Dictionnaire de l’Académie française/3e éd., 1740/Tome 1

DICTIONNAIRE
DE
L’ACADÉMIE
FRANÇOISE
TROISIÉME ÉDITION
TOME PREMIER
A PARIS,
·
Chez JEAN -BAPTISTE COIGNARD, Imprimeur du Roy,
& de l’Académie Françoise.
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MDCCXL

AU ROI


SIRE


Quand nous vous présentames la seconde Edition de notre Dictionnaire, l’âge où vous étiez, nous réduisit à parler seulement des grandes espérances que vous donniez déjà, & des heureux augures que la France & l’Europe entière tiraient de vos vertus naissantes. Ces présages (qu'il nous soit permis de le publier avec quelque complaisance,) n'ont pas été vains. L’esprit de discernement, présent le plus desirable que le Ciel puisse faire aux Rois, & qu’on admire tous les jours dans l’usage que vous faites de votre autorité ; votre sensibilité aux besoins de vos peuples ; votre amour pour la justice, vous rendent, SIRE, depuis long-temps, aussi cher aux Etrangers qu'à vos propres Sujets.

L'estime & l'amitié entrainent ordinairement la confiance ; faut-il donc s’étonner que vous ayez celle des Nations ? Ce qui achève de vous l’assurer, c’est la sagesse & la droiture de ceux à qui vous donnez la vôtre, & qui ont entretenu dans votre cœur des sentimens de paix, durant le cours d’une guerre qui n’a pas été moins heureuse qu’elle étoit juste. Les Rois & les Républiques, les Puissances Catholiques, celles même qui ne suivent pas la Religion que VOTRE MAJESTE proffesse avec tant de zèle, vous font souvent le dépositaire de leurs desseins & de leurs secrets. Elles vous ont vu victorieux, sans craindre que vous voulussiez devenir Conqué- rant. Aussi n’ont-elles point été allarmées par la réunion de quelques États à votre Couronne ; votre modération avoit prévenu toutes les inquiétudes.

Vous offrez, SIRE, à l’Europe, un spectacle aussi nouveau qu'agréable pour elle : un jeune Roi & Roi des François, devenu le Pacificateur de la société des Nations. Continuez d'être le Médiateur de tous les differents capables de rallumer ce flambeau funeste qui du temps de nos pères & de nos jours encore, a mis tant de Royaumes en feu. Que d'une extrémité de l’Europe à l’autre, les Peuples dès qu’ils se verront menacez des horreurs de la guerre, tournent les yeux vers Vous, comme vers le Conciliateur des Souverains ; & que dans toutes les Langues, la Terre rende graces au Ciel de la continuation de la Paix procurée par votre auguste entremise. Le nom François sera en bénédiction dans le monde entier, & les Nations, dont chacune nous regardera desormais comme ses amis fidelles, voudront plus que jamais apprendre la Langue d’un Roi qui aura si généralement mérité le surnom de Bienfaisant. Rome ne parvint que par voie d’autorité, à faire parler la sienne aux habitans des pays que ses armes avoient subjuguez. Nous devons espérer que la seule inclination des Peuples rendra la Langue Françoise aussi commune dans toute l’Europe, que l’étoit celle des Romains dans l’étendue de leur Empire. Que de motifs pour engager l’Académie à travailler avec encore plus d’ardeur sous les auspices de son auguste Protecteur, a la perfection de cette Langue. C’est ce que nous avons déja tâché de faire dans la troisième Edition de notre Dictionnaire, que nous ·avons l'honneur de lui présenter.

Nous sommes avec un très-profond respect & une fidélité inviolable,



SIRE,



DE VOTRE MAJESTE,



Les très-humbles, très-obéissans, & très-fidelles sujets

& serviteurs


Les Académiciens de l'Académie Françoise.

PRÉFACE


S’IL y a quelque ouvrage qui demande d’être éxécuté par une Compagnie, c’est le Dictionnaire d’une Langue vivante. Comme il doit donner l’explication des sens différens des mots qui sont en usage, il faut que ceux qui entreprennent d’y travailler, ayent une multitude et une variété de connoissances, qu’il est comme impossible de trouver rassemblées dans une même personne. L’Académie a donc pensé dans tous les temps, que le plus grand service qu’elle fût capable de rendre au Public, c’étoit de composer et de perfectionner un Dictionnaire de la Langue Françoise. Elle s’en est occupée sans discontinuation depuis son Etablissement, et toutes les personnes qui ont été successivement Membres de la Compagnie, ont eu part à cet Ouvrage. Les Poëtes, les Orateurs et les autres Ecrivains célèbres qui ont vécu dans le dix-septième siècle et dans le dix-huitième, temps où les Lettres Françoises ont fleuri davantage et donné les meilleurs fruits, en sont les Auteurs.

Il ne sera point hors de propos de tracer ici un crayon du plan que l’Académie s’est proposé de suivre dans tous les temps où elle a travaillé soit à la composition, soit à la perfection de son Dictionnaire ; quoique ce dessein oblige à redire plusieurs choses qui ont été dites déja dans les Préfaces des deux Editions précédentes : mais il vaut mieux les répéter, que de les laisser ignorer à ceux qui n’ont point lu ces Préfaces.

En premier lieu, l’Académie a toûjours cru qu’elle devoit se restraindre à la Langue commune, telle qu’on la parle dans le monde, et telle que nos Poëtes et nos Orateurs l’emploient. Ainsi nous n’avons pas fait entrer dans le Dictionnaire tous les mots dont on ne se sert plus, et qu’on ne trouve aujourd’hui que dans les Auteurs qui ont écrit avant la fin du seizième siècle. Si l’on y a placé ceux de ces mots qui peuvent être encore de quelque usage, ce n’est qu’en les qualifiant de termes vieux, ou de termes qui vieillissent. On a cru devoir garder ce tempérament dans un Livre destiné non seulement à marquer la signification des mots qui sont usitez présentement, mais aussi à faire entendre plusieurs termes anciens qui se rencontrent dans des livres qu’on lit encore tous les jours, malgré les changemens survenus dans la Langue depuis qu’ils sont écrits.

A l’égard des expressions de la Langue commune qui paroissent affectées à un certain genre de style, on a eu soin de dire auquel elles sont propres ; si c’est au style poëtique, au style soûtenu, ou bien au style familier. Comme les honnêtes gens évitent de se servir des termes que dicte l’emportement ou qui blessent la pudeur, on les a exclus du Dictionnaire. L’Académie a jugé encore à propos de n’y faire entrer que ceux des termes d’art et de science que l’usage a introduits dans la Langue commune, ou ceux qui sont amenez par quelque mot de cette même Langue. Ainsi à la suite de Parabole, qui signifie une Allégorie sous laquelle on cache quelque vérité importante, on trouvera Parabole, terme de Géométrie et qui signifie une certaine ligne courbe.

Avant que de définir un mot, on a donné presque toûjours ses synonymes, ou les mots qui paroissent signifier la même chose. On croit néanmoins devoir avertir que les synonymes répondent rarement avec précision au sens du terme dont ils sont réputez synonymes, et que ces mots ne doivent pas être employez indistinctement.

Après les synonymes vient la définition du mot. Pour achever d’en expliquer la signification, on ajoûte les éxemples les plus propres à bien faire comprendre quel est son vrai sens, et avec quels autres termes il se plaît, pour ainsi dire, à être joint. Des phrases composées exprès pour rendre sensible toute l’énergie d’un mot, et pour marquer de quelle manière il veut être employé, donnent une idée plus nette et plus précise de la juste étendue de sa signification, que des phrases tirées de nos bons Auteurs, qui n’ont pas eu ordinairement une pareille vûe en écrivant. Voilà une des raisons qui ont porté l’Académie à ne point emprunter ses éxemples des livres imprimez.

On n’a point négligé de rapporter les sens métaphoriques que certains mots reçoivent quelquefois en vertu d’un usage établi ; mais on n’a pas fait mention des sens figurez que les Poëtes et les Orateurs donnent à plusieurs termes, et qui ne sont point autorisez par un usage reçû. Ces sortes de Figures appartiennent à ceux qui les hasardent, et non pas à la Langue.

Après chaque verbe, on trouve son participe passif. Quand il ne s’emploie pas en d’autres sens que celui du verbe dont il est le participe, le Dictionnaire se contente de marquer : qu’Il a les significations de son verbe, sans en donner d’exemples. Mais lorsque ce participe a quelque autre usage, comme Dénaturé par rapport à Dénaturer, ou quand son sens est moins étendu que celui du verbe, le Dictionnaire a soin d’en instruire.

Il a paru qu’il n’étoit pas nécessaire de rapporter le réduplicatif de chaque verbe, lorsque ce réduplicatif ne signifie que la réitération de la même action, comme Reparler, qui ne veut dire, que Parler une seconde fois. Mais lorsqu’un verbe qui n’est que réduplicatif dans un sens, a un autre sens dans lequel il ne l’est point, comme Redire qui signifie souvent autre chose que Dire une seconde fois, on lui donne place dans son rang alphabétique.

Si dans le Dictionnaire le même mot se trouve écrit de deux manières différentes malgré l’attention qu’on a eue à prévenir cet inconvénient, l’Académie déclare, que la seule manière qu’elle aprouve, est celle dont le mot est écrit en lettres Capitales, au commencement de son article.

Comme elle auroit été obligée d’entrer dans des détails très-longs, si en faveur des Etrangers, elle avoit voulu donner les règles de la prononciation, elle a jugé qu’il lui convenoit de s’en dispenser. Véritablement, quiconque veut savoir la prononciation d’une Langue étrangère, doit l’apprendre dans le commerce de ceux dont elle est la Langue naturelle. Toute autre voie égare trop souvent. Nous ne laissons pas de marquer quelles sont les diverses prononciations des vingt-trois lettres de l’Alphabet François, et même quelle est la prononciation de certains mots, lorsqu’elle est éloignée de la manière de les écrire. Nous avertissons par éxemple, qu’on prononce Cangrène, quoiqu’on écrive Gangrène, et Pan, quoiqu’on écrive Paon.

Quand l’Académie travailloit à la premiére Edition de son Dictionnaire, laquelle parut en mil six cent quatre-vingt-quatorze, nos Prédécesseurs crurent qu’il seroit instructif d’y ranger les mots par racines, c’est-à-dire, de placer tous les mots dérivez ou composez, à la suite du mot primitif dont ils viennent, soit que ce primitif ait son origine dans la Langue Françoise, soit qu’il la tire du Latin, ou de quelque autre Langue. On crut encore devoir s’attacher à l’orthographe qui pour lors était généralement reçûe, et qui servoit à faire reconnoître l’étymologie des mots.

La seconde Edition du Dictionnaire parut en mil sept cent dix-huit, mais sous une forme si différente de la première, qu’on peut dire qu’alors l’Académie donna plustôt un Dictionnaire nouveau, qu’une nouvelle Edition de l’ancien. On vient de voir par quelle raison les mots y avoient été rangez par racines : mais cet ordre qui dans la spéculation avoit paru le plus convenable, se trouva d’un usage fort incommode. Les mots furent donc rangez dans la nouvelle Edition suivant leur ordre alphabétique, ensorte qu’il n’y en eut plus aucun, qu’on ne put trouver d’abord et sans peine : mais l’on y suivit à peu près l’orthographe de la première Edition.

Les changements faits dans la troisième que nous donnons aujourd’hui, sont d’une autre nature, mais ils ne sont guère moins importans. Nous y avons perfectionné les définitions des mots, et nous avons tâché de marquer encore plus précisément l’étendue de leur signification, en ajoûtant de nouveaux éxemples. Quant à l’ordre alphabétique, il y a été observé comme dans la précédente ; et si quelques mots ont changé de place, c’est que la manière de les écrire ayant été changée, il étoit devenu nécessaire de les tirer du rang où ils étoient, pour les mettre dans un autre. La profession que l’Académie a toûjours faite de se conformer à l’usage universellement reçû, soit dans la manière d’écrire les mots, soit en les qualifiant, l’a forcée d’admettre des changemens que le Public avoit faits.

On entreprendroit en vain de l’assujétir à une orthographe systématique, et dont les règles fondées sur des principes invariables, demeurassent toûjours les mêmes. L’usage qui en matière de Langue, est plus fort que la raison, auroit bientôt transgressé ces loix.

Il est comme impossible que dans une Langue vivante, la prononciation des mots reste toûjours la même : cependant le changement qui survient dans la prononciation d’un terme, en opère un autre dans la manière de l’écrire. Par éxemple, quelque tems après avoir cessé de prononcer le B dans Obmettre, et le D dans Adjoûter ; on les a supprimez en écrivant. En effet l’on ne pourroit apprendre qu’avec peine, à lire les livres écrits dans sa Langue naturelle, si l’usage ne changeoit pas quelque chose dans l’orthographe des mots dont il a changé la prononciation. Toute variable qu’elle est, elle ne laisse donc pas de donner en quelques rencontres, la loi à l’orthographe. Il est vrai seulement que cela n’arrive que par degrez. Voici quelle est, suivant les apparences, la cause de la lenteur du progrès dont nous parlons.

Dès qu’une nouvelle manière de prononcer un mot s’est généralement établie, on est obligé de se conformer en le prononçant, à l’usage reçû dans le monde. On auroit l’air antique ; on s’exposeroit à de fréquens reproches, si l’on s’obstinoit à conserver la prononciation qui a vieilli. Il n’en est pas de même des changemens que l’usage introduit dans l’orthographe. On peut garder l’ancienne sans de grands inconveniens, & les hommes faits ont de la répugnance à changer quelque chose dans celle qu’ils se sont formée dès leur première jeunesse, soit sur les leçons d’un maître plus âgé qu’eux, soit par la lecture des livres imprimez depuis plusieurs années. D’ailleurs, il leur en coûteroit une attention pénible pour être toûjours conformes aux règles d’une orthographe, qu’ils n’auroient adoptée que dans un âge avancé. Ils prennent donc le parti de conserver celle à laquelle ils sont accoûtumez ; & ils la gardent, quoique la génération qui vient après eux, en suive déja une différente. Ce n’est qu’après qu’ils ne sont plus, que les changemens dont nous parlons, & qu’ils avoient refusé d’adopter, se trouvent généralement reçûs.

D’autres motifs introduisent aussi divers changemens dans l’orthographe. Si l’ignorance & la paresse mettent en vogue quelquefois certaines manières d’écrire, quelquefois c’est la raison qui les établit. On les adopte, soit pour adoucir la prononciation de quelque mot, soit afin de n’être pas réduit à se servir d’un même caractère pour exprimer des sons différens, ou de caractères différens, pour exprimer le même son.

L’Académie s’est donc vûe contrainte à faire dans cette nouvelle Edition, à son orthographe, plusieurs changemens qu’elle n’avoit point jugé à propos d’adopter, lorsqu’elle donna l’Edition précédente. Il n’y a guère moins d’inconvéniens dans la pratique, à retenir obstinément l’ancienne orthographe, qu’à l’abandonner légèrement pour suivre de nouvelles manières d’écrire, qui ne font que commencer à s’introduire. Si l’Académie avoit persévéré dans sa première résolution, les Etrangers & même les François, auroient-ils pu se servir commodément d’un Dictionnaire où plusieurs mots auroient été écrits autrement qu’ils ne le sont communément aujourd’hui, & par conséquent placez ailleurs que dans les endroits où l’on iroit naturellement les chercher. L’on ne doit point en matière de Langue, prévenir le Public, mais il convient de le suivre, en se soûmettant, non pas à l’usage qui commence, mais à l’usage généralement reçû.

Nous avons donc supprimé dans plusieurs mots les lettres doubles qui ne se prononcent pas. Nous en avons ôté le B, le D, l’H, & l’S inutiles. Dans les mots où l’S marquoit l’allongement de la syllabe, nous l’avons remplacée par un accent circonflêxe. Nous avons encore mis un I simple à la place de l’Y, partout où il ne tient pas la place d’un double I, ou ne sert pas à conserver la trace de l’étymologie. Si l’on ne trouve pas une entière uniformité dans ces retranchemens ; si nous avons laissé dans quelques mots la lettre superflue que nous avons ôtée dans d’autres, par éxemple, si nous avons conservé dans Méchanique, l’H inutile que nous avons ôtée de Monacal ; c’est que l’usage le plus commun, en ôtant l’H de Monacal, l’a laissée dans Méchanique.

On a ajoûté dans cette Edition aux verbes irréguliers, les temps de leurs conjugaisons qui sont en usage, afin d’épargner à ceux qui se serviront du Dictionnaire, la peine d’aller les chercher dans des Grammaires.

Le Public ne manquera pas de remarquer qu’il se trouve dans la nouvelle Edition, un bien plus grand nombre de termes d’art & de science, que dans les deux précédentes. Nous ne nous sommes pas écartez néanmoins de la règle que nos Prédécesseurs s’étoient prescrite, de n’admettre que ceux de ces termes qui sont d’un usage si général, qu’ils peuvent être regardez comme faisant partie de la Langue commune, ou qui sont amenez par un mot de cette Langue. Mais depuis environ soixante ans qu’il est ordinaire d’écrire en François sur les arts & sur les sciences, plusieurs termes qui leur sont propres, & qui n’étoient connus autrefois que d’un petit nombre de personnes, ont passé dans la Langue commune. Auroit-il été raisonnable de refuser place dans notre Dictionnaire, à des mots qui sont aujourd’hui dans la bouche de tout le monde ?


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EXPLlCATION DES ABBREVIATIONS
dont on se sert dans ce Dictionnaire.

s. m. substantif masculin.

s. f. substantif feminin.

s. v. substantif verbal.

adj. adjectif, ou, adjectivement.

adj. de t. g. adjectif de tout genre.

adj. v. adjectif verbal.

v. act. verbe actif.

v. pass. verbe passif.

v. n. verbe neutre.

v. n. p. verbe neutre passif.

part. pass. participe passif.

adv. adverbe, ou, adverbialement.

prov. proverbialement.

fig. figurément.

fam. familièrement.

pop. populairement.

bass. bassement.

PRIVILEGE DU ROY.


Louis par la grace de Dieu Roi de France et de Navarre, à nos amez & féaux Conseillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres de Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Conseil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans civils & autres nos Justiciers qu'il appartiendra, SALUT.


Lou1s X 1V. norNJï,~d~tfeur & très-le_ Chef & le Pro~frèur ·~us ayantfait , la.p~feai~h de la l.àngue· FrançOife; e~ro!té .q.ue Diéhonnaue, pour en donner une nouvelle:i&iju~n ",Ma~ ql’elle a f~r . fur la· Langue & travaillé à plufieurs Ouvra~ de lP~P!CI natur~ qu’elle . s’i~ nous pfaifoir ~~lui accorderzdes Lettr~ Clé Privnl.cèf. ~~tant pour ~il nrue que pour llltlpreffion Ms autres Ou"rages qtf.ëlle a• entrep~u; faire imptÂtner & rttrtlprimet en b0111 papier /Jt beaUX Clta&ères fntVantJ~ tachée pour modelle fous le conrrefce1 iies Préfences. ~ CES CAUS~S, traiter ladite Académie , tll.nt en conlidération du mérite & de .la·cal~;tc~té’ctc:compofenr, qu’à cau fe de l’avantagé que le Public peur . cr.: d~s nous, avons permis & permettons par cc;s Préfentes & debiter en rous les hem: de notre obétlfance, par rclll1liPrîimc:ur ·~~l’ëlrë de fois que hon lui tèmhlera , Con Diilionnaiœ revû. .~··auftn:l~té’:, qu’elle aura faits, & qu’elle voudra faite paroîrre en jointemenr ou Cép.arémenr , fur papier & caraél:ères ~tuun111~:1 thée _pour modéle fous norredit cont~fccl; & ce. fécut1.ves •. à compter dujôUr deJâ’d~~:.de;s Prc:re~ltesi pr.ime~rs , Libr,air~ •:~ 11 _rou~fl>rte dc;perfo. d’tmpnmer ou de fatre nmpnmer en tout ru en parne introduire, vendre ou debiter aucun d’impreffion étrangére dans notre ltoyaume, rement par écrit de ladite Académie, ou 4,e ceux qui .auront Con droit , i peine c~J1Çre c:l}a~ tles contrevenans de trois mille livres d’amende, applicable un i:i~d nous , un fÏers IÏ!1i&~Q.l-Dic:u de Paris, & l’autre tiers à tidûe Académie, ou aux libraires:cdont elle fe (era fe.rvi~i)&’·à peine auffi de conlifcarion des exemplaires, & dcï tO!JS dépens, dom!_I’Rtg~ & intécêts .1 ,lil’f09~rion,ô,~arlnlo~ns que dans trois mois ,~à. compcefde èe joùt’ ~ ces P~éfermi~l(eroht enrégi’G:r~j:S"#·qut àr4lQrig f1.de Ré- gi!he de la Communâucé des Imprimeurs & Librairi!S de Paris : ~el’illlp~4.’lffion de t:ba.c~defdits Ouvrages de l’ Académite!reca. faite dans hOtrl! RoyaOiRC & hQrl llliilieU’l:sr;•& qu’elle {e. conrolrrpera. ou ceux qui auront droit d’elle, en tout aux réglemens de la Librairie • &: noram~:ne&Jt, ;l . cl.ui d11 dixième Avril mil fept cent vingt· cinq ; & qu’avant que.de les expofelt’.en,vo~t-c.; .il fuis deux exemplaires de chacun dans notre Bibliorhé’que pù.blique .~··.undaœ~J~~d’e DQ(.ii’~L . ." u.·du Louvre, & un dans celte de hotre très-cher & féal Cheva!:ieJ". Gàtde~~ Steatlx·d![;JI’It~ le Sieur Chauvelin ; le tout à peine de nullité des Préfenç~,: Dtl cl)nteniii’è:lèTqtiêllés vous 1’nmntlons & enjoignons de faire jouir pleinement & paifibletllldf!ladite Académie,. ou ceUJr qui’ atironlt droit d’elle; fans fouffrir qu’il leur foit fait aucun trouble ou empacbe:ment :Voulons que la copie de[dires Préfenres qui fera imprimée tour au long , . au commencement ou à la fin de chacun’ def- dits Ouvrages • foit renue pour duement lignifiée ; & qu’aux copies col’ltionnéçs par l’uiJ de nos arnez & féaux Confeillers & Secretaires, foi foit ajoûtée.comme :ll’Original: Ü>lmmandons,au premier notre Hniffier ou Sergent de faire pour l’exécution d’icelles- tous a&es réquis & nécef- faires , fans demander autre permiffion , & nonobfl:anr clam~ de Haro • Charre Normande & Lettres à ce contraires : Car tel e!l: notre plaifir. Donné A Paris, le rrèizième jour du mois de Fevrier, l’an de grace mil fept cent vingt-huit, & de nQt!iCltèg44:k1Elt~iemc:. Pa; le R.oien fon Cohfeil;

SAINSON.

L’Académie Franço.iCe a cédé 1~ préCent Priv~lége au Sieu~ Colg;n~rd fon_ Lib~re ~ fuivanc les c;onditio~ portées dans .Ces Régtftres. A Pans le ucntc-llliiJème Mars mll ..f.,:pt célrll!’ vltagt~huit.o

L’Abbé D u a o s , Sdcrcrilie f!«f&ùel. Regiftré enfemble lA ce!fion , fur le Regiftre Y !1. de /AJ Cbôl’f Ro,Ale des ·r;ilmû~J & •lmprl’- meurs de PAru N". 104-. Fol. 93 . confo7’fllfflDint aux ~Jncsem B.trJ!tMn6,. wqn.fo:FJ.,s 1’" ç1l111 tb, d Flvrier ’7’+ A Paris le 7• dwil x718.

BRUNET, Syndic.

DICTIONNAIRE
DE
L’ACADÉMIE FRANÇOISE


A


A. Lettre voyelle, la premiére de l’Alphabet. En ce sens il est substantif, & dans la prononciation on le fait long. Un grand A. Un petit a.

On dit communément, Apprendre l’A. B. C. pour dire, Apprendre à connoître les lettres de l’Alphabet ; & Ne savoir ni A, ni B, pour dire, Ne savoir pas lire : & figurément, pour marquer une fort grande ignorance.

On dit aussi, Une panse d’A, pour dire, Le commencement de la formation de la lettre A, laquelle, suivant l’écriture ordinaire, s’écrit a. Et dans ce sens, quand on a donné quelque chose à copier à quelqu’un, & qu’il n’y a point encore travaillé, on dit prov. Qu’il n’en a pas fait une panse d’A. La même chose se dit fig. pour donner à entendre qu’un homme qui avoit entrepris de composer quelque ouvrage, n’y a point encore travaillé, ou pour signifier qu’un homme n’a nulle part à un ouvrage d’esprit qu’on lui attribuë. Il n’y a pas fait une panse d’A.

À Préposition qui reçoit plusieurs significations différentes, selon les mots auxquels elle se joint. Les principales se peuvent réduire à peu près sous les Prépositions suivantes, Après. Avec. Dans. En. Par. Pour. Selon. Suivant. Sur. Vers.

À dans la signification d’après. A deux mois de là. A deux jours de là. Aller pas à pas. Arracher


brin à brin. Dire mot à mot. Compter sou à sou. Manger morceau à morceau.

À dans la signification d’Avec. Travailler à l’aiguille. Gagner à la pointe de l’épée. Aller à voiles & à rames. Bâtir à chaux & à ciment. Se battre à l’épée & au pistolet. Marcher à petit bruit. Un fuzil chargé à balle. Mousqueton chargé à cartouche. Faire brûler à petit feu. Vivre à peu de frais. Donner, prendre à toutes mains. A petit manger bien boire. Fromage à la crême. Bouton à queuë. Bâton à deux bouts. Couteau à ressort. Ecuelle à oreilles. Clou à crochet. Chandelier à branche. Chapeau à grands bords, &c.

À pour dans, en. Vivre à Paris. Demeurer à Rome. Retourner à son logis. Jeter à la riviére. Se promener à la campagne. Blessure à l’épaule, à la cuisse. Il lui en a parlé à diverses fois. Il y viendra à son rang.

À dans la signification de par. Obtenir à force de priéres. On juge à sa mine. On voit à l’air dont il s’y prend. Aller à courbettes.

À dans la signification de pour. Prendre à témoin. Inviter quelqu’un à dîner. Une fille à marier. Avoir quelque chose à bon marché. Tenir à honneur. Tenir à injure. On eut bien de la peine à lui faire entendre. Une selle à tous chevaux. Un conte à dormir debout.

À pour selon, suivant. Un habit à la mode. Bâtir à la maniére d’Italie. Vivre à sa fantaisie. Cela n’est pas à son goût. A ce que je vois. A ce que vous dites. Il faut donc à votre compte, à votre avis.

À dans la signification de sur. Monter à cheval. Mettre pied à terre. A peine de la vie. Un oiseau qui se bat à la perche.

À dans la signification de vers. Il tire à sa fin. Venez à moi. À, entre deux noms de nombres, signifie environ. Ainsi on dit, Un homme de quarante à cinquante ans. Une troupe de sept à huit cents hommes, pour dire, Un homme d’environ quarante ou cinquante ans. Une troupe d’environ sept ou huit cents hommes. Il y avoit six à sept femmes dans cette assemblée.

À, sert aussi à marquer le Temps. Se lever à six heures. Dîner à midi. On l’attend à toute heure, à tout moment. Revenir à heure indûe. A la fin du mois. A jour préfix. A l’arrivée du courrier. A perpétuité. A l’avenir. Il y parviendra à la longue.

Il sert aussi à marquer le Lieu. Se tenir à l’entrée du bois. Il loge à deux lieues d’ici. A vingt lieues de là. Etre à l’écart, à l’abri, à découvert.

La Situation. A droit. A gauche. A côté. A pied. A cheval.

La Posture, le Geste. Etre à genoux. Prier à jointes mains. Recevoir à bras ouverts.

La Maniére de vivre, de s’habiller, de se mettre, de marcher, &c. Vivre à la Françoise. S’habiller à l’Espagnole. Un homme à soutane, à cheveux courts. Marcher à petits pas. Courir à toutes jambes, à toute bride. S’embarquer à la hâte.

La Qualité d’une chose. De l’or à vingt-quatre carats. Du velours à trois poils. Ouvrage à la Mosaïque.

La Quantité. Il en a à foison, à milliers.

Le Prix & la valeur d’une chose. Du vin à vingt sous, à trente sous la pinte. Du drap à vingt francs l’aune.

La Mesure ou le poids dont on se sert pour la débiter. Vendre du vin à la pinte. Vendre du drap à l’aune, à la canne. Vendre de la viande à la livre.

À, s’emploie aussi pour désigner La cause mouvante, le moyen qui fait agir. Moulin à vent. Moulin à eau. Moulin à bras. Arme à feu.

Le Motif avec lequel on agit. Il l’a dit à bonne intention. Il ne l’a pas dit à mauvais dessein.

L’État & la disposition d’une chose. Des fruits à garder. Des fleurs à cueillir.

L’Usage auquel une chose est propre. Terre à froment. Moulin à bled. Moulin à poudre. Moulin à papier. Mouchoir à moucher. Bassin à laver les mains. Bassin à barbe. Pot à boire. Bois à brûler. Bois à bâtir, à faire du merrein.

Ce qu’une chose est propre à contenir. Un étui à peignes. Une boëte à mouches. La bouteille à l’encre, pour dire, Un étui à mettre des peignes, Une boëte à mettre des mouches, Une bouteille à mettre de l’encre.

Ce qu’il est convenable de faire ; & Le bon ou le mauvais traitement qu’un homme, qu’une chose mérite. C’est un avis à suivre. C’est une partie à remettre. C’est une occasion à ne pas laisser échapper. C’est un cheval à garder. C’est un homme à récompenser. Il en est plus à craindre. Il n’en est que plus à estimer. C’est un homme à noyer. C’est un homme à étriviéres, à nazardes. C’est un livre, non seulement à lire, mais à retenir par coeur.

Ce qui peut arriver d’une chose, à quoi elle peut être utile, & de quoi une personne est capable. C’est une affaire à vous perdre. C’est un procès à ne jamais finir. C’est une entreprise à vous faire honneur. C’est un homme à réussir dans tout ce qu’il entreprendra. Il est homme à se fâcher, à vous joüer un mauvais tour.

À, joint avec un nom, sert à former des adverbes ou des façons de parler adverbiales. A tort & à travers. Parler à propos. Mal à propos. Crier à tuë-tête, à pleine tête. Tirer à brûle-pourpoint. Haïr à mort. Etre blessé à mort. Marcher à tâtons. Aller à reculons. Travailler à bâtons rompus. Déchirer à belles dents. Traiter à forfait. Battre du fer à froid. Mâcher à vuide. Mettre de l’argent à intérêt. Donner à bon compte. Vendre à l’encan. Vivre à peu de frais.

À, joint avec un verbe à l’infinitif, s’explique quelquefois par le gérondif du même verbe. Ainsi : On diroit à le voir, à l’entendre, se résout par, On diroit en l’entendant, en le voyant. Et toutes les autres semblables façons de parler se peuvent résoudre de même.

Quelquefois aussi il s’explique par de quoi. Verser à boire. Il n’a pas à manger.

Il se joint encore à l’infinitif des verbes dans divers autres sens. Il s’emporta à lui dire, jusques à dire. Il s’abaissa à le prier. S’amuser à causer. Trouver à redire. Il est encore à venir. Je suis ici à l’attendre. C’est à faire à lui à traiter ses amis. Je sais, à n’en point douter, que. C’est à vous à parler. C’est à lui à se taire. Il établit trois principes, à savoir, &c. C’est à savoir s’il le voudra. Il n’y a rien à gagner avec lui, &c. On verra les différens sens de ces phrases, & de celles des articles précédens, aux mots dont elles sont composées.

À, n’est quelquefois qu’une particule inutile qu’on peut supprimer, sans altérer la construction, & sans rien changer au sens de la phrase. Voyons à qui l’aura.

À, sert aussi à marquer le datif. Donner quelque chose à quelqu’un. Cette maison appartient à un tel. Il trouvera à qui parler. Il ne sait à qui s’adresser. Donner à quelqu’un. Obéir à la loi. Céder à la force. Rendre à chacun ce qui lui est dû.

À, s’emploie aussi dans les phrases suivantes, & dans une infinité d’autres, qui seront expliquées chacune en son lieu. Arriver à bord. Se résoudre à tout. Mettre à l’air. Mettre à la voile. Appliquer à la question. Crier à l’aide. C’est un homme qui donne à tout. Attacher à la muraille. Atteler à la charrue. Coucher à la belle étoile. Jouer à la paume, à petite prime, à quitte ou à double. Valet à gages. Pension à vie. Ils se prosternérent à ses genoux. Ils tombérent à ses pieds. Se tourner à bien. Se tourner à mal. Se mettre à l’étude. Aller à l’armée, à Rome, à l’Eglise.

ABA

ABAISSEMENT. s. m. Diminution de hauteur. L’abaissement des eaux. L’abaissement de la voix.

Il est plus en usage dans le figuré. Abaissement de fortune. Abaissement de courage. Quelquefois il signifie Humiliation, ou l’état où l’on se met quand on s’abaisse volontairement. Se tenir dans l’abaissement devant Dieu. Un parfait Chrétien doit se plaire dans l’abaissement.

Il se prend aussi pour l’Humiliation forcée, pour l’état de bassesse où l’on est mis malgré soi. C’est un esprit altier, qu’il faut tenir dans l’abaissement.

ABAISSER. v. a. Faire aller en bas. Abaisser les voiles. Abaisser la lanterne.

Il signifie quelquefois, Diminuer de la hau teur. Abaisser une muraille. Abaisser une table. On dit, Abaisser la voix, Abaisser le ton de la voix, pour dire, Parler plus bas..

Il se prend aussi pour Déprimer, humilier, ravaler. Dieu abaisse les superbes. S'abaisser devant quelqu'un. Quand un Prince s'abaisse jusqu'à vouloir bien se familiariser. S'abaisser à des choses indignes.

Abaissé, ée. part.

ABANDON. s. m. v. État où est une personne, ou une chose délaissée. Il est dans un abandon général.

A l'Abandon, maniére de parler adv. Aller à l'abandon. Laisser à l'abandon. Tout est à l'abandon.

ABANDONNEMENT. s. m. v. Délaissement entier. Quelquefois il se construit avec le génitif de la personne qui abandonne ; & c'est dans ce sens qu'on dit, C'est un grand abandonnement de Dieu, quand le pécheur vient à ne plus sentir de remords. Il est à plaindre dans l'abandonnement où il est de tous ses parens & de tous ses amis. Quelquefois il se construit avec le génitif de la chose abandonnée ; & dans ce sens on dit, Il a fait un abandonnement général de tous ses biens. L'abandonnement des richesses. L'abandonnement des plaisirs.

Abandonnement, mis sans régime, signifie Déréglement excessif dans la conduite, dans les moeurs. Prostitution. Abandonnement infame. Vivre dans l'abandonnement, dans le dernier abandonnement.

ABANDONNER. verbe actif. Quitter, délaisser entiérement. Les gens de guerre l'ont contraint d'abandonner sa maison. Il a abandonné le pays. Abandonner sa femme & ses enfans. Dieu n'abandonne point les siens. Vous m'avez abandonné dans le besoin, au besoin. Abandonner la poursuite d'une affaire. Abandonner une cause.

On dit qu'Un pére a abandonné son fils ; qu'il l'a entiérement abandonné, pour dire, Qu'il ne prend plus aucun soin de lui, qu'il ne s'en met plus en peine.

On dit, Abandonner une succession, abandonner ses prétentions, pour dire, Y renoncer entiérement.

On dit que les Médecins ont abandonné un malade, pour dire, qu'ils ont cessé de le voir, ou qu'ils ne lui ordonnent plus rien, parce qu'ils desespérent de sa guérison.

Abandonner, signifie aussi, Laisser en proie, exposer : & il est toujours suivi de la préposition à. Abandonner une ville au pillage, l'abandonner à la fureur des soldats. Abandonner un vaisseau à l'orage, au vent. Abandonner à la merci, à la discrétion, à la miséricorde.

On dit, Abandonner un Ecclésiastique au bras séculier, pour dire, le renvoyer au Juge laïque, afin qu'il le punisse selon les loix. Et prov. & fig. en parlant de quelque chose à boire ou à manger, qu'on veut laisser à la discrétion des Domestiques, après en avoir bû & mangé autant qu'on a voulu, on dit qu'Il faut l'abandonner au bras séculier.

On dit dans le langage de l'Écriture, que Dieu abandonne souvent les méchans à leur sens réprouvé, pour dire, qu'Il les laisse s'endurcir dans leur péché.

On dit aussi, Abandonner une chose, une personne à quelqu'un, pour dire, Lui permettre d'en faire ce qu'il lui plaira, lui en laisser


l'entiére disposition. Abandonner tous ses biens à ses créanciers. Vous vous plaignez de cet homme, je vous l'abandonne. On dit aussi, qu'Un pére a abandonné son fils, le soin de son fils, à la conduite de quelqu'un, pour dire, qu'Il en a chargé quelqu'un sur qui il s'en repose.

S'Abandonner. v. n. p. Se laisser aller à quelque chose sans aucune retenue, sans aucune réserve. S'abandonner à la débauche. S'abandonner à ses passions. S'abandonner au vin. S'abandonner aux femmes. S'abandonner à la douleur, à la tristesse, aux pleurs. S'abandonner à la joie.

On dit, S'abandonner à la Providence, pour dire, Se remettre entiérement entre les mains de la Providence. Et, S'abandonner à la fortune, pour dire, Laisser aller les choses au hazard.

Et d'une femme qui se prostituë, on dit que C'est une femme qui s'abandonne à tout le monde. En ce sens, il se dit aussi absolument. Les mauvais exemples d'une mére portent quelquefois une fille à s'abandonner.

Abandonné, ée. part. Il a les significations de son verbe. Il est aussi subst. & alors il se dit d'un homme perdu de libertinage & de débauche, & d'une femme qui se prostituë. C'est un abandonné, c'est une abandonnée. Il est plus en usage en parlant des femmes.

ABÂTARDIR. v. a. Faire déchoir une chose de son état naturel, la faire dégénérer, l'altérer. Il ne se dit qu'au figuré. La longue servitude abâtardit le courage.

S'Abâtardir. Les jeunes gens s'abâtardissent dans l'oisiveté, dans les délices. Ce plant de vigne s'est abâtardi.

Abâtardi, ie, part. Le cœur abâtardi. Le courage abâtardi.

ABÂTARDISSEMENT. s. m. v. Altération d'une chose, déchet, diminution. L'abâtardissement du courage. L'abâtardissement du plant fait que le vin devient mauvais.

ABAT-JOUR. s. m. Sorte de fenêtre dont l'appui est en talus, afin que le jour qui vient d'en-haut, se communique plus facilement dans le lieu où elle est pratiquée. Les Marchands ont des abat-jours dans leurs magazins pour faire paroître leurs marchandises plus belles. Ordinairement les fenêtres des Eglises sont taillées en abat-jour.

ABATTEMENT. s. m. v. Affoiblissement, diminution de forces ou de courage. Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand abattement. Cette mauvaise nouvelle l'a mis dans un étrange abattement.

ABATTEUR. s. m. v. Qui abat. Ce bûcheron est un grand abatteur de bois, en parlant d'un homme fort adroit. Au jeu de quilles, on dit, C'est un grand abatteur de bois. Il se dit au figuré en parlant d'un homme qui a fait de grandes choses en quelque genre que ce soit : mais plus ordinairement on le dit d'un homme qui se vante d'avoir fait ce qu'il n'a pas fait.

ABATTIS. s. m. v. Bâtimens, ou arbres abattus. La ruë est toute embarrassée par cet abattis de maison. Les ennemis embarrassérent les chemins par de grands abattis d'arbres.

On dit aussi, Faire un abattis, un grand abattis de gibier, pour dire, En tuer beaucoup.

On appelle aussi Abattis, les pieds, la tête, les entrailles, le cou, les aîlerons, &c. des animaux. Des potages d'abattis d'agneau, de dindon, &c.