Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉGAINER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 174).
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DÉGAINER, v. a. Mettre une épée à la main, la tirer du fourreau. Ensem distringere. Il dégaina son épée, & se mit en défense. Il est un peu burlesque en ce sens. Il faut dire tirer l’épée.

Dégainer, quoique actif, s’emploie ordinairement sans régime, pour se battre. Allons il faut dégainer.

On dit figurément qu’un homme est brave jusqu’au dégainer, pour dire que c’est un homme qui fait le brave, & qui ne l’est pas dans l’occasion.

On le dit aussi de ceux qui ont promis merveilles en quelque sorte d’affaires que ce soit, & qui ne font rien quand il faut agir. Il m’avoit promis de me servir, mais il n’en a rien fait, il a été brave jusqu’au dégainer. Ce mot n’est guère d’usage que dans le style familier. Ac. Fr.

Dégainer, se dit figurément en Morale de ceux qui n’aiment point à tirer de l’argent de leur bourse. Pecuniam erogare. Cet homme est dur à la desserre quand il faut payer, il n’aime point à dégainer. Cela ne se dit qu’en riant.

Il se dit encore, mais bassement, pour Tirer des citations de sa mémoire, produire des témoignages d’Auteurs, des faits, &c. Je m’attendois bien qu’après avoir dégainé tant de Grec & de Latin, tu viendrois à la fin à parler Hébreu. Mascur.

On dit proverbialement : Il ne frappe pas comme il dégaine, pour dire que les effets ne répondent pas aux menaces.

Dégainé, ée. part,