Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIGNE (ville)

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 347).

DIGNE. Ville de Provence en France. Digna, Dina, Dinia, Dinensium ou Diniensium civitas. Le troisième Dinia est le meilleur : c’est le nom que Pline lui donne, L. III, c. 4, où il dit que c’étoit une ville des Ebroduntiens, qui étoit dans les Alpes, & que l’Empereur Galba avoit ajoutée à la Province Narbonnoise. Il paroît à Scudus qu’il faut lire dans Pline Bodiontios, au lieu d’Ebroduntios, & qu’un bourg qui est à cinq lieues de Digne, nommé Bajour, Brodiontium, conserve cet ancien nom. Dans une vieille Notice, elle est la seconde des huit villes de la Province des Alpes maritimes. Dans des Notices plus récentes, son Evêque est le premier suffragant du Métropolitain d’Embrun. Aujourd’hui c’est une bonne petite ville de Provence, sur la rivière de Bleone, dans les montagnes. Il y a à Digne un Siège Royal, ou Vice-Sénéchaussée, dont le Chef est Lieutenant du Sénéchal de la Province. C’est François I qui l’établit vers l’an 1555. Il y a aussi une Viguerie. L’Evêque de Digne est suffragant d’Embrun. Le fameux Pierre Gassendi, né à Chauterfier, bourg de la Vice-Sénéchaussée de Digne, Chanoine, & ensuite Prévôt de l’Eglise Cathédrale de Digne, & mort à Paris le 24 d’Octobre 1655, a donné une Notice de l’Eglise de Digne. Le premier Evêque de Digne, selon cet Auteur, est Saint Domnin, qui lui paroît avoir commencé son Episcopat vers l’an 313. Il y a des thermes, ou des bains chauds à Digne, qui sont excellens. Gassendi, qui en parle dans l’ouvrage que j’ai cité, c. 5. dit que le rocher d’où ces eaux sortent, est plein, dans sa partie supérieure, de trous & de fentes, d’où au printemps, & sur-tout au mois de Mai, il tombe des serpens, ordinairement accouplés, mais qui ne sont point venimeux, qu’on touche impunément, & dont la morsure fait moins de mal que la piquure d’une guêpe. M. Gassendi sur des observations sures, fixe la latitude de Digne à 44 degrés 6 minutes, & sa longitude à près de 24 degrés, ou 23 degrés 52 minutes. Ce qui s’accorde avec les Cartes nouvelles de M. de Lisle, faites sur les Mémoires ds Messieurs de l’Académie. Voyez ces Auteurs. Toute la première partie de sa Notice est une histoire abrégée de Digne. Gaspard l’Alleman, Sebastien Richard & Loteret, ont aussi écrit sur cette ville.

Son nom s’est formé du Latin, selon la remarque de Gassendi, c. 1. On l’appela Dinia & Dina, Dinensium civitas, ensuite Dinna, Dignia, Digna, d’où s’est fait en François Digne ; Dineensis, Dienensis, Digmensis, & Dignensis urbs. Quelques-uns, comme Scaliger, écrivent Dine, & non pas Digne ; & Scudus, dans Ortelius, l’appelle Donoy.