Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉNATES

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 219).
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DÉNATES. s. m. & plur. Pénates, Dieux domestiques. Denates, Penates. Denis d’Halicarnasse, L. I. où il parle des Dieux pénates, dit que l’Historien Timée a écrit que la figure, ou statue, l’effigie des Dieux Dénates, ou Pénates, n’étoit autre chose que des bâtons de cuivre ou de fer courbés, & un vase Troyen de terre cuite ; & que c’est-là tout ce qu’Enée apporta de Troye ; mais il dit que pour lui, il a vu un temple à Rome près de la grande place, où ces Dieux étoient représentés assis, tous la forme de deux jeunes hommes, ayant chacun un dard en main ; que tout cela sont des symboles des Dieux tutélaires, que la posture d’un homme assis marque la sureté ; que les javelots signifient qu’ils repoussent les violences & les outrages, & que la jeunesse désigne l’accroissement d’un état ; qu’au reste l’inscription étoit Denates, parce que les Anciens, avant l’invention de la lettre P, se servoient de la lettre D. Tel est le récit de l’Historien des Antiquités Romaines, qui pourroit bien s’être trompé. Souvent la queue du P est si petite sur les médailles, qu’il n’y a nulle différente entre cette lettre P & un D. La même chose pourroit bien être de l’inscription qu’avoit vu Denis d’Halicarnasse, où la queue du P pouvoir être rongée par le temps ; car que les anciens habitans de l’Italie n’eussent point la lettre P, c’est une erreur que plusieurs noms propres qui nous restent de cette antiquité si reculée réfutent suffisamment ; par exemple, Capys, Capetus, Picus, Pilumnus, Pallas. Les Troyens avoient aussi la même lettre, témoins les noms Palinurus, Paris, Pergama, Phriges, Priamus, Procus, &c.