Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉVOYER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 304).
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DÉVOYER. v. a. Détourner de la voie, du chemin. Se dévoyer, sortir de la voie, s’égarer du droit chemin. A via aberrare. C’est une œuvre de charité de remettre dans le bon chemin ceux qui se sont devoyés. Les Ouvriers disent aussi, Devoyer une ligne, un tuyau de cheminée, un tenon ou autres pièces d’assemblage de leur à-plomb ; ce qui se fait quand on les détourne hors de la ligne droite. Declinare, obliquare. Ce mot est un composé de voie, comme qui diroit hors de la voie. On ne s’en sert plus dans le bon style ; en sa place on dit Égarer.

Dévoyer, se dit plus ordinairement, au figuré, des Hérétiques qui se sont séparés de l’Église, qui sont sortis de la bonne voie. Aberrare, errare. Il faut tâcher de ramener dans la voie du salut ceux qui s’en sont dévoyés. Il est mieux de dire égarés.

Dévoyer, en Médecine, se dit pour marquer l’effet ordinaire des indigestions. Resolvere. Les raisins & autres fruits cruds dévoient les estomacs foibles.

Dévoyé, ée. part. pass. & adj. Il a les significations de son verbe. On appelle, en termes de maçonnerie, un tuyau dévoyé un tuyau de cheminée, qui, après avoir monté verticalement, se détourne de sa ligne droite. Ac. Fr. 1740.

Ce mot dévoyé vient du mot Latin deviare, qui signifie la même chose, c’est-à-dire, selon l’étymologie, mettre hors de la voie.