Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉVERRA

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 295).
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DÉVERRA. s. f. terme de Mythologie. Déesse du Paganisme. Deverra. On ne sait de cette Divinité que ce qu’en dit S. Augustin au VIe Livre de la Cité de Dieu, C. 9. ou plutôt ce qu’il en rapporte de Varron. Les Anciens croyoient que le Dieu Sylvain entroit la nuit dans les maisons, se mettoit sur le corps des gens pendant leur sommeil, & les accabloit de son poids. Ainsi, quand une femme étoit grosse, de crainte que Sylvain ne la vînt ainsi incommoder, on la mettoit sous la garde de trois Divinités, Intercidon, ou, selon Vivez, Intercidona, Pilumne & Déverra. La cérémonie s’en faisoit en cette manière. Pour désigner ces trois Divinités gardiennes, trois hommes faisoient la ronde autour de la porte de la maison pendant la nuit, ils frappoient le seuil de la porte d’abord avec une coignée, ensuite avec un pilon, & enfin ils la nettoyoient avec un balai, afin que le Dieu Sylvain, voyant ces trois marques, n’approchât point de cette maison, qu’il concevoit par-là être sous la protection de ces trois Divinités : car, ajoûte S. Augustin, Intercidon est ainsi nommé, de l’incision d’une coignée, a securis intersectione ; Pilumnus, du mot pilum, pilon, & Deverra a scopis, d’un balai avec lequel on balaie la maison. Par où l’on voit que Déverra étoit la Déesse qui présidoit à la propreté des maisons, & que ce mot avoit été fait de devertere, balayer.