Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DEVENIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 294-295).
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DEVENIR, v. n. Je deviens, je devins, je suis devenu, je deviendrai, que je devienne, je deviendrois, que je devinsse. Changer d’état, commencer à être ce qu’on n’étoit pas. Fieri, evadere. Les cerises deviennent rouges en murissant. Cette fille devient tous les jours plus belle, plus grande. Il est devenu, maigre, impuissant, &c. Actéon devint cerf à la vue de Diane.

Ce mot vient de devenire. Nicot.

Devenir, se dit dans le même sens en choses morales. On devient sage avec l’âge & l’expérience. De libre qu’il étoit il est devenu esclave. Il est devenu Président par son grand mérite. Il est devenu pâle & froid en apprenant cette nouvelle. L’homme veut naturellement être heureux ; mais il ne sait pas le devenir. S. Evr.

☞ Il est à propos de remarquer avec M. de Voltaire que ce mot devenir ne peut convenir qu’aux affections de l’ame. On devient foible, malheureux, hardi, timide, &c. Mais on ne devient pas forcé à, réduit à… cela n’est pas françois.

☞ On dit communément, pour marquer l’incertitude où l’on est du succès d’une affaire, de ce qui doit arriver ; je ne sais ce que deviendra cette affaire. Et à-peu-près dans le même sens : que deviendront tant de conférences, de négociations ? Où aboutiront-elles ?

☞ On dit à un ami : que devenez-vous ? c’est à-dire, où allez-vous ? Que voulez-vous devenir ? Quel parti voulez-vous prendre ? Toutes les vanités du monde deviennent à rien, c’est-à-dire, se réduisent à rien.

On dit, proverbialement, devenir d’Evêque Meunier, pour dire, qu’un homme est bien déchu de condition, qu’il est passé d’une belle charge à une qui est au-dessous. On dit aussi, cela me fera devenir fou, pour dire, Cela me donnera bien de la peine, me fera enrager.

Devenu, ue. part. & adj. Factus.