Dictionnaire de l’Académie française/Tome 1

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NOUVEAU

DICTIONNAIRE

DE

L’ACADÉMIE FRANÇOISE

A-L

NOUVEAU

DICTIONNAIRE

DE

L’ACADÉMIE

FRANÇOISE

DEDIÉ AU ROY.

TOME PREMIER


A PARIS

Chez Jean-Baptiste Coignard, Imprimeur & Libraire ordinaire du Roy,
& de l’Académie Françoise, ruë saint Jacques, à la Bible d’or.
____________________
M. D. CC. XVII.
AVEC PRIVILEGE DE SA MAJESTÉ.

AU ROY,






S

IRE,




Vostre auguste Bisayeul LOUIS LE GRAND a bien voulu joindre le titre de Protecteur de l’Académie Françoise à ceux de Conquerant & de Pacificateur ; & par son exemple, qui engage les Rois ses successeurs à faire le mesme bonneur à nostre Compagnie, il a eternisé nostre gloire. Vous avez herité, SIRE, de sa Couronne, & ce qui est encore plus, de ses qualitez Royales, qui à travers les nuages de la premiiere jeunesse, se developpent tous les jours en Vous. Nous y voyons desja la majesté du Monarque temperée de douceur & d’affabilité ; nous y admirons, nous y aimons les premices de toutes les vertus. Ce souvenir si tendre, que vous conservez des services qu’on vous a rendus pendant vostre enfance, ne nous laisse pas douter que le zele & l’affection de vos Sujets ne trouvent tousjours dans vostre cœur leur plus precieuse recompense. Cette compassion si vive, que vous faites paroistre pour les malheureux, nous respond d’une vigilance attentive à prevenir les malheurs de vos peuples, ou à les reparer. Dans vos moindres actions, SIRE, on remarque dequoy fonder les plus grandes esperances : & nous goustons par avance le bonheur qu’elles nous presagent. Mais ce qui nous regarde plus particulierement, nous y entrevoyons le goust des beaux Arts & l’amour des Lettres.

Quelle satisfaction pour nous, SIRE, d’offrir aujourd’huy nostre Dictionnaire à un Protecteur, dont le glorieux avenir nous est desja present. Ce Dictionnaire a esté donné au Public sous les auspices de LOUIS LE GRAND ; mais nous pouvons dire que c’est un Ouvrage nouveau : il a pris une nouvelle forme, & il a acquis une plus grande perfection. Il fera sentir toutes les beautez de nostre Langue, en marquant la juste signification des mots qui la composent, & en rectifiant les fausses idées, que les hommes y attachent quelquefois. Ils se trompent, par exemple, sur la signification du mot de Gloire, quand ils en restraignent le sens à la reputation brillante qu’on acquiert par les armes. Ils doivent l’estendre à cet esclat que produit le concours de toutes les vertus ; & c’est une idée plus noble & plus juste. Un Prince n’a de veritable gloire qu’autant qu’à la valeur heroique, qui attire l’admiration des hommes, il sçait joindre la justice & la bonté, qui gagnent si seurement leur amour. Voilà, SIRE, la gloire que vous aimerez & que vous serez jaloux d’obtenir ; nous en avons pour garants vos heureuses inclinations, & les conseils de ces grands Hommes à qui vostre education a esté confiée.

Ils vous diront qu’un Roi est responsable à ses peuples de tous les moments de sa vie ; qu’il n’est leur Maistre que pour estre leur Pere ; qu’il ne doit faire la guerre pour les defendre ; & que dans le sein mesme de la victoire il ne doit aspirer qu’à leur procurer la paix : maximes sacrées, que les dernieres paroles du Roi vostre Bisayeul ont gravées pour jamais au fond de vostre cœur. Dans l’attention, qu’ils ont à tout ce qui peut augmenter la gloire de la France, ils ne vous laisseront pas oublier la protection particuliere que vous devez aux Lettres. Ce sont elles, SIRE, qui cultivent l’esprit, qui esclairent la raison, qui forment les mœurs, & c’est par leur secours que se perfectionnent les Arts & les Sciences. Comme les excellents Escrivains de l’antiquité nous ont transmis les actions memorables des Hommes illustres des siecles passez, de mesme ceux qui escriront sous vostre Regne transmettront à la posterité les grands exemples que vous luy devez. Nous nous flattons, SIRE, que penetré de ces importantes veritez, vous en ferez gouster les fruits à vos peuples ; & qu’aprés que le grand Prince qui pendant vostre minorité gouverne avec une capacité superieure, & avec une application continuelle, vous aura remis entre les mains un Royaume florissant, vous ne songerez qu’à le rendre encore plus heureux. Le bon ordre, que vous trouverez tout establi dans vos Estats facilitera les moyens de l’y entretenir. Aimé de vos peuples vous serez tousjours craint de vos ennemis ; ils sçavent qu’un Roi de France est le Monarque du monde le plus puissant quand il a le cœur de ses Sujets.

Nous sommes avec un tres profond respect & une fidelité inviolable,





SIRE,



DE VOSTRE MAJESTÉ




Les tres-humbles, tres-obeïssants, & tres-fidelles sujets
& serviteurs
Les Académiciens de l’Académie Françoise.


PREFACE.


E n’est pas avoir une idée parfaite d’un Dictionnaire, que de ne concevoir sous ce nom qu’un Recuëil de tous les mots d’une Langue avec leur simple explication.

Il est vray que chaque Langue a ses mots qui luy sont propres, & quelquefois mesme de certaines pensées tellement attachées à ces mots, qu’il est impossible de bien exprimer ces mesmes pensées dans une autre Langue, & c’est ce qui est cause qu’il y a si peu de bonnes Traductions.

Mais il est vray aussi qu’il n’y a presque aucun mot qui ne change de valeur & de signification, selon les differentes manieres dont il est employé : c’est pour cela qu’il est si difficile d’apprendre passablement une Langue qui nous est estrangere, & mesme de sçavoir parfaitement celle qui nous est naturelle.

Il ne suffit donc pas qu’un Dictionnaire contienne tous les mots d’une Langue & leur explication : il doit encore sur chaque mot en particulier en faire sentir tous les divers usages, déterminer s’il est du stile soustenu, ou du stile familier ; si on l’employe en escrivant, ou s’il n’est que de la conversation ; si les gens polis s’en servent, ou s’il n’est que dans la bouche du Peuple : enfin il doit suppléer autant qu’il est possible à tout ce qu’on ne pourroit acquerir qu’avec beaucoup de peine par la lecture d’un grand nombre de Livres, & par le séjour de plusieurs années dans le Pays dont on veut apprendre la Langue.

C’est ce que l’Académie Françoise a tousjours eu en veuë depuis qu’elle a commencé à travailler à son Dictionnaire, & c’est ce qui paroistra encore plus particulierement dans cette nouvelle Edition.

Les Estrangers qui aiment nostre Langue, & qui se font un honneur de la sçavoir, verront qu’on n’a rien négligé de tout ce qui peut diminuer la peine qu’ils avoient à l’apprendre, & ceux des François qui la sçavent le mieux, ne laisseront pas d’y trouver des Décisions utiles sur plusieurs difficultez qui les embarrassent quelquefois en parlant & en escrivant.

Il y a donc lieu d’esperer que cette nouvelle Edition ne sera pas receuë moins favorablement que celle qui fut publiée en 1694. mais ceux qui voudront les comparer, connoistront aisément combien celle-cy est differente de la premiere.

On en a changé toute la forme, on y a adjousté beaucoup de mots, on a retouché & esclairci presque toutes les Définitions, & l’on peut dire que ce que l’on donne aujourd’hui au Public, est plustost un Dictionnaire nouveau qu’une nouvelle Edition de l’ancien.

Ainsi il ne faut pas s’estonner que ce travail ait occupé durant tant d’années les séances de l’Académie ; & quoiqu’on ne puisse bien juger de tout le temps qu’il a deu couster, à moins que d’y avoir esté employé soy-mesme, les personnes raisonnables sentiront assez que rien ne convenoit moins à un Ouvrage de cette nature, que d’estre fait avec rapidité.

Si quelque chose peut contribuer à mettre un Dictionnaire dans toute la perfection dont il est susceptible, c’est d’y travailler avec cette lenteur tant recommandée par les Anciens ; lenteur qui n’esclud point la diligence, mais qui est absolument necessaire pour tout ce qui demande de l’exactitude & de la précision.

La premiere Edition avoit esté disposée par Racines, c’est-à-dire, en rangeant tous les mots derivez ou composez après les mots dont ils descendent ; mais cet ordre qui dans la speculation avoit esté jugé le plus instructif, s’est trouvé très incommode dans la pratique.

Il est aisé de se representer l’impatience d’un Lecteur, qui après avoir cherché un mot dont il a besoin, Absoudre par exemple, au commencement du premier Volume, où naturellement il doit estre, y trouve pour toute instruction qu’il faut aller à la fin du second Volume chercher le mot Soudre, dont il n’a pas besoin, mais qui est le primitif de celui qu’il cherche. Dans cette nouvelle Edition les mots ont esté rangez avec un très grand soin dans l’ordre de l’alphabet ; en sorte qu’il n’y en a point que l’on ne trouve d’abord, & sans aucune peine.

On a eu aussi une attention particuliere à expliquer, à déterminer, & à bien faire sentir la veritable signification de chaque mot par des Définitions exactes & par des Exemples : c’est-là peut-estre ce qu’il y a de plus important dans un Dictionnaire ; mais c’est aussi ce qu’il y a de plus difficile à bien executer.

En effet rien n’est plus penible que d’avoir à déterminer sur un mesme mot les idées diverses & souvent tout opposées, qu’il doit exciter en nous, suivant les differentes manieres dont il peut estre lié avec tous les autres mots de la mesme Langue.

Mais cette difficulté ne peut estre connuë, ni mesme sentie que par ceux qui se sont appliquez à la surmonter : on en jugera par cet exemple, Bon est un des mots les plus communs & les plus courts de nostre Langue ; il n’y a personne qui en l’entendant prononcer, ne s’imagine que c’est aussi le plus simple, & que l’on en penetre d’abord la signification dans toute son estenduë, sans qu’il soit besoin de le définir, ni mesme d’en donner des Exemples : mais si l’on consulte le Dictionnaire, on sera tout estonné de voir qu’il a soixante & quatorze significations toutes differentes : C’est un Eloge quand il est placé avec de certains mots, comme bon Homme, bon Mari, bon Peintre : c’est un terme de Dénigrement, quand il est joint avec d’autres, & quelquefois avec les mesmes, comme bon homme, bon idiot, bon badaut : c’en est un de mépris outré, & d’indignation très amere, lorsqu’on le joint avec d’autres, comme bon coquin, bon insolent, bon scelerat, & ainsi du reste : cependant il est certain qu’on ne peut pas se flater de sçavoir une Langue ni mesme de l’entendre passablement, si l’on n’est instruit de toutes ces differentes significations ; & il n’y a aucun Dictionnaire de Langues mortes ni de Langues vivantes, où ce détail si necessaire soit expliqué avec tant de soin & d’exactitude qu’il l’est dans celui-ci.

L’Académie n’a pas crû en devoir exclurre certains mots, à qui la bizarrerie de l’usage, et peut-estre celle de nos moeurs a donné cours depuis quelques années, comme par exemple ; falbala, fichu, battant-l’oeil, ratafia, sabler, et un grand nombre d’autres. Dès qu’un mot s’est une fois introduit dans nostre Langue, il a sa place acquise dans le Dictionnaire, et il seroit souvent plus aisé de se passer de la chose qu’il signifie, que du mot qu’on a inventé pour la signifier, quelque bizarre qu’il paroisse.

Il semble en effet qu’il y ait entre les mots d’une Langue, une espece d’égalité comme entre les Citoyens d’une Republique, ils joüissent des mesmes privileges, et sont gouvernez par les mesmes loix ; et comme le General d’Armée et le Magistrat ne sont pas plus Citoyens que le simple Soldat, ou le plus vil Artisan, nonnobstant la difference de leurs emplois ; de mesme les mots de Justice et de Valeur, ne sont pas plus des mots François ni plus François, quoiqu’ils representent les premieres de toutes les vertus, que ceux qui sont destinez à representer les choses les plus abjectes et les plus méprisables.

On a mis après chaque verbe le participe qui en est formé, et on s’est contenté de marquer qu’il a les significations de son verbe sans en donner d’exemple ; mais quand il a quelqu’autre usage ou un sens moins estendu, on a eu soin de le remarquer. Les Participes passifs ont les deux genres, et se déclinent comme les autres noms aimé, aimée. Il n’en est pas de mesme des Participes actifs qui n’ont point de genre et qui sont indéclinables : on appelle Participes actifs ceux qui se terminent en ant, comme changeant, donnant, faisant ; et parce que ces participes ont tousjours le mesme sens et le mesme regime que leurs Verbes, on a cru qu’il n’estoit pas nécessaire d’en faire mention. Ces mesmes Participes actifs tiennent aussi lieu de Gerondifs quand ils sont construits avec la Particule En, En donnant on se fait honneur. Ils font aussi la mesme fonction sans cette Particule, Il luy dit changeant de discours. Enfin ces Participes deviennent aussi adjectifs verbaux, et alors ils ont les deux genres, et se construisent selon le nombre et le genre du Substantif auquel ils sont joints. Il y a des esprits changeants, des couleurs changeantes, et quand ces sortes de mots se trouvent dans le Dictionnaire avec les deux genres, ils y sont mis non pas comme Participes actifs, mais comme Adjectifs verbaux ; ainsi le mot changeant n’est point dans le Dictionnaire comme Participe actif, mais comme Adjectif verbal, changeant, changeante ; et cela suffit pour faire entendre la nature de ces mots, et quelle a esté la conduite de l’Académie à cet esgard : on n’a pas jugé à propos de marquer le reduplicatif de chaque Verbe, quand il ne signifie que la mesme action reiterée, comme reparler, à l’esgard de parler ; mais quand le reduplicatif a un autre sens comme le verbe representer, à l’esgard de presenter, on lui a donné une place particuliere.

Par la mesme raison, dans certains mots composez de deux mots, on n’a marqué que ceux où les differents mots qui les composent changent de signification, comme garde-robe.

En general il y a plusieurs sortes de Verbes, le Verbe Actif, le Verbe Passif, le Verbe Neutre, et le Verbe Neutre Passif : à proprement parler il n’y a point de Verbe Passif dans nostre langue, mais pour s’accommoder au langage des anciens Grammairiens, on appelle Verbe Passif, le Verbe composé de l’auxiliaire estre, et du Participe Passif, aimer est l’Actif, et estre aimé est le Passif, ou tient lieu de Passif.

Le Verbe Neutre est celui qui n’a aucun regime, comme partir, dormir, veiller, tascher, exceller, marcher.

Et le Verbe Neutre Passif est celui qui se construit avec le Pronom personnel sans le regir, ou qui n’exerce son regime que sur le mesme Pronom qui le regit, comme se repentir, se souvenir, je me repens, je me souviens ; car on ne dit point, je repens moy, je souviens moy.

Il y a une autre nature de Verbes que le Dictionnaire de l’Académie a compris dans le nombre des Verbes Neutres Passifs, parcequ’ils se construisent de mesme avec le Pronom personnel, avec cette différence que le Pronom personnel est regi par le Verbe. Se promener, s’establir, s’appliquer, etc.

Dans ces Verbes le Pronom Se est un veritable Accusatif regi par le Verbe. L’Académie ne les a pourtant pas distinguez des veritables Neutres Passifs, parce qu’ils ont la mesme construction, et qu’on ne peut pas dire, Je promene moy, j’estably moy, j’applique moy.

Dans le Traité de la Grammaire, on examinera les raisons des Grammairiens modernes, qui veulent les distinguer, et qui prétendent donner des Verbes Neutres Passifs une idée differente de celle qu’en donne l’Académie.

Pour ce qui est des termes d’Art, l’Académie a cru ne devoir admettre dans son Dictionnaire que ceux qui sont extremement connus et d’un grand usage, à moins qu’ils ne soient amenez par le mesme mot de la langue, qui a dans la langue une signification differente ; par exemple, à la suite du mot travail, qui signifie labeur, peine, etc. on trouve travail, qui signifie, une machine qui sert aux Maréchaux pour contenir les chevaux difficiles à ferrer.

Quant à l’Orthographe, l’Académie dans cette nouvelle édition, comme dans la précedente, a suivi en beaucoup de mots l’ancienne maniere d’escrire, mais sans prendre aucun parti dans la dispute qui dure depuis si long-temps sur cette matiere.

Il est certain que l’ancienne maniere d’escrire estoit fondée en raison, mais l’usage, qui en matiere de langue est plus fort que la raison, introduit peu à peu une maniere d’escrire toute nouvelle, l’ancienne nous eschape tous les jours, et comme il ne faut point se presser de la rejetter, on ne doit pas non plus faire de trop grands efforts pour la retenir.

Elle a pourtant encore des partisans rigides qui soustiennent qu’elle est absolument nécessaire pour conserver l’analogie et l’étimologie.

Mais comme l’analogie et l’étimologie ne sont que des rapports qu’on a observez, et quelquefois mesme imaginez entre les mots d’une langue desja faite et ceux d’une autre, ils peuvent bien fournir matiere à quelques observations curieuses, et plus souvent encore à des disputes inutiles ; mais ils ne déterminent pas tousjours la veritable signification d’un mot, parce qu’elle ne despend que de l’usage. Rien n’est en effet plus commun que de voir des mots qui passent tout entiers d’une langue dans une autre, sans rien conserver de leur premiere signification : mais s’il n’est pas raisonnable de vouloir dans certains mots retenir les lettres que l’usage en a bannies, il l’est encore moins de vouloir en bannir par avance celles qu’il y tolere encore.

Tout ce que l’Académie a cru devoir faire au sujet des lettres, dont les unes se prononcent, les autres ne se prononcent pas, c’est que quand une lettre se prononce ordinairement dans les mots où elle se trouve, on a remarqué ceux où elle ne se prononce pas ; et au contraire, comme l’s ne se prononce pas dans le plus grand nombre des mots où elle est jointe avec un autre consonne, comme hospital ; on a marqué ceux où elle se prononce, comme hospitalité, et cela a paru plus convenable que d’entreprendre une reformation d’ortographe : car on auroit beau dire aux hommes qu’il leur sera plus commode de retrancher un grand nombre de lettres inutiles, et d’en substituer d’autres qui exprimeront plus exactement la prononciation, leurs yeux et leurs oreilles sont accoustumez à un certain arrangement de lettres, et à de certains sons attachez à cet arrangement. Il ne faut pas compter qu’une habitude de cette nature puisse se destruire par des raisonnemens ni par des methodes, et le peu de succès de toutes celles qu’on a proposées jusqu’à present ne doit pas donner envie d’en inventer de nouvelles.

Le plus seur est de s’en rapporter à l’usage, qui, à la vérité, ne connoist pas tousjours les methodes ni les regles ; mais qui n’est pas aussi tousjours si déraisonnable qu’on se l’imagine. Souvent l’ignorance et la corruption introduisent des manieres d’escrire ; mais souvent c’est la commodité qui les establit. L’usage n’est autre chose que le consentement tacite des hommes qui se trouvent determinez à une chose plustost qu’à une autre, par des causes souvent inconnuës, mais qui n’en sont pas moins réelles : ainsi quand les Romains ont cessé de prononcer fircus, pour dire un bouc, fœdus pour dire un chevreau, et qu’ils en ont fait hircus et hœdus ; comme de fazer et de fermosura, les Castillans ont fait hazer et hermosura, on ne peut pas douter qu’ils n’y aïent esté déterminez, quoique peut-estre sans s’en appercevoir, par la douceur et par la facilité de cette derniere prononciation. La mesme chose nous est arrivée, sans doute, à l’esgard de pourroient et de feroient, j’envoyerai, Laon, Paon, et de tant d’autres mots que nous avons cessé de prononcer comme les prononçoient nos peres, quoique nous les escrivions encore comme eux. Peut-estre ne seroit-il pas impossible de trouver aussi seurement la raison des changements qui arrivent tous les jours dans les Langues vivantes, soit par rapport à l’orthographe, ou à la maniere de prononcer ; soit mesme par rapport à la signification des mots ; mais ce seroit un travail inutile : et comme dit Quintilien, il y a des choses si frivoles dans certaines parties de la Grammaire, qu’un Grammairien sage doit se faire un merite de les ignorer.

EXPLlCATION DES ABBREVIATIONS
dont on se sert dans ce Dictionnaire.

s. m. substantif masculin.

s. f. substantif feminin.

adj. adjectif.

adj. de t. g. adjectif de tout genre.

adj. v. adjectif verbal.

v. act. verbe actif.

v. pass. verbe passif.

v. n. verbe neutre.

v. r. verbe reciproque.

part. pass. participe passif.

adv. adverbe.

prov. proverbialement.

fig. figurément.


 

DICTIONNAIRE


DE

L’ACADEMIE FRANÇOISE



A


Lettre voyelle, la premiere de l’Alphabet. En ce sens il est substantif, & dans la prononciation on le fait long. Un grand A. un petit a.

On dit communément. Apprendre l’A. B. C. pour dire, Apprendre à connoistre les lettres de l’Alphabet ; & Ne sçavoir ny A, ny B. pour dire, Ne sçavoir pas lire.

On dit aussi, Une panse d’A. pour dire, Le commencement de la formation de la lettre A, laquelle suivant l’escriture ordinaire s’escrit a. Et dans ce sens, quand on a donné quelque chose à copier à quelqu’un, & qu’il n’y a point encore travaillé, on dit prov. Qu’il n’en a pas fait une panse d’A. La mesme chose se dit fig. pour donner à entendre qu’un homme qui avoit entrepris de composer quelque ouvrage, n’y a point encore travaillé, ou pour signifier qu’un homme n’a nulle part à un ouvrage d’esprit qu’on luy attribuë. Il n’y a pas fait une panse d’A.


A. Préposition qui reçoit plusieurs significations différentes, selon les noms, les verbes, ou les adverbes ausquels elle se joint. Les principales se peuvent reduire à peu prés sous les Prépositions suivantes. Aprés. avec. dans. en. de. par. pour. selon. suivant. sur. vers.

A dans la signification d’aprés. A deux mois de là. à deux jours de là. aller pas à pas. arracher brin à brin. dire mot à mot. compter sou à sou. manger morceau à morceau.

A dans la signification d’avec. Travailler à l’aiguille. gagner à la pointe de l’espée. aller à voiles & à rames. bastir à chaux & à ciment. se battre à l’espée & au pistolet. marcher à petit bruit. un fuzil chargé à balle. un canon chargé à cartouche. faire brusler à petit feu. vivre à peu de frais. donner à toutes mains. à petit manger bien boire. fromage à la cresme. bouton à queüe. baston à deux bouts. cousteau à ressort. escuelle à oreille. clou à crochet. chandelier à branche. chapeau à grands bords, &c.

A dans la signification de dans. en. Vivre à Paris. demeurer à Rome. retourner à son logis. jetter à la riviere. se promener à la campagne. blessure à l’espaule, à la cuisse. Il luy en a parlé à divers temps, à diverses fois. Il y viendra à son rang.

A dans la signification de de. Un estuy à peignes. une boiste à mouches. la bouteille à l’encre. Un bouton à fruit.

A dans la signification de par. Obtenir à force de prieres. on juge à sa mine. on voit à l’air dont il s’y prend. il commença à dire. aller à courbettes.

A dans la signification de pour. Prendre à tesmoin. inviter quelqu’un à disner. une fille à marier. avoir quelque chose à bon marché. tenir à honneur. tenir à injure. on eut bien de la peine à luy faire entendre. une selle à tous chevaux. un conte à dormir debout.

A dans la signification de selon, suivant. Un habit à la mode. bastir à la maniere d’Italie. vivre à sa fantaisie. Cela n’est pas à son goust. à ce que je voy. à ce que vous dites. il faut donc à vostre compte.

A dans la signification de sur. Monter à cheval. mettre pied à terre. à peine de la vie. un oiseau qui se bat à la perche.

A dans la signification de vers. Il tire à la fin. venez à moy.

A entre deux noms de nombres, signifie environ. Ainsi on dit. Un homme de quarante à cinquante ans. une trouppe de sept à huit cens hommes, pour dire, Un homme d’environ quarante ou cinquante ans. une troupe d’environ sept ou huit cens hommes. Il y avoit sept à huit hommes.

A sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. disner à midy. on l’attend à toute heure, à tout moment. revenir à heure indeuë. à la fin du mois. à jour préfix. à l’arrivée du courrier. à perpetuité. à l’advenir. il y parviendra à la longue.

Il sert aussi à marquer le Lieu. Se tenir à l’entrée du bois. il loge à deux lieuës d’icy. à vingt lieües de là. estre à l’escart, à l’abri, à descouvert.

La Situation. A droit. à gauche. à costé. à pied. à cheval.

La Posture, le Geste. Estre à genoux. prier à jointes mains. recevoir à bras ouverts.

La Maniere de vivre, de s’habiller, de se mettre, de marcher, &c. Vivre à la Françoise. s’habiller à l’espagnole. un homme à soutane, à cheveux courts. marcher à petits pas. courir à toutes jambes. à toute bride. s’embarquer à la haste.

La Qualité d’une chose. De l’or à vingt-quatre carrats. du velours à trois poils. ouvrage à la Mosaïque.

La Quantité. Il en a à foison. à milliers.

Le Prix & la valeur d’une chose. Du vin à vingt souls, à trente souls la pinte. du drap à vingt francs l’aulne.

La Mesure ou le poids dont on se sert pour la debiter. Vendre du vin à la pinte. vendre du drap à l’aulne. à la canne. vendre de la viande à la livre.

A s’employe aussi pour designer La cause mouvante, Le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. arme à feu.

Le Motif avec lequel on agit. Il l’a dit à bonne intention. il ne l’a pas dit à mauvais dessein.

L’Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. moulin à bled. moulin à poudre. moulin à papier. mouchoir à moucher. bassin à laver les mains. bassin à barbe. pot à boire. bois à brusler. bois à bastir. à faire du merrein.

Ce qu’il est convenable de faire ; & Le bon ou le mauvais traitement qu’un homme merite. C’est un avis à suivre. c’est une partie à remettre. c’est une occasion à ne pas laisser eschapper. c’est un cheval à garder. c’est un homme à recompenser. il en est plus à craindre. il n’en est que plus à estimer. c’est un homme à noyer. c’est un homme à estrivieres. à nazardes.

Ce qui peut arriver d’une chose, à quoy elle peut estre utile, & de quoy une personne est capable. C’est une affaire à vous perdre. c’est un procés à ne jamais finir. c’est une entreprise à vous faire honneur. c’est un homme à réussir dans tout ce qu’il entreprendra. il est homme à se fascher, à vous joüer un mauvais tour.

A sert aussi à designer l’estat & la disposition d’une chose, d’une personne. Du vin prompt à boire. des fruits bons à garder. il est tousjours prest à tout faire. une chose aisée à faire. une question difficile à bien traiter. un cheval mal aisé à ferrer.

A joint avec un nom sert à former des adverbes ou des façons de parler adverbiales. A tort & à travers. parler à propos. mal à propos. crier à tüe teste. à pleine teste. tirer à brusle pourpoint. hayr à mort. estre blessé à mort. marcher à tastons. aller à reculons. travailler à bastons rompus. déchirer à belles dents. traiter à forfait. battre du fer à froid. mascher à vuide. mettre de l’argent à interest. donner à bon compte. vendre à l’encan. vivre à peu de frais.

A s’employe aussi en beaucoup d’autres Phrases, qui ne sont point rangées sous les significations précédentes, & dans la pluspart desquelles il se rapporte à l’ad. des Latins. Arriver à bord. se resoudre à tout. mettre à l’air. mettre à la voile. appliquer à la question. crier à l’aide. c’est un homme qui donne à tout. attacher à la muraille. atteller à la charrüe. coucher à la belle estoile. joüer à la paume. à petite prime. à quitte ou à double. valet à gages. pension à vie. ils se prosternerent à ses genoux. ils tomberent à ses pieds. se tourner à bien. se tourner à mal. se mettre à l’estude. s’en aller à vau l’eau. aller à l’armée, à Rome, à l’Eglise.

A joint avec un verbe à l’infinitif, s’explique quelquefois par le gerondif du mesme verbe. Ainsi : On diroit à le voir, à l’entendre. Se resout par, On diroit en l’entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler se peuvent resoudre de mesme.

Quelquefois aussi il s’explique par de quoy. Verser à boire. il n’a pas à manger.

Il se joint encore à l’infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s’emporta à luy dire. jusques à dire. il s’abbaissa à le prier. s’amuser à causer. trouver à redire. il est encore à venir. je suis icy à l’attendre. c’est à faire à luy à traitter ses amis. c’est à faire à estre refusé. c’est à vous à parler. c’est à luy à se taire. il establit trois principes, à sçavoir, &c. c’est à sçavoir s’il le voudra, il n’y a rien à gagner avec luy, &c. On verra les differents sens de ces Phrases, & de celles des articles précédents, aux mots dont elles sont composées.

A n’est quelquefois qu’une particule inutile qu’on peut supprimer, sans alterer la construction, & sans rien changer au sens de la Phrase. Voyons à qui l’aura.

A sert aussi à marquer le datif. Donner quelque chose à quelqu’un. cette maison appartient à un tel. il trouvera à qui parler. il ne sçait à qui s’adresser. boire à quelqu’un, à la santé de quelqu’un. obeïr à la loy. ceder à la force. rendre à un chacun ce qui luy est deu. s’appliquer à l’estude.

ABA

ABANDON. s. m. v. Estat où est une personne, ou une chose délaissée. Il n’est guere en usage qu’en cette maniere de parler adverbiale. A l’abandon. laisser à l’abandon. tout est à l’abandon.

ABANDONNEMENT. s. m. v. Délaissement entier. Quelquefois il se construit avec le genitif de la personne qui abandonne ; & c’est dans ce sens qu’on dit. C’est un grand abandonnement de Dieu, quand le pecheur vient à ne plus sentir de remors. il est à plaindre dans l’abandonnement où il est de tous ses parens & de tous ses amis. Quelquefois il se construit avec le genitif de la chose abandonnée, & dans ce sens on dit. Il a fait un abandonnement general de tous ses biens. l’abandonnement des richesses. l’abandonnement des plaisirs.

Lorsqu’abandonnement est mis sans regime, il signifie Déreglement excessif dans la conduite, dans les mœurs. Prostitution. Abandonnement infame. vivre dans l’abandonnement, dans le dernier abandonnement.

ABANDONNER. verbe actif. Delaisser entierement. Les gens de guerre l’ont contraint d’abandonner sa maison. il a abandonné le pays. abandonner sa femme & ses enfans. Dieu n’abandonne point les siens. vous m’avez abandonné au besoin. abandonner la poursuite d’une affaire. abandonner une cause.

On dit qu’Un pere a abandonné son fils ; qu’il l’a entierement abandonné, pour dire, Qu’il ne prend plus aucun soin de luy, qu’il ne s’en met plus en peine.

On dit, Abandonner une succession. abandonner ses prétentions, pour dire, Y renoncer entierement.

On dit que les Medecins ont abandonné un malade, pour dire, qu’ils ont cessé de le voir, ou qu’ils ne luy ordonnent plus rien, parce qu’ils desesperent de sa guerison.

Abandonner, signifie aussi. Laisser en proye. exposer à la mercy. Abandonner une ville au pillage, l’abandonner à la fureur des soldats. abandonner un vaisseau à l’orage, au vent. abandonner à la mercy, à la discretion, à la misericorde.

On dit, Abandonner un Ecclesiastique au bras seculier, pour dire, le renvoyer au Juge laïque, afin qu’il le punisse selon les loix. Et prov. & fig. en parlant de quelque chose à boire ou à manger, qu’on veut laisser à la discretion des Domestiques, aprés en avoir beu & mangé autant qu’on a voulu, on dit qu’Il faut l’abandonner au bras seculier.

On dit dans le langage de l’Escriture, que Dieu abandonne souvent les mechants à leur sens reprouvé, pour dire, qu’Il les laisse endurcir dans leur peché.

On dit aussi, Abandonner une chose, une personne à quelqu’un, pour dire, Luy permettre d’en faire ce qui luy plaira, luy en laisser l’entiere disposition. Abandonner tous ses biens à ses creanciers. vous vous plaignez de cet homme, je vous l’abandonne. On dit aussi, qu’Un pere a abandonné son fils, le soin de son fils à la conduite de quelqu’un, pour dire, qu’Il en a chargé quelqu’un sur qui il s’en repose.

Abandonner, avec le Pronom personnel, signifie. Se laisser aller à quelque chose sans aucune retenüe, sans aucune reserve. S’abandonner à la débauche. s’abandonner à ses passions. s’abandonner au vin. s’abandonner aux femmes. s’abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. s’abandonner à la joye.

On dit, S’abandonner à la Providence, pour dire, Se remettre entierement entre les mains de la Providence. Et s’abandonner à la Fortune, pour dire, Laisser aller les choses au hazard.

Et d’une femme qui se prostitüe, on dit que C’est une femme qui s’abandonne à tout le monde. En ce sens, il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d’une mere portent quelquefois une fille à s’abandonner.

Abandonné, ée, Participe. Il a les sign. de son verbe. Il est aussi subst. & alors il se dit d’un homme perdu de libertinage & de débauche, & d’une femme qui se prostitüe. C’est un abandonné, c’est une abandonnée. Il est plus en usage en parlant des femmes.

ABASTARDIR. v. a. Faire décheoir une chose de son estat naturel, la faire dégénérer, l’alterer. La longue servitude abastardit le courage.

S’abastardir. v. n. p. Les jeunes gens s’abastardissent dans l’oisiveté, dans les delices. ce plan de vigne s’est abastardi.

Abastardi, ie, part. Avoir le cœur abastardi. le courage abastardi.

ABASTARDISSEMENT. s. m. v. Alteration d’une chose, deschet, diminution. L’abastardissement du courage. ce vin là se sent bien de l’abastardissement de son plan.

ABB

ABBAISSEMENT. s. m. Diminution. L’abbaissement des eaux. l’abbaissement de la voix.

Il est plus en usage dans le figuré. Abbaissement de fortune. abbaissement de courage.

Quelquefois il signifie Humiliation. Se tenir dans l’abbaissement devant Dieu. un parfait Chrestien doit se plaire dans l’abbaissement. c’est un esprit altier, qu’il faut tenir dans l’abbaissement.

ABBAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abbaisser les voiles. abbaisser la lanterne.

Il signifie quelquefois. Diminuer de la hauteur. Abbaisser une muraille. abbaisser une table. On dit. Abbaisser la voix. abbaisser le ton de la voix. pour dire, Parler plus bas.

Il se prend aussi pour Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abbaisse les superbes. s’abbaisser devant quelqu’un. quand un Prince s’abbaisse jusqu’à vouloir bien se familiariser. s’abbaisser à des choses indignes.

Abbaissé, ée. part.

ABBATIAL, ALE. adj. Appartenant à l’Abbé ou à l’Abbesse. Logis Abbatial. maison Abbatiale. les droits Abbatiaux. fonctions Abbatiales. dignité Abbatiale. mense Abbatiale.

ABBAT-JOUR. s. m. Sorte de fenestre dont l’appuy est en tallus, afin que le jour qui vient d’en haut se communique plus facilement dans le lieu où elle est pratiquée. Les Marchands ont des abbat-jours dans leurs magazins pour faire paroistre leurs marchandises plus belles. ordinairement l’appuy des fenestres des Eglises est taillé en abbat-jour.

ABBATTEMENT. s. m. v. N’est guere en usage au propre.

Au figuré, il signifie Affoiblissement. abbaissement de forces ou de courage. Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand abbattement. cette mauvaise nouvelle l’a mis dans une estrange abbattement.

ABBATTEUR. s. m. v. Qui abbat. Ce Buscheron est un grand abbatteur de bois. il est fort adroit au jeu de quilles, c’est un abbatteur de bois.

ABBATTIS. s. m. v. Bastiments, ou Arbres abbattus. La rüe est toute embarassée par cet abbattis de maison. les Ennemis traverserent les chemins par de grands abbattis d’arbres.

On dit aussi. Faire un abbattis. un grand abbattis de gibier, pour dire, En tuer beaucoup.

ABBATTRE. v. a. Mettre à bas, renverser par terre, faire tomber. Abbattre des maisons, des murailles. abbattre des arbres. abbattre par le pied. les grands vents abbattirent bien des chesnes dans la forest, Ils ont abbattu nos fruits. il a abbattu son bois de haute fustaye. abbattre un fossé. il le prit rudement au collet & l’abbattit sous luy. on luy a abbattu la teste de dessus les espaules. il luy abbattit le bras d’un coup de sabre. ce chasseur est adroit, il abbat bien du gibier. ce cheval est fougueux, on est contraint de l’abbattre pour le ferrer. ces moissonneurs abbattent tant d’arpens de bled en un jour. abbattre des quilles.

Abbattre, signifie fig. Affoiblir, diminuer, abbaisser, faire perdre les forces, le courage. Une fiévre continüe abbat bien un homme. cette maladie a bien abbattu ses forces. cette perte luy a abbattu le courage, abbattu sa fierté. ces deux maisons sont ennemies, elles font leurs efforts pour s’abbattre l’une l’autre.

On dit au jeu de Tric-trac. Abbattre du bois, pour dire, Abbattre des dames pour caser. On le dit aussi au jeu de quille, pour dire, Abbattre bien des quilles.

On dit aussi fig. Abbattre bien du bois, pour dire, Expedier beaucoup d’affaires en peu de temps ; & on dit prov. que petite pluye abbat grand vent, pour dire, qu’une petite pluye fait cesser un grand vent.

S’abbattre. v. n. p. On dit qu’Un cheval s’abbat, pour dire, Que les pieds luy manquent & qu’il tombe tout d’un coup. En galoppant, son cheval s’est abbattu sous luy. le terrain est glissant, si vous poussés vostre cheval, il s’abbattra. On dit aussi que le vent s’abbat, qu’il est abbattu, pour dire, qu’il s’appaise, qu’il est appaisé.

Abbattu, ue. part. Il a les sign. de son verbe.

ABBAYE. s. f. (On prononce Abbéye) Monastere d’hommes qui a pour Superieur un Abbé, ou de Filles qui a pour Superieure une Abbesse. Abbaye Royale, ou de fondation Royale. Abbaye en regle. Abbaye en commende. Le Roy luy a donné une Abbaye. Abbaye de l’Ordre de S. Benoist, de l’Ordre de Cisteaux, de l’Ordre de Prémonstré, &c. ou Abbaye de S. Benoist, de Cisteaux, de Prémonstré, &c.

Il se prend quelquefois pour les seuls bastimens du Monastere. Une Abbaye bien bastie. une Abbaye qui tombe en ruine.

On dit prov. & fig. Pour un Moine l’Abbaye ne faut pas, pour dire, Que quand plusieurs personnes ont fait quelque partie ensemble, & que quelqu’un d’entre eux manque à s’y trouver, on ne laisse pas de faire ce qui avoit esté resolu.

ABBÉ. s. m. Prelat qui est Superieur d’un Monastere d’hommes. Abbé de l’Ordre de S. Benoist. Abbé regulier. Abbé crossé & mitré. eslire un Abbé. benir un Abbé.

On appelle, Abbé Commendataire, Un Ecclesiastique qui a des Bulles pour gouverner le temporel d’une Abbaye, & qui n’a point de Jurisdiction spirituelle sur les Religieux.

On dit fig. & prov. que Pour un Moine, on ne laisse pas de faire un Abbé, pour dire, Qu’encore qu’un homme manque à une assemblée, à une partie de divertissement où il devroit estre, on ne laisse pas de deliberer sans luy, ou de faire ce qu’on avoit resolu.

Quand quelqu’un n’est pas encore venu pour manger, & que neantmoins on se met tousjours à table ; on dit prov. & fig. qu’On l’attend comme les Moines font l’Abbé.

On dit prov. & fig. Le Moine respond comme l’Abbé chante, pour dire, Que ordinairement les inferieurs se conforment aux Superieurs.


On dit aussi, Joüer à l’Abbé, pour dire, Joüer à une sorte de jeu où l’on est obligé de faire tout ce que fait celuy qu’on a pris pour estre le conducteur du jeu, & auquel on donne alors le nom d’Abbé.

On appelle par raillerie, Abbez de sainte Esperance, ceux qui prennent la qualité d’Abbé, sans en avoir le titre.

ABBESSE. s. f. Superieure d’un Monastere de Filles, qui a droit de porter la crosse. Abbesse triennale. Abbesse perpetuelle. nommer, eslire, benir une Abbesse.

ABBOY. s. m. Bruit que fait le chien en abboyant. L’abboy de ce chien est fort importun.

Abbois au pluriel, se dit proprement de l’extremité où le cerf est reduit quand il est sur ses fins. Le cerf est aux abbois. tient les abbois.

On dit fig. d’une personne qui se meurt, qu’Elle est aux abbois. On le dit aussi d’une place qui ne peut plus se deffendre.

ABBOYANT, ANTE. adj. verb. Qui abboye. Des chiens abboyants.

ABBOYEMENT. s. m. v. Abboy, cri du chien. L’abboyement d’un chien. de longs abboyements.

ABBOYER. verbe neutre. Japper. Il ne se dit au propre que du chien. Un chien qui abboye à la Lune. un chien qui abboye aux voleurs. un chien qui abboye contre tous les passants. un chien qui abboye aprés tout le monde.

On dit prov. & fig. Tous les chiens qui abboyent, ne mordent pas, pour dire, Que tous ceux qui menacent ne font pas tousjours du mal.

Abboye se dit fig. & sign. Crier aprés quelqu’un, le presser, le poursuivre importunément. Tous ses creanciers abboyent aprés luy.

On dit aussi fig. Abboyer aprés quelque chose, pour dire, La desirer, la poursuivre ardemment. Ils sont trois ou quatre qui abboyent aprés cette charge. abboyer aprés une succession.

Et on dit prov. & fig. d’un homme qui crie inutilement contre un plus puissant que luy, que c’est abboyer à la Lune.

Abboyé, ée. part. Il n’est guere en usage qu’au figuré. Un debiteur abboyé de tous ses creanciers.

ABBOYEUR. s. m. v. Qui abboye. Ce chien est un grand abboyeur. avoir un bon abboyeur pour le sanglier, pour le loup.

Il se dit fig. des hommes qui crient, qui pressent avec importunité. Voilà bien des abboyeurs.

ABBREGÉ. s. m. v. Raccourcy, Escrit, Discours dans lequel on reduit en petit ce qui est ou ce qui pourroit estre ailleurs plus ample & plus estendu. Il reduit toute la Theologie, tout le Droit Canon en abbregé. il en a fait un abbregé. mettre par abbregé, en abbregé. l’abbregé de l’Histoire Romaine. On dit en loüant de certaines choses. C’est un abbregé de merveilles. l’homme est un abbregé des merveilles de l’Univers.

ABBREGER. v. a. Rendre plus court, retrancher. Ses desbausches luy abbregerent la vie. cela luy a abbregé ses jours. la methode qu’il a pour enseigner le Latin, abbrege de beaucoup le temps des estudes. abbreger une narration. abbregez vostre discours.

On s’en sert aussi quelquefois absolument. Vous estes trop long, abbregez. il faut abbreger.

ABBREVIATEUR. s. m. v. d’Abbrevier qui n’est point en usage. L’abbreviateur de S. Thomas, de Baronius.

ABBREVIATION. s. f. v. Retranchement de quelques lettres dans un mot pour escrire plus viste, ou en moins d’espace ; par exemple, lors qu’au lieu de Monsieur, de Chastelet, & de vostre, on escrit, Mr. Chlet. vre. Ce sont des abbreviations que l’on fait.

ABBREUVER. v. a. Faire boire. En ce sens, il ne se dit qu’en parlant des chevaux & des bestiaux. Abbreuver un cheval.

Abbreuver, se dit aussi de l’effet de la pluye sur la terre, lorsqu’elle la penetre. La pluye a bien abbreuvé les terres. Et on dit que La terre est bien abbreuvée, quand il a bien pleu. Et figur. en parlant d’une nouvelle qui est desja respanduë par tout, on dit que Tout le monde en est abbreuvé. Et cela se dit principalement quand on parle à quelqu’un qui n’en sçait encore rien, ou qui en fait mystere.

Abbreuvé, ée. part.

ABBREUVOIR. s. m. Lieu destiné à faire boire les chevaux. Un grand abbreuvoir. un bel abbreuvoir. mener les chevaux à l’abbreuvoir. les chevaux sont allez à l’abbreuvoir.

Prov. & bass. On appelle Abbreuvoir à mouches, une grande playe à la teste ou au visage. Il luy a fait un abbreuvoir à mouches avec son sabre.

ABC

ABC. On prononce (Abécé.) s. m. L’Alphabet de la Langue Françoise. Il en est encore à l’A b c. apprendre l’A b c.

Il signifie aussi un petit Livret contenant l’Alphabet & la combinaison des lettres pour apprendre à lire aux enfans. Acheter un A b c pour un enfant.

Il signifie fig. Le commencement d’un Art, d’une science, d’une affaire. Ce n’est-là que l’A b c des Mathematiques.

On dit prov. & fig. Renvoyer quelqu’un à l’A b c, pour dire, Le traiter d’ignorant. Remettre quelqu’un à l’A b c, pour dire, L’obliger à recommencer tout de nouveau.

ABÉCÉDAIRE. Adject. de tout genre. Il se dit de celuy qui apprend l’A b c. & non pas de celuy qui l’enseigne. Et il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. Il n’y a rien de si ridicule qu’un vieillard Abécédaire.

ABD

ABDICATION. s. f. v. Action par laquelle on renonce à une dignité souveraine dont on joüit. Il se dit esgalement & de celuy qui abdique & de la chose abdiquée. L’abdication de Diocletien. l’abdication de Charles-Quint. l’abdication de l’Empire.

ABDIQUER. v. a. Abandonner la possession d’un Estat, d’une dignité souveraine, & y renoncer entierement. Abdiquer la Royauté. abdiquer la Couronne. abdiquer l’Empire.

Il se dit aussi en parlant des Magistratures des Romains. Abdiquer la Dictature. abdiquer le Consulat.

Il se met aussi absolument. Ce Prince a abdiqué. on l’a forcé d’abdiquer.

Abdiqué, ée. part.


ABE

ABEILLE. s. f. Mouche à miel. Abeilles dorées. essain d’abeilles. une ruche d’abeilles les abeilles volent sur les fleurs. l’aiguillon des abeilles. on dit que le Roy des abeilles n’a point d’aiguillon.

ABESTIR. v. n. Devenir beste. Il ne fait tous les jours qu’abestir. Il est aussi n. p. il s’abestit.

Il est aussi actif. Faire devenir beste. rendre beste. Le vin l’a tout abesti.

Abesti, ie. part. Devenu beste. rendu beste.

ABH

AB HOC ET AB HAC. Mots empruntez du Latin. On s’en sert en stile familier, pour dire, Confusément, sans ordre, sans raison… Il ne sçait ce qu’il dit, il en parle. il en discourt Ab hoc & ab hac.

ABHORRER. v. a. Avoir en horreur, en aversion. Les Saints abhorrent les meschants. abhorrer les impies.

ABI

ABJECT, ecte. Adject. Mesprisable, bas, vil, dont on ne fait nulle estime. Un homme vil & abject. un esprit abject. une creature abjecte. une physionomie abjecte. une mine abjecte. des emplois, des usages vils & abjects.

ABJECTION. s. f. Abbaissement. estat de mespris où est une personne. Il est tombé dans une telle abjection, que, &c.

Il signifie aussi Rebut, en cette phrase de l’Escriture-Sainte. L’opprobre des hommes & l’abjection du peuple.

ABJURATION. s. f. v. Action par laquelle on renonce à une mauvaise Religion, ou à une fausse Doctrine. Abjuration publique, solemnelle. il fit son abjuration entre les mains de l’Evesque. abjuration de l’heresie. recevoir l’abjuration de quelqu’un.

ABJURER. v. a. Renoncer à une mauvaise Religion, ou à une fausse Doctrine par serment & acte public. Abjurer son erreur. abjurer l’heresie. abjurer le Judaïsme. il a abjuré la fausse Religion.

On le met quelquefois absolument. Il a abjuré dans l’Eglise Nostre-Dame. depuis qu’il eut abjuré entre les mains d’un tel Evesque.

Abjuré, ée. part. Il a les significations de son verbe.

ABL

ABLATIF. s. m. Le sixieme cas des mots qui se declinent. Ablatif singulier. ablatif pluriel. ce verbe regit l’ablatif.

On dit prov. Ablativo tout en un tas, pour dire, Tout ensemble, avec confusion & desordre. Il a mis cela ablativo tout en un tas. Il est bas.

ABLUTION. s. f. Action par laquelle on lave, on nettoye quelque chose. Il ne se dit que pour signifier ce que l’on verse d’eau & de vin dans le Calice & sur les doigts du Prestre aprés qu’il a communié. Avant l’ablution. aprés l’ablution. quand le Prestre prend l’ablution.

ABN

ABNEGATION. s. f. v. Terme de devotion qui n’est guere en usage qu’en cette phrase. L’abnegation de soy-mesme, pour dire, Le renoncement à soy-mesme, & le destachement de tout ce qui ne regarde point Dieu.

ABO

ABOLIR. v. a. Annuler. mettre hors d’usage. mettre à neant. Il n’appartient qu’à ceux qui font les Loix de les abolir. les nouvelles coustumes ont aboli les anciennes. Le Roy a aboli les duels.

Abolir un crime, Se dit lors que le Prince par des Lettres qu’il donne, remet d’authorité absoluë la peine d’un crime qui n’est pas remissible par les Ordonnances.

S’abolir. v. n. p. Cette coustume s’est abolie d’elle-mesme. c’estoit une ancienne pratique qui s’est abolie. on dit que tout crime s’abolit par vingt ans, pour dire, Que le droit d’en poursuivre la punition cesse aprés vingt ans.

Aboli, ie. part. Loy abolie. crime aboli.

ABOLISSEMENT. s. m. v. Aneantissement. Il n’a d’usage qu’en parlant de loix & de coustumes L’Abolissement des ceremonies de la Loy, &c.

ABOLITION. s. f. v. Anéantissement. extinction. Il se dit principalement en parlant des Loix & des coustumes. L’abolition des ceremonies de la Loy. abolition d’une Loy. abolition d’un culte superstitieux. l’entiere abolition de l’Ordre des Templiers.

Abolition signifie aussi, Le pardon que le Prince accorde d’autorité absoluë, pour un crime qui n’est pas remissible par les Ordonnances. Lettres d’abolition. abolition generale. prendre, obtenir une abolition. il a eu son abolition. le Parlement a enteriné son abolition. On appelle en termes de pratique, Porteur d’abolition, Celuy qui a obtenu une abolition.

ABOMINABLE. Adject. de tout genre. Execrable. détestable. qui est en horreur. Crime abominable. un homme abominable.

Il se dit par exageration de tout ce qui est tres-mauvais en son genre. Cette Comedie, cette musique est abominable. cela a un goust abominable. une odeur abominable.

ABOMINABLEMENT. adverbe. D’une maniere abominable. Cela est pensé, cela est dit meschamment, abominablement.

On le dit aussi tres-souvent par pure exageration. Il chante, il escrit abominablement.

ABOMINATION. s. f. Détestation. execration. Avoir en abomination. il est en abomination à tous les gens de bien. c’est l’abomination de tout le monde.

Il signifie aussi, Action abominable. Ce crime est une des grandes abominations qu’on se puisse imaginer. commettre des abominations. On dit les Abominations des Gentils. pour dire le culte idolatre des Gentils.

ABONDAMMENT. adv. En abondance. Il ne doit point souhaitter davantage de biens, il en a abondamment.

ABONDANCE. s. f. v. Affluence. grande quantité. Abondance de tout. abondance de biens. Pays d’abondance. en grande abondance. avec abon-


dance. estre dans l’abondance. avoir abondance de toutes choses.

On dit prov. De l’abondance du coeur la bouche parle, pour dire, Qu’on s’empesche difficilement de parler des choses dont le coeur est plein.

On appelle Corne d’abondance une corne remplie de fruits & de fleurs, qui se prend ordinairement pour le symbole de l’Abondance. Quelques-uns disent que c’est la corne qu’Hercule arracha à Archeloüs changé en Taureau, & que les Nymphes emplirent ensuite de fruits & de fleurs. Quelques autres disent que c’est la corne de la Chevre Amalthée qui avoit nourri Jupiter.

ABONDANT, ANTE. adject. v. Qui abonde. Pays abondant en toutes sortes de biens. maison abondante en richesses. il est abondant en paroles, en comparaisons. On dit, Recolte abondante, pour dire, grande recolte.

d’ABONDANT. adverbe. De plus. outre cela. Je vous ay dit telle & telle raison, j’adjousteray d’abondant. Il vieillit & n’est guere en usage que dans la Pratique.

ABONDER. v. n. Avoir en grande quantité. Abonder en richesses. abonder en toutes choses. cette maison abonde en biens. cette Province abonde en bleds, en vins, en soldats, en gens d’esprit.

Il signifie aussi, Estre en grande quantité. Le bien abonde en cette maison. toutes choses y abondent.

On dit en Jurisprudence que ce qui abonde, ne vicie pas. Pour dire qu’une raison ou un droit de plus ne peut nuire dans une affaire.

On dit fig. Abonder en son sens. pour dire, Estre fort attaché à son opinion.

ABONNEMENT. s. m. v. Cette sorte de composition ou de marché qu’on fait en composant avec quelqu’un à un certain prix. Faire un abonnement. faire un abonnement avantageux.

ABONNER. v. n. p. Composer à un prix certain d’une chose casuelle, & dont le prix n’est pas fixe. S’abonner avec un Curé pour les dixmes. un Cabaretier qui s’est abonné avec les Fermiers des Aides.

Abonné, ée. part. C’est aussi un terme de fief, qui signifie Evalué, ainsi on dit. Un cheval de service abonné à tant, pour dire, Evalué à tant.

ABONNIR. v. a. Rendre bon. rendre meilleur. Les caves fraisches abonnissent le vin.

Il est aussi neutre. Et signifie, Devenir meilleur. C’est un vieux pescheur, il n’abonnit point en vieillissant.

Il est aussi neutre passif. Ce vin-là s’abonnira avec le temps. des huiles s’abonnissent dans la cave.

ABORD. s. m. Accés. Il se dit proprement des Ports où les Vaisseaux peuvent prendre terre. Ce Port est de facile abord, est de difficile abord.

Il signifie encore, Une affluence ou de personnes ou d’autres choses, qui arrivent, & que l’on apporte en quelque lieu. Il y a un si grand abord de monde en cette maison, en cette ville. il y a un abord de toutes sortes de marchandises & de denrées.

Il se dit aussi fig. en parlant des personnes, comme l’Abord de cette personne est fort difficile. cette personne a l’abord facile, gracieux. cet homme a l’abord rude, fascheux. craindre l’abord de quelqu’un. abord doux, engageant. leur abord a esté fort froid. je luy ay dit cela dés l’abord, c’est-à-dire en l’abordant, avant toutes choses. Il me parut froid à l’abord, mais dans la suite je le trouvay tres-honneste.

On dit aussi dans le mesme sens. Il me parut tel du premier abord, de prime abord.

D’abord. adv. Dés le premier instant, au commencement. D’abord il semble que cela soit vray. d’abord j’ay esté trompé.

Tout D’abord, Se dit au mesme sens, & cela rend l’expression un peu plus forte.

ABORDAGE. s. m. L’action d’aborder un vaisseau. Aller à l’abordage, il se dit ordinairement dans les occasions d’un combat de Mer.

Il se dit aussi du heurt de deux vaisseaux qui viennent à tomber l’un sur l’autre. Dans les tempestes il n’y a rien de plus à craindre que l’abordage. les vaisseaux portent des feux la nuit pour éviter les abordages.

ABORDER. v. n. Aller à bord. prendre terre. Le vent estoit si fort, que nous ne pusmes aborder. aborder à la coste. aborder au rivage. nous avons abordé. aborder dans une Isle. nous sommes abordez.

Aborder. v. a. Approcher. joindre. Aborder une coste. aborder un vaisseau.

Il signifie fig. Accoster, approcher de quelqu’un pour luy parler. Aborder quelqu’un. la foule estoit si grande auprés de ce Ministre, que je n’ay pû l’aborder.

ABORTIF, IVE. adject. Avorté, qui est venu avant terme, ou qui n’a point acquis la perfection, la maturité. Fruit abortif.

ABOUCHEMENT. s. m. v. Entreveuë, & conference de deux ou de plusieurs personnes. On avoit mesnagé un abouchement entre eux. l’abouchement de ces deux Princes n’eut pas le succés qu’on en attendoit.

ABOUCHER. v. a. Faire trouver deux ou plusieurs personnes dans un lieu pour conferer ensemble. Il faut les aboucher ensemble.

Il s’employe aussi au n. p. S’aboucher avec quelqu’un. nous devons nous aboucher au premier jour. ils se sont abouchez.

Abouché, ée. part.

ABOUTIR. v. n. Toucher par un bout. Un arpent de terre qui aboutit au grand chemin. de l’autre au champ d’un tel. ce champ aboutit dans un marest.

Aboutir, Se dit fig. en parlant d’une affaire, d’un raisonnement, d’une entreprise. Ainsi on dit, Tous ses desseins aboutissent à cela, pour dire, Tous ses desseins tendent uniquement à cela. A quoy aboutissent tous les raisonnemens que vous faites ? pour dire, Quel dessein avez-vous en cela ? Cela ne peut aboutir à rien, pour dire, Cela ne peut avoir aucun succés. Cela n’aboutira qu’à sa perte, pour dire, Cela ne se terminera qu’à sa ruine.

Aboutir, Se dit aussi, Des apostumes & des abscés, lorsqu’on les perce, ou qu’ils viennent à crever, & que le pus en sort. Faire aboutir une apostume, un abscés. un clou qui aboutit.

Abouti, ie. part. Dés que l’abscés fust abouti, eust abouti. à quoy tous ces desseins ont-ils abouti, sont-ils aboutis.

ABOUTISSANT, ANTE. adject. v. Un arpent aboutissant à la Forest. une piece de terre aboutissante d’un costé à,

Il s’employe au pluriel comme substantif. Ainsi on dit, Les tenants & aboutissants d’une piece de terre, d’une maison, &c. Pour dire, Les costez & les bouts par où elle tient & aboutit à d’autres terres & à d’autres maisons.


On dit fig. qu’Un homme sçait tous les tenants & les aboutissants d’une affaire, pour dire, qu’Il en sçait toutes les circonstances & les dépendances.

ABOUTISSEMENT. s. m. Il ne se dit guére que d’un abscés qui vient à aboutir. L’aboutissement d’un abscés.

ABR

ABRI. s. m. Lieu où l’on se peut mettre à couvert du vent, de la pluye, de l’ardeur du Soleil, & de toutes les autres incommoditez du temps. Un bon abri. chercher un abri, de l’abri. il y a un bon abri dans cette plage-là pour les vaisseaux. c’est un lieu extremement descouvert où il n’y a point d’abri.

On dit D’une plage où les vaisseaux sont en seureté contre le vent, contre la tempeste, que, C’est un bon abri.

Abri, Se dit aussi fig. De quelque lieu que ce soit où l’on est en seureté, & generalement de tout ce qui nous met hors de danger. Il a trouvé un bon abri auprés d’un tel Prince. la solitude est un abri contre l’embarras du monde. la pauvreté volontaire est un abri contre les inquietudes des richesses.

A l’abri, Façon de parler adv. A couvert. Se mettre à l’abri de la pluye, du vent, du mauvais temps, de la tempeste. estre à l’abri derriere une muraille, derriere une haye. On dit fig. Se mettre à l’abri de la persecution, de la vexation : Et dans tous ces exemples la particule de a la force & la signification de contre.

A l’abri, Se dit aussi de ce qui sert à mettre à couvert. Ainsi on dit, estre à l’abri d’un bois. à l’abri d’une muraille. Et fig. estre à l’abri de la faveur. Et alors la particule de a la signification de par le moyen de.

ABRICOT. s. m. Sorte de fruit à noyau dont le goust tient de la pesche & de la prune, & dont la chair & la peau tirent sur le jaune. Abricots en espalier. abricots en plein vent. composte d’abricots. abricots confits. paste d’abricots. marmelade d’abricots.

ABRICOTIER. s. m. Arbre qui porte les abricots. Abricotier en espalier. abricotier en plein vent.

ABROGATION. s. f. v. Action par laquelle une chose est annullée. Suppression. Cessation par non usage. Il ne se dit guere qu’en parlant d’une loy, d’une coustume. L’abrogation d’une loy.

ABROGER. v. a. Abolir. rendre nul. mettre hors d’usage. Il ne se dit guere qu’en parlant de loix, de constitutions, de ceremonies, & autres choses semblables. Abroger une loy, une ordonnance, une coustume.

Il est aussi n. p. Cette loy s’est abrogée d’elle-mesme.

Abrogé, ée. part.

ABRUTIR. v. a. Rendre comme une beste brute. Le vin pris avec excés, abrutit les hommes, abrutit l’esprit.

On s’en sert aussi au neutre passif. Et il signifie, Devenir comme une beste brute. Cet homme s’abrutit.

Abruti, ie. part.

ABRUTISSEMENT. s. m. v. L’estat d’un homme abruti. Cet homme est tombé dans un grand abrutissement.

ABS

ABSCÉS. s. m. Apostume. amas d’humeurs corrompuës qui se fixent en quelque partie du corps, & qui y forment une tumeur. Abscés dangereux. abscés dans le poulmon. abscés dans le foye. vuider un abscés. l’abscés a crevé. il y a danger qu’il ne se forme un abscés.

ABSENCE. s. f. Eloignement d’une personne qui n’est point dans le lieu de sa residence ordinaire. Longue absence. courte absence. en mon absence.

Il se dit aussi du Deffaut de presence d’une personne qui manque à se trouver à une assignation donnée, à se rendre à un lieu, à une assemblée où elle devroit estre. Il fut ordonné qu’on procederoit tant en presence qu’en absence. on vous a attendu quelque temps, mais on n’a pas laissé de se divertir en vostre absence.

On appelle fig. Absence d’esprit, La distraction, le manque d’attention. C’est une absence d’esprit qui n’est pas excusable. il est sujet à des absences d’esprit.

ABSENT, ENTE. adject. Qui est esloigné de sa demeure ordinaire. Vous avez esté long-temps absent. estre absent de Paris. estre absent de la Cour. un Religieux absent de son Convent. un Chanoine qui touche ses distributions tant absent que present.

Il est quelquefois subst. Tant les absents que les presents. on oublie aisément les absents. les absents ont tousjours tort.

S’ABSENTER. v. n. p. S’esloigner de quelque lieu. Je m’absenteray durant trois mois. s’absenter d’un lieu, d’un pays. on le cherche pour le prendre, il faut qu’il s’absente. il s’est absenté, &c. Avec le pronom personnel il marque ordinairement quelque fascheuse cause de s’éloigner.

ABSOLU, UE. adjectif. Indépendant. souverain. Pouvoir absolu. authorité absoluë. un commandement absolu.

On dit, qu’Un homme est absolu dans sa compagnie, pour dire, qu’Il y fait tout ce qu’il veut, que personne ne luy resiste. Qu’Un homme est absolu dans tout ce qu’il veut, pour dire, qu’Il veut fortement qu’on execute tout ce qu’il ordonne. Et, Parler d’un ton absolu, pour dire, Parler d’un ton imperieux. Il dit cela d’un ton absolu.

On dit dans le Dogmatique, Absolu, par opposition à Relatif. Homme est un terme absolu, Pere est un terme relatif. Et on dit en termes de Grammaire Latine, Ablatif absolu, pour dire, un Ablatif qui n’est regi d’aucune partie d’oraison.

On appelle, Jeudy absolu, le Jeudy Saint qui est le jour où l’on fait l’Absoute.

ABSOLUMENT. adv. Avec authorité absoluë. Il commande absolument dans la ville.

On dit, Vouloir absolument, pour dire, Vouloir déterminément, malgré toute opposition, & toute remontrance. On eut beau luy dire, qu’il ne devoit pas partir, il le voulut absolument. je n’en feray absolument rien.

Absolument, Signifie aussi, Tout-à-fait, entierement. Tout le monde absolument fut de cet avis. cet ouvrage est absolument achevé. il le nia absolument.

On dit, qu’Absolument parlant une chose est bonne, pour dire, qu’à en juger en gros, & par ce qu’il y a de principal elle est bonne. Et on dit dans un sens contraire, qu’Une chose est mauvaise absolument parlant. il y a quelques deffauts dans


cet ouvrage, mais absolument parlant il est bon.

On dit, qu’Un verbe se prend, se met absolument, pour dire, qu’On ne luy donne point de regime. Ainsi dans cette phrase, Il faut tousjours prier, le verbe prier, est mis absolument. Quand on dit, Prier Dieu, prier, n’est point mis absolument.

ABSOLUTION. s. f. v. Jugement juridique, par lequel un homme est declaré innocent du crime dont il estoit accusé. Les Juges balancerent entre l’absolution & la condamnation.

Il signifie aussi, L’action par laquelle le Prestre remet les pechez en vertu des paroles Sacramentelles qu’il prononce. Donner l’absolution. refuser l’absolution. differer l’absolution. absolution Sacramentelle. il est mort un moment aprés avoir receu l’absolution.

ABSORBER. v. a. Engloutir. Les sables, les terres séches & legeres absorbent les eaux de la pluye en un moment. L’esponge absorbe l’eau. le Rhin à la fin de son cours se perd dans les sables qui l’absorbent. le Rhosne tombe dans un gouffre qui l’absorbe.

Absorber, Se dit aussi, En parlant des couleurs, des sons, des odeurs, des saveurs. Le noir absorbe toutes les autres couleurs. une voix foible & delicate est absorbée dans un grand choeur de musique. l’odeur de la tubereuse absorbe l’odeur de la pluspart des fleurs. le goust de l’ail absorbe le goust de toutes les autres choses.

On dit en Chymie, que, Les alcalis absorbent les acides, pour dire, qu’Ils en émoussent la pointe, qu’ils en arrestent, qu’ils en suppriment l’activité.

Absorber, Sign. fig. Consumer entierement. Et en ce sens, il ne se dit que des biens, des richesses. Il a absorbé tout son patrimoine. les procés ont absorbé tout son bien. les frais du scellé ont absorbé la meilleure partie de la succession. les conventions matrimoniales ont absorbé tout le bien du mary.

Absorber, Se dit aussi au n. p. Les pluyes s’absorbent dans les sables.

Absorbé, ée. part. On dit d’un homme profondement appliqué à quelque chose, qu’Il y est absorbé, entierement absorbé. il est absorbé dans l’estude des Mathematiques. On dit d’un homme qui est dans une meditation continuelle des choses de Dieu, qu’Il est tout absorbé en Dieu.

ABSOUDRE. v. a. Declarer par jugement juridique un homme innocent du crime dont il estoit accusé. Il y a eu cinq voix pour condamner l’accusé, & sept pour l’absoudre. on l’a absous malgré le credit de ses ennemis. toutes les voix n’ont pas esté à l’absoudre. il s’est fait absoudre du crime dont on l’accusoit. il fut absous à pur & à plein.

Absoudre, Signifie aussi, Remettre les pechez dans le Tribunal de la penitence. Tout Prestre a pouvoir d’absoudre en cas de mort. il a le pouvoir d’absoudre des cas reservez. absoudre un penitent. absoudre en confession.

On dit, en parlant d’un mort, Un tel que Dieu absolve, pour dire, A qui Dieu fasse misericorde. Et cette façon de parler vieillit.

Absous, oute. part. Il a les significations de son verbe.

ABSOUTE. s. f. v. Absolution publique & solemnelle, qui se donne en general au peuple, & dont la ceremonie se fait le Jeudy Saint au matin, ou le Mercredy Saint au soir dans les Cathedrales. L’Evesque a fait la ceremonie de l’absoute. on fait l’absoute dans les Paroisses aux grandes Messes le jour de Pasques.

ABSTENIR. S’abstenir. v. n. p. S’empescher de faire quelque chose, Se priver de l’usage de quelque chose. S’abstenir de boire & de manger. s’abstenir de jurer. quand on a pris une habitude de faire quelque chose, il est bien mal-aisé de s’en abstenir. s’abstenir de vin. s’abstenir de tout ce qui peut nuire à la santé. s’abstenir de toute sorte de plaisirs.

ABSTINENCE. s. f. Vertu par laquelle on se prive des plaisirs de la bouche. L’abstinence n’est guere moins utile au corps qu’à l’ame. une loüable abstinence.

Il se dit de la simple moderation dans l’usage des aliments. On luy a ordonné une grande abstinence. on luy faisoit faire abstinence malgré luy.

Il se dit aussi de la seule privation de la viande en certains jours. Il n’est pas jeusne aujourd’huy, il n’est que jour d’abstinence.

ABSTRACTION. s. f. Terme dogmatique. Separation que l’esprit fait d’une qualité, d’une proprieté, &c. d’avec le sujet où elle est inherente. Considerer les accidents en faisant abstraction des sujets ausquels ils sont attachez. la blancheur considerée par abstraction d’avec son sujet, en faisant abstraction de la qualité des personnes, vous jugerez que, &c.

On dit, qu’Un homme est dans des abstractions continuelles, pour dire, qu’Il resve continuellement, qu’il est appliqué à toute autre chose, qu’à celles dont on parle.

ABSTRAIRE. v. a. Terme dogmatique. Faire précision. Prendre une notion simple d’une chose en la détachant par la pensée du sujet auquel elle est inherente. Pour connoistre l’accident comme accident, il faut l’abstraire du sujet, de la substance.

Abstrait, aite. Participe.

ABSTRAIT, AITE. adject. Terme dogmatique. Il n’a guere d’usage que dans cette phrase, Terme abstrait, Qui se dit d’une qualité considerée toute seule, & détachée du sujet. Ainsi, la rondeur, la blancheur, la bonté, sont termes abstraits. Et, rond, blanc, bon, sont termes concrets.

On dit qu’Un discours est abstrait, quand il est trop metaphysique, trop esloigné des idées communes. Et qu’Un homme est abstrait, fort abstrait, pour dire, qu’Il resve, & qu’il est tellement renfermé en luy-mesme, qu’il ne pense point à ce qu’on luy dit, à ce qu’il fait, à ce qui se passe autour de luy.

Il est aussi subst. L’Abstrait, le concret. la rondeur est un abstrait. Et le rond est un concret.

ABSTRUS, USE. adject. Qui est d’une difficile intelligence, & qui a besoin d’une extrême application pour estre bien conceu. Il ne se dit qu’en parlant de sciences & de choses d’esprit. Sciences abstruses. ce que vous dites-là est fort abstrus. le sens que vous donnez à ce passage-là est fort abstrus.

ABSURDE. adject. de tout genre. Qui est évidemment contre la raison, & contre le sens commun. Cela est absurde. voilà un raisonnement absurde. dire des choses absurdes. proposition absurde. consequence absurde.

ABSURDITÉ. s. f. Chose absurde & qui choque le bon sens. Il y a de l’absurdité dans ce qu’il dit. il s’ensuivroit de-là une grande absurdité.


ABSYNTHE. s. f. Plante medicinale qui est tres-amere. Absynthe Pontique. absynthe Romaine. cela est plus amer que de l’absynthe. vin d’absynthe. huile d’absynthe.

ABU

ABUS. s. m. Mauvais usage. Abus manifeste, notoire. reformer, corriger, retrancher les abus. il s’est glissé divers abus dans la Justice. il faut distinguer entre un usage receu, & un abus qui s’est glissé, qui s’est introduit. l’abus qu’il a fait de son authorité.

Appel comme d’abus. C’est l’appel qu’on interjette au Parlement d’une Sentence renduë par un Juge Ecclesiastique qu’on prétend avoir excedé son pouvoir. Interjetter appel comme d’abus. Le Parlement a jugé qu’il y avoit abus.

Abus, Signifie aussi, Erreur. Vous estes dans l’abus. ces peuples-là sont dans l’abus. c’est un abus de croire que cela puisse réüssir.

Il signifie aussi quelquefois, Tromperie. Le monde n’est qu’abus & que vanité.

ABUSER. v. a. Tromper. Il vous promet cela, il vous abuse. abuser les esprits foibles.

On dit, Abuser une fille, pour dire, La séduire, la suborner. Il a abusé cette pauvre fille sous promesse de mariage.

Abuser. v. n. User mal, user autrement qu’on ne doit. Il abuse de vostre bonté. abuser des Sacrements. il abuse des graces que Dieu luy fait. si vous luy faites cet honneur, il n’en abusera pas. il abuse de son loisir, de son temps, de son credit, de son authorité. c’est un homme qui ne se ménage point, & qui abuse de sa santé. vous abusez de ma patience. il a abusé de la confiance que j’avois en luy.

On dit, Abuser d’une fille, pour dire, En joüir sans l’avoir épousée. C’est une fille dont il a longtemps abusé.

Abusé, ée. part.

ABY

ABYSME. s. m. (L’s, ne se prononce point) Gouffre tres-profond. Horrible abysme, effroyable abysme. par un tremblement de terre, il s’est fait là un abysme. ne vous baignez pas en tel endroit de la riviere, il y a un abysme. il est tombé dans un abysme.

Abysme, Dans le langage de l’Escriture, sign. quelquefois l’Enfer. Les Anges rebelles ont esté précipitez dans l’abysme. le pays de l’abysme.

On dit fig. Un abysme de malheur, un abysme de misere, pour dire, Un extrême malheur, une extrême misere. Il est tombé dans un abysme de malheurs, dans un abysme de misere.

Abysme, Se dit aussi fig. Des choses qui engagent à une excessive dépense, & qui sont capables de ruiner. Le jeu, les procez, les bastiments, sont des abysmes.

Il se dit aussi fig. Des choses qui sont impénétrables à la raison. Le flux & le reflux de la mer est un abysme pour l’esprit humain.

Il se dit aussi fig. Des sciences difficiles, & qui demandent une tres-grande estude. C’est un abysme que les Mathematiques.

Il se dit encore particulierement Des secrets & des jugements de Dieu. Les abysmes de la sagesse, de la misericorde de Dieu.

On dit d’un homme tres-sçavant, que C’est un abysme de science.

Abysme, Se dit, En terme de Blason, du milieu de l’escu : & il n’a d’usage qu’en cette phrase, En abysme. Ainsi on dit d’une piece qui est posée au milieu de l’escu sans estre chargée d’aucune autre piece, & sans toucher à aucune autre piece de l’escu, qu’Elle est en abysme. il porte d’azur à une fleur de lys d’or en abysme.

ABYSMER. v. a. Renverser dans un abysme. précipiter dans un abysme. Dieu abysma les cinq Villes.

Il signifie fig. Perdre & ruiner entierement. Cet homme est puissant & vindicatif, il vous abysmera. cette affaire l’a abysmé. des dépenses excessives l’ont abysmé.

Abysmer. v. n. Tomber dans un abysme. Cette ville abysma en une nuit. Il signifie fig. Perir. C’est un meschant homme, il abysmera avec tout son bien. ne portez point tant d’envie à la prosperité des meschants, tout cela abysmera quelque jour.

Abysmer, Se dit aussi au fig. avec le pronom personnel. Et alors il signifie, S’abandonner tellement à quelque chose, qu’on ne songe à aucune autre. S’abysmer dans ses pensées. s’abysmer dans la contemplation des merveilles de Dieu. s’abysmer dans l’estude des Mathematiques. s’abysmer dans sa douleur. s’abysmer dans la débauche. s’abysmer dans les plaisirs.

Abysmé, ée. part. Il a les significations de son verbe. Une Ville abysmée par un tremblement de terre. un homme abysmé dans la mer. une femme abysmée dans sa douleur. un homme abysmé de dettes.

ACA

ACABIT. s. m. Qualité bonne ou mauvaise de certaines choses. Il ne se dit guere que des fruits. Des poires d’un bon acabit. Il n’a d’usage que dans le style familier.

ACACIA. s. m. Arbre de haute tige, & d’un bois tendre & moelleux, ayant des branches semées d’espines, & portant des fleurs blanches qui viennent par bouquets. Un bel Acacia.

ACADÉMICIEN. s. m. Philosophe de la Secte de l’Acad mie. Les Académiciens & les Peripatéticiens estoient opposez en certaines choses.

Il signifie aussi, Qui est de quelque Assemblée de gens de Lettres. Les Académiciens de l’Académie Françoise. les Académiciens de la Crusca.

ACADÉMIE. s. f. Certain lieu prés d’Athenes où s’assembloient quelques Philosophes qui prirent de là leur nom. Les Philosophes de l’Académie & du Lycée estoient d’accord en ce point.

Il se prend aussi, pour la Secte mesme de ces Philosophes. L’Académie estoit d’opinion que, &c.

Académie, Se dit aussi d’Une assemblée de personnes qui font profession des belles Lettres, des Sciences ou des beaux Arts. L’Académie Françoise. l’Académie de la Crusca. les Académies d’Italie. l’Académie des Sciences. l’Académie des Inscriptions & des Medailles Académie de Peinture, de Sculpture. estre de l’Académie. aller à l’Académie.

Il se dit aussi du lieu où la Noblesse apprend à monter à cheval, & les autres exercices qui luy conviennent. Il a mis son fils à l’Académie. il est en pension à une telle Académie. au sortir de l’A-


cadémie, il fut à la Guerre. un tel tient Académie.

Il se prend aussi pour les Ecoliers mesmes. Ce jour-là un tel Escuyer fit monter toute son Académie à cheval.

Académie, Se dit aussi d’un lieu où on fait mestier & profession de donner à joüer. Perdre son argent à l’Académie. tenir Académie. les Académies de jeu sont deffenduës.

ACADÉMIQUE. adject. de tout genre. Qui convient à des Académiciens, à des gens de Lettres. Discours Académique. Ouvrage Académique. Conferences, questions Académiques. exercices Académiques.

ACADÉMISTE. s. m. Celuy qui apprend à monter à cheval dans une Académie. Un Academiste qui est bien à cheval.

ACANTHE. s. f. Sorte d’herbe qu’on nomme autrement, Branche-ursine. Les ornements du Chapiteau Corinthien representent des feüilles d’Acanthe. le Chapiteau de l’Ordre Composite est orné de feüilles d’Acanthe & de volutes.

ACARIASTRE. adject. de tout genre. Qui est d’une humeur fascheuse, opiniastre & criarde. Il est acariastre c’est une humeur, un esprit acariastre. une femme acariastre. un enfant acariastre.

ACC

ACCABLANT, TE. adject. verbal. Qui accable ou qui est capable d’accabler. Il ne se dit guere qu’en parlant des choses qui sont considerées comme un poids difficile à porter. Affaires accablantes. c’est une chose accablante pour un pere que d’apprendre la mort de son fils unique. c’est une nouvelle accablante.

Il fig. figur. Importun, incommode. Ainsi on dit, Un homme accablant. une femme accablante. des visites accablantes.

ACCABLEMENT. s. m. v. L’estat où on tombe par maladie, par excés de douleur & d’affliction. Sa maladie l’a mis dans un si grand accablement, qu’il a peine à se soustenir. La mort de son fils le met dans l’accablement. il en est dans le dernier accablement.

Il se dit aussi d’une grande surcharge d’affaires. C’est un accablement d’affaires. un accablement de visites qui ne luy laisse pas de repos.

ACCABLER. v. a. Abbattre par la pesanteur, faire succomber sous le poids. La maison est tombée, & a accablé tous ceux qui estoient dedans. il fut accablé sous les ruines. ils furent accablez de la cheute d’une muraille.

On dit à peu prés dans le mesme sens. Estre accablé par le nombre, par la multitude des Ennemis.

Il se dit aussi par exageration pour Surcharger. Il portoit un fardeau dont il estoit accablé.

Il se dit fig. De la pluspart des choses qui sont considerées comme un poids qui accable. Le travail, les affaires l’accablent. il s’accable d’affaires. ne vous laissez point accabler au mal, à la douleur, à la tristesse. il est accablé de dettes, de misere. il est accablé de visites. le sommeil l’accable. il est accablé de sommeil.

On dit, Accabler quelqu’un de reproches, l’accabler d’injures, pour dire, Luy faire de grands reproches, luy dire beaucoup d’injures.

On dit aussi, Accabler quelqu’un de biens, de graces, de bienfaits, de presents, pour dire, Le combler de biens, de graces, de bienfaits, &c.

Accablé, ée. part. Il a les significations de son verbe.

ACCAGNARDER. v. a. Rendre addonné à quelque chose de honteux. La mauvaise compagnie l’a accagnardé au cabaret. Il est bas.

Il s’employe le plus souvent au n. p. S’accagnarder au cabaret. s’accagnarder auprés d’une femme.

Accagnardé, ée. part.

ACCELERATION. subst. f. v. Action d’avancer quelque ouvrage. prompte expedition. action d’accelerer. Il faut faire telle chose pour l’acceleration de l’Ouvrage.

ACCELERER. v. a. Haster, presser. Il faut accelerer ce travail.

Acceleré, ée. part.

ACCENT. s. m. Maniere de prononcer les Voyelles, soit en les faisant longues, soit en les faisant breves. Avoir un bon accent, un mauvais accent. on connoist à son accent de quelle Province il est. accent Gascon. accent Normand.

On dit Poëtiquement, Les accents de la voix. tristes accents. accents plaintifs. les doux accents de sa voix.

Accent, Signifie aussi, une petite marque qui se met sur une Voyelle, soit pour en faire connoistre la prononciation, soit pour distinguer le sens d’un mot, d’avec celuy d’un autre mot qui s’escrit de mesme. Accent aigu ’. accent grave `. accent circonflexe ^. Ainsi on met un accent aigu sur un, é, pour marquer que ce n’est pas un, e, muet, mais un, é, fermé, & qu’il doit estre prononcé comme dans ces mots, santé, charité. On met un accent grave sur, , adverbe de lieu, pour le distinguer de, la, article feminin. Et on met un accent circonflexe sur quelques syllabes dont on a retranché une Lettre, comme au mot d’âge, qui s’escrivoit autrefois, aage.

ACCENTUER. v. a. Mettre des accents sur des voyelles. Il ne sçait pas accentuer.

Accentué, ée. part. Un, é, accentué.

ACCEPTATION. s. f. v. Action par laquelle on donne son consentement a quelque chose. Acceptation d’une Lettre de change, acceptation d’une donation.

ACCEPTER. v. a. Agréer ce qui est offert. Accepter une donation, une offre, une condition, un party. j’accepte ce que vous m’offrez. les Ennemis ont accepté la Treve. accepter une tutele.

On dit, Accepter une lettre de change, pour dire, Promettre de la payer. Et Accepter un deffi, pour dire, S’engager à faire quelque chose dont on a esté deffié.

Accepté, ée, part.

ACCEPTION. s. f. Sorte de préference. Il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. Acception de personnes, qui signifie un certain égard qu’on a pour des personnes plustost que pour d’autres. Il n’y a point acception de personnes devant Dieu. rendre la justice sans acception de personne. la Justice ne fait acception de personne.

Acception. Terme de Grammaire. Signification, Le sens dans lequel un mot se prend. Ce mot a plusieurs acceptions. ce mot dans sa premiere & plus naturelle acception signifie, &c.

ACCÉS. s. m. Abord. Il n’a guere d’usage que dans les phrases où le lieu dont on parle est consideré comme estant de facile ou de difficile


abord. Place de facile accés, de difficile accés. la Place n’est pas fortifiée, mais l’accés en est difficile. l’accés en est aisé.

On dit, Avoir accés auprés de quelqu’un, pour dire, Avoir facilité de luy parler, de l’entretenir ; Et dans ce mesme sens, on dit qu’Un homme est de facile accés, de difficile accés. avoir un libre accés auprés de quelqu’un.

Accés, Se dit aussi, En parlant de ce qui se pratique dans le Conclave, lorsque dans le Scrutin aucun Cardinal n’ayant eu le nombre de voix requises pour estre esleu Pape, on redonne des billets par lesquels on marque qu’on se range du costé d’un de ceux qui a esté proposé au Scrutin. Les billets du Scrutin, les billets de l’accés. aprés le Scrutin, on alla à l’accés. un tel Cardinal a eu tant de voix à l’accés. il fut fait Pape à l’accés.

Accés. Se dit aussi, En parlant de la fiévre, & alors il signifie l’Emotion de la fiévre, & tout le temps que la fievre dure sans intermission. Avoir un accés de fiévre, un accés violent. il en a esté quitte pour un accés. le premier accés, le second accés. son accés n’a duré que six heures. l’accés luy a pris à deux heures, a commencé à deux heures & a fini à minuit. un accés avec des redoublements. l’accés est sur ses fins. l’accés avance, l’accés retarde, l’accés diminuë.

Il se dit aussi, Des attaques de certaines maladies qui ont ordinairement des retours & des redoublements, comme la rage, la folie, le mal caduc. Il est sujet à des accés de folie dans de certains temps.

ACCESSIBLE. adject. de tout genre. Qui peut estre abordé, dont on peut approcher. Il se dit également des lieux & des personnes. Un lieu qui n’est pas accessible. cette place n’est pas accessible. c’est un homme qui est accessible à toute heure. il est accessible à tout le monde.

ACCESSOIRE. adject. de tout genre. Qui n’est regardé que comme la suite & l’accompagnement de quelque chose de principal. Cela n’est qu’accessoire.

Il est aussi subst. Et signifie ce qui suit ou accompagne le principal. Le principal & l’accessoire.

Accessoire, Signifie aussi, Un estat fascheux & embarrassant, mais en ce sens, il vieillit. Se voyant dans cet accessoire, dans un si estrange accessoire.

ACCIDENT. s. m. Cas fortuit. Ce qui arrive par hazard. Il se prend ordinairement en mal, quand il n’est accompagné d’aucune épithete qui en détermine le sens en bien. Accident impréveu. accident inopiné. accident estrange. accident funeste. accident fascheux. la vie humaine est sujette à tant d’accidents. il est arrivé un grand accident. accident favorable. heureux accident.

Par accident Maniere de parler adverbiale. Par cas fortuit. par hazard. C’est par accident que cela est arrivé. cela ne s’est fait que par accident. le Soleil est un Astre bien faisant, s’il fait du mal c’est par accident.

Accident, en termes de Philosophie, signifie, Ce qui est en telle sorte dans un sujet, qu’il peut y estre ou n’y estre pas sans que le sujet soit destruit, comme la blancheur ou la noirceur dans une muraille, la rondeur ou autre figure dans une table, En ce sens, on dit, que La substance soustient les accidents.

En termes de Theologie, & en parlant du S. Sacrement de l’Eucharistie, on appelle Accidents, la figure, la couleur, la saveur, &c. qui restent aprés la consecration. Tous les accidents qui estoient dans les especes avant la consecration, subsistent encore aprés la consecration.

ACCIDENTEL, ELLE. adject. Qui n’est que par accident dans un sujet, & qui pourroit y estre, ou n’y estre pas sans que le sujet fust destruit. Les formes accidentelles. la blancheur est accidentelle à la cire.

ACCIDENTELLEMENT. adverbe. Par accident. Terme de Philosophie. La couleur, la longueur, la largeur, &c. ne sont qu’accidentellement dans les sujets où elles se trouvent.

ACCLAMATION. s. f. Cry par lequel on marque la joye qu’on a de quelque chose, ou la haute estime qu’on a pour quelqu’un. A son arrivée, il se fit une acclamation generale. le Senat faisoit des acclamations aux nouveaux Empereurs. on fait des acclamations à la fin des Conciles. les acclamations des peuples. les acclamations publiques. les applaudissements & les acclamations.

ACCOINTANCE. s. f. Habitude. familiarité. communication. Je ne veux point d’accointance avec luy. Il est vieux.

ACCOISEMENT. s. m. v. Calme. Terme de Medecine. Il n’a d’usage que dans cette phrase. L’accoisement des humeurs.

ACCOISER. v. a. Calmer, appaiser, rendre coy. Accoiser les flots. accoiser la tempeste. Il vieillit.

On dit en termes de Medecine. Accoiser les humeurs. les humeurs sont accoisées.

Accoisé, ée. Part.

ACCOLLADE. s. f. Embrassement de part & d’autre. Grandes accollades.

Accollade, Se dit aussi, de l’embrassade qu’on donne à celuy qu’on fait Chevalier. Il l’a fait Chevalier en luy donnant l’accollade.

On appelle, Accollade dans un compte, Un trait de plume qui joint plusieurs articles pour n’en faire qu’un.

On appelle, Accollade de lapereaux, Deux lapereaux servis ensemble. Servir une accollade de lapereaux.

ACCOLLER. v. a. Jetter les bras au cou de quelqu’un en signe d’affection. Il me vint accoller. ils s’accollerent avec grande amitié.

On dit, Accoller la cuisse. accoller la botte à quelqu’un, pour dire, Luy embrasser la cuisse, la botte, ce qui est une marque de grande soumission, & d’inferiorité.

On dit, Accoller la vigne, pour dire, La relever, & la lier à l’eschalas.

On dit fig. Accoller deux ou plusieurs articles dans un compte, pour dire, Comprendre sous une seule marque, sous une seule somme deux ou plusieurs articles de compte.

Accollé, ée. part. Il a les sign. de son verbe.

ACCOMMODABLE. adject. verb. de tout genre. Qui se peut accommoder. Il ne se dit guere qu’en matiere de differend, & de querelle. Cette affaire, cette querelle est accommodable, n’est guere accommodable, n’est accommodable que par ce moyen-là.

ACCOMMODAGE. s. m. L’apprest des viandes que les Cabaretiers, Cuisiniers, Ro-


tisseurs, ou autres gens accommodent. Payer l’accommodage des viandes. il faut tant pour l’accommodage.

ACCOMMODANT, ANTE. adject. verbal. Qui est complaisant, avec qui il est facile de vivre, de traiter. C’est un homme accommodant, fort accommodant. une humeur, une personne accommodante.

ACCOMMODEMENT. s. m. Ajustement que l’on fait pour sa commodité dans une maison. Je loüeray vostre maison, si vous y voulez faire quelques accommodements.

Il signifie aussi, L’accord que l’on fait d’un differend, d’une querelle entre quelques personnes. Accommodement à l’amiable. Un meschant accommodement vaut mieux que le meilleur procés. faire un accommodement. s’entremettre d’accommodement, d’un accommodement. on luy propose un accommodement. nous sommes en voye, en termes d’accommodement. voilà un bon moyen d’accommodement. travaillez à cet accommodement. je les ay disposez, je les ay portez à cet accommodement. on traite un accommodement, d’un accommodement. entendre à un accommodement. il ne veut point d’accommodement. il ne veut entendre à aucun accommodement. il refuse tout accommodement. rompre un accommodement. il ne s’esloigne pas d’un accommodement.

Il se dit aussi du temperament qu’on trouve pour concilier les esprits, les affaires. Il y auroit un accommodement en cette affaire, s’ils vouloient. J’y ay trouvé un accommodement.

On dit, qu’Un homme est un homme d’accommodement, de facile accommodement, pour dire, qu’Il est aisé de convenir avec luy.

ACCOMMODER. v. a. Apporter de la commodité. Il luy faut cela pour l’accommoder. cela ne m’accommode pas. cette piece de terre l’accommoderoit bien, accommoderoit fort son parc, sa terre.

Il signifie aussi, Ranger, agencer, ajuster, mettre dans un estat convenable. Il a bien accommodé sa maison, son jardin, ce canal, cette allée, cette fontaine, &c. vous avez accommodé vostre cabinet. accommoder le feu. il s’accommode tousjours fort proprement. elle employe tousjours deux heures à s’accommoder.

On dit, Accommoder ses affaires, accommoder sa maison, pour dire, Mettre ses affaires en meilleur estat, desbroüiller les affaires de sa maison. Il devient riche, il s’accommode, je l’ay veu pauvre, mais il s’est bien accommodé.

Il signifie encore, Apprester à manger. Accommoder à disner. accommoder à manger. que voulez-vous qu’on nous accommode pour nostre disner ? comment accommodera-t-on cette viande, à quelle sauce l’accommodera-t-on ? ce Cuisinier accommode fort bien les viandes.

On dit de ceux qui tiennent Hostellerie ou Cabaret, qu’Ils accommodent bien leurs hostes, qu’on est bien accommodé chez eux, pour dire, qu’On y est bien logé, bien traitté, bien servi & proprement. C’est une bonne Hostellerie, on y est bien accommodé.

On dit ironiquement, Il l’a bien accommodé. je l’accommoderay comme il faut, pour dire, Il l’a traité comme il meritoit. je le traiterai comme il le merite. On dit aussi populairement dans le mesme sens. Accommoder un homme de toutes pieces, l’accommoder tout de rosti.

On dit encore, D’un homme qui est en mauvais estat & en desordre, qu’ Il est estrangement accommodé. vous voilà accommodé d’une estrange maniere. il est tout couvert de boüe, le voilà mal accommodé. qui l’a accommodé de la sorte ?

On dit prov. & par raillerie, qu’Un homme s’accommode, s’accommode comme il faut, ou qu’Il s’est accommodé, pour dire, qu’Il prend trop de vin, qu’il en a pris jusqu’à l’excés. Quand il trouve de bon vin, il s’accommode comme il faut. il fut l’autre jour en desbauche, où il s’accommoda d’importance.

Accommoder, Se dit encore en parlant des affaires qu’on termine à l’amiable, & des personnes que l’on met d’accord. Il faut accommoder cette affaire, ce differend, cette querelle. ils estoient prests de se battre, on les a accommodez. s’ils ne s’accommodent, ils se ruineront en procés.

On dit aussi, Accommoder son esprit, son humeur, & simplement, S’accommoder, pour dire, Conformer son esprit, son humeur. Il faut s’accommoder à l’usage. S’accommoder au temps, à l’humeur de quelqu’un. accommoder son humeur, ses discours à l’inclination du Prince, aux sentiments de la Cour. il n’est pas difficile, il est de bonne humeur, il s’accommode à tout.

Il se dit aussi En parlant de certaines choses dont on convient ensemble dans le commerce de la vie. Vous avez un beau cheval, voulez-vous m’en accommoder, je vous en donneray tant. je vous accommoderay de ma maison, si vous la voulez acheter. pouvez-vous m’accommoder de cent pistolles pour un an ? vous avez une ferme dans mon fief, j’en ay une dans le vostre, nous nous accommoderons si vous voulez. j’ay un Prieuré en vostre Pays, vous en avez un au mien, accommodons-nous ensemble.

Accommoder, S’accommoder. Signifie encore, Prendre sa commodité, ses aises. Il entend bien à s’accommoder. voyez comme il s’accommode.

Il signifie aussi, Estre d’un facile accommodement, d’un commerce aisé dans toutes les choses de la vie. Donnez-moy tel Cheval qu’il vous plaira, je m’accommode de tout. il est fort difficile, il ne s’accommode de rien. il n’est point delicat, il s’accommode de toutes sortes de viandes. donnez-moy telle monnoye, telles especes qu’il vous plaira, je m’accommode de tout. donnez-moy pour ma dette, telles marchandises, telles hardes, tels effets qu’il vous plaira, je m’en accommoderay.

On dit ironiquement, qu’Un homme s’accommode de quelque chose, pour dire, qu’Il prend quelque chose un peu hardiment, & sans y avoir droit. Il s’accommode de tout ce qu’il trouve sous sa main.

Accommodé, ée. part. pass. Il a toutes les significations de son verbe.

On dit, qu’Un homme est accommodé, pour dire, qu’Il est à son aise, qu’il a assez de bien pour vivre doucement.

ACCOMPAGNEMENT. s. m. Action d’accompagner en certaines ceremonies. On porta ce Souverain au Tombeau de ses Ancestres, & plusieurs Princes furent destinez pour l’accompagnement du corps. tous ceux qui estoient de l’accompagnement de l’Ambassadeur de, &c.

Accompagnement, est aussi un terme de Musique, qui se dit de la modulation & des accords des instruments dont on accompagne


la voix. Apprendre l’accompagnement. sçavoir l’accompagnement. l’accompagnement soustient la voix, & sert à la faire paroistre. l’accompagnement du Clavessin. l’accompagnement du Theorbe. l’accompagnement de la Viole. bon accompagnement. mauvais accompagnement. un accompagnement qui n’est pas assez rempli.

Accompagnement, Se dit aussi En parlant de ce qu’on regarde comme une suite necessaire de certaines choses, soit pour la commodité, soit pour l’ornement. Cette chambre est belle, mais elle n’a pas ses accompagnements. elle manque des accompagnements necessaires.

On s’en sert encore en termes d’Armoiries, pour dire, Les supports, les tenants, le cimier, les lambrequins, les marques de charge ou de dignité, & generalement tout ce qui est hors de l’escu. Porter des Armoiries sans aucun accompagnement.

ACCOMPAGNER. v. a. Aller de compagnie avec quelqu’un. Je vous accompagneray jusques-là. il m’a accompagné en ce voyage.

Il signifie aussi, Suivre par honneur. Grand nombre de Noblesse accompagna le Gouverneur de la Province. tous ceux qui se trouverent là, accompagnerent le S. Sacrement. ce Prince est tousjours accompagné de gens de qualité.

Il signifie encore, Conduire en ceremonie. C’est un Prince qui accompagne l’Ambassadeur à l’Audience.

Il signifie aussi Reconduire par honneur une personne dont on a receu visite. Quand il s’en alla on l’accompagna jusqu’à son carrosse.

Il signifie aussi, Escorter. Je vous donneray des gens pour vous accompagner. il se fait tousjours bien accompagner, parce qu’il a des ennemis.

On dit fig. que Le bonheur, que La fortune accompagne quelqu’un, pour dire, qu’Il est heureux. Et, que Le malheur l’accompagne, pour dire, qu’Il est malheureux.

Accompagner, Se dit aussi dans la sign. d’Assortir, de convenir ; mais alors il ne s’employe guere qu’avec l’adverbe bien. Ainsi on dit, qu’Une garniture accompagne bien un habit. qu’une tapisserie accompagne bien un lit. qu’un cabinet accompagne bien une chambre. que des pavillons accompagnent bien un corps de logis, pour dire, Que toutes ces choses-là s’assortissent bien, & conviennent parfaitement les unes avec les autres.

On dit dans ce mesme sens, que Les cheveux accompagnent bien le visage. que le Theorbe accompagne bien la voix.

Accompagner une chose d’une autre, C’est à une chose, en joindre, en adjouster une autre. Il accompagna son present d’une harangue. il accompagna ses remonstrances de menaces. tout ce qu’il disoit, il l’accompagnoit d’un geste & d’une action qui marquoit bien, &c. tout ce qu’il fait, tout ce qu’il dit, il l’accompagne de tant de graces, &c.

Accompagner, En termes de Musique, sign. Joüer la basse, & les autres parties, sur un ou plusieurs instruments, pendant qu’une ou plusieurs voix chantent, ou que quelque instrument joüe le sujet. Si vous voulez chanter, je vous accompagneray avec le Theorbe. il chante bien, & s’accompagne luy-mesme avec la Viole. En ce sens il se met d’ordinaire absolument. Accompagner avec le Theorbe, avec le Clavessin, avec la basse de Viole, &c. il accompagne bien. il accompagne mal. il accompagne sur le champ & sans estre preparé.

s’Accompagner. v. n. p. Mener quelques gens avec soy, pour quelque dessein. Il se prend le plus souvent en mauvaise part. Il s’accompagne tousjours de meschants garnements. il s’accompagna de gens de main pour faire ce coup-là.

Accompagné, ée. part. Il a les significations de son verbe.

ACCOMPLIR. v. a. Achever entierement. Accomplir le temps de son bannissement. un Religieux qui a accompli le temps de son Noviciat. cela servira à accomplir le nombre qui vous manque.

Il signifie aussi, Effectuer, mettre en execution. Accomplir sa promesse. accomplir son voeu. accomplir un dessein. accomplir un traité. accomplir un mariage qui avoit esté resolu. j’espere que Dieu accomplira vos desirs. Jesus-Christ a accompli les Propheties. On dit, Accomplir son devoir. accomplir ses obligations, pour dire, Faire ce que la Loy, ce que le precepte, ce que le devoir exige de nous.

Accomplir, est aussi n. p. Dans le sens d’effectuer. Le traité qu’ils avoient fait n’a pû s’accomplir. si ce mariage vient à s’accomplir. si vos desirs s’accomplissent. cela arriva de la sorte afin que l’Escriture s’accomplist. toutes les Propheties s’accomplirent.

Accompli, ie. part. Il a les significations de son verbe.

Il est aussi adjectif, & sign. Qui est parfait dans son genre. C’est un homme accompli de tout point. un Courtisan accompli. une beauté accomplie. un ouvrage accompli.

ACCOMPLISSEMENT. s. m. v. Achevement, execution entiere. L’accomplissement d’un dessein, d’un ouvrage. l’accomplissement d’un voeu, d’un serment. l’accomplissement de nos voeux, de nos desirs, de nos esperances. l’accomplissement des Propheties. l’accomplissement d’un traité.

ACCOQUINER. v. a. Attraire, attacher, & amuser avec excés. Le mestier de gueux accoquine ceux qui l’ont fait une fois. l’oisiveté accoquine. en hyver le feu accoquine.

Il est aussi n. p. Et signifie, Se laisser trop attraire. s’attacher trop. s’addonner trop. Il s’est accoquiné auprés de cette femme, il perdra sa fortune. il s’est accoquiné en ce pays-là. s’accoquiner au jeu.

Il se dit aussi de quelques animaux domestiques. Il ne faut pas qu’un chien de chasse s’accoquine à la cuisine. un chat qui s’accoquine auprés du feu.

Accoquiné, ée, part.

ACCORD. s. m. Convention, accommodement, paction que l’on fait pour terminer un differend. Faire un accord. passer un accord. je me tiens à l’accord qui a esté fait. ils sont en termes d’accord.

Il signifie aussi, Consentement, union d’esprits, conformité de volontez. Ils ont tousjours vescu dans une grande liaison, dans un parfait accord.

En ce sens il s’employe avec la particule de. Ainsi on dit, Mettre des gens d’accord. ils sont d’accord. ils en sont convenus d’un commun accord. ils en sont tombez d’accord. j’en demeure d’accord.


On dit d’un homme, qu’Il est de tous bons accords, pour dire, qu’Il est d’une humeur aisée, & qu’il consent à tout ce que les autres veulent : & dans le langage familier on dit, d’accord, pour dire, J’y consens.

Accord, Signifie aussi, Convenance, proportion, juste rapport de deux, ou de plusieurs choses ensemble. Il y a un grand accord entre toutes les parties du monde, entre les parties du corps humain.

Accord, en Musique sign. Consonance, union de deux ou de plusieurs sons differents & agreables à l’oreille. Accord d’instruments. accord de voix. bel accord. accords mélodieux. il y a de beaux accords dans cette piéce de Luth. l’Octave & la Quinte sont de bons accords.

On dit qu’Un Luth est d’accord, pour dire, que Les cordes en sont montées juste au ton où elles doivent estre. Et que Des cordes ne tiennent pas d’accord, pour dire, qu’Elles ne demeurent pas au ton où on les a mises.

On dit prov. D’un homme dont on fait tout ce qu’on veut, qu’Il est du bois dont on fait les flustes, qu’il est de tous bons accords.

ACCORDAILLES. s. f. pluriel. Les cérémonies qui se font pour signer les Articles ou le Contrat d’un mariage. Il se trouva peu de parents aux accordailles.

ACCORDANT, ANTE. adject. Terme de Musique. Qui s’accorde bien. Une voix accordante, une voix discordante. sol, & ut, sont des tons accordants entre eux. ut, & si, sont des tons discordants entre eux.

ACCORDER. v. a. Mettre d’accord, remettre en bonne intelligence. Ils estoient ennemis, on les a accordez. accorder les esprits. accorder les cœurs. ces deux hommes estoient en procés, en querelle, on vient de les accorder.

On dit, Accorder un procés, un differend, pour dire, Le terminer à l’amiable par un consentement reciproque.

Accorder, Se dit en parlant de doctrine, d’opinions, de loix, & signifie Concilier, oster l’apparence de contrarieté, de contradiction. Accorder les Escritures. il n’est pas facile d’accorder ces deux passages. comment accorder toutes ces loix ?

Accorder, Se dit en Grammaire, & signifie, Mettre les mots comme ils doivent estre à l’esgard les uns des autres. Il faut accorder l’adjectif avec son substantif en genre, en nombre, & en cas.

On dit en Musique, Accorder sa voix avec un instrument, pour dire, Chanter de maniere que la voix & l’instrument fassent des accords agreables & reguliers. Elle accordoit parfaitement sa voix avec le Theorbe.

Accorder un Luth ou un autre instrument de Musique. C’est en mettre les cordes juste au ton où elles doivent estre entre elles. Ce Musicien a esté longtemps à accorder son Luth.

Accorder des instruments les uns avec les autres. C’est les mettre tous au ton où ils doivent estre les uns à l’esgard des autres. Accorder des Theorbes, & des Violes au ton du Clavessin.

On dit proverbialement, Accordez vos flutes, pour dire, Convenez de ce que vous voulez faire, convenez des moyens de faire réüssir vostre dessein.

Accorder, Signifie aussi quelquefois, Octroyer, conceder. Accorder un privilege, une grace, une faveur. le Pape a accordé tant d’années d’indulgence pour, &c. je luy accorde tout ce qu’il demande.

Accorder une fille en mariage, C’est la promettre par un traité à celuy qui la demande pour l’espouser.

Accorder, Signifie aussi, Reconnoistre pour vray. demeurer d’accord d’une chose. Je vous accorde cette proposition. c’est une verité de fait qu’il faut que vous m’accordiez.

S’accorder. v. n. p. Estre d’accord, d’intelligence, de concert. Ils s’accordent tous ensemble pour me tromper, pour me perdre. nous tascherons de nous accorder. accordez-vous avec vous-mesme.

Il se dit aussi de la conformité des esprits & des humeurs. Ils sont de mesme humeur, ils s’accorderont tousjours bien ensemble. ces deux esprits n’auront pas de peine à s’accorder. On dit, Ce que vous me dites aujourd’huy ne s’accorde pas avec ce que vous me dites hier, pour dire, N’y est pas conforme.

On dit proverbialement, que Des gens s’accordent comme chiens & chats, pour dire, qu’Ils ne sçauroient convenir ensemble.

S’accorder, Se dit aussi generalement de toutes les choses qui ont entre elles de la convenance, de la ressemblance, du rapport en quelque maniere que ce soit. Le plomb s’accorde avec l’estain. le chaud s’accorde avec l’humide. ces voix s’accordoient parfaitement. ces deux couleurs s’accordent bien. l’adjectif & le subst. doivent s’accorder en genre, en nombre, & en cas.

Accordé, ée. part. Il a les significations de son verbe.

ACCORDÉ, ACCORDÉE. s. Celuy & Celle qui sont engagez l’un à l’autre pour le mariage par des Articles signez de part & d’autre. Où est l’Accordé ? voicy l’Accordée. les Accordez seront mariez dans peu de jours.

ACCORT, ORTE. adject. Qui est complaisant, qui s’accommode à l’humeur des autres. Cet homme est fort accort. humeur accorte.

ACCORTISE. s. f. Complaisance. souplesse, & facilité d’humeur accompagnée de politesse. C’est un homme qui a une grande accortise. Il est peu en usage.

ACCOSTABLE. adject. (l’s se prononce.) Qui est facile à aborder. C’est un homme accostable. peu accostable. il est devenu plus accostable.

ACCOSTER. verbe actif. Aborder quelqu’un pour luy parler. Accoster quelqu’un. il me vint accoster. il m’accosta lorsque je n’y pensois pas.

S’accoster. v. n. p. Hanter, frequenter quelqu’un, avoir habitude avec quelqu’un. Je ne sçay de quelles gens vous vous accostez. il s’accosta d’un mauvais garnement. il ne faut s’accoster que de gens de bien.

ACCOTTER. v. a. Appuyer. Accotter sa teste. S’accotter sur une chaise, contre une chaise. s’accotter contre une muraille.

Accotté, ée. part.

ACCOTTOIR. s. m. v. Ce qui sert d’appuy, ce qui est fait pour s’y accotter. Les accottoirs d’un Carrosse, d’un Fauteüil, d’un Confessional. cela vous servira d’accottoir.

ACCOUCHÉE. s. f. Femme qui est en cou-


che, aprés avoir mis un enfant au monde. Aller voir une accouchée. quand est-ce que l’accouchée relevera ? On dit d’une femme qui est fort parée dans son lit, qu’Elle est parée comme une accouchée.

On appelle prov. Le caquet de l’accouchée. Un entretien de bagatelles tel que celuy qui se fait ordinairement dans les visites qu’on rend aux femmes en couche.

ACCOUCHEMENT. s. m. Enfantement. Heureux accouchement. accouchement difficile. douloureux accouchement.

Il se dit fig. d’une production d’esprit. Socrate disoit qu’il faisoit l’office de Sage-femme, & aidoit à l’accouchement des esprits.

ACCOUCHER. v. n. Enfanter. Accoucher heureusement. elle a accouché en tel endroit. elle a accouché d’un enfant masle, d’une fille, de deux jumeaux. quand accouchera-t-elle ? elle est accouchée. quand elle fut accouchée. accoucher à terme, avant terme. accoucher d’un enfant mort.

Accoucher, Se dit fig. En parlant d’un ouvrage d’esprit, qui a cousté beaucoup de peine. Il a esté longtemps à accoucher de cet ouvrage.

Accoucher, est aussi actif, & signifie, Aider à une femme à accoucher. C’est cette Sage-femme qui a accouché une telle Dame. elle accouche bien. ce Chirurgien accouche mieux que pas une Sage-femme.

Accouché, ée. part.

ACCOUCHEUR. s. m. Celuy dont la profession est d’accoucher les femmes. Bon accoucheur. il est l’accoucheur de cette Dame.

ACCOUCHEUSE. s. f. Femme qui aide à accoucher. Habile accoucheuse. On dit plustost Sage-femme.

ACCOUDER, S’ACCOUDER. v. n. p. S’appuyer du coude. S’accouder sur la table. il estoit accoudé sur son chevet. s’accouder sur une balustrade.

Accoudé, ée. part.

ACCOUDOIR. s. m. Ce qui est fait pour s’y accouder. Avoir un accoudoir sous les bras. l’accoudoir d’un prié-Dieu. les accoudoirs d’un Carrosse. avoir les bras sur un accoudoir.

ACCOUPLEMENT. s. m. Assemblage, jonction. Un asne & un boeuf à la charruë font un mauvais accouplement.

Il se dit aussi de La conjonction du masle & de la femelle pour la generation. Le mulet vient de l’accouplement d’un asne & d’une cavale. l’accouplement d’un chien & d’une chienne.

ACCOUPLER. v. a. Joindre ensemble, unir ensemble. ces deux personnes sont mal accouplées. c’est vouloir accoupler le Loup & la Brebis.

On dit, Accoupler des Boeufs, pour dire, Les mettre ensemble sous le joug. Et, Accoupler des serviettes, pour dire, Les mettre deux à deux. accoupler du linge pour le mettre à la lexive.

Accoupler, En parlant de quelques animaux, signifie, Apparier ensemble le masle & la femelle. Accoupler des Pigeons, des Tourterelles, des Perdrix. Et quand ils se joignent pour la generation, on dit, qu’Ils s’accouplent, qu’ils sont accouplez. ces chiens sont accouplez.

Accouplé, ée. part.

ACCOURCIR. v. a. Rendre plus court, retrancher de la longueur. Accourcir une robbe, un manteau. accourcir un baston, une pique. accourcir d’un doigt, d’un pied. accourcir un traité, un discours. si cela est trop long, il le faut accourcir.

On dit aussi, Accourcir son chemin, pour dire, Prendre quelque route de traverse qui rende le chemin plus court. Si vous allez par-là, vous accourcirez bien vostre chemin. la chaussée qu’on a faite en tel endroit accourcit le chemin d’une grande lieuë.

S’accourcir. v. n. p. Devenir plus court. Les jours commençoient alors à s’accourcir.

Accourci, ie. Participe.

ACCOURCISSEMENT. s. m. v. Il n’est guere en usage qu’en parlant de chemin. Cette chaussée sert beaucoup à l’accourcissement du chemin.

ACCOURIR. v. n. Courir, venir promptement de quelque lieu en un autre où quelque chose nous attire, nous appelle. Accourir en diligence, en grande haste. accourir au besoin. accourir en foule. il est accouru au bruit. accouru pour, &c. dés qu’on sceut que la bataille se donnoit en un tel endroit, toute la Noblesse y accourut. on y accourut de tous costez. accourir au secours de quelqu’un, à l’aide de quelqu’un.

Accouru, ue. part.

ACCOUSTRER. v. a. Parer d’habits. En ce sens il est vieux, & il n’a guere d’usage qu’en raillerie. Vous voilà bien accoustré. on l’a plaisamment accoustré.

On dit prov. qu’Un homme a esté bien accoustré. accoustré de toutes pieces, pour dire, qu’Il a esté maltraité.

Accoustré, ée. part.

ACCOUSTREMENT. s. m. v. Habit de parure. Il avoit ses beaux accoustrements. Il est vieux.

ACCOUSTUMANCE. s. f. v. Habitude, coustume que l’on prend de faire ou de souffrir quelque chose. Sotte accoustumance. meschante accoustumance. vilaine accoustumance. Il n’est guere en usage que dans le discours familier.

ACCOUSTUMER. v. a. Faire prendre une coustume. Accoustumer quelqu’un à quelque chose. je l’ay accoustumé à faire, &c. il avoit peine à faire telle chose, mais on l’y a accoustumé. accoustumer un cheval à galoper sur le bon pied.

Quand il est joint avec le pronom personnel il signifie, Contracter une habitude. Il faut bien vous accoustumer à cela. je m’accoustume au froid, au chaud, &c. il s’est accoustumé à la fatigue. on s’accoustume à tout.

Il signifie aussi, Avoir de coustume, & alors il est neutre, & n’a d’usage qu’avec le verbe Avoir. Il a accoustumé d’aller, de faire, &c. Faites comme vous avez accoustumé. ces chiens avoient accoustumé de, &c.

Il se dit quelquefois des choses inanimées. Ces terres, ces arbres avoient accoustumé de produire. l’Automne a accoustumé d’estre pluvieux.

Accoustumé, ée. part. Accoustumé à la fatigue. à sa maniere accoustumée.

A l’accoustumée. Façon de parler adverbiale. A l’ordinaire, comme on a accoustumé. Il en a usé à l’accoustumée.

ACCRAVANTER. v. a. Accabler & écraser. La cheute de la muraille l’a accravanté. Il vieillit.


Accravanté, ée. part.

ACCREDITER. v. a. Mettre en credit. mettre en reputation, par rapport à la profession dont on est. Sa bonne foy l’a fort accredité parmi les Marchands. quand un Banquier est ponctuel à payer, cela l’accredite fort. Sa bonne conduite l’a fort accredité dans sa compagnie.

Accredité, ée. part.

ACCROC. s. m. v. Deschirure que fait ce qui accroche. Il y a un grand accroc, un vilain accroc à vostre robe, à vostre manteau. qu’est-ce qui a fait cet accroc à vostre habit ?

Il se dit aussi de ce qui accroche, de ce qui deschire. J’ay rencontré un accroc qui a deschiré mon habit.

ACCROCHE. s. f. v. Difficulté, embarras, retardement dans une affaire. Il y a quelque accroche en cette affaire.

ACCROCHER. v. a. Attacher, arrester à un cloud à crochet. Accrocher une tapisserie. il demeura accroché par son habit. son habit s’est accroché à un clou.

Il signifie encore, Attacher, arrester avec quelque chose que ce soit. Sa robe s’accrocha à des ronces. quand on se noye, on s’accroche à tout ce qu’on peut.

On dit prov. Belle fille & meschante robe trouve tousjours qui l’accroche.

On dit en termes de Marine, Accrocher un vaisseau, pour dire, Jetter des grappins & des crocs d’un vaisseau à un autre, pour venir à l’abordage. Il accrocha l’Admiral des Ennemis. les deux Vaisseaux s’accrocherent l’un l’autre.

S’accrocher à un Prince, à un grand Seigneur, Se dit de ceux que le mauvais estat de leurs affaires oblige de s’attacher à la fortune d’un Prince, d’un grand Seigneur. Il ne sçavoit où donner de la teste, il s’est accroché à ce grand Seigneur. il ne sçait où s’accrocher. quand on est mal dans ses affaires, on s’accroche à tout, on s’accroche à ce qu’on peut.

Accrocher, Signifie fig. Retarder, arrester. On a accroché cette affaire, cette negociation est accrochée. ce procés est accroché depuis long-temps.

Accroché, ée. part. passif. Il a les signif. de son verbe.

ACCROIRE. v. n. Il n’a d’usage qu’à l’Infinitif avec le verbe, Faire. Et il signifie, Faire croire ce qui n’est pas. Vous nous en voudriez bien faire accroire. il n’est pas homme à qui l’on en puisse faire accroire.

On dit, qu’Un homme s’en fait accroire, s’en veut faire accroire, pour dire, qu’Il présume trop de luy-mesme. Depuis qu’il a cette charge, il est devenu glorieux, il s’en fait accroire. il a quelque sorte de sçavoir, mais il s’en fait trop accroire.

ACCROISSEMENT. s. m. v. Augmentation. aggrandissement. Grand accroissement. accroissement notable, considerable, soudain. l’accroissement des rivieres. l’accroissement d’un Estat. accroissement de biens, d’honneur, &c. pour l’accroissement de la Religion Chrestienne dans les Indes.

Accroissement, Signifie aussi, Le droit, par lequel une chose accroist à quelque personne ou à quelque fonds. Il a eu cela par droit d’accroissement. cela luy est venu par droit d’accroissement. les terres que l’atterrissement adjouste à un rivage à une isle appartiennent au proprietaire par droit d’accroissement.

ACCROISTRE. v. a. Augmenter, rendre plus grand, plus estendu. Accroistre son bien, son revenu. accroistre un parc, un logis, l’accroistre de beaucoup, de la moitié. accroistre sa puissance, sa gloire, sa reputation, son authorité.

Accroistre. v. n. Aller en augmentant, devenir plus grand. Son bien, son revenu accroist tous les jours.

On dit en termes de Droit, qu’Une chose accroist à quelqu’un, pour dire, qu’Elle revient à son profit par la mort ou par l’absence de quelqu’un, ou autrement. Entre Collegataires la portion de l’un accroist à l’autre. parmi les Chanoines la part des absens accroist aux presens.

On dit aussi, qu’Un morceau de terre accroist à un autre par alluvion, par atterissement.

Accroistre. v. n. p. Cette ville s’est fort accruë par son commerce. Sa fortune, son bien s’accroist tous les jours. il s’est accru en biens & en dignité. il estoit logé fort à l’estroit, il s’est accru.

Accru, ue. part.

ACCROUPIR, S’ACCROUPIR. v. n. p. Se tenir dans une posture, ou la plante des pieds touchant à terre, le derriere touche presque aux talons. Les peuples du Levant s’accroupissent pour uriner. s’accroupir auprés du feu.

Accroupi, ie. participe.

ACCROUPISSEMENT. s. m. v. L’estat d’une personne accroupie.

ACCUEIL. s. m. v. Reception que nous faisons à quelqu’un qui vient vers nous. Bon accuëil. mauvais accuëil. froid accuëil. accuëil civil, favorable, obligeant. faire bon accuëil. faire mauvais accuëil. avoir l’accuëil agreable.

Faire accuëil, Se prend tousjours en bonne part, Et signifie, Faire une reception civile, & honneste. Ce Prince est fort civil, il fait accuëil à tous ceux qui vont chez luy.

ACCUEILLIR. v. a. Recevoir quelqu’un qui vient vers nous. Il nous accuëillit de la maniere du monde la plus honneste. le Prince le fit accuëillir. c’est un homme qui fait fort mal les honneurs de chez luy, il nous a accuëillis fort froidement.

Il se dit fig. De tous les accidents fascheux qui arrivent à quelqu’un. La tempeste, le vent les accuëillit. ils furent accuëillis de l’orage. la pauvreté, la misere, & tous les malheurs du monde l’ont accueilli.

Accueilli, ie. participe.

ACCUL. (l’l se prononce.) s. m. Lieu qui n’a point d’issuë, où l’on est acculé. Ceux qui poursuivoient les criminels les pousserent dans un accul où on les prit.

Il se dit principalement du bout du terrier où les chiens acculent les renards, & les blereaux. Quand on voit que le renard est à l’accul. avant que de lascher les bassets, il faut sçavoir où sont les acculs.

Il se dit aussi Des picquets qu’on enfonce en terre au bout d’une plate-forme, pour retenir le Canon quand il recule aprés avoir tiré.

ACCULER. v. a. Pousser quelqu’un, & le reduire en un coin, en un endroit où il ne puisse plus reculer. Il le poursuivit l’espée à la main, & l’accula contre la muraille. nostre ar-


mée avoit acculé celle des ennemis dans un endroit où il n’y avoit point d’issuë.

Il se dit aussi, En parlant des sangliers, des loups, des renards, & autres bestes. Les chiens avoient acculé le sanglier, le loup, le renard, le blereau estoit acculé dans son terrier.

Avec le pronom possessif, il signifie Se ranger, se retirer dans un coin, contre une muraille, &c. pour se deffendre, & pour n’estre pas pris par derriere. Se voyant poursuivi par quatre hommes, il s’accula contre la muraille, & se deffendit longtemps.

Acculé, ée. participe.

ACCUMULATION. s. f. v. Acquisition & amas de plusieurs choses adjoustées les unes aux autres. Accumulation de richesses. par accumulation de droit.

On appelle Accumulation de droit, Une augmentation de droit sur quelque chose.

ACCUMULER. v. a. Amasser & mettre ensemble. Accumuler des biens, des thresors. accumuler pistole sur pistole.

On dit fig. Accumuler crime sur crime, pour dire, Adjouster crime sur crime.

Accumuler est aussi n. p. Et dans cette acception on dit, Que des arrerages s’accumulent tous les jours, pour dire, qu’Ils augmentent tous les jours.

ACCUSATEUR. s. m. v. Celuy qui accuse quelqu’un en Justice. L’accusateur & les tesmoins. se rendre accusateur.

ACCUSATIF. s. m. Terme de Grammaire. Le quatriéme cas des noms. Accusatif singulier. accusatif pluriel. ce verbe regit l’accusatif.

ACCUSATION. s. f. v. Action en Justice par laquelle on accuse quelqu’un. Accusation capitale. il y a plusieurs chefs d’accusation contre luy. former une accusation. susciter une accusation.

Il se dit aussi generalement De tout reproche, de toute imputation qu’on fait à quelqu’un, de quelque deffaut que ce soit. Vous l’accusez de paresse, de peu d’exactitude, c’est une accusation bien mal fondée. on l’accuse de beaucoup de desordres, mais ce sont des accusations calomnieuses.

ACCUSATRICE. s. f. v. Celle qui accuse quelqu’un en Justice. Elle s’est rendu accusatrice.

ACCUSER. v. a. Rendre une plainte en Justice contre quelqu’un, pour crime. Déferer quelqu’un en Justice pour crime. Accuser un homme de vol. on l’accuse d’assassinat. on l’accuse d’avoir eu intelligence avec les ennemis. le crime dont on l’accuse. il a accusé tous ses complices.

On dit d’un criminel qui a avoüé son crime en justice, qu’Il s’est accusé luy-mesme. Et Accuser un acte de faux, pour dire, Soustenir qu’un acte est faux.

Accuser, Signifie aussi generalement, Imputer quelque faute, quelque deffaut à quelqu’un, luy reprocher quelque faute, quelque deffaut. Accuser quelqu’un de paresse, de negligence, l’accuser à tort. on l’accuse d’avoir fait cette Satyre.

On dit, S’accuser en Confession, accuser ses pechez, pour dire, Déclarer ses pechez au Prestre dans le Tribunal de la Confession. Il faut s’accuser de tous ses pechez. s’accuser d’avoir offensé Dieu.

On dit au jeu des Cartes, Accuser son jeu, pour dire, Declarer le jeu qu’on a entre les mains. Accusez vostre point. accusez juste. vous avez accusé faux.

On dit en style & en matiere d’affaires, Accuser la reception d’une lettre, pour dire, Donner avis qu’on l’a receuë.

Accusé, ée. part. pass. Accusé de meurtre, de vol. On dit communément, Peché accusé est à demy pardonné.

Il est aussi subst. & signifie Celuy qui est accusé en justice. L’accusateur & l’accusé.

ACE

ACENSEMENT. s. m. v. Action de donner à cens. L’acensement de cet heritage, de cette maison.

ACENSER. v. a. Donner un fond de terre, une maison, à condition d’en payer un cens ou une rente seigneuriale. Ce Seigneur a acensé vingt arpents de terre, à raison de dix livres de rente.

Acensé, ée, part. Il a les significations de son verbe. Heritage acensé. ferme acensée.

ACERÉ, ÉE. adject. Il n’a d’usage qu’en parlant du fer, lorsqu’il est rendu tranchant & perçant par le moyen de l’acier. L’ame acerée. pointe acerée. fleches acerées. des traits bien acerez.

ACH

ACHALANDER. v. a. Faire avoir des chalands. La bonne marchandise & le bon marché achalandent fort une boutique. il est fort achalandé.

Il est aussi neutre passif. Cette boutique commence à s’achalander. si vous voulez vous achalander, logez-vous en un meilleur quartier.

Achalandé, ée. participe.

ACHARNEMENT. s. m. v. Avidité. voracité. action d’un animal vorace qui s’attache à sa proye. L’acharnement d’une beste feroce à sa proye.

Il se dit aussi de la ferocité avec laquelle des bestes s’attachent les unes contre les autres. Les bestes feroces se battent avec acharnement. l’acharnement de deux dogues l’un contre l’autre.

Il se dit aussi par extension de personnes, & alors il signifie Attachement opiniastre qu’on a contre quelqu’un. Il a un terrible acharnement à le persecuter.

ACHARNER. v. a. Exciter, animer, irriter. Je ne sçay qui peut les avoir acharnez les uns contre les autres. il est fort acharné contre moy.

Il se dit aussi avec le pronom personnel, Et signifie, S’attacher avec fureur, avec opiniastreté. Ces deux Tigres s’acharnent l’un contre l’autre. le Lion s’acharne sur la proye. pourquoy cet homme s’acharne-t-il sur moy plustost que sur tant d’autres ? ils se sont acharnez, ils sont si acharnez à plaider l’un contre l’autre.

Acharné, ée. participe.

Il signifie aussi, Attaché à quelque chose avec excés. Un homme acharné au jeu.

ACHAT. s. m. v. Emplette, acquisition faite à prix d’argent. Un bon achat. un mauvais achat. faire achat de marchandises.

Il signifie aussi la chose achetée. Je veux vous faire voir mon achat.

ACHE. s. f. Herbe qui ressemble au persil. Les Grecs en de certains jeux donnoient une couronne d’ache au vainqueur.

ACHEMINEMENT. s. m. v. Ce qui est propre à faire parvenir à la fin qu’on se propose.


Disposition, préparation. C’est un grand acheminement à la Paix. pour acheminement au traité on resolut.

ACHEMINER. v. a. Il n’est en usage à l’actif qu’en parlant d’affaires, d’entreprises ; & signifie Mettre en estat de pouvoir réüssir. Acheminer une affaire. acheminer une entreprise.

S’acheminer. v. n. p. Se mettre en chemin. Nous nous acheminasmes vers un tel endroit.

On dit fig. qu’Une affaire s’achemine, pour dire, qu’On l’a mise en bon train.

Acheminé, ée. part.

ACHETER. v. a. Acquerir quelque chose à prix d’argent. Acheter des estoffes, des provisions, des livres, une maison, une terre, une charge. acheter argent comptant. acheter à credit. acheter à bon marché. acheter cher. acheter à vil prix. acheter au poids de l’or. acheter au double. acheter en gros. acheter en détail.

On dit prov. En parlant de vin ou de quelqu’autre liqueur. Qui bon l’achete, bon le boit ; & ce Proverbe s’applique à toutes les denrées qu’on achete.

On dit, Acheter des bancs, pour dire, Obtenir dispense de faire publier des bancs de mariage.

Acheter, Sign. fig. Marquer la peine, la difficulté d’avoir, d’obtenir quelque chose. J’ay bien couru pour obtenir cette grace, on me l’a bien fait acheter. c’est une dignité qu’il a achetée au prix de son sang. c’est acheter cher un repentir, que se ruiner pour satisfaire ses plaisirs.

Acheté, ée. part. Il a les significations de son verbe.

ACHETEUR. s. m. v. Celuy qui achete. Le vendeur & l’acheteur.

ACHÉVEMENT. s. m. v. Ce qui finit une chose commencée. L’achévement de cette affaire dépend de la diligence, &c. l’achévement d’un ouvrage.

ACHEVER. v. a. Finir une chose commencée. Il a achevé son entreprise. les bastiments sont achevez. il a fait achever sa galerie.

Achevé, ée. participe.

Il est aussi adj. & alors il signifie Accompli, parfait, qui a toutes les bonnes qualitez de son genre. Un ouvrage achevé. une beauté achevée.

Il se dit aussi de ce qui est extrémement mauvais dans son genre. C’est un fou achevé. un sot achevé. un scelerat achevé.

ACHOPPEMENT. s. m. Il ne se dit guere que dans cette phrase. Pierre d’achoppement, pour dire, Occasion donnée de faire tomber dans l’erreur, de faillir. Les gens dereglez sont des pierres d’achoppement pour ceux qui les frequentent. ces sortes de propositions sont des pierres d’achoppement pour les foibles.

ACI

ACIDE. adject. de tout genre. Aigre & picquant au goust. Suc acide. l’oseille est acide. le verjus est acide.

Acide est aussi substantif. Et alors il est du style dogmatique : & il se dit de tous les petits corps qui ont quelque chose de picquant. Les acides sont dissolvants. la trop grande quantité d’acides gaste l’estomach.

ACIDITÉ. s. f. Qualité de ce qui est acide. L’acidité de l’oseille, l’acidité du verjus.

ACIER s. m. Sorte de fer affiné & endurci. Acier de bonne trempe. acier de Damas. lame d’acier. miroir d’acier. carreau d’acier.

ACO

ACOLYTE. s. m. Clerc promeu à l’un des quatre Ordres mineurs, l’office duquel est de porter les cierges, de préparer le feu, l’encensoir, le vin & l’eau ; & de servir à l’Autel le Prestre, le Diacre, & le Soudiacre. Faire les fonctions d’Acolyte à une grande Messe.

ACONIT. s. m. Espece de plante veneneuse.

ACQ

ACQUEREUR. s. m. v. Celuy qui acquiert. Il ne se dit guere que de celuy qui acquiert des biens immeubles. Acquereur de bonne foy. un tel, present acquereur. nouvel acquereur.

On dit prov. Il y a plus de fous acquereurs, que de fous vendeurs.

ACQUERIR. v. a. Rendre sien par achat ; faire acquisition de quelque chose d’utile & d’agreable. Acquerir une terre, une charge, une maison, un pré, une rente. acquerir de ses deniers, des deniers d’autruy. acquerir du bien legitimement. acquerir du bien par de bonnes voyes, par de mauvaises voyes. acquerir quelque chose en son nom, au nom d’autruy, sous le nom d’un autre. il a beaucoup acquis depuis quelque temps. il acquiert tous les jours. il est en estat d’acquerir.

On dit aussi, Acquerir les droits de quelqu’un. acquerir un nouveau droit sur quelque chose.

Acquerir, Se dit aussi, De toutes les choses honnestes qui se peuvent mettre au nombre des biens & des avantages. Acquerir de l’honneur, de la reputation, du credit, de l’authorité, de la science. il s’est acquis quantité d’amis. il s’est acquis l’estime de toute la Cour. il s’est acquis les bonnes graces de son maistre. vous avez acquis beaucoup de gloire en cette occasion.

Acquis, ise. part. Il a les significations de son verbe. Du bien mal acquis. qualitez naturelles, qualitez acquises.

Acquis est aussi subst. & dans cette acception on dit qu’Un homme a de l’acquis, beaucoup d’acquis, pour dire, qu’Il est tres-capable dans sa profession ; & cela se dit ordinairement en parlant d’un homme de lettres.

ACQUEST. s. m. Terme de Pratique. Chose acquise, ce que l’on a acquis. Il a fait un bel acquest.

On dit proverbialement, qu’Il n’y a si bel acquest que de don, pour dire, qu’Il n’y a point de bien plus legitimement, plus agreablement, plus seurement acquis, que celuy qui est donné.

En stile de Pratique, Acquests, au pluriel, se dit proprement des biens tant meubles qu’immeubles qu’on a acquis. Cette femme n’est point en communauté, elle n’aura point de part aux acquests. il est permis à un homme de disposer de ses acquests. acquests & conquests. les droits sur les francs-fiefs, & nouveaux acquests.

Acquest, Signifie aussi, Avantage, profit, gain. Il n’y a pas grand acquest à vendre cette marchandise-là. vous aurez plus d’acquest de le payer que de plaider.

ACQUIESCEMENT. s. m. v. Action par laquelle on se sousmet à quelque chose, on se


conforme aux sentiments, aux volontez d’autruy. Elle a surmonté la dureté de son mary par un entier acquiescement à ses volontez. acquiescement à la Sentence, à la demande. acquiescement à la volonté de Dieu.

ACQUIESCER. v. n. Déferer, ceder, sousmettre. Il a acquiescé à ce qu’on souhaittoit de luy. acquiescer aux sentiments, aux volontez d’autruy. acquiescer à une demande, à une Sentence.

ACQUISITION. s. f. v. Action d’acquerir. Faire un contract d’acquisition. depuis cette acquisition, il n’est rien arrivé. faire une acquisition. il a fait acquisition d’une belle terre.

Acquisition, Signifie aussi la chose acquise. Bonne acquisition. voilà ma nouvelle acquisition. il luy a cedé son acquisition.

ACQUIT. s. m. v. Quitance, descharge. Terme de finance. J’en ay un bon acquit. je fourniray des acquits bons & valables.

On dit, Payer une chose à l’acquit d’un autre, pour dire, La payer à la descharge d’un autre. J’ay payé cela à l’acquit de la succession. cela va à l’acquit des mineurs. Et on dit, Faire quelque chose pour l’acquit de sa conscience, à l’acquit de sa conscience, pour dire, Afin de n’en avoir point la conscience chargée.

On dit, Joüer à l’acquit, lorsque dans une partie de plusieurs personnes, ceux qui ont perdu, joüent entre eux à qui payera le tout.

On dit, Faire quelque chose par maniere d’acquit, pour dire, Negligemment, & seulement parce qu’on ne peut pas s’en dispenser.

Acquit, au jeu de Billard, se dit du premier coup que l’on joüe pour se mettre en passe. Faire un bon acquit, un mauvais acquit.

Acquit patent, Expedition de Chancellerie en parchemin scellée du grand Sceau, par laquelle le Roy fait don de certaine somme à ceux qu’il veut gratifier. Les acquipatents n’excedent pas d’ordinaire la somme de trois mil livres.

ACQUITER. v. a. Rendre quitte, liberer de dettes. Il a acquité son ami, son parent, sa famille, sa succession. il s’est obligé de m’acquiter & indemniser. il s’est bien acquité depuis un tel temps. il s’est acquité de cent mille francs depuis peu. il a acquité entierement sa terre. il devoit sur sa charge, mais il l’a tout-à-fait acquitée.

On dit prov. Qui s’acquite, s’enrichit.

On dit fig. S’acquiter des obligations qu’on a à quelqu’un, pour dire, Les reconnoistre par ses services ; & generalement, en parlant des devoirs, & des obligations de la vie, & en parlant de charge, d’employ, &c. on dit, S’en acquiter, pour dire, Y satisfaire. S’acquiter de son devoir, s’en acquiter bien, s’en acquiter mal. s’acquiter d’une commission. il s’acquite bien de sa charge. il s’acquite bien de tout ce qu’il fait. il s’acquite bien de cet employ, il s’en acquite dignement. il a entrepris de prescher le Caresme, je ne sçay s’il s’en acquitera bien, il s’en acquitera comme il faut.

On dit fig. Acquiter sa conscience, pour dire, Faire ce qu’on croit estre obligé de faire en conscience.

On dit au jeu du Billard, S’acquiter, pour dire, Joüer le premier coup pour se mettre en passe.

Acquiter, Signifie aussi, Payer. Il a acqui' toutes les dettes de sa famille. Et on dit, Acquiter un contrat, une obligation, pour dire, Payer les sommes portées par ce contract, par cette obligation.

Acquité, ée. participe.

ACR

ACRE. s. f. (la premiere syllabe est breve.) Une mesure de terre contenant un arpent & demy ou environ. Cent acres de terre, de pré.

ACRE. adject. de tout genre. (la premiere syllabe est longue.) Qui a quelque chose de picquant, de mordicant, de corrosif, &c. Une bile acre. il luy tomba une humeur acre sur les yeux. une pituite acre. le suc de cette herbe est acre. cela est acre au goust, est d’un goust acre.

ACRETÉ. s. f. Qualité de ce qui est acre. L’acreté du sel, l’acreté de la bile.

ACRIMONIE. s. f. Acreté. L’acrimonie du sel. l’acrimonie des humeurs.

ACROSTICHE. s. m. On appelle ainsi un mot composé des lettres initiales de plusieurs mots qui font ensemble un sens parfait. Un acrostiche ingenieux. un sonnet par acrostiche.

Il est aussi adject. de tout genre. Lettres acrostiches. vers acrostiches.

ACT

ACTE. s. m. Action d’un Agent. operation. La creation du monde est un acte de la puissance de Dieu.

Il se dit en Logique par opposition à ce qu’on appelle Puissance, c’est-à-dire, Capacité d’agir, qui n’agit pas encore. Reduire de la puissance à l’acte. la consequence est bonne de l’acte à la puissance.

On dit en termes de Pratique, Faire acte d’heritier, pour dire, Agir comme heritier. Quand on a fait acte d’heritier, on est obligé aux dettes.

Acte, En termes de Morale, se dit generalement de toutes sortes d’actions. En ce sens, on dit que, Les mesmes actes plusieurs fois repetez, forment l’habitude.

Il se dit plus particulierement, des mouvements vertueux que l’ame produit au dedans d’elle-mesme, & principalement de ceux qui regardent la Religion. Acte de foy. acte de contrition. acte d’humilité.

Acte, En termes de Pratique, Se dit de tout ce qui se fait par le ministere d’un Officier de Justice, soit en jugement, soit hors de jugement. Acte authentique, solemnel, public. acte passé pardevant Notaires. passer un acte. signer un acte. prendre un acte au Greffe. un acte de soumission au Greffe.

En ce sens, il se dit encore Des declarations faites en justice par un Officier de Justice pour certifier une chose. Demander acte. prendre acte de sa comparution. on luy a donné acte de sa plainte. acte de desadveu. j’en ay l’acte à la main.

Lorsqu’on arrive dans un lieu où on estoit convenu de se trouver pour affaire avec d’autres personnes, & que quelqu’un de ceux qui y devoient estre, ne s’y trouve pas, on dit prov. & fig. Acte de ma diligence, pour dire, qu’on n’a pas manqué au rendez-vous.

On appelle Acte sous seing privé, toute convention, & toute reconnoissance passée entre


des particuliers, sans estre revestuë de l’authorité publique.

On appelle, Acte Capitulaire, Une de liberation Canonique prise dans un Chapitre de Chanoines ou de Religieux.

Acte, En terme d’Escole, Se dit D’une dispute publique où l’on soustient des Theses. Faire un acte. soustenir un acte. présider à un acte. assister à un acte. un acte de Philosophie. un acte de Theologie. un acte en Sorbonne. un acte aux Escoles de Droit. un acte aux Escoles de Medecine.

Acte, En termes de Poësie, Se dit De chacune des parties principales dont une piece de Theatre est composée, & entre lesquelles il y a un temps où les Acteurs de la piece ne paroissent pas. Une piece de trois actes, de cinq actes, en cinq actes. tous les actes de cette Tragedie ne sont pas de la mesme force. les actes se divisent en Scenes.

On dit quelquefois, qu’Une piece de Theatre n’a qu’un acte, qu’elle n’est que d’un acte. Mais cela ne se dit guere que De certaines pieces comiques, qui ne sont proprement que des farces, & dans lesquelles il y a tousjours des Acteurs sur la Scene.

Actes, au pluriel, Se dit Des decisions faites par authorité publique, & redigées dans des Registres publics. Les actes du Senat. le Senat cassa les actes de Neron. les actes des Conciles. cela est extrait des actes publics.

On appelle, Les Actes des Apostres, Un Livre Canonique escrit par Saint Luc, & contenant plusieurs choses que les Apostres ont faites.

ACTEUR. s. m. Celuy qui represente un personnage dans une piece de Theatre. Bon Acteur. grand Acteur. meschant Acteur. former un Acteur. instruire un Acteur.

Il se dit fig. de celuy qui a part dans la conduite, dans l’execution d’une affaire. Il a esté un des principaux acteurs dans cette negociation. l’homme dont vous parlé est un tres-bon Officier & un grand acteur un jour de combat.

ACTIF, IVE. adject. Qui agit, ou qui a la vertu d’agir. Il se dit par opposition à passif. Qualitez actives. On dit en Philosophie, que La forme est active, & que La matiere est passive.

On appelle, Dettes actives, Celles dont on est creancier. Dettes passives, Celles dont on est debiteur.

On dit, en parlant d’élection, Avoir voix active & passive, pour dire, Avoir droit d’eslire & d’estre esleu. Dans l’élection des Empereurs d’Allemagne, les Electeurs Ecclesiastiques n’ont que voix active, les autres Electeurs ont voix active & passive.

Actif, Signifie aussi, Qui agit avec promptitude, avec force. Le feu est le plus actif des elements. il n’y a rien de plus actif que l’esprit de l’homme.

Il signifie aussi, Qui est agissant, diligent, laborieux. C’est un homme actif, extremement actif.

On appelle en matiere de devotion, Vie active, Celle qui consiste dans les actions exterieures de pieté par opposition à la vie contemplative, qui consiste dans les sentiments, & dans les affections de l’ame.

Actif, En terme de Grammaire, Se dit des verbes qui regissent l’accusatif. Ainsi dans ces phrases, Aimer Dieu. servir son ami. bastir une maison, &c. Ces verbes, Aimer, servir, & bastir, sont des verbes actifs.

Il se dit aussi de certains adjectifs verbaux, ainsi l’adjectif verbal, Secourable, qui signifie, Qui aime à secourir, à donner du secours, est un adjectif verbal actif, parce qu’il a une signification active ; au lieu que, Aimable, qui signifie, Qui merite d’estre aimé, est un adjectif verbal passif, parce qu’il a une signification passive.

ACTION. s. f. v. L’operation de chaque agent. L’action du feu sur le bois. l’action du Soleil sur les plantes. l’action de l’esprit. le feu par la violence de son action. une action vive, soudaine, momentanée.

Action, Se dit aussi par rapport à la Morale, & se dit generalement de tout ce qu’on fait. Bonne action. mauvaise action. vilaine action. action noire, lasche. action genereuse. faire de belles actions. action militaire.

Action, Se dit aussi, D’un combat, d’une rencontre entre des Trouppes. Les deux Armées estoient si proches l’une de l’autre, qu’on jugea qu’elles ne se sépareroient pas sans qu’il y eust quelqu’action. c’est un Officier admirable pour un jour d’action. engager une action.

On dit que Des Trouppes commencent à entrer en action, pour dire, qu’Elles commencent à agir, à entreprendre. Les Armées ne commencerent que tard à entrer en action.

Action, Se dit aussi pour marquer La vehemence, la chaleur à dire ou à faire quelque chose. Parler avec action. parler d’action. ce qu’il fait, il le fait d’action.

On dit, Estre en action, pour dire, Estre en mouvement, se remuer, s’agiter souvent. C’est un homme qui est tousjours en action. On dit aussi d’un cheval qu’Il est tousjours en action, pour dire, qu’Il s’agite continuellement.

Action, Se dit aussi de La contenance, du maintien, du geste d’un homme. C’est son action ordinaire de hausser les espaules, de pencher la teste. il se tint longtemps devant luy en action de suppliant.

Action, Se dit plus particulierement de Tout ce qui regarde la contenance, le mouvement du corps, & les gestes de l’Orateur. Ce Prédicateur n’a point d’action. il a l’action belle, noble, libre, aisée. avoir l’action froide, contrainte.

Action, Se dit aussi, d’un Discours public, comme est un Sermon, une Harangue, un Plaidoyer. Ce Prédicateur a fait une belle action. cet Advocat a fait une belle action.

Action, Se dit aussi, d’Une demande, d’une poursuite en Justice. Action criminelle. action civile. action personnelle. action réelle. action de rapt, action en garantie. intenter action en Justice.

Il signifie aussi, Le droit qu’on a de faire une demande en Justice. Avoir action contre quelqu’un. il l’a subrogé en ses droits, noms, & actions.

Action, Se dit aussi en Poësie, du Principal évenement qui fait le sujet d’une piece de Theatre. Il faut dans un Poëme dramatique qu’il y ait unité d’action. cet Episode n’a point de rapport à la principale action. une piece reguliere ne peut point avoir duplicité d’action.

On dit aussi qu’Il y a beaucoup d’action dans une piece de Theatre, pour dire, Que tout y est employé en action & non en recit, que tout s’y passe en évenements qui naissent les uns des autres.


En parlant de quelques anciens Conciles on appelle Action ce que dans les derniers on a appellé Session. Ainsi quand on parle des Conciles de Nicée, d’Ephese, de Constantinople, on dit, Dans la premiere action. dans la seconde action du Concile il fut deliberé.

Action, Se dit aussi de La somme qu’on a mise dans une societé de commerce, ou dans quelque autre societé utile ; & à proportion de laquelle on doit avoir part au profit general de la mesme societé. Avoir une action à la Tontine.

On appelle, Action de graces, Un remerciement, un tesmoignage de reconnoissance. Rendre mille actions de graces. le TE DEUM fut chanté en action de graces. on luy rendit de tres-humbles actions de grace.

ACTIONNER. v. a. Terme de Pratique. Agir contre quelqu’un en Justice, intenter action contre luy. S’il ne paye pas, il faudra le faire actionner. Il vieillit.

Actionné, ée. participe.

ACTIVEMENT. adverbe. Il n’est guere en usage qu’en Grammaire. Ainsi on dit d’un verbe neutre, qu’Il s’employe quelquefois activement, pour dire, qu’Il s’employe quelquefois dans une signification active, & qu’il regit l’accusatif. Ainsi, Parler, qui est un verbe neutre, s’employe activement dans cette phrase. C’est un homme qui parle bien sa langue.

ACTIVITÉ. s. f. Faculté active. vertu d’agir. L’activité du feu. l’activité des esprits. On appelle Sphere d’activité, L’espace dans lequel la faculté d’agir d’un agent naturel est renfermée, & hors duquel il n’a point d’action.

Il signifie fig. Diligence, promptitude, vivacité dans l’action, dans le travail. J’admire l’activité de cet homme.

ACTRICE. s. f. Celle qui represente un personnage sur le Theatre. Une bonne Actrice.

Il se dit fig. d’Une femme qui a part dans la conduite, dans l’execution d’une affaire. Elle a joüé un grand roole dans cette affaire, c’est une tres-bonne Actrice dans une intrigue.

ACTUEL, ELLE. adject. Effectif. réel. Payement actuel.

Il se dit dans le style dogmatique en differentes phrases, & par opposition à diverses choses. Ainsi Chaleur actuelle se dit par opposition à Chaleur en puissance. Intention actuelle par opposition à Intention virtuelle. Grace actuelle par opposition à Grace habituelle. Et Peché actuel par opposition à Peché Originel.

ACTUELLEMENT. adv. Effectivement, réelement, & de fait. Je luy ay payé actuellement cette somme. il est actuellement demeurant en telle Paroisse.

ADA

ADAGE. s. m. Proverbe. Il n’a guere d’usage qu’en plaisanterie, & dans cette phrase, On dit en commun adage. On appelle Les Adages d’Erasme, Un Recuëil qu’Erasme a fait des Proverbes de la Langue Grecque, & de la Langue Latine.

ADAPTATION. s. f. v. Application. L’adaptation de ce passage est juste. Il vieillit.

ADAPTER. v. a. Faire application d’une chose à une autre. Il ne se dit qu’en parlant de l’application qu’on fait d’un mot, d’un passage, d’un trait d’histoire, à quelque personne, à quelque sujet. On luy peut bien adapter ce passage de l’Escriture-Sainte. ce vers de Virgile luy est bien adapté.

Adapté, ée. Participe. Comparaison bien adaptée. vers bien adapté. passage bien adapté.

ADD

ADDITION. s. f. Ce qui est adjousté à quelque chose. Faire des additions, de longues additions. un livre avec les additions.

On dit en terme de Pratique. Informer par addition, pour dire, Adjouster une nouvelle information à la premiere.

Addition, Se dit aussi de La premiere regle d’Arithmetique, qui apprend à adjouster une somme à une autre. Il ne sçait encore que l’addition. On dit Faire une addition, pour dire, Pratiquer ce que la regle d’addition enseigne.

ADDITIONNER. v. a. Mettre plusieurs sommes ensemble pour en sçavoir le total. Il faut additionner toutes les sommes.

Additionné, ée. Participe.

ADDONNER. S’ADDONNER. v. a. Qui ne s’employe qu’avec le pronom personnel, Se plaire particulierement à quelque chose, s’y appliquer avec chaleur. Il s’addonne à l’estude, aux plaisirs, à la chasse.

On dit aussi, S’addonner à un lieu, à une personne, pour dire, Frequenter un lieu, une personne. voir frequemment, familierement une personne.

On dit aussi qu’Un chien s’est addonné à un homme, lorsqu’il s’est attaché à suivre quelqu’un qui l’a rencontré par hasard ; & on dit qu’Il s’addonne à la cuisine, pour dire, qu’Il y est continuellement.

s’Addonner, Se dit aussi en parlant de chemin. ainsi on dit, Je vous prie de passer chez moy, si vostre chemin s’y addonne, pour dire, Si c’est vostre chemin d’y passer en allant ailleurs. Et dans cette phrase s’adonner est v. n. p.

Addonné, ée. Part. Un homme addonné à l’estude. estre addonné au jeu. estre addonné aux femmes. une femme addonnée aux oeuvres de pieté.

ADH

ADHERENCE. s. f. v. Attachement d’une chose à une autre. (l’H ne s’aspire point.) Il y a adherence du poulmon aux costes. l’adherence de la pierre à la vessie, est ce qui a empesché le succés de la taille. Il n’a guere d’usage au propre que dans ces sortes de phrases.

Il signifie fig. Complaisance, condescendance en des choses où on ne devroit point en avoir. Le pere a gasté son fils par trop d’adherence, par une mauvaise adherence à toutes ses fantaisies.

Il signifie aussi figurement. Attachement à un mauvais parti, à une mauvaise opinion. On l’accusoit d’adherence au parti des rebelles, aux opinions des heretiques.

ADHERENT, ENTE. adject. verb. (l’H ne s’aspire point.) Qui est attaché à quelque chose. Il n’a guere d’usage que dans les phrases suivantes. Une pierre adherente à la vessie.


avoir le poulmon adherent aux costes.

ADHERER. v. n. (l’H ne s’aspire point.) Estre attaché contre. En ce sens il n’a guere d’usage que dans les phrases qui suivent. On trouva en l’ouvrant, que son poulmon adheroit aux costes.

Il signifie fig. Estre du sentiment ou du parti de quelqu’un. Il adhere à tout ce que vous dites. adherer aux fantaisies, aux opinions d’autruy. tous ceux qui ont adheré à ce parti-là.

Adherer, Se dit aussi en termes de Pratique, & sign. Enfermer un premier acte par un subsequent. interjetter une nouvelle appellation en adherant à la premiere. la Cour adherant aux conclusions du Procureur General.

ADJ

ADJACENT, ENTE. adject. Qui est situé auprés ; qui est aux environs. Païs adjacents. lieux adjacents. Terres adjacentes. Isles adjacentes. tout le païs adjacent. toute la contrée adjacente.

ADJECTIF. adject. m. Terme de Grammaire ; qui se dit des noms que l’on joint aux substantifs, pour en marquer la qualité. Ainsi Blanc, noir, froid, chaud, heureux, malheureux, grand, petit, &c. sont des noms adjectifs.

Il est aussi subst. Un adjectif verbal. l’adjectif doit s’accorder avec le substantif en genre, en cas, & en nombre. un adjectif masculin. un adjectif feminin.

ADIEU. Terme de civilité & d’amitié, dont on se sert, en prenant congé les uns des autres. Adieu, Monsieur. adieu, je m’en vais. dire adieu il ne luy a pas seulement dit adieu. il y eut bien des larmes répanduës quand ils se dirent adieu.

Dire adieu, sign. quelquefois, Prendre congé. Il a esté dire adieu à un tel. il ne dit jamais adieu à ses amis.

Adieu vous dis. Façon de parler populaire ; & Adieu en voilà assez, Façon de parler familiere dont on se sert quand on veut finir un entretien, un discours d’affaire.

Adieu, Se dit quelquefois fig. En parlant d’un homme qui est en peril évident, ou d’une chose qui court grand risque. Si la fiévre vient à redoubler, adieu le bon homme. si vous touchez à ce cabinet, adieu mes porcelaines. adieu ma bouteille. adieu la voiture.

On dit prov. Adieu panier vendanges sont faites. pour dire, Qu’on n’a plus que faire de panier, quand les vendanges sont passées. Et cela se dit fig. de toutes les choses dont on n’a plus que faire, ou dont on ne se soucie plus.

On dit aussi fig. Dire adieu au monde, pour dire, Renoncer au monde, se retirer du monde. Il a dit un éternel adieu au monde.

Il se dit dans le mesme sens de toutes les choses ausquelles on renonce. Il a dit adieu au Palais. dire adieu à la débauche. dire adieu aux plaisirs.

Adieu est aussi substantif masc. Un long adieu. les adieux furent longs & tendres.

ADJOINDRE. v. a. Joindre avec. Il ne se dit que des personnes, lorsqu’on en joint une ou plusieurs à une autre pour avoir soin de quelque affaire. Il ne pouvoit pas suffire tout seul à un si grand employ, en fut contraint de luy adjoindre un associé.

Adjoint, ointe. Part.

Il est aussi subst. C’est mon adjoint. on luy a donné un adjoint, des adjoints. il aura un tel pour adjoint. il ne veut point d’adjoint, il veut estre seul.

Adjoint. En certaines Compagnies est aussi un Officier establi pour aider au principal Officier dans les choses de sa charge, & pour la faire en son absence. Le Recteur & ses deux Adjoints. le Syndic des Imprimeurs & Libraires, & ses quatre Adjoints.

ADJONCTION. s. f. v. Addition d’une chose à une autre. Adjonction de nouveaux moyens. cette adjonction de moyens fortifie beaucoup vostre cause.

ADJOURNEMENT. s. m. v. (le D ne se prononce point.) Terme de Pratique. Assignation. Exploit d’adjournement. adjournement fait à domicile, fait à personne.

On appelle Adjournement personnel, Une assignation donnée à quelqu’un à comparoistre en personne pour respondre sur les faits dont il est accusé. Decerner un adjournement personnel. mettre quelqu’un en adjournement personnel.

ADJOURNER. v. a. (le D ne se prononce point.) Assigner quelqu’un à certain jour en Justice. Adjourner par exploit. adjourner à comparoistre devant, &c. adjourner devant le Lieutenant Civil. faire adjourner. adjourner à son de trompe. adjourner à trois briefs jours. adjourner des tesmoins. adjourner quelqu’un pour dire ses causes d’opposition.

Adjourné, ée. Participe.

ADJOUSTER. v. a. (les uns prononcent le D. les autres ne le prononcent point.) Mettre quelque chose de plus. Joindre une chose à une autre. Faire addition d’un nombre. Ce passage a esté adjousté à ce livre. il a adjousté des nouveaux legs à son testament. à toutes ces raisons adjoustez que. adjoustez à cela que. je n’adjousteray plus qu’un mot. à vingt adjoustez vingt. sa compagnie n’estoit que de trente soldats, il en a adjousté encore dix.

On dit, Adjouster au conte, pour dire, l’Amplifier par des circonstances inventées.

Et on dit, Adjouster foy à quelqu’un, adjouster foy à quelque chose, pour dire, Croire ce que quelqu’un dit, croire quelque chose. On peut luy adjouster foy. il ne faut pas luy adjouster foy trop de leger. adjoustez-vous foy à ces choses-là ? vous pouvez adjouster foy à tout ce qu’il vous dira.

Adjousté, ée. Participe.

ADJUDICATAIRE. s. de tout genre. (le D se prononce) Celuy ou celle à qui on adjuge. Il est adjudicataire de cette maison. adjudicataire des fruits de cette terre. Adjudicataire de ce bien-là. elle s’en est rendu adjudicataire.

ADJUDICATION. s. f. v. (les uns prononcent le D. les autres non.) Acte de Justice, par lequel on adjuge de vive voix ou par escrit. L’adjudication en fut faite. un bail par adjudication.

ADJUGER. v. a. (on ne prononce point le D.) Declarer en Jugement qu’une chose contestée entre deux Parties appartient de droit à l’une des deux. La Sentence luy a adjugé telle chose, luy a adjugé les despens. adjuger la recreance, les fruits.


Il signifie aussi, Attribuer, delivrer à quelqu’un par authorité de Justice un bien meuble, ou immeuble, qui se vend à l’enchere. On luy adjugea ces meubles, adjuger une terre à l’enchere. elle luy fut adjugée à tant. Adjugé à un tel, Formule de style de pratique.

ADJURATION. s. f. v. Formule dont l’Eglise se sert dans les exorcismes. Les adjurations que l’on fait dans les exorcismes. aprés plusieurs adjurations.

ADJURER. v. a. Commander au nom de Dieu de faire ou de dire quelque chose. Il n’a d’usage que dans les exorcismes. Je t’adjure de dire verité. je t’adjure par le Dieu vivant.

Adjuré, ée, part.

ADM

ADMETTRE. v. a. Recevoir à la participation de quelque avantage. Admettre quelqu’un dans une Societé, dans une Compagnie. admettre quelqu’un au rang, au nombre de ses amis. il a esté admis au Barreau. admettre aux Ordres sacrez. admettre à la sainte Table. admettre à la Communion de l’Eglise. admettre aux Sacrements, à la participation des Sacrements.

On dit, Admettre quelqu’un à se justifier, l’admettre à sa justification, à ses preuves justificatives, à ses faits justificatifs, pour dire, Le recevoir à sa justification, consentir qu’il se justifie dans les formes.

On dit dans le mesme sens, Admettre quelqu’un à faire preuve.

On dit aussi, Admettre les raisons, les excuses de quelqu’un, pour dire, Les recevoir pour bonnes, pour valables.

Admettre, signifie aussi, Reconnoistre pour veritable. Les Philosophes admettent pour principe que, &c. les Lutheriens mesme admettent la presence réelle de nostre Seigneur dans l’Eucharistie. vous admettez que, &c.

Admis, ise. Participe.

ADMINICULE. s. m. Terme de Pratique. Ce qui aide à faire preuve dans une affaire civile ou criminelle. Il n’y a pas de preuves formelles, il n’y a que des adminicules. c’est un grand adminicule.

Il se dit aussi en termes de Medecine de tout ce qui peut servir à faciliter le bon effet d’un remede.

ADMINISTRATEUR. s. m. v. Celuy qui regit les biens, les affaires d’une Communauté, d’un Hospital. Il est Administrateur d’un tel Hospital. les Administrateurs de l’Hostel-Dieu.

Administrateur. En parlant des Estats possedez par divers Princes d’Allemagne, Se dit de Celuy qui pendant la minorité du Prince a le gouvernement de l’Estat. Le Prince Administrateur. l’Administrateur de Virtemberg.

Il se dit aussi de quelques Evesques Lutheriens d’Allemagne. L’Administrateur de Magdebourg. l’Evesque Administrateur.

ADMINISTRATION. s. f. v. Gouvernement, direction, conduite. Il a eu long-temps l’administration des Finances, des principales affaires. il avoit l’administration de toutes choses. un tuteur est obligé de rendre compte de l’administration des biens de son pupille.

On dit, L’administration de la Justice, pour dire, L’exercice de la Justice. Il n’a aucun égard aux personnes dans l’administration de la Justice. les abus qui se commettent dans l’administration de la Justice.

On dit, L’administration des Sacrements, pour dire, L’action de conferer les Sacrements. Dans l’administration des Sacrements, il faut prendre garde que, &c.

ADMINISTRER. v. a. Gouverner, regir. C’est un homme qui a tousjours sagement administré les affaires. on l’accusoit d’avoir mal administré les Finances, les revenus de l’Estat.

On dit, Administrer la Justice, pour dire, Rendre la Justice ; Et, Administrer les Sacrements, pour dire, Conferer les Sacrements.

On dit en termes de Pratique, Administrer des tesmoins, des preuves, des titres, pour dire, Fournir des tesmoins, des titres, des preuves. Il a administré les tesmoins necessaires pour verifier la denonciation qu’il avoit faite.

Administré, ée. part.

ADMIRABLE. adj. v. de tout genre. Qui attire l’admiration. Dieu est admirable en ses oeuvres. cet homme est admirable pour son sçavoir.

On dit dans le style familier qu’Un homme est admirable, que ce qu’il dit, que ce qu’il fait est admirable, pour dire, qu’on est surpris, qu’on est scandalisé de ce qu’il dit, de ce qu’il fait. Vous estes admirable de venir icy nous controller.

ADMIRABLEMENT. adv. D’une maniere admirable. Cet ouvrage est admirablement beau. il peint admirablement bien. il chante, il danse admirablement bien.

ADMIRAL. s. m. (on ne prononce point le D.) Grand Officier qui commande en chef à tous les Vaisseaux de haut bord, à tous les Navires de guerre. Admiral de France. la Charge d’Admiral de France est une des grandes Charges de la Couronne. Admiral de Hollande, de Zelande. Admiral d’Angleterre.

Il se dit aussi de l’Officier qui commande une Armée navale, une Escadre, une Flote, quoiqu’il n’ait point la Charge d’Admiral. Ce Capitaine estoit Admiral de cette Flote.

On appelle aussi Admiral, le principal Vaisseau d’une Flotte. Il a servi toute la campagne sur l’Admiral.

ADMIRATEUR, ATRICE. adj. v. qui ne s’employe d’ordinaire que substantivement. Qui admire ou qui a coustume d’admirer. C’est un grand admirateur de l’antiquité. il est de vos admirateurs. c’est un admirateur perpetuel.

ADMIRATIF, IVE. adj. v. Il n’a guere d’usage qu’en ces phrases, Point admiratif, particule admirative. On appelle point admiratif, une ponctuation qui se marque ainsi ! & qui sert à faire connoistre qu’il y a exclamation & admiration dans le discours. Et on appelle particule admirative, une particule qu’on employe aussi à marquer admiration. Ah, est quelquefois particule admirative.

ADMIRATION. s. f. v. Sentiment de celuy qui regarde une chose comme merveilleuse dans son genre. Quand il voit un beau tableau, il est en admiration, il est ravi en admiration. avoir de l’admiration. estre saisi d’admiration. causer de l’admiration. donner de l’admiration.


s’attirer l’admiration de tout le monde. mouvement d’admiration. transport d’admiration. c’est un sujet d’admiration. c’est une chose digne d’admiration.

ADMIRAUTÉ. s. f. (on ne prononce point le D.) Estat & Office d’Admiral. L’admirauté de France. les droits de l’Admirauté.

Il se prend aussi, Pour le Siege de la Jurisdiction de l’Admiral. Lieutenant en l’Admirauté. Procureur du Roy en l’Admirauté. faire juger une prise à l’Admirauté.

ADMIRER. v. a. Considerer avec surprise, avec estonnement ce qui paroist merveilleux. Admirer les oeuvres de Dieu. admirer l’immensité du Ciel. admirer une beauté parfaite. admirer la sagesse, la valeur, la magnificence d’un Prince.

Il se dit aussi de la surprise que cause ce qui paroist extreme, excessif dans son genre. J’admire la folie des hommes. je vous admire de vouloir qu’on suive aveuglement vos advis.

Admiré, ée. part.

ADMISSIBLE. adj. de tout genre. Terme de Pratique. Valable, recevable, qui peut estre admis. Ses moyens de Requeste civile ont esté jugez admissibles. ses moyens de faux ont esté declarez pertinents & admissibles.

ADMISSION. s. f. v. Action par laquelle on est admis. Depuis son admission aux Ordres sacrez, il a tousjours vescu en bon Ecclesiastique.

ADMODIATEUR. s. m. v. Qui prend une terre à ferme. Il s’est rendu admodiateur d’une telle terre. Il n’a plus guere d’usage qu’en quelques Provinces.

ADMODIATION. s. f. v. Bail à ferme d’une terre en grain ou en argent. Faire l’admodiation d’une terre.

ADMODIER. v. a. (Plusieurs prononcent Amodier.) Affermer une terre en grain ou en argent. Il a admodié sa terre à tant en bled, à tant en argent.

Admodié, ée. part.

ADMONESTER. v. a. (l’S ne se prononce point.) Avertir. Terme de Pratique, dont on se sert, lorsqu’un particulier ayant manqué en quelque chose qui ne merite pas une grande punition, le Juge le mande pour luy faire quelque remonstrance à huis clos, avec deffense de recidiver. La Cour ordonna qu’il seroit mandé & admonesté. on l’a admonesté.

Admonesté, ée. part. (l’S ne se prononce point.

Il est quelquefois substantif, & signifie action d’admonester. L’admonesté n’emporte point interdiction. estre d’advis de l’admonesté.

ADMONITION. s. f. Avertissement. Aprés plusieurs admonitions. aprés deux ou trois admonitions. Il n’a guere d’usage qu’en style de Pratique.

ADO

ADOLESCENCE. s. f. L’âge qui est depuis la puberté jusqu’à la majorité, c’est-à-dire, depuis quatorze ans jusqu’à vingt-cinq. Il a peu d’usage dans le style ordinaire, & il ne se dit guere que des garçons. Au commencement de l’adolescence. il est encore dans l’adolescence.

ADOLESCENT. s. m. Jeune garçon. Il ne se dit guere qu’en raillerie. Un jeune adolescent.

ADOPTER. v. a. Choisir quelqu’un pour fils, le faire entrer dans tous les droits, & dans toutes les obligations d’un veritable fils. Auguste adopta Tibere. chez les Romains ceux qu’on avoit adoptez passoient dans la famille & sous la puissance de celuy qui les adoptoit.

Adopté, ée, participe.

ADOPTIF, IVE. adj. Qui est adopté. Enfans adoptifs. fils adoptif. fille adoptive. Dans le langage de la sainte Escriture, Jesus-Christ nous a fait enfants adoptifs de son Pere.

ADOPTION. s. f. Action d’adopter. Tibere n’estoit fils d’Auguste que par adoption. l’Escriture-sainte nous dit que nous sommes les enfants de Dieu par adoption, que nous sommes des enfants d’adoption.

ADORABLE. adj. de tout genre. Digne d’estre adoré. Dieu seul est adorable. les mysteres de la Religion sont adorables. la Providence de Dieu est adorable en toutes choses.

Adorable, Se dit par exageration De ce que l’on aime ou qu’on estime extrémement. Ainsi un amant dit de sa maistresse qu’Elle est adorable. Et dans le style familier, en parlant d’un honneste homme, d’un commerce agreable, doux, aisé, on dit que C’est un homme adorable.

ADORATEUR. s. m. v. Celuy qui adore. Les adorateurs du vray Dieu. les vrais adorateurs.

On dit fig. qu’Un homme est adorateur d’une femme, qu’il est de ses adorateurs, pour dire, qu’Il l’aime passionnément ; Et qu’Un homme est des adorateurs d’un autre homme, pour dire, qu’Il est prévenu d’une estime extraordinaire pour luy, qu’il l’admire en tout ce qu’il fait.

ADORATION. s. m. v. Celuy qui adore. Les adorateurs du vray Dieu. les vrais adorateurs.

ADORATION. s. f. v. Action par laquelle on adore. L’adoration n’est deuë qu’à Dieu seul. l’adoration des Idoles est le plus grand de tous les crimes. On dit aussi l’adoration de la Croix. aller à l’adoration de la Croix : mais cela ne se dit que par relation à Jesus-Christ.

On se sert aussi du mot d’adoration, en parlant de la ceremonie qui se pratique à l’égard d’un Pape nouvellement éleu, lorsqu’il est mis sur l’Autel aprés son élection, & que les Cardinaux luy vont rendre hommage : Et c’est en ce sens qu’on dit Aller à l’adoration du Pape.

On dit aussi dans cette mesme acception, qu’Un Pape est fait par voye d’adoration, lorsque tous les Cardinaux le vont reconnoistre pour Pape, sans avoir fait de Scrutin auparavant.

ADORER. v. a. Rendre un culte à un Estre que l’on reconnoist pour Dieu. Il ne faut adorer que Dieu. Dieu seul merite d’estre adoré. adorer le vray Dieu en esprit & verité. adorer la sainte Trinité. adorer Jesus-Christ dans l’Eucharistie. les Payens adoroient les faux Dieux. les Israëlites adorerent le veau d’or.

On dit aussi, Adorer la Croix : mais c’est dans un autre sens qu’adorer Dieu, & seulement par relation à Jesus-Christ.

Adorer, Se met quelquefois sans regime. Les Juifs adoroient en Jerusalem, & les Samaritains en Samarie. le peuple d’Israël alloit adorer sur les montagnes.

Adorer, ne signifie quelquefois que, Rendre


de tres-profonds respects, en se prosternant. La Reine Esther adora le Roy Assuerus. les Rois de Perse se faisoient adorer.

Adorer, Se dit encore par exageration, pour dire, Aimer avec une passion excessive. Il ne l’aime pas, il l’adore. cette mere est folle de son fils, elle l’adore.

On dit prov. & fig. Adorer le veau d’or, pour dire, Faire la cour à un homme de peu de merite, à cause de ses richesses, ou à cause de son crédit.

Adoré, ée. participe.

ADOSSER. v. a. Mettre le dos contre quelque chose. Adosser un enfant contre une muraille pour l’empescher de tomber. il s’adossa contre une muraille, & se deffendit long-temps de la sorte.

Il se dit aussi fig. En parlant d’un bastiment, &c. qu’on place contre une montagne, contre un rocher, d’un appentis qu’on appuye contre un bastiment.

Adossé, ée. part. En terme de Blason il se dit de deux pieces d’armoiries, comme deux lions, deux poissons, &c. mis dos à dos. Le Duché de Bar a pour armes deux bars adossez. il porte de gueules à deux lions d’or adossez.

ADOUBER. v. a. Qui ne s’employe qu’absolument, & qui n’a guere d’usage qu’au Trictrac, & aux Eschecs ; dans cette phrase, J’adoube, par laquelle on marque qu’on ne s’engage pas à joüer la piece qu’on touche.

ADOUCIR. v. a. Rendre doux. Temperer l’acreté de quelque chose d’aigre, de picquant, de salé. Adoucir l’aigreur du citron par le sucre. adoucir avec de l’eau une sausse trop salée. cela adoucit l’acreté des humeurs, l’acreté du rhume. adoucir l’acreté du sang.

On dit, Adoucir sa voix, pour dire, Parler d’un ton moins aigre, ou moins élevé. Adoucir une expression, pour dire, La corriger, la temperer par une autre moins dure & plus convenable.

On dit, que La pluye a adouci le temps, pour dire, qu’Elle l’a rendu moins froid.

Adoucir, signifie aussi, Rendre moins fascheux & plus supportable. Cela adoucira un peu vostre mal. si quelque chose pouvoit adoucir mon déplaisir. adoucir l’ennuy, l’amertume, le chagrin, &c.

On dit dans le mesme sens, Adoucir l’humeur : Et l’on dit fig. d’une bonne nouvelle, qu’Elle adoucit le sang, qu’elle raffraischit le sang.

On dit, Adoucir les traits, adoucir l’air du visage, pour dire, Les rendre moins rudes. La maniere de se coëffer adoucit l’air du visage, ou le rend plus rude.

On dit en termes de Peinture, Adoucir les traits d’une figure, pour dire, Les rendre plus tendres, plus délicats. Il faut un peu adoucir les contours de cette figure, qui sont trop marquez, trop ressentis.

Il signifie encore, Appaiser. Adoucir la colere de quelqu’un. adoucir un esprit irrité.

Il est aussi n. p. & signifie, Devenir plus doux. Son humeur s’adoucit. le temps commence à s’adoucir. tous les maux s’adoucissent avec le temps. sa voix s’adoucit.

Adouci, ie. part. pass.

ADOUCISSEMENT. s. m. v. Action par laquelle une chose est adoucie ; L’estat d’une chose adoucie. Il paroist quelque adoucissement dans les humeurs de ce malade. on l’a tiré de sa maladie par l’adoucissement du sang, par l’adoucissement de la bile. cela contribuë à l’adoucissement de la voix, à l’adoucissement des traits. il a rendu son tableau beaucoup plus beau par l’adoucissement des contours.

Il se prend aussi fig. pour Allegement, diminution de peine, de douleur. Il y a quelque adoucissement dans ses maux. rien ne peut apporter d’adoucissement à sa douleur, à son déplaisir.

Il se dit encore du temps. Il y a quelque adoucissement dans le temps. C’est-à-dire, Le temps n’est plus si rude, si fascheux, il ne fait plus si froid.

Il se dit aussi fig. en parlant des choses morales, des affaires ; & il signifie, Accommodement, temperament, expedient propre à concilier. Ne sçauroit-on trouver d’adoucissement à cela. on trouve des adoucissements à toutes choses. les affaires sont fort aigries entre eux, on y cherche quelque adoucissement.

ADR

ADRESSANT, ANTE. adj. v. Qui s’adresse, qui est adressé. Un pacquet adressant à un tel. des lettres adressantes à, &c. Lettres Patentes adressantes au Parlement.

ADRESSE. s. f. v. Indication, designation, soit de la personne à qui il faut s’adresser, soit du lieu où il faut aller ou envoyer. Donner une adresse pour faire tenir des lettres. une bonne adresse. une adresse seure. une fausse adresse. je vous donneray mon adresse. envoyer une lettre à son adresse.

On dit, Faire tenir des lettres à leurs adresses, pour dire, Envoyer des lettres à ceux à qui elles sont adressées.

On appelle, Bureau d’adresse, un lieu où l’on s’adresse pour diverses choses qui regardent la societé & le commerce. Il est principalement en usage en parlant du lieu où l’on reçoit les nouvelles pour la Gazette, & où on la debite : Et on dit fig. d’une maison où l’on debite ordinairement beaucoup de nouvelles, que c’est un vray Bureau d’adresse.

Adresse. s. f. Dexterité, soit pour les choses du corps, soit pour celles de l’esprit. Grande adresse. il fait toutes choses avec adresse. il a beaucoup d’adresse à faire tous ses exercices. adresse d’esprit. il faut traiter, il faut manier cette affaire avec adresse. il a tiré cela de luy par adresse, par artifice.

On appelle, Tour d’adresse, un tour de subtilité de main. C’est un homme qui sçait, qui fait des tours d’adresse.

Il se prend aussi, pour Un tour de finesse d’esprit. Il luy a joüé un tour d’adresse.

ADRESSER. v. a. Envoyer directement à quelque personne, en quelque lieu. Adresser une lettre, un paquet à quelqu’un. vous n’avez qu’à me l’adresser à un tel endroit. vous adresserez vos lettres à un tel pour me les faire tenir. vous m’avez adressé un homme qui ne m’a pû rendre raison de rien.

On dit, Adresser le discours, adresser la parole à quelqu’un, pour dire, Parler directement à quelqu’un. On dit aussi dans ce mesme sens,


Adresser ses voeux, adresser ses prieres. Et on dit aussi, Adresser ses pas, pour dire, Tourner ses pas vers quelque endroit, aller vers quelque lieu.

Il s’employe souvent avec le pronom personnel, pour dire, Aller trouver directement quelqu’un, avoir recours à luy. Il faut s’adresser à un tel pour cette affaire. je m’adresse à vous comme à la seule personne de qui je puis esperer quelque secours. Et on dit, Vous vous adressez mal, soit pour dire, Vous vous mesprenez, soit pour faire entendre qu’il faut traiter d’une autre maniere la personne à qui l’on parle ; ce qui se marque encore davantage dans ces phrases, A qui vous adressez-vous, à qui pensez-vous vous adresser.

On dit d’une chose qu’une personne aura dite, Cela s’adresse à vous, pour dire, C’est vous que cela regarde, c’est vous qu’on prétend designer.

Adresser, est quelquefois n. p. Et ainsi on dit, qu’Une lettre s’adresse à quelqu’un, pour dire, Que la suscription de la lettre marque que c’est à luy qu’elle doit estre renduë. Le paquet s’adresse à vous, mais il y a une lettre pour moy.

Adresser. v. a. Qui ne s’employe qu’absolument sans regime. Toucher droit où l’on vise. Vous avez bien adressé, vous n’avez pas bien adressé.

Adressé, ée. part.

ADROIT, OITE. adj. Qui a de l’adresse, de la dexterité. Il se dit & du corps, & de l’esprit. Il est adroit en ses exercices. adroit à courir la bague. estre adroit à manier une affaire. c’est un esprit adroit.

Quelquefois il se prend pour Fin, subtil, rusé, & alors il se met substantivement. Ne vous fiez pas à cet homme-là, c’est un adroit. En cette acception il n’a d’usage que dans la conversation familiere.

ADROITEMENT. adv. D’une maniere adroite, avec adresse. Il a fait cela fort adroitement. il a conduit cette affaire fort adroitement. il s’est tiré adroitement d’affaire.

ADV

ADVERBE. s. m. Terme de Grammaire. Partie indeclinable de l’oraison, qui se joint avec les verbes & avec les adjectifs, pour en exprimer les manieres ou les circonstances. Adverbe de lieu. adverbe de temps. adverbe dérivé du verbe. adverbe dérivé d’un nom adjectif. les adverbes servent à modifier les verbes ou les noms avec lesquels ils sont joints. icy & là sont des adverbes de lieu. aujourd’huy, demain, bientost, tantost, sont des adverbes de temps. beaucoup & peu, sont des adverbes de quantité, &c. doucement, fortement, sont des adverbes de qualité & de maniere.

ADVERBIAL, ALE. adj. Terme de Grammaire. Qui tient de l’adverbe, Il se dit de deux ou de plusieurs mots qui estant joints ensemble ont force & signification d’adverbe. A contre-temps. sans dessus dessous, sont des façons de parler adverbiales.

ADVERBIALEMENT. adv. Terme de Grammaire. D’une maniere adverbiale. Des façons de parler qui se prennent adverbialement.

ADVERSAIRE. s. m. Celuy qui est d’un parti opposé, d’une opinion contraire. Il a un fort adversaire, un puissant adversaire. repousser son adversaire. vaincre son adversaire, ses adversaires. c’est luy qui est vostre adversaire.

Il est aussi s. f. C’est elle qui est vostre adversaire.

ADVERSATIF, IVE. adj. Terme de Grammaire. Il ne se dit guere qu’en cette phrase. Particule adversative. C’est une particule qui marque quelque opposition, quelque difference entre ce qui la précede, & ce qui la suit. Mais, est une particule adversative.

ADVERSE. adj. Contraire. Il n’a d’usage qu’en ces deux phrases. Fortune adverse. partie adverse. La premiere commence à vieillir, & La derniere ne se dit qu’en style de pratique, & signifie La personne contre qui l’on plaide.

ADVERSITÉ. s. f. L’Estat d’une fortune malheureuse. Estre dans l’adversité. tomber en adversité. les adversitez que Dieu nous envoye. estre constant dans l’adversité. succomber à l’adversité. sa vie a esté meslée d’adversité, & de prosperité.

Il se dit aussi D’un accident, d’un coup de fortune dont la suite jette dans un estat malheureux. Il luy est arrivé une estrange adversité. En ce sens il se dit plus ordinairement au pluriel. Il a soustenu de grandes adversitez. il a eu de grandes adversitez à essuyer.

ADVERTIR. v. a. (le D. ne se prononce point.) Donner advis. instruire, informer quelqu’un de quelque chose. Je vous advertis qu’un tel est arrivé. je l’ay adverti de tout. il faut advertir les parents.

Adverti, ie. part. Il a les significations de son verbe.

On dit prov. qu’Un adverti, qu’un bon adverti en vaut deux, pour dire, qu’En toutes sortes d’affaires, un homme qui est instruit, qui est informé, a un grand avantage sur celuy qui ne l’est pas. Il se dit aussi par forme de menace, & pour marquer à l’homme qu’on advertit que s’il y retourne, il s’en trouvera mal.

On dit aussi prov. Advertir quelqu’un de son salut, pour dire, Luy donner un avis salutaire sur quelque chose.

On dit, qu’Un homme est bien adverti, pour dire, qu’Il est bien informé de tout ce qui se passe.

ADVERTISSEMENT. s. m. v. (le D. ne se prononce point.) Advis qu’on donne à quelqu’un de quelque chose, afin qu’il y prenne garde. Advertissement salutaire. donner, envoyer, recevoir un advertissement.

Advertissement au Lecteur, ou Advertissement, tout court, est aussi Le titre qu’on donne à une espece de petite préface qu’on met à la teste d’un livre pour advertir le Lecteur de quelque chose.

On dit en parlant d’un accident, ou de quelque autre chose qui peut servir à faire qu’on se tienne sur ses gardes, & qu’on prenne des précautions pour sa conduite, que C’est un advertissement au Lecteur.

ADVEU. s. m. v. (le D. ne se prononce point) Reconnoissance verbale ou par escrit, d’avoir fait ou dit quelque chose. Il paroist par son adveu mesme, par son propre adveu.

Il se dit aussi du tesmoignage qu’on rend de ce qu’un autre a dit ou fait. C’est luy qui a le


mieux fait de l’adveu de tout le monde.

Il signifie aussi, L’approbation, le consentement, l’agrément qu’une personne superieure donne à ce qu’un inferieur a fait ou a dessein de faire. Je ne veux rien faire sans vostre adveu. il a entrepris cela sous vostre adveu. il a l’adveu de ses parents pour son mariage.

Adveu, signifie aussi, Une reconnoissance que le vassal donne à son Seigneur de fief pour raison des terres qu’il tient de luy. Rendre un adveu. bailler par adveu. adveu & declaration. adveu & dénombrement.

On appelle, Homme sans adveu, un vagabond que personne ne veut reconnoistre. un homme qui n’a ni feu ni lieu. Ce sont des gens sans adveu.

ADVIS. s. m. (le D. ne se prononce point.) Opinion, sentiment. Dire son advis. c’est mon advis. ce n’est pas-là mon advis. changer d’advis. estre d’un advis. il est tousjours du bon advis. estre d’un advis singulier.

Il se dit particulierement De l’opinion, & du suffrage de chaque Juge, lorsqu’il s’agit de juger de quelque affaire. Prendre les advis. aller aux advis. les Juges en sont aux advis. estre de l’advis courant.

Il se prend aussi pour Conseil, deliberation. Ne rien faire que par bon advis. prendre advis de quelqu’un. il a esté resolu par advis de parents. aprés avoir consulté son affaire, il trouva par advis qu’il, &c. les Advocats ont donné leur advis & l’ont signé.

On appelle Advis doctrinal, Le sentiment des Docteurs en Theologie consultez sur quelque point de doctrine.

On dit prov. & fig. qu’Il y a jour d’advis, pour dire, qu’Il y a temps de deliberer : Et prendre lettres d’advis, pour dire, Prendre du temps pour se resoudre.

Advis, Se prend aussi pour Advertissement. Je vous donne advis que la Cour où vous allez, est fort délicate. je profiteray de l’advis que vous me donnez.

Il se dit aussi des Nouvelles qu’on mande, & de celles qu’on reçoit. Je vous donneray advis de tout ce qui se passera. on a advis de l’armée. on a receu advis de Rome. les advis qu’on reçoit de tous costez portent que.

On appelle Lettres d’advis, Les lettres de negoce que les Marchands & les Banquiers s’escrivent les uns aux autres.

Advis au Lecteur. Titre qu’on donne à une espece de petite préface qu’on met à la teste d’un Livre, pour advertir le Lecteur de quelque chose.

En parlant d’un accident ou de quelque autre chose qui peut servir d’instruction à quelqu’un, on dit prov. Advis au Lecteur, pour marquer que cela le doit obliger à prendre garde à luy.

Advis, Se dit aussi D’un moyen proposé pour faire venir de l’argent aux coffres du Roy. Il se mesle de donner des advis. c’est un donneur d’advis. il a eu tant pour son droit d’advis. cet advis a esté rebuté.

ADVISER. v. a. (le D ne se prononce point.) Advertir, donner advis. On dit prov. qu’Un fou advise bien un sage, pour dire, qu’Il n’y a point d’homme si peu sensé dont on ne puisse recevoir quelque bon advis. Et prov. & bassement, Un verre de vin advise bien un homme. Hors de ces phrases proverbiales, Il vieillit dans cette acception.

Il signifie aussi, Resoudre, juger à propos. Aprés avoir bien deliberé, ils adviserent entre eux qu’il falloit, &c. selon que les parents adviseroient bon estre.

Il signifie aussi, Appercevoir d’assez loin. Je l’advisay dans la foule. Il est bas.

Adviser, est aussi Neutre, & signifie, Faire reflexion, faire attention, prendre garde. Advisez à ce que vous avez à faire. advisez-y bien. il y a du temps pour y adviser.

Il est aussi n. p. & sign. Faire attention, faire reflexion sur quelque chose. Je ne m’en suis pas advisé. il ne s’advise de rien. il s’en est advisé trop tard.

Il signifie aussi, S’imaginer quelque chose, trouver quelque chose, s’appliquer à trouver, à inventer quelque chose pour quelque fin. Il luy fit tous les honneurs dont il se pust adviser. il n’y a sottise, il n’y a malice dont il ne s’advise. il s’advisa d’un bon expedient. dequoy s’est-il allé adviser.

Advisé, ée. part.

Advisé, ée. adj. Prudent, circonspect, qui ne fait rien sans y bien penser. C’est un homme sage & advisé. il est fort advisé.

ADULATEUR. s. m. Flatteur. Celuy qui par bassesse & par interest, donne des loüanges excessives à une personne qui ne les merite pas. Lasche adulateur. les adulateurs ont perdu ce Prince. c’est un perpetuel adulateur.

ADULATION. s. f. Flatterie lasche & basse. Il y a trop d’adulation à cela. c’est une adulation honteuse.

ADULATRICE. s. f. Celle qui donne d’excessives loüanges pour quelques veuës particulieres. C’est une grande adulatrice.

ADULTE. adj. de tout genre. Qui est parvenu jusqu’à l’adolescence, jusqu’à l’âge de raison. Il n’estoit pas encore adulte. une personne adulte.

Il est aussi subst. Baptiser les adultes. le Baptesme des adultes. Il n’a guere d’usage dans l’adject. ni dans le subst. que dans les phrases précedentes.

ADULTERE. adject. de tout genre. Qui viole la foy conjugale. Il ne se dit guere dans l’adjectif qu’en parlant des femmes. Une femme adultere.

Il est aussi subst. & alors il se dit De celuy ou de celle qui viole la foy conjugale. Les fornicateurs ny les adulteres ne possederont point le Royaume de Dieu.

Adultere. s. m. signifie aussi, Le violement de la foy conjugale. Commettre adultere. on les surprit en adultere. un enfant né d’adultere. On appelle, Double adultere, L’adultere qu’un homme marié, & une femme mariée commettent ensemble. Enfant né d’un double adultere.

ADULTERIN, INE. adj. Qui est né d’adultere. Des enfans adulterins.

ADVOCASSER. v. n. (le D. ne se prononce point.) Faire la profession d’Advocat. Il y a tant d’années qu’il advocasse. Il est bas ; & il ne se dit guere qu’en mauvaise part.

ADVOCAT. s. m. (le D. ne se prononce point.) Celuy qui fait profession de deffendre des causes en Justice. Advocat fameux, celebre, éloquent. sçavant Advocat. Advocat en Parlement. Advocat au Conseil. plaider par Advocat. Advocat General. Advocat du Roy.

On appelle, Advocat consultant, un Advocat qui ne plaide plus, & qui donne seulement son advis & son conseil sur les affaires litigieuses.

Advocat, Se dit fig. de celuy qui intercede pour un autre, qui en soustient, qui en deffend les interests auprés de quelqu’un. Vous avez un bon Advocat en sa personne. je seray vostre Advocat auprés de luy. En ce sens, on dit aussi, Advocate ; & on appelle la sainte Vierge, l’Advocate des pecheurs.

ADVOUÉ. s. m. (le D. ne se prononce point) Vieux mot formé de celuy d’Advocat. On appelloit ainsi autrefois un Seigneur qui se chargeoit d’estre le protecteur, le deffenseur des droits d’une Eglise. L’Advoüé de Cisteaux. l’Advoüé de l’Evesché d’Arras.

ADVOUER. v. a. (le D. ne se prononce pas.) Confesser & reconnoistre qu’une chose est, en demeurer d’accord. Advoüer le fait, le crime. advoüer ingenuëment, franchement. il a tout advoüé. advoüez-moy la verité. advoüez le vray. je vous advoüe mon foible, mon ignorance. je vous advoüe que je n’y connois rien. il faut advoüer que cet homme est bien estourdi.

On dit prov. & fig. Advoüer la dette, pour dire, Reconnoistre qu’on a tort. Advoüer un ouvrage d’esprit, pour dire, S’en reconnoistre l’autheur. Et Advoüer un enfant, pour dire, S’en reconnoistre le pere.

Advouer. signifie aussi, Authoriser une chose, declarer qu’on l’approuve. J’advoüeray tout ce qu’il fera. On dit aussi, Advoüer un homme, pour dire, Declarer qu’on l’approuve en tout ce qu’il a fait, ou qu’il fera. Et cela se dit d’un homme à qui on a donné charge de faire ce qu’il fait. Je l’advoüeray de tout ce qu’il fera. il sera bien advoüé de tout.

Lors qu’Advoüer s’employe avec le pronom personnel, comme S’advoüer de quelqu’un, il signifie, Se renommer, s’authoriser de quelqu’un. Il s’est advoüé de vous.

Advoué, ée. part.

ADUSTE. adj. de tout genre. Qui est bruslé. Il ne se dit guere que des humeurs du corps humain. Humeur aduste, sang aduste, bile aduste.

AE

ÆOLIPYLE. Voy. Eolipyle.

ÆQUATEUR. Voy. Equateur.

ÆQUINOXE, ÆQUINOCTIAL. Voy. Equinoxe, Equinoctial.

AERÉ, ÉE. adj. Qui est en bel air, en grand air. Il ne se dit qu’en parlant de la situation d’une maison. Une maison bien aërée.

AERIEN, NE. adj. Qui est d’air, qui appartient à l’air. Il ne se dit guere qu’en ces phrases. Un corps aërien. les Demons aëriens. les esprits aëriens.

ÆTHERÉE. Voy. Etherée.

AFF

AFFABILITÉ. s. f. Qualité qui fait qu’un homme reçoit & escoute honnestement ceux qui ont affaire à luy. Recevoir avec affabilité, escouter avec affabilité.

AFFABLE. adj. de tout genre. Qui est d’un facile accés, & qui reçoit & escoute avec honnesteté ceux qui ont affaire à luy. C’est un homme extrémement affable. il est d’une humeur douce & affable.

AFFABLEMENT. adv. Avec affabilité. Il l’a receu, il luy a parlé fort affablement. Il est de peu d’usage.

AFFADIR. v. a. Rendre fade. Affadir une sausse, un ragoust, en y meslant quelque chose de trop doux.

Il se dit fig. en parlant des ouvrages d’esprit. Affadir un discours par des expressions affectées & basses.

Affadir, Sign. aussi Causer une sensation desagreable au palais, à l’estomac par quelque chose de fade. Une sausse qui affadit le coeur.

On dit aussi fig. Que de mauvaises loüanges affadissent le coeur.

Affadi, ie. Participe.

AFFAIRE. s. f. Tout ce qui est le sujet de quelque occupation. Affaire agréable. affaire importante. affaire de consequence. affaire espineuse, difficile. je suis à present de loisir, je n’ay aucune affaire. il n’a d’autre affaire que de se divertir. il est fort occupé, il a bien des affaires, il a mille affaires. il a affaire. il est en affaires. toutes affaires cessantes. l’affaire du salut est la grande affaire, est la plus importante de toutes les affaires, c’est proprement l’unique affaire d’un Chrestien.

On dit, Faire affaire, pour dire, Conclure, terminer une affaire : Et on dit D’un homme qui a fait quelque chose de mal à propos, qu’Il a fait une belle affaire.

On dit prov. Dieu nous garde d’un homme qui n’a qu’une affaire, pour Donner à entendre qu’ordinairement un homme qui n’a qu’une seule chose à faire, en est si occupé, qu’il en fatigue tout le monde.

Affaire, Se dit particulierement des Procés, & de tout ce qui se traite en quelque Jurisdiction que ce soit, tant en matiere civile qu’en matiere criminelle. Il a une grande affaire au Conseil, au Parlement. pourquoy prendre tant de peine pour une affaire de rien ? il n’y a point de petites affaires. c’est une affaire de grande discussion, de longue discussion. une affaire embroüillée, espineuse, embarrassée, enveloppée. une affaire favorable, plausible, malheureuse, extraordinaire. une affaire criminelle. son affaire se jugera, se vuidera, se rapportera bien-tost. il a un Rapporteur qui expedie bien des affaires. le point, le secret, le fin de l’affaire. un tel est son Solliciteur, son faiseur d’affaires, son homme d’affaires. c’est luy qui mene ses affaires. poursuivre une affaire.

Il se dit aussi de Toutes les choses qu’on a à discuter, à demesler avec quelqu’un dans le commerce de la vie. C’est une affaire d’interest. c’est une affaire d’honneur. sortir d’une affaire avec honneur. se bien tirer d’une affaire. On ne peut finir d’affaire avec lui. voilà le noeud de l’affaire. sortir d’affaire avec quelqu’un. il s’est tiré d’affaire. s’entremettre d’une affaire. se charger d’une affaire. je vous rendrai bon compte de vostre affaire. entendre bien une affaire, comprendre, concevoire une affaire. il debroüille bien, il demesle bien une affaire.

Il se prend aussi pour Soin, peine, embarras, demeslé. Fascheuse affaire. il a bien des affaires sur les bras. si vous vous broüillez avec cet homme-


là, vous vous ferez, vous vous attirerez des affaires. cela lui a fait une affaire. il m’a fait une affaire avec un tel. il vous donnera bien des affaires. il estoit bien embarrassé, mais il s’est tiré d’affaire. ses amis l’ont tiré d’affaire. susciter des affaires à quelqu’un. il a si bien fait qu’il s’est mis hors d’affaire, il ne veut point d’affaire. On dit d’une chose qu’on regarde comme penible ou mal-aisée à faire, que C’est une affaire ; Et d’une chose aisée & facile, que Ce n’est pas une affaire.

Affaire, Se dit particulierement des Actions de Guerre. C’est un homme qui a bien veu des affaires. il a tousjours bien fait dans toutes les affaires où il s’est rencontré. il fit des merveilles dans la derniere affaire. l’affaire fut quelque temps disputée.

Affaire, Se dit aussi particulierement de Ce qui regarde la levée des deniers publics, la recepte, la gestion, & l’administration des finances. Il est interessé dans les affaires du Roi. il a commencé par une petite recepte, presentement il est dans les grandes affaires. il a bien tiré de l’argent des affaires qu’il a faites. il embrasse toutes sortes d’affaires. il propose une affaire qui paroist bonne, les Fermiers generaux ont traité de cette affaire-là. il n’est plus dans les affaires. il s’est retire des affaires. les gens d’affaires.

Affaire, Est aussi Un terme general qui se dit de toute sorte de choses, & que l’on substituë souvent à la place des termes propres & particuliers de chaque chose. Ainsi En parlant d’une victoire remportée sur les ennemis, on dit, que C’est une grande affaire, une affaire glorieuse. En parlant d’un mauvais succés, que C’est une affaire fascheuse. En parlant d’une entreprise, que C’est une affaire aisée ou mal-aisée, &c. vous me contez-là une estrange affaire. le bon de l’affaire est... ce que vous dites-la est une autre affaire.

Affaires, au pluriel, se dit generalement de Toutes les choses qui concernent la fortune & les interests du public & du particulier. Affaires publiques. affaires d’Estat. ce Ministre est chargé de toute la conduite des affaires du Roy. le train, le courant des affaires. pour les urgentes affaires. pour les expresses affaires du Roy. les affaires d’une ville, d’une communauté. les affaires d’une succession. un homme dont les affaires sont en bon estat, en mauvais estat. ses affaires vont bien, vont mal. il est bien dans ses affaires, ses affaires sont nettes, sont claires, sont décousuës, sont en desordre. donner ordre à ses affaires. affaires domestiques. chacun a ses affaires, doit sçavoir ses affaires. il a soin de ses affaires. il a donné la conduite, le maniement de ses affaires à un tel. ce ne sont pas-là mes affaires. pourquoy en parlez-vous, sont-ce-là vos affaires ? meslez-vous de vos affaires ?

On dit ironiquement à un homme, que Ses affaires sont faites, pour dire, qu’Il ne doit plus rien esperer, qu’il n’a plus rien à prétendre.

On dit, Faire ses affaires, aller à ses affaires. pour dire, Aller aux necessitez naturelles. On appelle chez le Roy, Chaise d’affaire. La chaise percée. Et Brevet d’affaires, Le privilege d’entrer dans le lieu où le Roy est sur sa chaise d’affaires.

On dit, Avoir affaire, pour dire, Avoir besoin. Il a affaire d’argent. j’ai affaire de vous, ne sortez pas. En ce sens, on dit par ironie, J’ay bien affaire de cet homme-là, pour dire, Je ne me soucie gueres de lui. Et dans une pareille acception, J’ay bien affaire de tout cela, qu’ay-je affaire de toutes ces querelles ?

On dit, Avoir affaire à quelqu’un, avec quelqu’un, pour dire, Avoir à luy parler, avoir à traiter, à negocier avec luy de quelque chose. J’ay affaire à luy, il faut que je l’aille voir. il faut les laisser, ils ont affaire l’un à l’autre, ils ont affaire ensemble. ils sont en affaire. j’ay affaire à des gens difficiles. un Marchand a affaire avec toutes sortes de gens.

On dit aussi, Avoir affaire à quelqu’un, pour dire, Avoir quelque contestation, quelque demeslé avec quelqu’un. Et dans ce sens, on dit prov. Avoir affaire à la veuve & aux heritiers. avoir affaire à forte partie.

On dit dans le même sens, & par maniere de reprimande, lors qu’un homme a manqué en quelque chose envers quelqu’un qu’il ne connoissoit pas. Il faut prendre garde à qui on a affaire. Et par maniere de menace, on dit, Il verra à qui il a affaire, pour dire, Il verra que je sçaurai bien lui tenir teste. On dit aussi, Pour marquer qu’on prend hautement la défense & les interests de quelqu’un, Si on l’attaque, on aura affaire à moy.

On dit qu'Un homme a eu affaire avec une femme, ou Une femme avec un homme, pour dire, qu’Ils ont eu un mauvais commerce ensemble.

AFFAIRÉ, ÉE. adj. Qui a bien des affaires. Il est si fort affairé qu’il n’a pas une heure à luy. il fait l’affairé.

AFFAISSER. v. a. Faire que des choses qui sont l’une sur l’autre, s’abbaissent, se foulent, & tiennent moins d’espace en hauteur. Les pluyes affaissent les terres.

Il est aussi Neutre pass. Une terrasse qui s’affaisse. les terres raportées sont sujettes à s’affaisser. ce monceau de paille, de foin s’est affaissé de tant de pieds.

Affaisser. actif. Signifie aussi, Faire ployer, faire courber sous le faix ; & dans ce sens on dit, qu' Une trop grande charge de bled a affaissé le plancher d’un grenier.

Il est aussi n. p. dans cette acception. Un plancher qui s’affaisse, qui commence à s’affaisser.

On dit fig. D’un vieillard qui se courbe, qu'Il s’affaisse, qu’il commence à s’affaisser sous le poids des ans.

Affaissé, ée. Participe.

AFFAMER. v. a. Exciter la faim. C’est affamer un enfant que de lui donner si peu à manger. vous ne faites que l’affamer en luy donnant si peu de pain à la fois. l’exercice qu’ils avoient fait, les avoit tellement affamez, qu’ils devorerent tout ce qu’on avoit mis sur la table.

Il signifie aussi, Causer la famine. Affamer une Ville. affamer une Place. affamer une Province. Fig. & par extension, on dit d’un grand mangeur, qu' Il affame toute une table, pour dire, qu’Il mange tellement, que ceux qui sont à la mesme table n’ont presque pas à manger.

On dit fig. Affamer son caractere, son escriture, pour dire, Faire son escriture trop deliée. On dit aussi fig. Affamer un habit. affamer un ameublement, pour dire, Y espargner trop l’estoffe. Mais en ce sens son plus ordinaire usage est au participe.

Affamé, ée. participe. Il a les significations de son verbe.


On dit fig. que Ventre affamé n’a point d’oreilles, pour dire, qu' Un homme qui a faim, n’escoute guere ce qu’on luy dit. Et qu'Un habit est affamé, pour dire, qu’On l’a fait trop estroit ou trop court, qu’on y a trop espargné l’estoffe.

Affamé, ée. adj. Signifie fig. Qui a de l’avidité pour quelque chose. Qui souhaite quelque chose avec ardeur. Les Tyrans estoient affamez du sang des Chrestiens. estre affamé de gloire, affamé d’honneur, affamé de nouvelles. je suis affamé de le voir.

AFFECTATION. s. f. v. Attachement vicieux à dire, ou à faire certaines choses d’une maniere singuliere. Il y a de l’affectation en tout ce qu’il fait, en tout ce qu’il dit. affectation vicieuse. affectation de langage. il n’y a rien de naturel en elle, elle est pleine d’affectation en toutes choses. on ne sçauroit la corriger de ses affectations. une de ses affectations est de dire, &c.

Il signifie aussi, Une espéce de prédilection qu’on a pour de certaines choses. Il a de l’affectation pour ce logement. quelle affectation a-t’il pour ce quartier-là, plustost que pour un autre ?

AFFECTER. v. a. Destiner & appliquer une chose à certain usage. Il ne se dit guere qu’en parlant des fonds de terre, des heritages, des rentes. Affecter un fonds de terre pour l’entretien de quelques Prestres. affecter & hypotequer une terre au payement d’un doüaire. affecter une rente pour le payement d’une dette.

Affecter, signifie aussi, Avoir une espece de prédilection, & d’attachement pour de certaines choses, ou pour de certaines personnes. Affecter de certains mots, de certains termes, de certaines façons de parler. affecter certains gestes. affecter une place, un logement. affecter un Rapporteur. je n’en affecte aucun.

Il signifie aussi, Faire ostentation de quelque chose. Il affecte de paroistre sçavant. il affecte une grande humilité, une grande modestie.

Il signifie aussi simplement, Prendre quelque chose à tasche, Faire quelque chose de dessein formé. Il affecte tousjours de dire des choses desobligeantes. Il affecte de dire en grand secret des choses de rien.

Il signifie aussi, Rechercher une chose avec ambition, s’y porter avec ardeur, y aspirer. Et il ne se dit guere qu’en parlant des grandes dignitez. Affecter la tyrannie. affecter le premier rang, les premieres places.

Affecter, est aussi Un terme de Medecine, & signifie Faire une impression fascheuse. Il est à craindre que le trop grand usage d’un remede si chaud, n’affecte la partie avec le temps.

Affecté, ée. part. pass. Il a les significations de son verbe. Un fonds de terre affecté à l’entretien de, &c. une maison affectée au payement d’une dette. un geste affecté. c’est une place qui luy est affectée. humilité affectée. modestie affectée. il est à craindre qu’il ne se fasse un dépost sur la partie affectée.

AFFECTIF, IVE. adj. Qui inspire, ou qui est propre à inspirer de l’affection. Il n’a guere d’usage qu’en parlant des choses de pieté. Il parle des choses de Dieu d’une maniere tres-affective. saint Bernard est un des Peres de l’Eglise le plus affectif. on a imprimé des Livres sous le nom de Theologie affective.

AFFECTION. s. f. Amour. Sentiment qui fait qu’on aime quelque personne, qu’on se plaist à quelque chose. Tendre affection. affection paternelle. affection maternelle. avoir de l’affection pour quelqu’un. porter de l’affection à quelqu’un. mettre son affection à une personne, à une chose. c’est le cadet qui est l’objet des affections de la mere. toute son affection est aux Livres, est à la chasse. il n’a d’affection pour rien. il n’a affection à rien.

Il se dit aussi de L’ardeur avec laquelle on se porte à dire, ou à faire quelque chose par sentiment d’affection. Se porter à quelque chose avec affection. en parler d’affection.

AFFECTIONNER. v. a. Aimer, Avoir de l’affection pour quelque personne, pour quelque chose. C’est une personne que j’affectionne. c’est une sorte d’estude qu’il affectionne fort.

On dit, Affectionner quelque chose, pour dire, S’y interesser avec affection, avec chaleur. C’est l’affaire du monde que j’affectionne le plus.

Affectionner, s’employe aussi dans le n. p. Ainsi on dit, S’affectionner à une chose, pour dire, S’y attacher, s’y appliquer avec affection.

Affectionné, ée. part. pass.

C’est aussi un terme de civilité qu’on employe quelquefois dans la souscription des Lettres, & dans les formules suivantes. Vostre tres-humble & tres-affectionné Serviteur. vostre affectionné Serviteur. vostre affectionné à vous servir. vostre affectionné à vous rendre service. Et toutes ces differentes manieres se reglent selon la condition de la personne qui escrit, & de celle à qui on escrit.

AFFECTUEUX, EUSE. adj. Qui marque beaucoup d’affection. Discours affectueux. paroles affectueuses. mouvement affectueux. manieres affectueuses. un Orateur pathetique & affectueux.

AFFECTUEUSEMENT. adv. d’Une maniere affectueuse. Il luy parla fort affectueusement.

AFFERMER. v. a. Donner à ferme. Un Seigneur qui afferme sa terre. on leur a affermé les droits d’Entrée.

Il signifie aussi, Prendre à ferme. Tous les Fermiers qui ont affermé cette terre, y ont bien fait leurs affaires.

Affermé, ée. part. Il a les significations de son verbe.

AFFERMIR. v. a. Rendre ferme & stable. Affermir un pont. affermir une muraille. affermir un plancher. de l’opiat qui affermit les dents.

Il signifie aussi, Rendre ferme & consistant ce qui estoit mou. Le vin affermit le poisson. la glace affermit les chemins. l’esprit de vin affermit les gencives.

Il signifie fig. Rendre plus asseuré, plus inesbranlable. Affermir le courage. affermir l’ame. affermir quelqu’un dans une resolution, dans une croyance, dans une opinion, dans la Foi. affermir l’authorité. affermir le Sceptre dans la main d’un Roy. cette victoire l’a affermi dans son Estat, lui a affermi la Couronne sur la teste. cela vous doit affermir encore davantage dans vostre sentiment. les beaux jours acheveront d’affermir sa santé. affermir le repos des peuples. affermir la tranquillité publique. affermir les peuples dans le devoir. affermir les volontez chancelantes. Et avec le pronom personnel, S’affermir dans une resolution, dans un dessein.


Il est aussi n. p. en certaines phrases, & signifie, Devenir plus ferme, plus consistant. Ce poisson s’est affermi en cuisant. les chemins s’affermiront bientost. sa santé s’affermira avec le temps.

Affermi, ie. part. Il a les significations de son verbe.

AFFERMISSEMENT. s. m. Action par laquelle une chose est affermie, Estat d’une chose affermie. Il n’a guere d’usage au propre.

Il signifie fig. Confirmation dans un bon estat. L’affermissement de l’Estat, du Throsne, des Loix, de la Religion. l’amour des peuples envers le Prince est l’affermissement de son Empire.

AFFETÉ, ÉE. adj. Qui est plein d’affectation dans son air, dans ses manieres, par envie de plaire. Il ne se dit guere qu’en parlant d’une femme ou d’une fille coquette. Elle ne seroit pas desagreable, si elle n’estoit point si affetée.

Il se dit aussi des choses qui marquent de l’affectation. Mine affetée. discours affeté. manieres affetées. paroles affetées.

Affeté, ée, est aussi subst. Et il ne se dit qu’en cette phrase. C’est une affetée. une petite affetée.

AFFETERIE. s. f. Maniere affetée de parler, ou d’agir par envie de plaire. Il y a trop d’affeterie en tout ce qu’elle fait. les affeteries d’une coquette.

AFFICHE. s. f. Placard, Feüille escrite ou imprimée que l’on attache dans les carrefours, pour avertir le public de quelque chose. Affiche de Comediens. Affiche pour les criées d’une terre en decret.

AFFICHER. v. a. Attacher un placard, pour advertir le public de quelque chose. Afficher un Monitoire, une Ordonnance, &c. On dit par exaggeration, en parlant d’une chose qu’on voudroit faire sçavoir à tout le monde si on pouvoit. Non seulement je le diray, mais je l’afficheray par tout.

Affiché, ée. part.

AFFICHEUR. s. m. Celuy qui affiche des placards dans les ruës. Un afficheur de la Comedie.

AFFIDÉ, ÉE. adj. À qui on se fie. Envoyer un homme affidé. il luy fit dire par une personne affidée.

On l’employe quelquefois au subst. Il luy fit dire par un de ses affidez.

AFFILER. v. a. Donner le fil à un instrument qui coupe, l’aiguiser. Affiler le tranchant d’un rasoir, d’un couteau, d’un coutelas, d’un sabre.

Affilé, ée. part. On dit fig. d’Une personne qui parle facilement & beaucoup, qui a beaucoup de babil, qu’Elle a la langue bien affilée, le caquet bien affilé.

AFFINAGE. s. m. v. L’action par laquelle on affine, on purifie certaines choses, comme l’or, les meteaux, le sucre. L’affinage de l’or. cet or est decheu de tant de grains à l’affinage. l’affinage du sucre.

AFFINER. v. a. Purifier par le feu, ou par quelque autre moyen. Affiner l’or & l’argent. affiner du fer, de l’estain.

On dit, Affiner du sucre, pour dire, Le rendre plus pur, plus fin. Et on dit que Le temps, que la cave affinent le fromage, pour dire, Que le temps & la cave luy donnent un goust plus fin, plus relevé.

Affiner, est aussi n. p. L’or s’affine dans la fournaise. le sucre s’affine avec du salpestre. ce fromage s’affinera avec le temps.

Affiner, signifie aussi à l’actif, Surprendre par quelque finesse. Il me vouloit affiner. quelque fin qu’il soit, il s’est laissé affiner par un tel. il est bas.

Affiné, ée. part.

AFFINEUR. s. m. Celuy qui affine l’or & l’argent. Maistre affineur.

AFFINITÉ. s. f. Alliance, Degré de proximité que le mariage acquiert à un homme avec les parents de sa femme, & à une femme avec ceux de son mary. Il a espousé ma soeur, il y a affinité entre luy & moy. les divers degrez d’affinité.

On appelle, Affinité spirituelle, Celle qui se contracte dans la ceremonie du Baptesme entre les Parrains & Marraines, & les personnes dont ils ont tenu les enfants. Et encore entre les Parrains & Marraines, & leurs filleuls ou filleules.

Affinité, Se dit aussi De la conformité, de la convenance, du rapport, qui est entre diverses choses. Ces deux mots ont beaucoup d’affinité. la Physique & la Medecine ont une grande affinité. il y a quelque affinité entre la Poësie & la Peinture.

Il se dit de La liaison que des personnes ont ensemble, Il y avoit une grande affinité entre eux.

AFFIQUET. s. m. Parure. ajustement. Il ne se dit guere qu’en raillerie ; & au pluriel, en parlant des petits ajustemens d’une femme. Avec tous ses affiquets, elle ne laisse pas d’estre bien laide. Il est vieux.

AFFIRMATIF, IVE. adj. v. Qui affirme, Qui soustient une chose pour vraye. C’est un homme fort affirmatif. en cela il est un peu trop affirmatif. discours affirmatif. On appelle en Logique, Proposition affirmative, Toute proposition par laquelle on affirme une chose. Et on dit, Parler d’un ton affirmatif, pour dire, Parler d’une maniere trop decisive.

AFFIRMATIVE. s. f. Proposition par laquelle on affirme. Ils sont tousjours d’advis differents, jamais l’un ne dit une chose, que l’autre ne prenne l’affirmative au contraire. sur l’expedient qu’on proposa, les uns furent pour l’affirmative, les autres pour la negative. il y eut tant de voix pour l’affirmative. ceux qui soustenoient l’affirmative. On dit, Prendre l’affirmative pour quelqu’un, pour dire, Se declarer hautement en sa faveur.

AFFIRMATION. s. f. Expression par laquelle on asseure qu’une chose est vraye. Il n’a guere d’usage qu’au Palais, où il se prend pour, Asseurance avec serment, & dans les formes Juridiques. Prendre un acte d’affirmation. je m’en rapporte à vostre affirmation. le Juge a pris leur affirmation. le Greffe des affirmations.

En Logique, Affirmation, Signifie L’expression par laquelle une proposition affirme. L’affirmation est opposée à la negation.

AFFIRMATIVEMENT. adv. D’une maniere affirmative. Parler affirmativement. il en parle aussi affirmativement que s’il l’avoit veu.

AFFIRMER. v. a. Asseurer, soustenir qu’une chose est vraye. Oseriez-vous bien affirmer cela ? En style de Palais, Affirmer, se prend pour, Jurer, asseurer avec serment.

On dit en Logique, qu’Une proposition affir-


me, pour dire simplement, qu’Elle exprime qu’une chose est. Toute proposition nie ou affirme.

Affirmé, ée. Participe.

AFFLICTIF, IVE. adj. Il n’est guere en usage que dans cette phrase, Peine afflictive, qui signifie Une peine à laquelle la Justice condamne un Criminel. Condamner à une peine afflictive. l’amende honorable est une peine afflictive.

AFFLICTION. s. f. Déplaisir, & abbattement d’esprit. Extréme affliction. affliction sensible. cela luy causa une affliction mortelle. les afflictions qu’il plaist à Dieu de nous envoyer. il faut recevoir les afflictions de la main de Dieu. toutes les choses du monde ne sont que vanité & affliction d’esprit.

AFFLIGEANT, ANTE. adj. v. Qui cause du déplaisir. Cela est bien affligeant. une nouvelle bien affligeante.

AFFLIGER. v. a. Causer de la douleur, de la peine, du déplaisir. Affliger son corps par les jeusnes, par des macerations. Dieu nous afflige de maladies quand il lui plaist. Dieu a voulu affliger son peuple. Job fut affligé en son corps & en ses biens. son malheur m’afflige. cette nouvelle l’a extrémement affligé.

Affliger, est aussi v. n. p. Et signifie, Sentir du déplaisir, de la peine, se faire du chagrin de quelque chose. Vous vous affligez sans sujet. il s’afflige d’une chose dont il devroit se rejoüir.

Affligé, ée. Participe. Il a les significations de son verbe. Appliquer un remede, une fomentation sur une partie affligée.

Il est aussi subst. Consoler les affligez.

AFFLUENCE. s. f. Concours & cheute d’eaux, d’humeurs, &c. L’affluence des eaux qui venoient de la fonte des neiges, fit desborder la riviere. l’affluence des humeurs sur une partie affligée, cause souvent de grands accidents.

Il se dit fig. d’Une grande abondance de biens, d’un grand concours de monde. Affiuence de toutes sortes de biens. grande affluence de peuple.

AFFLUER. v. n. Se rendre en un mesme canal. Il se dit proprement des eaux dont le concours & la cheute se fait dans un mesme endroit. Il y a plusieurs ruisseaux, & plusieurs rivieres qui affluent dans la Seine, dans le Rosne, &c.

Il signifie fig. Abonder, Arriver en abondance. Toute sorte de biens affluent dans cette maison. les vivres affluoient dans le camp.

Il signifie aussi fig. Survenir en grand nombre. Les pelerins affluent à Rome de tous les endroits de la Chrestienté, pendant l’année sainte.

AFFOIBLIR. v. a. Debiliter, rendre foible. Les débauches affoiblissent le corps. le vin pris avec excés affoiblit les nerfs, affoiblit le cerveau, affoiblit la veuë. affoiblir un parti. affoiblir une armée. affoiblir la puissance de son ennemi. l’âge affoiblit l’esprit, affoiblit la memoire. On dit en parlant des monnoyes, Affoiblir les especes d’or & d’argent, pour dire, En diminuer le poids ou le titre.

Affoiblir. v. n. Devenir plus foible. Un malade qui affoiblit tous les jours. l’esprit luy affoiblit.

Il est aussi n. pass. Il s’affoiblit. son esprit s’affoiblit.

Affoibli, ie. Part. Il a les significations de son verbe.

AFFOIBLISSANT, TE. adj. v. Qui affoiblit. La saignée est un remede affoiblissant.

AFFOIBLISSEMENT. s. m. v. Debilitation, diminution de forces. Il se dit des forces du corps, de celles de l’esprit, de celles d’un estat, d’un parti, &c. L’affoiblissement du corps. l’affoiblissement des forces. l’affoiblissement de la veuë, l’affoiblissement de la voix. l’affoiblissement d’une armée. l’affoiblissement d’un parti. l’affoiblissement des monnoyes.

AFFOLER. v. a. Rendre excessivement passionné. Il n’a guere d’usage que dans le style familier, & au participe, Il est affolé de sa femme. il est affolé de sa maison.

Affolé, ée. Participe.

AFFOLIR. v. n. Devenir fou. Cet homme affolit tous les jours. Il vieillit.

AFFRANCHIR. v. a. Mettre en liberté. Affranchir un esclave.

Il signifie aussi, Descharger, exempter. Affranchir une personne de toutes sortes de charges. affranchir de tailles. affranchir une ville.

Il signifie fig. Délivrer. La mort nous affranchira des miseres de ce monde.

En matiere de Fief, on dit, Affranchir un heritage, pour dire, Liberer un heritage de quelque charge, de quelque rente.

Affranchi, ie. Participe. Il a les significations de son verbe.

Il est aussi subst. & sign. un Esclave, à qui on a donné la liberté. La condition d’affranchi. les affranchis d’Auguste. Acté, l’affranchie de Neron.

AFFRANCHISSEMENT. s. m. v. Il n’a guere d’usage dans le premier sens d’affranchir, qu’en parlant des anciens Grecs ou Romains, & il signifie, l’Action par laquelle un esclave estoit mis en liberté. Il devoit son affranchissement à la bonté de son maistre.

Il signifie aussi, Exemption, descharge. L’affranchissement d’une terre. l’affranchissement d’une ville. lettres d’affranchissement.

AFFRE. s. f. (l’A est long) Grande peur, extréme frayeur. Il n’est guere en usage qu’au pluriel, & mesme il vieillit. Il n’eut jamais de telles affres. il est dans des affres continuelles. les affres de la mort.

AFFREUX, EUSE. adj. Effroyable, horrible, qui fait frayeur. Un spectacle affreux. une image affreuse. c’est une chose affreuse. jetter des cris affreux.

AFFREUSEMENT. adv. Effroyablement, espouvantablement, d’une maniere affreuse. Il crioit affreusement. Il n’a guere d’usage.

AFFRIANDER. v. a. Rendre friand. Vous l’avez affriandé par la bonne chere que vous luy avez faite.

Il signifie aussi, Attirer par quelque chose d’agreable au goust. On affriande les poissons, les oiseaux avec de l’appast.

Il signifie fig. Attirer par quelque chose d’utile. Le gain l’a affriandé.

Affriandé, ée. Participe.

AFFRIOLER. v. a. Attirer par quelque chose d’agreable au goust. Vous l’avez affriolé par vostre bonne chere.

Il signifie fig. Attirer par quelque chose d’utile. Les presents l’ont affriolé. Il est bas.

Affriolé, ée. Part.

AFFRONT. s. m. Injure, outrage, soit de parole, soit de fait. Cruel affront. sanglant affront. sensible affront. affront signalé. On luy a fait un affront. il a receu un grand affront. en-


durer un affront. venger un affront.

On dit Essuyer un affront, pour dire, Recevoir un affront. Boire un affront, avaler un affront, pour dire, Souffrir patiemment un affront. Et on dit, Ne pouvoir digerer un affront, pourdire, Avoir tousjours sur le coeur un affront qu’on a receu. Il ne sçauroit digerer cet affront.

Affront, signifie aussi, Deshonneur, honte. Il fait affront à ses parents. vous pouvez respondre hardiment de luy, il est honneste homme, il ne vous fera point d’affront. au milieu de sa harangue sa memoire lui fit un affront. les armes de ce Prince receurent un affront devant cette place. si vous entreprenez cette affaire, l’affront vous en demeurera.

AFFRONTER. v. a. Attaquer avec hardiesse, avec intrepidité. Affronter les ennemis jusques dans leur camp.

On dit fig. Affronter la mort. affronter les hazards. affronter les perils. affronter les dangers, pour dire, s’Exposer hardiment à la mort, aux perils, aux dangers.

Affronter, Signifie aussi, Tromper, sous prétexte de bonne foy. C’est un coquin qui affronte tout le monde. il m’a vilainement affronté.

Affronté, ée. Part. Aprés tant de perils affrontez. bien des gens affrontez par ce Marchand, se plaignoient de luy.

AFFRONTEUR, EUSE. subst. verb. Celuy qui affronte, celuy qui trompe. C’est un affronteur. un vray affronteur. je hay les affronteurs.

AFFUBLER. v. a. Couvrir, envelopper la teste, le visage de quelque habillement, de quelque voile. On l’affubla d’une longue robe. Il est bas.

On s’en sert plus ordinairement avec le pronom personnel. S’affubler d’un manteau. Elle s’affubla d’une longue mante.

Affublé, ée. Part. Un Moine affublé de son froc.

AFFUST. s. m. (l’S ne se prononce point.) Machine de bois servant à soustenir le canon, & à le faire rouler. Affust de canon. poser le canon sur son affust.

Affust, (l’S ne se prononce point.) En terme de Chasse, signifie l’Endroit où l’on se poste, pour attendre le gibier à la sortie du bois, ou à la rentrée. Tirer un liévre à l’affust. attendre un loup, un sanglier à l’affust. sortir de son affust. aller à l’affust. il est à l’affust. se mettre à l’affust. choisir un bon affust.

On dit fig. & prov. Estre à l’affust, pour dire, Espier l’occasion de faire quelque chose, Estre au guet. Il y a long-temps que je suis à l’affust, que je suis icy à l’affust.

AFFUSTAGE. s. m. v. La peine, le soin, l’industrie d’affuster le canon. On a donné tant pour l’affustage.

AFFUSTER. v. a. Braquer un canon, le mettre en état de tirer. Affuster un canon, les canons estoient affustez, & tout prests à tirer.

Affusté, ée. Part.

Il signifie aussi fig. Préparé. Il s’est affusté pour cela. il est venu tout affusté.

AFI

AFIN. Conjonction qui dénote la Fin pour laquelle on fait quelque chose. Il a deux regimes, l’un avec que & le subjonctif, Afin que vous le sçachiez ; Et l’autre avec la préposition de & l’Infinitif, Afin de pouvoir dire. afin d’obtenir cette grace.

AGA

AGACEMENT. s. m. v. Impression, sentiment desagréable que les fruits verds font sur les dents, quand on les mange. L’agacement des dents est incommode.

Il se dit figurément de toutes les petites choses qu’on dit ou qu’on fait pour picquer quelqu’un, soit en raillerie, soit autrement. Faire des agacements à un enfant pour le rendre plus vif. comme ils ne s’aiment pas trop, ils ne se rencontrent jamais qu’ils ne se picotent par quelques agacements.

AGACER. v. a. Causer aux dents une espece de sentiment desagréable & incommode, tel qu’est celuy que causent les fruits verds & acides, quand on les mange. En ce sens il ne se dit qu’estant joint avec le mot de, dents. Le verjus agace les dents.

Il signifie fig. Provoquer, exciter par quelques paroles, par quelques actions. Il l’agace tousjours. ils ne se rencontrent point, qu’ils ne s’agacent. agacer un jeune enfant.

Agacé, ée. Part. Avoir les dents agacées. les enfants en sont plus jolis quand ils sont agacez.

AGACERIE. s. f. Terme par lequel on exprime les petites choses que dit ou que fait une femme, & les petites manieres dont elle se sert pour s’attirer l’attention de quelqu’un qui ne luy déplaist pas. Il paroist qu’elle a quelque dessein sur luy, elle luy fait des agaceries continuelles.

AGAPE. s. f. C’est le nom de ces repas, que les premiers Chrestiens faisoient dans les Eglises, & qui ont esté abolis, à cause des abus qui s’y estoient glissez dans la suite des temps. Les Agapes des anciens Chrestiens.

AGATE. s. f. Sorte de pierre précieuse, qui n’a guere d’éclat & de transparence, & qui est ordinairement de plusieurs couleurs. Agate d’Orient. agate Orientale. agate commune. agate de Boheme. vase d’agate. cachet d’agate. agate bien gravée. agate curieuse. Une teste d’Alexandre d’agate. une teste d’Auguste d’agate.

On dit, Une agate d’Alexandre. une agate d’Auguste, &c. pour dire, Une representation de la teste d’Alexandre, de la teste d’Auguste en agate. Et generalement on appelle Agates, toutes les representations de quelque chose que ce soit, en agate. Les agates du Roy. le garde des agates du Roy. un beau cabinet d’agates.

AGE

AGE. s. m. (l’A est long, & autrefois on escrivoit Aage.) La durée ordinaire de la vie. L’âge de l’homme ne passe pas communément quatre-vingt ans. les naturalistes tiennent que les Corneilles vivent trois âges d’homme. l’âge des chevaux n’est guere ordinairement que de vingt ans.

Age d’homme, Se dit pour signifier, L’estat d’un homme parvenu dans l’âge de consistance. S’il vit âge d’homme.

Age, Se dit aussi de tous les differents degrez de la vie de l’homme. Bas âge. âge tendre. jeune


âge. âge de raison. âge de discretion. âge nubile. âge meur. âge viril. âge avancé. âge caduc. âge decrepit. à la fleur de l’âge. sur le déclin de l’âge. avoir atteint certain âge. une femme hors d’âge d’avoir des enfants. la vigueur de l’âge. la caducité de l’âge. il est encore dans un âge de consistance.

En parlant des chemises & des souliers qu’on donne aux petits enfants, on dit, Des chemises du premier âge. des souliers du premier âge.

Age, signifie aussi Le temps qu’il y a qu’on est en vie. Long âge. grand âge. à l’âge de trente ans. il est de mon âge.

Age, Se dit aussi par relation à divers tems marquez par les loix, pour certaines fonctions de la societé civile. Ainsi on dit d’une fille qui n’est pas encore nubile, qu’On ne la peut pas marier, parce qu’elle n’est pas en âge. D’un jeune homme qui ne peut pas disposer de son bien, parce qu’il n’est pas majeur, Qu’il n’est pas en âge, qu’il n’a pas encore l’âge, qu’il n’a pas atteint l’âge. On appelle Lettres de benefice d’âge, de dispense d’âge, Des lettres que le Prince accorde pour dispenser un homme, de ce qu’il n’a pas encore l’âge requis par les loix, pour exercer quelque charge.

Age, Se prend absolument pour Vieillesse, pour un âge fort avancé. C’est un homme d’âge. estre sur l’âge.

On dit qu’ Un homme est entre deux âges, pour dire, qu’Il n’est ni jeune ni vieux.

Age, dans la signification du temps & du cours de la vie, se dit aussi des animaux Quel âge a ce chien ? quel âge a ce cheval ?

On dit qu’Un cheval est hors d’âge, pour dire, qu’Il n’a plus les marques par lesquelles on connoist l’âge des chevaux. Et on dit prov. & bass. que l’Age n’est fait que pour les chevaux, pour dire, qu’Il y a de l’indiscretion à parler d’âge devant des personnes qui ne sont plus dans la grande jeunesse. Et cela se dit encore, pour marquer, qu’Il ne faut pas prendre garde à l’âge des hommes, mais à leur santé.

Age, Se dit aussi Du temps auquel les choses dont on parle, sont, ou ont esté : Et en ce sens, il ne se dit qu’avec le pronom personnel. Merveilles de nostre âge. il fut l’ornement de son âge.

Age, En terme de Chronologie, signifie Un certain nombre de siecles. Le monde est divisé en plusieurs âges. le premier âge du monde est depuis la creation du monde jusqu’au Deluge : Et le second depuis le Deluge jusqu’à la vocation d’Abraham.

On appelle aussi, L’âge du monde, La durée du monde, Le temps qu’il y a que le monde est créé. Le Deluge arriva en telle année de l’âge du monde.

Les Poëtes appellent Les quatre âges du monde, Quatre differents espaces de temps, dont le premier est l’Age d’or, le second l’âge d’argent, le troisiéme l’âge de cuivre, & le quatriéme l’âge de fer.

On appelle prov. & fig. Un âge d’or, Un temps heureux ; Et Un âge de fer, Un temps dur, un temps de guerre.

En terme d’Astronomie on dit, L’âge de la Lune, pour dire, Le temps qu’il y a que la Lune est renouvellée. Par l’Epacte on connoist l’âge de la Lune.

AGÉ, ÉE. adj. Qui a un certain âge, un certain nombre d’années. Un homme âgé de trente ans. une fille âgée de vingt ans. il n’est pas si âgé que vous. elle est plus âgée que luy.

Quand Agé, est mis tout seul sans rien qui suive, il sig. Qui a beaucoup d’âge. Il y a long-temps que je le connois, il est âgé. elle est desja âgée.

AGENCE. s. f. Charge, employ d’agent. Il a esté nommé à l’agence du Clergé. durant le temps de son agence, durant son agence.

AGENCEMENT. s. m. v. Ajustement, parure dans des choses de peu. L'agencement fait paroistre les petites choses.

AGENCER. v. a. Ajuster, accommoder, arranger avec quelque agrément. Il ne se dit guere qu’en parlant de petites choses accommodées, ou rangées avec un soin trop curieux. Il s’entend à agencer de petites choses. il a assez bien agencé tout cela.

Agencé, ée. part.

AGENDA. s. m. (mot pris du Latin.) Memoire des choses qu’on a à faire. Il fait tous les matins un agenda des choses qu’il se propose de faire le reste du jour.

Il se dit aussi d’Un petit livret destiné pour y escrire les choses qu’on a à faire. Acheter un agenda. agenda garni d’or. mettez cela sur vostre agenda. escrivez cela sur vostre agenda.

AGENOUILLER, S’AGENOUILLER. n. p. Se mettre à genoux. S’agenoüiller à l’Eglise. on fit agenoüiller tout le monde. les Chameaux & les Elephans s’agenoüillent.

AGENT. s. m. Terme dont on se sert en Philosophie pour exprimer Tout ce qui agit, tout ce qui opere. Agent naturel. agent surnaturel. le feu est le plus puissant de tous les agents naturels.

Il se dit par opposition à Patient. Ainsi on dit, L’agent & le patient, pour signifier La cause qui opere, & le sujet sur lequel elle opere.

Agent, Se dit aussi De Celui qui fait les affaires d’un Prince dans la Cour d’un autre Prince, sans caractere public. L’Agent d’un tel Prince. les Princes qui entretiennent des Agents dans une Cour estrangere. Agent des Suisses.

On appelle, Agents du Clergé, Les deux Ecclesiastiques du second Ordre, choisis pour avoir soin des affaires du Clergé, par les deux Provinces Ecclesiastiques qui sont en droit de les nommer. Les deux Agents du Clergé. le Clergé ayant esté adverti par ses Agents.

On appelle, Agent de change & banque, Celuy dont l’employ est de s’entremettre entre les Marchands negociants & Banquiers, pour faciliter entre eux le commerce de l’argent, des lettres & des billets de change.

AGG

AGGRANDIR. v. a. Accroistre, Rendre plus grand, plus estendu. Aggrandir une maison, un jardin. il a aggrandi son parc de tant d’arpents. cette ouverture est trop petite, il la faut aggrandir. ce Prince a fort aggrandi ses Estats.

Il signifie fig. Rendre plus grand en biens, en dignité, en fortune. Les Princes aggrandissent qui il leur plaist.

Aggrandir, avec le pronom personnel, se dit de celuy qui augmente sa terre, son heritage, qui luy donne plus d’estenduë. Il s’est bien aggrandi de ce costé-là.


Aggrandi, ie. part.

AGGRANDISSEMENT. s. m. v. Accroissement, augmentation. L’aggrandissement de son parc est de deux cens arpents. on a abbattu ces maisons pour l’aggrandissement de la Ville.

Il se dit fig. De l’augmentation & de l’accroissement en biens, en fortune. Il travaille pour l’aggrandissement de sa famille, pour l’aggrandissement de ses enfants. l’aggrandissement de cette maison vient d’un tel Prince.

AGGRAVANT, ANTE. adj. v. Qui rend plus grief. Il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. Circonstance aggravante.

AGGRAVE. s. m. La seconde fulmination solemnelle d’un Monitoire à chandelles esteintes, aprés trois publications du mesme Monitoire, pour avoir revelation de quelque cas, avec menace de fulminer les dernieres censures de l’Eglise, sur ceux qui en sçavent quelque chose, & qui ne veulent rien reveler. Faire fulminer une aggrave.

AGGRAVER. v. a. Rendre plus grief, Les circonstances aggravent le crime.

Aggravé, ee. part.

AGGREGATION. s. f. v. Association dans un Corps, dans une Compagnie. Lettres d’aggregation. on s’est opposé à son aggregation.

En termes de Philosophie, On appelle Corps par aggregation, Un corps qui n’est formé que de l’amas de plusieurs choses, qui n’ont point entre elles de liaison naturelle.

AGGREGER. Associer quelqu’un à un Corps, à une Compagnie, pour joüir des mesmes honneurs, des mesmes prérogatives que ceux qui en sont. La Faculté du Droit Canon l’a aggregé. la Faculté de Medecine a voulu aggreger un tel à son Corps. il n’estoit pas du Corps, mais on l’y a aggregé.

Aggregé, ée. part.

AGGREGÉ. s. m. En termes de Philosophie, se dit d’Un amas de plusieurs choses qui n’ont point entre elles de liaison naturelle. Un monceau de sable, un tas de bled, sont des aggregez. aggregez par accident.

AGGRESSEUR. s. m. Celuy qui attaque le premier. L’aggresseur a tousjours tort. il faut sçavoir lequel des deux est l’aggresseur.

AGGRESSION. s. f. Action de celuy qui a esté le premier à attaquer. Il ne se dit guere qu’en terme de Pratique, & dans cette phrase. Il y a preuve d’aggression de sa part.

AGI

AGILE. adj. de tout genre. Leger & dispos, Qui a une grande facilité à agir, à se mouvoir. Un homme extrémement agile. le Tigre, le Singe, le Chat sont des animaux fort agiles.

AGILEMENT. adv. Avec agilité. Il monte à cheval, & voltige fort agilement.

AGILITÉ. s. f. Legereté, grande facilité à se mouvoir. Sauter avec agilité.

AGIOT. s. m. Terme de change & de banque, qui se dit de l’Excedent qu’on prend ou qu’on paye sur une certaine somme, pour se dédommager de la perte qu’il pourroit y avoir à faire.

AGIOTAGE. s. m. On appelle ainsi Le profit usuraire & excessif qu’on prend pour convertir en argent comptant quelque promesse, quelque billet, quelque rescription. Les usuriers se sont enrichis à l’agiotage depuis quelque temps, il a bien gagné à l’agiotage.

AGIOTER. v. n. Faire l’agiotage. Il s’est enrichi à agioter.

AGIOTEUR. s. m. Celuy qui fait l’agiotage. C’est un agioteur bien connu.

AGIR. v. n. Faire quelque chose. Il n’est jamais sans agir. il agit sans cesse. il ne faut point estre sans rien faire, il faut agir.

Il signifie aussi Operer, produire quelque effet, faire quelque impression. C’est un remede qui agit puissamment. le feu agit sur tous les metaux. quand la chaleur naturelle manque d’aliment, elle agit contre nous. les corps celestes agissent sur les choses d’icy-bas. l’Eloquence agit sur les esprits. l’exemple des superieurs agit fortement sur les inferieurs.

Agir, signifie aussi, Negocier, S’employer en quelque affaire. Il agit à la Cour pour les interests de sa Province. il a tout pouvoir d’agir. je vous prie d’agir pour moy.

Il signifie aussi, Se conduire, se comporter. Agir en homme d’honneur, agir en homme d’esprit. c’est mal agir. ce n’est pas bien agir.

Il signifie aussi, Poursuivre en Justice. Agir criminellement. agir civilement. il a esté obligé d’agir contre son Tuteur.

Agir, S’employe aussi impersonnellement, & alors il sert à marquer Dequoy il est question. Il s’agit de sçavoir. il s’agissoit de choisir entre l’un ou l’autre. quand il s’agira de vostre service. dequoy s’agit-il ? il s’agit du salut de l’Estat.

AGISSANT, ANTE. adj. v. Qui agit, qui se donne beaucoup de mouvement. Un homme extrémement agissant. une femme fort agissante.

Il signifie aussi, Qui agit, qui opere avec force, avec efficace. Pour rendre ce remede plus agissant. la poudre est moins agissante quand elle est humide, quand elle est escrasée. l’eau forte, & l’eau regale sont bien plus agissantes quand elles sont meslées ensemble, que quand elles sont separées.

AGITATION. s. f. v. Esbranlement, secouëment. L’agitation du vaisseau estoit si violente. il ne sçauroit souffrir l’agitation du cheval. l’agitation du carrosse luy fait mal. l’agitation de la mer. l’agitation des flots. l’agitation des esprits.

Il se dit fig. Du trouble que les passions causent dans l’ame. Estre dans une grande agitation d’esprit. l’amour, la haine, le desir, la crainte causent de differentes agitations dans l’ame.

AGITER. v. a. Esbranler, secoüer, pousser & repousser de costé & d’autre. Les vents agitent la mer. les vagues agitoient le vaisseau. le vent agitoit à peine les feüilles des arbres.

On dit qu’Un malade s’agite continuellement, pour dire, Qu’il est dans un mouvement continuel, qu’il se tourmente sans cesse. On dit aussi qu’Un cheval s’agite, pour dire, Qu’il se remuë avec trop d’ardeur.

Agiter, est aussi n. p. Et dans cette acception il se dit au propre du mouvement qui arrive à la mer, & aux flots. La mer commençoit à s’agiter. les flots s’agitoient violemment.

Agiter, Se dit fig. En parlant de differentes passions qui ont accoustumé de troubler l’esprit de l’homme. Les passions qui agitent l’homme. le desir & la crainte sont les passions qui nous agitent le plus. la colere l’agite. cela luy agite sans cesse l’esprit.


Il se dit aussi fig. En parlant des differentes questions qu’on propose à examiner, & signifie, Discuter de part & d’autre. Agiter une question. on agita long-temps cette affaire.

Il s’employe aussi au n. p. dans le figuré, & signifie estre discuté de part & d’autre. L’assemblée dura longtemps, & il s’y agita une question importante. les questions qui s’y agiterent.

Agité, ée. part. pass. Il a toutes les significations de son verbe.

AGN

AGNEAU. s. m. Le petit d’une Brebis. (le G. se prononce comme dans le mot de Campagne.) Agneau de lait. agneau tardif. manger de l’agneau. quartier d’agneau. On appelle l’agneau Paschal, l’agneau que les Juifs mangeoient à la feste de Pasques.

On dit d’Une personne d’humeur fort douce, qu’Elle est douce comme un agneau. que c’est un agneau. Et cela se dit mesme de quelques animaux, comme du chien, du cheval. Ce cheval est doux comme un agneau.

AGNELER. v. n. Il ne se dit que de la brebis qui met bas. Une brebis preste à agneler.

AGNELET. s. m. Diminutif. Petit agneau. Il est vieux.

AGNUS. s. m. (le G. se prononce moüillé) On appelle ainsi Une cire benie par le Pape, sur laquelle est imprimée la figure d’un agneau, ou quelque autre Image de pieté. Un bel agnus. on donne des agnus aux petits Escoliers qui disent bien leur leçon.

AGO

AGONIE. s. f. Le dernier combat de la nature contre la mort. Il ne se dit qu’en parlant de l’homme. Estre à l’agonie. une longue agonie. une agonie douloureuse. dans une longue agonie il conserva tousjours le jugement.

Il se dit fig. pour signifier Une extreme angoisse, une grande peine d’esprit. Depuis que son procez est sur le bureau, il est dans de continuelles agonies. En parlant de l’estat douloureux où Nostre-Seigneur se trouva au Jardin des olives, on dit, L’agonie de Nostre-Seigneur au Jardin des olives.

AGONISANT, ANTE. adj. v. Qui est à l’agonie. Je l’ay laissé agonisant. elle estoit agonisante.

Il est aussi substantif. Prier pour les agonisants. la Confrairie des agonisants. dire les prieres des agonisants.

AGONISER. v. n. Estre à l’agonie. Il agonise. on l’a laissé qu’il agonisoit.

AGR

AGRAFFE. s. f. Petit crochet qui sert à joindre une chose à une autre. Agraffe d’or. agraffe d’argent. agraffe de diamants.

On appelle La porte de l’agraffe, La petite ouverture dans laquelle on passe le crochet d’une agraffe.

AGRAFFER. v. a. Attacher avec une agraffe. Agraffer une robe.

Agraffé, ée. part.

AGRÉABLE. adj. v. Qui plaist. Une Per- sonne agréable. conversation agréable. agréable maison. demeure, jardin fort agréable. campagne agréable. veuë agréable. je vous prie d’avoir agréable que, &c. d’avoir pour agréable ce petit present. si cela vous est agréable. il a l’abord agréable. la physionomie agréable. il est agréable de vivre avec ses amis. c’est un homme tres-agréable en compagnie.

Il s’employe quelquefois substantivement, & dans cette acception on dit, qu’Un homme fait l’agréable, pour dire, Qu’il croit estre agréable, & qu’il affecte de passer pour tel ; Et qu’Un homme fait l’agréable auprés d’une femme, pour dire, Qu’il s’attache à luy faire la cour, à luy vouloir plaire.

AGRÉABLEMENT. adv. D’une maniere agréable. Il receut cela fort agréablement. il parle agréablement. il est agréablement à la Cour. il est agréablement logé.

AGRÉER. v. a. Recevoir favorablement. Dieu agrée nos offrandes, nos prieres. agréer le service de quelqu’un. il a agréé la proposition que je luy ay faite.

Il signifie aussi, Trouver bon. Agréez que je vous dise. On dit en parlant d’un Officier qui a traité d’une Charge dans la Maison du Roy, dans les Troupes, ou dans la Robe, que Le Roy l’a agréé, pour dire, que le Roy trouve bon qu’il entre dans la Charge dont il a traité. Il avoit acheté une belle Charge, mais le Roy ne l’a pas agréé. il n’a pû se faire agréer.

On dit prov. que Quand on doit il faut payer ou agréer, pour dire, qu’Il faut donner de l’argent à son Creancier, ou du moins reconnoistre la dette.

Agréer, est aussi neutre, & signifie, Plaire, estre au gré. Cela ne m’agrée pas. son service, sa personne n’agrée pas au maistre.

Agréer. v. act. Terme de marine. Equiper un Vaisseau de voiles, de cordages, & de tout ce qui est necessaire pour le mettre en estat de naviger. On a envoyé ordre d’agréer un vaisseau.

Agréé, ée. part. pass.

AGRÉMENT. s. m. v. Approbation, consentement. Il a obtenu l’agrément du Roy pour cette charge. la mere a donné son agrément pour ce mariage. il ne veut rien faire sans l’agrément de sa compagnie. il ne sçauroit disposer de cette maison qu’avec mon agrément.

Il signifie aussi, Qualité par laquelle on plaist. Cette femme n’est pas belle, mais elle a beaucoup d’agrément. cette maison n’est pas regulierement bastie, mais elle a de grands agréments. la solitude a ses agréments. il n’y a nul agrément dans cette piece, dans cet ouvrage. cet homme est grand & assez bien fait, mais il a l’air contraint, & il n’a nul agrément.

Il signifie encore, Avantage, plaisir, sujet de satisfaction. Cette personne a raison de demeurer à la Cour, elle y a de tres-grands agréments, elle y trouve de grands agréments. cet homme trouve de grands agréments dans sa famille, dans sa profession, dans sa charge, dans la Compagnie dont il est. il ne trouve aucun agrément dans sa Province. il est estimé dans les Troupes, & il y sert avec agrément.

AGRESTE. adj. de tout genre. Rustique, sauvage, champestre. Fruit agreste. Il est de peu d’usage.

On dit fig. Mœurs agrestes ; mais ce n’est guere que dans le style soustenu.

AGRICULTURE. s. f. L’art de cultiver la terre. Cet homme aime l’agriculture, entend bien l’agriculture. Traité d’agriculture.

AGRIFFER, S’AGRIFFER. v. n. p. S’attacher avec les griffes. Le chat s’agriffa à la tapisserie.

AGU

AGUERRIR. v. a. Accoustumer à la guerre, aux fatigues, aux fonctions de la guerre. Ce General a aguerri de nouvelles troupes en une seule campagne. depuis ce siege les troupes estoient tout aguerries.

Il signifie fig. Accoustumer quelqu’un à quelque chose qui paroist penible dans le commencement. Il a peine à s’accoustumer à la raillerie, il faut l’y aguerrir. il faut l’aguerrir.

Il est aussi n. p. dans le propre, & dans le figuré. Ces troupes se sont aguerries. il n’est pas fait au grand monde, il s’y aguerrira avec le temps.

Aguerri, ie. part.

AGUET. s. m. Il n’a d’usage qu’au pluriel dans ces phrases. Estre aux aguets, se tenir aux aguets, pour dire, Espier, observer le temps, l’occasion ; estre aux escoutes, soit pour surprendre quelqu’un, soit pour éviter d’estre surpris. Il estoit aux aguets pour prendre ses avantages. On dit aussi dans le mesme sens, Mettre aux aguets. le Prevost a mis des gens aux aguets pour se saisir d’un tel voleur.

AH

AH. Interjection qui sert à marquer la joye, la douleur, l’admiration, l’amour, &c. suivant la difference des sujets. Ah ! que je suis aise de vous voir. ah ! que vous me faites plaisir. ah ! vous me faites mal. ah ! que cela est beau.

AHAN. s. m. Peine de corps, grand effort, tel qu’est celuy que font ceux qui fendent du bois, ou qui levent quelque pesant fardeau. C’est un de ces mots qui se forment du son de la chose qu’ils signifient. Suer d’ahan. Il est bas.

AHANER. v. n. Avoir bien de la peine en faisant quelque chose. Il a bien ahané avant que de venir à bout de ce travail, de cette affaire. Il est bas.

AHEURTEMENT. s. m. v. Obstination, Attachement opiniastre à un sentiment, à un avis. C’est un estrange aheurtement que le sien.

AHEURTER, S’AHEURTER. v. n. p. S’opiniastrer, s’obstiner. S’aheurter à un sentiment, à une opinion. il s’aheurte à cela contre l’advis de tous ses parents. s’aheurter à faire quelque chose. c’est un homme qui s’aheurte tellement à ce qu’il s’est mis une fois dans la teste, qu’on ne le fait jamais revenir.

Aheurté, ée. Part. Il est aheurté à cette opinion. il y est aheurté. c’est un homme aheurté.

AID

AIDE. s. f. Secours, assistance qu’une personne donne à une autre. Aide prompte. aide asseurée. demander aide. donner aide & faveur. demander de l’aide. crier à l’aide. appeller à son aide. avoir besoin de l’aide de quelqu’un.

On dit prov. Un peu d’aide fait grand bien, pour dire, qu’Un petit secours ne laisse pas d’estre quelquefois tres-utile. Et bon droit a besoin d’aide, pour dire, que Quelque bonne que soit une affaire, il ne faut pas laisser que de la solliciter.

Aide, Se dit aussi Des secours & des graces de Dieu. Il faut tout attendre de l’aide de Dieu. mon Dieu soyez à mon aide. Dieu vous soit en aide, Façon de parler basse & populaire, dont on se sert quand quelqu’un esternuë, ou quand on n’a pas de quoy donner l’aumosne à un pauvre qui la demande.

Aide, Se dit aussi, Du secours, de l’utilité, de l’avantage qu’on tire de certaines choses. On a fait de grandes découvertes à l’aide des lunettes de longue veuë. il n’eust pas reüssi sans l’aide d’une telle machine.

Aide, Se dit aussi, tant De celuy dont on reçoit du secours, que De la chose dont on en tire. Dieu seul est ma force & mon aide. vous estes toute son aide, tout son secours. il n’a point eu en cela d’autre aide que les memoires qu’on luy a donnez.

Aide, En matiere Ecclesiastique, Se dit d’Une Eglise, d’une Chapelle bastie pour servir de secours à une Eglise paroissiale, dont les habitans sont trop éloignez. Sainte Marguerite, dans le fauxbourg saint Antoine, est une aide de la Paroisse de saint Paul.

Aide. s. m. Terme dont on se sert en parlant des personnes dont l’employ consiste à estre auprés de quelqu’un, pour servir conjointement avec luy & sous luy. Ainsi on appelle Aide des ceremonies, Un Officier dont la fonction est de servir sous le Grand-Maistre des Ceremonies.

On appelle Aides de cuisine. Aides de sommellerie, de bas Officiers qui servent sous un chef de cuisine, & de sommellerie. Et Aide à Maçon, Se dit d’un garçon qui sert sous un Maçon.

On appelle Aide de Camp, un Officier de Guerre, qui sert auprés du General, ou d’un Officier General, pour porter ses ordres par tout où il est necessaire. Aide de Camp du Roy. Aide de Camp du General. Aide de Camp d’un Lieutenant General, d’un Mareschal de Camp.

On appelle dans l’Infanterie, Aide Major, un Officier de Guerre qui sert avec le Major, & qui fait toutes les fonctions de Major en son absence. Aide Major des Gardes. Aide Major d’une place de Guerre.

Aide, Se dit aussi de Celui qui contribuë aux frais de l’ustensile des gens de Guerre, avec l’hoste chez lequel ils sont logez. Donner des aides à un hoste afin qu’il ne soit pas surchargé.

Aides. s. f. Pluriel. Subsides establis sur le vin, & sur les autres boissons, pour aider à soustenir les despenses de l’Estat. Les Fermiers des Aides. les Aides montent à tant. l’octroi des Aides.

On appelle Cour des Aides, Une Compagnie superieure, dans laquelle les affaires qui concernent ces sortes de subsides sont jugées en dernier ressort. Premier President de la Cour des Aides. Conseiller de la Cour des Aides.

Aides, Se dit aussi au pluriel en termes de manege, De toutes les choses dont le Cavalier se sert pour bien manier un cheval. Les aides de la voix, les Aides des talons, de la gaule, de l’esperon. le cheval connoist les aides, respond aux aides.

AIDER. v. a. Secourir, assister. Aider quelqu’un dans son besoin. aider les pauvres dans leur


necessité. Dieu les a bien aidez. aider quelqu’un de son bien, l’aider de sa bourse, l’aider de son credit. les lunettes de longue veuë ont fort aidé les Astronomes dans les découvertes qu’ils ont faites. cette methode aide beaucoup la memoire. il faut s’aider les uns les autres. aidez-vous. vous ne vous aidez point. On dit prov. Aide toy, Dieu t’aidera.

Aider, regit aussi le datif de la personne : Et alors il n’a proprement d’usage que quand on dit à quelqu’un de secourir un homme trop chargé. Aidez un peu à ce pauvre homme.

Il regit aussi le datif de la chose ; Et alors il sign. Contribuer à faire reüssir quelque chose. Il n’a pas peu aidé à cette affaire, à cette entreprise. aider au bon succés d’une affaire.

On dit prov. Aider à la lettre, pour dire, Suppléer à ce qui n’est pas exprimé ; Et aussi pour dire, Adjouster quelque chose à une historiette, à une fable, pour embellir le conte, & pour le rendre plus agréable.

Aider, Se joint aussi à l’Infinitif des verbes, avec la particule à, Et signifie encore, Contribuer à une fin. Aider à faire reüssir une negociation. cela a bien aidé à le tirer d’affaire. cela n’y a pas peu aidé.

Aider, est aussi n. p. Et alors il se joint avec la particule de, Et signifie, Se servir d’une chose, en faire usage. On s’aide de ce qu’on a. s’aider bien d’une espée, d’un espadon. s’aider bien d’un cheval. il ne s’aide point du bras droit.

Aidé, ée. Participe.

AIG

AIGLE. s. de tout genre. Le plus grand & le plus fort de tous les oiseaux de proye. Aigle noir. aigle Royal. aigle roux. grand aigle. le vol de l’aigle. l’aire d’un aigle. aigle masle. aigle femelle.

On dit fig. d’Un homme qui est d’un genie, d’un esprit, d’un talent au dessus des autres de sa mesme profession, que C’est un aigle. cet homme-là est un aigle, au prix de ceux dont vous parlez.

On dit aussi fig. qu’Un homme a des yeux d’aigle, pour dire, qu’il a les yeux vifs & perçants ; & pour dire aussi, qu’Il a beaucoup de pénétration d’esprit.

On dit prov. Crier comme un aigle, pour dire, Crier d’une voix aiguë & perçante.

Aigle, En termes d’Armoiries & de Devises, est feminin. Ainsi on dit, L’Aigle Imperiale, pour dire, Les armes de l’Empire, qui sont un aigle à deux testes. Il porte sur le tout d’azur, à l’aigle esployée d’argent.

On dit aussi au fem. Les aigles Romaines, pour dire, les Enseignes des Legions Romaines ; parce que au haut de ces Enseignes, il y avoit une figure d’aigle.

Aigle, Se dit aussi de la representation en cuivre d’un aigle ayant les ailes estenduës pour servir de pulpitre au milieu du choeur d’une Eglise. Chanter à l’aigle.

AIGLON. s. m. Le petit de l’aigle. Une aigle avec ses aiglons dans son aire. un jeune aiglon.

Aiglon & Aiglette, sont aussi des termes de Blason, dont on se sert indifferemment, pour désigner de jeunes aigles, representées sans bec & sans serres. Il porte d’azur à trois aiglons d’or, à trois aiglettes d’or.

AIGRE. adj. de tout genre. Acide, picquant au goust. Le citron, la grenade, sont des fruits aigres. le vin, le lait, deviennent aigres quand ils se gastent. des fruits qui sont d’un goust aigre, qui ont un goust aigre, qui sont aigres au goust.

Aigre, Se dit aussi de certaines odeurs qui sortent de certaines choses corrompuës. Une senteur aigre qui fait mal au coeur.

Aigre, se dit aussi Des sons aigus & rudes en mesme temps, D’un bruit & d’un son trop aigu & perçant. Avoir la voix aigre, une voix aigre & desagréable. une cloche qui rend un son aigre. un ton de voix aigre. il lui parla d’un ton aigre.

Aigre, Se dit aussi Des métaux dont les parties ne sont pas bien liées, & se séparent facilement les unes des autres. Un fer extrémement aigre. du cuivre fort aigre. ce fer-là est si aigre, qu’on ne le sçauroit forger.

Aigre, Se dit fig. de l’Esprit, de l’humeur, &c. pour signifier Rude, fascheux. Avoir l’esprit aigre, l’humeur aigre. dire des paroles aigres. il luy a escrit d’un style fort aigre. il luy fit une reprimande aigre & severe. il luy parla d’une maniere fort aigre.

Il se dit aussi fig. des personnes mesmes qui ont cette sorte d’esprit & d’humeur. C’est une personne bien aigre, une femme bien aigre. c’est un esprit aigre. c’est l’humeur du monde la plus aigre.

Aigre, S’employe aussi substantivement. Cela sent l’aigre, cela tire sur l’aigre.

AIGRE-DE-CEDRE. s. m. Sorte de liqueur qui se fait avec du jus de citron, ou de cedrat, ou de limon, & avec du sucre, & qui estant meslée ensuite avec de l’eau, fait une boisson tres-agréable. Boire de l’aigre de cedre.

AIGRE-DOUX. adj. Il ne se dit guere au propre que des fruit, qui ont un goust meslé d’aigre & de doux. Un fruit aigre-doux. des oranges aigre-douces. En cette phrase, & dans les autres semblables, Aigre ne se decline point.

Il se dit figur. De la voix, & du style, quand on parle, ou qu’on escrit, d’une maniere entre aigre & douce. Un ton de voix aigre-doux. un style aigre-doux.

AIGREMENT. adv. D’une maniere aigre. Il n’a d’usage qu’en parlant de la maniere aigre dont on parle, ou dont on escrit. Parler aigrement à quelqu’un. respondre aigrement. il l’en a repris aigrement. il lui escrivit fort aigrement.

AIGREMOINE. s. f. Sorte d’herbe medicinale. Ptisanne d’aigremoine.

AIGRELET, ETTE. adj. diminutif. Un peu aigret. L’Espine-vinette a un petit goust aigrelet. une sausse aigrelette.

AIGRET, ETTE. adj. diminutif. Un peu aigre. Ce fruit-là est un peu aigret. cela a un goust aigret, qui n’est pas desagréable. une sausse qui est un peu aigrette.

AIGRETTE. s. f. Espece d’oiseau qui ressemble à un heron, & qui a sur la teste une plume blanche & droite.

Aigrette, Se dit aussi d’un bouquet fait de plusieurs de ces sortes de plumes. Avoir une aigrette sur sa teste, dans une mascarade. mettre des aigrettes à des pommes de lit.

Aigrette, Se dit aussi de certains bouquets de pierres précieuses, disposées en forme de bouquets de plumes d’aigrettes. Une aigrette de perles, une aigrette de diamans.


Aigrette, Se dit pareillement des touffes de crin qu’on met par ornement sur la teste des chevaux de carrosse. Mettre des aigrettes à des chevaux.

AIGREUR. s. f. Qualité de ce qui est aigre. Des fruits qui ont de l’aigreur, qui ont une petite aigreur. ce vin-là a de l’aigreur.

Aigreur, Se dit aussi Des rapports que causent quelquefois les aliments mal digerez. Et en ce sens on s’en sert plus ordinairement au pluriel qu’au singulier. Cela donne des aigreurs, cause des aigreurs.

Aigreur, Se dit fig. d’Une certaine rudesse d’esprit & d’humeur, qui porte à offenser les autres par des paroles picquantes. C’est un homme qui a beaucoup d’aigreur dans l’esprit, dans l’humeur. parler avec aigreur, respondre avec aigreur. il a tousjours de l’aigreur dans ses discours, dans ses paroles. une reprimande pleine d’aigreur.

On dit, qu’Il y a de l’aigreur, quelque aigreur, un peu d’aigreur entre deux personnes, pour dire, qu’Il y a quelque commencement de broüillerie entre l’un & l’autre.

AIGRIR. v. a. Rendre aigre. Faire devenir aigre. Le tonnerre aigrit le vin, la chaleur aigrit le lait. le levain aigrit la paste.

Il se dit fig. & signifie, Mettre dans un pire estat, dans une disposition plus fascheuse. Cela ne fait qu’aigrir son mal, qu’aigrir sa douleur. son discours a fort aigri les esprits. cela ne servira qu’à aigrir les affaires. la mauvaise fortune luy a aigri l’esprit.

Aigrir, est aussi n. p. Des viandes qui s’aigrissent sur l’estomac. du vin qui s’aigrit.

Il se dit aussi fig. au n. p. Son mal s’aigrit de jour en jour. les esprits commençoient à s’aigrir. les affaires s’aigrissent de plus en plus.

Aigri, ie. Part.

AIGU, UE. adj. Qui se termine en pointe ou en tranchant, & qui est propre à percer ou à fendre. Un javelot aigu. un fer aigu. un baston aigu, des coings de fer fort aigus.

On appelle en termes de Grammaire, Accent aigu, un petit accent qui va de droit à gauche, & qui se met sur une voyelle, pour montrer qu’elle doit estre prononcée d’un ton élevé.

On appelle en termes de Geometrie, Angle aigu, un angle qui est moins ouvert que l’Equerre.

Aigu, Se dit fig. Des sons clairs & perçants. Un son aigu, une voix aiguë.

Il se dit aussi fig. d’une douleur vive & picquante. Une douleur aiguë, une colique aiguë. On appelle Fiévre aiguë, une fiévre violente.

Il se dit aussi fig. d’une response vive & prompte. Il luy fit une repartie aiguë.

AIGUADE. s. f. Provision d’eau douce que l’on prend sur le rivage de la mer pour les vaisseaux lors qu’ils en manquent dans le cours de leur voïage. Il n’est guere en usage que dans ces phrases, Faire aiguade. c’est un lieu où il y a bonne aiguade.

AIGUAIL. s. m. Rosée. Petites gouttes d’eau qui demeurent sur les feüilles des herbes & des arbres. L’aiguail oste le sentiment aux chiens.

On dit en Poësie, L’aiguail des prez ; & hors de-là il n’a guere d’usage.

AIGUE-MARINE. s. f. Espece de pierre précieuse tendre, qui est de couleur de verd de mer. Une belle aigue-marine.

AIGUIERE. s. f. Sorte de vase dans lequel on met de l’eau pour le service ordinaire de la table, & pour d’autres usages. Aiguiere d’estain, aiguiere d’argent, de vermeil doré, de cristal. aiguiere de fayence. un bassin & une aiguiere. une aiguiere couverte.

AIGUILLE. s. f. Petite verge de fer, ou d’autre métal, pointuë par un bout, & percée par l’autre, pour y passer du fil, de la soye, de la laine, & dont on se sert pour coudre, pour broder, pour faire de la tapisserie, &c. Aiguille fine, aiguille bien pointuë, la pointe d’une aiguille, le cul d’une aiguille, le trou d’une aiguille, enfiler une aiguille. aiguille à coudre, aiguille à travailler en tapisserie, aiguille de teste, aiguille d’emballeur.

On dit prov. & fig. Faire un procés sur la pointe d’une aiguille. disputer sur la pointe d’une aiguille, pour dire, Contester sur des bagatelles, sur un sujet, ou sur un fondement de nulle consequence.

On dit aussi prov. & fig. De fil en aiguille, pour dire, De propos en propos. d’une chose en une autre. Il nous a raconté toute l’histoire de fil en aiguille. de fil en aiguille ils en vinrent jusqu’à se quereller.

On dit aussi D’une chose qu’on cherche, mais qui est tres-difficile à trouver à cause de sa petitesse, que C’est chercher une aiguille dans une botte de foin.

Aiguille, Se dit aussi De differentes sortes de petites verges de fer ou d’autre métal qui servent à differents usages. Aiguille à tricoter des bas. des bas faits à l’aiguille. aiguille d’oculiste pour abbattre les tayes des yeux. aiguille d’horloge, qui sert à marquer les heures, les minutes, sur le cadran. aiguille marine. aiguille aimantée, dont on se sert sur la mer pour reconnoistre le Nord.

Aiguille, Se dit aussi D’une espece de Pyramide, soit de pierre de taille, soit de charpente, comme sont les clochers des Eglises, lors qu’ils sont extrémement pointus. On appelle autrement ces sortes de clochers des Fléches. L’aiguille de la sainte Chapelle de Paris.

Aiguille, Se dit aussi D’un Obelisque. L’aiguille de saint Pierre de Rome.

On appelle aussi Aiguille, Une espece de poisson de mer, qui est long & menu, & qui a la teste extrémement pointuë.

AIGUILLÉE. s. f. Certaine estenduë de fil, de soye ou de laine, coupée de la longueur qu’il faut pour travailler à l’aiguille. Aiguillée de fil, aiguillée de soye, aiguillée de laine. faire des aiguillées. apprester des aiguillées. couper de longues aiguillées.

AIGUILLETTE. s. f. Cordon, ruban, tissu, &c. ferré par les deux bouts, pour servir à attacher, mais qui ne sert quelquefois que d’ornement. Aiguillette de fil, aiguillette de soye. aiguillette de cuir. aiguillette platte. aiguillette ronde. un ferret d’aiguillette. ferrer des aiguillettes. des aiguillettes ferrées d’argent.

On dit bass. Lascher l’aiguillette, pour dire, Se descharger le ventre.

On dit aussi, Noüer l’aiguillette, pour dire, Faire une espece de malefice dans le dessein d’empescher la consommation d’un mariage.


Aiguillette, Se dit fig. Des morceaux de la peau, ou de la chair, arrachez ou coupez en long. Couper un canard, un oiseau de riviere par aiguillettes. les Barbares luy arracherent toute la peau du dos par aiguillettes.

AIGUILLETTER. v. a. Attacher ses chausses à son pourpoint avec des aiguillettes. Ce verbe, aussi-bien que la mode de porter des aiguillettes, n’est plus guere en usage ; & quand on l’employe, ce n’est presque jamais qu’avec le pronom personnel. La mode de s’aiguilleter a duré long-temps.

Aiguilletté, ée. Participe.

On dit fig. d’Un homme qui a l’air contraint & guindé, que C’est un homme aiguilletté.

AIGUILLIER. s. m. Petit estuy où l’on met des aiguilles. Un aiguillier d’argent. un aiguillier de chagrin.

AIGUILLON. s. m. Il se dit proprement D’une pointe de fer qui est au bout d’un grand baston, & dont on se sert pour picquer les bœufs. L’aiguillon d’un Bouvier. on picque les bœufs avec un aiguillon pour les faire aller.

Aiguillon, Se dit aussi Du petit picquant des mouches à miel, des guespes, des freslons. Les abeilles laissent ordinairement leur aiguillon dans la picqueure. On dit que le Roy des abeilles n’a point d’aiguillon.

Aiguillon, Se dit fig. De tout ce qui incite à quelque chose. La gloire est un aiguillon, un puissant aiguillon à la vertu. l’interest est le seul aiguillon qui le puisse faire agir. On dit dans le langage de l’Escriture, L’aiguillon de la chair, pour dire, les tentations de la chair.

AIGUILLONNER. v. a. Il n’a guere d’usage qu’au figuré, & signifie, Inciter par quelque chose. C’est un homme lent & paresseux, qu’il faut un peu aiguillonner pour le faire agir.

Aiguillonné, ée. part.

AIGUISER. v. a. Rendre aigu, rendre plus pointu, plus tranchant. Aiguiser le fer d’une lance. aiguiser la pointe d’un couteau. aiguiser des coings de fer. pierre à aiguiser.

On dit fig. Aiguiser l’appetit, pour dire, Donner plus d’appetit, rendre l’appetit plus vif ; Et Aiguiser l’esprit, pour dire, Faire avoir plus d’esprit. Le travail moderé aiguise l’esprit. la necessité aiguise l’esprit.

On dit prov. & fig. Aiguiser ses couteaux, pour dire, Se préparer au combat. Il est bas.

Aiguisé, ée. part.

AIL

AIL. s. m. (il fait Aulx au pluriel.) Espece d’oignon d’odeur tres-forte, & qui vient par petites gousses. Une teste d’ail, une gousse d’ail. un gigot de mouton à l’ail. frotter son pain d’ail. sentir l’ail.

AILE. s. f. Ce qui sert aux oiseaux & à quelques insectes à voler, & à se soustenir en l’air. Les ailes des oiseaux sont revestuës de plumes. les ailes des chauvesouris sont membraneuses. les ailes des insectes sont si deliées, qu’elles en sont transparentes. un oiseau qui estend les ailes, qui déploye ses ailes. un oiseau qui vole à tire-d’aile. les pigeons ont l’aile forte, l’aile roide. un moineau qui bat des ailes, qui tremousse des ailes. un oiseau blessé qui ne bat que d’une aile. une poule qui rassemble ses poussins sous ses ailes. les ailes d’un mou- cheron. les ailes d’un papillon. on peint ordinairement les Anges avec des ailes. les anciens Payens donnoient des ailes à la Victoire, à la Renommée, à l’Amour, au cheval Pegase. les Peintres & les Poëtes donnent des ailes aux vents, au temps, aux heures, &c. Et on dit poetiquement, Sur les ailes des vents. sur les ailes des zephirs.

On dit prov. & fig. Ne battre plus que d’une aile, pour dire, Estre fort descheu de vigueur, de credit, de consideration. Depuis sa maladie il ne bat plus que d’une aile. sa disgrace fait qu’il ne bat plus que d’une aile.

On dit prov. & fig. d’Un homme à qui il est survenu quelque alteration considerable dans sa santé, quelque perte dans ses biens, quelque disgrace, qu’Il en a dans l’aile. On le dit aussi d’Un homme qui est devenu amoureux.

On dit prov. & fig. Tirer une plume de l’aile à quelqu’un, pour dire, Le priver, le dépoüiller de quelque chose qui luy appartient, tirer de l’argent de luy ; Et Rogner les ailes à quelqu’un, pour dire, Luy retrancher de son authorité, de son credit.

On dit prov. & fig. Vouloir voler sans avoir des ailes, pour dire, Entreprendre une chose au dessus de ses forces ; Et Voler de ses propres ailes, pour dire, Estre en estat de se passer du secours & de la protection d’autruy, pour le maintien de sa fortune.

On dit aussi prov. & fig. Tirer pied ou aile de quelque chose, pour dire, Trouver moyen d’en tirer une partie de ce qu’on prétendoit en avoir.

On dit aussi prov. & fig. qu’Une fille est encore sous l’aile de la mere, pour dire, qu’Elle est encore sous la conduite de sa mere.

Dans le langage de l’Escriture Sainte, L’aile du Seigneur, signifie, La protection de Dieu. Seigneur, couvrez-moy de vos ailes. je ne craindray rien à l’ombre de vos ailes.

Aile, Se dit aussi de cette partie charnuë d’un oiseau, qui prend depuis le haut de l’estomach. jusque sous les cuisses ; Et en ce sens, il ne se dit que des oiseaux preparez pour estre mangez. Servir une aile de perdrix, une aile de chapon, une aile de beccasse, le haut de l’aile, le bout de l’aile.

En parlant de plumes à escrire, on appelle Bouts-d’aile, Les plumes du bout de l’aile des oyes.

Aile, Se dit de diverses choses par analogie. Ainsi on dit, Les ailes d’un moulin à vent, En parlant de ces grands chassis garnis de toile que l’on met à un moulin, & qui, estant meus par le vent, font moudre le bled.

On dit aussi, Les ailes d’un bastiment, En parlant des deux parties d’un bastiment qui sont jointes au corps du principal édifice. Les deux ailes d’un bastiment. un bastiment qui n’a qu’une aile. On dit aussi, Les ailes d’une Eglise, pour dire, Les bas costez d’une Eglise.

On dit aussi, Les ailes d’une armée, pour dire, Les deux costez d’une armée, qui sont ordinairement composez de Cavalerie. L’aile droite, l’aile gauche d’une armée. l’aile droite de la premiere ligne, l’aile gauche de la seconde ligne. on avoit jetté des pelotons d’Infanterie sur les ailes.

AILÉ, ÉE. adj. Qui a des ailes. Il ne se dit guere que de certains animaux à qui il n’est pas


ordinaire d’avoir des ailes. Des serpents ailez. des poissons ailez. un cheval ailé.

On represente ordinairement Un foudre ailé, pour symbole de la puissance & de la vistesse.

AILERON. s. m. L’extremité de l’aile d’un oiseau, à laquelle tiennent les grandes plumes de l’aile. Un oiseau qui a l’aileron rompu.

Aileron, Se dit aussi Des petites planches, des petits aix qui font tourner les rouës des moulins à eau.

Il se dit aussi Des nageoires de quelques poissons. Les ailerons d’une carpe.

Aileron, Se dit aussi d’Une certaine petite bande d’estoffe qu’on mettoit autrefois au haut des manches d’une robe, d’un pourpoint, & qui débordoit tout autour de la manche.

AILLEURS. adv. de lieu. Autre-part. On souffre cela icy, mais ailleurs on ne le souffriroit pas. s’il ne se trouve pas bien où il est, que ne va-t-il ailleurs ? qu’il aille se pourvoir ailleurs. vous chercherez inutilement ailleurs. vous ne sçauriez trouver cela ailleurs que chez luy. je tascheray de l’avoir d’ailleurs. je le feray venir d’ailleurs. la voye dont vous vous servez pour vos lettres, n’est pas seure, il faut les faire tenir par ailleurs.

On dit aussi, D’ailleurs, pour dire, D’un autre principe, d’une autre cause, pour un autre sujet. Vous luy attribuez mal-à-propos vostre disgrace, elle vient d’ailleurs, elle procede d’ailleurs. il le querelle sur un sujet de rien, c’est qu’il luy en veut d’ailleurs.

Il signifie aussi, De plus, outre cela. Je vous diray d’ailleurs. d’ailleurs il faut considerer que, &c.

AIM

AIMABLE. adj. verbal de tout genre. Qui est digne d’estre aimé. Qui merite d’estre aimé. Dieu est infiniment aimable. la vertu est aimable. c’est un aimable homme. c’est une personne aimable, un objet aimable. aimer tout ce qui est aimable. c’est le lieu du monde le plus aimable.

AIMANT. s. m. Pierre qui a la proprieté d’attirer le fer, & dans laquelle il y a deux points determinez, dont l’un se tourne tousjours vers le Nord, & l’autre vers le Sud. Pierre d’aimant. aiguille frottée d’aimant. On appelle, Les deux points determinez de l’aimant, Les deux Poles de l’aimant.

AIMANTER. v. a. Frotter d’aimant. Aimanter l’aiguille d’un cadran. on aimante l’aiguille d’un cadran, en la passant sur une pierre d’aimant.

Aimanté, ée. part. Aiguille aimantée.

AIMANTIN, INE. adj. Magnetique. Qui appartient à l’aimant, qui est propre à l’aimant. Le fer acquiert avec le temps une vertu aimantine. Il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. etraint.

AIMER. v. a. Avoir de l’affection pour un objet quel qui soit, dans la pensée que c’est un bien. Il faut aimer Dieu par dessus toutes choses. aimer son prochain comme soy-mesme. aimer son Prince. aimer son pays. aimer sa patrie. aimer son pere & sa mere. aimer ses enfans. aimer sa famille. deux personnes qui s'aiment tendrement. ils s'aiment comme freres. aimer quelqu'un d'amitié, de bonne amitié. aïmer d'un amour honneste. aimer tendrement. un mary qui aime sa femme. une femme qui aime uniquement son mary. aimer sa maistresse, l’aimer plus que ses yeux, l’aimer plus que sa vie, plus que le jour, l’aimer à la folie, jusqu’à la folie. aimer constamment. aimer fidellement. aimer ardemment. aimer esperduëment. aimer passionnément. aimer jusqu’à la mort.

Lorsqu’Aimer, se met absolument & sans regime, Il ne se dit guere que de la passion de l’amour. Il est doux d’aimer. il est dangereux d’aimer.

On dit prov. Qui bien aime, bien chastie, pour dire, Que c’est aimer veritablement quelqu’un, que de le reprendre de ses fautes.

On dit aussi prov. Qui m’aime, me suive, pour dire, Que ceux qui nous aiment, doivent prendre nos interests, doivent nous imiter en ce que nous faisons.

On dit prov. & fig. Qui m’aime, aime mon chien, pour dire, Que quand on aime une personne, on aime tout ce qui luy appartient.

On dit Aimer sa personne, s’aimer soy-mesme, & absolument, s’aimer, pour dire, Avoir un attachement excessif à sa personne ; Et S’aimer en un lieu, pour dire, S’y plaire, Prendre plaisir d’y estre.

On dit aussi que Les animaux, que les plantes s’aiment en un lieu, pour dire, qu’Ils y profitent, qu’ils y réüssissent mieux qu’ailleurs. Les pigeons s’aiment où il y a de l’eau. les oliviers s’aiment aux lieux sablonneux.

Aimer, Se dit aussi De l’attachement que l’on a pour les animaux, & pour certaines choses ausquelles on prend plaisir. Aimer son chien. aimer son cheval. aimer les chiens. aimer les chevaux. aimer le jeu. aimer la chasse. aimer la bonne chere. aimer les armes. aimer les livres. aimer l’estude. aimer le travail. aimer les fleurs. aimer les tableaux. aimer l’agriculture. aimer la musique.

Aimer, Se joint souvent avec la particule à, avant l’infinitif des verbes ; Et alors il signifie, Prendre plaisir à faire quelque chose, Aimer à joüer. aimer à lire. aimer à chasser. aimer à se promener. aimer à travailler.

On dit, Aimer mieux, pour dire, Préferer, aimer une chose par préference à une autre. Elle a mieux aimé entrer dans un Convent, que de faire le mariage qu’on luy proposoit. j’aimerois mieux mourir, que de faire une si mauvaise action. aimer mieux l’estude que le jeu.

Aimé, ée. part.

AIN

AINE. s. f. La partie du corps humain qui est entre le haut de la cuisse & le bas ventre. Il fut blessé dans l’aine. avoir une croissance dans l’aine, un bubon dans l’aine.

AINS. Conjonction adversative. Il est vieux, & il n’a d’usage qu’en plaisanterie, & dans cette phrase, Ains au contraire.

AINSI. adv. En cette maniere, De cette façon. L’Orateur parle ainsi. la chose se passa ainsi. cela n’ira pas ainsi.

Il signifie quelquefois, Partant, par consequent. Ainsi il est évident que...

Ainsi, dans la premiere signification, sert aussi à faire l’application du premier membre d’une comparaison avec le second. Comme le soleil


chasse les tenebres, ainsi la grace chasse le peché.

Il sert aussi à marquer Un souhait qu’on fait pour quelqu’un. Ainsi le Ciel vous soit propice. Ainsi Dieu me soit en aide, Formule de serment dont on se sert en certaines rencontres.

Ainsi soit-il, Façon de parler ordinaire dont on se sert pour demander l’accomplissement de ce que l’on souhaite. Il se met ordinairement à la fin de toutes les prieres qu’on fait à Dieu.

Comme ainsi soit, Façon de parler ancienne qui signifie, Veu que. D’autant que, cela estant ainsi. Puisqu’ainsi est, Autre façon de parler dont on se sert à peu prés dans le mesme sens.

Ainsi que, adv. De mesme que. On l’employe d’ordinaire dans le commencement des comparaisons. Ainsi que le vent dissipe les nuages, ainsi la presence du Prince dissipe les seditions. On s’en sert aussi dans le discours ordinaire. Les plaisirs ainsi que les peines troublent l’ame.

Ainsi que, signifie aussi. De la maniere que, de la façon que. Cela s’est passé ainsi que je vous l’ay dit.

Il signifie aussi, S’il est vray que. S’il est ainsi que nous ne soyons créez que pour servir Dieu.

Ainsi que, signifie aussi, Au mesme temps que ; Ainsi que j’arrivois. ainsi qu’il sortoit.

AIR

AIR. s. m. Celuy des quatre Elements qui environne l’eau & la terre. L’air est plus leger que l’eau. la basse, la haute, la moyenne region de l’air. l’air se dilate, se rarefie. l’air se condense, se comprime. le ressort de l’air. l’air fait ressort. tout est plein d’air. cela s’évapore en l’air. toute l’estenduë de l’air. la masse de l’air. respirer l’air. l’air rafraichit les poulmons. se tenir à l’air. mettre quelque chose à l’air. exposer à l’air. tirer un coup en l’air.

On dit poetiquement, Les plaines de l’air. le vague des airs. dans les airs.

Air Se dit, Par rapport à la temperature & à la qualité de l’air. Air sain, mal sain. bon air. bel air. grand air. mauvais air. air doux. air temperé. air subtil. air grossier. air estouffé, renfermé, corrompu. air contagieux, infecté.

On dit, Aller prendre l’air, pour dire, Aller se promener, aller dans le grand air ; Et simplement Prendre l’air, pour dire, Respirer l’air, estre dans un lieu où l’on respire un air plus pur, plus leger. Changer d’air, pour dire, Changer de sejour, afin de respirer un autre air. Donner de l’air à une chambre, pour dire, En ouvrir les fenestres, afin que l’air entre & sorte plus librement ; Donner de l’air à un muid de vin, pour dire, En oster le bondon, de peur que le vin ne jette ses fonds. Et en parlant d’un homme qui se donne inutilement de la peine pour quelque chose, on dit qu’Il ne fait que battre l’air. Prendre l’air du feu, l’air d’un fagot, se dit pour dire, S’approcher du feu afin de se chauffer.

On dit, Avoir tousjours le pied en l’air, pour dire, Estre tousjours prest à courir, à sauter, à danser.

On dit qu’Une chose est en l’air, toute en l’air, pour dire, qu’Elle ne paroist presque soustenuë de rien. Un cabinet en l’air. un escalier qui est tout en l’air. un bastiment qui paroist tout en l’air.

Et figurément, en parlant d’un homme dont la fortune n’est soustenuë de rien de solide, on dit, Que toute sa fortune est en l’air.

En l’air, Se dit aussi fig. pour dire, Sans effet, sans fondement. Des paroles en l’air. des menaces en l’air. former des desseins en l’air. vous dites cela en l’air. c’est parler en l’air. Et en parlant d’Un homme qui a manqué à réüssir dans ce qu’il avoit entrepris. On dit qu’Il a tiré son coup en l’air.

Air, Se prend aussi pour Vent. Il ne fait point d’air.

En parlant de la décision d’une affaire qui est sur le Bureau, devant des Juges, on dit, Que l’air du Bureau est favorable à quelqu’un, pour marquer que ce qui paroist du sentiment des Juges, fait croire qu’il gagnera son procés : Et que L’air du Bureau n’est pas pour luy, pour marquer qu’on croist qu’il le perdra. La mesme phrase s’employe dans toutes les affaires qui sont à la décision des hommes.

Air, Signifie aussi, Maniere, façon. Et il se dit, De la maniere de parler, d’agir, de marcher, de se tenir, de s’habiller, de se conduire dans le monde ; & generalement de tout ce qui regarde le maintien, la contenance, la mine, le port, la grace, & toutes les façons de faire. Marcher de bon air, de mauvais air. se tenir, s’habiller, se mettre de bon air, de mauvais air, d’un air ridicule. à l’air dont il marche, dont il entre, dont il se met, on voit qui il est. de l’air dont il parle, dont il agit, dont il se conduit, on peut juger que, &c. de l’air dont il va, dont il vit, il ne durera pas long-temps. de l’air dont il s’y prend, il aura de la peine à réüssir. l’air qu’il prend avec ces gens-là ne luy réüssir a pas. l’air dont il fait toutes choses. dire les choses d’un certain air. il a un certain air de dire les choses qui fait qu’on ne s’en fasche point. on juge à son air. on voit à son air. avoir bon air, meschant air. avoir l’air bon, l’air mauvais. avoir l’air noble, l’air grand, l’air du monde, l’air de la Cour, l’air guerrier, l’air d’homme de qualité, l’air d’un honneste homme. avoir l’air d’un fripon. avoir l’air agreable, l’air aisé, l’air gracieux, l’air enfantin, l’air enjoüé, l’air badin. avoir l’air bas, l’air simple, l’air niais, l’air ridicule, l’air provincial, l’air bourgeois, l’air escolier, l’air d’un escolier, l’air embarassé, l’air engoncé, l’air renfrogné, l’air sombre, l’air triste, l’air chagrin, l’air mesprisant, l’air hautain.

On dit d’Un homme, qu’Il a le grand air, pour dire, qu’Il vit à la maniere des Grands ; Et d’Une chose, qu’Elle a un grand air, pour dire, qu’Elle a une belle & grande apparence.

Air, Dans le sens d’Apparence, se dit aussi dans ces phrases. Avoir un air de grandeur, de noblesse, de superiorité, un air de maistre, un air de capacité. avoir un air de malignité, de mal propreté. il y a un air de magnificence dans cette maison.

On dit, Avoir l’air de la danse, l’air à la danse, pour dire, Avoir de la disposition pour danser de bonne grace. Et on dit, Avoir l’air de la paulme, pour dire, Avoir de la disposition à bien joüer à la paulme. Et Avoir l’air de la guerre, pour dire, Estre propre à réüssir à la guerre, s’y adonner, & l’entendre.

On dit aussi fig. Avoir l’air à la danse, pour dire, Avoir de la disposition à réüssir à ce qu’on fait.

On dit qu’Un homme a bien l’air de faire une chose, pour dire, qu’on juge qu’Il la fera. Il a


bien l’air de nous faire attendre, il a bien l’air de ne pas venir.

On dit, Les gens du bel air, les gens du grand air ; Et cela ne se dit ordinairement qu’en raillerie, en parlant de ceux qu’on pretend qui se veulent distinguer des autres par des manieres plus recherchées, plus polies, ou mesme plus libres, dans leurs habits & dans leurs façons de faire. On dit dans le mesme sens, Messieurs du bel air, Messieurs du grand air.

On dit à peu prés dans le mesme sens, & tousjours en mauvaise part, Prendre des airs, se donner des airs. On dit aussi, Prendre des airs, se donner des airs de Maistre, de Sçavant, de bel esprit, pour dire, Vouloir s’attribuer sans raison, une authorité de Maistre. Affecter de passer pour Sçavant, pour bel esprit, quoyqu’on ne le soit pas.

On dit d’Un homme, qu’Il va du bel air, pour dire, qu’Il va bon train dans la despense ; Et on dit d’Une maison où on fait une grande & magnifique despense, que Tout y va du bel air.

Air, Se dit aussi d’Une certaine ressemblance qui resulte de toute la personne, & particulierement des traits du visage. Ils ont bien de l’air l’un de l’autre. il a beaucoup de vostre air. un Peintre qui prend bien, qui attrape bien l’air du visage. on voit tous les traits de son visage dans ce portrait, mais l’air n’y est pas.

On dit en termes de peinture, de sculpture, Un air de teste, des airs de teste, pour dire, L’attitude d’une teste, la maniere dont une teste est dessinée. De beaux airs de teste, de grands airs de teste, de vilains airs de teste.

Air, En termes de manége, se dit Des alleures d’un cheval ; Et en ce sens on dit qu’Un cheval va à tous airs, pour dire, Qu’on le manie comme on veut.

Air, En termes de Musique, se dit d’Une suite de tons, qui composent un chant suivant les regles de l’art. Air guay, air triste, air nouveau, air ancien, air vieux. un bel air, un grand air. un air de sarabande. un air de violon. un air de balet. composer un air, apprendre un air. chanter un air, faire un air sur des paroles. faire des paroles sur un air.

Il se dit aussi du chant & des paroles tout ensemble. Un air à boire. un livre d’airs. apprendre un air nouveau.

AIRAIN. s. m. sorte de métal de couleur rougeastre. Chaudron d’airain. poële d’airain. travailler en airain. graver sur l’airain. plaque d’airain.

Selon la fable, Il y a eu Un siecle d’airain, un âge d’airain, que l’on met entre le siecle d’argent & le siecle de fer.

On dit fig. Un siecle d’airain, pour dire, Un temps malheureux & dur. Un ciel d’airain, pour dire, Une constitution de temps sec & aride, où il ne pleut point, où il ne tombe ny pluye ny rosée. Et un front d’airain, pour dire, Une extréme impudence. Cet homme a un front d’airain. il faut avoir un front d’airain, pour oser, &c.

On dit d’un homme dur & impitoyable, qu’Il a des entrailles d’airain.

On dit figur. que Les injures s’escrivent sur l’airain, & les bienfaits sur le sable, pour dire, qu’On oublie aisément les bienfaits, & qu’on se souvient long-temps des injures.

AIRE. s. f. Place qu’on a unie & préparée pour y battre les grains. L’aire d’une grange. aire à battre les grains.

On dit, en termes d’Architecture, L’aire d’un bastiment, pour dire, l’espace contenu entre les murs d’un bastiment.

On dit, en termes de Marine, Une aire de vent, pour dire, l’espace marqué dans la boussole, pour chacun des trente-deux vents.

Aire, Se dit aussi du nid des oiseaux de proye, parce qu’ils font ordinairement leur nid sur un terrain plat & découvert. Les aigles font tousjours leur aire en mesme lieu. un faucon de bonne aire.

Aire, En terme de Geometrie, signifie l’Espace compris entre plusieurs lignes. L’aire d’un triangle. l’aire d’un quarré. l’aire d’un cercle.

AIRIER. v. a. Ce verbe ne se dit guere qu’En parlant d’une maison dont on chasse le mauvais air, en y allumant un grand feu, & en y brûlant des parfums. Airier une maison infectée.

Airié, ée. Participe. On dit qu’Une maison a esté bien airiée, pour dire, qu’On y a fait un grand feu, & qu’on y a bruslé des parfums, pour en chasser le mauvais air : & on dit, qu’Une maison est bien airiée, pour dire, qu’Elle est en bel air, qu’elle est dans une belle exposition.

AIS

AIS. s. m. Planche de bois. Ais de chesne, de hestre, de sapin. ais de bateau. ais de six pieds, de neuf pieds, de douze pieds. faire des ais. scier des ais. scieur d’ais. cloison d’ais.

En termes de jeu de Paume on appelle, Un coup d’ais, Le coup que la balle donne de volée dans un ais qui est du costé du service. Voilà un beaucoup d’ais.

AISANCE. s. f. Facilité, Liberté d’esprit & de corps dans l’action, dans les manieres, dans le commerce de la vie. Faire toutes choses avec une grande aisance, avec beaucoup d’aisance. l’aisance avec laquelle il se démesle des choses les plus difficiles. l’aisance qu’il a dans ses manieres.

On dit, qu’Un homme vit avec aisance, pour dire, qu’Il subsiste commodément, qu’il a de quoy joüir des commoditez de la vie.

Aisance, Se dit aussi d’Un lieu pratiqué dans une maison, pour y aller faire ses necessitez. Les aisances d’une maison. Il n’est guere en usage, qu’en parlant du bastiment d’une maison.

AISE, s. f. Contentement, Sentiment de joye, de plaisir, Emotion douce & agréable, causée par la presence, par la possession d’un bien. Estre ravi d’aise, tressaillir d’aise, estre transporté d’aise.

Aise, Signifie aussi Commodité, Estat commode & agréable. Estre à son aise, bien à son aise. vous estes-là bien à vostre aise. se mettre à son aise. travailler à son aise. c’est un homme agréable & commode avec qui on est tousjours à son aise.

En parlant d’un homme qui est dans l’abondance, selon sa condition, on dit, qu’Il est à son aise, qu’il vit à son aise ; & en parlant d’un homme riche, qui a tousjours de legeres incommoditez, on dit, qu’Il n’est malade que de trop d’aise.

On dit, Aimer ses aises, chercher ses aises, prendre ses aises. on n’a pas toutes ses aises en ce monde ; Et ce n’est guere que dans ces sortes de phrases, qu’Aises se dit au pluriel, pour signifier Les commoditez de la vie.


Quand un homme donne quelque conseil, difficile à pratiquer, & dont il est hors d’estat d’avoir besoin, on lui dit, Vous en parlez bien à votre aise.

A l’aise, Façon de parler adv. Commodement, facilement, sans peine. Un cheval qui porte à l’aise, qui va à l’aise. on est fort à l’aise dans ce fauteüil-là. une porte qui s’ouvre à l’aise. il tient six personnes à l’aise dans ce carrosse.

On dit prov. Paix & aise, pour dire, Doucement, paisiblement, commodement. Il n’a pas un grand bien, mais il vit chez luy paix & aise.

Aise. adj. de tout genre. Qui a de la joye, qui est content. Que je suis aise de vous avoir rencontré. Je suis bien aise de vous voir on bonne santé, j’en suis tres-aise, extrémement aise, infiniment aise, j’en suis aise au dernier point. il ne se sent pas, tant il est aise. que je suis aise de cette bonne nouvelle. nous en sommes bien aises.

AISÉ, ÉE. adj. Facile. Cela est aisé, c’est une chose aisée. il n’est rien de si aisé. des moyens courts & aisez. voila le chemin le plus aisé. une chose aisée à faire. cela est aisé à dire. cela n’estoit pas aisé à trouver. une lettre qui n’est pas aisée à lire.

Aisé, Signifie aussi, Commode. Une voiture aisée. un cheval qui a des alleures aisées. On dit, Une devotion aisée, pour dire, Une devotion relaschée. On le dit aussi par opposition à devotion chagrine & trop austere.

On dit, Avoir les manieres aisées, la conversation aisée, pour dire, Avoir des manieres d’agir faciles, & où il n’y a rien de contraint, rien de gesnant, avoir une conversation facile & agreable. Avoir l’esprit aisé, pour dire, Imaginer, concevoir, s’expliquer facilement ; Avoir un style aisé, pour dire, Composer d’une maniere propre, naturelle, claire, intelligible, & qui paroist n’avoir point donné de peine. Et on dit, Des Vers aisez, pour dire, Des Vers qui paroissent faits sans peine, qui ne sentent point le travail.

Aisé, ée. Signifie aussi, Qui est riche dans une condition mediocre. Un bourgeois aisé. c’est un homme aisé, fort aisé.

Il est aussi subst. La taxe des aisez. on l’a mis sur le roole des aisez. on l’a mis aux aisez.

AISEMENT. s. m. Commodité. Il est vieux au singulier, & il n’a plus d’usage au pluriel que dans cette phrase populaire. A ses bons points & aisements, pour dire, A sa commodité.

Il se dit aussi pour signifier Un lieu de commodité, pratique dans une maison, pour y aller faire ses necessitez. Un aisement bien pratiqué.

AISÉMENT. adv. Facilement. J’en viendray aisément à bout. travailler aisément. faire aisément des Vers.

Il signifie aussi, Commodement. Ainsi on dit qu’Un cheval va aisément, pour dire, qu’Il a les alleures douces, commodes, aisées.

AISNÉ, ÉE. adj. Le premier né des enfants d’un mesme pere, ou d’une mesme mere. Son fils aisné, sa fille aisnée. vostre frere aisné, vostre soeur aisnée. il est l’aisné de tous. En parlant des differentes branches d’une Maison, on dit La branche aisnée, la branche cadette.

Il est aussi subst. Mon aisné, vostre aisné. le cadet vaut bien l’aisné.

Il se dit aussi d’Un second enfant, à l’égard d’un troisiesme, & ainsi des autres. Il est mon aisné, & je suis le vostre.

Il se dit aussi, par extension, De toute personne plus âgée qu’une autre. Il est plus vieux que moy, il est mon aisné de cinq ans, de six ans, &c.

AISNESSE. s. f. Primogeniture, Priorité d’âge entre freres ou soeurs. Il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. Droit d’aisnesse.

AISSELLE. s. f. Le dessous du bras à l’endroit où il se joint à l’espaule. L’aisselle droite. l’aisselle gauche. porter quelque chose sous ses aisselles.

AISSIEU. s. m. Piece de bois ou de fer, passant dans le moyeu des rouës d’une charrette, d’un carrosse, &c. L’aissieu des rouës de devant cassa. mettre un aissieu à un carrosse, à une charette. aissieu de bois. aissieu de fer.

AJU

AJUSTEMENT. s. m. v. Action par laquelle on ajuste quelque chose. L’ajustement d’un poids, d’une mesure, d’une machine.

Il signifie aussi, Accommodement. Il faut travailler à l’ajustement de ces deux personnes : Et on dit, Chercher des ajustements entre deux personnes. trouver des ajustements dans quelque affaire, pour dire, Chercher, trouver quelque voye, quelque moyen, quelque expedient, quelque temperament, pour concilier deux personnes, pour accommoder quelque affaire.

Il signifie encore, Parure. Elle n’est pas belle, elle a besoin d’ajustement. un peu d’ajustement luy sied bien. elle est si jeune & si belle, qu’il ne luy faut pas grand ajustement.

AJUSTER. v. a. Rendre un poids ou une mesure juste. Ajuster une mesure sur l’estalon. ajuster un boisseau, un minot, une balance, sur l’estalon.

Il signifie aussi, Accommoder une chose ensorte qu’elle convienne à une autre, & qu’elle y soit propre, mettre une chose en estat de bien faire son effet. Ajuster une barre à une fenestre, un couvercle à une boiste. ajuster une vis à une escroüe. ajuster une monstre, un ressort. ajuster une arquebuse pour tirer.

On dit, en terme de Maneige, Ajuster un cheval sur les voltes. l’ajuster à toutes sortes d’airs de maneges.

Ajuster, avec le pronom personnel, Signifie, Se préparer à faire quelque chose, Se mettre en estat, en posture de faire quelque chose. S’ajuster pour tirer au blanc. s’ajuster pour courre la bague. les joüeurs de mail sont long-temps à s’ajuster pour frapper la boule. En ce sens il se met tousjours avec le pronom personnel.

On dit, que Des gens se sont ajustez, pour dire, qu’Ils sont de concert pour quelque dessein. Ils se sont ajustez ensemble pour cela. Et on dit, Leurs humeurs sont trop differentes, ils ne sçauroient jamais s’ajuster, pour dire, Ils ne sçauroient jamais convenir l’un avec l’autre.

On dit aussi, Ajuster toutes choses pour quelque dessein, pour dire, Prendre des mesures pour faire réüssir un dessein.

On dit, Ajuster deux personnes, pour dire, Les concilier, les faire convenir ensemble, faire qu’ils soient d’accord touchant quelque chose. Il est difficile de les ajuster l’un avec l’autre. il n’y a que vous qui les puissiez ajuster.

On dit, en matiere de dispute sur quelque


point de Doctrine, Ajuster des passages qui paroissent opposez, pour dire, Les concilier ensemble, faire voir qu’ils n’ont qu’un mesme sens. Comment ajusterez-vous ces passages opposez ?

On dit prov. Ajustez vos flutes ; Soit en parlant à un homme qui ne paroist pas bien d’accord avec luy-mesme dans ce qu’il dit ; soit en parlant à plusieurs personnes qui ne conviennent pas des moyens de faire réüssir quelque chose.

On dit, Ajuster une Piece au Théatre, pour dire, La rendre propre au Théatre. On le dit aussi fig. pour dire, Raconter une chose, en la tournant à sa fantaisie, pour servir au dessein qu’on a. Il ajuste au Théatre tout ce qu’il dit.

Ajuster, Embellir par des ornements. Il a bien ajusté son logis. voila une chambre bien ajustée. vous avez bien ajusté vostre cabinet, vostre jardin.

Il se dit aussi, En parlant de la parure dans l’habillement, & en ce sens il se dit principalement des femmes. Une femme qui est deux heures à sa toilette à s’ajuster. ses femmes de chambre ne peuvent jamais venir à bout de l’ajuster à son gré.

Ajuster, Se dit ironiquement en differentes significations, selon les differentes matieres dont il s’agit. Ainsi en parlant d’un homme qui a perdu son procez, & qui a esté condamné aux dépens, on dit qu’On l’a bien ajusté, qu’on l’a ajusté de toutes pieces ; En parlant à un valet qu’on menace de maltraiter, on dit Si je vais là, je vous ajusteray comme il faut ; Et en parlant d’un homme qui a esté éclaboussé, & dont l’habit est couvert de bouë, on dit, Voila vostre habit bien ajusté. vous voilà bien ajusté.

Ajusté, ée. Partic. Il a les significations de son verbe.

AJUTAGE. s. m. Petit tuyau de cuivre monté à vis sur une souche de mesme metal, que l’on soude au tuyau de plomb d’une fontaine, pour en former le jet gros ou menu, selon l’ouverture que l’on luy donne. Gros ajutage, petit ajutage. ajutage à teste d’arrosoir. il faut mettre un plus gros, un plus petit ajutage à cette fontaine.

AJUTOIR. s. m. Il sign. la mesme chose qu’Ajutage, mais il est un peu moins usité.

ALA

ALAMBIC. s. m. Sorte de vaisseau qui sert à distiller. Alambic de verre. alambic de cuivre. alambic de terre. le bec d’un alambic. le col d’un alambic. il faut mettre cela à l’alambic. tirer à l’alambic. tirer par l’alambic. passer par l’alambic. repasser par l’alambic.

On dit fig. qu’Une affaire a passé par l’alambic, pour dire, qu’Elle a esté examinée avec un grand soin, avec une grande exactitude ; qu’elle a esté discutée, & approfondie.

ALAMBIQUER. v. a. Il n’a d’usage qu’au figuré. & dans ces phrases, S’alambiquer l’esprit ; alambiquer l’esprit, qui signifient, Se distiller en quelque sorte l’esprit, par une trop grande application à des choses abstraites & trop subtiles. S’alambiquer l’esprit mal-à-propos sur des questions espineuses, difficiles, inutiles. s’alambiquer la cervelle. des questions qui ne sont bonnes qu’à alambiquer l’esprit. ne vous allez point alambiquer l’esprit inutilement.

Alambiqué, ée. Part.

ALARME. s. f. Cri, Signal pour faire courir aux armes. Chaude alarme. fausse alarme. sonner l’alarme. donner l’alarme.

Il se dit aussi d’une Emotion causée dans un Camp, dans une Place de guerre, sur l’approche, ou sur le bruit de l’approche des ennemis. L’alarme est au quartier, l’alarme est au Camp. les ennemis nous donnoient de frequentes alarmes.

Il se dit fig. De toute sorte de frayeur & d’espouvante subite. Il a pris l’alarme bien legerement. vous nous avez donné l’alarme bien chaude, bien des alarmes. On dit aussi figur. Une fausse alarme, pour dire, Une vaine crainte, une peur sans sujet. Et prov. & fig. En parlant de quelque chose qui met tout d’un coup dans une grande inquietude, on dit, que l’Alarme est au camp.

Alarme, Se dit aussi pour Inquietude, souci, chagrin, & en ce sens il s’employe d’ordinaire au pluriel. Il est dans de grandes alarmes, dans de terribles alarmes, de continuelles alarmes. il n’est pas encore revenu de ses alarmes. cela luy donne des alarmes secrettes.

ALARMER. v. a. Donner l’alarme, Causer de l’émotion, de l’espouvante, de l’inquietude. Cela va allarmer tout le camp. Il ne faut pas que cela vous alarme. ne vous alarmez pas de tous ces faux bruits. il fut fort alarmé de cette nouvelle. sa maladie nous a alarmez.

Alarmé, ée. part.

ALB

ALBASTRE. s. m. Espece de marbre tendre, & d’une grande blancheur. Vase d’albastre. blanc comme albastre.

On dit fig. & poetiq. Une gorge d’albastre, un sein d’albastre, pour dire, Une gorge extrémement blanche.

ALBERGE. s. f. Espece de petite pesche précoce. Un panier d’alberges.

ALC

ALCHYMIE. s. f. (Il se prononce comme s’il estoit escrit, Alquimie.) La partie de la Chymie qui travaille à la transformation des metaux. Il se prend plus particulierement pour la recherche de la pierre philosophale. Il est entesté de l’alchymie.

On appelle aussi, Alchymie, Certain meslange de metaux qui se fait par la Chymie. Ces assietes ne sont pas de bon argent, ce n’est que de l’alchymie. de l’or d’alchymie.

ALCHYMISTE. s. m. Qui travaille en Alchymie. Il se prend particulierement pour Celuy qui travaille à la pierre philosophale, & il se prononce comme s’il estoit escrit, Alquimiste.

ALCORAN. s. m. Le Livre qui contient la Loy de Mahomet. Lire l’Alcoran.

Il signifie fig. La Loy de Mahomet contenuë dans l’Alcoran, Abjurer l’Alcoran, pour embrasser l’Evangile.

ALCOVE. s. m. L’endroit pratiqué dans une chambre pour y placer un lit, & separé du reste de la chambre par des pilastres, ou par quelques autres ornements. Alcove doré. un bel alcove.

ALCYON. s. m. Oiseau qui fait son nid sur la mer pendant le solstice d’hiver, lorsque la mer est calme. Un nid d’alcyon qui flotte sur la mer. les Poëtes ont feint que les alcyons rendoient la mer calme, pendant qu’ils faisoient leurs petits.



ALCYONIEN, IENNE. adj. Appartenant à l’Alcyon. Il n’a d’usage qu’en cette phrase. Les jours alcyoniens, qui sont sept jours avant le solstice d’hiver, & sept jours aprés, pendant lesquels l’Alcyon fait son nid, & la mer est ordinairement calme.

ALE

ALEGRE. adj. de tout genre. Qui est dispos, agile, gay. Il est tousjours alegre. il est sain & alegre.

ALEGREMENT. adv. D’une maniere alegre. Marcher alegrement. allons compagnons, alegrement.

ALEGRESSE. s. f. Joye qui esclate au dehors. Il receut cette nouvelle avec une grande alegresse.

Il se dit plus ordinairement d’Une joye publique. Cris d’alegresse. l’alegresse de son armée luy promettoit la victoire. dans l’alegresse publique.

On appelle, Les sept Alegresses, Certaines Prieres à la Vierge, dans lesquelles on exprime les sept differents sujets de joye qu’elle a eus durant sa vie.

ALENCONTRE. Préposition, qui signifie, Contre. Il plaide pour un tel, alencontre d’un tel.

On dit fig. Aller alencontre de quelque chose, pour dire, S’y opposer, y contrarier. Je ne vais pas alencontre de ce que vous dites. cela est juste, personne ne va alencontre. Il est du style familier.

ALENTIR. v. a. Rendre plus lent. Cela a un peu alenti le mouvement de la machine, de la pendule.

Il est aussi n. p. & signifie. Devenir plus lent. Sa fievre commence à s’alentir.

Alenti, ie. part.

ALENTOUR. adv. Aux environs. Tourner à l’entour. les echos d’alentour, les bois d’alentour.

ALERION. s. m. Terme de Blason. Petit aiglon qu’on represente avec les ailes estenduës, & sans bec ni pieds. Montmorency porte d’or à la croix de gueules accompagnée de seize alerions d’azur.

ALERTE. adj. de tout genre. Qui est vigilant, & qui se tient sur ses gardes. On ne le surprendra pas aisément, il est tousjours alerte.

Il signifie aussi, Gay, vif ; Et il se dit d’Un jeune garçon, d’une jeune fille. Un jeune garçon alerte. une jeune fille fort alerte.

ALESNE. s. f. Espece de petite verge de fer, emmanchée dans un morceau de bois rond, & dont on se sert pour percer le cuir & pour le coudre. Alesne plate, ronde, quarrée. manche d’alesne. les Cordonniers, les Bourreliers, &c. se servent d’alesnes. la pointe d’une alesne.

ALEXANDRIN. adj. m. Terme de Grammaire. Il n’a d’usage que dans cette phrase, Vers Alexandrins, qui sont des Vers François de douze syllabes dans les rimes masculines, & de treize syllabes dans les rimes feminines. Quelques-uns prétendent que les Vers Alexandrins ont pris leur dénomination d’un Poëte nommé Alexandre Paris. Les autres croyent qu’ils ont esté ainsi nommez, à cause qu’ils furent employez la premiere fois à escrire la vie d’Alexandre le Grand. Les Tragedies, les Poëmes Epiques, se font or- dinairement en Vers Alexandrins. la cesure, le repos du Vers Alexandrin doit estre immediatement aprés la sixiéme syllable. Presentement les Vers Alexandrins, sont appellez Vers Heroïques.

ALEZAN, ou ALZAN, ANE. adj. De couleur fauve tirant sur le roux. Il ne se dit qu’en parlant de chevaux. Un cheval de poil alezan. un cheval alezan. une cavalle alezane. un cheval alzan bruslé, alzan moreau, alzan doré.

Alzan, est aussi subst. & signifie Un cheval de poil alzan. Il estoit monté sur un alzan.

ALEZE. s. f. Grand linge dont on se sert pour envelopper des malades, & des femmes en couche. Les alezes sont ordinairement de vieux linge. envelopper un malade avec une aleze, mettre une aleze autour d’un malade.

ALEZÉ, ÉE. Terme de Blazon. Il signifie, Raccourcy, & il ne se dit guere qu’en parlant d’un sautoir ou d’une croix. Sautoir alezé, croix alezée.

ALG

ALGARADE. s. f. Insulte faite avec bravade. Faire une algarade. il luy a fait mille algarades.

ALGEBRE. s. f. Espece de Mathematique universelle qui considere la quantité, soit continuë, soit discrette, de la maniere la plus generale dont elle puisse estre considerée, & qui dans ses operations, se sert ordinairement des lettres de l’alphabet au lieu des chiffres communs. Apprendre l’algebre. sçavoir l’algebre. On appelle Algebre commune ou numerique, Celle qui opere par les nombres ; Et Algebre specieuse, Celle qui opere par les lettres de l’alphabet mises au lieu des nombres. On ne se sert plus guere que de l’algebre specieuse.

On dit fig. d’Un homme qui n’entend rien du tout à une chose dont on parle, que C’est de l’algebre pour luy.

ALGEBRISTE. s. m. Celuy qui sçait l’Algebre, qui fait des operations d’Algebre. C’est un excellent Algebriste.

ALI

ALIBI. s. m. Presence d’une personne dans un lieu esloigné de celuy où on prétend qu’elle estoit dans le mesme temps. Il n’a point de pluriel. La fausseté de cette piece a esté prouvée par un alibi. prouver l’alibi. prouver son alibi. les alibi ne sont guere receus en matiere criminelle.

On dit prov. & bass. Chercher des alibi-forains, pour dire, Chercher de mauvaises excuses, de mauvaises defaites.

ALIENABLE. adj. v. Qui se peut aliener. Il y a des biens qui ne sont pas alienables. c’est une terre substituée, elle n’est pas alienable.

ALIENATION. s. f. v. Transport de la proprieté d’un fonds, ou de ce qui tient lieu de fonds. Alienation d’un domaine, d’une terre.

On dit l’Alienation des volontez, des esprits, pour dire, l’Esloignement que des personnes ont les unes pour les autres ; Et Alienation d’esprit, pour dire, Egarement d’esprit, folie.

ALIENER. v. a. Transferer à un autre la proprieté d’un fonds, ou de ce qui tient lieu de fonds. Aliener une terre. aliener une rente. aliener


un domaine. aliener des meubles precieux. il y a des biens qui ne se peuvent pas aliener. c’est aliener en quelque sorte son fonds, que de prester par contrat de constitution.

On dit fig. Aliener les affections, les coeurs, les esprits, pour dire, Faire perdre la bienveillance, l’affection, l’estime. Cela luy aliena le coeur des peuples. il a des manieres hautes qui alienent les esprits. il a aliené les esprits par ses manieres.

On dit, Aliener l’esprit, pour dire, Faire perdre l’esprit, Rendre fou, faire devenir fou. Sa derniere maladie luy a aliené l’esprit.

Aliené, ée. part. pass. Il a les significations de son verbe. Domaine aliené. terre alienée. coeurs alienez. esprits alienez. avoir l’esprit aliené. estre aliené d’esprit.

ALIGNEMENT. s. m. v. Ligne qu’on donne, qu’on tire, afin qu’une muraille, qu’une ruë, qu’une allée, aille en ligne droite. On a pris l’alignement de la ruë qu’on veut bastir. suivant l’alignement qui en a esté donné. prendre des alignements. il a mal pris ses alignements.

On dit, qu’Un ouvrage de maçonnerie n’est pas d’alignement, pour dire, qu’il ne va pas en ligne droite.

ALIGNER. v. a. Ranger, dresser sur une mesme ligne. Il se dit ordinairement Des bastiments & des jardins. On n’a pas bien aligné cette muraille, cette allée.

Aligné, ée. part.

ALIMENT. s. m. Nourriture. Ce qui estant mangé, fait cesser la faim, se digere & entretient la vie. Le pain est un bon aliment. les aliments les plus simples sont les plus sains. des aliments qui se corrompent dans l’estomach. des biens destinez pour l’aliment des pauvres.

On dit fig. que Le bois est l’aliment du feu.

Aliments. au pluriel, Se dit generalement de Tout ce qu’il faut pour nourrir & entretenir une personne. Un pere doit les aliments à ses enfants. on luy a adjugé une pension pour ses aliments.

ALIMENTAIRE. adj. de tout genre. Qui est destiné pour les aliments. Il n’a guere d’usage que dans ces phrases. Pension alimentaire. provision alimentaire.

ALIMENTER. v. a. Nourrir, fournir les aliments necessaires. Il n’a guere d’usage qu’en termes de Pratique.

Alimenté, ée. Part.

ALIQUOTE. adj. Il n’a d’usage qu’en cette phrase. Partie aliquote, qui se dit d’Un nombre contenu plusieurs fois dans un plus grand nombre. Trois est la partie aliquote de douze.

Il se prend quelquefois subst. Deux est l’aliquote de six.

ALITER. v. a. Reduire à garder le lit. La fiévre l’a alité.

Il est aussi n. p. & signifie, Se mettre, se tenir au lit pour cause de maladie. Il y avoit long-temps qu’il traisnoit, enfin il a esté contraint de s’aliter depuis peu.

Alité, ée. Part.

ALIZE. s. f. Sorte de petit fruit aigret de couleur rouge. Manger des alizes.

ALIZÉ. adj. m. Terme de Marine. Qui ne se dit guere qu’au pluriel, En parlant de certains vents qui regnent entre les deux Tropiques, & qui, dans certaines saisons, soufflent tousjours du mesme costé. Des vents alizez.

ALIZIER. s. m. Arbre qui croist dans les bois, & qui porte des alizes.

ALKALI. s. m. Sel poreux & spongieux, propre à adoucir, à émousser, à absorber les sels acides. La soude est le premier alkali. les yeux d’écrevisse sont de bons alkalis. les fermentations se font par le combat, par le meslange des alkalis & des acides.

ALL

ALLAITER. v. a. Nourrir de son lait. La Nourrice qui l’a allaité. une mere qui allaite son enfant. une chienne qui allaite ses petits. la louve qui allaita Remus & Romulus.

Allaité, ée. Participe.

ALLANT. subst. m. v. Qui va, qui vient. Il n’a point de feminin, & il n’a guere d’usage qu’en cette phrase. A tous allants & venants. Cette maison est ouverte à tous allants & venants.

ALLECHEMENT. s. m. v. Moyen par lequel on alleche. Les allechements de la volupté. il vieillit.

ALLECHER. v. a. Attirer par quelque chose qui plaist, qui flatte. Se laisser allecher par l’esperance du gain. Il vieillit.

Alleché, ée. Part.

ALLÉE. s. f. Passage entre deux murs dans une maison. Longue allée, allée obscure. allée estroite. il ne faut pas embarrasser l’allée. la porte d’une allée.

Allée, Se dit aussi d’un lieu propre à se promener, qui s’estend en longueur, & qui est bordé d’arbres ou de verdure, sans estre enfermé de murailles. Ce bois est agréable, il est tout planté en allées. il se promene dans la grande allée du jardin. longues allées. belle allée. allée double. allée à perte de veuë. allée couverte. planter des allées d’ormes, de tilleuls, de noyers, &c.

Allées et venues. s. f. pl. Les pas, les démarches que l’on fait pour une affaire. Aprés plusieurs allées & venuës, enfin il fut conclu que.

ALLEGATION. s. f. v. Citation d’une autorité. L’allegation d’un passage, d’une loy.

Il se dit aussi d’un fait allegué & avancé en preuve de quelque chose. Il respondit fort pertinemment à toutes les allegations de ses parties.

ALLEGE. s. f. Petit bateau qui va à la suite d’un plus grand ; & qui sert à le décharger de ce qu’il y a de trop. L’allege d’un grand bateau.

ALLEGEANCE. s. f. Allegement. Donner quelque allegeance à des tourments. Il est vieux.

ALLEGEMENT. s. m. v. Soulagement. Donner allegement. recevoir allegement, de l’allegement. Ne sentez-vous point d’allegement à vostre mal ?

ALLEGER. v. a. Descharger d’une partie d’un fardeau. Alleger quelqu’un de son fardeau. alleger un bateau. le plancher est trop chargé, il le faut alleger. Il sign. fig. Soulager dans le mal, dans la douleur. Cette medecine l’a bien allegé. il estoit dans un grand accablement ; mais ce que vous luy avez dit, l’a fort allegé. Alleger la douleur de quelqu’un. Il commence à vieillir.

Allegé, ée. Part.

ALLEGORIE. s. f. Narration par laquelle outre le sens exprimé par les paroles, on veut


faire entendre quelque autre chose qui y a rapport. Belle allegorie. allegorie ingenieuse. l’Escriture-Sainte est pleine d’allegories. le tableau de Cebes est une allegorie perpetuelle.

Il se dit aussi, des Tableaux, dans lesquels ce qui est peint fait entendre autre chose que ce qui est representé. Il y a trop d’allegories dans ces tableaux. un tableau trop chargé d’allegories.

ALLEGORIQUE. adj. de tout genre. Qui tient de l’Allegorie, qui appartient à l’Allegorie. Discours allegorique. termes allegoriques. sens allegorique. explication allegorique. tableau allegorique. style allegorique.

ALLEGORIQUEMENT. adv. D’une maniere allegorique. Cela se doit entendre allegoriquement, non pas litteralement. Les Prophetes parlent quelquefois allegoriquement.

ALLEGORISER. v. a. Expliquer selon le sens allegorique. Donner un sens allegorique. Les Peres de l’Eglise ont allegorisé presque tout l’Ancien Testament.

Allegorisé, ée. Participe.

ALLEGORISEUR. s. m. v. Celuy qui allegorise. Il ne se dit guere qu’en mauvaise part, en parlant d’un homme qui s’attache tousjours à chercher un sens allegorique à toutes choses. C’est un allegoriseur perpetuel.

ALLEGORISTE. s. m. Celuy qui explique un Auteur dans un sens allegorique. Origene est un excellent allegoriste. un tel Ecrivain est un mauvais allegoriste. un allegoriste ennuyeux.

ALLEGUER. v. a. Citer une authorité. alleguer un passage, un texte. alleguer des autheurs. alleguer faux. c’est un tel qui m’a dit cette nouvelle, je vous allegue mon autheur.

Il signifie aussi, Mettre en avant une raison, un fait, pour prouver quelque chose. Alleguer des raisons. alleguer des excuses. il allegua pour ses raisons que. les Juges sont obligez de juger selon ce qui est allegué & prouvé.

Allegué, ée. Participe. pass.

ALLELUIA. s. m. Sorte de petite herbe aigrette, dont les fleurs sont blanches, qui est bonne à manger en salade, & dont on se sert en Medecine.

ALLEMANDE. s. f. Piece de Musique qu’on a prise des Allemands ; & qui est d’une mesure à quatre temps. Joüer une belle Allemande sur le luth, sur le clavessin.

ALLER. v. n. Se mouvoir, se transporter d’un lieu à un autre. Aller viste. aller doucement. aller lentement. aller en avant. aller en arriere. un homme qui va à grands pas, à petits pas. un cheval qui va bon train, qui va le trot, qui va lamble, qui va le pas, qui va à l’aise. aller à pied. aller à cheval. aller en carrosse. aller en bateau. aller en chaise. aller en poste. aller en relais. aller à Rome. aller à Paris. aller en Italie. aller en Espagne. aller aux Indes. aller au Japon. aller à la Chine. aller au Cours. aller à la Messe. aller à Vespres. aller à la guerre. aller à l’armée. aller à un siége. aller à la chasse. aller en Ambassade. aller en pelerinage. aller en parti. aller à la petite guerre. aller aux nouvelles. aller aux escoutes. aller par mer, aller par bateau. il ne fait qu’aller & venir. aller contre vent & marée. aller au devant de quelqu’un. aller à la rencontre de quelqu’un.

Il signifie aussi, Estre meû, estre poussé d’un lieu à un autre par quelque agent. Les rivieres vont à la mer. les nuées alloient du Levant au Couchant. les galeres vont à voile & à rame. les vaisseaux alloient à toutes voiles, à pleines voiles. les planettes vont incessamment.

On dit, Aller au combat, pour dire, Marcher pour le combat. Aller aux Ennemis, pour dire, S’avancer vers les Ennemis pour les combattre, pour les charger ; & cela ne se dit proprement que quand les Armées sont à portée l’une de l’autre, ou en presence.

On dit, Aller bien, pour dire, Estre dans le bon chemin : Et N’aller pas bien, pour dire, N’estre pas dans le bon chemin. Allons-nous bien, allons-nous dans le bon chemin ?

En termes de Guerre, on dit, Aller au feu, pour dire, S’exposer au feu des Ennemis, s’exposer à essuyer leur feu. Et en parlant d’un homme qui s’y expose bravement & de bonne grace, on dit, qu’Il va au feu comme aux nopces.

On dit, Aller aux opinions, aux advis, pour dire, Recuëillir les opinions, les avis. On dit aussi, Aller au conseil, pour dire, Demander conseil à quelqu’un : Et Aller au Devin, pour dire, Consulter le Devin.

En parlant des choses qui dépendent de l’authorité, de la jurisdiction de quelqu’un, on dit, qu’Il faut aller à luy pour cela, pour dire, Que c’est à luy qu’il faut s’adresser. Il faut aller au Roy pour cela. il a esté obligé d’aller au Pape, d’aller à l’Evesque.

Aller, Joint avec les Infinitifs des verbes, sert quelquefois à signifier, Mouvement pour faire quelque chose. Aller se promener, aller travailler, aller estudier.

Quelquefois il sert à marquer Les choses qui sont sur le point d’estre faites. Nous allons voir ce qu’il va dire. Ils vont partir. le jour va finir. un homme qui va mourir, qui s’en va mourir.

Ce verbe, outre qu’il emprunte toute sa conjugaison de trois infinitifs ; sçavoir, de son propre infinitif Aller, & des infinitifs Latins vadere, & ire ; il double de plus une partie de ses temps par le moyen du verbe subst. estre, faisant au préterit simple je fus, &c. & formant tous ses temps composez, avec le verbe auxiliaire avoir, & le participe du verbe substantif, comme J’ay esté vous chercher. il a esté en peu de temps de Paris à Rome, &c. mais cela n’a guere d’usage que dans le style familier.

Il s’employe quelquefois de telle sorte avec le gerondif des verbes, que tous deux ensemble ne signifient que la mesme chose que le gerondif, avec lequel il est joint. Ainsi on dit, Un ruisseau qui va serpentant. il alloit criant par la ville, pour dire, Un ruisseau qui serpente. Il crioit par la ville, & ainsi du reste. On dit, qu’Un homme s’en va mourant, pour dire, qu’Il est sur le point de mourir.

Aller, Se dit aussi Du mouvement & de l’effet de certaines choses artificielles. Une montre qui va trente heures. ce ressort ne va plus. faire aller un moulin. il y a quelque chose qui empesche la rouë d’aller.

Il se dit aussi, pour marquer L’écoulement du temps, & la durée du temps qui a esté employé à quelque chose. Le temps va tousjours, rien ne va plus viste que le temps. son discours ne va qu’à une demie heure. les ouvriers vont bien lentement. ce bastiment-là est allé fort viste.

Il se dit aussi, pour marquer L’estenduë de


certaines choses. La forest va depuis le village jusqu’à la riviere. Cette montagne va jusques aux nuës. ses cheveux vont jusqu’à la ceinture. un manteau qui va jusqu’à terre.

Il sert aussi à marquer, La maniere dont une chose est figurée, Une piece de terre qui va en pente. cela va en rond.

Il sert aussi à maquer Où meine un chemin où il aboutit. Ce chemin va droit à l’Eglise.

Il se dit aussi, pour marquer A quoy se montent des nombres, des sommes, des supputations. Ce calcul va bien haut. les troupes de nouvelles levées vont à trente mille hommes. la dépense ira plus loin qu’on ne croit.

Aller, Sert aussi à marquer, tant au propre qu’au figuré, Le progrés en bien ou en mal, des personnes & des choses. Il n’y a point d’homme dont l’esprit aille jusque-là. son imagination va si loin, qu’elle se perd. le raisonnement des plus habiles ne va pas bien avant. cette vengeance est allée trop loin. son amour va jusqu’à l’excés, va jusqu’à la folie. c’est un homme qui ira bien loin dans les Arts, dans les Sciences. cette affaire a esté plus loin qu’on ne pensoit. cela va de mal en pis. sa santé va de mieux en mieux. une maison qui va en decadence.

Il sert aussi à marquer L’aboutissement & la fin de quelque chose. Toute son entreprise est allée en fumée, est allée à rien. cette affaire va là. toutes les differentes manieres de vivre vont également à la mort. tous ses voeux vont à la Paix, vont au bien de l’Estat.

On dit qu’Un homme va tousjours au bien, pour dire, qu’Il tend tousjours au bien : Et lorsque des personnes qui disputent ensemble, commencent à s’eschauffer un peu trop, on dit, Cela va trop loin. cela pourroit aller trop loin.

Aller. Se dit aussi pour signifier La maniere dont on agit, dont on se comporte en de certaines choses. Aller viste en besogne. il ne faut pas reprendre avec aigreur, il faut y aller doucement. il n’y faut pas aller si rudement. la chose est bonne en elle-mesme, mais il faut y aller avec de grandes précautions. il y va de bonne foy. il y va à la bonne foy, tout à la bonne foy. il est allé par les voyes de droit, par les voyes de fait. aller à la fortune par des voyes d’honneur, par de meschantes voyes. aller aux grands emplois par la faveur. aller d’abord aux grands desseins. c’est un homme qui va droit en tout.

Aller, se dit aussi, pour marquer L’estat bon ou mauvais de certaines choses. Comment va vostre santé ? Comment vous en va ? tout va bien. ses affaires vont bien, vont mal, ne vont pas trop bien.

Il se dit aussi, pour marquer La maniere dont une chose est faite, est mise, est disposée. Et cela se dit principalement de ce qui regarde l’habillement. Un collet qui va mal. ce manteau ne va pas bien. On dit qu’Une estoffe va en biais, pour dire, qu’Elle est taillée en biais.

On dit à peu prés dans le mesme sens, que Des choses vont bien ensemble, vont bien l’une avec l’autre, pour dire, qu’Elles conviennent bien ensemble. L’aurore & le bleu vont bien ensemble. ces deux couleurs-là vont bien l’une avec l’autre.

En parlant d’habillement, de parure, on dit, qu’Une chose va bien, ou qu’Elle va mal, pour dire, qu’Elle sied bien, ou qu’Elle sied mal. Cet habit-là vous va bien. le feüille morte ne va pas bien aux brunes. vostre perruque vous va mal.

Et en parlant de certaines choses qui sont appariées, & qui ne se vendent point separément, on dit, qu’Elles vont ensemble. ces deux gants-là vont ensemble. ces deux bas vont l’un avec l’autre. ces quatre estampes-là vont ensemble.

Aller de pair, aller du pair, Façon de parler dont on ne se sert, qu’en parlant des personnes, par rapport principalement à la qualité, ou à la dépense, pour dire, Estre égal, estre pareil. Ces deux Maisons vont de pair pour la noblesse. il va du pair avec les plus grands Seigneurs pour la dépense.

Aller, mis à l’imperatif, sert également à faire des souhaits, ou des imprécations, des exhortations, ou des menaces, & à marquer de l’indignation. Allez en paix, allez à la bonne heure. qu’il aille à la malheure. allons enfans courage. va malheureux, va impudent. allez, n’avez-vous point de honte.

Aller, Se dit en quelques jeux de cartes, comme le Berlan, & les autres jeux de renvi, en parlant de ce que l’on hazarde au jeu. De combien allez-vous ? j’y vais de deux pistoles. il y va de son reste. va mon reste. va tout.

A certains jeux de Cartes, comme à l’Ombre, lorsqu’il y a plusieurs bestes, on demande, qu’Elle beste va, pour sçavoir, quelle est la beste sur laquelle on jouë.

Aller, joint à la particule y, & employé à l’impersonnel, sert à marquer De quoy il s’agit, De quelle importance est la chose dont on parle. Quand il devroit y aller de tout mon bien. songez qu’il y va de vostre fortune. c’est une affaire où il y va de l’interest public. dans cette affaire-là il n’y alloit pas moins que de son honneur & de sa vie. souvenez-vous qu’il y va du salut éternel. Lorsque dans cette signification on se sert du futur du subjonctif iroit, on supprime la particule y. Quand il iroit de tout mon bien, quand il iroit de ma vie.

Il s’employe aussi à l’impersonnel, étant précedé de la particule relative en. Ainsi on dit, Il en va de cette affaire-là, comme de l’autre, pour dire, Il en est de cette affaire-là, comme de l’autre. Il n’en ira pas ainsi. il n’en ira pas de cela comme vous pensez.

Aller, Signifie quelquefois, Faire ses necessitez naturelles : Et c’est dans ce sens qu’on dit, Aller à la garderobbe. aller à la selle. le remede qu’il a pris l’a fait aller cinq ou six fois. On dit, Aller par haut, pour dire, Vomir. Un remede qui fait aller par haut & par bas. Et on dit, qu’Un malade laisse tout aller sous luy, pour dire, qu’Il ne peut plus retenir ses excrements, ses dejections.

Se laisser aller, Façon de parler dont on se sert en plusieurs phrases, pour dire, Ne pas faire la resistance qu’on pourroit, ou qu’on devroit. Se laisser aller au torrent de la coustume. se laisser aller au torrent. se laisser aller à la tentation. se laisser aller aux mauvais exemples. se laisser aller à la douleur, à la tristesse, au desespoir. je me suis laissé aller à ses prieres, à ses sollicitations. se laisser aller à la faveur, aux presents.

En ce sens, on dit absolument qu’Un homme se laisse aller, pour dire, Que c’est un homme facile, & qu’on fait tout ce qu’on veut de luy. Et on


dit aussi qu’Une fille s’est laissée aller, pour dire, qu’Elle a consenti à tout ce qu’on a voulu d’elle.

Aller, Joint avec le pronom personnel, & la particule en, est n. p. & alors il signifie, Partir, sortir d’un lieu. Il s’en va. ils s’en iront bien-tost. il faut que tout le monde s’en aille.

Il signifie aussi, S’escouler, se dissiper, s’évaporer. Et dans ce sens on dit, qu’Un muid de vin s’en va, pour dire, Que le vin qui est dans le muid s’escoule, s’enfuit. Tout le vin s’en ira par-là, si on n’y prend garde. la fumée s’en va par la cheminée. si l’on ne bouche bien cette fiole, tout l’esprit de vin s’en ira.

Dans les acceptions de ces deux derniers articles, on se sert aussi, de Faire en aller ; & ainsi on dit, Faire en aller tout le monde. un secret pour faire en aller les punaises. de la pommade pour faire en aller les rousseurs. un secret pour faire en aller la fievre. une pierre pour faire en aller les taches.

S’en aller, Se dit aussi, en parlant Du declin de la vie, des approches de la mort. Les jeunes gens viennent, & les vieillards s’en vont. cet homme est bien mal, il s’en va, il s’en ira avec les feüilles. Il se dit pareillement, De tout ce qui cesse d’estre dans un sujet, ou qui commence à se passer, à s’effacer. On ne croit pas que sa fievre s’en aille si-tost. son mal s’en va peu à peu. son rhumatisme s’en est allé par les sueurs. sa beauté s’en va. l’éclat de son teint commence à s’en aller.

Il se dit encore De tout ce qui se dissipe, se consume, s’use en quelque maniere que ce soit. Tout son argent s’en va en procez. tout son temps s’en est allé à cette affaire. voilà un habit qui s’en va.

On dit d’Une chose qui est sur le point d’estre achevée, qu’Elle s’en va faite. le Sermon s’en va dit. le Caresme s’en va fini. On dit aussi, qu’Une chose s’en va commencer, ou qu’Elle s’en va finir, pour dire, qu’Elle commencera bien-tost, qu’Elle finira bien-tost. Le Sermon s’en va commencer, s’en va finir.

Dans les jeux de cartes, on dit, S’en aller d’une carte, pour dire, Se défaire d’une carte. Allez-vous-en de vostre carreau. je m’en suis allé de mon Roy de picque. s’en aller des plus hautes cartes pour aider au contre.

Aller, S’employe en diverses phrases, proverb. & figur. Ainsi on dit, Aller son chemin, pour dire, Poursuivre son entreprise, ne se pas détourner de la conduite qu’on a commencé à tenir. Aller son grand chemin, pour dire, Agir sans artifice. Aller viste en besogne, pour dire, Agir avec précipitation. Aller & venir comme pois en pot, pour dire, Ne faire qu’aller & venir. Se donner beaucoup de mouvement sans sujet. A force de mal aller tout ira bien, pour dire, qu’Il faut esperer qu’aprés beaucoup de malheurs & de disgraces, il arrivera quelque revolution heureuse, & que ce qu’on croyoit devoir nuire à une affaire, y servira peut-estre. On l’a bien hasté d’aller, pour dire, On luy a fait une rude reprimande. Et On le hastera bien d’aller, pour dire, qu’On le rangera bien à son devoir. On va bien loin depuis qu’on est las, pour dire, qu’Il ne faut pas se décourager dans les affaires. Tous chemins vont à Rome, pour dire, Que par differents moyens on arrive à mesme fin. Les pre- miers vont devant, pour dire, que Les plus diligents ont tousjours de l’avantage. Il va comme on le meine, pour dire, Il n’est pas capable de prendre une resolution de luy-mesme. Cela va tout seul, pour dire, qu’Une affaire ne reçoit point de difficulté. Cela va comme il plaist à Dieu, pour faire entendre, qu’Une affaire est negligée, que l’on n’en prend aucun soin. Cela s’en va sans dire, pour marquer une chose que l’on suppose certaine, & qui n’a pas besoin d’estre exprimée. Il s’en est allé comme il est venu, pour dire, Il n’a rien fait de ce qu’il vouloit ou devoit faire. Tout s’en est allé en fumée, pour dire, qu’On n’a pas réüssi. Tout y va la paille & le bled, pour dire, qu’On n’y a rien espargné. Il n’y va pas de main morte, pour dire, Il frappe rudement. Il y employe tout ce qui dépend de luy.

Aller, est quelquefois subst. m. Ainsi on dit, Au long aller petit fardeau pése, pour marquer qu’Il n’y a point de charge si legere qui ne devienne fascheuse à la longue : Et qu’Un homme a eu l’aller pour le venir, pour dire, qu’Il n’a rien fait de ce qu’il prétendoit faire où il estoit allé, qu’il a fait un voyage inutile.

On dit aussi au subst. Le pis aller, pour dire, Le pis qu’il puisse arriver. Le moindre advantage qu’on puisse avoir ; mais il ne s’employe guere qu’avec les pronoms personnels. S’il ne peut espouser cette fille-là, son pis aller sera de demeurer comme il est. Si vous ne trouvez mieux, je seray vostre pis aller.

On dit adverbialement, Au pis aller, pour marquer Le plus grand mal ou le moindre advantage qui puisse arriver de quelque chose. Quand son pere le desheritera, au pis aller il aura encore le bien de sa mere. au pis aller, il en sera quitte pour une amende.

ALLEU. s. m. Il n’a d’usage qu’avec le mot Franc, Franc-alleu ; & il se dit de Tout fonds de terre, soit noble ou roturier, qui est exempt de tous droits Seigneuriaux. Toutes ces terres sont des francs-alleus. tenir en franc-alleu.

ALLEURE. s. f. (On prononce allûre) Desmarche, façon de marcher. Contrefaire son alleure, je le connus à son alleure. cette haquenée a une alleure fort douce.

En ce sens, il n’a d’usage au pluriel qu’en parlant Des chevaux. Ce cheval, cette haquenée a les alleures belles, de belles alleures. Mais fig. il se dit, De la maniere dont un homme se conduit dans une affaire. J’ay reconnu ses alleures.

Alleure, Signifie aussi, Sorte de voiture. L’alleure d’une berline est plus douce que celle du carrosse

ALLIAGE. s. m. Meslange de deux metaux ensemble. Les monnoyeurs doivent faire l’alliage selon l’Ordonnance. le cuivre sert d’alliage à l’or. il y a plus d’alliage dans les pistolles que dans les escus d’or.

ALLIANCE. s. f. Union par mariage. Il a fait une grande alliance en mariant sa fille à un Duc & Pair. ces Maisons sont jointes par plusieurs alliances.

Il se dit aussi de l’Union, de la confederation qui se fait entre des Estats pour leurs interests communs. Les Suisses ont une ancienne alliance avec la France.

ALLIER. v. a. Mesler, incorporer ensemble. Allier l’or avec l’argent.


En ce sens il est aussi n. p. Ces deux metaux ne s’allient point, ne peuvent s’allier ensemble.

Allier, à l’actif, fig. aussi, Joindre par mariage ; Et alors il s’employe ordinairement avec le pronom personnel. Il s’est allié en bon lieu. il veut se bien allier. s’allier à une bonne famille, avec une bonne famille. ces deux familles se sont alliées.

Il se dit aussi Des Princes & des Estats qui se liguent ensemble pour leurs communs interests. Ces deux Republiques s’allierent ensemble. ces deux Roys se sont alliez. c’est l’interest de leurs Estats qui les allie.

Allié, ée. part. Il a les significations de son verbe.

Il est aussi subst. Et alors il sign. Celuy qui est joint à un autre par affinité. Cet homme-là est mon allié. nos parents & nos alliez. nous ne sommes pas parents, nous ne sommes qu’alliez.

Il signifie aussi, Celuy qui est confederé. Le Roy a tousjours eu soin de secourir & d’assister ses alliez. ce Prince-là est allié de la Couronne. cette Republique est nostre alliée.

ALLIER. s. m. (Ce mot n’est que de deux syllabes.) Sorte de filet à prendre des perdrix. Il a pris tant de perdrix avec des alliers. Il est plus usité au pluriel qu’au singulier.

ALLODIAL, ALE. adj. Qui est en franc-alleu. Terres allodiales.

ALLONGE. s. f. Piece qu’on met à un habit, à un meuble pour l’allonger. Mettre une allonge à une juppe. il faut mettre une allonge à ces rideaux.

ALLONGEMENT. s. m. v. Augmentation de longueur, Ce qui est adjousté à la longueur de quelque chose. L’allongement d’un canal, d’un jardin, d’une allée, d’une avenuë.

Il se dit fig. Des lenteurs affectées & recherchées dans les affaires. C’est un homme qui cherche, qui trouve tousjours des allongements dans les affaires. ce ne sont qu’allongements.

ALLONGER. v. a. Faire qu’une chose soit plus longue, plus estenduë. Allonger une table. allonger une galerie. allonger un habit, une juppe. allonger des estriers. allonger le cou. allonger le bras. allonger les jambes.

Il signifie aussi, Faire durer davantage. Allonger le temps. allonger un procés. allonger une affaire. allonger le travail. allonger une procedure.

On dit, Allonger un coup d’espée. allonger une estocade, pour dire, Porter un coup d’espée, une estocade, en allongeant le bras.

On dit aussi fig. Allonger une estocade, allonger l’estocade, pour dire, Demander de l’argent à emprunter, sans estre en pouvoir ou en dessein de le rendre.

On dit fig. Allonger le parchemin, pour dire, Faire de longues escritures dans le dessein d’en tirer plus de profit. Tirer un procez en longueur par des formalitez & des chicanes.

On dit aussi fig. Allonger la courroye, pour dire, Porter les profits d’une Charge, d’un Employ plus loin qu’ils ne devroient aller communément. Cet employ ne luy vaudroit pas tant, s’il n’allongeoit un peu la courroye.

On s’en sert aussi pour dire, User d’une grande oeconomie dans la dépense. Il a une grande famille & peu de revenu, il faut qu’il allonge bien la courroye pour aller jusqu’au bout de l’année.

Allongé, ée. part.

ALLOUER. v. a. Approuver, Passer une dépense employée dans un compte. On luy a alloüé un article de deux mille francs pour les faux frais. il avoit bien peur qu’on ne luy alloüast pas cette dépense.

Alloué, ée. part.

ALLUMER. v. a. Mettre le feu à quelque chose de combustible. Allumer un fagot. allumer une javelle. allumer les bougies. allumer de la chandelle. allumer un flambeau. allumer les cierges. allumer la lampe. On dit, Allumer le feu, allumer du feu, pour dire, Allumer le bois qui est dans le foyer.

On dit fig. Allumer la guerre, pour dire, Estre cause de la guerre. Allumer une passion, pour dire, Exciter une passion. Allumer la colere, pour dire, Exciter la colere. On dit aussi, qu’Une violente passion allume les humeurs, pour dire, qu’Elle les fait fermenter, & les met dans une disposition prochaine à la fievre. Et qu’Une trop grande meditation, une trop grande application, une trop grande contention allume les esprits, pour dire, qu’Elle les subtilise trop, & les met dans un trop grand mouvement.

Allumer, est aussi n. p. dans le propre & dans le fig. Du bois qui a bien de la peine à s’allumer. la guerre s’alluma de toutes parts. il y a à craindre que les humeurs ne s’allument.

Allumée, ée. part.

ALLUMETTE. s. f. Petit brin de bois souffré par les deux bouts, & servant d’ordinaire à allumer des chandelles, des bougies. Des allumettes pour les fusils.

ALLUSION. s. f. Figure de Rhetorique, par laquelle on fait sentir la convenance, le rapport que des choses, ou des personnes ont l’une avec l’autre. Allusion ingenieuse. allusion forcée, allusion froide. allusion naturelle. En parlant ainsi, il faisoit allusion aux moeurs de son temps.

ALLUVION. s. f. Accroissement de terrain qui se fait à un des bords d’une riviere, lorsque la riviere s’en retire, & qu’elle prend son cours d’un autre costé. Droit d’alluvion. Cette terre s’est accreuë par alluvion.

ALM

ALMANACH. s. m. Calendrier qui contient tous les Jours de l’année, les Festes, les Lunaisons, les Eclipses, les Signes dans lesquels le Soleil entre, & des pronostics du beau & du mauvais temps. Almanach nouveau. almanach pour l’année, &c. voyez dans l’almanach. faire des almanachs. composer des almanachs.

On appelle Almanach du Palais, Un Calendrier où sont marquées les Festes du Palais, c’est-à-dire, les jours où le Palais vaque. Almanach perpetuel, Un Almanach qui contient des regles generales, pour dresser des Almanachs. Et Almanach spirituel, Un Almanach où toutes les Festes & les devotions particulieres de chaque Eglise sont marquées.

On dit fig. & en raillant, Faire des Almanachs, composer des Almanachs, pour dire, S’amuser à faire des pronostics en l’air, Se remplir l’idée de choses qui peuvent n’arriver jamais : Et on appelle, Faiseur d’Almanach, Un homme qui se mesle de faire de pareils pronostics.

On dit prov. d’Un homme qui avoit prédit


ce qui devoit arriver dans une affaire, qu’Une autre fois on prendra de ses Almanachs.

On dit aussi fig. d’Une personne qui à tous les changements de temps se ressent de quelque infirmité, que Son corps est un Almanach.

ALO

ALOÉS. s. m. Arbre qui croist dans les Indes, presque semblable à un Olivier, & dont le bois est odoriferant & fort pesant. Du bois d’Aloés.

Aloés, est aussi Une plante qui vient en Arabie, en Asie, &c. dont on tire un suc fort amer, & dont on se sert dans la Medecine. Pilules d’aloés. extraits d’aloés. amer comme de l’aloés.

ALORS. adv. de temps. En ce temps-là. Alors on vit paroistre. alors je luy dis. où estiez-vous alors ?

On dit prov. Alors comme alors, pour dire, Quand on sera en ce temps-là, en cette conjoncture d’affaires-là, on advisera à ce qu’il faudra faire. Vous me dites qu’en ce temps-là les affaires seront bien changées : hé bien ! alors comme alors. On dit, C’estoient les manieres d’alors, la mode d’alors, pour dire, On en usoit alors de la sorte, c’estoit alors la mode.

ALOSE. s. f. Sorte de poisson de mer qui remonte ordinairement au Printemps dans les rivieres. La pesche des aloses. une alose bien fraische, bien grasse.

ALOUETTE. s. f. Petit oiseau dont le chant est agreable, & qui est du genre de ceux qui vivent de grain, & font leur nid à terre dans les campagnes Le chant de l’aloüette. tendre aux aloüettes. prendre des aloüettes au miroir. une douzaine d’aloüettes. manger des aloüettes. On appelle Aloüette huppée, Une sorte d’aloüette, qu’on appelle autrement Cochevis.

On appelle communément Des terres sablonneuses, Des terres à aloüettes.

On dit prov. Si le Ciel tomboit, il y auroit bien des aloüettes prises ; Et cela se dit pour se mocquer d’une supposition absurde, en y respondant par une autre encore plus absurde. Et on dit prov. d’Un paresseux qui voudroit avoir les choses sans peine, qu’Il attend que les aloüettes luy tombent toutes rosties dans le bec.

ALOURDIR. v. a. Rendre lourd, Appesantir. Il n’a guere d’usage qu’au participe, ou aux temps formez du participe. Cela m’a tout alourdi. je suis tout alourdi. j’ay la teste tout alourdie. Il n’a guere d’usage que dans la conversation familiere.

Alourdi, ie. participe.

ALOUVI. participe du verbe Alouvir, qui n’a point d’usage. Affamé comme un loup. Il ne se dit que d’un enfant qu’on ne peut rassasier. C’est un enfant alouvi. il est alouvi. Il est bas.

ALOY. s. m. La valeur intrinseque de l’or ou de l’argent ; Le titre que l’or & l’argent doivent avoir. Ainsi on dit, que De l’or, que de l’argent est de bon aloy, pour dire, qu’Il est au titre de l’Ordonnance : Et qu’Il est de bas aloy, pour dire, qu’Il n’est pas du titre dont il devroit estre.

On dit fig. qu’Un homme est de bas aloy, pour dire, qu’Il est de basse naissance, de basse condition, d’une profession vile : Et on appelle Marchandises de mauvais aloy, Des marchandises qui ne sont pas de la qualité requise par les Reglemens, par les Ordonnances.

ALOYAU. s. m. Piece de boeuf coupée le long du dos. Aloyau de la premiere piece, de la seconde piece. gros aloyau. aloyau rosti. aloyau en ragoust.

ALP

ALPHABET s. m. Recuëil de toutes les lettres d’une Langue, rangées selon l’ordre establi dans cette Langue. Alphabet Hebreu. alphabet Arabe. alphabet Grec. alphabet Latin. l’alphabet François.

On dit, d’Un homme qui n’a que les premiers commencements d’une science, qu’Il n’est encore qu’à l’alphabet ; Et d’un homme qui n’a pas les premiers principes d’une chose dont il parle, qu’Il faut le renvoyer à l’alphabet. Et lors qu’aprés avoir bien travaillé à une affaire dont on esperoit de voir bien-tost la fin, il faut recommencer tout de nouveau, on dit, qu’On a esté remis à l’alphabet.

Alphabet, Se dit aussi, d’Un petit Livre imprimé, qui contient les lettres de l’alphabet, & les premieres leçons qu’on donne aux enfans, à qui on apprend à lire. Acheter un alphabet pour un enfant.

ALPHABETIQUE. adj. De tout genre, qui est selon l’ordre de l’alphabet. Une table alphabetique. un index alphabetique.

ALT

ALTE. Voy. HALTE.

ALTERABLE. adj. de tout genre, Qui peut estre alteré. Parmi les metaux il y en a qui sont plus ou moins alterables.

ALTERANT, ANTE. adj. v. Qui altere, Qui cause de la soif. Un ragoust trop alterant.

ALTERATION. s. f. v. Changement dans l’estat d’une chose. En ce sens il n’a guere d’usage que dans le dogmatique. Les élemens purs ne sont pas susceptibles d’alteration. l’alteration des qualitez dans les corps Physiques.

Alteration, Dans l’usage ordinaire, se prend pour Changement de bien en mal dans l’estat d’une chose. Tous les excés causent de l’alteration dans la santé. cela luy a causé une grande alteration dans les humeurs, dans le sang, dans toute l’habitude du corps.

On dit figur. dans le mesme sens, Causer de l’alteration dans l’amitié, pour dire, Causer du refroidissement dans l’amitié ; Et Causer de l’alteration dans les esprits.

Alteration, Signifie aussi, Emotion d’esprit. Son discours causa une grande alteration dans les esprits. il dit cela avec quelque alteration.

Alteration, Signifie aussi, Grande soif. Cela lui a causé une grande alteration. il a une alteration continuelle. l’alteration est une suite ordinaire de la fiévre.

Alteration, En parlant des Monnoyes, sign. La falsification des monnoyes, par le moyen d’un mauvais alliage. L’alteration de la monnoye est un crime capital.

ALTERCATION. s. f. Debat, contention, contestation entre deux ou plusieurs personnes. Il s’esmut une grande altercation entre eux.

ALTERCATS. s. m. pl. Il signifie la mesme chose qu’Altercation, & est vieux.



ALTERER. v. a. Changer l’estat d’une chose. En ce sens il n’a guere d’usage que dans le Dogmatique. Rien ne peut alterer les purs élements, les premiers principes. tout ce qui altere les qualitez des corps Physiques.

Alterer, dans l’usage ordinaire, signifie, Changer l’estat d’une chose de bien en mal. Le soleil altere les couleurs. le grand chaud altere les liqueurs. la fiévre altere les humeurs, altere le sang. cela luy a alteré le temperament.

On dit fig. Alterer l’amitié, pour dire, Causer du refroidissement dans l’amitié. Alterer les esprits, pour dire, Exciter de l’émotion dans les esprits. Alterer un discours, pour dire, Le rapporter autrement qu’il n’a esté prononcé ou escrit ; Et Alterer le sens des Ecritures, pour dire, Les détourner dans un sens different de celuy qui est receu pour le veritable.

On dit aussi, Alterer les monnoyes, pour dire, Les falsifier par un faux alliage.

Alterer, signifie aussi, Causer de la soif. Cette sausse m’a fort alteré. les medecines alterent ordinairement.

Alterer, est aussi n. p. & alors il ne se dit qu’en parlant des choses, soit Physiques, soit Morales, qui sont susceptibles de changement. Le vin s’altere à l’air. les bonnes coustumes s’alterent peu à peu.

Alteré, ée. part. Il a les significations de son verbe.

On dit fig. d’Un homme cruel qui se plaist à respandre le sang, qu’Il est alteré de sang humain. que c’est un tigre alteré de sang.

ALTERNATIF, IVE. adj. Il se dit proprement de deux choses qui agissent continuellement l’une aprés l’autre. La systole & la diastole du coeur sont deux mouvements alternatifs. deux pieces d’une machine qui ont un mouvement alternatif.

En termes de Logique, on appelle, Proposition alternative, Une proposition qui contient deux parties opposées, dont il faut necessairement en admettre une.

Alternatif, Se dit aussi de certains offices qui sont exercez successivement par deux personnes qui entrent en exercice tour à tour. Un office alternatif, une charge alternative. il a acheté tous les deux offices, l’ancien & l’alternatif.

ALTERNATIVE. s. f. L’option entre deux propositions, entre deux choses. On luy a proposé ou de rendre la terre, ou de la payer, il est embarrassé sur l’alternative. Je vous offre l’alternative. on luy a donné l’alternative.

ALTERNATIVEMENT. adv. Tour à tour, & l’un aprés l’autre. Commander alternativement.

ALTESSE. s. f. Titre d’honneur qui se donne à differents Princes en parlant & en escrivant. Altesse Royale. Altesse Serenissime. Altesse Electorale. traiter d’Altesse. donner de l’altesse.

ALTIER, ERE. adj. Superbe, Qui a de la fierté, qui marque de la fierté. Mine Altiere, façon altiere. esprit altier. humeur altiere. courage altier.

ALV

ALVEOLE. s. m. On appelle ainsi chaque petite Cellule où chaque abeille se loge dans un rayon de miel Chaque abeille a son petit alveole.

Il se dit aussi, Des trous où les dents sont placées. L’alveole d’une dent.

ALUINE. s. f. Herbe fort amere, qu’on nomme autrement Absynthe.

ALUM. s. m. Quelques-uns escrivent Alun. Espece de sel mineral astringent, de couleur blanche, & de goust acide. Alum de roche. alum bruslé. alum calciné. poudre d’alum. eau d’alum. laver un livre dans de l’eau d’alum. On appelle Alum de plume, une espece de Talc, qui est par petits filaments, & qui s’appelle autrement, Pierre d’Amyante.

ALUMELLE. s. f. Lame de couteau. Il vieillit.

ALUMINEUX, EUSE. adj. Qui est d’alum, ou qui tient de la nature de l’alum. De l’eau alumineuse.

ALUNER. v. a. Tremper dans de l’eau d’alum. Aluner du papier. aluner des étoffes pour les teindre.

Aluné, ée. participe.

AMA

AMADOUER. v. a. Flater, carresser, pour attirer à soy. Amadoüer les enfans. amadoüer le peuple. il l’amadoüa par de belles paroles.

Amadoué, ée. participe.

AMAIGRIR. v. a. Rendre maigre. Le jeusne amaigrit. l’usage frequent de certains aliments desseche & amaigrit. le travail l’a amaigri.

Il est aussi neutre, & signifie, Devenir maigre. Il amaigrit tous les jours. les boeufs amaigrissent dans ces pasturages au lieu d’engraisser.

Amaigri, ie. participe.

AMANDE. s. f. Fruit de couleur blanche, de saveur douce, ou amere, selon la nature de l’arbre, de matiere compacte, couvert d’une petite pellicule, & enfermé dans une coque dure, entourée d’une escale verte. Amande douce. amande amere. la coque d’une amande. huile d’amande douce. du lait d’amande. paste d’amande. un gasteau d’amandes. biscuit d’amande. ameres.

On appelle Amandes lissées, Une sorte de dragées, faites d’amandes couvertes de sucre : Et Amandes à la prasline, Des amandes cuites dans du sucre bruslant.

Amande, Se dit aussi, Du dedans de tous les fruits à noyau. Casser un noyau pour avoir l’amande. Les amandes d’abricots sont ameres.

AMANDÉ. s. m. Sorte de boisson faite avec du lait & des amandes broyées & passées. Prendre un amandé.

AMANDIER. s. m. Arbre qui porte les amandes. Les amandiers fleurissent de bonne heure. les amandiers sont sujets à geler. greffer des fruits à noyau sur un amandier.

AMANT, ANTE. s. v. Celuy ou celle qui aime avec passion une personne d’une autre sexe. Amant fidelle. amante infortunée. une femme qui a beaucoup d’amants. Les Poëtes appellent l’Aurore, l’amante de Cephale.

Amants, Se dit quelquefois au pluriel, De deux personnes de differents sexes qui s’aiment. Le mariage entre ces deux amants est resolu.

AMARANTHE. s. f. Fleur d’Automne, qui est ordinairement d’un rouge de pourpre velouté, & dont il y en a quelques-unes qui fleu-


rissent en forme de pennache, & d’autres en forme de grappes. L’amaranthe est le symbole de l’immortalité. de la graine d’amaranthe.

Amaranthe, est aussi adjectif de tout genre : Et il se dit des estoffes de couleur d’amaranthe. Un velours amaranthe. un satin amaranthe. un drap amaranthe. de la soye amaranthe.

AMARRE. s. f. Terme de Marine. Cordage servant à attacher un vaisseau, & à attacher aussi diverses choses dans un vaisseau. Les amarres d’un vaisseau. retenir le canon avec des amarres. lier une table avec une amarre. On dit, qu’Un vaisseau a toutes ses amarres dehors, pour dire, qu’Il a jetté toutes ses ancres.

AMARRER. v. a. Terme de Marine. Lier, attacher avec une amarre. amarrer un vaisseau à la chaisne du port. amarrer le canon dans le vaisseau de peur qu’il ne roule.

Amarré, ée. participe.

AMAS. s. m. Assemblage de plusieurs choses, soit d’une mesme nature, soit d’une nature differente. Amas de pierres. amas d’argent. avant que de commencer à bastir, il faut faire amas des materiaux necessaires. faire de grands amas de bled. faire amas de toutes sortes de provisions. il se fait un grand amas d’humeurs dans un corps mal disposé.

Il se dit aussi, De l’assemblage, du concours de plusieurs personnes. Voyant un si grand amas de peuple. faire amas de troupes.

AMASSER. v. a. Faire amas, Faire un amas. Mettre ensemble, Amasser des materiaux. amasser de l’argent. amasser de grands biens. amasser sou sur sou.

Quand Amasser est employé sans regime, on sous-entend tousjours Amasser de l’argent ; Et c’est dans cette acception qu’on dit, qu’Un avare ne se plaist qu’à amasser ; Et qu’Un homme ne fait qu’amasser.

Amasser, Se dit aussi, pour dire, Assembler beaucoup de personnes. Il amassa aussi-tost ce qu’il put trouver d’amis. amasser des troupes de tous costez.

On dit fig. Amasser des preuves pour une affaire, pour dire, Rassembler, recuëillir des preuves.

Amasser, est aussi n. p. Le peuple s’amassa autour de luy. il s’est amassé beaucoup de sable qui endommage le port. les maladies viennent par les mauvaises humeurs qui s’amassent.

Amasser, Signifie aussi, Relever de terre ce qui est tombé. Amasser ses gands. amasser un papier. Dans cette signification on dit plus ordinairement, Ramasser.

Amassé, ée. part.

AMATEUR. s. m. v. Celuy qui a mis son affection à quelque chose. Il ne se dit guere qu’en parlant de l’affection qu’on a pour des choses loüables. Estre amateur de la vertu. estre amateur de la verité. amateur des beaux Arts. amateur de la gloire. estre amateur de la Musique. estre amateur des Lettres. il est grand amateur des tableaux. il est fort amateur de la nouveauté.

AMAZONE. s. f. Femme de courage masle & guerrier. C’est une Amazone. Cette signification vient de ce que les Anciens ont prétendu qu’il y avoit autrefois en Asie un grand pays habité par des femmes toutes guerrieres, appellées Amazones, à cause qu’on prétend qu’elles se faisoient couper une mamelle, pour estre plus propres à tirer de l’arc.

AMB

AMBAGES. s. f. plur. Circuit & embarras de paroles. De longues ambages. il ne parle jamais que par ambages.

AMBASSADE. s. f. La Charge, l’employ, la fonction d’un homme envoyé par un Prince ou par un Estat Souverain, à un autre Prince ou Estat Souverain. Ambassade honorable. envoyer un habile homme en Ambassade. on l’envoya en Ambassade à Rome. il alla en Ambassade à Constantinople. l’Ambassade de Rome. l’Ambassade de Constantinople.

On dit, Envoyer en Ambassade, pour dire, Envoyer quelqu’un en qualité d’Ambassadeur. Et on appelle, Ambassade solennelle, celebre, magnifique, La nombreuse suite, la pompe & la magnificence avec laquelle marche un homme envoyé en Ambassade pour quelque chose de considerable.

Ambassade, Dans le discours familier, se dit De certains messages entre particuliers. Ainsi on dit, Faire une ambassade, s’acquiter d’une ambassade auprés de quelqu’un, se charger d’une ambassade. je ne me charge point d’une pareille ambassade.

AMBASSADEUR. s. m. Celuy qui est envoyé en Ambassade par un Prince ou par un Estat Souverain, à un autre Prince ou Estat Souverain, avec caractere de representation. Ambassadeur Ordinaire. Ambassadeur Extraordinaire. l’Ambassadeur de France à Rome. l’Ambassadeur d’Espagne en France. nommer un Ambassadeur. envoyer un Ambassadeur à un Prince. l’Introducteur des Ambassadeurs.

On le dit aussi figur. & familierement De toutes les personnes que l’on employe à faire quelque message. Vous ne pouviez employer un plus agréable Ambassadeur.

AMBASSADRICE. s. f. La femme d’un Ambassadeur. Il s’est dit aussi autrefois d’une Dame qui avoit esté envoyée en Ambassade avec le titre d’Ambassadrice.

AMBESAS. s. m. Coup au jeu de Tric-trac, lorsqu’avec les deux dez on ameine deux as. Amener ambesas. il a fait un bon ambesas.

AMBIDEXTRE. adj. de t. g. Qui se sert egalement des deux mains. Un homme ambidextre. une femme ambidextre.

AMBIGU, UE, adj, Douteux, Qui peut avoir double sens. Response ambiguë. paroles ambiguës. parler en termes ambigus. des signes ambigus. des preuves ambiguës. les Oracles estoient tousjours ambigus.

Ambigu. s. m. Sorte de repas où l’on sert en mesme temps la viande & le fruit, & qui tient de la collation & du souper. On servit un ambigu magnifique.

AMBIGUEMENT ou Ambigûment. adv. D’une maniere ambiguë, équivoque. Il parle, il respond tousjours ambigûment.

AMBIGUITÉ. s. f. Expression équivoque & susceptible de divers sens. Parlez net & sans ambiguité. il y a tousjours de l’ambiguité dans tout ce qu’il dit.

AMBITIEUX, EUSE. adj. Qui a de l’ambition. Un homme ambitieux. une femme ambitieuse.


On appelle dans le style, dans le discours. Ornements ambitieux. Des ornements trop recherchez, trop affectez.

Ambitieux, est aussi subst. & signifie, Celuy qui a de l’ambition ; & alors il ne se prend jamais qu’en mauvaise part. L’ambitieux sacrifie tout à sa passion. les ambitieux se permettent tout pour parvenir à leurs fins.

AMBITIEUSEMENT. adv. Avec ambition. Rechercher ambitieusement les honneurs.

AMBITION. s. f. Ardent desir d’honneur, de gloire, d’élevation, de distinction. Grande ambition. ambition dereglée. ambition demesurée. ambition sans bornes. ambition insatiable. noble ambition. ambition loüable, honneste. une sainte ambition. avoir de l’ambition. c’est un homme sans ambition. il est plein d’ambition. brusler d’ambition. toute mon ambition est d’avoir l’honneur de vous servir. l’ambition des Saints est de gagner beaucoup d’ames à Dieu.

AMBITIONNER. v. a. Rechercher avec ardeur, avec empressement. Ce que j’ambitionne le plus, c’est l’honneur de vous servir, c’est de vous pouvoir rendre quelque service. Il n’a guere d’usage que dans ces sortes de phrases.

Ambitionné, ée. participe.

AMBLE. s. m. Sorte d’allûre d’un cheval, entre le pas & le trot. Grand amble. amble doux. amble rude. un cheval qui va l’amble. mettre un cheval à l’amble. une haquenée franche d’amble, qui se met d’elle-mesme à l’amble.

AMBLER. v. n. Aller l’amble. Une haquenée qui amble bien.

AMBRE. s. m. Espece de bitume. Il y en a de deux sortes, L’ambre jaune ou pasle, & L’ambre gris. L’ambre jaune est congelé & transparent, & se trouve principalement sur les bords de la mer Baltique. Un colier d’ambre. un chapelet d’ambre. des bracelets d’ambre. de l’huile d’ambre. de l’ambre fort net l’ambre jaune attire la paille.

L’Ambre gris, est spongieux, inflammable, & fort odoriferant, & on le trouve principalement sur les bords de la mer des Indes Orientales. Piece d’ambre, morceau d’ambre gris. sentir l’ambre, le musc & l’ambre. On appelle Gands d’ambre, des gands parfumez avec de l’ambre.

AMBRER. v. a. Parfumer avec de l’ambre gris. Ambrer des gands.

Ambré, ée. part. Du rossoli ambré.

AMBRETTE. s. f. Petite fleur d’une odeur agreable, & qui sent l’ambre. Un bouquet d’ambrette.

On appelle, Poire d’ambrette, Une espece de petite poire qui a quelque odeur d’ambre. Un panier de poires d’ambrette.

AMBROSIE. s. f. C’est, selon la Fable, La nourriture ordinaire des Dieux. Les Anciens disoient que les Dieux se nourrissoient d’ambrosie.

AMBULANT, ANTE. adj. v. du verbe inusité Ambuler, qui signifie, Aller, marcher, se promener. Il ne se dit guere que d’un Commis qui est obligé par son employ, d’aller de costé & d’autre. Un Commis ambulant.

On dit d’Un homme qui est tousjours par voye & par chemin, que C’est un homme fort ambulant, que c’est un homme qui meine une vie fort ambulante.

m’authorise à vous dire. c’est S. Paul luy-mesme qui m’authorise à avancer cette proposition. une femme ne peut contracter, si son mary ne l’authorise. faites ce que vous jugerez le plus à propos, je vous authorise de tout. une femme qui s’est faite authoriser par Justice.

Il est aussi n. p. Et sign. Acquerir de l’authorité. Cet homme-là s’est bien authorisé dans sa charge. les Coustumes s’authorisent par le temps, & acquierent force de Loy.

Authorisé, ée. part. Femme duëment authorisée de son mari.

AUTHORITÉ. subst. f. Puissance legitime, à laquelle on doit estre sousmis. L’authorité des Magistrats. l’authorité des Loix. l’authorité sprituelle. l’authorité temporelle. l’authorité du Roy. l’authorité Royale. l’authorité absoluë. l’authorité souveraine. authorité paternelle. estre en authorité. estre en grande authorité. avoir de l’authorité. se maintenir en authorité. abuser de son authorité. se prevaloir de son authorité. interposer son authorité. choquer l’authorité publique. blesser l’authorité des Juges. user d’authorité. perdre son authorité. conserver, maintenir son authorité. estendre son authorité. sous vostre authorité. par authorité de Justice. homme sans authorité. de pleine puissance & authorité Royale.

On dit en parlant d’Un homme accoustumé à parler, à agir d’une maniere imperieuse, qu’Il veut tout emporter d’authorité ; Et qu’Un homme a fait une chose de son authorité privée, pour dire, qu’Il l’a faite sans avoir droit de la faire, ou sans garder les formes ordinaires.

Authorité, Se prend aussi pour Credit, Consideration. Il a bien de l’authorité dans sa compagnie, dans son corps, dans sa famille.

Il se dit aussi, Du sentiment d’un Autheur, ou d’une personne illustre que l’on rapporte, pour confirmer ce que l’on dit. Trouverez-vous quelque authorité de cela dans les Peres des quatre premiers siecles ? alleguer des authoritez. apporter des authoritez. j’ay cent bonnes authoritez pour prouver ce que j’avance. il dit cela sans authorité.

AUTOMATE. s. m. Machine qui a en soy les principes de son mouvement. Une horloge est un automate. quelques Philosophes pretendent que les animaux ne sont que des automates.

AUTOMNAL, ALE. adj. (L’M. se prononce.) Qui est de l’Automne. Les fievres automnales. la partie automnale du Breviaire.

AUTOMNE. s. m. (Quelques-uns le font feminin.) On prononce Autonne. Celle des quatre Saisons de l’année qui est entre l’Esté & l’Hyver. Un bel Automne. un Automne froid & pluvieux. un Automne venteux. au commencement de l’Automne. à la fin de l’Automne. l’Automne est une saison temperée. l’Automne est la belle saison pour les fruits. des fruits d’Automne.

En parlant du Breviaire, on appelle, La partie d’Automne, Cette partie du Breviaire qui commence à la Nostre-Dame de Septembre, & finit au premier Dimanche de l’Avent.

AUTOUR. Preposition locale. Alentour. Autour de sa personne. autour de luy. autour de la teste. autour du bras. autour de la place. autour de l’Eglise. roder tout autour d’une maison.

On dit prov. & fig. Tourner autour du pot, pour dire, Biaiser, User de detours au lieu d’al-


ler au fait. Pourquoy tant tourner autour du pot, expliquez-vous nettement.

Autour, Signifie quelquefois, Auprés, Et sert à marquer, Attachement, Assiduité. Elle est si charitable qu’elle est continuellement autour des malades. il est tousjours autour d’elle.

Il s’employe aussi adv. & sans regime. Il regardoit tout autour si on le suivoit. Et on dit, Icy autour, pour dire, Icy prés. Il loge quelque part icy autour.

AUTOUR. subst. m. Oiseau de proye, du genre de ceux qu’on nomme Oiseaux de poing. Autour passager, ou de passage. Tiercelet d’Autour. faire voler un Autour. paistre un Autour. dresser un Autour au leurre.

AUTRE. Pronom relatif de tout genre, qui marque Distinction, difference entre deux choses, ou entre une & plusieurs. Des deux livres que vous demandiez, voilà l’un, voilà l’autre. ce que vous ne ferez pas dans un temps, vous le ferez dans un autre, vous le ferez dans l’autre. quelle autre chose souhaitez-vous de moy. des deux freres, l’un a pris le parti de l’Eglise, & l’autre le parti de l’espée. ils estoient aigris l’un contre l’autre. ils paroissent faits l’un pour l’autre. ils sont nez l’un pour l’autre. il ne faut pas prendre l’un pour l’autre, confondre l’un avec l’autre. il y a une grande difference entre l’un & l’autre. il fit un beau discours, & entre autres choses il dit. autre est la ville de Vienne en Austriche, & autre la ville de Vienne en Dauphiné. autre chose est une simple affirmation, & autre chose est une affirmation avec serment. l’un & l’autre. les uns & les autres. l’un & l’autre y a manqué. l’un & l’autre nous ont manqué. il s’y trouva plusieurs personnes de consideration, & entre autres. Nous autres, vous autres, eux autres, Façons de parler familieres.

Autre, Se dit quelquefois pour marquer Une personne indeterminée. J’aime mieux que vous l’appreniez d’un autre que de moy. quelque autre vous le dira mieux que moy. tout autre que luy ne s’en seroit pas si bien tiré. On dit, L’autre jour, pour designer indeterminément, Un des jours precedents.

Autre, Se dit aussi pour Plus excellent, Meilleur. L’homme dont vous parlez est habile ; mais celuy que je vous dis est bien un autre homme. Le vin de Tonnerre est bon ; mais celuy de Reims est bien d’autre vin, est tout un autre vin.

Il signifie quelquefois, De plus grande consequence, De plus grande importance. Il avoit esté mis en prison pour dettes ; mais depuis on l’a accusé de fausse monnoye, c’est bien une autre affaire.

On dit d’Un homme qui a changé en bien, ou en mal, qu’Il est un autre homme, tout un autre homme, qu’il est devenu tout autre. Et il se dit plus ordinairement d’Un changement en bien, que d’Un changement en mal.

Autre, Se dit aussi pour marquer La ressemblance, L’egalité, La conformité qu’il y a entre deux personnes, entre deux choses. C’est un autre Alexandre, un autre Cesar. il le regarde comme un autre luy-mesme. cette Ville est un autre Paris.

Autre, Se met quelquefois absolument en diverses phrases proverbiales où le substantif est sous-entendu. Il n’en fait point d’autres. il en sçait bien d’autres. en voicy d’une autre, &c. pour dire, Il a bien fait d’autres choses, d’autres tours. Voicy une chose encore plus surprenante, &c. On dit à peu prés dans le mesme sens, C’est une autre paire de manches.

On dit dans le discours familier, L’un vaut l’autre, Ils sont aussi bons, & aussi mauvais l’un que l’autre, pour dire, Il n’y a pas de difference de l’un à l’autre. Il y en a d’uns & d’autres, pour dire, Il y en a de bons & de mauvais. Et d’Un homme dont les actions sont contraires à ses discours, qu’Il dit d’une façon, & qu’il fait de l’autre.

On dit aussi, d’Un homme qu’on connoist fort, Je ne connois autre Et A ceux qui nous veulent tromper, ou nous faire accroire quelque chose. A d’autres, comme si on disoit, Adressez-vous à d’autres.

Comme dit l’Autre, Façon de parler populaire & basse, dont on se sert pour citer en general sans nommer personne. Car comme dit l’autre, il faut bien, &c.

AUTREFOIS. adv. Anciennement, Au temps passé. On croyoit autrefois que. on voyoit autrefois. c’estoit autrefois la coustume. vous pretendiez autrefois que.

AUTREMENT. adv. D’une autre façon. Faisons autrement. il faut vivre autrement. je ne le veux pas comme cela, je le veux autrement. il est fait tout autrement que vous ne croyez.

Il signifie quelquefois, Sinon, Sans quoy. Dites-luy qu’il soit plus sage, qu’autrement on le chastira, autrement il s’en trouvera mal. il vous a vendu sa charge à telle condition, autrement il ne l’eust pas fait.

Autrement, précédé de la negative pas, signifie Guere. C’est un homme qui n’est pas autrement riche. il n’est pas autrement disposé à faire cela. est-il malade ? pas autrement, mais il est chagrin.

AUTRE-PART. adv. Ailleurs. C’est un livre que j’ay cherché par tout, mais je ne l’ay pû trouver autre-part que là. vous ne le trouverez point autre-part. On dit aussi, D’autre-part, pour dire, D’ailleurs, De plus. D’autre-part on doit considerer que, &c.

AUTRUY. s. m. collectif, qui n’a point de pluriel. Il signifie, Les autres personnes. Il ne faut pas desirer le bien d’autruy, la femme d’autruy. ne fais à autruy que ce que tu voudrois qui te fust fait à toy-mesme. juger d’autruy par soy-mesme. estre logé chez autruy. parler par la bouche d’autruy.

On dit prov. Le mal d’autruy n’est que songe, pour dire, qu’Il fait peu d’impression sur nous. Et Qui s’attend à l’escuelle d’autruy est souvent mal disné, pour dire, que Nous ne devons compter que sur ce qui depend de nous, & nullement sur ce qui depend des autres.

On dit, En termes de Chancellerie, Sauf en autres choses nostre droit, & l’autruy en toutes. Et dans cette phrase l’autruy veut dire le droit d’autruy.

AUV

AUVENT. s. m. Petit toit en saillie, attaché ordinairement au dessus des boutiques, pour empescher la pluye. Se mettre à couvert de la pluye sous un auvent.

AUX

AUXILIAIRE. adj. de tout genre. Qui aide, Dont on tire du secours. Il n’est guere en

Dict. de l’Ac. Fr. Tome I.
usage qu’en ces phrases, Armée auxiliaire, Troupes auxiliaires, pour dire, Des troupes qu’un Prince ou un Estat envoye au secours d’un autre Prince, d’un autre Estat.

Auxiliaire, En termes de Grammaire, Se dit De certains verbes qui servent à former la conjugaison des autres verbes. Verbe auxiliaire. Avoir, & Estre, sont des verbes auxiliaires dans la Langue Françoise.

AXE

AXE. s. m. Ligne droite, qui passe par le centre d’une Sphere, d’un Globe. L’axe d’une Sphere. Il se dit aussi De la ligne qu’on suppose qui passe par le centre de la terre, ou par le centre du monde. L’axe du monde. l’axe de la terre.

AXI

AXIOME. s. m. Maxime, Proposition generale, receuë & establie dans une Science. Axiome de Philosophie. axiome de Mathematique. Axiome indubitable. c’est un Axiome en Physique.

AY

AY, AYE. Interjection. Exclamation de douleur. Aye vous me blessez. ay, aye.

AYEUL. s. m. Grand-Pere. Ayeul paternel. Ayeul maternel. Au pluriel il se prend pour tous les Ancestres. Suivre les traces de ses ayeuls. nos ayeuls. On ne prononce point ordinairement l’L, dans ce mot au pluriel. En Poësie, on dit souvent Ayeux, & on le fait rimer avec Dieux.

Le mot d’Ayeul, n’a point de composé au delà de ceux de Bisayeul & de Trysayeul ; Et quand on parle des degrez qui sont au dessus, on dit, Quatriéme ayeul, cinquiéme ayeul.

AYEULE. s. f. Grand’Mere. Ayeule paternelle. Ayeule maternelle.

AZE

AZEROLE. s. f. Sorte de petit fruit aigret, de la couleur & de la grosseur d’une cerise, & qui a plusieurs petits noyaux. Un panier d’azeroles.

AZEROLIER. s. m. L’arbre qui porte les azeroles. L’Azerolier est un arbre espineux. On greffe l’azerolier sur l’espine blanche, & sur l’espine noire.

AZU

AZUR. s. m. Sorte de Mineral, dont on fait un bleu fort beau, & de fort grand prix. Une mine où l’on trouve de l’azur. de l’azur d’Outre-mer.

Il se dit aussi De la couleur de ce mineral ; Et en ce sens on dit prov. d’un Appartement fort doré & fort enrichi, que Ce n’est qu’or & azur.

Azur, En termes de Blason, Se dit De l’email bleu des Armoiries. Les Armes de France sont d’azur à trois fleurs de Lis d’or.

AZURÉ, ÉE. adj. Qui est peint de couleur d’azur. Lambris azuré. On dit en Poësie, La voute azurée, pour dire, Le Ciel. Et Les plaines azurées, pour dire, La mer.

AZY

AZYME. adj. de tout genre. Terme de l’Escriture Sainte. Qui est sans levain. Il n’a d’usage qu’en cette phrase. Les pains azimes, qui estoient Des pains sans levain, que les Juifs mangeoient dans le temps de leur Pasque.

Il est aussi substantif au pluriel, dans cette phrase de l’Escriture. La Feste des Azimes.