Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIGUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 348).
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DIGUE. s. f. Ouvrage de maçonnerie, charpente, ou fascinage, dont on fait un rempart qu’on oppose à l’entrée, ou au cours des eaux. Moles opposita fluctibus, agger. Les digues se font avec des élévations de terre mêlée de claies, de pieux, de pierres, & autres choses semblables. La digue de la Rochelle se fit avec des vaisseaux coulés à fond. Les digues de Hollande se sont souvent rompues, & ont inondé beaucoup de pays où est à présent la mer. Le cours du Rhône a été changé par le moyen d’une digue.

Ce mot vient du Flamand dijk, qui signifie un amas de terre contre les eaux ; & ils ont dérivé ce mot du Grec τειχος, comme croient Saumaise & Ménage. Guichard fait venir le mot François digue, & le mot Flamand dijk, de l’Hébreu, dagah, formé de ghadad, en transposant les lettres, ghadah, ripa, rivage.

On le dit, figurément, en Morale, & il signifie, Obstacle. Obex, obstaculum. On ne peut trouver d’assez fortes digues pour arrêter la fureur des passions de la jeunesse. La licence a ravagé toutes ces digues. Patru. La Pragmatique-Sanction étoit une digue contre les entreprises de la Cour de Rome. Mez.

Où sont tous ces guerriers, dont les fatales ligues
Devoient à ce torrent opposer tant de digues ?

Boileau.