Dictionnaire de l’administration française/AGRICULTURE

AGRICULTURE. L’agriculture, telle que la pratiquent les cultivateurs sérieux, est l’art d’obtenir du sol arable la plus grande somme de produits de la manière la plus parfaite et la plus économique ; cette définition, qui se rapproche étroitement de celle que M. de Gasparin a donnée de la science agricole, exprime la véritable tendance de l’industrie rurale, considérée non plus seulement comme un délassement champêtre, mais comme une des bases les plus solides de la prospérité publique.

À ce point de vue, l’agriculture est digne de toute la sollicitude du Gouvernement, qui, sans intervenir dans ses procédés et ses méthodes, peut néanmoins contribuer efficacement à ses progrès. Cette action de l’État sur les choses agricoles s’exerce par la voie des encouragements et des subventions, et à l’aide des lois et des règlements qui ont pour but d’assurer le libre développement de la production agricole. C’est ainsi que la loi sur les irrigations, par exemple, est venue permettre au cultivateur d’utiliser des eaux jusqu’alors improductives, et, par suite, de créer de nouvelles prairies, d’améliorer les anciennes, d’augmenter, en un mot, les ressources fourragères de son exploitation. De là, comme conséquence, l’accroissement du bétail entretenu sur une surface donnée, l’abondance de l’engrais et une élévation proportionnelle dans le rendement des récoltes.

Sans prendre en main la charrue, sans substituer son action à celle des exploitants, l’État peut donc, par des institutions sagement combinées, préparer le milieu dans lequel l’agriculture trouvera les conditions les plus favorables de bien-être et de succès. C’est en se plaçant à ce point de vue que le législateur a successivement pourvu au desséchement des marais et des étangs, à la fixation des dunes sur les cours d’eau, à l’amélioration des animaux domestiques, au défrichement des terres incultes, à la pratique des irrigations et du drainage, à l’établissement du crédit foncier, à la création de l’enseignement professionnel de l’agriculture, à l’organisation des chambres consultatives d’agriculture, à la conservation des bois, à la confection et à l’entretien des chemins vicinaux, etc., sans parler des lois de douane, qui, par l’élévation ou l’abaissement des tarifs, réagissent d’une manière si puissante sur les industries qu’elles protègent d’intention sinon de fait. Nous ne pousserons pas plus loin cette énumération, qui suffit à faire comprendre l’importance des moyens d’influence qu’un pays donne à son Gouvernement pour agir sur les intérêts agricoles ; mais nous ajouterons que l’action gouvernementale demeurerait complétement stérile, si elle n’était puissamment secondée par l’activité particulière. Le temps n’est plus, fort heureusement, où l’on pouvait redouter les effets de cette inaction. Un mouvement très-prononcé entraîne nos agriculteurs dans la voie du progrès, et, en considérant les résultats déjà obtenus, il est permis d’augurer favorablement des promesses de l’avenir.

Eug. Marie.