Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉTESTER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 287).
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DÉTESTER, v. a. Avoir de l’aversion pour une chose que l’on désapprouve & que l’on condamne. Detestari. On ne sauroit trop détester & punir les empoisonneurs. Un pénitent doit détester les déréglemens de sa vie passée. Un Hérétique qui fait abjuration, doit dire en public, qu’il déteste son erreur. Phèdre, vaincue & tourmentée par une passion incestueuse en frémit elle-même ; elle abhorre & déteste ses propres sentimens. S. Evr. Les Anglois, déçus par le nom de liberté, en ont à la fin détesté les excès. Boss.

Objet infortuné des vengeances célestes,
Je m’abhorre encor plus que tu ne me détestes.

Racine.

☞ Abhorrer & détester, dit M. l’Abbé Girard, marquent également des sentimens d’aversion, donc l’un est l’effet du goût naturel ou du penchant du cœur, & l’autre est l’effet de la raison ou du jugement. Le malheureux déteste le jour de sa naissance. On déteste quelquefois ce qu’on estimeroit si on le connoissoit mieux. Une personne vertueuse déteste tout ce qui est crime & injustice. Voyez Abhorrer.

☞ On dit proverbialement, détester sa vie, maudire les misères, les malheurs de sa vie.

☞ Il est quelquefois neutre & signifie, en style populaire & familier, faire des imprécations. Imprecari, execrari. Un marinier engravé, jure & déteste de tout son cœur. Il ne fait que jurer & détester.

Détesté, ée. part.