Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DACE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 85).
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DACE. s. f. Imposition ou taxe qui se met sur le peuple Tributum.

Nicod croit que ce mot vient de tributum indicere. Vossius croit qu’il vient du Latin datiæ, à dando, comme tributum à tribuendo ; parce qu’autrefois elles étoient gratuites, & se payoient volontairement aux Seigneurs. On l’a appelé aussi en Latin moderne data & datio.

DACE. s. m. & f. Peuple qui habitoit la Dacie. Dacus. Les Daces étoient voisins du Danube & de la forêt Hercinie. On dit qu’ils se retirèrent dans la suite sur les côtes de Norwége. Dion, Strabon, & Appien, disent que les Daces étoient Gètes, que les Romains appeloient Daces les Gètes d’au-delà du Danube. Les Gètes croient Scythes, ainsi les Daces l’étoient aussi, comme dit Cluvier, Introd. Géoog. L. IV. c. 18. Strabon, dit qu’ils s’étoient appelés auparavant Daves, Davi ; que c’est pour cela que Dave chez les Athéniens, & dans les Comédies, est un nom d’esclave. Les Daces eurent leurs Rois jusqu’à la fin du premier siècle de l’Eglise. Le dernier fut Décébale, que Trajan vainquit. Cette victoire lui acquit le nom de Dacique, que nous lui voyons sur ses médailles la 7e. année de sa Puissance Tribunitienne l’année d’avant son Ve. Consulat. Imp. Cæs. Nerva Trajanus Aug. Germ. Dacicus p. m.) (Tr. p. vii. Imp. iiii. cos. iiii. des. v. p. p. dans Mezzabarba, p. 152. Alors la Dacie fut réduite en Province Romaine. Les Daces étoient brutaux & ’cruels. On dit qu’ils furent convertis par St. Nicétas. Ils s’imprimoient des marques sur le corps par la ponction, comme encore plusieurs Américains. Quelques-uns disent que les Daces étoient ceux que les Grecs ont appelés Δαοι, Dai ; Saumaise le nie. Pline, Liv. IV. c. 12. & XXII. c. 1. Ptolomée, Liv. III. c. 8. Dion, Liv. LXVIII. Cluvier, Germ. Ant. Saumaise sur Solin, p. 38. 39. 795. parlent des Daces.

DACE, ou DACIE. Ancien nom d’un pays de l’Europe. Dacia. La Dace étoit bornée au nord par le mont Darphate, & par une partie de la rivière de Tyras, ou Niester, qui la séparoient de la Sarmatie Européenne. Au couchant le Tibisque, ou la Teisse la séparoit des Jaziges Metanastes. Au midi le Danube la séparoit de la haute & basse Mésie : au levant cette même rivière avec l’Hiérassus, aujourd’hui le Pruth, la séparoit des Gètes. Ainsi l’ancienne Dacie renfermoit toute la partie de la haute Hongrie qui est à l’orient de la Teisse, avec la Transilvanie, la Valaquie, & la Moldavie. Maty. Trajan réduisit la Dacie en Province, & c’est en mémoire de cette expédition qu’on lui éleva la colonne Trajanne. Aurélien en tira une Colonie à laquelle il fit passer le Danube, & qu’il plaça entre les deux Mœsies. Il lui donna son nom, & pour la distinguer de l’ancienne Dace, il l’appela Dacie Aurélienne, Dacia Aureliana. La Capitale de l’ancienne Dacie, étoit Zarmisogétuse, que Trajan nomma Ulpia Trajana ; & que l’on a aussi appelée Varheli. La Dacie Aurélienne se divisoit en Alpestre, Alpestris & en Ci-Instrienne, Cis-instriensis, laquelle se divisoit en Ripense, Ripensis, ou Pannodacie, comme qui diroit Dacie Pannonienne & en Méditerrannée ou Gépide. Cluvier dans son Germania Antiqua, p. 14. croit que les Daces & les Gétes étoient le même peuple.

Hadrien, Antonin Pie & Trajan Dèce, ont au revers de quelques-unes de leurs médailles Dacia. Le type dans celle d’Hadrien est une figure virile sur des montagnes & des rochers, tenant de la main droite une aigle légionaire, & de la gauche une palme, ou quelque chose de semblable, & dans l’exergue Dacia. Voyez Patin, T. I. p. 191. 192. Mezabarba, p. 173. Sur celles d’Antonin, cette figure de soldat tient de la main droite un casque renversé, & de la gauche un labarum. Dans Trajan Dèce il y a Dacia, Dacia capta, Dacia felix.

Un des fleuves principaux qui arrosent la Dace, est le Marise, Marisus, que les Allemans appellent Marish, & les Hongrois Maros, ou Marons. Pline, L. IV. c. 12. Ptolomée, L. III. c 8. Strabon, L. VII. Cluvier, Introd. L. IV. c. 18 décrivent la Dacie. Méla n’en dit pas un mot.

DACE. s. m. Nom d’homme. Dacius. S. Dace, Evêque de Milan, mourut à Constantinople, où il étoit allé pour l’affaire des trois Chapitres. S. Grégoire parle de ce voyage, en ses Dialogues. C’est à lui que s’adresse la seconde lettre du XIe. Livre du Registre de ce même S. Pape. On garde à Milan une Chronique en manuscrit, qu’on nomme la Chronique de Saint Dace, & qui a été citée sous son nom par Possevin, par Aubert le Mire & par Ughel, quoiqu’elle ne soit pas de lui. On peut voir le jugement qu’en porte D. Mabillon au commencement du premier Tome de ses Annales. Cette Chronique est de trois Auteurs, un ancien Landulf, un Arnou & un autre Landulf ; ce qui a donné occasion de l’attribuer à S. Dace, c’est la conformité de son nom avec celui d’Idace, grand Chronologue, Evêque en Espagne. Chastelain Martyr. T. I. p. 245.

Il y a encore un autre S. Dace, Dacius, dans le Martyrologe Romain au vingt-septième de Janvier, mais c’est une faute de Galésinius, qui a lu Dacius pour Dativus, Datif. V. Chastelain.