Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉFIANCE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 168).
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DÉFIANCE. s. f. Crainte d’être trompé, qui fait que nous n’osons nous fier à la fidélité des autres. Diffidentia. Dans ce sens il est opposé à confiance, assurance qu’on prend sur la probité & la discrétion de quelqu’un. Si la défiance est conçue avec raison, elle est juste, utile & nécessaire ; si elle est injuste, trop inquiète & mal fondée, c’est une foiblesse honteuse & ridicule. Cail. La défiance sert à exercer la prudence, & à prévoir les événemens, ou pour en profiter, ou pour les éviter. Id. Ce qui nous empêche de faire voir le fond de notre cœur, c’est la défiance que nous avons de nous mêmes, bien plus que la défiance que nous avons de nos amis. Rochef. Les opérations de la défiance sont tellement mêlées avec celles de la prudence, qu’il est facile de s’y tromper à cause de leur ressemblance. S. Evr. La défiance est ridicule, si elle se fait des chimères pour s’en effrayer ; elle est injurieuse, si elle soupçonne la probité de quelqu’un mal-à-propos ; mais c’est un acte de sagesse, quand elle empêche d’être surpris & trompé. Id. A la Cour on se nourrit de soupçons, de défiances & de jalousie. Balz.

La Défiance est nécessaire,
Il est bon de prévoir un fâcheux accident,
On ne doit point ici marcher en téméraire. Quin.

On dit proverbialement que la défiance est la mère de sûreté, ou, est mère de sûreté, pour faire entendre que pour n’être pas trompé, il ne faut pas se confier trop légèrement.

☞ Quelquefois ce mot désigne simplement la crainte qu’une chose n’ait pas toutes les qualités nécessaires pour un certain effet. C’est ainsi que l’on dit qu’il faut avoir une juste défiance de ses propres forces. Il ne faut pas que la défiance de nos forces nous entretienne dans la paresse, & nous empêche de faire quelques entreprises louables.