Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPUCELER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 246).
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DÉPUCELER, v. a. Il dépucelle, il dépucellera, il a dépucelé. Oter le pucelage. Delibare, deflorare, devirginare. Les Anciens avoient tant de respect pour les vierges, qu’on ne les faisoit point mourir, sans les avoir fait dépuceler. Ceux de la côte de Malabar paient les étrangers pour venir dépuceler leurs femmes. Chez les Ecossois c’étoit un droit des Seigneurs de dépuceler la nouvelle mariée, droit qui leur fut accordé par Evénus leur Roi, & qui leur fut ôté par Malcome, qui permit qu’on s’en rachetât pour un certain prix qu’on appeloit marcheta, ou un certain nombre de vaches par allusion au mot de march, qui signifioit chez eux un cheval : Buchanan dit aussi, qu’on s’en rachetoit pour un demi-marc d’argent, qu’on appeloit marchette. Cela a lieu aussi dans la Flandre, dans la Frise, & en quelques lieux d’Allemagne. Par la coutume d’Anjou & du Maine, une fille après 15 ans se peut faire dépuceler, sans pouvoir être exhérédée par son père. Du Cange cite un Arrêt du 19. Mars 1409. obtenu par les habitans d’Abbeville contre l’Evêque d’Amiens, qui faisoit racheter par une certaine somme d’argent la défense qu’il avoir faite de dépuceler les nouvelles mariées les trois premières nuits de leurs noces : ce qui étoit fondé sur le IV. Concile de Carthage qui l’avoit ordonné pour la révérence de la bénédiction matrimoniale.

Dépuceler, se dit aussi en parlant des choses qu’on fait la première fois. Cet Avocat a plaidé sa première cause, le voilà dépucelé. Il est du style familier & de conversation seulement.

Dépucelé, ée. part. pass. & adj.