Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DAGUE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 88).
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DAGUE. s. f. Gros poignard dont on se servoit autrefois dans les combats singuliers. Sica, Pugio. Il lui donna plusieurs coups de dague. Il rapporta qu’il avoir trouvé force traits, force dagues, & force épées émoulues. Taleman.

Dague à rouelle. s. m. C’étoit un ancien poignard assez long, qui étoit monté d’une rouelle fort large, qui lui servoit de garde. Il fut introduit par Louis XI. Il étoit aboli du temps de Marot, & passoit déjà pour un antiquaille ; & c’est en ce sens que ce Poëte l’applique à une vieille médisante. Notes sur Cl. Marot.

Ce mot selon Ménage, vient de l’Allemand daghe & daggen ; qui signifie la même chose. La basse Latinité s’est servie aussi du mot de daga, dagger, daggerius, dagardum. D’autres disent qu’il vient de taga, quòd sit ad tangendum paratior, ou de dagua, quòd acuta sit. Du Cange dit que ce mot vient du Bas-Breton dager, & qu’on l’appeloit en vieux François Badelaire, en Latin pugio. D’autres le dérivent à Dacis, parce que c’étoit leur arme ordinaire ; d’autres de l’Hébreu dacach, qui signifie acuere ; d’autres enfin, comme Guichart, de dacar, qui signifie consodere.

Dague, en termes de Vénerie, est le premier bois que porte le cerf de deux ans, & où commence les perches qui sont sans cors ni chevillures. Ferula. On les appelle ainsi, parce qu’elles sont pointues comme des dagues.

Dagues, en termes de chasse, est un nom qu’on donne quelquefois aux défenses du sanglier. Apri dentes falcati.

Dague, en termes de Marine, est un bout de corde dont le Prévôt donne des coups aux Matelots qui ont fait des fautes.

Dague. Terme de Relieur. Demi-espadon emmanché par les deux bouts d’une poignée de bois, dont on se sert pour racler les veaux & en enlever ce que le Tanneur y a laissé d’ordure. On dit une dague à ratisser. Encyc.

On dit proverbialement d’un homme grossier qui sait faire le fin, qu’il est fin comme une dague de plomb.