Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DROGUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 468-469).
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DROGUE. s. f. Terme général de marchandise d’épicerie de toute sorte de nature, & sur-tout des pays éloignés, lesquelles servent à la Médecine, aux teintures & aux Artisans, comme séné, casse, mastic, borax, alun, brésil, sandaraque, &c. Materia ex quâ medicamenta & aliæ compositiones conficiuntur. Lémery a publié en 1698 un Traité universel des drogues par ordre alphabétique. Les Apothicaires doivent avoir dans leur boutique toutes sortes de drogues. Il y a de certaines drogues qui ne sont point nourrissantes, lesquelles appaisent la faim pour quelque temps. Lémery.

Ménage, aprés Saumaise, dérive ce mot de droga, qui a été fait du Persan droa, signifiant odeur, parceque les drogues aromatiques ont beaucoup d’odeur. Guichart le fait venir du mot Hébreu rakab, qu’il explique par préparer des parfums, des aromates, des onguents.

Plusieurs Auteurs ont écrit en Latin sur les drogues, Pomet a donné une Histoire des drogues en François avec des figures ; cet ouvrage est bon pour le choix des drogues.

DROGUE. Terme d’Éventailliste. Ce qu’on nomme de la sorte, chez les maître Éventaillistes, est une composition de gomme d’Arabie, & de quelques autres ingrédiens, dont ils se servent pour appliquer les feuilles d’or ou d’argent sur les papiers dont ils font leurs éventails, ou pour les couvrir de l’un de ces métaux réduits en poudre.

On donne aussi ce nom au sel, ou cendre de verre, dont on se sert dans quelques blanchisseries pour le blanchissage des Toiles.

Drogue, se dit, figurément, des choses de peu de valeur. Res vilioris pretii. Le fonds dont ce Marchand se veut défaire, n’est que de rebut, ce n’est que de la drogue. Cet usurier, en faisant un tel prêt, en a donné la moitié en drogue, en méchans billets, méchans meubles, &c.

On dit, proverbialement, qu’un homme sait bien faire valoir sa drogue, pour dire qu’il est charlatan, qu’il sait vendre cher de mauvaise marchandise.

On dit, figurément & ironiquement, voilà de bonne drogue, pour signifier que ce qu’on veut nous offrir de bon, ne vaut rien. Acad. Fr.