Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/DÉBRIDER

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(3p. 126-127).

DÉBRIDER. v. a. ôter la bride à un cheval. Equo frenos detrahere. Débridez mon cheval, je ne veux plus sortir. Ce cheval s’est débridé tout seul. On le dit absolument. Nous avons fait dix lieues sans débrider, tout d’une traite. Il est temps de débrider.

Débrider, signifie souvent ouvrir, dégager, élargir, desserrer, &c. Laxare, aperire, deducere, &c. Je me servis de la pointe d’une lancette pour débrider cette partie du conduit de l’uretère. Dionis. Ce terme est en usage dans les Arts dans le sens qui vient d’être expliqué.

Débrider une pierre. Terme de Carrier. C’est en ôter le cable, quand elle est arrivée en haut, & qu’on veut la décharger sur la forme, ou raccommoder le cable sur la pierre, quand dans les premiers tours de la roue on s’apperçoit qu’elle est mal bridée.

Débrider, se dit figurément en parlant de plusieurs travaux qu’on fait sans discontinuation. Ces manœuvres ont travaillé continuellement, & sans débrider. Il nous a fait vingt contes sans débrider. J’ai dormi sept heures sans débrider. Continenter, assiduè, sine ullâ intermissione. Cet homme a parlé deux heures sans débrider, c’est-à-dire, sans cesser, sans laisser un moment aux autres pour parler. Cela n’est bon que dans le style familier.

Débrider, se dit populairement de plusieurs choses qu’on fait à la hâte, & avec une extrême précipitation. Deproperare. Voyez comme ces gens-là débrident. On dit d’un homme qui dit trop précipitamment son Bréviaire, qu’il a bientôt débridé son Bréviaire. Ac. Fr.

Debridé, ée. part. Il a la signification de son verbe, en Latin comme en François.