Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉVERGONDER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 295).

DÉVERGONDER, v. a. Violer, ravir l’honneur d’uns femme ou d’une fille par violence ou par supercherie. Vitium virgini inferre. Ce mot est vieux, & n’est usité qu’au participe. Lorsque Jean de Carouge fut près de se battre en duel contre Jacques le Gris, ainsi qu’il avoit été ordonné par le Parlement de Paris, il s’adressa encore une fois à sa femme, & voulut savoir positivement si elle ne s’étoit point trompée, & si véritablement Jean de Carouge étoit coupable du crime qu’elle lui imputoit : elle lui répondit en ces termes, dit Froissard : Combattez, combattez, mon mari, Jacquet m’a dévergondée.

DÉVERGONDÉ, ée. adj. & subst. qui vit sans pudeur, qui mène publiquement une vie libertine. Inverecundus, licenciosus. Cet enfant est un libertin, un dévergondé. Les filles de joie sont dévergondées. On a dit autrefois, Se dévergonder, dans le même sens, se permettre des choses trop libres & indécentes.

Plus qu’une femme elle se dévergonde. Bens.

Ménage dérive le mot de dévergondé de devercondiatus, qui a été fait de devercondiare, comme devirginare. Il vient plutôt du vieux mot Celtique & Bas-Breton, qui signifie impudent. Dévergondé n’est que du style familier.