Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGARNIR

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 174-175).
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DÉGARNIR. v. a. Oter ce qui garnissoit. Nudare, spoliare. Dégarnir une maison, une chambre, un lit, des bas, une tapisserie. On le dit de toutes les choses qu’on n’avoit ajoutées que pour plus de perfection & de commodité.

On dit aussi, Se Dégarnir, pour dire, s’habiller plus légèrement. Levioribus uti vestibus. Il ne faut pas se dégarnir trop tôt, on est en danger de s’enrhumer.

Dégarnir, se dit aussi des places de guerre. Dégarnir une place, c’est-à-dire, en ôter les soldats & les munitions. Urbem nudare militibus. Sur la mer, dégarnir un vaisseau, c’est en ôter les agrès. Dégarnir le cabestan, c’est en ôter la tournevire & les barres.

Dégarnir un arbre, en termes de Jardinage, c’est retrancher les branches qui sont de trop, qui viennent mal, ou qui nuisent à la figure. On dit aussi qu’un arbre se dégarnit, pour dire qu’il perd ses branches, qu’elles périssent par quelqu’accident que ce soit, & qu’il n’en pousse point de nouvelles. Ramos amittere, non emittere. Cet arbre se dégarnit entièrement par le bas. Ce pêcher est tout dégarni, c’est-à-dire, qu’il n’a plus de branches pas le bas sur lesquelles on puisse faire une taille. Liger.

☞ On dit, dans le même sens, que la tête se dégarnit de cheveux. Nudari capillis.

Se Dégarnir, se dit aussi de quelqu’un qui a des effets ou de l’argent à un autre, qui lui doit d’ailleurs, & qui ne veut pas s’en désaisir qu’il ne soit payé de ce qui lui est dû.

Dégarni, ie. part. pass. & adj. Nudatus, spoliatus. Il se dit d’une place de guerre, dont on a ôté les soldats & les munitions. François I. voyant la Navarre dégarnie, voulut profiter de l’occasion pour regagner ce Royaume, dont Ferdinand avoit dépouillé Jean d’Albret, & que Charles V. retenoit contre le traité de Noyon. Bouh. Vie de S. Ignace. L. I.