Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉPÊCHE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 234).
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DÉPÊCHE. s. f. Lettre qu’on envoie en diligence par un courrier exprès pour quelque affaire d’Etat, ou quelque autre chose importante : lettre concernant les affaires publiques. Epistola, litteræ. Le Roi a ordonné à son Ambassadeur par sa dépêche. Nos habiles gens d’affaires sont formés à un certain style de dépêches peu convenable à l’Histoire. S. Evr. Ce mot se dit aussi pour le paquet même qui contient ces sortes de lettres ; mais alors il n’a point de singulier. Le courrier a rendu ses dépêches.

DÉPÊCHES, dans le Commerce. Ce mot s’entend parmi les Marchands & les Banquiers, des lettres qu’ils écrivent chaque ordinaire à leurs Correspondans.

Conseil des dépêches. C’est un Conseil qui se tient dans la chambre du Roi, en présence de M. le Dauphin, M. le Duc d’Orléans, M. le Chancelier, & les quatre Secrétaires d’Etat y assistent. On y traite des affaires des Provinces ; chaque Secrétaire d’Etat tient mémoire des résolutions qui s’y prennent, & en envoie les expéditions dans son département. Consilium de mittendis maturè litteris. Depuis la mort du Roi Louis le Grand, les affaires qui alloient au Conseil des dépêches, sont portées au Conseil des affaires du dedans du Royaume.

On dit proverbialement de la mort d’un homme qui ne servoit qu’à incommoder les autres, voilà une belle dépêche ! ou, belle dépêche ! Quand le Duc de Bourbon fut tué devant Rome, Charles-Quint ne le regretta guère, & dit que c’étoit une belle dépêche pour lui. De Vign. Marv. On dit familièrement, se battre à dépêche compagnon, pour dire, se battre rudement & sans vouloir pardonner à son ennemi. On dit aussi travailler à dépêche compagnon, pour dire, travailler vîte & diligemment.