Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCONCERTER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 147-148).
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DÉCONCERTER v. a. Interrompre, troubler un concert. Interrumpere, perturbare. Il y avoit deux Musiciens ivres qui déconcertèrent tous les autres. Il ne faut qu’une voix discordante pour déconcerter toutes les autres.

Déconcerter, se dit au figuré pour ruiner les desseins, rompre les mesures prises par quelqu’un. Consilia frangere, confringere. La perte de cette bataille déconcerta tout le parti ennemi. Cette alliance déconcerta les desseins de Mahomet. Bouh. Ils ne connoissoient ni cette valeur sage que la raison éclaire, ni cette égalité d’ame qu’aucun événement ne déconcerte. De la Motte. Il n’étoit éloigné de son armée que de quarante lieues, lorsqu’il apprit que son entreprise alloit être déconcertée par la terreur qui s’étoit répandus parmi les siens. P. Catrou.

Déconcerter, se dit aussi à l’égard des personnes qu’on rend muettes, auxquelles on fait perdre contenance. Perturbare. Déconcerter quelqu’un par des paroles, le démonter. Differre aliquem dictis. Cet Avocat fut tout déconcerté, quand on lui fit voir clairement qu’il alléguoit faux. La cabale fut fort déconcertée, lorsqu’elle se vit convaincue de calomnie. S. Evr. On y joint aussi le pronom personnel. Se déconcerter, Desciscere a se ipso. Elle a un maintien sérieux, mais naturel qui ne se déconcerte point. Id.

Déconcerté, ée. part. J’étois tremblant, interdit & déconcerté par la seule pensée qu’il s’agissoit d’un mariage. Perturbatus.