Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DRILLE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 467).

DRILLE. s. m. Mouillez les deux ll. Vieux mot qui signifioit autrefois soldat, & qu’on emploie aujourd’hui dans le style familier dans différentes acceptions. On dit, par mépris, c’est un pauvre drille, un méchant soldat, miles ignavus, imbellis, & plus souvent un pauvre malheureux. C’est un vieux drille, c’est-à-dire, un soldat qui a vieilli dans le service, miles strenuus ; & quelquefois un vieux libertin.

Drille, se dit encore, populairement, d’un jeune homme vif & hardi. Audux, audaculus. Un tel, ah ! je le connois ; c’est un drille, un bon drille. Un bon compagnon.

☞ Ce mot, en vieux Gaulois, signifie un haillon, un habit en lambeaux, tels qu’en portent ordinairement les méchants soldats.

☞ En termes de Papeterie, on appele Drilles, s. f. pl. les vieux chiffons de toile de chanvre, ou de lin, qu’on emploie dans les Manufactures de papier, & qui en sont la principale matière.

Selon quelques-uns, ce mot vient du mot Grec ὅλος & M. le Prince prenoit plaisir à en rapporter la généalogie ; d’ὅλος on a fait solus, solidus, solidatus, soldat, soudar, soudrille, drille. Si cela est vrai, on pourra dire que drille vient de l’Hébreu בול car, selon quelques Savans, ὅλος est formé de בוֹל en ajoûtant la terminaison Grecque ος & en suppléant par l’esprit rude au retranchement de la lettre caph.

Drille, signifie aussi un grand arbre, qui est de la nature du chêne, qu’on appele autrement rouvre, dont le bois est le plus dur, & qui porte le meilleur gland & le plus gros. Robur.

DRILLE. s. f. Terme d’Horlogerie. Outil qui porte un foret pour percer certaine pièce pesante, comme boëte de pendule de cuivre &c.

DRILLE. s. m. & f. Nom de peuple, qui se nomma depuis Sanne, ou Thzane. Drillus, a. Ils habitoient proche de Trébizonde. Les Sannes, nommés Drilles par Xénophon, n’avoient point de Rois, & avoient autrefois payé tribut aux Romains. C’étoient les peuples les plus belliqueux de ces contrées. Voyez Tillemont. Hist. des Emp. Tom. II. p. 270.