Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉNATURER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 219).
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DÉNATURER, v. a. Faire changer de nature à quelque chose. Il ne se dit guère que dans cette phrase : Dénaturer son bien, pour dire, vendre ses propres pour faire des acquêts, dont on ait la libre disposition. Cette partie se plaint de ce que les biens en question sont dénaturés par la disposition d’une sentence insoutenable. On oblige quelquefois une femme à dénaturer son bien avant que de l’épouser, afin de la mettre en état de faire de plus gros avantages à son mari que la coutume du lieu ne le permet. Il faudroit l’obliger à dénaturer son bien, à vendre ses terres, pour vous en donner le prix de la main à la main. Le Marquis d’Argens, quarante-neuvième Lettre Cabalistique. Il est de principe que la Comédie est essentiellement destinée à peindre les mœurs, & à ridiculiser les défauts qui régnent dans la vie commune, & non à représenter les mœurs & les vices des Grands, de ceux qu’on appelle les Dieux de la terre, c’est-à-dire, des Rois, des Princes & de leurs Ministres. C’est dans la Tragédie que leur place est marquée : c’est-là que, par la peinture de leur caractère vertueux ou vicieux, le Poëte se propose d’exciter à la vertu, & d’éloigner du vice. Introduire dans la Comédie ces grands personnages ne me paroît pas plus raisonnable, que de mettre un Financier ou un Médecin dans une Tragédie. Il ne faut jamais dénaturer les genres. Observ. sur les Ecrits Mod. T. XI. p. 4. & 5.