Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DIÈSE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 332).
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DIÈSE, ou DIESIS. s. m. Terme de Musique. C’est la division d’un ton au-dessous d’un demi-ton, ou un intervalle composé d’un demi-ton mineur ou imparfait. Diesis. Le dièse est un écoulement de la voix le plus doux que l’on puisse presque feindre. Lancelot. Le dièse marque qu’il faut hausser d’un demi-ton le son de la note qui le suit. Monteclair. On l’appelle aussi feinte, & on le marque avec une croix de S. André ou sautoir. Les dièses sont les plus petites parties du son, & Aristote les appelle les élémens de la voix, comme les lettres sont les élémens du discours, dont elles sont les plus petites parties. Vitruve dit que le dièse est la quatrième partie d’un ton ; les Pythagoriciens, qu’on tient être les inventeurs du nom de dièse, ne le faisoient pas si petit : ils partagoient le ton en deux parties égales, ils appeloient dièse la plus petite, que nous appelons semi-ton mineur ; & la plus grande, qui est notre semi-ton majeur ; ils l’appeloient anatome. Depuis, les tons ayant été divisés en trois & en quatre parties, ces parties furent appelées dièses. On voit par-là comment on doit entendre & comment on doit concilier les différens sentimens des Auteurs qui ont parlé des dièses.

Le dièse enharmonique est la différence du demi-ton majeur & du mineur. Il y a trois espèces de dièses : le dièse enharmonique mineur, ou simple dièse, qu’on marque par une croix simple, éleve la note suivante de deux comma, ou d’environ le quart d’un ton. Le dièse chromatique, ou double dièse, qu’on marque par une double croix, élevé la note suivante d’un demi-ton mineur, ou d’environ quatre comma, c’est le dièse ordinaire. Le dièse enharmonique majeur, qu’on marque par une triple croix, éleve la note de six à sept comma, ou d’environ les trois quarts d’un ton. Il n’y a que le dièse enharmonique, ou double dièse, qui soit en usage dans la Musique enharmonique. Le double dièse, devant ou après les lettres B. C. (Basse-continue) a le même effet que devant les notes. Souvent le double dièse ne se marque, dans les livres imprimés, que par une simple croix, faute de caractère propre, mais il faut pour l’ordinaire prendre cette simple croix pour la marque d’un double dièse. Voy. M. Brossard.

Quand on place des demi-tons à l’endroit où il y devroit avoir ordinairement des tons, c’est ce qu’on appelle dièse, ou feinte ; & de même quand on met un ton où il n’y devroit avoir qu’un demi-ton.

Diesis a été le mot primitif. Celui de dièse paroît avoir pris sa forme de notre langue. Ils sont également autorisés par l’usage. Cependant celui de dièse est plus usité parmi les Musiciens. Il vient du Grec δίεσις, division, séparation.

On étoit autrefois partagé sur le genre du mot de dièse : l’usage & l’Académie ont décidé pour le genre masculin. On le trouve écrit avec un z dans des ouvrages de Musique composés de nos jours. Le dieze hausse d’un demi-ton. Monteclair. On se sert du b mol pour ôter le dieze : & du dieze pour ôter le b mol. Id. Dans le manche harmonique, & dans le manche chronomatique de la viole, toute note qui est marquée d’un dieze veut être touchée à une touche plus bas que son ton naturel. Rousseau. L’usage est aujourd’hui partagé sur l’orthographe de ce mot.

Dièse, se dit aussi adjectivement. Cette note est dièse, pour dire, qu’elle doit être haussée d’un demi-ton.