Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉFAITE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 162).
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☞ DÉFAITE. s. f. Echec que reçoit une armée tellement affoiblie par la perte d’une bataille, qu’elle ne peut plus tenir la campagne. Clades. Ajoutez à cette idée celle d’une suite précipitée & d’un désordre général, c’est la déroute. Les Romains apprirent la guerre, d’Annibal, par l’expérience de leurs défaites, & par des réflexions sur leurs fautes. S. Evr. Les seules défaites de Mithridate ont presque fait toute la gloire des plus grands Capitaines Romains. Racine.

Défaite, signifie encore Excuse artificieuse, échappatoire. Excusatio, tergiversatio, declinatio. Ce valet est un rusé menteur, qui a toujours des défaites prêtes. Un mauvais payeur a mille défaites pour amuser & renvoyer ses créanciers. Cette raison n’est pas pertinente, ce n’est qu’une défaite.

Défaite, dans le Commerce, signifie la même chose que débit, & sa signification est toujours modifiée par les épithètes qu’on y joint. Venditio. Marchandises de bonne ou de mauvaise défaite, qui se vendent facilement ou difficilement. Le bled est une marchandise de bonne défaite de bon débit. On dit d’une belle fille, qu’elle est de bonne défaite, qu’on lui trouvera bientôt un bon parti. L’usage permet qu’on dise, cette fille est de défaite, c’est-à-dire, qu’on peut aisément s’en défaire, la marier. Mais la défaite exprime figurément qu’elle s’est rendue. Défaire, se défaire, un visage défait, un ennemi défait, défaite d’une marchandise, défaite d’une armée, toutes acceptions différentes.