Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISTRACTION
DISTRACTION, s. f. Terme de Palais. Séparation d’une chose avec un autre ; démembrement. Distractio, Disjunctio. On a jugé son opposition pour la distraction d’une terre qu’il prétendoit. On a fait la distraction des sommes qui ne lui appartenoient pas dans ce paiement. Il a été condamné à l’amende pour la distraction du ressort.
C’est, en matière de dépens, l’attribution ou adjudication que demande à son profit le Procureur de la Partie qui a gagné sa cause, d’une portion des deniers, au paiement desquels est condamnée l’autre Partie, pour se payer des salaires qui lui sont dus.
☞ Distraction, en morale, désigne généralement un défaut d’attention. C’est l’application de notre esprit à un autre objet que celui qui devroit nous occuper pour le moment, ou qui devroit continuer de nous occuper. Voyez Distrait. Vagans, vagus animus ; aberratio mentis. Les distractions sont le partage ordinaire des jeunes gens, un rien les détourne & les amuse. La curiosité cause des distractions, parce qu’un nouvel objet extérieur attire notre attention, de façon qu’il la détourne de celui à qui nous l’avions d’abord donnée, ou à qui nous devions la donner. Les distractions affoiblissent les fonctions de l’esprit, & le remplissent d’inutilités. Port-R. Les plaisirs font une grande distraction aux desseins de fortune & d’établissement. S. Real.