Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIMANCHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 351-352).
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DIMANCHE. s. m. Jour du Seigneur, premier jour de la semaine, consacré au Seigneur, pendant lequel il est défendu de travailler. Dies Dominica. C’est un Commandement de l’Eglise d’entendre la Messe tous les Dimanches. Il y a des Dimanches, dans le Bréviaire, de la première & de la seconde classe. Ceux de la première sont ceux de la Passion, des Rameaux, de Pâques, de Quasimodo, de la Pentecôte, de la Trinité, (celui-ci a été appelé autrefois le Roi des Dimanches.) Le premier Dimanche de l’Avent, & de la Quadragésime. Ceux de la deuxième sont les Dimanches ordinaires. On fait tous les Dimanches l’Eau-benite & le Prône. Autrefois chaque Dimanche de l’année avoit son nom propre, qui étoit pris de l’Introïte du jour : ce qui n’est demeuré en usage qu’en quelques Dimanches de Carême, Reminiscere, Oculi, Lætare, Judica. Le Dimanche a été substitué en la place du Sabbat par les Chrétiens, en l’honneur & en mémoire du mystère de la Rédemption, qui fut accompli ce jour-là par la résurrection de Jésus-Christ.

C’est le Grand Constantin qui le premier a fait une loi pour l’observation du Dimanche, & qui, selon Eusébe, ordonna qu’il fût célébré régulièrement par tout l’Empire Romain, comme on le va dire plus bas. Avant lui, & même encore de son temps, l’on observoit le jour du Sabbat, aussi-bien que le Dimanche, pour satisfaire à la Loi Mosaïque, & imiter les Apôtres, qui avoient accoutumé de s’assembler le Dimanche.

Quelques-uns croient que le jour du Seigneur, dans l’Apocalypse, Liv. 2. est le Dimanche, déjà institué par les Apôtres. Quoi qu’il en soit, dès les premiers temps de l’Eglise, on a célébré le Dimanche. S. Justin dit, dans sa première Apologie, que le jour que l’on appelle du Soleil (c’est ainsi que les Payens nommoient le premier jour de la semaine que nous nommons Dimanche) les Chrétiens s’assembloient en un même lieu ; qu’on y lisoit les Ecrits des Apôtres & des Prophètes ; que celui qui présidoit faisoit un discours ; que l’on faisoit des prières, l’oblation du pain & du vin, qui, étant sanctifiés, se distribuoient à ceux qui étoient présens, & se portoient aux absens par les Diacres, &c. Le 6e de Mars de l’année 321. Constantin fit une loi, par laquelle il ordonna qu’on célébreroit dans la suite le jour du Soleil, c’est-à-dire, le Dimanche, & que tous les Juges & le peuple des villes observassent le repos ; mais il permit encore le travail de la campagne. En 538, le IIIe Concile d’Orléans défendit ce travail de la campagne, mais, parce qu’il y avoit beaucoup de Juifs dans les Gaules ; que le peuple donnoit, par rapport à l’observation du Dimanche, dans des superstitions semblables à celles de ces Juifs dans l’observation du Sabbat, il déclare que de croire qu’il ne soit pas permis le Dimanche de voyager avec des chevaux, des bœufs ou des voitures, ni de préparer à manger, ni de rien faire qui regarde la propriété des maisons ou des personnes, cela sent plus le Judaïsme, que le Christianisme. Deux Conciles de Mâcon défendent au même siècle d’atteler des bœufs le Dimanche, ou de faire d’autres travaux. Voyez encore le quatrième Canon du Concile de Narbonne en 589.

Les Auteurs du moyen âge appellent chaque Dimanche de l’année, le jour de la Résurrection du Seigneur. Dans la vie de S. Bernard, Evêque d’Hildesheim, n. 40. il est dit que, la veille de l’Epiphanie, tomboit la première férie de la Résurrection du Seigneur. In vigiliæ Epiphaniæ Domini, quæ tunc primâ feriâ Dominicæ resurrectionis accidit.

On appelle Dimanche gras, celui qui précède le Mercredi des Cendres. Il y a un petit air de Dimanche gras répandu sur cette lettre, qui la rend d’un goût non pareil. Madame De Sév.

Le peuple appelle les habits du Dimanche, les plus beaux habits qu’il ait. On dit aussi, qu’un homme se pare de quelque chose, comme de sa robe des Dimanches.

Dimanche. Nom que l’on donne dans le style familier, bas & populaire, aux Artisans, & à ces sortes de gens qui viennent demander leur paiement le Dimanche. Monsieur Dimanche. Mol.

On appeloit autrefois Dimanche, ceux qui portoient le nom propre de Dominique, & ce nom se trouve dans Monstrelet. M. Huet. Le nom de Dimanche se donne encore au Baptême, sur-tout en Brie. Vocabulaire Hagiologique, au mot Dominicus.