Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGUERPIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 182-183).

DÉGUERPIR, v. a. Abandonner la possession d’un héritage, d’un immeuble, à des créanciers demandeurs en déclaration d’hypothèque, pour se libérer de leur action. Abdicare. On déguerpit un héritage, une maison, une rente. Il est purement terme de pratique. On l’emploie aussi absolument. En déguerpissant on est quitte de tout, & l’obligation personnelle cesse. On crée un Curateur à un héritage qu’on a déguerpi, quand il y a plusieurs créanciers hypothécaires. Il a été assigné en déclaration d’hypothèque, & obligé de déguerpir.

Ce mot est formé & compose du vieux mot guerpir, qui signifioit abandonner. Ménage. On appeloit aussi cela autrefois époncer, gréver, délaisser. Loiseau ajoûte que le mot guerpir a été formé de Werpir, tiré de Werp, mot Allemand, qui veut dire, mettre en possession : ensuite de guerpir on a fait déguerpir, & la proposition de a donné à ce mot un sens opposé à celui de son simple, ce qui est ordinaire dans la langue Françoise, comme faire & défaire, habiller & déshabiller. &c.

Déguerpir, se dit aussi figurément, & en style, populaire, pour abandonner la place, sortir d’un lieu par un motif de crainte. Alors il est neutre. On l’a fait déguerpir de sa place. Nous fatiguerons tant notre Provincial, qu’il faudra qu’il déguerpisse. Mol. Abire, loco cedere, movere se loco, de loco.

Déguerpi, ie, part.