)

Le jor est bien de set colors ;
Si n’a soz ciel beste (ne) flors
Dont l’en n’i voie portraitures.
Formes, senblances et figures.

(Ben., Troie, ap. Constana, Chrestom., 61. 87, 1re éd.)

A mes iex en set mes cuers bon gré,
Qui choisirent sa tres bele samblance.

(Thib. IV de Champ., Chans., p. 10, Tarbé.)

En samblanche de pain. (S. Graal, Vat. Chr. 1687, fo 1b.)

Quant les Persiens le virent (Alexandre) si s’émerveillent de sa semblance, car il cuidoient qu’il fust dieu. (Le liv. dou roi Alix., Richel. 1385, fo 26e.)

Moult estoit de foible sanlance.

(Gilles de Chin, 44, Reiff.)


Que cis marchies ait esté fais en sanlance ou en espèce d’usure ou de vilain marchiet. (1320, Arch. JJ 56, fo 74 ro.)

— Fig. :

Cil lor mostre bien sanlance
Que on en doit faire vengance.

(Athis, Richel. 375, fo 124°.)

— Symbole :

Et por çou qu’il (Alexandre) est enfes et de fo- [lie espris,
Li envoie (Darius) samhblances, ileus com ci devis :
.i. frain, une pelote, une verge d’olis.
Et .i. escrin d’arjent, et si avoit or mis ;
Et le brief por espondre li a avoec tramis,
Daires fist ses semblances Alixandre envoier.

(Roum. d’Alix., fo 11d, Michelant.)

— Semblant :

Si fis senblance d’estre mort.

(Renart, Br. VI, 763, Martin.)

Pour les semblances qu’il faisoit de batre Gilion. (Histoire de Gilion de Trasignyes, p. 99, Wolf.)

— Pensée, avis :

De nos seigneurs que vous est il avis,
Compains Erars ? Dites votre semblance.

(Comte de Bar, Chans., ap. Auguis, Poètes franç.. II, 19.)

Mais par semblance ilz ne povoient pas estre grant nombre. (J. d’Arras, Melus., p. 176, Bibl. elz.)

Semblance, très employé au xviie s., n’aurait pas dû vieillir. Il est resté en usage dans plusieurs provinces.

Centre, semblance, ressemblance, apparence, vraisemblance, jugement, appréciation, sentiment, ce qu’il en semble ; semblance de monsieu, domestique de bonne maison. Poitou, Saintonge, Aunis, semblance, ressemblance ; Canada, semblance, apparence, vraisemblance.