Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DAÏRE ou DAÏRO

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 89).
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DAÏRE ou DAÏRO. s. m. C’est le nom de l’Empereur Souverain du Japon. Daïr, Daïrus. Il s’appelle autrement Vô ou Teio, Maff. Hist. Ind. L. XII. C’est le titre de la Souveraine Puissance ; ainsi l’assure Maffé, à l’endroit que je viens de citer ; le P. Sacchin, Jésuite, dans le II. Tome de l’Hist. de la Compagnie de Jesus. L. IV. n. 282. Le P. Bartoli, dans son Histoire Italienne du même Ordre, T. I. de l’Asie, L. III. p. 191. Hornius, Orbis Imp. & après lui Hoffman. Je ne sais où les Auteurs du Moréri ont pris que Daïre est le Souverain Pontife des Japonois. D’abord, le Japon fut gouverné par des Rois qu’ils appeloient Micoti c’est-à-dire, hauts, sublimes. Il y a douze de ces Rois qu’ils honorent encore sous le nom de Camis. Ils croient qu’ils étoient la postérité du soleil. De ces Camis étoient descendus les Princes qui régnèrent ensuite dans le Japon. Le premier vivoit 660. ans avant la naissance de J. C. Cent onze Princes tous de la même race ont gouverné le Japon après lui, avec le titre de Teio ou Vô, Daïre. Ils étoient Empereurs Souverains de tout le Japon, & tous les autres Rois leur obéissoient. Leur famille subsiste encore au Japon, mais elle ne tient plus le même rang. Il y a deux cents & quelques années, & selon Bartoli, 360. & plus, & près de quatre cents ans, comme dit Sacchin, que sous un Daïre fainéant & indolent, le Cubosama, c’est à-dire, le Connétable, ou Commandant Général des armées, s’empara de toute l’autorité, & les Rois soumis au Daïre, à l’exemple du Cubosama, se révoltèrent, & se mirent en liberté. Jusqu’au commencement du XVIe siècle, les Cubosama reconnurent cependant & conserverent la puissance & la dignité du Daïre, ne gouvernant en apparence que sous son nom & son autorité ; mais l’an 1600. le Daïre ayant donné sa démission, Taicosama fut déclaré Empereur du Japon, & commença une nouvelle forme de Gouvernement. Ainsi le Daïre, aussi-bien que le Cubo, sont deux dignités séculières, pour parler avec Bartoli. Il est vrai que les Japonois ont aussi leur Souverain Pontife, mais ils le nomment Zazzo, & non pas Daïre. Au reste, en changeant la forme de l’Empire, ils n’ont point changé les noms de Daïre & de Cubosama ; de sorte qu’aujourd’hui l’Empereur du Japon ne porte plus le titre de Daïre, mais celui de Cubosama, qui n’étoit que celui d’un grand Officier de l’Empire Japonois sous les anciens Daïres.

Le mot de Daïro est Japonois, & signifie, dit Bartoli, la Cour. Aula.