Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DISPUTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 381).

☞ DISPUTE. s. f. Contestation occasionnée par la contrariété des opinions. Contentio. L’entêtement, joint au défaut d’attention à la juste valeur des termes, est ce qui prolonge ordinairement les disputes.

☞ Par un uqage vicieux, ce mot est souvent employé comme synonyme à querelle. Jurgium, rixa. Le mari & la femme ne doivent jamais avoir dispute ensemble. Ils ont eu dispute au jeu.

Dispute, dans les Collèges, est une contestation qu’ont les Ecoliers pour les places, pour les prix, ou pour leurs exercices. Concertatio, contentio, disputatio. Il se dit aussi des actions publiques qui se font dans les Ecoles pour agiter des questions. Ouvrir la dispute, assister aux disputes. On fait de longues disputes dans les Ecoles de Théologie, de Médecine, &c.

Dispute, signifie un combat d’esprit en matière de science, une controverse sur les dogmes de la Religion. Controversia, contentio, disputatio. Il n’y a rien qui serve davantage à donner diverses ouvertures pour trouver la vérité, que la dispute. Le mouvement d’un esprit qui s’occupe seul à l’examen de quelque matière, est d’ordinaire trop froid & trop languissant, il a besoin d’une certaine chaleur, qui réveille ses idées ; & c’est par les oppositions de la dispute, que l’on découvre où consiste la difficulté ; ce qui donne lieu de faire effort pour la vaincre. Port R. Les disputes ont fait les schismes. Mont. Il faut courir après la raison, & chercher la vérité par les doutes & par la dispute. Balz. L’ardeur de vos disputes insensées est devenue le plus dangereux de vos maux. Flech. Les zélés ne peuvent se résoudre à attendre le succès lent & douteux des raisonnemens, des disputes. Saurin. On cherche moins la vérité dans la dispute, qu’à triompher de son adversaire. Claud.

On dit, en proverbe, qu’une dispute est fondée sur la pointe d’une éguille ; pour dire, qu’elle est faite pour une chose de rien, qui n’en vaut pas la peine.