Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DESSÉCHER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 276).

DESSÉCHER, v. a. Oter l’humidité de quelque chose, la rendre seche. Siccare, exsiccare, dessicare. Le tabac pris en fumée dessèche le cerveau, en dissipe l’humidité. Le soleil fait le sel, en desséchant les marais salans. On dit aussi, dessécher des marais, quand on fait écouler les eaux par plusieurs rigoles ou saignées, ou avec des machines, les mettre à sec. On desséche un étang pour pêcher le poisson. On desséche des terres pour les mettre en labour. M. Fléchier s’en est servi dans le figuré. La grace éteint le feu des passions, & desséche l’amour propre jusqu’aux racines. Fléch. L’extrême justesse desséche le discours. Bouh. C’est-à-dire le rend moins fleuri, moins élégant. L’étude des sciences abstraites desséche l’esprit.

On dit aussi, en termes de spiritualité, Dessécher le cœur ; pour dire diminuer le goût de la piété, diminuer la dévotion, ôter l’onction. Il est impossible qu’avec le temps les sciences profanes & abstraites ne dissipent l’esprit & ne desséchent le cœur. Bouh. Le commerce du monde desséche la dévotion.

Dessécher. Terme de Philosophie Hermétique, qui signifie, rendre la nature parfaite à force de la faire cuire. Coquere, coquenda perficere.

Dessécher. Terme de Pharmacie. Consumer l’humidité des médicamens, qui étant nuisible ou superflue y causeroit de la pourriture, & empêchant qu’on ne les pût mettre en poudre, offusqueroit & surmonteroit la chaleur.

Dessécher. Terme d’Affinage. Désunir le plomb & l’étain d’avec le cuivre qui a servi à l’affinage.

Dessécher les pignes d’argent, les faire passer au feu, pour faire évaporer le mercure ou l’on auroit pu les tremper pour les rendre plus pesantes.

Desséché, ée. part. Siccatus, exsiccatus.