Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉTRACTION

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 289).

DÉTRACTION. s. f. Médisance, discours pour diminuer le mérite de quelqu’un. Alicujus famæ violatio, aliena famæ detractio. Quoiqu’on dise vrai, la détraction ne laisse pas d’être un péché, selon tous les Casuistes. Ces trois mots ne sont pas si usités que ceux qui leur servent d’explication.

☞ Ce mot vient du latin detractio, & signifie un mal qu’on dit du prochain pour le diffamer. Si ce qu’on dit du prochain est faux, cela s’appelle calomnie : s’il est vrai, on l’appelle médisance ; mais le mot médisant se prend quelquefois pour toute sorte de détraction.

Détraction. Ce mot se prend dans un sens naturel & physique, par les Auteurs de Chirurgie, lorsqu’en parlant des opérations de leur art, ils disent que l’exérèse est une opération qui se fait par détraction. Détraction, en ce sens, signifie une opération, une action par laquelle on ôte du corps les choses qui y ont été introduites du dehors contre nature. On ôte du corps par détraction les balles de fusil, les éclats de grenades, les morceaux d’épées rompues, &c.

Détraction. Terme de Jurisprudence. Le droit de détraction est en Allemagne, ce qu’on appelle en France Droit d’Aubaine, Jus detractus. M. Kauffeman, dans ses Droits des Seigneurs de Souabe, dit que le Droit de détraction a lieu en deux cas : le premier, lorsqu’un sujet vend ses fonds pour aller s’établir dans un autre Etat, ou quand une succession est dévolue à quelqu’un qui a son domicile dans un autre Etat. Le droit de Détraction n’est pas égal par-tout : c’est la coutume des lieux qui le règle ; car, dans les uns, il est du tiers des héritages, dans d’autres, il est du quart, &, dans d’autres, il est du cinquième, du sixième ou du dixième.