Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DRAGÉE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 457).
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DRAGÉE. s. f. Petites confitures séches, où l’on enferme quelque petite graine ou menu fruit, comme anis, amandes, pistaches, avelines, morceau de cannelle ou de citron, ou abricot, coriandre, &c. Anisum, amygdalum, &c. durato saccharo circumdatum. Globuli saccharei. Cette circonlocution est nécessaire, faute de mot propre qui puisse exprimer ce qu’on entend par dragée. Les anis de Verdun sont fort renommées, & passent pour les plus excellentes dragées. On travaille bien aussi en dragées à Sédan : les dragées de girofle & des autres épiceries fines, y sont admirables, & très-propres pour fortifier l’estomac, & pour aider à la digestion après le repas.

Ce mot vient de tragea Latin, qui a été fait du Grec τραγημα qui signifie seconde table. Nicot.

Dragée, se dit aussi du menu plomb dont on charge un fusil pour tirer sur de petit gibier. Plumbeæ pilulæ minutissimæ.

Dragée, signifie aussi un mêlange de graines qu’on donne aux chevaux. Grana miscellanea equorum pabulum.

Dragée, se dit aussi des menus grains qui se recueillent ordinairement dans les jardins, comme lentilles, navettes, bled sarrasin, qu’on appelle quelquefois dragée aux chevaux, millet, &c. sur lesquels les Curés prétendent droit de menues dîmes, qu’ils appellent dîmes vertes, ou dragées. Granea miscellanea.

On dit d’un fusil qui ne porte pas son plomb bien serré & bien ensemble, qu’il écarte la dragée.

On dit, figurément & populairement, qu’un homme écarte la dragée, pour dire qu’en parlant il laisse échapper de petites parties de salive, qui tombent sur celui à qui il parle.