Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPRI

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 245).
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DÉPRI. s. m. Terme de Finance. C’est une déclaration qu’on va faire au Bureau des Aides du lieu d’où l’on veut faire transporter son vin pour le vendre ailleurs avec soumission d’en venir payer le droit de gros, qui est le vingtième selon le prix qu’on l’aura vendu. Declaratio. L’Ordonnance ne parle du dépri qu’à l’égard du vin : néanmoins on le dit aussi des autres déclarations qu’on fait au Bureau des autres marchandises qu’on transporte, dont les droits de douane sont dus, des bestiaux qu’on fait passer debout dans les villes sans payer l’entrée, &c. des droits de péage & autres semblables.

Ce mot vient de deprecari, parce qu’on prie le Fermier de souffrir ce transport. D’autres veulent qu’il vienne de profiteri, parce que les marchandises ainsi déclarées s’appellent en latin merces professæ.

Dépri, se dit aussi, en Jurisprudence féodale, de la notification qu’on fait au Seigneur de l’acquisition qu’on a envie de faire d’un héritage dans sa censive, pour composer avec lui des droits de lods & ventes. Ainsi c’est proprement le supplier d’en faire quelque remise.

Avant que de passer le contrat, on va déprier, c’est à-dire, on va composer des droits, & dans ce cas le Seigneur en remet une partie. Quand la vente est forcée, ou qu’on n’a pas déprié avant le contrat, il n’y a guère de remise.

☞ Dans quelques Coutumes, déprier, signifie notifier au Seigneur l’acquisition qu’on a faite dans sa censive, afin d’éviter l’amende qui seroit encourue après un certain temps par l’acquéreur, faute par lui d’avoir fait cette notification au Seigneur. Cette déclaration doit être sincère ; car, si dans l’acte une partie du prix étoit dissimulé, l’amende seroit encourue de même que s’il n’y avoit pas eu de dépri.