Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIJON

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 349).
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DIJON. Divio, Diviopolis, Diviorum, ou Deorum Civitas, & Divionum, selon quelques-uns. Le premier est le meilleur. Ville capitale du Duché de Bourgogne : le Pape Clément XIII. y érigea en 1731. un Evêché, dont le Diocèse a été tiré de celui de Langres. Il y a un Parlement, qu’y établit Louis XI. en 1476, une Chambre des Comptes, une Cour des Monnoies, & un Présidial. Le Premier Président de Ville-Neuve disoit qu’étant prisonnier en Suisse, il avoir lu une ancienne Chronique de Bourgogne, qui faisoit mention d’une fameuse ville de l’Evêché de Langres, nommée Bourg-Ogne, ou Bourg des Dieux, Burgus Deorum ; car Ogne en Celtique signifie Dieu : que c’étoit cette ville qui avoit donné son nom à tout le pays long-temps avant la conquête des Gaules par les Romains. Les habitans de cette ville, mécontens des Autunois, dont ils dépendoient, brûlèrent leur ville, & passerent le Rhin. Elle se rétablit : Aurélien la fit encore détruire ; mais, craignant d’avoir offensé les Dieux dont il avoit ruiné la ville, il résolut de la rebâtir. Il le fit, & voulut qu’elle fût appelée Divio, du nom Divi, qui signifie les Dieux. Du Chesne, Antiq. des Villes de France, P. II. L. VI. c. 1. Cette vieille Chronique pourroit bien être mêlée de fables. Valois croit seulement qu’Aurélien fit entourer Dijon de murailles, qu’il l’embellit, & l’orna de temples & d’autres édifices publics. Mais l’opinion la plus probable est que, suivant la correction d’un passage de Grégoire de Tours, où l’on doit lire Aurele au lieu d’Aurélien, c’est Marc-Aurele qui en a été le restaurateur, & que Dijon étoit plus ancien que cet Empereur, puisque l’Historien du Martyre de S. Bénigne, dans Surius, rapporte que Marc-Aurele fit un voyage en cette ville, pour visiter les nouveaux murs dont il l’avoit fait entourer.

Quoi qu’il en soit, c’est une très-ancienne ville. Grégoire de Tours en parle, & la décrit très-bien dans son Liv. III. c. 19. Un Marbre, trouvé il y a quelques années à Rome, parle des Serruriers demeurans à Dijon, Dibione consistentes. Dans la suite les Ducs de Bourgogne de la première race, descendus de Hugues Capet par le Roi Robert, son petit-fils, ayant choisi Dijon pour y faire leur résidence, l’embellirent beaucoup. Dijon a eu titre de Comté. Aujourd’hui c’est une grande & belle Ville, remplie de beaux édifices, tant sacrés que profanes, défendue par un Château fortifie. C’est Louis XI. qui l’a bâtie. Dijon est situé à une petite distance des deux collines de Talan, & de Fontaines, lieu de la naissance de St. Bernard. Ses environs sont fertiles & agréables, à cause des rivières de Sujon & d’Ouche qui l’arrosent. M. Ménage disoit souvent qu’après Paris, il n’y avoit guère de ville en France où il y eût plus de gens de lettres qu’à Dijon. L’élévation du pôle à Dijon est de 47 deg. 20 min. Sa longitude est de 22 deg. 50 min. Acad. des Sciences.

Ce nom vient de Diu, qui, en Gaulois ou Celtique, signifie fontaine, & lui a été donné à cause des sources qui sont tout autour. Cela est plus probable que ce qu’on dit au commencement, du Bour-Ogne & d’Aurélien.