Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 1/671-680

Fascicules du tome 1
pages 661 à 670

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 1, pages 671 à 680

pages 681 à 690


& consumés presque de trois quarts, & rayés apparemment par leur frottement mutuel, plutôt que par érosion. Mais il faut remarquer que les autruches avalent le fer, de même que les autres oiseaux avalent les cailloux, pour aider à broyer leur nourriture, & non pas pour s’en nourrir & pour le digérer, comme ont cru les Anciens : au contraire elles meurent quand elles en ont beaucoup avalé. Diodore Sicilien appelle les autruches, des Cerfs-oiseaux.

Le P. de Urreta, dans son Histoire d’Ethiopie, p. 45, prétend que les Anciens ont appelé les autruches Pégases ; & que comme cet oiseau a des ailes, qu’il étend quand il court, & qu’il y en a qui ont des oreilles de cheval ; tout cela a donné occasion à la fable du cheval ailé nommé Pégase. Le même Auteur dit, Liv. I, ch. 26, qu’il est douteux si c’est un oiseau, parce qu’il a des ailes ; ou un animal terrestre, parce qu’il a des pieds de chameau ; que c’est pour cela qu’on l’appelle struthio camelus, c’est à-dire, selon Isidore, Liv. XII, Etym. ch. 17, parce que c’est un animal terrestre qui a des plumes comme les oiseaux. Il y en a une quantité prodigieuse en Ethiopie, & les Ethiopiens les nomment Aostros, & c’est apparemment de-là que s’est formé le nom espagnol Abestruz, & le nom François Autruche. Elle pond au mois de Juin, met ses œufs en terre, les couvre de sable, & les abandonne ; c’est le soleil qui les fait éclore. Ceux du pays disent, au rapport de Marmol, qu’elle a si peu de mémoire qu’elle les oublie ; mais qu’en courant çà & là, les femelles les couvent aux lieux où elles les rencontrent. Il est bien plus naturel de dire que l’autruche étant d’un poids énorme, elle romproit ses œufs si elle les couvoit comme les autres oiseaux ; ainsi, par un instinct naturel, elle laisse au soleil le soin de faire éclore ses petits. C’est pour cela que l'autruche est un symbole de cruauté & d’oubli. Cet animal, dit Marmol, est fort simple, & si sourd qu’il n’entend rien. Il dit qu’elle pond dix ou douze œufs de la grosseur d’une grosse boule, & quelques-uns moindres. Les Ethiopiens mangent ces œufs, & les tiennent pour un mets délicieux. On dit qu’ils font des vases des coques de ces œufs ; Pierius dit même qu’ils en font des bonnets qu’ils portent, & qu’ils estiment. La chair de l’autruche, dit encore Marmol, put, & est gluante, particulièrement celle des cuisses ; mais tous les peuples de Numidie ne laissent pas d’en manger. Quand ils ont pris des petits, ils les élèvent, les engraissent, & les mènent paitre en troupes par les déserts : lorsqu’ils sont gras, ils les tuent & les salent. La propriété qu’on lui attribue, de digérer le fer, a fait qu’on a pris l’autruche pour le symbole de la patience dans les injures. On en fait encore le symbole de la justice, parce que toutes ses plumes, dit-on, sont égales, au lieu que dans les autres oiseaux, les unes sont petites, les autres sont grandes ; ou parce que le tuyau est justement au milieu de la plume.

On dit figurément à un homme qui mange beaucoup, ou des viandes difficiles à digérer, qu’il a un estomac d’autruche. Le P. Vanslebe, dans sa Relation d’Egypte, rapporte à la page 103, une chose fort particulière, en parlant des autruches. J’ai lu, dit-il, dans un vieux manuscrit Arabe, intitulé Giauharet Innefisse, que lorsque cet oiseau veut couver ses œufs, il ne se met pas dessus, comme font les autres ; mais le mâle & la femelle les couvent avec leur regard seulement, & lorsque l’un des deux a besoin d’aller chercher sa nourriture, il avertit son compagnon par son cri, & celui-ci reste, & continue à regarder les œufs, jusqu’à ce que l’autre soit revenu ; & de même encore quand celui-ci a besoin à son tour d’aller chercher sa nourriture, il avertit de la même manière son compagnon, afin qu’il demeure, & afin qu’incessamment l’un d’eux soit toujours pour regarder les œufs, jusqu’à ce que les poussins soient éclos. Car s’ils discontinuoient un moment, ils se corromproient, & ils n’auroient aucun poussin.

☞ AUTRUI. s. m. Sans pluriel, ou pronom indéfini, sans genre ni nombre, qui signifie les autres personnes. Il ne s’applique jamais qu’aux personnes, & il est plus général que autre.

☞ Quelques-uns regardent ce mot comme vieux, & disent toujours autres pour autrui. Mais ce n’est pas parler françois que de dire autres, en beaucoup d’endroits, où il faut dire autrui. Par exemple, il ne faut pas désirer le bien des autres, est très-mal dit, il faut dire le bien d’autrui. Autre a relation aux personnes dont on a déjà parlé. Comme si je disois, il ne faut pas ravir le bien des uns, pour le donner aux autres, je dirois bien ; mais je parlerois très-mal en disant pour le donner à autrui. Parce que quand il y a relation de personnes, il faut dire autres, & quand il n’y en a point, il faut dire autrui. D’ailleurs, autre s’applique aux personnes & aux choses ; mais autrui ne se dit que des personnes, & toujours avec une préposition dont il est le complément. Envier le bien d’autrui. Ne fais à autrui que ce que tu voudrois qui te fût fait à toi-même. Être logé chez autrui. Vous autres galans, vous jugez d’autrui par vous-mêmes. Scarr.

Un cœur noble est content de ce qu’il trouve en lui,
Et ne s’applaudit point des qualités d’autrui.
Ce n’est que l’air d’autrui qui peut déplaire en moi.

Boil.
.

Cependant qu’il tente lui-même
Ce qu’il peut faire par autrui. Malherbe.

C’est-à-dire, par tout autre que lui.

☞ Dans les Lettres de Chancellerie on met toujours cette clause, sauf en autres choses notre droit, & l’autrui en toutes. Dans cette phrase l’autrui signifie par ellipse, le droit d’autrui.

Ménage dérive ce mot du génitif alterius, en transposant les lettres, dont les Italiens ont fait aussi altrui.

On dit proverbialement, le mal d’autrui n’est que songe ; pour dire, ne nous touche guère. Qui s’attend à l’écuelle d’autrui, souvent dine mal. On dit aussi, le bien d’autrui n’est pas à nous.

AUTUN. Augustodunum, Augusta Æduorum, Hedua, Ædua, Civitas Æduorum, Bibracee. Ville ancienne de Bourgogne. Autun est fort ancien. Le premier Auteur qui en parle, est Pomponius Mela : Tacite en fait mention comme d’une ville très-considérable sous Tibère. La fondation de cette ville est un point très-obscur, ou plutôt absolument inconnu. Ceux qui ont dit qu’elle avoit été bâtie par Samothès, fils de Japhet, & petit-fils de Noé, n’apportent aucune preuve de leur opinion. M. Baudot, dans sa Dissertation dont nous parlerons, dit seulement qu’Autun est une ville très-ancienne : & c’est en effet tout ce qu’on en peut assurer. Bien des gens croient qu’Autun est l’ancienne Bibracte : c’est le sentiment de Pierre de S. Julien dans ses Antiq. de Bourgogne. M. Thomas, Chantre & Official d’Autun, a entrepris de le prouver, dans un petit Livre intitulé, De antiquis Bihracte seu Augustoduni monumentis ; & il dit que c’est l’opinion des Savans. En effet, Mrs Samson, Du Val, d’Ablancourt, les Peres Monet & Labbe Jésuites, Cellarius, se sont déclarés pour Autun. Néanmoins Oronce Finé, Blaise Vigenère, Jean Passerat, Charles Estienne, M. de Salins & quelques autres encore, croient que Bibracte est Baune ; mais ce sentiment, dit M. Thomas, ne mérite pas qu’on le réfute ; il est sans raison, dit M. de Valois dans sa Notice. D’autres la prennent pour Pebrac, bourg en Auvergne, & d’autres pour Beuvray en Bourgogne ; sentimens qui ne paroissent avoir d’autre fondement que la ressemblance des noms. On imprima aussi en 1710, à Dijon, une Dissertation de M. Baudot, où il prouve la même chose. Les principales raisons sont, 1°. La marche de César en suivant les Suisses qui vouloient aller s’établir en Saintonge. 2°. La situation d’Autun, la même que César décrit. 3°. Le nom de dunum, qui termine son nom, & qui veut dire colline ; Autun est bâti sur une colline, adossée à une plus haute montagne. 4°. La grandeur & la célébrité d’Autun, qui ne peut convenir ni à Baune, ni à aucune autre ville, 5°. Les restes superbes d’antiquité qu’on y voit. 6°. Enfin, deux marbres antiques & une plaque de bronze, avec des inscriptions qu’on y trouva il y a quelques années. L’un des marbres porte, DEAE BIBRACTI. L’autre, DEAE BIBRACTISIGNATUM. Sur la plaque on lit DEAE BIBRACTIP. CAPRIL PACATUS imu VIRAUGUSTA. VSLM. Tout cela prouve en effet qu’Autun est l’ancienne Bibracte. Par-là tombe encore le sentiment de M. Mandajors, Maire d’Alais, qui, dans ses nouvelles découvertes sur l’état de l’ancienne Gaule au temps de César, a prétendu montrer par la marche de ce général à la suite des Suisses, que Bibracte n’étoit point Autun, mais Pebrac, bourg aux confins de l’Auvergne & du Gévaudan, parce que la bataille, dit-il, ne se donna point aux environs de Bibracte, mais à 5 ou 6 lieues de-là.

Coquille, dans son Histoire du Nivernais, prend un sentiment mitoyen, & croit que l’ancienne Bibracte étoit sur la cime de la montagne de Beuvray, en laquelle, dit-il, encore aujourd’hui se tient une foire renommée par toute la France, qui représente beaucoup d’antiquité, car elle se tient chacun an le premier Mercredi du mois de Mai. Au temps du Paganisme (ce sont toujours les paroles de Coquille) les Marchands souloient sacrifier & faire leurs vœux à Maia, Déesse, fille d’Atlas, & à Mercure son fils, en ce mois de Mai, pour avoir leur faveur au trafic de leur marchandise. Le mois de Mai est dit Maïus, en l’honneur de la dite Maïa, ainsi que dit Ovide au V Liv. des Fastes. Mercure étoit le Dieu des Marchands, comme se voit au Prologue de l’Amphitryon de Plaute ; & on voit que cette foire est à jour de Mercredi, dit de Mercure, & au mois de Mai dit de Maia. Il est vraisemblable, ajoute-t-il, que les plus anciennes villes bâties après le déluge, aient été mises ès cimes des montagnes, & depuis à cause de l’incommodité de ces lieux hauts aient été transférées en lieux plus bas, & de plus facile accès. Ainsi les habitans de ce haut Beuvray se soient transférés au lieu où est de présent Autun. Coquille. Mais ce ne sont là que des conjectures, la plupart même allez foibles, quoiqu’ingénieuses. Au reste, Eumentus, dans les derniers mots de son panégyrique à Constantin, semble distinguer la capitale des Héduens de Bibracte. Je ne sais pourquoi M. Thomas ni M. Baudot n’ont point touché cette difficulté, qui a frappé quelques Savans, mais qui au fond ne peut détruire leur sentiment : car le Panégyriste a très-bien pu comparer Bibracte avec elle-même, ce qu’elle avoit été, avec ce qu’elle étoit sous Constantin. Bibracte quidem huc usque dicta est Julia, Pola, Florentia : sed Flavia est civitas Heduorum.

Quelques Auteurs prétendent encore qu’Autun est nommé Aurelianum, & Roma celtica, dans les Anciens ; mais d’autres croient que c’est plutôt Lyon, après lequel Autun tenoit le premier lieu dans la première Lyonnoise. Quoiqu’il en soit, le nom d’Autun ou Austun, comme quelques-uns veulent qu’on écrive contre l’usage ; autun, dis-je, s’est formé du latin Augustodunum. L’on a dit, Augstdun, Augstun, Austun, Autun ; & Augustodunum est composé du latin Augustus, & du mot Gaulois dun, qui signifie élévation, montagne, parce qu’en effet Autun est aux pieds des montagnes appelées le mont Céniz ; ou, comme parle M. Baudot, Autun est bâti sur une colline adossée à une montagne ; & selon cet Auteur, c’est le désir de faire sa cour à Auguste qui lui fit prendre ce nom. Il ne paroît pas qu’on puisse douter de cette étymologie ; cependant Jean Picard, dans sa Celtopédie, p. 128, dit que Bartholomæus Chassaneus, dans son lire des Coutumes de Bourgogne, tire le nom d’Autun, Augustodunum, du grec. Picard semble l’approuver, & pour le confirmer, il dit que l’autre nom de cette ville, Hedua, peut paroître venir aussi du grec ἀπὸ τοῦ ἡδέος, qui signifie doux, agréable. Mais Munier rejette avec raison ce sentiment, persuadé que le mot Heduus est purement celtique.

Quelques Auteurs doutent si c’est Auguste fils adoptif de Jules César, ou quelqu’autre des Empereurs suivans, tous nommés Augustus, qui donna ce nom à cette ville ; mais puisqu’il paroît par Tacite, que dès le temps de Tibère elle s’appeloit ainsi, elle ne peut avoir reçu ce nom que d’Auguste, ou de Tibère ; & puisque dès le VIe consulat de Tibère, c’est-à-dire, la septième année de son empire, elle étoit révoltée, il ne semble pas probable que ce soit lui qui lui eût donné ce nom. Ainsi il faut que ce soit Auguste. Constantin lui donna ensuite celui de Flavia civitas Heduorum, (Voyez Eumenius dans les derniers mots de son remerciment à Constantin) ou seulement Flavia heduorum, comme il dit dans les premiers mots de la même pièce ; & les Citoyens s’appelèrent Flavienses. Dans la suite elle reprit son premier nom d’Augustodunum, qui lui est resté. Autun étoit anciennement la capitale d’une des principales Républiques des Gaules. Il paroît par Tacite à l’endroit que j’ai cité, & par Eumentus, qu’il y avoit à Autun une célèbre & nombreuse Académie, où la jeunesse Gauloise alloit étudier. Il est vrai que dans le panégyrique d’Eumenius, Rhénan & Pighius attribuent cette gloire à Clèves, & que le premier a mis Augusto Cliviensium, à la place d’Augustodunensium. Mais Juste Lipse les a très-bien réfutés dans sa note sur l’endroit de Tacite que j’ai indiqué. Les Druides y avoient leur Sénat. Le lieu où il se tenoit, est celui qu’on appelle aujourd’hui le Mont-Dru, Mons Druidarum, comme ce qu’on appelle le Janitois, étoit un temple de Janus; le Mont-Jou, un mont consacré à Jupiter ; & Marchamp, un champ de Mars, Martis campus. Autun est situé sur une petite rivière nommée Arroux, & que M. Thomas, dans le Livre que j’ai dit, écrit Arroux.

Autun a eu des Comtes, sous l’autorité des Rois Bourguignons, qui passerent la Saône & le Rhône l’an de Jésus-Christ 414. Munier dit que quelque recherche qu’il ait faite, il n’a pu découvrir de Comtes d’Autun avant Artalus, dont parle Sidonius Apollinaris, ép. 18, & qui, dit-il, étoit en charge l’an 460. Autun est un évêché suffragant de Lyon. Sa longitude est 22d, 50’. Sa latitude, 46d, 50’, selon la carte de M. de Lisle. Voyez sur Autun le panégyrique ou remerciment d’Eumentus à Constantin ; le Moine Henri, Erricus Monacus, dans le premier Liv. de la vie de saint Germain, D. Thomæ de Antiquis Bibracte seu Augustoduni monumentis libellus, & les Recherches & Mémoires servans à l’Histoire de l’ancienne ville d’Autun, par Jean Munier, imprimé par Claude Thiroux à Dijon in 4°. 1660. Ce Livre contient trois parties ; la première traite de la République des Anciens Autunois ; la seconde, des Comtes d’Autun, & la troisiéme des hommes illustres d’Autun.

Autun. C’est encore le nom d’un village de Dauphiné, que quelques-uns prennent pour l’ancienne Augusta, que d’autres croient être Aoste. Augustodunum. Il est dans le Royans, entre le bourg du Pont en Royans & la ville de Romans.

AUTUNOIS. Augustodunensis pagus, tractus, ager. Autrefois Hedui. Contrée du Duché de Bourgogne. Elle prend son nom d’Autun sa capitale. L’Autunois est une partie du pays des anciens Héduens. Il confine avec le Nivernois, le Bourbonois, le Charolois, le Chalonois, le Dijonois, & l’Aunois. Dumnorix l’un des plus grands Seigneurs de l’Autunois. Munier. César ayant levé le siège de Gergovie, fit refaire des ponts sur l’Allier pour passer en l’Autunois. Id. Autrefois il comprenoit une longue étendue de pays, qui pouvoit contenir six bonnes journées de chemin du septentrion au midi, depuis la ville de Joigny, en l’Auxerrois, située sur la rivière d’Yonne, qui étoit limitrophe, & faisoit les confins de ce côté-là, entre les seigneuries de ceux d’Autun & de Sens, jusqu’à la rivière du Rhône. Pour sa largeur l’Autunois, ou la république Autunoise, contenoit un peu moins d’Orient en Occident, depuis la ville de Nantua, Chastillon, ou Boulogne, à une bonne journée de Genève, jusqu’à Ganat, ou S. Porsin, proche de la rivière d’Allier, mais en deçà de cette rivière, laquelle séparoit la seigneurie d’Autun de celle des Auvergnats, car tout le Bourbonois dépendoit de ceux d’Autun, & étoit de leur vrai territoire, au rapport de César, Liv. I & VI. Le Rhône les séparoit des Allobroges ; la Saône, des Séquanois ; la rivière de Loire, des Berruyers ; celle d’Yonne des Sénonois ; & le ruisseau de Seine, des Langrois. Munier.

AUTUNOIS, OISE. s. m. & f. Qui est d’Autun, ou de l’Autunois. Augustodunensis, anciennement Heduus. Cet ancien peuple que les Latins ont appelé Hedui en leur langue, & les Interprètes François Héduois, ou d’un mot plus extensif Autunois, étoit le plus hardi, le plus courageux, le plus noble & relevé de la Celtique. Munier. L’Aristocratie des anciens Autunois a été l’une des plus illustres de l’Europe. Id. Les anciens Autunois appeloient leur souverain Magistrat Vergobret, & nous aujourd’hui par syncope Vierg. Id. Les Autunois étoient freres du peuple Romain. Cic. ad Att. Lib. I, ep. 16, ad Treb. Lib. VII, ep. 10, b. d. c. Tacite, Annal. Lib. XI, c. 25.

Autunois, oise. adj. La république Autunoise. Mun. Diviciacus, Liscus, Convictolitanes, Litavicus, & autres Princes Autunois. Id. César fit assassiner le vaillant Dumnorix, chef des troupes Autunoises. Id.

AUV.

AUVENT. s. m. Petit toit en saillie, qu’on met au-dessus des boutiques pour les garantir de la pluie, & du soleil. Umbraculum, velum, tentoriolum. Les auvents des marchands avancent sur la rue. On a dit autrefois ôtevent, & Nicot veut qu’on le prononce ainsi, parce qu’il rabat & ôte la force du vent. Ménage approuve aussi cette même étymologie. Du Cange dit qu’il vient de advanna, quòd advanni alti instar suspendatur ; & que dans les anciens titres on trouve avaut-vant. Quelques-uns veulent qu’il vienne d’avancer, avance.

AUVERGNAT, ATE. s. m. & f. Qui est d’Auvergne. Arvernus. Les Auvergnats sont laborieux & adroits. Quand on parle des anciens habitans de l’Auvergne, Arverni, il ne faut point dire Auvergnat, mais Arverne, ou Arvernien. C’est ainsi qu’en usent nos bons Auteurs récens. Bellovèze fit nombrer sa colonie qui étoit composée de Bituriges, d’Arvernes, de Sénonois, d’Eduens, d’Ambares, de Carnutes & d’Aulerques Cénomans, c’est à-dire, de gens du Berri, & de l’Auvergne, de Sens, d’Autun, de Chalons sur Saône, de Chartres, du Mans. Cordemoy. Munier, dans ses Recherches sur la ville d’Autun, dit toujours Auvergnat. César s’empara des Gaules, sous prétexte de donner du secours aux Autunois contre les Auvergnats, Séquanois & Allemands. Munier. La rivière d’Allier séparoit la seigneurie d’Autun de celle des Auvergnats. Id. Je crois qu’il est mieux de ne le point imiter. Les Arvernes, si l’on en croit Lucain, Liv. I, v. 427, se disoient originaires des Troyens, & freres du peuple Romain.

Arvernique ausi Latio se fingere fratres
Sanguine ab Iliaco populi.

De Valois, dans sa Notice des Gaules, croit que Lucain se trompe, & qu’il a mis les Arvernes pour les Héduens, ou Autunois. Il est vrai que Cicéron, dans une Lettre à Trébatius, Liv. VII, ep. 10, & dans la 16 du I Liv. à Atticus ; & Tacite, Liv. XI, Ann. c. 25, disent que les Héduens, ou Autunois, étoient frères du peuple Romain ; mais d’autres qu’eux prirent ou reçurent cette qualité ; & Juste-Lipse dans ses Notes sur Tacite, montre à l’endroit que j’ai cité, que cet Historien s’est trompé, quand il a dit que les Héduens étoient les seuls qui l’eussent eue. Une ancienne inscription la donne aux Bataves : les Arvernes ont bien pu l’avoir aussi.

AUVERGNE. Alvernia, Arvernia. Grégoire de Tours l’appelle Regio Arvernorum, Territorium Arvernum. Les Ecrivains qui ont été sous la seconde race, la nomment Pagus Arvernicus. L’ancienne Auvergne étoit un grand pays de l’Aquitaine, qui avoit au nord le Berri & le Bourbonnois au couchant le Limosin, le Périgord & le Querci ; au midi le Languedoc, & au levant le Lyonnois. Strabon dit que l’Empire d’Auvergne s’étendoit depuis la Loire jusqu’à Marseille. Aujourd’hui l’Auvergne est une province qui a un gouverneur particulier, bornée par le Bourbonnois au nord ; la Marche, le Limousin, & le Querci au couchant ; le Rouergue & le Gevaudan au midi ; le Vélay & le Foret au levant. L’Auvergne a titre de Comté, Elle a été souvent réunie à la Couronne, & pour la dernière fois en 1606 par la donation que la Reine Marguerite en fit au Dauphin de France, qui fut depuis Louis XIII.

Il y a la haute & basse Auvergne. La haute Auvergne est du côté du couchant, & s’appelle ainsi, parce qu’elle est pleine de montagnes. La basse Auvergne comprend la Combraille, vers les confins de la Marche & du Bourbonnois ; & la Limagne, le long des deux bords de l’Allier & de la Dore. Les fromages d’Auvergne sont estimés.

Le Dauphiné d’Auvergne est un petit Canton de la basse Auvergne, près de l’Allier & de la ville d’Issoire.

Ce mot Auvergne, s’est formé du latin Alvernia, en changeant à l’ordinaire al, en au, & mouillant l’n, comme en beaucoup d’autres mots.

AUVERNAS, ou plutôt AUVERNAT. s. m. Vin fort rouge & fumeux qui vient d’Orléans, qui n’est bon à boire que sur l’arrière-saison, ce qui fait qu’on l’appelle aussi Vin de cerneau. Vinum arvernum. Les Cabaretiers s’en servent pour colorer leurs vins blancs. Il est fait de raisins noirs qu’on appelle du même nom, parce que le plan est venu d’Auvergne. Leur couleur les fait appeler ailleurs Morillon, & Pineau en Auvergne. D’un Auvernat fumeux m’apporte un rouge bord. Boil. Il y a un Auvernat gris d’Orléans, qu’on appelle ailleurs Malvoisie, qui est un raisin gris fort sucré, & le plus fondant de tous les raisins.

AUVERNAT DE MEUNIER. Nom d’une forte de raisin, espèce particulière d’auvernat, qui se nomme ainsi, parce que la vigne qui le produit, a les feuilles couvertes d’une espèce de duvet, qui s’attache facilement aux habits & aux chapeaux, & les blanchit à peu près de la manière que le sont ceux des Meuniers. Arverna vitis foliis albâ lanugine coopertis. L’auvernat de meunier est fort commun dans l’Orléanois, & produit davantage que celui qu’on appelle simplement auvernat.

AUVESQUE. s. m. Espèce de cidre excellent, qui se fait dans le Bessin, en basse Normandie. Du Moulins, dans son Discours de la Norm. p. 5, au commencement de son Hist. de Normandie, dit sur le Bessin : le cidre y est si excellent, principalement le doux auvesque, & l’ameleon, que les plus délicats le préfèrent à beaucoup de vins.

☞ AUVILARS. Petite ville de France, en Gascogne, près de la Garonne, environ à douze lieues de Toulouse, connue par les bas de laine qui s’y fabriquent.

AUVRY. Voyez Audry & Aubrinx. C’est la même chose.

AVUSTE. s. m. On appelle ainsi en termes de mer, le nœud de deux cordes, dont on attache l’une au bout de l’autre. On dit aussi ajuste.

☞ AVUSTER, AJUSTER. v. a. Terme usité sur les rivières. Attacher deux cordes l’une au bout de l’autre, en formant le nœud qu’on nomme avuste ou ajuste.

AWEN-MORE. Petite rivière d’Irlande. C’est l’Oboca des Anciens. Elle coule dans le Comté de Wiclo en Lagénie, passe à Arklo, & peu après se jette dans la mer d’Irlande.

AUX.

AUXENCE. s. m. Nom d’homme. Auxentius. Auxence, Evêque Arien de Milan. Auxence se sentant pressé, & voyant le péril où il s’exposoit en niant la foi catholique, déclara qu’il croyoit Jésus-Christ vrai Dieu, de même divinité & de même substance que le Pere. Fleury. L. XVI. Auxence & ses adhérens furent excommuniés dans un concile tenu à Rome.

AUXERRE. Altissiodorum, ou Altisiodurum, Autissiodorum. Ville épiscopale de Bourgogne, située sur le penchant d’une colline, au pied de laquelle coule la rivière d’Yonne. Quelques Auteurs disent que l’éminence sur laquelle est aujourd’hui l’Evêché, s’est appelée autrefois Autricum, & qu’elle a donné à la ville le nom d’Autrica, d’autres disent Autricum. Ammien Marcellin, qui est le premier qui en parle, la nomme Autissiodorum, ou Autessiodorum. Quelques-uns disent que ce nom lui est venu de ses eaux ; que dur, en langue bretonne, qui est la même chose que la gauloise, signifie eau. D’autres disent qu’il est composé de dorum, qui en gaulois signifioit porte, de même que thor, ou thur, en Allemand ; & de isan, ou isen, qui veut dire fer ; desorte qu’Autissiodorum, Auxerre, signifie porte de fer. Cette ville épiscopale est à 21°, 1’′, 31″ de longitude, & à 47°, 46′, 20″ de latitude, selon M. Cassini ; ou bien à 20°, 56’′, 33″ de longitude, & 47°, 33′, 0″ de latitude, selon M. De la Hire, Tables Astronom.

AUXERROIS, OISE. s. m. & f. Qui est d’Auxerre ou de l’Auxerrois. Altissiodorensis. Saint Germain l’Auxerrois, c’est Saint Germain Evêque d’Auxerre & à Paris, Saint Germain l’Auxerrois, est une paroisse, dont ce Saint est Patron. Saint Germain l’Auxerrois est la paroisse du Louvre.

AUXERROIS. Altissiodorensis pagus, ou ager. L’Auxerrois est une contrée du duché de Bourgogne, renfermée entre l’Auxois, le Nivernois, la Puisaie & la Champagne, de qui tire son nom d’Auxerre, qui en est la capitale. L’Auxerrois a eu ses Comtes particuliers, qui le vendirent à Charles V.

☞ AUXESE. s. f. Figure de Rhétorique, par laquelle on amplifie une chose à l’excès. Voyez Amplification.

☞ AUXILIAIRE. adj. de t. g. Auxiliaris. Qui vient au secours, dont on tire du secours. Il est particulièrement usité pour désigner les troupes qu’un État ou un Souverain envoient au secours d’un autre État, ou d’un autre Souverain. Un Souverain doit avoir plus de confiance dans ses troupes nationales, que dans les troupes auxiliaires.

☞ Cette expression peut être transportée dans le sens figuré, pour marquer de nouvelles raisons qu’on apporte pour fortifier les premières, les moyens qui viennent à l’appui de ceux qu’on a déjà employés. Il y a des gens chez qui les injures sont les troupes auxiliaires de la raison.

☞ L’épithète d’auxiliaire se dit aussi en Pharmacie, d’un remède qu’on joint à un autre pour augmenter l’activité du premier.

En termes de Grammaire, on appelle verbes auxiliaires, ceux qui servent à conjuguer les autres, & à en former divers temps, tels que sont les verbes être, & avoir, tant en françois qu’en italien & en espagnol. Ils sont communs à toutes les langues vulgaires de l’Europe.

AUXO. Terme de Mythologie. Auxo & Hégémone étoient les deux Grâces que les Athéniens honoroient : ils n’en connoissoient point d’autres.

AUXOIS. s. m. Alexiensis tractus. Petit pays du duché de Bourgogne, entre l’Autunois, le Dijonois, l’Auxerrois & la Champagne. La ville d’Alexia, si fameuse dans les Commentaires de César, étoit autrefois dans ce pays à l’endroit où nous voyons aujourd’hui le bourg d’Alize. C’est du nom Alexia que s’est formé celui d’Auxois. Voyez les Antiquités de Bourgogne, par Pierre de S. Julien, pag. 217.

AUXONE. Aussona. Prononcez aussone ; quelques-uns écrivent ainsi. Petite ville du duché de Bourgogne, à cinq lieues de Dijon. ☞ C’est le siége d’un Bailliage. Son commerce consiste en vin, en blé & en bois.

AUXY. Nom de lieu. Alciacum. Il y en a deux de ce nom, tous deux en Artois, province de France. L’un est Auxy le Château, & l’autre Auxy aux Moines. Le premier est sur l’Authie, qui passe au milieu. C’est un bourg qui a titre de Marquisat. Le second est un village sur la rivière de Ternois, à une lieue au-dessus d’Hesdin. Il s’appelle Auxy aux Moines, parce qu’il y a une Abbaye de l’Ordre de S. Benoît.

On appelle laine d’Auxy, des laines filées aux environs d’Abbeville par ces ouvriers fileurs, qu’on nomme Houppiers : elles sont très-fines & très-belles.

AVY.

AVY. s. m. Nom d’homme. Avitus. Saint Avit, ou, comme on l’écrit, Saint Avy, étoit fils d’un Laboureur de Beauce. Baill. il fut Abbé de Micy, ou de Saint Mesmin. Il y en a un autre qui le fut de Châteaudun. On appelle encore ainsi Alcime, Avit Evêque de Vienne. M. Baillet écrit Avy, & M. Chastelain toujours Avit

AUZ.

☞ AUZANCE. Petite ville de France, en Auvergne, à douze lieues de Clermont.

☞ AUZAT. Autre petite ville de France, en Auvergne, à deux lieues de Mercœur.

☞ AUZON. Petite ville de France, en Auvergne, à deux lieues de Brioude.

AUZUBA. s. m. Grand arbre qui croît dans l’Île nommée Hispaniola. Il porte un fruit assez doux, qu’on fait tremper dans l’eau, avant que de le manger.

AX.

☞ AX. Petite ville de France, dans le pays de Foix, sur l’Ariège, à quatre lieues de Tarascon.

AXA.

AXAPH. Ville de la tribu d’Aser, dans la Terre-Sainte. Voyez Achsaph. C’est la même chose.

AXARAFE. C’est un des quartiers du territoire de Séville, en Andalousie. Axarasum, Axarasinus pagus. Il est au couchant de Séville, & son lieu principal est le bourg de Triana.

AXB.

☞ AXBRIGE. Petite ville d’Angleterre, sur la rivière d’Axe, dans le Comté de Sommerset.

AXE.

AXE. s. m. Axis, Terme de Géométrie & d’Astronomie. C’est la ligne qui passe par le centre d’une sphère, ou d’un globe, comme la ligne qui traverse le globe de la terre. Toute la machine du monde tourne & fait son mouvement journalier autour de cet axe. Les deux extrémités aboutissent à deux points qu’on nomme pôles. L’axe du monde va d’un pôle à l’autre en passant par le centre. L’axe de l’Equateur est immobile ; l’axe de l’Horizon est variable & mobile. L’axe du Zodiaque en traversant la terre, ne se termine pas aux pôles du monde ; les pôles du Zodiaque sont éloignés des pôles du monde de vingt-trois degrés & demi. En Géométrie on dit l’axe déterminé ; l’axe indéterminé ; l’axe conjugué ; l’axe second d’une hyperbole. Voyez Hyperbole. Le grand axe de l’ellipse est la ligne droite qui en représente la longueur, & le petit axe, la ligne qui en représente la largeur. On observe dans le Ciel un mouvement fort lent qu’on appelle, inclinaison de l’axe.

On le dit aussi des roues, cônes, cylindres, & autres figures qui se meuvent en rond ; & on l’appelle en ce sens essieu plus ordinairement. L’axe d’un cylindre, c’est une ligne droite immobile, autour de laquelle en tournant un parallélograme, sa révolution forme un cylindre. L’axe d’une section conique, c’est une ligne qui passe au milieu de la figure, & qui est perpendiculaire aux ordonnées. L’axe de quelque figure que ce soit, c’est une ligne droite que l’on conçoit passer du haut de la figure à sa base.

Axe de circonvolution, c’est une ligne imaginaire, autour de laquelle on conçoit que tourne un plan, & qu’en tournant il fait un solide. Ainsi on conçoit qu’une sphère est faite par la révolution d’un demi-cercle autour de son diamètre, & ce diamètre en est l’axe. Un cône est fait par la révolution d’un triangle à angle droit, autour de la perpendiculaire, & ainsi du reste. On dit le second axe, ou l’axe droit, ou l’axe conjugué dans les hyperboles & les ellipses. C’est une ligne parallèle aux ordonnées, & qui passe par le milieu du premier axe, & le coupe à angle droit en deux parties égales.

Axe, ou Essieu, se dit en Anatomie de la troisième vertèbre du cou : elle est ainsi appelée, parce que c’est elle qui commence à former un corps, sur lequel les deux premières vertèbres, & la tête sont portées comme sur un essieu.

Axe spiral. Terme d’Architecture. C’est dans la colonne torse l’axe tourné en vis pour en tracer les circonvolutions au-dehors. L’axe dans le chapiteau Ionique, est la ligne, qui tombant aplomb, passe par le milieu de l’œil de la volute. On l’appelle aussi cathète.

Axe, se dit aussi en Optique du rayon visuel qui passe droit dans le centre de l’œil, & qui y tombe perpendiculairement, sans faire aucune réfraction dans le crystallin. L’axe d’incidence est une ligne droite tirée par le point d’incidence, & perpendiculaire à la surface rompante. L’axe de réfraction est la continuation en ligne droite de l’axe d’incidence au-dedans d’un milieu plus dense, ou plus rare.

☞ AXE. Nom d’une rivière qui passe dans le Comté de Sommerset, en Angleterre, à Wels & à Aabridge, & se décharge dans la Saverne.

AXEL. Petite ville de la Flandre Hollandoise, à quatre lieues de Gand.

AXI.

AXI. s. m. Espèce de poivre que Colomb trouva dans l’Île Espagnole, & qui étoit fort bon, & meilleur, dit Herrera, que le poivre que l’on apporte du Levant. C’est notre poivre de Guinée.

AXIFUGE. adj. m.& f. ☞ On appelle en mécanique force axifuge, la force avec laquelle un corps qui tourne autour d’un axe, tend à s’éloigner de cet axe. C’est proprement une force centrifuge. Axifugus, a, um. Mouvement axifuge & axipète, centrifuge & centripète.

AXILLAIRE. adj. Prononcez les deux ll sans les mouiller. Terme d’Anatomie. Axillans. ☞ Epithète qui s’applique aux parties qui ont rapport à l’aisselle. Nerf axillaire, ou articulaire. Voyez Brachial. Ce nerf prend son origine des deux dernières paires cervicales, & paroît quelquefois n’être qu’une grosse branche du nerf radial. Il va dans le creux de l’aisselle, derrière la tête de l’os du bras, entre les muscles grand & petit rond. Winslow. L’artère axillaire est un reste du tronc de l’artère souclavière, lequel étant parvenu à l’aisselle. change de nom, & s’appelle axillaire ; il se répand par tout le bras. Dionis. La seconde des vertèbres du dos est aussi appelée axillaire, à cause qu’elle est la plus proche de l’aisselle. Id.

☞ Veines axillaires. Elles contiennent les veines souclavières depuis la sortie de la poitrine jusque sous l’aisselle.

☞ Les glandes axillaires sont en un paquet, enveloppées dans la graisse sous les aisselles. Elles fournissent l’humeur qui sert à lubrifier les aisselles que le frottement continuel ne manqueroit pas d’échauffer.

Axillaire. Terme de Botanique. Epithète qui s’applique aux fleurs & aux fruits qui sortent des aisselles des branches ou des feuilles. Fruit axillaire. Fleurs axillaire.

AXINOMANTIE. s. f. Axinomantia. Espèce de divination : c’est l’art de deviner par la hache. Ce mot vient d’ἀξίνη, ascia, hache ; & de μαντεία, divinatio, divination.

AXIOME. s. m. Principe qu’on a établi dans un art, ou science, qui est indubitable, ou tenu pour tel. C’est en Mathématiques des propositions qui expriment des rapports qu’on apperçoit avec une entière évidence. Effatum. C’est un axiome de Géométrie, que les choses qui sont égales à une troisième, sont égales entre elles ; que le tout est plus grand que sa partie, & qu’il est égal à toutes ses parties prises ensemble. On appelle aussi les axiomes, des communes notions de esprit, ou maximes, ou vérités, parce qu’à cause de leur évidence, l’on ne peut les nier, sans démentir la raison naturelle. Les axiomes sont des vérités si claires par elles-mêmes, qu’elles n’ont pas besoin d’être démontrées. Blaise.

AXIOPOLI. Ville de Bulgarie, Axiopolis. Elle est sur le Danube. Quelques-uns la mettent au-dessus, & d’autres au-dessous de Silistria. Rien n’est si naturel & si simple que de croire que c’est l’Axiopolis des Anciens, où le Danube commençoit à prendre le nom d’Ister. Cependant il en est qui prétendent que c’est Flocz en Valachie, & d’autres que c’est Gélaz en Moldavie.

AXIPÈTE. adj. de t. g. Terme de Physique. Qui a la force de s’approcher de l’axe autour duquel il tourne. Axipeta. Un mouvement axipète. Les forces axipètes, & axifuges. Voyez ce mot.

☞ AX-MYSTER. Petite ville d’Angleterre, dans le Comté de Devon, sur la rivière d’Axe.

AXO.

AXOLOTL. s. m. Poisson sans écailles, qui se trouve dans le lac au milieu duquel la ville de Mexique est située. Il a quatre pieds comme les Lézards, & est gros d’un pouce, long d’une palme, & bigarré de petites marques sous le ventre. Il a une matrice semblable à celle des femmes, qui le rend sujet au flux menstruel. Il est bon à manger, & du même goût que les anguilles. Les Espagnols l’appellent Juguete de aqua.

AXONES. s. f. pl. Nom que les Athéniens donnent aux Lois de Selon, qui n’avoient aucun rapport au culte des Dieux. Ils les nommèrent ainsi, parce qu’elles étoient écrites sur des tables de bois faites en triangle. Il fit de deux sortes de Lois, des Cyrbes & des Axones. Les Cyrbes regardoient particulièrement le service des Dieux, & toutes les autres lois qui avoient pour objet l’administration civile, étoient comprises dans les axones. L’original de ces lois étoit disposé dans l’Acropolis, qui étoit la Forteresse d’Athènes ; il y en avoit seulement des copies au Prytanée. Voyez Cyrbes.

AXU.

AXUM, ou AXUN. Voyez Accum.

AXUNGE, ou AXONGE. s. f. C’est une espèce de graisse, la plus molle & la plus humide du corps des animaux, qui s’appelle autrement de l’oing. Axungia. Elle est différente du lard, qui est une graisse ferme, & du suif qui est une graisse sèche. Les Latins font la même distinction de la graisse en pinguedo, qui est l’axunge, lardum, & sevum. On l’appelle aussi en latin axungia, qu’on dit avoir été fait ab axe rotarum quæ unguntur. On se sert en Médecine de l’axonge d’oie, de canard, de vipère & de plusieurs autres, même de celle de l’homme, qu’on estime beaucoup pour résoudre & pour apaiser les douleurs.

Axunges, ou Axonges de verre, qu’on appelle aussi Fiel, ou sel de verre. C’est une écume séparée de dessus la matière du verre, avant qu’elle se vitrifie.

☞ AXUNGIA Solis. Axungia Lunæ. Espèces de bols. Voyez Bol.

AXUR, ou ANXUR. adj. m. Surnom de Jupiter, qui signifie, sans barbe, parce que Jupiter Axur étoit représenté jeune & sans barbe. D’autres tirent ce nom de la ville d’Anxur, dans le Latium, où il étoit particulièrement honoré.

AY.

AY. Petite ville de France. Ageium. Elle est en Champagne, sur la Marne, à quelques lieues de Reims. Les vins d’Ay sont fort estimés.

Ay, est aussi le nom d’une petite rivière du Cotantin, en Normandie. Aya. Elle a ses sources à Monthuchon & à la Vaudelée, & après avoir reçu la Claye au-dessus de Lessaye & le Gratechey au-dessous, elle va se décharger au Havre de S. Germain, au bec du Banc.

AYA.

AYA-BASSI. s. m. Terme de Relation. Nom qui se donne aux Caporaux des Janissaires. Diacosiarchus. Les Aya-Bassis sont environ cent cinquante, chacun d’eux commande sur deux cens soldats de ce corps. Ce nom est glorieux parmi les Turcs, car il signifie Chef de gloire. A. D. S. M.

☞ AYAMONTE. Ville maritime d’Espagne, en Andalousie, sur le Golfe de Cadix, à l’embouchure de la Guadiana.

AYAN. La côte d’Ayan, que l’on écrit aussi Ajan ; mais qu’il faut prononcer Aian. Grande partie de la Haute Ethiopie. Ayana regio. Elle est renfermée entre l’Equateur & le 12e degré de latitude méridionale, & entre le 70e & le 84e de longitude. Elle est bornée au nord par le Royaume de Dangali, & le détroit de Babel-Mandel ; au levant par la mer de Zanguebar ; au midi par la côte de Zanguebar, & au couchant par l’Abissinie. On l’appelle la nouvelle Arabie.

AYANT, participe du verbe avoir, qui s’exprime en latin par les adverbes, Cùm, postquam, posteaquàm. Ayant dit cela, je m’en allai. Ayant fait beaucoup de plaintes, il se retira. Ayant été dangereusement blessé, il fut emporté par des soldats ; pour dire, après avoir dit, après avoir fait, après avoir été blessé.

AYANS CAUSE. Voyez Avoir.

AYE.

AY, AYE, interjection. Exclamation qui marque que l’on sent de la douleur. Heu. Ay, Aye, vous me faites mal.

☞ AYE. Ville d’Angleterre, dans la Province de Sufcolk, entre Ipswich & Norwich.

☞ AYEN. Ville de France, avec titre de Duché pairie, dans le Limousin, à onze lieues de Limoges.

AYERBE. Bourg d’Arragon, en Espagne. Ayerba. Il est sur le Gallégo, entre Sarragosse & Jacca. L’ancienne Memanturista est Ayerbe selon quelques-uns, & selon d’autres Olita en Navarre.

AYEUL. Voyez Aïeul.

AYEUL. s. m. Aygulphus. Voyez Aou.

AYL.

AYL, ou AYLE. s. m. Agilis. Nom propre. L’usage a fait d’agilis, Agile ; puis adoucissant la prononciation du g, Ajile & l’y prenant la place des deux ij, ou n’étant autre chose que deux ij, on a écrit Ayle. Saint Ayle, Abbé de Rebais, étoit fils d’Agnoal, l’un des plus grands Seigneurs de la Cour de Childebert II. Saint Agile, que nous appelons vulgairement Saint Ayl. Baill.

AYM.

AYMARGUES. Ville de France, dans le Languedoc, au Diocèse de Nismes.

AYMERIN. Nom propre, le même que Damarin. Amarinus. Voyez Damarin.

AYN.

AYNET. s. m. Petite verge, ou baguette, pour enfiler les harengs que l’on veut faire forer.

AYO.

AYOU. s. m. Nom d’homme. Aigulphus S. Aigulphe, que nous appelons communément Saint Ayou, étoit né à Blois sur la Loire. Baill. Ce nom s’est formé du latin, en retranchant le g & y suppléant par la prononciation de l’i. C’est ainsi que l’usage a retranché dans le grec moderne le γ devant ι & qu’on dit aujourd’hui ἄιος, pour ἄγιος, & ainsi des autres. Il y a un autre S. Aigulphe, dont l’usage a changé le nom en Aioul, Aou, Ayeul, Au, Hou. Cette diversité vient des différentes Provinces où ces Saints sont honorés & connus.

☞ AYOUD. Nom d’un des dix-neuf Gouvernemens qui composent l’Empire du Mogol. Il est au nord du Gange, avec celui de Cachemire.

AYR.

AYR. Nom de rivière & de ville. Ayr, rivière de France, Arola, a sa source dans le duché de Bar, & se décharge dans l’Aisne au-dessous de Senarque.

Ayr, rivière d’Ecosse, Ayra, Aereus, a sa source dans les montagnes de Grauzebain, dans le comté de Kyle, qu’il traverse tout entier du levant au couchant, & se décharge dans le Golfe de Cluyd, à la ville d’Ayr.

Ayr, ville d’Ecosse, capitale du comté de Kyle, Ayra, Aerea, est sur le golfe de Cluyd, à l’embouchure de la rivière d’Ayr. On prétend que c’est l’ancienne Vandorata, ou Vindorata. Elle donne son nom a l’Ayr fort ou golfe d’Ayr, qui est une partie de celui de Cluyd.

AYRI. s. m. Arbre du Brésil. Son tronc est armé d’épines aiguës : on le prend pour de l’ébène. Son bois est noir, dur, & si pesant qu’il ne flotte point sur l’eau. Les Sauvages en garnissent le bout de leurs flèches.

AYTON, AÏTON. Ville de Livadie, en Grèce. Aitana. Elle est à cinq lieues des Dardanelles de Lépante du côté du nord. Ayton ou Calata, village voisin, est l’ancienne ville d’Etolie, appelée Calydon, & ensuite Aquila

AYTONA, AÏTONA. Bourg d’Espagne. Actisona. Il est dans la Catalogne, sur le Sègre, entre Lérida & Méquinença.

☞ AYTRÉ. Bourg de France, dans le pays d’Aunis, environ à une lieue de la Rochelle.

AZA.

AZA, ou ASA. Ville de la tribu d’Ephraïm, du côté de l’Orient. Aza, Asa.

Aza. Ancienne ville de l’Asie Mineure. Aza. Elle étoit dans la Cappadoce, en un lieu qui se trouve aujourd’hui entre Tocato & Trébisonde.

Aza, Aza Augusta, étoit autrefois une ville des Arevaces, peuple de l’Espagne Tarragonoise. C’est aujourd’hui un village de la Vieille Castille, près d’Osma.

AZACH. Ville d’Asie, que l’on nonmme plus communément en France Asoph. Azachia, Asophia, Tanais. Elle est dans la petite Tartarie, sur une Île que le Don forme, à son embouchure dans la mer de Zabache.

AZAMOGLAN. s. m. Terme de Relation. C’est le nom qu’on donne chez les Turcs à ceux des enfans de Tribut, qui ne sont point choisis pour servir dans le Sérail, mais rejetés pour être employés à des office plus vils. Vilius Imperatoris Turcici Mancipium, Azamoglanus. Le Grand-Seigneur ayant fait la revue des enfans de tribut, retient dans son Sérail ceux qu’il juge avoir le plus de disposition aux bonnes choses, & renvoie les autres qu’il en croit incapables, pour être mis par l’Agha des Janissaires entre les mains de trois ou quatre Officiers, qui ont soin de les mettre en service auprès de quelqu’un, ou de les distribuer en Natolie & en Grèce dans les maisons des paysans Turcs, qui leur apprennent à parler, à labourer la terre, & à cultiver les jardins. La condition de ces misérables enfans en cet état est une véritable servitude ; aussi ceux à qui on les donne à élever, n’en tirant pas moins de service que d’un esclave, au lieu d’en demander pension, en font pour chacun 25 aspres de rente par an à celui dont ils les ont reçus, parce qu’il n’a point d’autre revenu de la commission.

Ces enfans que les Chrétiens nomment ordinairement Janisserots, ayant passé deux, trois, quatre & six ans, les uns plus, les autres moins, dans cette laborieuse école, en sont tirés par celui qui les y a mis, & l’Agha des Janissaires en ayant fait de nouveau la revue, les remet sous la discipline d’un autre Agha qui lui est inférieur, & qui les emploie aux bâtimens, aux bois, & aux jardins, comme aides à Maçons, Bûcherons, & Jardiniers : ce glorieux emploi leur donne la qualité d’Adgiamy Oglan, qu’on dit par abus Azamoglan, c’est-à-dire, Enfans buses. Leur travail est salarié par jour d’un aspre, ou deux pour vivre, & pour s’entretenir ; & afin que cela leur suffise, ils sont ordinairement 25 ou 30 en une chambre, commandés par un Bulak Bachi, c’est-à-dire, Chef de troupe.

Ils en élisent un d’entre eux pour faire la cuisine, pour nettoyer leurs souliers & leurs habits, & pour blanchir leur linge, lequel, pour la peine de son service, est exempt de contribuer à la dépense de bouche ; ils lui donnent chacun 25 aspres par mois pour la provision nécessaire de ris, de beurre, de bois & de chandelles, & ce qui leur reste d’argent, sert à leur acheter des souliers de trois mois en trois mois, ayant du Grand-Seigneur tous les ans une veste bleue de gros drap de Saloniki, & de la toile pour les chemises. Ils portent un bonnet jaune & pointu. Quelques-uns de Azamoglans sont mis dans les Arsenaux pour apprendre la marine. Ceux qu’on destine au service des jardins du Grand-Seigneur, apprennent à ramer aux trajets de mer, parce qu’ils voguent sur son Caïque, quand ils sont Boustangis du Sérail de Constantinople. On leur donne alors deux ou trois aspres de paye par jour, qui seroient bien peu pour des gens qui approchent tous les jours de leur Prince, s’ils n’en avoient souvent des présens. Ces Jardiniers avec les Eunuques & les muets sont les plus assidus courtisans du Grand Seigneur. Les Vizirs, les Pachas, & les autres principaux Officiers de son Empire ne viennent le voir que quand ils sont appelés, ou par son ordre, ou pour des affaires pressantes mais ceux-ci en ont toujours l’occasion. Du Loir. Voyage du Levant, p. 99, & suiv. Quelques-uns disent Agémoglan, mais Nicolay & Du Loir disent Azamoglan. Voyez Agémoglan. C’est la même chose. Azamoglan est plus ordinaire.

AZAMOR. Ville d’Afrique. Azamorium. Elle est dans Ducala, province du royaume de Maroc, à l’embouchure de l’Ommirabi dans le golfe d’Azamor, qui est dans la mer Atlantique, entre les côtes du royaume de Fez & de celui de Maroc. Sinus Amazurius, Rusibis, Rutubis, Rusubis.

AZANITE. s. m. C’étoit autrefois le nom d’un Ministre dans les Synagogues des Juifs. Azanita. Voyez S. Epiphane, Hær. XXX, c. II, p. 134. D. & 135. Les Ministres inférieurs, c’est-à-dire, les Chefs de la Synagogue, les Prêtres, les Anciens & les Azanites, qui étoient comme les Diacres & les Serviteurs de la Synagogue. Tillem. qui ajoute, tous ces Ministres étoient électifs, & ne venoient point de succession & de famille, puisqu’on déposoit ceux qui les tenoient. La raison n’est pas bonne. Nous avons dans l’Écriture & dans l’Histoire plusieurs dépositions de grands Prêtres, quoique cette charge vint de succession & de famille.

Ce nom vient apparemment d’אזן, azan ; écouter ; & signifie des gens qui étoient établis pour écouter & exécuter les ordres que donnoient les Prêtres.

AZANOTH-THABOR. Ville de la Terre Sainte. Azanoth-Thabor. Elle étoit dans la partie méridionale de la tribu de Nephthali, près de la mer Méditerranée.

AZAPE. Voyez Asape.

AZAR. s. m. Terme de Relation. C’est le nom d’une monnoie d’or, qui a cours dans l’Île d’Ormuz.

AZARIA. On nomme ainsi à Smyrne une espèce de corail que les Marchands d’Europe y portent.

AZARIMIT. s. m. Pierre qui a la même propriété que la terre sigillée. On la tire d’une mine qui se trouve au royaume de Cananor. On s’en sert contre la fièvre, le flux de sang, & les morsures des serpens.

AZARON. Plante. Voyez Cabaret.

AZAUCHE. s. m. Figuier sauvage. Olcaster. Ce nom est espagnol. Wicquefort s’en est servi dans sa Traduction de l’Ambassade de Figuéroa.

AZAY LE RIDEAU. Nom d’un petit bourg, sur la rivière d’Indre, dans l’élection de Tours. La justice s’y exerce par le Bailli du Seigneur. C’étoit un lieu fort peuplé autrefois. Le Dauphin Charles s’en rendit maître en 1418 sur les partisans de Jean, Duc de Bourgogne. Tout y fut mis à feu & à sang, & les environs à plus de deux lieues à la ronde furent ruinés. C’est auprès du Port-Muault, qui n’en est pas éloigné que Rabelais dit dans son Gargantua, ch. 53, que fut bâtie la fameuse Abbaye de Thélème. Mémoires sur la Touraine, présentés à Louis Dauphin, VI du nom.

☞ Il y a en Touraine, à huit lieues de Château Roux, une autre petite ville nommée. Azai-le-Feron.

☞ AZAZEL. Voyez dans Moréri les différentes interprétations de ce mot, qui se trouve au ch. 16 du Lévitique. L’opinion la plus vraisemblable est celle qui dérive ce mot de hez, un bouc, & d’azal, qui signifie, il s’en est allé. Bouc émissaire. Quand le Grand- Prêtre entroit dans le Sanctuaire, ce qui ne lui étoit permis qu’une fois l’an, il prenoit deux boucs qu’il présentoit à l’entrée du Tabernacle. Il jetoit le sort pour savoir lequel des deux seroit immolé au Seigneur, & lequel seroit mis en liberté. Il mettoit la main sur la tête de ce dernier ; il confessoit ses péchés de ceux, du peuple, & prioit Dieu de faire tomber sur cet animal la peine qu’ils avoient méritée. Un homme destiné à cela, ou un Prêtre, selon quelques Interprètes, conduisoit le bouc dans un lieu désert & éloigné, le précipitoit & le mettoit en liberté.

☞ AZAZIL. Anges, qui selon les Mahométans, sont les plus proches du Trône de Dieu. On les joint ordinairement avec les Azrasil, qui sont les Chérubins & les Séraphins.

AZE.

AZE. s. m. Ce mot, qui est du style bas & comique, signifie un âne. Il est plus doux qu’un aze. S. Amand.

Aze. s. f. Terme de Vénerie, disent les grands Vocabulistes. Femelle du lièvre. Ils ont ainsi défiguré le mot hase, qui se prononce en aspirant l’h, & se dit de la femelle du lièvre & du lapin.

AZEBOUCQ. s. m. Drogue médicinale que les Chinois de Canton tirent de Batavia.

AZEBRO, ou AZEBRE. s. m. Espèce de cheval sauvage, qui se trouve dans la basse Ethiopie. Sa peau est mouchetée de blanc & de noir. Il court avec beaucoup de légèreté ; on ne l’apprivoise que très-difficilement.

AZÉCA, AZÉCHA. Ville de la Terre-Sainte. Azecha, Azeca. Elle étoit de la tribu de Juda.

AZEDARAC s. m. C’est un grand arbre qui a les feuilles semblables à celles du frêne, dentelées à leurs bords, d’un vert foncé. Sa fleur a cinq feuilles disposées en rose. Son fruit est rond, de la figure d’une jujube, charnu, de couleur de jaune pâle, d’un goût désagréable & amer. Il renferme un noyau osseux, cannelé, à cinq côtes ; on y trouve une semence presque ronde. Il croit en Italie & en Espagne. Son fruit est mauvais & vénéneux. Son nom est arabe, & il se trouve dans Avicenne.

C’est une espèce de Lot, ou de Jujubier, dont les fleurs sont blanches, & quelquefois bleues, marquées de points noirs, & les fruits fort petits & par grappes, dont l’amertume & la qualité venimeuse approchent fort de la coloquinte. Les habitans de la province de Giorgian, où cet arbre croit en abondance, l’appellent Zeber Zemin, poison de la terre ; & c’est apparemment à cause de la mauvaise qualité de son fruit, qu’il est appelé l’arbre libre, parce que personne n’y touche. On fait des grains de chapelets de ses noyaux, ce qui fait qu’on l’appelle Arbre des chapelets. Ce mot Azedarach est une corruption du nom Azzaddirakht que les Persans lui donnent. D’Herb.

AZELBOURG. Azlburgum. C’étoit autrefois une ville des Vindéliques, nommée Augusta Altilia. Aujourd’hui c’est un bourg de Bavière, sur le Danube, près de Stumbing. Quelques Auteurs croient qu’Altembourg est l’Augusta Altilia des Anciens.

AZEM. Royaume d’Asie. Azemum regnum. Il est dans le nord de la presqu’Île de l’Inde, au-delà du Gange, aux environs du lac de Chamay.

AZERBE. Voyez Asserbe. Cette muscade n’a presque point de goût, ni d’odeur : on ne se sert aujourd’hui que de muscade femelle.

☞ AZEROLE. s. f. Fruit de l’Azerolier. Voyez l’art. suiv.

AZEROLIER. s. m. Arbre sauvage, épineux, & de moyenne hauteur. Ses feuilles sont découpées comme celles du persil. Ses fleurs sont blanches & entassées en grappes. Il porte des fruits aigrets & secs qu’on nomme azeroles, & qui sont assez agréables au goût étant mûrs. C’est une espèce de nefflier, fort semblable à l’aubépine ; il devient plus gros & plus grand ; ses feuilles sont plus charnues, & ses fruits aussi gros que des cerises ; ils ont un goût aigrelet agréable, & ils renferment quelques osselets fort durs, qui contiennent chacun une semence. On confit ce fruit. On voit des azeroles blanches, mais elles sont rares. Cet arbre est commun en Provence & en Languedoc. En latin mespilus apii folio laciniato, ou mespilus Aronia. On le greffe sur l’épine blanche, ou sur le sauvageon de poirier, & sur le cognassier. Il y en a un qui vient du Canada, dont les épines sont très-longues, & les feuilles très-grandes. Il y en a aussi un blanc qui vient de Florence, qu’on ne trouve qu’à Versailles, & qui ne differe de l’autre que par la couleur de son fruit.

La Quintinie a dit Azerole pour Azerolier, prenant le nom du fruit pour celui de l’arbre, comme il fait souvent. Il dit ailleurs Azerolier. C’est une espèce d’épine blanche qui fait beaucoup de bois, & l’arbre est assez beau : sa feuille est un peu plus grande que celle de l’épine ordinaire, mais il ne rapporte pas tant.

AZI.

AZI. s. m. Sorte de présure composée de petit lait & de vinaigre, dont on se sert en Suisse, particulièrement à Gruyère & à Berne, pour faire le second fromage, qui se tire du petit lait du premier.

☞ AZILHAN. Petite ville de France, en Languedoc, à cinq lieues de Narbonne.

AZIMECH. s. m. C’est le nom que quelques Astronomes donnent à une étoile fixe qui s’appelle autrement Épi de la Vierge. Voyez Épi.

AZIMUT. s. m. Terme d’Astronomie. C’est un grand cercle vertical qui passe par le zénith & le nadir, & qui coupe l’horizon à angles droits. Verticalis circulus horizontem ad angulos rectos intersecans. Or, comme l’horizon est divisé par 360 degrés, il donne lieu à décrire 360 azimuts. Ce mot est purement arabe. Ces cercles sont les mêmes que les rumbs des Mariniers, marqués sur la Carte. On commence à les compter depuis le point du vrai orient, ou de l’orient équinoctial, & on continue en allant vers le midi jusqu’à 360. C’est dans ces cercles qu’on prend la hauteur des astres à toutes les heures.

Le nombre des azimuts n’est fixé ni à 180, ni à 360 comme les degrés. Si cela étoit, tous les lieux qui sont entre deux degrés, n’auroient point d’azimut ; ce qui est faux. Mais les divisions que l’on fait sur les Cartes, donnent lieu à ces distinctions ; & quoique la division de l’horizon en 360 degrés ne donne lieu qu’à 180 grands cercles, cependant on compte 360 azimuts, parce que chaque azimut a deux dénominations, l’une pour l’hémisphère supérieur, & l’autre pour l’inférieur ; car il seroit aussi ridicule de dire que l’azimut de nos antipodes est le nôtre, que de dire que le méridien de nos antipodes est notre méridien. Le même azimut, quand il passe sur notre tête, est le nôtre, & quand il passe sur celle de nos antipodes, il prend la dénomination d’azimut éloigné du nôtre de 180 degrés. Il en est de même du méridien.

Azimut, se dit aussi de l’arc de l’horizon compris entre le point du midi & le point de l’horizon auquel un astre répond perpendiculairement. Ainsi l’azimuth peut être oriental ou occidental, selon qu’on observe l’astre avant ou après son passage par le méridien.

AZIMUTAL, ALE. adj. Terme d’Astronomie. Il ne se dit d’ordinaire qu’au masculin. Il signifie, qui représente, ou qui mesure les azimuts. Quod verticales circulos exhibet. Un cercle azimutal, c’est celui qu’on s’imagine être mené du point vertical sur l’horizon à angles droits. On dit aussi, cadran azimutal ; & c’est celui dont le style est à angles droits sur le plan de l’horizon.

L’horizon azimutal de six pieds de diamètre. Troisième machine de l’Observatoire de Pékin. Cet instrument, qui sert à prendre les azimuts, n’est composé que d’un large cercle posé de niveau dans toute sa surface. La double alidade, qui en fait le diamètre, court tout le limbe selon les degrés de l’horizon qu’on y veut marquer, & emporte avec soi un triangle filaire, dont le sommet passe dans la tête d’un arbre élevé perpendiculairement sur le centre du même horizon. P. Le Comte.

AZINABAN. Terme de Philosophie hermétique. Ce sont les fèces qu’on rejette comme quelque chose d’impur, séparé de ce qui est pur, c’est-à-dire, de la pierre des Philosophes.

AZINCOURT. Nom d’un village de Picardie. Azincurtium. Il est dans le Vimeux, près de la rivière de Bresse, & du bourg de Blagny.

☞ Ce lieu est remarquable par la victoire que les Anglois remportèrent sur les François en 1415. Charles d’Orléans y fut fait prisonnier, & le Connétable d’Albret qui commandoit notre Armée, y fut tué, avec plusieurs Princes du Sang & une partie de la Noblesse.

AZIOTH, AZUTH. Nom d’une ville d’Egypte. Aziotha, Azutha, anciennement Bubasius, Bubastis, Haphestus. Elle est sur le Nil, à 7 ou 8 lieues au midi de Manfelout.

AZIRUTH. Nom d’une ville d’Egypte. Axyrutha, & selon quelques Géographes, anciennement Arsinoë. Elle est sur la mer Rouge, à 15 lieues au midi de Suez.

AZMAVETH. Nom d’une ville ou petite contrée voisine de Jérusalem. Azmaveth.

☞ AZMER. Province du Mogol, avec une capitale de même nom.

☞ AZOLO. Ville d’Italie, dans le Trévisan, près la source du Musone.

AZO.

AZONE. adj. Terme de Mythologie. C’est une épithète que l’on donne aux Dieux, qui ne sont point les Divinités d’un pays particulier. ni révérés par certains peuples, mais reconnus en tout pays, & adorés par tous les peuples. C’est pourquoi les Latins les appeloient Dii communes. Ce mot vient de l’α privatif ; & ζώνη, Zone, contrée, pays. Ces Dieux Azones étoient placés au-dessus des Dieux visibles & sensibles, qu’on nommoit Zonai, qui habitoient les parties visibles & sensibles du monde, & ne sortoient point du quartier, ou de la Zone qui leur étoit attribuée. Psellus dit que les Dieux Azones ou Azoniques, Ἀζωνιαιοὶ, chez les Egyptiens étoient Serapis, Denys ou Bacchus, & la Chaîne d’Osiris. Voyez le P. Kirker. Œdip. Ægypt. T. III, p. 101.

Les Azones sont aussi des peuples d’Assyrie qui habitoient dans le pays qui arrosoit le fleuve Lycus où étoit la montagne appelée Thannutis.

☞ AZOO. Capitale du royaume d’Azem, située sur la rivière de Laquia, qui arrose tout le pays.

☞ AZOPH. Ville de la Turquie d’Asie, dans la petite Tartarie, à l’embouchure du Don.

AZOR. Voyez Asor.

AZORES. Îles. Voyez Açores. Nous n’écrivons point & nous ne prononçons point en françois Azores, mais Açores.

AZOT. s. m. Terme de Chimie. C’est ainsi que les Chimistes appellent la matière première des métaux. Azot blanchissant le laiton, c’est le mercure ou l’argent-vif des Philosophes. Azot & le feu te suffisent, c’est-à dire, que le feu & le mercure purgé & préparé suffissent au Sage pour conduire l’œuvre à la perfection.

Azot, signifie aussi le compost, quand il est arrivé à la noirceur.

☞ AZOTE. Nom que les Grecs donnent au Dimanche de la Septuagésime, parce que l’Evangile de ce jour est la parabole de l’enfant prodigue : ce que signifie en grec le terme d’Azot. Ils le nomment aussi Prosphonésime.

AZOTE. Azotus. Ville de Palestine. Azote étoit l’une des cinq Satrapies des Philistins. Le Géographe Estienne dit qu’elle fut bâtie par un des Phéniciens qui quittèrent la Mer rouge pour s’avancer vers le Nord, & qu’il lui donna le nom de sa femme, qui s’appeloit Aza. Mais cela ne convient point, puisque Azote n’étoit point aux Phéniciens, mais aux Philistins. Il ajoute que ce nom signifie chimère, autre erreur ; car il est vrai qu’en Phénicien עזא, aza, signifie une chèvre ; mais Azot s’écrit autrement, אשדוד, Asdod & par un aleph, non pas par un ain. Quelques-uns interprètent ce nom robur, force, donnant dans une erreur à-peu-près semblable à celle du Géographe Estienne, & tirant azotus de עז, fort, robuste, comme si l’on disoit עזוד, & non pas אשדוד. D’autres disent qu’il signifie deprædatio, pillage, comme venant de שדד, ravager, piller. Il y avoit à azote un temple de Dagon ; les Philistins y ayant mis l’arche de Dieu, Dagon fut renversé deux fois. Saci écrit Azot. Depuis le Christianisme établi, Azote fut un siège épiscopal. Sa longitude est 65d. 15’, & sa latitude 31d. 50’. On l’appelle aujourd’hui Alsette, Alcet, ou Alzete. Ce n’est plus qu’un village. Adrichomius distingue deux Azotes ; l’une appelée Azotus Paralia, c’est-à-dire, maritime, c’est celle de l’Ecriture ; & l’autre, Azotus Ippini, c’est, selon lui, le siège épiscopal.

AZOVALALA. s. m. Petit fruit rouge de l’Île de Madagascar. Il croît sur un petit arbrisseau comme nos groseilles.

AZOUFA. s. f. Bête du royaume de Casoubi. On en trouve aussi à Fez & à Maroc. Ces animaux déterrent les morts & les dévorent.

☞ AZPEYTIA. Ville d’Espagne, dans le Guipuscoa. C’est la patrie d’Ignace de Loyola, Fondateur d’un Ordre qui ne subsiste plus en France.

AZU.

☞ AZUA. Ville d’Amérique, dans les Antilles, sur la côte méridionale de S. Domingue.

AZUMAR. Village de l’Alentéjo en Portugal, entre Portalègre & Elvas. Azumara, anciennement Septem Aræ. Ad septem aras.

AZUR. s. m. Pierre minérale qui est de couleur bleue. La pierre d’azur. Lapis lazuli. Pline & Dioscoride disent que c’est un sable ; Matthiole, une pierre ; Agricola, que c’est un minéral qu’on trouve dans les veines de la terre : mais la vérité est que c’est une pierre que nous nommons simplement lapis, ou lapis lazuli. Il doit être rayé de petites taches ou étoiles d’or, & pour cela Mesué l’appelle lapis stellatus ; & pour être bon, il doit résister au feu & à la fumée, d’où il tire même un nouvel éclat. On en a vu de si précieux, qu’il a été vendu jusqu’à cent écus l’once, comme témoigne Fallope. On en trouve dans des mines d’airain, d’argent & d’or, & aussi parmi les marbres ; & c’est celui dont on se sert le plus. On distingue cette pierre en trois sortes, en pierre de l’ancienne roche, qui est pure, bien nette, d’un beau bleu, qui est chargée de quelques veines dorées qu’on croit être d’or, & qui cependant ne sont très-souvent que des veines de pyrite. La seconde sorte est appelée la nouvelle roche ; elle est farcie de gangue ; sa couleur est moins foncée, & son prix est bien moindre. Ces deux espèces nous sont apportées de Perse, de Siam, &c. La troisième sorte vient des montagnes d’Auvergne ; elle est mêlée de la pierre du rocher d’où on la tire : elle est d’un bleu plus pâle, & est couverte de quelques tâches verdâtres, & a des veines dorées, c’est à-dire, de pyrite. Lorsque cette pierre est bien tachée en vert, on la vend pour la pierre Arménienne. On se sert de cette pierre en Médecine ; on la calcine, & on la lave plusieurs fois pour la préparer ; elle entre dans la confection alcaline ; quelquefois malgré ces lotions elle ne laisse pas d’être purgative, à cause des matières vitrioliques qu’elle contient. On appelle la pierre d’azur par excellence lapis. On dit, voilà de beau lapis.

Azur, est aussi une poudre bleue, pesante, que les Epiciers vendent aux Peintres pour les couleurs, & aux femmes pour mettre dans l’empois. Cette poudre est un produit de la préparation du cobalt lorsqu’on tire le bismut de cette marcassite. Sthale parle de sa préparation. On l’appelle aussi cendre d’azur ; les Peintres s’en servent, & la mêlent avec du blanc de plomb pour l’employer. Les Médecins n’emploient que le naturel.

☞ Le nom d’azur paroît aujourd’hui particulièrement affecté au bleu de cobalt, c’est-à-dire, à la terre du cobalt quand elle est pulvérisée.

L’azur s’appelle autrement, outremer, à cause qu’il vient des lieux qui sont au-delà de la mer ; ou, selon Brassavolus, parce que c’est un bleu plus fort que celui de la mer.

Il y a un azur factice qui se fait avec de l’indigo, ou du suc de violettes broyé avec certaine craie. L’ordinaire se fait avec du sel ammoniac, & des lames d’argent, ou bien avec du soufre, du vif-argent, & du sel ammoniac, dont la préparation se trouve dans Agricola & dans Cæsius.

Il y a aussi un azur d’Allemagne : c’est une teinture qu’on cueille & ratisse proprement au-dessus des pierres qui sont dans les minières d’argent. Le vert azur est une exhalaison de mine de cuivre mêlée avec de l’argent, comme dit Biringuccio. Barbosa parle d’un azur très-fin qu’on apporte de la Babilonie à Ormuz ; & Louis Barthema, dans son Itinéraire, dit qu’on trouve à Schiras une grande quantité d’azur d’Outremer.

Azur, se dit aussi de la couleur de l’azur. Lazuli color. Cæruleus color. Voilà un bel azur. On le dit quelquefois en parlant du ciel. On dit aussi, le bleu d’azur.

☞ On dit par manière de proverbe, en parlant d’une maison richement ornée, ce n’est qu’or & azur.

En termes de Blason, azur signifie aussi le bleu, & c’est une des quatre couleurs. L’Ecu de France a trois fleurs de lis d’or en champ d’azur : c’est une couleur céleste qui est le symbole de la Justice. L’azur est marqué dans le blason par des hachures, ou simples lignes qui vont de gauche à droite, d’un côté à l’autre de l’écu, & sont parallèles au chef, ou à la fasce.

Ce mot azur vient de Lazurd, en retranchant les lettres l & d. Huet. Car les Arabes appellent cette pierre אללזורד, allazurd, & sans article lazurd, & non pas lazuli, comme on l’avoit dit dans la première édition. Le son du d sans voyelle à la fin étant obscur, l’usage l’a retranché. Pour le l il ne l’a pas retranché apparemment ; mais il l’a pris pour notre article François l’ devant une voyelle pour le ; de même qu’il a pris l’a dans l’Apouille, & dans l’Anatolie, pour un article, & que l’on dit la Pouille, la Natolie.

AZURÉ, EE. adj. Qui est peint d’azur. Cæruleus. Lambris azuré. On appelle poëtiquement le ciel, la voûte azurée, parce qu’il semble à nos yeux qu’il est d’azur ; & il nous paroît tel à cause de son grand éloignement.

L’Eridan est moins pompeux :
Et dans la voûte azurée
Jamais sa tête dorée
Ne brilla de tant de feux. Anonyme.


Ces voûtes claires & solides,
Ces beaux Cieux au front azuré.
Qui sont dans leur cours mesuré,
Et si légers & si rapides.

En parlant de la mer, les Poëtes disent aussi, les plaines azurées.

Il se dit encore des fleuves & des canaux, & dans la description de Trianon, Me Cheron a dit du canal de Versailles.

Sur ces plaines azurées
Voguez, galères dorées,
Coupant l’eau de cent façons,
Tandis qu’effleurant la rive
Le cigne à la voix plaintive
Fait entendre ses chansons.


AZURIN. s. m. Azurinus. Les Azurins sont les Chanoines de la Congrégation de S. Georges, in alga. Ils sont ainsi appelés à cause de l’habit bleu qu’ils portent. Papebr. Acta Sanct. April. T. III, p. 618.

AZURUM. s. m. C’est le nom d’une préparation de chimie dont Albert le Grand donne la description. Elle consiste en deux parties de mercure, un tiers de soufre & un quart de sel ammoniac. On pile toutes ces drogues ensemble dans un mortier, & on les met sur le feu dans un vaisseau de verre, jusqu’à ce qu’il en sorte une fumée bleuâtre ; on les retire du feu, on casse le vaisseau, & on pulvérise ce qu’il contient. Dictionnaire de James.

AZY.

AZYGOS. Terme d’Anatomie. C’est le nom grec qu’on donne à une veine qu’on appelle autrement Sans-pair, (c’est ce que signifie azyga) parce qu’elle se trouve seulement du côte droit : c’est le troisième rameau du tronc ascendant de la veine-cave, qui reçoit seize rameaux, huit qui lui viennent des huit espaces des huit côtes inférieures du côté droit, & autant du gauche.

AZYLE. Voyez Asile.

☞ AZYME. adj. de t. g. Terme de l’Ecriture-Sainte. Qui est sans levain, qui n’est pas fermenté. Azymus, non fermentatus. Le même mot employé substantivement au pluriel, désigne la fête que les Juifs célébroient sous le nom de Fêtes des Azymes. Les pains azymes étoient des pains sans levain, que les Juifs mangeoient dans le temps de leur pâque. Les Juifs avoient grand soin pendant leur fête de pâque, c’est-à-dire, pendant sept jours, de n’avoir en toutes leurs maisons que des pains azymes, & ils faisoient pour cela de grandes perquisitions qu’on voit dans le Traité du Pain azyme, que le sieur Compiegne a traduit du Rabbi Moses, extrait du Talmud. J. C. institua l’Eucharistie après avoir mangé l’agneau paschal avec ses Apôtres au temps marqué par la loi, qui étoit le quatorzième de la lune, sur le soir, où commençoit aussi l’observation des pains azymes, c’est-à-dire, sans levain. God. La dispute des azymes n’est point la cause de la rupture entre les Grecs & les Latins. Photius avoit rompu avec les Papes 200 ans avant qu’elle éclatât. C’est Cerularius qui pour cela, dans le XIe siècle, excommunia les Latins. S. Thomas in-4. Sent. dist. II, q. 2, art.2, quæstione 3, dit que dans les commencemens on ne se servoit que d’azymes dans l’Eglise pour l’Eucharistie ; qu’ensuite l’hérésie des Ébionites, qui disoient qu’on étoit encore obligé aux observances de la loi de Moyse, fit que l’Eglise d’Orient & d’Occident usèrent de pain levé dans ce Sacrement ; que cette hérésie étant éteinte, l’Eglise latine reprit l’ancien usage des azymes, & il cite sur cela un Pape Léon.

Le P. Sirmond, dans une dissertation faite exprès, a montré qu’avant le Xe siècle les Latins ne s’étoient point servi d’azymes, & qu’ils communioient avec du pain levé. Le Cardinal Bona, Rerum Litturg. c. 23, p. 185, doute aussi de ce que dit S. Thomas, parce qu’on ne sait quel est ce Pape Léon qu’il cite. Dom d’Achery, & le P. Mabillon dans les Acta Sanct. Sæc. III, Part. I, pag. 45 & suiv. ont tâché de montrer contre le P. Sirmond, que cet usage étoit plus ancien que le Xe siècle. La raison qu’ils apportent, est que les Pères avant Photius ne parlent point du tout qu’on ait rien changé en cela à la manière dont Jésus-Christ consacra en instituant ce Sacrement, quoiqu’ils parlent des autres changemens ; par exemple du jeûne que l’Eglise exige dans les Consacrans & les Communians. Quant aux autorités qu’ils rapportent, ou bien il n’est point parlé de ferment, ni d’azyme, ou il paroît que les mots de ferment & de fermenté ne s’entendent que du mélange de quelque autre chose avec l’eau & la farine ; ou ils disent seulement comme Léon IX, que jamais personne n’a dit, que ce fût un crime de consacrer avec des azymes, comme le disoit Cérularius : mais Léon ne dit pas que l’on n’ait jamais consacré qu’avec des azymes. Ainsi le sentiment du Père Sirmond se soutient toujours. Jean Ciampini fit imprimer à Rome, en 1688, un ouvrage sur les azymes, qu’il intitula Conjecture sur l’usage perpétuel des azymes dans l’Eglise latine, ou pour le moins dans la romaine. On est convenu dans le Concile de Florence, qu’on peut varier sur cette coutume, selon qu’il plaît à l’Eglise. L’Eglise latine a préféré l’usage des azymes, parce que Jésus-Christ fit la pâque le jour des azymes.

Il y a des médailles sur lesquelles on voit d’un côté, une espèce petit pavillon, qui pourroit passer pour un parasol, avec ce mot grec, ΑΓΡΙΠΑ ; & de l’autre deux épis de blé, avec ces deux lettres, Α d’un côté, & de l’autre, Σ, c’est-à-dire, anno sexto. M. Spanheim s’est imaginé que cela signifioit d’un côté la fête des tabernacles, & de l’autre celle des azymes, ou de pâque, parce qu’on offroit à pâque une gerbe de nouveau blé dans le temple de Jérusalem ; mais deux épis ne sont point une gerbe, & il y a plus d’apparence qu’ils marquent à l’ordinaire une contrée fertile en blés.

Ce mot vient du grec ἄζυμος sine fermento, composé de l’α privatif, & de ζύμα, fermentum.

Les Arméniens & les Maronites se servent aussi de pain azyme, ou sans levain, dans la célébration de la liturgie ; de sorte que quelques Grecs leur ont donné le nom d’Azymites, comme l’a remarqué Abraham Echellensis, dans une lettre qu’il écrivoit de Rome, l’an 1654, au P. Morin de l’Oratoire. Antiquissimus fuit mos iste apud duas orientales nationes, nempè Maronitas & Armenios. Hinc Azymitæ a quibusdam, Scriptoribus Græcis dicti & appellati sunt. Il y a néanmoins peu d’apparence que cet usage soit si ancien chez ces deux nations, principalement chez les Maronites. Car Jean Maron, Auteur d’un Commentaire sur la liturgie des Syriens, qu’Echellensis produit pour montrer l’antiquité du pain azyme, chez les Maronites, n’est pas si ancien que ce Maronite l’a cru. Le Cardinal Bona a remarqué judicieusement, dans son Liv. I des Liturgies, ch. 23, pag. 274, que ce livre de Jean Maron n’a pas l’antiquité que lui donnoit M. Nairon, neveu d’Echellensis. Il ne faut que lire cet ouvrage, dit ce savant Cardinal, pour juger qu’il a été écrit après la dispute des Grecs & des Latins, sur les pains azymes. Patet autem ex contextu, scriptum hunc librum (Maronii) post Græcorum schisma & post lites de azymo excitatas.

Abraham Echellensis prétend encore prouver invinciblement l’antiquité des pains azymes chez les Maronites, par les constitutions de cette Eglise, qui ont été traduites il y a déjà long-temps de syriac en arabe. On lit au chap. 10 de ces constitutions, que Jésus-Christ, lorsqu’il institua l’Eucharistie, prit du pain azyme qui étoit sur la table. Mais il est aisé de juger que ce mot d’azyme a été ajouté après coup ; que les Maronites ont eu plus d’égard en cela, à ce qui se pratiquoit chez eux, qu’a l’institution de Jésus-Christ. Il faut cependant avouer que l’usage des azymes n’est pas nouveau, tant chez les Maronites, que chez les Arméniens ; mais il n’est pas si ancien que ces peuples le prétendent. Comme les uns & les autres ont fait diverses unions avec l’Eglise romaine, & en différens temps, il se peut faire qu’ils aient emprunté des Latins cet usage. L’Auteur de l’Histoire critique de la créance des nations du levant, a fait une remarque au ch. 4 de son livre, laquelle mérite d’être rapportée au long, parce qu’elle éclaircit plusieurs faits qui regardent les coutumes & cérémonies des Chrétiens du levant, & principalement des Maronites. Je passe sous silence, dit cet auteur, quelques actes qui ne se trouvent que dans les livres arabes, & qui ont été composés après la réunion des Maronites avec l’Eglise Romaine. Pour peu qu’on sache l’Hisloire Ecclésiastique, il sera aisé de juger que ces Histoires n’ont aucun fondement dans l’antiquité, & que les Maronites & les autres peuples du levant, qui ne sont point savans dans la critique de l’Histoire Ecclésiastique, ont rapporté à des temps anciens, ce qui n’est en usage parmi eux que depuis quelques siècles seulement. C’est aussi sur ce principe qu’on ne croira pas facilement à l’autorité de Jean Maron, dont le Commentaire sur la Liturgie syriaque de saint Jacques n’a pas toute l’antiquité qu’on lui attribue ; car il contient des faits qui sont postérieurs de plusieurs siècles.

AZYMITE. s m. & f. Qui se sert d’azymes, ou de pain sans levain. Azymita ; qui non pane fermentato utitur. Les Grecs ont appelé les Latins Azymites, parce qu’ils se servoient de pain non levé dans l’Eucharistie. C’est aussi le nom injurieux que Michel Cerularius leur donna, lorsqu’il les excommunia dans l’onzième siècle.