Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉCHAÎNER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 133-134).

DÉCHAÎNER, v. a. Oter la chaîne à quelqu’un, lui donner la liberté. Aliquem ex catenâ solvere, catenâ exsolvere. On déchaîne les mâtins la nuit, pour garder la maison. On a déchaîné ce galérien.

☞ Déchaîner au figuré, signifie exciter, animer quelqu’un contre un autre. Exstimulare, commovere aliquem in alium. Vous avez déchaîné contre moi un homme redoutable.

☞ On dit aussi au figuré avec le pronom personnel, se déchaîner contre quelqu’un, s’emporter avec violence, en paroles injurieuses, sans garder aucune mesure. Maledictis conscindere, insectari. Cet homme est si violent, qu’il se déchaîne par-tout contre moi sans sujet. Se déchaîner en inventives.

☞ On dit de même en parlant d’une tempête, que tous les vents sont déchaînés.

Déchaîné, ée. part. Il a les significations de son verbe. Il semble que tout l’enfer en cette triste journée fût déchaîné, Bourdal. Exhort. II. p. 104.

Puis un chacun contre moi déchaîné,
Je fus honni, réprimandé, berné ;
Des malheureux c’est assez le partage. P. Du Cerc.

☞ On dit d’un méchant homme qui ne garde aucune mesure, qui se permet tout, que c’est un diable déchaîné. Acad. Fr.