Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIMESSE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 354-355).
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DIMESSE. s. f. Nom que l’on donne aux personnes du sexe qui composent une congrégation établie dans l’Etat de Venise, & qu’on appelle autrement Modestes. Dimessa, Modesta. La Congrégation des filles & veuves appelées Dimesses ou Modestes, dans l’État Vénitien, a eu pour Fondatrice Dejanira Valmarana, fille d’Aluise Valmarana, & d’Isabelle Nogarole de Vérone, & épouse d’Agrippa Pristrate, Jurisconsulte de la même Ville, dont elle eut un fils. Le père & le fils étant morts, elle se trouva en 1572. libre de tout ce qui pouvoit l’attacher au monde. Elle prit l’habit du Tiers-Ordre de S. François d’Assise, & se retira avec quelques pauvres femmes dans une maison qui lui appartenoit, où elles vécurent dans la pratique de toutes les vertus Chrétiennes, sous la conduite du P. Antoine Pagani de l’Ordre de S. François de l’Observance. Angele Valmarana, cousine de Dejanira, se voyant aussi veuve, fit la même chose dans une maison voisine, qu’elle acheta. Le P. Pagani fit des réglemens communs pour ces deux Maisons. L’Evêque de Vicenze, & le Cardinal Augustin Valierio, Evêque de Vérone, & Visiteur Apostolique dans le Diocèse de Vicenze, les approuvèrent l’an 1584. Quelques autres Maisons du même Institut ayant été fondées, Dejanira Valmarana les gouverna en qualité de Supérieure générale, mourut en 1605. & fut enterrée dans l’Eglise de Notre Dame-la-Neuve à Vicenze, & mise dans la sépulture commune des Dimesses. Pour être reçues, elles doivent être libres de tout engagement, même de tutelle de leurs enfants. Elles font trois ans d’épreuves, &, encore après, deux ans, pendant lesquels on peut les renvoyer. Il ne doit y avoir que huit ou dix Dimesses dans chaque Maison. Tous les trois ans deux Maisons voisines, ou quatre au plus, élisent pour chaque Maison une Supérieure, deux Ajutantes ou Majeures qu’on appelle aussi Consultrices. Elles ne font point de vœux & peuvent sortir, même pour se marier. Elles enseignent le catéchisme aux personnes de leur sexe, & servent les femmes dans les Hôpitaux. Elles sont habillées de noir ou de brun. P. Heliot. T. VIII. C. 3.