Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉSOLER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 273).

DÉSOLER. v. a. Ravager, détruire, affliger un pays, ou une personne, par une ruine ou destruction entière. Vastare, depopulari, desolare. Les Barbares ont plusieurs fois désolé les Provinces de l’Empire Romain. Savoir seulement tuer des gens, & désoler la société, c’est exceller dans une science bien funeste. S. Evr. Ils désoloient les familles par leurs concussions. Vaug.

Une saison trop cruelle
A beau désoler nos champs
La terre en paroît plus belle
Au doux retour du printems. P. du Cerceau.

Ce mot vient de soulas, comme qui diroit, priver de tout soulas ; joie & consolation.

Désoler, se dit aussi pour, causer une très-grande douleur. Affligere, mœrore conficere. Cette mort a désolé cette pauvre famille. Pat. Son malheur me désole. Vous me désolez en m’apprenant de si tristes nouvelles.

En parlant de la supériorité, de l’avantage qu’une personne prend sur une autre, soit dans une contestation & dans une dispute, soit ailleurs, on dit qu’il le désole, qu’il l’a désolé. Ac. Fr.

Désolé, ée. part. & adj. Ravagé, ruiné, accablé de douleur. Afflictus, mœrore conjectus, ou vastatus, desolatus. Veuve désolée par la mort de son mari. Cette Paroisse a été toute désolée par un ouragan. Un spectacle si cruel & si funeste, ôta l’usage des pleurs à ce père désolé. Fel. L’Eglise désolée pouvoit à peine gémir librement, & pleurer sa gloire passée. Flech.

Que devant Troye en flamme Hécube désolée,
Ne vienne pas pousser une plainte empoulée. Boil.