Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DESSAISIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 275).

DESSAISIR. Terme de Jurisprudence qui ne se dit guère qu’avec le pronom personnel. Relâcher quelque chose qu’on a en sa possession. De manibus aliquid amittere, rem aliquam abdicare, re aliquâ se exuere. Quand on fait un exploit de saisie & arrêt, on fait défense au débiteur de se dessaisir des deniers, des effets qu’il a en ses mains. Les contrats de vente & de donation portent, que le vendeur ou le donateur s’est dessaisi & dévêtu de l’héritage vendu ou donné, & qu’il en a saisi & vêtu l’acheteur ou le donataire. Quand on a de bons nantissemens, on ne s’en doit point dessaisir qu’on ne soit payé.

Ce mot s’est formé de saisir ; mais il est ancien. Le Moine Eadmer ou Edmer, qui écrivoit son historia novorum in Anglia au commencement du XIIe siécle, en parlant du différend de Saint Anselme avec Henri Roi d’Angleterre au sujet d’Urbain II, dit, ut vero Pontificatu illum dessaisiret impossibile sibi videbatur. On trouve aussi dissagire opposé à dare saisinam. Voyez la Vie de Saint Joachim Abbé, Acta Sanct. Maii, T. VII. p. 128. A.