Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉSHONNÊTE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 268-269).

DÉSHONNÊTE. adj. m. & f. Ce qui est contre sa pureté, ce qui blesse la chasteté & la pudeur. Inhonestus, obscenus, impurus. Il ne faut ni dire, ni entendre des paroles sales & déshonnêtes, ni lire des livres déshonnêtes ; entrer dans des lieux déshonnêtes, faire des gestes, des postures déshonnêtes. La pauvreté conseille & persuade tant de choses déshonnêtes. Patr. Les Stoïciens prétendoient qu’il n’y a point de mots déshonnêtes, ni de paroles sales & honteuses ; car ou l’infamie vient des choses, ou elle est dans les paroles : elle ne vient pas simplement des choses, puisqu’il est permis de les exprimer en d’autres paroles qui ne passent point pour deshonnêtes : elle n’est pas aussi dans les paroles, puisqu’un même mot qui signifie diverses choses, est estimé déshonnête dans une signification, & ne l’est point dans une autre. Mais il faut considérer qu’une même chose peut être exprimée honnêtement par un mot, & déshonnêtement par un autre, si l’on y joint quelqu’autre idée qui en couvre l’infamie, & si l’autre au contraire la présente à l’esprit d’une manière impudente. Port-R. Il seroit bon de retrancher des Dictionnaires tous les mots deshonnêtes, étant plus utile de les ignorer que de les savoir. Id.

Déshonnête & malhonnête ne sont point synonymes. Le premier désigne ce qui est contre la pureté, la pudeur, & se dit des personnes ainsi que des actions, des pensées, des discours, &c. Le second exprime ce qui est contre les bienséances & les usages de la société, ou contre la probité naturelle. Voyez malhonnête & honnête.