Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/981-990

Fascicules du tome 2
pages 971 à 980

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 981 à 990

pages 991 à 1000


les Perses, & qu’il n’y a rien dans le monde de plus vîte que ces sortes de Messagers. Il ne paroît pas cependant qu’ils courussent, car ils ne changeoient de cheval qu’au bout du jour. Cyrus, dit Xénophon, examina ce qu’un cheval pouvoit faire de chemin par jour ; & à chaque journée de cheval il fit bâtir des écuries, y mit des chevaux & des gens pour en avoir soin. Il y avoit aussi dans chacune de ces postes un homme qui, quand il arrivoit un courier, prenoit le paquet qu’il apportoit, montoit sur un cheval frais, & tandis que le premier se reposoit avec son cheval, il alloit porter les dépêches à une journée de là, où il trouvoit un nouveau cavalier qu’il en chargeoit, & ainsi de même jusqu’à la Cour. Hérodote dit précisément la même chose des Perses en général ; ainsi c’étaient plutôt des messagers que des couriers. Les Perses appeloient cette sorte de course Ἀγγαρήιον, Angareium, peut-être de כגר qui en Hébreu signifie diffluxit, diffudit, effudit se. Ces couriers alloient jour & nuit.

Il n’est pas sûr que les Grecs ni les Romains, avant Auguste, aient eu de ces sortes de postes réglées ; mais il est sûr qu’ils ont quelquefois couru en changeant ainsi de chevaux ; témoin Gracchus, dont parle Tite-Live, L. XXXVII, c. 7, & Vibullius, dont parle César, De Bello Civili, L. III, c. 11. Auguste fut le premier qui établit des postes réglées ; mais on couroit en char. On courut ensuite à cheval, comme il paroît par Socrate, L. VIII. de son Hist. Eccl. c. 19. Il y avoit des chevaux publics entretenus pour cela : & il parle d’un courier nommé Palladius sous Théodose, qui alloit de Constantinople aux confins de la Perse en trois jours, & revenoit de même. C’étoit faire environ 60 lieues par jour. Je ne trouve point en quel temps ces couriers à cheval commencèrent dans l’Empire Romain.

Les couriers des Turcs changent aussi de monture, mais en prenant le cheval frais du premier qu’ils trouvent en chemin, & le contraignant de prendre à la place le leur qui est recru. Chalcond. L. IX, c. 14.

Au lieu de couriers, on s’est servi & on se sert encore de certains animaux pour porter des nouvelles. Un Roi d’Egypte avoit, dit-on, une corneille dressée à porter ses lettres où il vouloit. En Orient, à Tyr, à Alep, on se sert de pigeons. Voyez le voyage du P. d’Avril, & ci-dessus au mot Alexandrette. D’autres se sont servis d’un chien, d’autres d’hirondelles. Voyez Pline, L. X, c. 24, 33 & 55, & Osorius, Hist. Lusit. L. III.

Courier, Cursor, se trouve aussi quelquefois dans le moyen âge pour coureur, gens que l’on envoie devant loi pour découvrir les chemins, ou examiner s’ils sont sûrs, & quelquefois pour un laquais, un valet de pié. Voyez le Glossaire de Cédrenus par Fabrot, au mot Κούρσωρες.

Courier s’est aussi dit autrefois pour Cellérier, dit de S. Julien, dans son Origine des Bourguignons, apparemment parce que son devoir étoit de courir & aller çà & là pour les affaires temporelles, tandis que les autres étoient tranquilles à l’office.

Courier étoit aussi une charge dans la maison des Prélats séculiers, & cette charge étoit considérable, comme on en peut juger par la qualité de ceux qui la possédoient. Correarius, Conrearius, Courrerius. Gui de Rossillon étoit le courier de la ville de Vienne l’an & 1337 ; & l’Archevêque Bertrand de la Chapelle ayant interdit Sibond de Clermont de l’Office de Mistral, il commit pour en faire les fonctions le même Gui de Rossillon. Jean Feucherand l’étoit l’an 1382, & Pierre de Bufferent l’an 1385. Les fonctions du courier étoient de tenir la main à l’exécution des ordres & des réglemens de l’Archevêque. Le courier avoit beaucoup de part au gouvernement, car il tenoit lieu de Bailly pour l’Archevêque, & dans une transaction faite entre Bertrand, Archevêque d’Embrun, & Gui XIII, Dauphin, le courier de l’Archevêque est opposé au Bailly du Dauphin, nommé le premier, & appelé Juge comme lui. Dans un Registre des Archives de la ville de Vienne, le courier est appelé Vicegérent, Correarius, seu Vicegerens. Le courier en effet étoit Lieutenant de l’Archevêque au temporel de l’Archevêché. La qualité en est donnée dans un Registre à Antoine, Seigneur de Grollée, qui est appelé Noble & puissant homme. Nobilis & potens vir Dominus Antonius à Groloa, Miles, Correarius Viennæ, locum tenens Domini Archiepiscopi in temporalibus. Les Princes laïcs avoient aussi leur courier. Guyonnet de Tochelon étoit courier de la Cour temporelle de Vienne l’an 1516 pour l’Archevêque, & Renaud de Morel pour le Dauphin. Enfin cette charge, quoique divisée, a duré avec honneur jusqu’au XVIe siècle ; car l’an 1510, Pierre de Martel, Gentilhomme d’ancienne noblesse, l’exerçoit encore dans Vienne. Il est vrai qu’insensiblement ce qu’elle avoit d’éclat s’est éteint après lui. Chorier, Hist. du Dauph. L. XI, p. 864.

En un mot courier est le nom que l’on a donné aux Procureurs ou Intendans des Evêques, Abbés, Prieurs & Communautés Ecclésiastiques. Il est encore en usage dans ce sens à la Grande-Chartreuse, où celui qu’on nomme le courier est proprement le Procureur de la Maison. Valbonnet, Mem. pour l’Hist. du Dauphiné, Disc. V, c. 4.

Il y a lieu de croire que l’Officier de l’Evêque nommé Conrearius, sive Courrerius, n’est point différent de celui qui se présente en plusieurs endroits du Consulaire de l’Église de Grenoble, sous le nom de Procurator Episcopi. Id.

Le Courier étoit le second Magistrat de la ville de Vienne ; l’Official en étoit le premier : celui-ci avoit la connoissance des matières qui appartenoient à la Juridiction Ecclésiastique ; & le courier exerçoit la Juridiction purement laïque & temporelle. Tous deux étoient établis par l’Archevêque, & leur autorité étoit une émanation de la sienne. Id, Tom. II, p. 208.

L’emploi de cet Officier ne se bornoit pas à veiller aux intérêts de ceux qui l’avoient commis, il faisoit quelquefois les fonctions de Juge, ou même celles de Procureur Fiscal. Valbonnet, ibid.

M. le Président Valbonnet, à l’endroit cité, écrit que c’étoit en qualité d’Abbé de S. Bernard de Romans, que l’Archevêque de Vienne avoit un Courier qui exerçoit sa Juridiction dans la ville ; que ses fonctions étoient fort limitées, & ne consistoient presque qu’à tenir la main à l’exécution des Jugemens, & à la punition des criminels après leur condamnation ; à quoi se rapportent assez celles de Vicegérent, ou de Lieutenant de l’Archevêque pour le temporel ; qui étoient des titres que le courier mettoit quelquefois dans ses qualités, comme on l’a vû ci-dessus. Dans le procès que l’Archevêque de Vienne eut à la Cour du Pape en 1339 contre le Dauphin Humbert, il prétend que ce sont encore des droits de son courier, d’informer de toutes sortes de crimes, & de faire mettre les criminels dans ses prisons, d’établir des gardes pour la sûreté de la ville, & d’avoir inspection sur tout ce qui regardoit la Police.

Le courier de l’Evêque de Grenoble avoit une autre prérogative. Il pouvoit convoquer l’arrière ban & les milices, & faire mettre les habitans de la ville sous les armes au nom de l’Evêque, comme il paroit par une assignation donnée au crieur public en 1337. Valbon.

Il y avoit aussi un courier entre les Officiers de Justice de l’Archevêque & du Chapitre de Lyon, & cette charge y étoit aussi considérable, puisque l’on ne trouve que des Gentilshommes qui l’aient exercée. Ils avoient aussi leurs couriers dans leurs principales terres. Ces couriers avoient leurs Lieutenans. Cet office étoit annuel. Voyez le P. Ménestrier, Hist. de Lyon, p. 339 & suiv.

Courier Apostolique. Cursor Apostolicus. Viator Apostolicus. Les anciens Romains avoient des Officiers, qu’ils appeloient Viatores, qui faisoient leurs commissions, & qu’ils envoyoient par-tout où ils avoient des ordres, des lettres, des avis, des nouvelles à porter ou à quérir. Les Empereurs en eurent aussi, & dans l’Empire de Constantinople on les appela Cursores. Il y eut aussi dans le premiers temps des Couriers dans l’Eglise. Cursores. Ils étoient chargés, dans le temps de la persécution, de porter les lettres des Evêques, & d’avertir les Fidèles du temps & du lieu où se devoient faire les assemblées pour célébrer les saints Mystères. C’est à ces Couriers de la primitive Eglise qu’ont succédé les Couriers Apostoliques. Leur devoir est d’avertir les Cardinaux, les Ambassadeurs & les Princes du Trône, de se trouver aux Consistoires, aux Cavalcades & aux Chapelles que tient le Pape. Leur habit d’ordonnance est une robe violette, & ils portent un bâton d’épine en main. Chaque Cardinal est obligé de leur donner audience sur le champ, en quelque état qu’il soit ; & il les écoute debout & à découvert. Le Courier lui parle un genouil en terre. Aux Ambassadeurs & aux Princes du Trône, ils ne mettent point de genouil en terre. Ils convoquent encore le sacré Collège & les quatre Ordres Mendians aux obsèques d’un Cardinal. Ils assistent aux Cavalcades où le Pape se trouve, & entourent la litière montée sur des mules, vêtus de leurs robes violettes, & portant en main une masse d’argent. C’est eux aussi qui ont soin d’afficher les Bulles, les Décrets, les Constitutions du Pape aux portes de S. Jean de Latran, de S. Pierre de Rome, du Palais de l’Inquisition & de la Chancellerie Apostolique, & au champ de Flore. Ils sont dix-neuf. Il y en a un qui, pendant trois mois, exerce l’office de Maître, comme autrefois dans l’Empire parmi les Couriers Palatins, Cursores Palatini, il y avoit le Prévôt des Couriers, Præpositus Cursorum, comme on le voit sur d’anciennes inscriptions. C’est au Maître seul des Couriers que sont adressées les commissions signées par le Pape, ou par le Cardinal Préfet de la signature de Justice. Voyez Piazza, Eusebolog. Rom. Tract. II, chap. 16.

Au reste il faut dire en notre langue, Courier Apostolique, & non pas Curseur Apostolique, comme font les Auteurs du Morery. Toutes les traductions françoises que j’ai vues des Bulles ou Constitutions des Papes disent Courier, à la réserve d’une, qui dit Curseur.

Il y en a aussi qui signent Courier de N. S. P. le Pape, & de la sainte Inquisition ; en latin, Sanctiss. D. N. Papæ, & sancliss. Inquisitionis Cursor ; ce que la traduction de la Censure du Catéchisme de la Grace appelle Huissier de N. T. S. P. & de la sainte Inquisition. Cela ne se trouve qu’aux Décrets de l’Inquisition.

COURIÈRE se dit poëtiquement de l’aurore qui vient annoncer le jour. Lucis prænuncia. Et de la lune, qu’on a appelée, la courière des mois, l’inégale courière des nuits.

Déjà des sombres nuits la changeante Courière
Trois fois avoit fourni son obscure carrière. P. Le Moine.

☞ COURIR & courre, v. n. quelquefois actif. Aller de vîtesse pour avancer chemin. Il se conjugue de la manière suivante. Je cours, tu cours, il court. Je courais. J’ai couru, je courus, je courrai. Je courois. Cours, qu’il coure, que je courusse. Currere.

☞ Il ne faut pas se servir indifféremment de courir & de courre. Ce dernier n’a lieu que dans quelques façons de parler que l’usage a autorisées, comme quand on dit courir ou courre le lièvre ; courir ou courre la bague, & dans quelques autres occasions dont nous parlerons plus bas.

Courre, dit M. l’Abbé Girard, est un verbe actif. C’est poursuivre quelqu’un pour l’attraper. Courir est un verbe neutre. C’est aller fort vite pour avancer chemin.

☞ On dit courre le cerf ; courir à toute bride ; & il me semble que ce ne seroit pas mal de dire, que pour courre les bénéfices & les emplois, il faut courir aux ruelles & audiences.

☞ Excepté ces cas, & ceux dont nous parlerons, on doit toujours dire courir, & l’on peut même s’en servir par tout où l’on a le moindre doute. En disant courre, on peut faire une faute ; en disant courir, on n’en fait jamais. C’est un homme qui court bien, il court comme un Basque. Il court à toutes jambes, à bride abattue. On y court comme au feu, comme à la noce. Concurritur. La mort étant la dernière de toutes les choses, c’est bien assez qu’on aille à elle d’un pas assuré, sans que l’on y coure. Vaug.

Oui toujours un ami sçait plaire quand il aime ;
Au secours d’un ami, toujours prêt à courir,
Il ne garde ses biens que pour le secourir.

Que dit-il, quand il voit avec la mort en trousse
Courir chez un malade, un assassin en housse ? Boileau.

Quand les Officiers de la Porte vont prendre séance au Divan, ils n’en approchent qu’en courant, y ayant des Capidgis qui crient à ceux qui marchent d’un pas trop lent : seghyrt, qui signifie cours, voulant faire entendre par cette précipitation avec laquelle tous valets en Turquie approchent leurs Maîtres quand ils sont appelés, la prompte obéissance qu’on doit aux commandemens de la justice. Du Loir, p. 78.

Courir pris activement signifie, poursuivre avec dessein d’attaquer. Insequi, persequi. Courir quelqu’un pour le prendre. Courir quelqu’un l’épée dans les reins.

Courir se dit, en ce sens, des incursions, hostilités & ravages qui se font à main armée. Prædari. Cette garnison vient de courir jusqu’à nos portes. Les Corsaires vont courir les Mers, Les troupes ont couru cette Province.

Courir se dit aussi des courses qui se font par jeu & par exercice. Decurrere, stadium currere. Alexandre ne voulut pas courir aux jeux Olympiques : à moins que des Rois n’y courussent. Dans les Académies on court la bague, les têtes, le faquin. Equestri ad annulum trajiciendum decursione astare. En Espagne on court les taureaux. Courir une lance.

Courir ou Courre, en termes de Chasse, signifie, poursuivre le cerf, le lièvre, le chevreuil. Persequi, sectari. Laisser courre les chiens, c’est les découpler après la bête ; & l’on appelle le laisser courre le lieu où l’on découple les chiens, en faisant un substantif des deux infinitifs ; on dit encore d’un pays commode pour la chasse, que c’est un beau courre.

Courre un cheval dans les manèges, signifie, faire galopper un cheval de toute sa force, le faire courre à bride abattue, étant monté dessus. Effusis habenis agitare, concitare. Vous avez trop couru ce cheval, c’est-à-dire, vous l’avez outré, fait courir trop vîte & trop long tems.

Courir signifie encore, voyager, aller çà & là, parcourir. Peregrinari, errare, vagari. Cet homme a bien couru par mer & par terre. Il a couru les quatre coins du monde. On dit en ce sens qu’un homme a bien couru le monde, ou simplement qu’il a bien couru : pour dire, qu’il a beaucoup voyagé. On dit des gens inquiets, qu’ils courent de tous côtés, & cependant qu’ils ne viennent d’aucun endroit, & ne vont nulle part. La Bruy.

L’insensé qu’il étoit ......
S’en alla follement, & croyant être un Dieu,
Courir comme un bandit qui n’a ni feu ni lieu. Boil.

☞ On dit familièrement donner à courre à quelqu’un, le mettre dans la nécessité de faire bien des pas.

☞ On dit d’un homme qui a l’esprit troublé jusqu’à être extravagant, qu’il est fou à courir les rues, à courre les champs.

☞ En style populaire, courir la prétentaine. Aller sans s’arrêter. Courir ou courre le guilledou, aller en débauche.

Courir, en termes de marine, signifie, faire route, gouverner, porter le cap du côté où l’on veut aller. Excurrere. Ce vaisseau a couru deux jours sous un même rumb, sous un même méridien. On appelle Courir des bordées différentes, quand on est obligé à louvoyer & à faire divers reviremens. Courir ou courre à l’autre bord, c’est cingler à un rumb de vent opposé à celui que l’on fait. Quand on répond à la question, où court-il, qui veut dite, quelle route tient-il ? Il court comme nous ; c’est-à-dire, il fait la même route que nous. Courir Nord c’est aller au Nord ; courir Sud, c’est aller au Sud, ou du Sud au Nord. Courir en longitude, c’est aller de l’Est à l’Ouest, & de l’Ouest à l’Est. Courir en latitude, c’est cingler du Nord au Sud, ou du Sud au Nord. On dit qu’un vaisseau a couru sur son ancre, lorsqu’étant poussé par le vent, ou par le courant de la mer, il a été porté vers l’endroit où l’ancre a mouillé. Courir terre à terre, ou cabotter, c’est aller le long de la côte. Courir la mer, c’est aller en haute mer ; c’est aussi aller, venir, faire diverses courses sur mer pour butiner. Courir le bon bord, parmi les Corsaires, signifie attaquer les vaisseaux marchands dont la prise peut enrichir. Dans le style figuré & familier, courir le bon bord, c’est fréquenter les mauvais lieux. Courir bord sur bord, c’est louvoyer tantôt d’un côté, tantôt de l’autre en chicannant le vent quand il est contraire, ou en attendant un autre vaisseau dont on ne veut pas s’éloigner.

Courir au plus près, terme de Marine, c’est aller autant qu’il est possible, contre le vent : ainsi si le vent est au Nord, on peut aller au Ouest-Nord-Ouest, où en changeant de bord, à l’Est-Nord-Est.

Courir se dit aussi des terres, des rochers & des côtes qui s’étendent selon tel air de vent. Vergere, protendi. Cette côte court Est-Ouest, c’est à-dire, va droit d’Orient en Occident. Ces rochers courent Sud-Ouest environ trois lieues ; pour dire, s’étendent depuis le midi jusqu’à l’Occident. Le Caucase, ou le Taurus, est une longue suite de montagnes qui court par le milieu de l’Asie du Couchant à l’Orient. Chevreau.

Courre la bouline. Châtiment sur mer. On fait passer le criminel au milieu de tout l’équipage rangé en haie des deux côtés, de l’avant à l’arrière, & chacun lui donne un coup de corde.

Courir, terme d’Escrime. C’est avancer sur son ennemi. Urgere adversarium.

Courir le bal, aller de bal en bal. Courir les ruelles, aller de visite en visite chez les Dames. Virgineos cætus, circulos consectari.

Courir ou Courre sus à quelqu’un. C’est un style d’ordonnances & de déclarations, se jeter sur lui, l’arrêter, le tuer. Tout le monde lui court sus. Il a paru une déclaration qui enjoint de courir sus l’ennemi.

Courir signifie aussi, fréquenter certains lieux, y aller souvent. Sequi, sectari. Les curieux de tableaux, de bijoux, courent les inventaires. Les dévots courent les sermons. Les galants courent le bal, les ruelles. Les Musiciens courent les concerts. On dit en ce sens, on court un tel Prédicateur. Cet homme est si agréable, que toutes les Dames le courent. Il ne tient pas à moi que je ne voie Madame une telle. C’est assez qu’elle vous aime pour me la faire courir, mais elle court après quelqu’autre ; j’ai beau la prier de m’attendre, je ne puis parvenir à ce bonheur. Madame de Sev.

Courir se dit encore de certaines choses qu’on fait vîte, avec précipitation. Lisez doucement, ne courez pas. Cela est écrit en courant. Cursim. Il ne faut pas courir en disant ses prières.

Courir, dans la signification de couler, se dit encore pour exprimer le mouvement des choses fluides, des ruisseaux, des rivières, du sang, &c. Fluere. L’eau qui court est la plus saine. Le sang court dans les veines. Je sens une humeur qui me court dans la tête.

Courir se dit aussi du temps & des choses qui se succèdent, ou qui coulent l’une après l’autre. Fluere, volvi. C’est le mois qui court, l’année qui court ; pour dire, le mois, l’année présente. Le temps de son bannissement a couru d’un tel jour ; pour dire, a commencé un tel jour. On le dit aussi des intérêts qui courent du jour de la demande en justice, du jour de la constitution ; pour dire, qu’ils sont dûs dès ce temps-là. On dit aussi qu’une homme court sa quarante-cinquième année, court son année climactérique ; pour dire qu’il est parvenu à ces âges-là. Decurrere.

Courir signifie aussi être en vogue, être reçu, approuvé. In usu esse, recipi ab omnibus. Il faut suivre la mode qui court. La monnoie qui court.

Courir se dit aussi de ce qui se publie, de ce qui se répand, de ce qu’on sème dans le monde, de ce qu’on sait par les mains, ou par la bouche de plusieurs personnes. Il court un bruit. Rumor est, spargitur, manat. Vous verrez courir de ma façon, dans les belles ruelles, deux chansons. Mol. On a fait courir un manifeste sur la déclaration de la guerre. On a fait courir un libelle contre l’honeur de cette partie. Répandre dans le public, les chansons qui courent par la ville.

☞ On dit de quelqu’un qui cherche de l’argent à emprunter, que son billet court chez les Notaires, & que ces billets courent sur la place, pour dire qu’on cherche à s’en défaire.

☞ On fait courir des billets, le billet, pour avertir ou assembler des gens qui ont intérêt à quelque affaire.

☞ On fait courir le billet, pour avertir, des choses volées ou perdues. On dit aussi, faire courir une santé, pour dire, la faire boire à la ronde. Propinando culpiam pateram circumferre. On dit aussi, qu’il court bien des fièvres, des maladies ; pour dire, qu’elles sont bien communes, que plusieurs gens en sont attaqués.

☞ Dans les délibérations, on dit l’avis qui court ; pour dire le plus fort, celui qui a plus de voix.

On dit, faire courir la voix ; pour dire, demander les avis à ceux qui composent une assemblée. Acad. Fr.

Courir-franc ; terme de négoce d’argent, qui se dit lorsque les Agens de banque ne prennent rien pour leurs salaires des Lettres de change qu’ils font fournir pour de l’argent comptant.

Courir, en termes de Manufacture de draps, on dit que les fils courent, lorsque l’étoffe n’est pas assez remplie de trame, ou qu’elle n’est pas suffisamment battue.

Courir la poule, terme de jeu de Trictrac. Lorsqu’on est quatre ou cinq joueurs, & qu’on n’a qu’un seul trictrac, on peut courir la poule, pour que chacun s’amuse : on tire au fort pour le rang, chacun met un petit enjeu, & celui qui peut gagner un tout contre chacun des autres, tire la poule ; mais quand celui qui a gagné quelques tours en perd un, ceux qui n’ont pas encore joué, jouent successivement contre le dernier vainqueur, après quoi les premiers vaincus reviennent sur les rangs, le premier de tous, met un second enjeu sur la poule, joue sa partie, & chacun y passe à son tour, en fournissant son enjeu, pour grossir la poule, jusqu’à ce qu’un des concurrens ait vaincu tous les autres, sans interruption. A chaque fois qu’un ancien vaincu se remet au jeu, il grossit toujours la poule : elle devient par-là très-considérable, puisqu’on est souvent des semaines & des mois entiers à courir la même.

Quand on veut abréger, on n’a qu’à convenir que celui qui gagnera un tour contre chacun des autres avec ou sans interruption, retirera la poule. Alors on peut ordinairement finir dans une séance un peu longue. L. S.

Courir se dit aussi figurément en choses morales. Currere. Quand Dieu a résolu de perdre quelqu’un, il le laisse courir aveuglément au précipice. Sherlock. On court à la raison, & on cherche la vérité par les doutes & par la dispute. Balz. Il ne faut pas s’étonner que tant de gens courent après la fausse gloire ; puisqu’il en est si peu qui connoissent la véritable. Ab. de S. R. Si les Espagnols ne courent point au péril, c’est moins par timidité que par prudence. S. Evr. Il faut sortir de la carrière de la fortune, quand on ne se sent pas propre pour y courir.

Combien de gens voit-on d’une ardeur non commune,
Par le chemin du ciel courir à leur fortune ? Mol.

On dit qu’un homme court une belle fortune ; pour dire, qu’il est en belle passe : qu’il court à l’Evêché, au chapeau de Cardinal, au bâton de Maréchal ; pour dire, qu’il y aspire, & qu’il y a apparence qu’il y peut parvenir ; qu’il court à la gloire ; pour dire, qu’il n’estime que l’honneur, que le prix de la vertu. On dit, qu’il court à l’hôpital, à sa ruine, à sa perte, pour dire, qu’il conduit ses affaires de manière à se perdre, à se ruiner promptement. Ruere in exitium, in ruinam. Courir à l’hôpital est familier. On dit aussi qu’un homme court hasard, court fortune ; pour dire, qu’il lui peut arriver du bien & du mal. Subire periculum, aleam.

Votre honneur avec moi ne court point de hasard,
Et n’a nulle disgrace à craindre de ma part. Mol.

On dit encore, qu’un homme veut bien courir risque de quelque chose, quand il la prend à ses périls & fortunes ; qu’il veut bien que la perte tombe sur lui. On dit encore, qu’un homme a bien couru des fortunes en sa vie ; pour dire, qu’il a bien essuyé des périls, des dangers.

Courir après les honneurs, après les richesses, &c. les regarder avec ardeur. Honores, divitias expetere, concupire. Courir une charge, un bénéfice, &c.

Courir un bénéfice, signifie aussi, envoyer un Courier à Rome ou à celui qui a la nomination du bénéfice pour être le premier à le demander. On dit aussi courre un bénéfice. Voyez Courre.

Courir sur le marché de quelqu’un. Dans le propre, c’est enchérir sur lui pour emporter ce qu’il marchande. Au figuré, c’est vouloir emporter sur lui une chose à laquelle il a prétendu le premier. On dit aussi courir sur les brisées de quelqu’un, expressions familières.

Courir après son argent, continuer à jouer, regagner ce qu’on a perdu. Proverbialement courir après son éteuf, se donner bien de la peine pour recouvrer un bien qu’on a laissé échapper. Je me suis payé par mes mains pour ne pas courir après mon éteuf.

Couru, ue. part. Il a la signification de son verbe en latin comme en françois.

COUR-LAYE. s. f. C’est une Juridiction séculière opposée à la Juridiction Ecclésiastique.

COURLIS ou COURLIEU. s. m. espèce d’oiseau aquatique qui a un grand bec façonné en faucille, Clorius, parce qu’en volant il prononce corlieu. Voyez Corlieu. Il y a le courlis de plaine qui est plus grand & plus gros que la perdrix, & plus haut monté sur ses jambes. Sa tête est plus grande, plus grosse, & autrement faite, aussi bien que le bec qui est plus long. Il court de grande vîtesse, il se plaît particulièrement dans les plaines & les terres labourées. Cet oiseau ne chante point, mais il fait un cri, ou plutôt une sorte de sifflement, que l’on entend de très-loin. L’on en voit en Espagne & en Sicile, dans les montagnes où croissent le nard & le romarin ; on en voit aussi en France. Ils font leurs nids de même que la perdrix ; leur chair n’a pas moins de bonté ni de délicatesse que celle de cet oiseau. Si l’on en veut nourrir, il faut leur ajuster une petite loge, dans laquelle ils se puissent retirer, & y mettre du gravier & des pierrailles, & quelque touffe d’herbe, parce qu’ils se retirent volontiers entre les pierres. Ils ne sont pas difficiles à nourrir, parce qu’ils mangent toutes sortes de grains.

☞ COUROI. s. m. terme de Marine, synonime à Courée & Couret.

☞ COUROIR. s. m. terme de Marine. Passage étroit pour aller dans les chambres.

COURUNDI. s. m. grand arbre toujours vert, qui croît aux environs de Paracaro, & dans les Indes Orientales. Le suc exprimé de ses feuilles, pris dans du lait chaud, guérit la diarrhée & la dyssenterie. Les amendes de son fruit, préparées de la même manière, produisent le même effet. Ray. Hist. Plant.

COURONNE. s. f. C’est une marque de dignité : ornement que les Rois & les Souverains mettent sur leur tête pour marque de leur pouvoir absolu, & sur tout dans les grandes cérémonies. Corona. L’antiquité la plus reculée ne déféra les couronnes qu’à la Divinité. Bacchus fut un des premiers qui s’en para : après, les Sacrificateurs en mirent sur leurs têtes, & sur celles des victimes. Athénée, L. XV, & Q. Fabius Pictor, L. I, disent que Janus est l’inventeur des couronnes, que c’est lui qui s’en servit le premier dans les sacrifices. Mais Pline, L. XVI, c. 4, dit que c’est Bacchus. Phérécydes, cité par Tertullien, de Coron. c. 7 dit que Saturne est le premier qui se soit couronné ; Diodore, que ce fut Jupiter après sa victoire sur les Titans ; Léon l’Egyptien, qu’Isis se couronna la première d’épics de blé dont elle avoit appris l’usage aux hommes. Il ajoûte que Claudius Saturnius avoit composé un livre des couronnes, où il traitoit de leur origine, de leurs causes, de leurs espèces, & des cérémonies qu’on observoit à cet égard.

Les premières couronnes n’étoient qu’une bandelette dont on se ceignoit la tête, & qui se lioit par derrière, comme on le voit aux têtes de Jupiter qui sont sur les médailles. Voyez-le sur celles des Ptolomées d’Egypte. Les Rois de Syrie sont aussi souvent couronnés de même. Quelquefois on les faisoit de deux bandelettes ; ensuite on prit des rameaux de différens arbres ; puis on y ajouta des fleurs ; & Tertullien, à l’endroit cité, écrit qu’il paroissoit par le Livre de Claudius Saturnius qu’il n’y avoit aucune plante dont on n’eût fait des couronnes. Pline, L. XXI, c. 3, dit que P. Claudius Pulcher fut le premier qui mit aux couronnes une petite lame ou bande de métal. Les Rois Macédoniens de Syrie sont les premiers qui portèrent sur les médailles la couronne rayonnante, radiata. Les couronnes des Dieux étoient différentes. Celle de Jupiter étoit de fleurs ; elle est souvent de laurier sur les médailles ; celle de Junon, de vigne ; celle de Bacchus, de vigne, de raisins, de pampres, de branches de lierre chargées de fleurs & de fruits ; celles de Castor, de Pollux & des Fleuves, de roseaux ; celle d’Apollon de roseaux ou de laurier ; celle de Saturne, de figues nouvelles & fraîches ; celle d’Hercule, de peuplier ; celle de Pan se faisoit de pin ou d’yèble ; celle de Lucine, de dictame ; celle des des Heures, de fruits propres de chaque saison ; celles des Grâces, de branches d’olivier, aussi bien que celle de Minerve ; celle de Vénus, de roses ; celle de Cérès, d’épics, aussi-bien que celle d’Isis ; celles des Lares, de myrte ou de romarin, &c.

Non-seulement les couronnes furent employées pour les statues & les images des Dieux, pour les Prêtres dans les Sacrifices, pour les Rois & les Empereurs, mais encore on couronnoit les autels, les temples, les portes des maisons, les vases sacrés, les victimes, les navires, &c. les Poëtes, ceux qui remportoient la victoire dans les jeux solennels, les gens de guerre qui se distinguoient dans quelque action.

Eusèbe de Césarée commence ainsi le panégyrique qu’il fit à la dédicace de l’Eglise de Tyr en 315. O ! Amis de Dieu & Pontifes, qui portez la sainte tunique, & la couronne céleste de gloire ; paroles qui montrent que les Evêques avoient des habits particuliers & des ornemens, au moins dans l’Eglise, & pour les saints mystères ; d’autant plus qu’il est souvent parlé de leur couronne. Euseb. L. X, c. 3.

Les Empereurs Romains ont quatre sortes de couronnes sur les médailles. 1o. Une couronne de laurier. 2o. Une couronne rayonnée. 3o. Une couronne ornée de perles, & quelquefois de pierreries. 4o. Une espèce de bonnet à peu près semblable à un mortier, ou au bonnet que les Princes de l’Empire mettent sur leur écu.

En France, les Rois de la première Race sa contentoient d’ordinaire d’un diadème d’or : quelques-uns portoient une couronne à pointe, ou radiale, à la manière des Empereurs Romains, comme on le peut voir sur les médailles du bas Empire ; car les Empereurs de la race des Césars ne portoient qu’une couronne de laurier. On remarque sur les monnoies fabriquées sous la seconde Race, que la tête des Rois est toujours couronnée de laurier. Louis VI & Louis VII, de la troisième Race portent une couronne faite en forme de bonnet carré, avec des fleurons ou des fleurs de lis aux extrémités. Le Blanc. Charlemagne fit faire une couronne d’or enrichie de pierres précieuses, & rehaussée de quatre fleurons. On la garde dans le trésor de S. Denis. Sous la II Race, c’étoit la coutume que les Rois dans les grandes fêtes parussent à l’Eglise avec leurs ornemens Royaux, la couronne sur la tête, le sceptre à la main, & revêtus d’un manteau Royal. P. Daniel. Dans le onzième siècle ils la recevoient de la main des Evêques. Ainsi Yves de Chartres témoigne, Ep. 66, 67, 84, que le Roi Philippe reçut une fois à Noël la couronne de la main de l’Archevêque de Tours, & une autre fois à la Pentecôte de quelques Evêques de la Province Belgique. Ce qui n’avoit rien de commun avec le Sacre, puisque Philippe avoit été sacré à Reims l’an 1059, par l’Archevêque Gervais, & que le Sacre ne se faisoit pas deux fois, mais une fois seulement au commencement du règne. On met sur la tête des Rois cette couronne quand on les sacre. Il n’y a que les Rois & les Souverains qui aient droit de porter la couronne sur la tête. Les anciens Ducs, Comtes & Pairs, ou ceux qui les représentent au Sacres des Rois, en portent aussi pendant la solennité seulement. On croit que Charles le Chauve est le premier de nos Rois qui ait accordé la couronne aux Ducs, parce que nos annales disent qu’en 876. étant revenu de Rome à Paris, il y fit Boson son beau-frère Duc de cette Province, en lui mettant sur la tête une couronne Ducale.

Tous les Rois ont une couronne ;
Tous ne la savent pas porter ;
Tous au pouvoir qu’elle donne
Ne savent pas résister. Godeau.

Si vous n’avez pas la couronne,
C’est la fortune qui la donne,
Il suffit de la mériter. S. Evr.

Du Cange dit que l’Empereur recevoit une triple couronne : la première d’argent en Allemagne, la seconde de fer dans le Comté de Milan, & la troisième d’or en divers lieux : & que l’Empereur Frédéric I eut cinq couronnes d’or, la première à Aix-la-Chapelle ; pour le Royaume de France ; la seconde à Ratisbonne, pour celui d’Allemagne, la troisième à Pavie, pour celui de Lombardie, la quatrième à Rome pour l’Empire Romain ; & la cinquième à Monza sur le Lambro dans le Milanois, à trois lieues de Milan, pour le Royaume d’Italie. Au couronnement de Charles-Quint on apporta d’abord la couronne de fer qui est celle du Roi des Lombards, que les Empereurs recevoient anciennement à Milan, & puis ensuite la couronne d’or qui est celle des Empereurs Romains. La Princesse Théodelinde de Bavière ayant fait renforcer d’un cercle de fer la couronne d’or qui fut mise sur la tête d’Agilulphe Roi des Lombards son époux à la cérémonie de son couronnement, qui se fit à Milan l’an 590 ou 591, les Empereurs ont pris de là, selon quelques Auteurs, la coutume de prendre une couronne à leur inauguration, en qualité de Rois des Romains, qui ne s’appelle plus que la couronne de fer, à cause du cercle de fer qui est dedans.

Géliot, dans son Indice Armorial, tient que ce mot de couronne vient de corne, parce que les couronnes anciennes étoient en pointes, & que les cornes étoient des marques de puissance, de dignité, de force, d’autorité & d’empire : & dans la Sainte Ecriture les cornes sont souvent prises pour la Dignité Royale. Corne & couronne en hébreu sont expliqués par le même mot. Couronne corona, vient des Celtes, qui disent Curum & Coron. Pezron. L’invention des couronnes est attribuée par quelques Auteurs à Janus, parce que plusieurs monnoies de Sicile & d’Italie avoient sur le revers l’empreinte d’une couronne & de l’autre côté un Janus à deux têtes, comme le dit Athénée. Charles Paschal, Conseiller d’Etat, a fait un savant ouvrage latin en X livres, de Coronis, imprimé à Paris in-4o. en 1610, & M. Baudelot, dans l’Histoire de Ptolomée Auletes, a fait beaucoup de remarques échappées à Paschal. M. Du Cange a fait une savante & curieuse Dissertation sur les couronnes de nos Rois. Un Allemand, nommé Shmeizell, a fait un Traité sur les couronnes Royales, tant anciennes que modernes.

Couronne antique. C’est une couronne formée par une feuille tournée en cercle, & découpée en grandes pointes jusque vers la base ou cercle qui entoure le front, telles que sont les couronnes des Princes d’Italie. Il y a des espèces d’amaranthe, qui ont les étamines découpées en couronne antique. Dict. de James.

Couronne, en termes de Blason, se dit aussi de la représentation de ces ornemens qu’on met pour timbre aux armoiries, pour marquer la dignité des personnes. Elles sont même plus anciennes que les casques ; & c’étoit autrefois une marque de Chevalerie, & un symbole de victoire & de triomphe. On appelle couronnes rayonnées, ou à pointes, celles des anciens Empereurs, qui avoient douze pointes, qui représentoient, dit-on, les mois de l’année. Corona radiata. On appelle couronnes perlées ou fleuronnées, celles qui ont des perles, des fleurons d’aches ou de persil, comme étoient autrefois presque toutes les couronnes, même celles des Souverains, qui n’ont été mises sur leurs écus que depuis environ deux cens ans. Corona gemmata, florida. Il y en a de plusieurs sortes.

La couronne papale, est composée d’une tiare, & d’une triple couronne qui environne la tiare, laquelle a deux pendans, comme la mitre des Evêques. Ces trois couronnes représentent le Pape comme Souverain Sacrificateur, comme Juge suprême, & comme le seul Législateur des Chrétiens.

Celle de l’Empereur est un bonnet ou tiare avec un demi-cercle d’or, qui porte la figure du monde, cintré & sommé d’une croix. Elle fait voir son bonnet entr’ouvert sur les deux côtés de son cintre, & elle a par le bas deux fanons ou pendans, comme les mitres des Evêques.

Celle du Roi de France est un cercle de huit fleurs de lis cintré de six diadèmes qui se ferment, & qui portent au dessus une double fleur de lis, qui est le cimier de France. Le Roi Charles VIII est le premier qui l’a porté fermée. François I, l’a portée souvent ouverte. Mais depuis Henri II, tous les Rois de France, & même ceux des autres Royaumes, l’ont porté aussi fermée : ce fut Charles VII qui le premier mit la couronne sur l’écusson des fleurs de lis.

Celle du Roi d’Espagne est rehaussée de grands trèfles refendus, que l’on appelle souvent hauts fleurons, & couverte de diadèmes aboutissans à un globe surmonté d’une croix. Philippe II a été le premier des Rois d’Espagne qui ait porté la couronne fermée en qualité de fils d’Empereur.

Celle du Roi d’Angleterre est rehaussée de quatre croix de la façon de celles de Malte, entre lesquelles il y a quatre fleurs de lis. Elle est couverte de quatre diadèmes, qui aboutissent à un petit globe supportant une même croix.

Celles de la plupart des autres Rois sont de hauts fleurons ou grand trèfles, & aussi fermées de quatre, six ou huit cintres, ou diadèmes, & sommées d’un globe croisé.

Celle du Dauphin de France est de même que celle du Roi, à la réserve qu’elle n’est fermée que de quatre diadèmes, formés par quatre Dauphins. Celles des Enfans de France sont ouvertes par le haut, & ont seulement les huit fleurs de lis. Les Princes du Sang Royal portent seulement quatre fleurs de lis, entre lesquelles sont des fleurons. Boniface VIII est le premier des Papes qui a mis trois couronnes sur sa tiare. Ce n’est que depuis cent ans que les Evêques Comtes ont mis des couronnes sur leurs armoiries.

Le Duc de Savoie, qui se qualifie Roi de Chypre, porte sa couronne fermée de deux demi-cercles couverts de perles, & au dessus un globe surmonté de la croix de Saint Maurice, qui est tréflée.

La couronne du Duc de Florence est ouverte, & rehaussée de deux fleurs de lis épanouis, & de pointes & rayons aigus à la façon des couronnes antiques.

Celle des Archiducs a un seul demi-cercle en cintre, garni de perles, qui porte un globe croisé, & est relevée de huit hauts fleurons enfermans un bonnet rond d’écarlate.

La couronne des Electeurs de l’Empire est une espèce de bonnet d’écarlate, & retroussé d’hermines, diadème d’un demi-cercle d’or, tout couvert de perles, sommé d’un globe surmonté d’une croix d’or, que quelques Souverains d’Allemagne s’attribuent aussi.

Les Républiques de Venise & de Gênes ont aussi des couronnes fermées, à cause des Royaumes de Chypre & de Sardaigne.

Les Seigneurs qui ont des terres en principauté, portent la couronne à l’antique ; un cercle d’or rehaussè de douze pointes ou rayons aigus.

La couronne ducale est toute de fleurons à fleurs d’ache, ou de persil.

Celle des Marquis est moitié fleurons & moitié perles alternés.

Celle des Comtes est de perles sur un cercle d’or. On les appelle perles de compte, parce qu’on ne les vend pas au poids ni à l’once, mais selon leur nombre.

Celle des Vicomtes est composée de neuf perles, de trois en trois entassées l’une sur l’autre.

Celle des Barons est une espèce de bonnet avec tortil ou des tours de perles en bandes sur le cercle.

Les Vidames portent aussi des couronnes qui sont d’or, garnies de perles, rehaussées de quatre croix patées, qui marquent qu’ils ont été érigés pour être les appuis de l’Église.

En Italie, nul ne met la couronne sur ses armes, & le doge de Venise seul y met le bonnet Ducal, qu’on appelle ordinairement le corne. En Allemagne toutes les couronnes des dignités sont également faites de feuilles de persil & à bas fleurons. Les couronnes ne sont pas des preuves d’ancienne noblesse, & ceux qui les portent n’ont pas ce droit en qualité de Gentilshommes, mais seulement comme étant Seigneurs des terres qu’ils possèdent, qui ont titre pour les porter.

Le P. Ménestrier, dans les Origines des ornemens des armoiries, prétend que c’est par les monnoies que s’est introduit l’usage de couronner les écussons ; que l’on commença sous Charles VII à faire des gros dont le revers étoit une couronne, sous laquelle il y avoit trois fleurs de lis sans écusson ; que sous Charles VII, on mit la couronne sur l’écusson de trois fleurs de lis dans l’écu d’or, & qu’on a toujours continué depuis ; qu’avant ce Prince, on ne sçavoit ce que c’étoit que de couronner les écussons, parce qu’ils étoient ordinairement penchés ; qu’aucun noble Vénitien, en quelque dignité qu’il soit, ne peut mettre une couronne sur ses armoiries ; que M. le Prince Henri de Condé est le premier des Princes du sang qui a porté la couronne purement de fleurs de lis ; que ce n’est que depuis 100 ans que les Evêques qui sont comtes ont mis des couronnes sur leurs armoiries.

Couronne est aussi un ornement dont on charge les écus des armoiries. L’écu de Suède est chargé de trois couronnes, pour marquer la Suède, la Norwège & le Dannemark. La ville de Cologne porte aussi trois couronnes, en mémoire des trois Rois qu’on prétend y être enterrés. Plusieurs villes d’Espagne portent aussi des couronnes par concessions des Rois.

Couronne se prend aussi figurément comme synonime à Royaume & à la qualité de Souverain. Regnum. Nous sommes venus pour lui ôter la couronne. Agathocle, fils d’un Potier, parvint à la couronne. Cette maison prétend à la couronne de Castille. Charles V renonça à la couronne, abdiqua l’Empire. On paye un droit pour le joyeux avènement du Roi à la couronne. La couronne de France n’est point héréditaire ; elle appartient au premier Prince du sang par la loi du Royaume, sans qu’il soit héritier, ni obligé aux dettes de son prédécesseur. Louis VIII, quoiqu’il ne gouvernât pas par lui-même, a été l’un des plus jaloux des prérogatives de sa couronne. P. d’Orl. C’est un crime impardonnable que d’avoir touché à la couronne, & avancé la main pour la saisir. De Larrey.

La plus belle couronne.
N’a que de faux brillans dont l’éclat l’environne. Corn.

Plus la haute naissance approche des couronnes,
Plus cette grandeur même asservit nos personnes. Id.

On dit traiter de couronne à couronne, pour dire, traiter de Souverain à Souverain. On le dit aussi figurément & par manière de raillerie, en parlant des personnes particulières, lorsqu’un inférieur veut traiter avec son supérieur, comme s’il étoit son égal. Acad. Fr.

Couronne signifie aussi le corps de l’Etat représenté par le Souverain. Regnum. Il y a eu souvent rupture entre ces deux couronnes. Les biens de la couronne sont inaliénables, & avec le temps sont réunis à la couronne. Le Prince est indispensablement obligé de maintenir les droits de la couronne, dont il n’est que le dépositaire. Le Roi d’Espagne a perdu un des plus beaux fleurons de sa couronne, en perdant la Hollande. Le Connétable, le Chancelier, sont des Officiers de la couronne. Les Secrétaires du Roi se disent Secrétaires de la maison & couronne de France, & des finances.

Couronne Royale, Ordre de Chevalerie. Ordo militaris à corona regia nuncupatus. On prétend qu’il fut institué par Charlemagne. Les Chevaliers portoient sur l’estomac une couronne en broderie d’or. L’Abbé Justiniani en parle, T. I, c. 14, & le P. Hélyot, P. I, c. 33, p. 271. Cet ordre s’appelle l’ordre de la couronne, ou les Chevaliers Frisons ou de Frise ; il fut institué l’an 802. Ils portoient une couronne impériale dorée sur un habit blanc. Voyez Frise. Cet ordre n’a existé que dans l’imagination de quelques écrivains modernes. Voyez le premier tome de l’Histoire des Ordres Religieux par le R. P. Hélyot ; mais il y a eu un véritable ordre de la couronne, institué par Enguerrand VII, Sire de Couci, & Comte de Soissons. Voyez Dom Duplessis, Hist. de Couci, p. 88, 89.

Il est fait mention de cet ordre dans des lettres de confirmation que Louis, Duc d’Orléans, accorda aux Pères Célestins de Villeneuve, après qu’il eut acheté la terre de Couci, & le Comté de Soissons. Ces lettres sont insérées dans le Cartulaire de la Chambre des comptes de Blois, de l’an 1393, fol. 34. vo. Il se trouve un sceau de ce Prince à la Chambre des Comptes de Blois où il est représenté, tenant une couronne renversée, attachée au bras droit à une courroie passée dans une boucle. On voit aussi ses armes au château de Blois & à l’Hôtel de Ville, au bas desquelles il y a aussi une couronne renversée. Cette couronne pourroit être la marque de l’ordre de la couronne, institué par Enguerrand de Couci, que le Duc d’Orléans auroit conservé après être devenu Seigneur de Couci & de Soissons. P. Hélyot, T. VIII, C. 39.

Couronne se dit, par extension, de plusieurs ornemens qu’on met sur la tête pour marques d’honneur ou de réjouissance. Corona. Constantin mit, pour ainsi dire, la couronne sur la tête de l’Église. Herman. On donne aux guerriers des couronnes de laurier, aux amans, de myrrhe ; aux buveurs, de lierre. Les bergers portent des couronnes de fleurs dans leurs fêtes. Quand l’Arioste eut reçu la couronne des mains de Charles V, il fut si transporté, qu’il courut toute la ville, plus furieux que son Roland. Henry Lorit ayant été couronné par Maximilien I, recevoit les étrangers qui le venoient voir dans une salle magnifique assis dans un fauteuil qui lui servoit de trône, la couronne sur la tête, sans leur faire l’honneur de leur dire un seul mot.

Chez les Romains, il y avoit diverses couronnes pour récompenser les exploits militaires. La couronne ovale étoit la première ; elle étoit faite de myrte, & se donnoit aux Généraux qui avoient vaincu des ennemis indignes d’exercer la vaillance romaine, & à qui on décernoit les honneurs du petit triomphe appelé ovation. Ovalis. La seconde étoit la navale ou rostrale, qui étoit un cercle d’or relevé de proues & de poupes de navires qu’on donnoit au Capitaine ou soldat qui, le premier avoit accroché ou sauté dans un vaisseau ennemi. Navalis vel rostrata. La troisième, nommée vallaire ou castrense, étoit aussi un cercle d’or relevé de paux où de pieux, que le Général donnoit au Capitaine ou soldat, qui le premier avoit franchi le camp ennemi, & forcé la palissade. Vallaris, castrensis. La quatrième, murale, étoit un cercle d’or crénelé, qui se donnoit à celui qui, le premier avoit monté sur la muraille d’une ville assiégée, & y avoit arboré l’étendart. Muralis. C’est aussi sur les médailles, l’ornement des Génies & de Déités qui les protègent. C’est pourquoi Cybèle, la Déesse de la terre, & tous les génies particuliers des Provinces & des Villes, portent des couronnes tourelées. La cinquième, civique, étoit faite d’une branche de chêne vert, qui se donnoit à un citoyen qui avoit sauvé la vie à un autre citoyen dans une bataille ou dans un assaut. Civica. Elle étoit fort estimée, & fut même donnée à Auguste, & il en fut fait des monnoies avec cette devise, ob cives servatos. On la donna aussi à Cicéron après qu’il eut découvert la conjuration de Catilina. La sixième étoit la triomphale faite de branches de laurier, qui se donnoit au Général qui avoit gagné quelque bataille, ou conquis quelque province. Triumphalis. On la fit d’or dans la suite. La septième étoit l’obsidionale ou graminée, parce qu’elle se faisoit de gramen, ou des herbes qui se trouvoient sur le terrain. Obsidionalis vel graminea. Elle se donnoit aux Généraux qui avoient délivré une armée romaine assiégée des ennemis, & qui les avoient obligé à décamper. La huitième étoit aussi une couronne de laurier, que les Grecs donnoient aux Lutteurs, & les Romains à ceux qui avoient ménagé ou confirmé la paix avec les ennemis ; c’étoit la moins estimée. Laurea. Les couronnes radiales se donnoient aux Princes, lorsqu’ils étoient mis au rang des Dieux, soit devant, soit après leur mort ; cette sorte de couronne n’étant propre qu’à des Déités, dit Casaubon, je ne prétens pas néanmoins faire de cela une maxime constante ; mais aucun Empereur vivant ne l’a prise avant Néron. Les couronnes Athlétiques étoient destinées à couronner ceux qui remportoient le prix aux jeux publics. On voit la couronne d’ache des jeux istmiens sur une médaille de Néron. Adrien, en faveur d’Antinous, en fit faire une de Lotus à laquelle il donna son nom Αντινοεια, qui se trouve sur des médailles. Il y a des couronnes Sacerdotales ou Pontificales pour les Prêtres. Les Déités ont des couronnes particulières, Bacchus est couronné tantôt de pampre, tantôt de lierre. Hercule en porte une d’un feuillage semblable au lierre. Cérès en porte une d’épics de blé. Flore en porte une de fleurs. P. Jobert. Jupiter est couronné d’un diadème, ou de laurier. Enfin, on se couronnoit de fleurs, de roses, & sur-tout de myrrhe & de lierre dans les festins & dans les parties de divertissemens, tant chez les Grecs que chez les Romains, comme on le voit si souvent dans Anacréon & dans les autres Poëtes. Quoique tous les noms des couronnes dont nous avons parlé soient latins, nos antiquaires & nos médaillistes ne font point de difficulté de s’en servir, ils les emploient tous, & ils sont devenus François. Voy. les Sciences des médailles, par le P. Jobert, Jésuite, p. 269 & suiv. de la dernière édition.

Sur les médailles, les couronnes des Empereurs, depuis Jules César, sont ordinairement de laurier, le droit de les porter lui fut accordé par le Sénat, & depuis continué à les successeurs. Justinien est le premier qui a pris une espèce de couronne fermée, qui tantôt est plus profonde en forme de bonnet, & tantôt plus plate, approchant du mortier de nos Présidens, excepté qu’il est surmonté d’une croix, & souvent bordé de perles à double rang. C’est ce que M. du Cange appelle Camelaucium.

En termes de Théologie, on dit la couronne de gloire, ou la couronne du ciel ; pour dire la béatitude éternelle. Corona gloriæ, corona cælestis. La couronne du Martyre ; pour dire la récompense certaine qui est due aux Martyrs. Laurea Martyrum. Voyez le Jésuite Rosweid dans son savant Onomasticon. On orne aussi la tête des saints d’une couronne de rayons, quand ils sont canonisés. Corona radiata. Les Historiens parlent de la couronne d’épines dont Jesus-Christ fut couronné. Corona spinea. Ils assurent que Baudouin, Empereur des Latins à Constantinople, en fit un présent à Saint Louis, qui la fit transporter en France avec beaucoup de pompe & de cérémonie. Il en distribua dévotement quelques morceaux aux églises qu’il affectionnoit. On la conservoit avec vénération dans la Chapelle Impériale à Constantinople. Cependant aucun Auteur plus ancien que le XIIe siècle n’en a parlé. Cet Auteur affirme qu’elle subsistoit de son temps, & que les épines en étoient toujours vertes. Hist. de S. Louis. S. Louis dégagea à les frais la couronne d’épines de N. S. & un morceau considérable de la vraie croix, & d’autres précieuses reliques, qui avoient été engagées par Baudouin, Empereur de Constantinople, pour une très-grosse somme d’argent. La couronne d’épines fut quelque temps après apportée en France, & placée dans la Sainte Chapelle, où l’on la garde encore aujourd’hui, comme un des plus riches trésors qu’il y ait dans le monde. P. Daniel, T. 2, p. 30. Elle est enfermée dans une chasse qui est derrière l’autel, soûtenue de quatre colonnes. Quelques auteurs, après Clément Alexandrin, prétendent qu’elle étoit de ronce, ex rubo. D’autres, qu’elle étoit de burgépine, ou nerprun, ex rhamno. D’autres, d’épine blanche, & d’autres, de jonc marin. Ceux qui l’ont vu à la Sainte Chapelle sont de ce dernier sentiment.

Couronne se dit aussi de la tonsure cléricale que l’on fait sur le haut de la tête des Ecclésiastiques. C’est un petit rond de cheveux qu’on rase au sommet de la tête, qu’on fait plus ou moins grand, selon la dignité des Ordres qu’on a reçus. Corona Clericorum. Celle de Clerc est la plus petite. Celle des Prêtres & des Moines est la plus grande. Une couronne monacale. La couronne cléricale n’étoit autrefois qu’un tour de cheveux, qui représentoit véritablement une couronne ; on le remarque aisément dans plusieurs statues & autres monumens anciens. Quelques Religieux la portent encore ainsi, comme ceux de S. Dominique & de S. François. Grégoire de Tours dit que S. Pierre Apôtre fut Auteur de cette couronne, en mémoire de la couronne d’épines de N. S. On appelle en quelques rituels la première tonsure, Benedictio coronæ. Voyez Ratrame dans son IIe Livre contre les Grecs, c. 5, où il parle de la couronne cléricale. Anciennement on coupoit les cheveux en forme de couronne aux Religieuses & aux Vierges qui se consacroient à Dieu. Il y en a un exemple du septième siècle dans l’Histoire des Chanoinesses de Nivelle. Voyez le P. Hélyot, T. VI, c. 54.

Couronne, en termes d’Anatomie, c’est la base du gland. On remarque autour de la couronne, des corps gros comme une soie fine de porc, longs d’une demi-ligne, de figure presque cylindrique, posés parallèlement sur cette couronne, selon la direction du gland, & éloignés les uns des autres d’un tiers de ligne. On entrevoit à l’extrémité postérieure de chacun des corps, un petit trou par où j’ai souvent fait sortir une matière blanche & épaisse, qui, en sortant, se forme en filets, comme celle qu’on exprime des glandes des paupières. Ce qui prouve évidemment que les petits corps de la couronne du gland sont des glandes, aussi bien que celles des paupières, & non pas des mamelons de la peau gonflés, comme quelques-uns croient, puisqu’il ne sort aucune matière par les mamelons de la peau. Littre, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 308.

Couronne est aussi un petit chapelet qu’on dit à l’honneur de la Vierge, qu’on appelle la couronne. Corona Beatæ Virginis.

En termes de guerre, on appelle ouvrage à couronne, ou ouvrage couronné, ou couronnement, des dehors avancés vers la campagne pour éloigner l’ennemi, & couvrir d’autres ouvrages de la place. Opus coronatum. Cet ouvrage est composé de deux demi-bastions aux extrémités, d’un bastion entier au milieu, avec deux courtines.

Couronne, en termes d’Architecture, se dit de la partie plate, supérieure, & la plus avancée de la corniche, qu’on nomme autrement larmier, gouttière, ou mouchette. Corona.

Couronne, terme de Charpenterie & d’autres Arts. On appelle couronne de pieu, la tête d’un pieu qui est souvent garnie d’un cercle de fer, pour l’empêcher de s’éclater quand on l’enfonce.

Couronne, en Géométrie, est un plan terminé ou enfermé par deux circonférences parallèles de cercles inégaux ayant un même centre, & qu’à cause de cela on appelle cercles concentriques. Circuli quitus commune centrum est.

Couronne, terme d’Astronomie. Corona. Il y a deux constellations de ce nom. La couronne septentrionale, est une constellation de l’hémisphère septentrional, composée d’environ vingt étoiles. La couronne septentrionale est entre le Dragon, Hercule, le Serpent & Bootes : cette couronne est un amas d’étoiles en forme de couronne. La couronne méridionale, est une constellation de l’hémisphère méridional, composée de treize étoiles.

En termes de Verrerie, on appelle couronne, une espèce de petit dôme qui porte sur les arcades du four. Tholus.

Couronne foudroyante, c’est une couronne remplie de feux d’artifice, dont on se sert dans les sièges contre les ennemis. Corona fulminea.

Couronne, petite monnoie d’argent d’Angleterre, que les Anglois nomment Crowon, & que les François prononcent Corone ; c’est comme qui diroit à Paris un écu blanc. La couronne vaut cinq schelings, c’est-à-dire, trois livres 15 sous de France.

Couronne, c’est aussi une monnoie d’argent de Dannemarck.

Couronne, terme de Papetier, papier qui a pour marque une couronne. Papyrus coronæ signo impressa. Donnez-moi du papier à la couronne.

Couronne, en termes de Manège, est une marque, qui demeure à un cheval qui s’est si fort blessé au genou, que le poil en est tombé, soit par chûte, soit autrement

Couronne est aussi la partie la plus basse du paturon du cheval qui règne le long du sabot, qui se distingue par le poil, qui joint & qui couvre le haut du sabot. Equinæ suffraginis corona.

Couronne, en termes de Fauconnerie, est le duvet qui couronne ou environne le bec de l’oiseau à l’endroit où il se joint à la tête. Faultr. Rostri orbiculus, corolla.

Couronne, en termes d’Orfèvre, est la partie d’une lampe d’Eglise qui porte le verre. Circulus.

Couronne ardente, terme de Fleuriste, tulipe blanche & par le milieu de couleur d’agriote ; printanière. Morin.

Couronne impériale. Plante à qui on a donné ce nom, parce que ses fleurs sont disposées, pour ainsi dire, en couronne surmontée d’un bouquet de feuilles. Lilium persicum, Corona imperialis. C’est une plante bulbeuse qui a ses fleurs pareilles à celles du lis ordinaire. Sa racine est une bulbe épaisse, arrondie, blanchâtre, composée de plusieurs membranes ou tuniques collées les unes sur les autres ; & d’une odeur désagréable ; elle pousse quelques feuilles approchantes de celles du lis blanc. Entre ces feuilles s’élève une tige grosse comme le doigt, arrondie, lavée d’un pourpre foncé, haut de trois piés environ, & garnie de feuilles placées sans ordre & plus petites que celles du bas. Ses fleurs ne différent de celles du lis blanc que par la couleur & par la figure du fond de ces mêmes fleurs. On trouve le plus souvent six pétales à chaque fleur, & ces fleurs sont toujours penchées & disposées en manière de couronne à l’extrémité de la tige, qui est surmontée par un toupet de feuilles plus larges que celles de la tige. Le pistil devient un fruit divisé en trois loges qui renferment chacune deux rangs de semence. Il y a des Couronnes impériales à fleurs jaunes & à fleurs rouges, celles-ci sont les plus ordinaires. Celles qui donnent double rang de fleurs, ou des fleurs doubles, sont les plus rares.

Cette plante fleurit au mois d’Avril. Elle est encore appelée le Lis Royal ; ses fleurs ressemblent à des lis, bien qu’elles n’aient pas les bords renversés, & qu’ils ne s’écartent pas tant à l’ouverture. Elles ne viennent pas toujours dans un nombre égal, quelquefois il en fleurit peu, & quelquefois beaucoup. L’ordre & l’arrangement de son tour change aussi-bien que la couleur de ses fleurs. Il y en a à un, à deux & à trois étages. Chaque feuille de cette fleur a dans le fond une certaine humeur aqueuse, qui forme comme une perle très-blanche, qui distille peu à peu des gouttes d’eau très-nettes & très-claires. Voyez Morin, de la Culture des fleurs. La couronne impériale ne veut de soleil que médiocrement, une terre à potager, la profondeur & la distance de quatre doigts. Comme l’oignon n’a point de robe, & qu’il est fort tendre, il ne faut le lever de terre que pour en détacher les cayeux ; ce qui se fait au mois de Septembre ; & on les replante aussi-tôt. Si on les veut tenir hors de terre, il faut les serrer dans des boîtes & les envelopper dans du papier. Morin.

Dans un Recueil de Dissertations critiques sur des endroits difficiles de l’Ecriture, &c, imprimé à Paris en 1715, l’Auteur montre dans la IIe Dissertation que si c’est une fleur qui se voit au revers de quelques médailles d’Hérode I, c’est une fleur de couronne impériale ; que la couronne impériale est le Lis de l’Ecriture, ou le שושן des Hébreux, qui croissoit dans la Terre-Sainte ; qu’elle nous est venue de Perse ; qu’on l’y appelle Thusai ; que ce sont les Turcs qui l’en ont apporté ; & que de Constantinople elle a passé dans ces pays-ci ; que les Arabes ont porté son nom en Espagne, & l’ont donné au Lis qu’on y appelle Acucena ; que le Thusai des Perses est le Lis Royal des Anciens, & que le Lis Royal est la couronne impériale ; que c’est le lilium repandum de S. Jérôme dans la Vulgate ; & enfin que l’eau qu’elle distille est la myrrhe que Salomon dit distiller du שושן ou du Lis des Hébreux. Cant. v. 13. Voyez cette Dissertation.

Couronne, en termes de Physique, se dit d’un météore qui paroît en forme de cercle lumineux autour du soleil & de la lune, quand leur lumière est réfléchie sur des nuées médiocrement épaisses. Corona. Les couronnes sont ordinairement de quatre & cinq degrés de diamètre ; mais quand le ciel est serein, elles en ont jusqu’à 45. Elles sont terminées à l’extérieur par une couleur rougeâtre-obscur. A l’intérieur elles tirent un peu sur le bleu. M. Mariotte, dans son IVe Essai de Physique, dit que les grandes couronnes qui se voient autour du soleil & de la lune sont causées par de petits filamens de neige médiocrement transparents, qui ont la figure d’un prisme triangulaire équilatéral.

Couronne, en termes de Jardinage, se dit de certaines grosses branches à l’extrémité & autour desquelles sont crues plusieurs autres petites branches par la malhabileté de ceux qui conduisent les arbres : alors on dit ironiquement, voilà de belles couronnes. Cet arbre ne manque point de couronnes. Liger. Arbor bene coronata.

☞ On emploie aussi ce mot dans les descriptions de Botanique. Coronula, petite couronne en forme de godet qui s’observe au bout de quelques semences. Cette partie forme un calice propre à chaque fleuron.

☞ Il y a aussi une manière de greffer, que les jardiniers appellent greffer en couronne. Voyez Greffer.

Couronne d’Ethiopie, nom d’une des espèces de coquillages marins. Corona Æthiopiæ. Une couronne d’Ethiopie brune. Gers.

Couronne Papale, nom d’une espèce de coquilles. Voyez Coquille.

COURONNEMENT. s. m. cérémonie dans laquelle on met la couronne sur la tête des Souverains. Coronæ impositio, Regis inauguratio. Voyez sur le couronnement de nos Rois Du Tillet, & Lymnæus, I, II, C. 4. Charles-Quint, à son couronnement parut d’abord sous l’habit d’un Chanoine de Sainte Marie de la Tour de Rome ; ensuite il prit l’habit religieux de Diacre, & enfin il se revêtit de ses habits impériaux. Ce fut sous ce dernier habit qu’il fut sacré. Larrey. Les cérémonies anciennes & modernes du couronnement des Rois de Hongrie sont décrites dans la VIe partie de l’Histoire des Troubles de Hongrie, imprimée à Paris en 1688.

Le couronnement de la Sainte Vierge, est une cérémonie pratiquée le jour du Samedi saint dans l’Ordre des Servites. Calliste III & Innocent VIII permirent aux Religieux de cet Ordre de célébrer le même jour une messe solemnelle. Pie V abolit cette pratique. P. Hélyot, T. III, p. 301.

Couronnement, en termes d’Architecture, est la partie supérieure du bâtiment, qui termine un ouvrage. Coronis. On appelle aussi couronnement d’une voûte, le plus haut de l’extrados d’une voûte, pris au vif de la clé. Testudinis conclusura.

Couronnement, en termes de Marine, se dit du haut de la poupe d’un vaisseau, où sont les ornemens de menuiserie, & de sculpture, pour l’embellissement de l’arrière. Ornamenta, coronis.

Couronnement, en Serrurerie, est un grand morceau de fer à jour qui sert d’ornement au dessus d’une porte de clôture de chœur d’Eglise, ou de cour, ou de jardin. Coronis, ornamenta. Il est composé d’enroulemens, de feuillages, d’armes, de chiffres, &c. Les Serruriers appellent aussi couronnement de ferrure, certains ornemens qui se mettent sur l’écusson, & au dessus de l’ouverture. En général couronnement dans les Arts, se dit de quelque partie de l’ouvrage qui est au dessus des autres.

Couronnement du chemin couvert. C’est dans l’attaque des places, le logement qu’on fait sur la haut des glacis, qui enferme ou couronne toutes les branches du chemin couvert du front de l’attaque. Encyc.

Couronnement, en termes de Jardinage, est la même chose que couronne. Cet arbre étêté repoussera du tronc, au dessous de l’endroit où il avoit poussé ses branches, un grand nombre de jets ou au couronnement, ou vers le couronnement. Dodart, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 139. Le maronnier d’Inde pousse du couronnement, & l’orme près du couronnement. J’ai coupé 96 jets au couronnement d’un maronnier d’Inde de deux pouces de diamètre. Id.

Couronnement est aussi un terme d’Accoucheur & de Sage-femme. C’est l’entrée extérieure de la matrice. Uteri ora exterior. On appelle cette entrée couronnement, parce qu’au moment que la femme accouche, cet endroit entoure la tête de l’enfant en manière de couronne. On dit, l’enfant est au couronnement.

☞ Il ne faut pas imaginer qu’il y ait aucune partie du corps humain qui s’appelle ainsi ; c’est une position de l’enfant, lorsqu’il est sur le point de venir au monde, dans laquelle l’orifice de la matrice lui embrasse la tête.

Couronnement se dit figurément de la perfection d’un ouvrage. Coronis, operis perfectio, absolutio. Cette dernière action qu’il fit fut le couronnement de l’œuvre. C’est le couronnement de la doctrine. Pasc.

COURONNER, v. a. mettre une couronne sur la tête. Alicui coronam imponere, aliquem coronare, Regem inaugurare. On couronne le Roi, lorsqu’on le sacre. Pétrarque, voulut être couronné à Rome dans l’endroit même où l’on a coutume de couronner les Empereurs.

Couronner signifie aussi, donner un Royaume, faire Roi ou Reine. Regem vel Reginam facere. Une Reine qui épouse un Prince le couronne, le fait Roi : de même un Roi qui épouse une femme, quelle qu’elle soit, la fait Reine : cela n’est pas toujours vrai, le Prince Georges de Dannemark, n’étoit pas Roi d’Angleterre, quoiqu’il eût épousé Anne, fille du Roi Jacques Second, & reconnue Reine d’Angleterre.

Le fier Assuerus couronne sa captive,
Et le Persan superbe est aux piés d’une Juive. Racine.

Couronner se dit pour environner. Circumdare, circumsepire. L’Île de Sancien a un très-beau port tout couronné de montagnes. Bouh. Xav. L. VI.

Couronner se dit simplement pour orner, embellir. Ornare. Se couronner. Ornare se, effulgere : mais c’est toujours par quelque ressemblance à une véritable couronne.

La nuit d’après cette tempête,
Le Ciel, favorable à nos vœux,
Se couronna des plus beaux feux
Qu’on eût jamais vu sur sa tête. P. Le M.

Couronner se dit aussi de la gloire dont la Majesté Divine est environnée de toutes parts. Circumdatus, fulgens gloria.

O Dieu, que la gloire couronne,
Dieu, que la lumière environne. Racine.

Couronner se dit aussi des couronnes de fleurs qu’on met sur la tête en des fêtes & des réjouissances. Coronare. Dans cette fête pastorale les Bergers & les Bergères furent couronnés de fleurs. On couronnoit les victimes de fleurs dans les anciens sacrifices. J. C. fut couronné d’épines. Alexandre couronna le tombeau d’Achille.

Couronner signifie aussi, mettre une couronne sur des Armoiries. ☞ Graver une couronne pour ornement, ou pour marque de dignité. Coronam scuto addere, scuto coronam imponere, scutum coronâ ornare. Il a couronné son Ecu d’une couronne de Comte.

Couronner signifie figurément, récompenser par des marques d’honneur, ou autrement. Mercedem laborum tribuere, persolvere, dare. Les éloges & les panégyriques sont faits pour couronner la vertu. Les Martyrs & les Saints seront couronnés d’une gloire éternelle. L’innocence de cette fille a été reconnue, & a été enfin couronnée par les récompenses qu’elle a reçues. Dieu couronne en secret l’innocence des justes. Port-R. L’amour ne manque guère de couronner ceux qui lui sont fidèles. Voit. Quelle apparence que Dieu ait voulu se cacher à cette suite d’excellens hommes, qu’on nomme Saints, dont la course s’est passé à méditer sa parole jour & nuit, & à suivre non-seulement ses préceptes, mais ses conseils, par une vie semblable à celle des Anges, couronnée quelquefois d’une mort encore plus précieuse à ses yeux ? Péliss.

Ma vertu pour le moins ne me trahira pas :
On la verra brillante au bord du précipice,
Se couronner de gloire en bravant le supplice. Corn.

Un grand cœur cède un trône, & le cède avec gloire ;
Cet effort de vertu couronne sa mémoire. Id.

Ses vertus seront couronnées. Racine.

Le célèbre Rousseau a dit couronner des vœux, pour remplir, satisfaire des désirs.

Mais Monsieur votre père, ami de son argent,
A couronner vos vœux est un peu négligent.

Couronner se dit figurément, pour apporter la dernière perfection. Perficere, absolvere. Il a couronné sa vie par une fin glorieuse. Finir glorieusement. La victoire s’avançoit à grands pas, pour couronner ses triomphes. Vaug. Cette action couronne toutes les autres.

On dit proverbialement que la fin couronne l’œuvre ; pour dire, que la vertu parfaite doit persévérer jusqu’à la fin. Finis coronat opus.

Couronner, en termes d’Architecture, c’est terminer un ouvrage ou une décoration, avec amortissement. Coronidem, fastigium, apicem operi imponere.

☞ En termes de Jardinage, on dit que des arbres se couronnent, quand ils vieillissent & qu’ils se dessèchent par la tête.

Couronné, ée. part. Coronatus.

Au desir de régner sans cesse abandonné,
Tout lui déplaît ici, n’étant point couronné. Campistron.

Couronné, en termes de Blason, se dit des lions, du casque & des autres choses qui ont une couronne. Coronatus.

On appelle les Têtes couronnées, les Rois & l’Empereur. Reges. On met la République de Venise au rang des Têtes couronnées, à cause du Royaume de Chypre sur lequel elle présend avoir droit pour l’avoir long-temps possédé.

On appelle une plaine couronnée de montagnes, quand elle en est environnée. Continuis montibus cincta planities. La ville de Rhodes est couronnée de divers petits coteaux. Les écus d’or de France ont été appelés autrefois couronnés, & c’est un nom qu’ils retiennent encore chez les étrangers.

☞ En termes de fortification, on appelle ouvrage à couronne, un ouvrage avancé vers la campagne, en forme de couronne, pour défendre les approches d’un place.

On dit, en termes de Jardinage, qu’un arbre est couronné ; c’est-à-dire, qu’il est sur son retour, & qu’il ne pousse plus de bois qu’à l’extrémité de ses branches. Vetula arbor.

On appelle cheval couronné, un cheval qui s’est souvent blessé aux genoux en tombant, & à qui le poil du genou est tombé.

COURONNÉE. s. f. sorte de rime ancienne. La rime étoit formée sur les dernières syllabes répétées du pénultième mot de chaque vers. En voici un exemple tiré de Marot :

La blanche colombelle belle,
Souvent je vais priant criant ;
Mais dessous la cordelle d’elle,
Me jette un œil friand riant.

COURONNURE. s. f. terme de Chasse, qui se dit de sept ou huit menus cors au sommet de la tête du cerf rangés en guise de couronne. Cervini cornu coronatus apex.

COUROU, s. m. Monnoie de compte, dont on se sert dans les États du Grand Mogol. Le courou de roupies fait cent mille lacks de roupies, & le lack cent mille roupies.

COUROUK, en Perse, est une défense de se trouver sur le chemin, par où le Roi doit passer avec ses femmes. Tous les hommes sont obligés d’abandonner leurs maisons, & de s’enfuir dans un quartier éloigné, ou à la campagne. Si un homme osoit seulement les regarder, il seroit puni de mort. Les Rois de Perse exercent encore cette tyrannie de faire de temps en temps Courouk de volailles, de poissons, & autres denrées de leur goût ; & quand il y a Courouk de quelque