Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉFUNT

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 173).
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DÉFUNT, unte. adj. plus ordinairement substantif. Homme mort, décédé depuis quelque temps. Defunctus. On appelle le Roi défunt, le Roi dernier est mort. L’Eglise prie Dieu pour les défunts, pour les trépassés. Défunt mon père, défunt mon oncle avoient cette bonne coutume ; pour dire, feu mon père, feu mon oncle. Il faut élire un tuteur aux enfans du défunt. Les obsèques solennelles se font pour honorer les défunts.

Enfin, la mort aux morts ne laisse
De leur amour qu’un souvenir
Sans que leur défunte tendresse
Leur puisse jamais revenir. Mlle de la Vigne.

Dans ces Vers ce mot est employé dans un style naïf, simple & badin : ailleurs on ne s’en serviroit pas bien dans un sens métaphorique. Les bourgeois & le peuple disent la défunte, en parlant d’une femme morte, mais il semble qu’ils ne le font que lorsque sa mort est encore récente. Au Palais on s’en sert quelque temps qu’il y ait depuis la mort de celui, ou de celle dont on parle.

☞ Ce terme est plus du Palais que du beau langage. Les gens du monde ne disent point qu’un homme est défunt ; pour dire qu’il est mort. On dit feu mon père, plutôt que défunt. Le feu Roi, &c. pour la pauvre défunte, le pauvre défunt, c’est une expression tout-à-fait populaire.

Ce mot vient du Latin diem functus. Du Cange.